N° 78S 1G Août 1918 INFORMATIONS BELGES Observation importante Les difficultés inhérentes à l'état de guerre rendent actuellement impraticable le contrôle ragulier des nouvelles de presse concernant la Belgique occupée ; lorsqu'il s'agit de nouvelles indirectes, il est seulement possible, en certains cas, de s'assurer de l'exactitude de leur texte ou de leur substance, par un contrôle de leur source première de publicatioa. On aura donc égard aux classifications ci-après : (x) signifie : Information indirecte et qui, tout en présentant des caractères suffisants de vérité, n'a pu être contrôlée sur texte de presse ou sur document. (xx) signifie : Information indirecte qui a pu être contrôlée sur texte de presse ou sur document. (xxa) signifie : Information de source officieuse ou officielle belge. Les notes d'information directe et personnelle ne sont précédées d'aucun signe. Adresser les communications de service : 29, rue Jacques-Louer, IL.E IIAVKE (Seine-Inférieure) France. Le roi Albert décore M. Ruy Barbosa. — Le roi Albert vient de conférer la grand-croix de l'Ordre de la Couronne au sénateur brésilien, M. Ruy Barbosa, à l'occasion du 50« anniversaire de l'entrée de l'éminent jurisconsulte dans la vie politique. Le sort des prisonniers de guerre en Allemagne. — Un fiasco « aktiviste » au camp de Sol-tau devient, sur le papier, un brillant succès. — Un prisonnier belge, parvenu à se libérer après quatre ans de captivité, écrit à un de ses amis : « Le prisonnier de guerre est malheureux en général, car je ne puis tenir compte de cas particuliers. Tout est mis en œuvre pour l'exténuer physiquement. Au point de vue moral, le gouvernement use de tous les moyens pour faire chavirer le raisonnement, aussi les cas de folie sont nombreux. Tout cela se fait sous-le couvert d'un but humanitaire quelconque. « Les Allemands s'efforcent, sournoisement, d'exciter les prisonniers des diverses nationalités les uns contre les autres ; ils entreprennent d'une manière différente les Belges, les Français, les Anglais, les Russes. A propos de tout ou de rien, ils tentent d'exciter les hommes contre le Gouvernement de leur pays respectif. « On s'efforce de nous déprimer par tous les moyens. Tout cela est dosé, pesé, se produit à son heure avec une férocité dissimulée, mais d'autant plus diabolique. Contre nous, Belges, c'est de la question des langues que l'on lait usage. Par exemple, les Flamands sont exemptés des travaux les plus durs, de ceux où l'on crève littéralement ; on les remplace par des Wallons. Toujours dans le but d'exciter la haine, on retire les Wallons des cultures où la vie est moins pénible et on les remplace par des Flamands. « Tout cela, d'ailleurs, n'a d'autre effet que de faire haïr davantage les oppresseurs allemands. En voici la preuve. Il y a peu de temps, à Soltau, une conférence flamande est annoncée. C'est un Anversois qui doit prendre la parole. Soltau comptait, à ce moment, 1,000 Belges dont plus de 500 Flamands. On fit savoir que, pour assister à la séance, il fallait se faire inscrire dans sa compagnie. Le résultat fut maigre : 12 inscriptions en tout et pour tout. Alors on changea de tactique. On fit savoir que tous les prisonniers, sans distinction, pourraient venir .écouter le conférencier. « Enfin, l'orateur arrive flanqué de deux ou trois individus. Une cinquantaine d'auditeurs pénètrent dans la baraque, sous la protection des baïonnettes. Inutile de dire que les neuf dixièmes des auditeurs étaient la pour voir ce qui allait se passer et entendre ce qui serait dit. Le conférencier déclara qu'il était condamne à mort par Le Havre (sic), mais qu'il se plaçait sous la protection de la force allemande pour continuer son apostolat. On écouta, sans mot dire, toutes les inepties qu'il lui plut de raconter ; mais à la sortie, quelle musique ! Les Russes, les Anglais, les Français, les Belges, chacun dans sa langue ou son dialecte, couvrirent d'insultes le soi-disant condamné à mort et lancèrent de violentes bordées de sifflets. « Le conférencier et ses complices s'esquivèrent ; ils longèrent le fil de fer du camp, mais, à ce moment, ils furent lapidés par les prisonniers. L'un des misérables fut blesse. « Tout cela n'empêcha pas notre « aktiviste », une fois en sécurité à la « Reichschule », d'envoyer, à Bruxelles, un télégramme ainsi conçu : « Passé à Soltau ; réception enthousiaste». « Et voilà comment nos compatriotes sont renseignés parla presse teutonisée. « Le camp, pour avoir fait aux traîtres la conduite de Grenoble decrite ci-dessus, fut puni ; tous les jeux et les sports furent supprimés jusqu'à ce que les coupables se dénoncent. De dénonciation il n'y en eut point, comme vous pensez ; ces gens-là oublient toujours qu'ils n'ont pas affaire à des Allemands et que, pour nous, les Belges et les Alliés, la solidarité est plus qu'un mot.» Comment 1" aktivisme' et les 'aktivistes' sont jugés en Belgique occupée.— Ce qui suit est extrait do renseignements reçus de Belgique occupée : « Les masses que les'aktivistes'espéraient gagner, indifférentes d'abord, ont montré leur aversion pour les idées 'aktivistes'.La foule belge est patiente. Gare à ceux qui la provoquent. Les chef 'aktivistes' sont connus et dès maintenant condamnés. Ils sont mis au nombre des traîtres qui vendent leur pays. Plusieurs exécutions sommaires out déjà eu lieu. Un Belge à la solde des Allemands a été tué à coups de revolver en plein Bruxelles. Un cabaretier de Campenhout a été frappé chez lui d'une balle en pleine poitrine. Des gens paisibles parlent ouvertement de mettre le feu à des habitations. Qui arrêtera l'exaspération des foules ? On ne peut songer sans frémir aux représailles qui se préparent. Au moment de la retraite des Allemands, les 'aktivistes' et les traîtres auront soin, dit on, de preudre non le dernier, mais Pavant-dernier train !... « Los odieuses manœuvres entreprises par les ' aktivistes ' daus les camps de prisonniers belges en Allemagne, ont misérablement avorté. Les prisonniers on dit ; « C'est du boche », et ils se sont détournés avec dégoût. « Le patriotisme du clergé et des socialistes mérite la plus vive admiration. Leur attitude fut loyale et franche.

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