Gazette des Ardennes: journal des pays occupés

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s.n. 1916, 31 Octobre. Gazette des Ardennes: journal des pays occupés. Accès à 02 juin 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/gm81j98180/
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JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE On s'abonne dans tous les bureaux de poste LA HAINE N'EST UNE VERTU Les protestations indignées que l'article de haine du « Figaro », reproduit ici-même (N° 2C9), a provoquées (le là part de tifSS lectrices et de nos lecteurs français, sont trop nombreuses et trop unanimes pour être toutes insérées. Nous publierons cependant l'une ou l'autre de ces lettres, offrant un intérêt particulier. Aujourd'hui prêtons l'oreille' à quelques rares échos, qui nous parviennent d'au delà du front, de la France non occupée. Là aussi, certains esprits sincères et sensés s'alarment en songeant aux conséquences funestes de l'irresponsable propagande des calomniateurs professionnels, des propagateurs de légendes haineuses, qui pèseront longtemps sur le «îonde comme un cauchemar. Parmi ces légendes, celles des « atrocités allemandes m tiennent une large place. Elles tendent à grossir à plaisir la douloureuse vision de cette guerre tragique que nous traversons. L'imagination malsaine accumule les mensonges et les exagérations, comme si la _ douleur de l'humanité n'était pas encore assez profonde. Mais toute cette propagande affolante n'atteint pas toujours seulement ceux qu'elle vise, il y a longtemps que les -Neutres sont devenus sceptiques; il y a longtemps qu'ils ne croient plus, les yeux fermés, aux enfants systématiquement «gorgés, aux jeunes filles méthodiquement outragées par les barbares allemands. Quant au peuple allemand, il s'en remet au jugement de l'Histoire, qui saura réduire aux proportions de la simple vérité toute celte marée d'imagination malsaine. Mais il y a par contre des Français et des Françaises qui souffrent réellement de tous ces raoontars : les pères, les mères et les maris qui, par delà le front infranchissable, en France non occupée, attendent dans l'angoisse le moment o.ù ils reverront leurs femmes et leurs enfants restés en territoire occupé. Qu'on imagine un peu les tortures qu'éprouvent ces malheureux, en lisant certains produits du journalisme parisien ! Nous avons sous les yeux un précieux témoignage confirmant l'effet néfaste de cette propagande pernicieuse. .Sous l'empruntons au u Journal des Réfugiés du iVord »,"bien placé pour porter un jugement sur la question. Dans un' article de M. André l'âge, reproduit par le h Bonnet lioMge» du 6 octobre, cet organe réclame «' 'fouie ta Vérité, 'mais- l'fcn-ffi.»Ta '■•■■■'.ritënt "Nous . lisons sous ce titre : « On attire mon attention sur un article paru il y a quelques pours dans le Journal, sous la signature de M. A. Aulard. L'éminent historien y évoque les déportations de Lille-Roubaix-Toureoing (et de Val'çncicnrics aussi, peut-on ajouter), ces aS.ooo malheureux et'malheureuses « enlevés, dit-il, pour les travaux forcés ou pour l'ignominie forcée». Et il écrit : «J'ajoute qu'un récent voyage en pays neutre m'a procuré, sur ces infamies commises à. Lille par les officiers allemands et commises pur ordre, d'affreuses précisions, venues des sources tes-plus directes. Vous vous rappelez l'éloquent dessin de Raemaekers, publié ici même, où on voyait d'insolents officiers du kaiser faisant leur choix parmi nos infortunées compatriotes de Lille. Eh bien, la réalité a été plus odieuse encore. . . » « La réalité est plus odieuse encore. . . » Je-me suis ton- . jours élevé ici eoutre certains récits, certains dessins, où la réalité, déjà si cruelle pour nous, était dramatisée ..