LA TOUR NOIRE et la première enceinte de Bruxelles (Suite et fin.) Il serait à souhaiter que ces sages préceptes inspirent toutes les commissions chargées de la conservation de nos monuments nationaux ! Au sujet de la restauration de la Tour Noire, il s'éleva de grandes discussions entre archéologues sur la question de savoir s il fallait revêtir le faîte de la tour d'une simple plate-forme ou d'un toit conique. " Pour procéder rationnellement à la restauration de la T our Noire, il fallait, dit M. Combaz, tenir compte tout d'abord des restes existants, en rétablissant, dans leur état primitif, toutes les parties de la tour pour laquelle des indices certains de dispositions anciennes se retrouvaient sur place, et compléter ce qui manquait au moyen de données recueillies dans les constructions contemporaines du pays ou de l'étranger. "Un grand nombre de points de la restauration ont pu être résolus par l'étude même des restes de la T our Noire ; les détails ont apparu au fur et à mesure de la mise à nu des parties les plus anciennes ; d'autres points, et "notamment le couronnement absent ", n'ont pu être rétablis que par analogie avec des constructions rçûlitair&s contemporaines."... Comme constructions dont l'examen s'impose, nous devons signaler le château de Carcassonne, élevé en 1 130, c'est-à-dire à la même époque que l'enceinte de Bruxelles. "Ce sont là des documents précieux, mais que nous avons dû prendre à l'étranger car, il faut bien l'avouer, la Belgique, qui possédait de nombreuses constructions militaires, n'a presque rien laissé debout des enceintes ou des châteaux du XIIe siècle. " Schayes énumère et passe en revue les restes de cette architecture, et nous devons constater avec lui que c'est peut-être l'enceinte de Bruxelles qui présente les vestiges les mieux conservés. Le Conseil communal a donc rendu un véritable service aux amis de l'art en maintenant sa décision première, mise de nouveau en balance par la minorité du Conseil au mois de décembre 1888." Dans une très savante dissertation sur la poliorcétique chez les Romains et au moyen-âge, M. Combaz, qui finit par admettre le toit conique pour la Tour Noire, nous semble avoir résolu la question en donnant une série de preuves à l'appui, qu'il serait difficile de réfuter. " Nous ne pensons pas cependant, dit-il, que l'emploi des toitures élevées soit de beaucoup antérieur au XIIIe siècle, parce que c'est à ce moment seulement qu'elles sont nécessaires pour couvrir les défenseurs contre les projectiles des engins, et notre conclusion première, ► sous ce rapport, reste toujours la même : il serait rationnel de laisser la T our Noire avec sa plate-forme à découvert, si l'on veut rétablir le monument telle qu'il était à l'origine. "Mais quoi qu'il en soit, l'adoption d'une toiture ou d'un pignon à gradins dans la restauration de la Tour Noire ne nous semblerait pas un anachronisme choquant, puisque l'on aurait ainsi, non pas le type primitif, mais une tour de la première enceinte modifiée, telle que l'indiquent les anciennes vues de la ville que nos pères ont eu sous les yeux dans les siècles qui suivirent sa construction. " En outre, nous inclinons vers l'adoption de la toiture pour des raisons de tout autre ordre et qui ont, bien que secondaires, une importance réelle. " Il s'agit ici de la conservation du monument, que la suppression de la toiture serait de nature à rendre difficile, dans l'avenir, en exigeant, par suite des intempéries des saisons dans nos climats pluvieux, un entretien coûteux sur lequel on ne pourrait pas toujours compter. Nous partageons complètement les conclusions du savant auteur de cette notice, qu'il termine par cet éloge d'un dernier vestige du vieux Bruxelles. " La T our Noire, dit-il, restaurée d'après les dispositions que nous avons indiquées, sera certes un des monuments historiques les plus intéressants de Bruxelles ; on peut dire qu'en dehors de Carcassonne, on ne trouvera nulle part une construction militaire datant de l'époque de transition, et ce motif seul aurait dû porter à en assurer la conservation. n II est regrettable au point de vue de l'art et de l'archéologie qu'on ait enclavé la vieille tour restaurée dans les constructions récentes du nouveau quartier de la Vierge-Noire.Joe DIERICX DE TEN HAMME. (Souvenirs du Vieux Bruxelles.) LES TRUSTS Le trust est, on le sait, une entente entre les producteurs d'une matière quelconque, dans le but d'en maintenir ou d'en élever les prix, soit en la raréfiant, soit en mettant la production en rapport exact avec la consommation. Les opérations de ce genre sont aussi vieilles que le travail, peut-on dire. Elles se sont exercées à travers l'histoire, principalement sur les denrées alimentaires. On leur a donné le nom d'accaparements. On les a combattues, on les a même défendues. La Convention est allé jusqu'à les punir de mort. Et le Code pénal les a interdites par les articles 419 et 420. Tout cet arsenal législatif a répondu aux nécessités d'époques qui ne connaissaient ni les facilités modernes de communications, ni les moyens puissants mis par la -1 a 1914 ILLUSTRÉ - • N* 116

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