«.par métier ». En présence d'un t'ait comme les Déportations, un journaliste, un écrivain, un artiste, subit cette tendance professionnelle : déformer, la vérité poiir ta rendre plus saisissante. C'est-à-dire : appuyer sur lès traits qui sont à peine indiqués, décrire la scène qu'un mot laisse entrevoir, développer dans le sens pathétique le récit forcément sec et malhabile que nous livre une lettre venue de là-bas, en ■ 1— déduire une généralité qui permettra une belle légende. Ainsi ont procédé Raemaekers, Abel Faivre, . Willette, d'autres grands artistes et quelques reporters d'importants journaux. Ils ne sont coupables que d'une habitude professionnelle irrésistible et de ne pai avoir ussez songé qu'en exaspérant leur indignation de patriotes ils pouvaient, du même coup, faire des victimes parmi nous. Ce jeu est dangereux dijns les circonstances actuelles. Quand Abel Faivre fait dire par un « offizier » à une petite déportée : ic Si vous n'aimez pas l'Allemagne, l'AIlemaghe^vous aimera » ; quand Willette met dans la bouche d'un soldat teuton cette phrasé adressée à une pauvre mère dont 011 enlève les filles ; «OH vous les rendra... tuberculeuses», ils synthétisent, avec force, en quelques mots, d'une ironie brutale, tout le cynisme et tout le sadisme des bourreaux de Von lleinrich (1) Mais enfin, ils ajoutent aux documents, ils dépassent l'exactitude des faits. Ils oublient que les imaginations tourmentées de ceux qui ont laissé leurs filles là-bas, prendront à la lettre ce^tyui 11'est dans leur esprit qu'une légende, qu'une présomption » En somme, la protestation de cet émigré découle du mêmè~sentiment qu'éprouvent les soldats, du front vis-à-vis des élucubrations quotidiennes de la presse belliqueuse. Plus on est loin du front, plus on croit pouvoir laisser libre cours aux pires passions. En face de la mort et de la grande misère humaine, l'homme se sent soudain pris d'un élémentaire besoin de vérité, qui rend le patriotisme moins injuste et le éourage plus méditatif. Maintes fois déjà cette âme du front a élevé sa protestation contre l'âme de l'arriére, dont la presse chauvine est la pire incarnation. De rares journaux, restés en contact avec l'âme du peuple, ont reproduit des lettres de poilus, où ce contraste éclatait avec une rude .éloquence. Des psychologues neutres ont dégagé do ces lettres une leçon de vérité et l'ont servie aux semeurs de haine de l'arrière. Cette leçon n'a pas été complètement perdue, si l'on en juge d'après'un article qu'un collaborateur du « Figaro », M. J. de Narfon-vieiit de publier « Contre laJIaine» dans le « Journal de Genève» du x5 octobre. L'auteur, certes, reste encore entièrement dominé par le parti pris antiallcmand ; mais l'article se termine par quelques phrases, où la conscience chrétienne do M. de Narfon semble vouloir se dégager. Ecoutons : » J'ai lu avec une joie profonde le noble article que M. P.aul SeippeLa consacré dans-le « Journal de Genève » d 1 T&ffiSraBïPlct ffcçtrôê^.1. soKiat >/, îfK . fait magnifiquement tout SCfli dévoir, encore que les eiine-mis fussent à sqs yeux « les pauvres gens de l'autre côté ». « Qui nous disait donc, écrit à ce propos M. Paul Seip- I pel, que,' pour les combattants, la haine est une nécessité? que sans haine on ne peut faire tout son devoir de soldat ? .Voici pourtant un soldat qui a fait tout son devoir et n'a jamais haï. Ayant servi dans ùn régiment d'élite, sans ces>se en première ligne, il s'est magnifiquemeixt conduit jusqu'au bout. Son capitaine, tué auprès de lui, allait le proposer pour la citation à l'ordre du jour de l'armée. Il se bat en héros, et il ne l'est pas. Bel exemple pour ceux qui haïssent et ne se battent pas ! Faisoiis-cu notre profil, et de ce jeune Français qui apprendra à tous ceux qui le liront à mieux chérir la vraie France, gardons précieusement cette parole, lueur d'aube d'un jour meilleur : «Il nous restera de cette tourmente une immense aspiration vers la pitié, la fraternité et la bonté. » <( Je ne sais pas le 110m de ce soldat. Je voudrais que ce nom fût Légion, et ce qu'au surplus-je crois savoir c'est qu'il y a plus de haine à l'arrière que sur le front. Pourquoi ? Peut-être parce que la mort quotidiennement affrontée est conseillère et inspiratrice de vertu, et que la haine est tout le contraire d'une vertu.. » Non, la haine n'est pas une vertu ; elle est un vice> voire une épidémie mentale qui engendre les mortels aveuglements et les destinées catastrophales. BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS Grand Quartier général, le 29 octobre 191G. Théâtre de la guerre à l'Ouest. Groupe d'armée du Kronprinz Rupprecht de Bavière. Après un feu violent, des attaques anglaises se développèrent entre Gueudecourt et Lesbœufs ; elles furent en grande partie matées par notre artillerie ; là où elles se développèrent, elles furent repoussées avec lourdes pertes. A cette occasion deux-automobiles blindées furent détruites, frappées en plein par nos obus. Plus tard deux compagnies ennemies pénétrèrent, à l'Est de Lesbœufs, dans notre tranchée la plus avancée ; là le combat continue. Groupe d'armée du Kronprinz allemand. Seule la lutte d'artillerie atteignit par moments une grande force sur la rive Est de la Meuse. Théâtre de la guerre à l'Est. Front du feldmarçchal Prince Léopold de Bavière. Presque toute la ligne du Stochod fut tenue par les Russes sous un vif feu d'artillerie, qui fut extrêmement violent à l'Ouest de Louck. Une attaque russe, partant de la région boisée à l'Est de Szehvow, s'effondra sous nos tirs de barrage. Front du général de cavalerie Archiduc Charles. Au front Est de Transylvanie, rien de nouveau. Au Sud du col de Toemoes notre attaque a atteint Aîuga ; malgré une opiniâtre résistance de l'ennemi, des progrès ont été faits dans la direction de Campolung, de même que plus à l'Est. . Théâtre de la guerre aux Balkans. Groupe d'armée du feldmaréchul von Mackensen. La situation n'a -pas changée. Front de Macédoine. Au Sud-Est de Kenali et dans la boucle de la Crena, des attaques ennemies échouèrent-sanglantes. Grand Quartier général, le 30 octobre 1916. Théâtre de la guerre à l-Ouesl. Groupe d'armée du Kronprinz Rupprecht de Bavière. Sur beaucoup de points du front au Nord de la Somme, violent feu ennemi, auquel nous avons vigoureusement .répondu. Dans une. attaque .partant de la ligne de Lesbœufs —iMoryajl. ^'adversaire réussit à élargir quelque peu la place où il avait pris pied oans notre flPaffifiee la plus avancée \t l'Est de Lesbœufs ; sur tous les autres points, où il parvint à franchir nos tirs de barrage, il fut rejeté avec perles sanglantes.Sur la rive Sud de la Somme là ferme La Maisonnette et les positions françaiees y attenant jusqu'à Biaches furent enlevées avec entrain par un assaut de notre 35(/ d'infanterie, composé de Berlinois et de Brandebourgeois, après une efficace préparation d'artillerie, excellemment secondée par nos aviateurs d'observation. /ji2 prisonniers dont i5 officiers, ont été faits. Groupe d'armée du Kronprinz allemand. Au front Nord-Est de Verdun la canonnade continue. Théâtre de la guerre à l'Est. Groupe d'armée du feldmaréchal Prince Léopold de Bavière.,. Un assaut en masse des Russes, préparé par un énorme gaspillage de munitions, fut lancé à l'Ouest de Pustomyty, et peu après également à l'Est de Szehvow, contre nos po- ' sitions. Les deux attaques échouèrent ^avec pertes sanglantes sous nos tirs de défense. Front du général de cavalerie Archiduc Charles. Dans les Carpathes boisés et dans les montagnes y attenant vers le Sud et formant la frontière roumano- hongroise, la journée pluvieuse fut calme, à part l'activité des patrouilles. Au Sud-Est du col de la Tour-Rouge les succès remportés la veille par des chasseurs du Hanovre et de Mecklem--bourg furent élargis ; plusieurs positions roumaines sur les hauteurs opiniâtrement défendues furent enlevées d'assaut.-Pendant les derniers combats dans cette région 18 officiers et plus de 700. hommes furent ^amenés prisonniers. Au Sud-Ouest du col de Zsurduk les Roumains ont refoulé une de nos colonnes latérales. Théâtre de la guerre aux Balkans. Groupe d'armée du feldmaréchal von Mackensen Daiis la partie Nord de Ta Dobroudja nos détachements poursuivant l'ennemi sont en contact aVec de l'infanterie et de la cavalerie russe. Front de Macédoine. Après ujie forte préparation d'ar.lillerie;, des troupes serbes et françaises attaquèrent hier plusieurs fois, à la Cerna, les positions allemandes et bulgares, d'abord sur d'étroits secteurs,-élargis dans la suite. Ces attaques échouèrent complètement, soit sous nos tirs de barrage', soit encore .grâce à une contre-poussée au Nord-Est de Veljeselo ; des poussées ennemies près de Kenali et de Gradesnica restèrent tout aussi infructueuses. .... BULLETINS OFFICIELS .FRANÇAIS Piuis, 24 octobre iUlC, soir. Sur le front de Verdun, • après une .préparation .d;artillerie intense, l'attaque projetée%sur la rive, droite, de la Meuse a été dé-clanchée à onze heures quarante. Là-ligne ennemie, attaquée sur un front de sept kilomètres, a été crevée partout, Sur une profondeur qui, au centre, atteint trois kilomètres.' Le village et le fort de Douaumonl sont en notre possession. A gauche, nos troupes, dépassant l'ouvrage et la /erme .de Tlnaumont, se sont emparées des carrière» d'Haudrompnt et se sont1 établies le long de la routa qui va de Bras à Douaumont. A droite du fort, notre ligne passe au nord du bois de la Caillette", longe lu lisière Ouest du village des Vaux, la lisière est du bois l-'umin et continue au Nord du bois Chénois et de la batterie de Damloup. Les. prisonniers affluent : le nombre décompté jusqu'à présent atteint trois inilîc cinq cents, dont une centaine d'officiers. Le matériel-Çàpturé h'a pas encore été dénombré. Nos pertes sont faibles. . _ Paris, 25 octobse 19K), 3 heures. Au Nord de Verdun', les Allemands ont lancé deux contre-attaques sur les ailes de notre nouveau front. L'une, dirigée hier, dans la soirée, sur, les carrières d ltuudron:onty a été repoussée ; l'autre, prononcée vers cinq heures, ce matin, contre la batterie de Danilùup, a également Ôçhoué. Tout le terrain conquis a été ;iité-gral&teèiir maintenu." Le" neit<53yï^èM:du*"coi!. de s&ou aubier:', a achevé pendant la nuit. Le commandant du fort, qui se trpdvait dans les souterrains, a été' fait ,prisoiiiiïer.>Canpnçade intermittente sur ic reste du front. Paris, 25 octobre 1916, soir. Au Nord de Verdun, l'eniîe'mr a déclanche successivement trois , contre-attaques sur la région Haudromont-Douaumont. Aucune de ces tentatives n'a réussi et notre front a été intégralement maintenu: A l'Est du bois Fumin et au Nord du Chenois, nous avons continué à progresser au cours de Ta joui-née.. Lé' chiffre des .prisonniers valides actuellement dénombrés dépassé quatre mille cinq cents. Aucun événement important à signaler sur ic resté du front. La guerre aérienne : Dans la journée. Ou 23 -pçlôbf'è, de 11 heures, à 13 heures, 11 avions de bombardement anglais, a„cçomp'agnés de 5 avions de "protection, ont bombardé les hauts fourneaux d'IIagondange, sur lesquels il ont jeté 1,300 kilos de projectiles. Al » la suite de cette expédition, il s'est produit plusieurs incendies. Les aviateurs ont pu constater que. le bombardement effectué la nuit précédente au même endroit par les .avions français avait donné de bons résultats, l'objectif paraissant.très abîmé. Parié,''20 octobre'1910, 3 heures. Sur ie. front de Verdun, la situation reste sans changement. L'ennemi n'a tenté aucune réaction pendant là nuit et s'est borné à bombarder violemment ,les secteurs de Vaux et de Do.uaumont. Partout ailleurs , nuit .calme. „ La giicrrcr aérienne : Un avion allemand' a été abattu à proximité de nos lignes dans la région de Vauqùois par, le tir de nos aUtocanons! Un de nos pilotes a'attaqué a la mitrailleuse, à cent mètres du sol, une^ colonne d'artillerie sur la route de 'Conflans à Etain et a jeté le désai'rôi parmi les conducteurs .qui se-sonl enfuis en abandonnant leurs attelages. ■1H11 11M n—1 111 m 1 FEUILLETON DE LA- «.GAZETTE DÉS ARDENNES» 11 LE SOUS-MARIN « LE VENGEUR » rar rierre M'tfel. PREMIÈRE PARTIE. Or, dans la nuit qui avait suivi l'apparition du redoutable aérostat, les paysans dont les maisons de chaume s'élevaient" autour de Kcrilec'h avaient entendu un bruit étrange, une série de crépitations semblables à des décharges de pistolets. Ils n'avaient pu se rendre compte de la nature de ces bruits et 11e s'en étaient pas inquiétés autrement. Mais, une demi-heure plus tard, des coups de feu avaient retenti. Alors ils avaient conçu des doutes. Ils s'étaient levés et armés à la hâte. Hélas ! ils arrivaient trop tard I Lé même bruit crépitant s'était fait entendre, suivi d'une Borle de battement d'ailes gigantesque. Et. dans les ténèbres opaques, soudain une'nappc de lumière blanche s'était épandue, décelant le vol rapide du malfaisant volucre qui venait de porter la mort et la désolation dans la paisible région. Car, au même instant, du milieu du manoir silencieux' et assombri, une gerbe de flamme avait jailli. Excité par le vent de mer, le feu avait, en quelques minutes, envahi l'habitation tout entière. On croyait que des mains criminelles avaient allumé plusieurs foyers à la fois, afin d'effacer jusqu'à la trace du passage des ravisseurs. Rien n'avait pu enrayer la marche du fléau dévastateur. En vain les braves gens avaient-ils multiplié leurs efforts, ils n'avaient pu préserver aucune partie de la demeure. Tout était devéïiu la proie des flammes,. Mais au seuil des. appar-. tementç, on avait trouvé le cadavre de Pol Le Louarn et, dans la chambre d'Alice, guidés par des gémissements, les_ paysans avaient découvert la malheureuse Anne grièvement blessée. ~ Ils l'avaient emportée dans une maison voisine et soignée de leur mieux jusqu'au matin, moment où le parquet de Vannes s'était transporté sur les lieux pour les constatations indispensables. L'eau manquait. Le feu avait donc achevé sans obstacle son œuvre dé destruction et, le jour venu, il ne restait plus rien de la maison des JeumonL-que des ruines fumantes et calcinées. Le malheur de Philippe était consommé. C'était la vieille Anne qui, en reprenant ses sens, avait demandé que l'on envoyât une dépêche au jeune officier. Elle en avait dicté elle-même la teneur. Le télégramme avait été adressé en double exemplaire et c'était ainsi que Philippe avait été prévenu dès son arrivée à Paris, où il se trouvait depuis trois heures environ. Ce qui s'était passé, hélas, 1 il ne devait le savoir complètement que plus tard. - ' Mais ce qu'il sut tout de suite, ce fut l'événement tel que la pauvre Anrte avait pu le voir et l'apprécier. Il pouvait être onze heures lorsque le ballbn dirigeable qui surveillait les côtes, de Bretagne s'était abattu aux bords du Loc'h. Six hommes armés, jusqu'aux dents en étaient descendus, laissant la garde de l'aérostat à un septième personnage àu visage sombre et farouche, le véritable pilote de la* machine aérjenne. Celui qui les conduisait et semblait être leur guide parlait français. « Voici, dit-il en montrant à ses compagnons la masse s'ombre du manoir dont quelques fenêtres étaient éclairées^ la demeure de l'homme que vous tenez pour le pire ennemi de l'Angleterre. Il est aussi le mien et je me venge. » Le groupe. perfide s'avança à pas de loup jusqu'à l'enceinte du corps de logis principal. Trois des hommes franchirent le Seuil.de la cour d'entrée, où un dogue énorme les accueillit d'un formidable aboiement. Les trois autres, tournant la maison, sautèrent par-dessus le mur du potager, et firent une violente irruption dans les communs. Personne n'avait prévu l'agression. Pol Le Louarn avait même, ce goir-là, accorde la liberté aux six domestiques du manoir pour qu'ils puissent se rendre à Vannes afin d'y prendre part aux'réjouissances populaires données en l'honneur de la destructibn de Gibraltar et des faits d'armes glorieux de la flotte française. On était donc sans méfiance dans la vieille habitation de campagne. Tandis que la jeune Alice et la nourrice Anne se retiraient dans les appartements du premier étage pour se coucher, Pol Le Louarn s'en allait seul fermer les-portes et les barrières. Le seul gardien en éveil était le chien Malo, une admirable bête qui, tout de suite, donna l'éveil. Mais, hélas! il était trop tard. Les_bandils profitèrent de la surprise et de l'abandon du manoir. Au moment où les trois premiers assaillants franchirent le seuil de la cour, Malo se rua, d'un bond terrible, sur le premier qu'il rencontra et lui planta ses formidables,; crocs .; dans le menton, au-dess,us du cou. Et certes, l'homme n'aurait point échappé à une mort affreuse, si, au même instant, l'un de ses compagnons, celui-là même qui avait parlé en français, n'eût déchargé sur la vaillante bête deux coups d'un revolver d'un fort calibre. Le chien, grièvement blessé, se traîna hors de la portée de ses ennemis qui, donnant alors la main à leurs complices, entrés par le jar4in, envahirent la maison. Pol Le Louarn était accouru au bruit. A la vue des six inconnus, il eut un cri de colère. « Qui êles-vo\is ? -— demanda-t-il, — et que, venez-vous faire ici P » Un double coup de feu répondit à la question, et le malheureux vieillard s'abattit foudroyé en travers de la porte. Les misérables enjambèrent le cadavre et se^mirent à gravir l'escalier du premier étage. Une porte était ouverte devant, eux ; et une femme s'y tenait, prêle à descendre l'escalier. A leur vue,_elle s'enfuit à l'intérieur, et lf:§, envahisseurs purent l'entendre qui criait : « Alice, Alice, mon. enfant, ce sont des voleurs 1 Sauve-toi par loutre escalier, du côté de la-cour. » Mais il était déjà trop tard. Les î.vvisscurs brisaient d'une poussée la porte qu'Anne avait refermée^violemment. Ils trouvèrent l'enfant à moitié dévêtue, qui, digne sœur d'un héros., se dressa devant eux, frémissante, l'œil étin-celant.« Qui êtes-vous, — s'écria-t-elle, — pour, vous introduire ainsi pendant la nuit, comme des voleurs ? » L'un des hommes, un Anglais, lui répondit en un français détestable : .« Yous êtes la steur de M. Philippe Jeumont ?. — Oui, rép-liqua-t-elle fièrement en dévisageant son interlocuteur, — je suis la sœur du vainqueur des An- ^ glais. » Elle les bravait, elle leur jetait son défi au visage. C'était une Bretonne digne des grands soldats de la patrie. Alors l'homme qui ayait guidé, les. assaillants s'avança, le chapeau à la main, eÇ,dit.avec une.ironique polifesse : , « Mademoiselle, nos. procéd.és 11e sont peut-être pas très corrects. Mais, ce sont les lois dé la guerre qui le veulent-.' Or nous sommes en guerre, et contraints d'user de procédés un peu violents, \ eujllez, donc ay.oir lu bonté de-nous suivre .de .bonne • grâce, afin de nous .épargner la recours, à des .moyens auxquels nous:serions, désolés d'être réduits. — Vous suivre? — Où .prélendéz-vOùs m en traîner'.® Dès à présent, je refuse. Employez donc la forçe, si vous le pouvez et l'osez. — Nous l,e pouvpns ,ct nous l'qsççpns,. — :riposta l'home n^e avec la; plus tranquille insqlence, — Vous êtes fous, ! — répliqua la jeune- fiXle.. — N@us sommes en France, en Bretagne. ' Espérez-vous échapper aux recherches, à la poursuite des . paysans> ameutés qui vont vous courir sus avec des fourches et, faulx. Vous n'aurez pas fait deux cents pas qu-'on vous, aura saisis et" "mis en pièces. Je ne crains donc rièp de vos menaces. — Je regrette d'avoir à vo,us détrOinper,, —- lit encore l'autre. — Vous n'obtiendrez aucun secours et vos cris ne seraient pas entendus. Vous n'aviez dans ia maison qu'un vieillard et un chien pour yous défendre. Ils sont morts l'un et l'autre. — Vous les avez tiiés ! —- ; cria l'enfant éperd lié. — Vous avez tué Malo P.Vouâ avez tué mon;père Pcil Le Louarn ? » Ce nom de « père » ainsi donné au vieillard qu'ils ve«. naient de frapper abusa les Anglais. L'un d'eux leva sur la jeune fille son pistolet menaçant : — Si vous n'êtes pas la sœur de Philippe de Jeumont, il faut mourir vous aussi. Et il pressa la détente. Mais celui qui parlait français avait eu le temps de re-: lever le bras du misérable. La balle alh. se perdre dans le plafond'. (A suivrge d'une , j 1 sera le tp" 2' Année. — N* 288. 5 CENTIMES- ~ Tirage : 130,000 Exemplaires. Charleville, le 31 Octobre 1916.

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Cet article est une édition du titre Gazette des Ardennes: journal des pays occupés appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Charleville du 1914 au 1918.

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