Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 27 Juillet. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 28 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/kk9474899g/
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Lundi 27 juillet 191A 5 centimes le numéro 58m" année — - N" 208 JOURNAL DE GAND abonnements BELGIQUE : 15 franci par an ; 7-50 franc»p»tr «îx mois ; 4 Iraccs-Boar liai» moi* Pour (étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : & RUE DE FLANDRE, 3. GAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES* Yotr le tarif au bas de la dernière page dn journal. De-ci. de-là Carpeiuier, noxeur eminent, est rerurt dans sa bonne ville de Paris, et ses udmi. râleurs, qui s'appellent Légion, l'ont accueilli comme un autre général Boulanger, Si j'étais M. Poincaré, je me méfierais ; imaginez, en effet, que le triomphant cham-uion du « noble art » cède, un de ces jours, à l'ambition politique... De tels hommages rendus à des héros sportifs montrent en tout cas que las ar. rivistes de l'administration ou des affaires versent dans une inconcevable erreur. S'ils s'adonnaient à la science pugilisti-que, combien plus rapide et plus fructueuse pourrait être leur carrière I Le gain plantureux est assuré au vaincu aussi bien qu'au vainqueur ; l'un et l'autre, au surplus, peuvent compter sur leurs partisans pour leur garantir la joie des ovations et des dithyrambes. A eux la grande popularité des interviews et des films sensationnels. Cependant, il y a, dans d'humbles retraites sous les combles, des inventeurs qui s'exténuent à réaliser des progrès bienfaisants, des poètes dont l'Ame réceptive enfante des œuvres dont la discrète noblesse pourrait exalter l'esprit des foules. Les uns et les autres mourront peut-être dans la plus obscure médiocrité, tandis qu'on acclame le virtuose du swing ou de l'uppercut, â qui sa viotoire a valu un portefeuille bourre d'authentiques billets bleus. 11 faut croire, a.u demeurant, puisqu'il y aura toujours et malgré tout des inventeurs et des poètes, que leur condition comporte de magnifiques compensations inconnues, puisqu'ils ne se découragent E pas... * * * Un empereur romain -de la idécaidetnce avait fait nommer son cheval consul. I! i était réservé à un guerrier teuton de moder-> niser celte fantaisie en réclamant des hon-[ neurs exceptionnels pour son automobile. Voici l'ahurissante nouvelle que l'on têlè-| graphie' de Strasbourg à un confrère pari-' sien : Le général von Deimling, commandant le corps d'armée cle Strasbourg, fait procéder en ce moment h un exercice imprévu, que l'on pourrait appeler le salut à l'auto. Le général avait remarqué que les troupes ne rendaient pas les honneurs prescrits pour sa personne I quand il se trouvait en automobile; il fit une enquête et ne tarda pas à avoir l'explication de [ cette omission : les soldats ne savaient comment I identifier l'automobile de leur chef. La voiture F du général se distingue des autres automobiles militaires par un emblème en forme de losange placé au-dessus du chauffeur et par une sonnerie spéciale. Pour mettre La troupe à môme de reconnaître l'emblème et la sonnerie du commandant en chef, le général a pensé que Te plus simple était de présenter l'auto à toutes les troupes de la garnison. Cette présentation a commencé hier matin; elle se continuera demain et les jours suivants. Pour saluer l'automobile du général, les hommes doivent se placer à ia bordure du trottoir ou de la route et saluer,'dix pas en avant et trois pas en arrière. Ce .guerrier -exagérémeait soucieux du protocole est uin type dans le genre de Gessler, dont ia querelle avec le légenJdaiiire Guillaume Tell, à qjiii il prétendait faire saluer son cliapeaiu juclhé au bout d'une pique, a popularisé le souveoiir. Il y a lieu de douter, à la vérité, qiuie son initiative, si I bizarre qu'elle soit, provoque des incidents j capables de surexciter la verve musicale | d'un nouveau Rossini. Les •soldats alle-! mands ont le lOUlte de la hiénarohie. Ils sa-; lueront l'auto sans rouspéter.. Aussi bien, ^ ils auront cette consolation de se dire qu'une voiture mécanique est (bien aussi intelligente et probablement mieux élevée que certains officiels dont on n'a pas oubliié I les exploits... * * * Pour se J.ui're remarquer, dit la légende, l'antique ALeibiade coupa La queue de soin chien, et pour le môme motif, fîrostrate incendia le temple d'Ephèse/.. A Londres, inspirée ptar unie (préoccupation identique, une élégante s'est, ces jours derniers, promenée dans Hyde Park 'tenant en laisse un amour de petit .cochon pomponné et enrubanné. Elle a fait sensation, j son portait a paru djans les journaux illustrés, et sa bizarre initiative a défrayé la | chronique : c'est tout ce qu'elle demandait apparemment. Peut-être est-ce sans préméditation qu'elle a reproduit en pleine rue — à cette di'ffé ronce près qu'elle était habillée — Le sujet I d'une composiiion fameuse de Félicien I Hops. Aussi bien, sans s'en douter, elLe figurait ainsi une vivante repoductio.il mo-i (terne du mythe de l'ensorceleuse Gircé... Quoi qu'il en soit, son bonheur d'être I singulière pourrait bien être de courte durée. Si elle fait école, qui donc fera encore attention à elle ? C'est pourquoi l'on ne s'expLiquie .pas qw» — puisqu'on la dit jeune et jolie — elle aît ciru, pour être re-; marquée, me pouvoir se fier au seul prestige de sa séduction personnelle. Si j'étais jolie femme, je trouverais un peu humiliant I de devoir, pour attirer les regards, recou-; rir au concours d'un cochon de lait, si gentiment enrubanné qu'il .puisse être. Lorsqu'on veut charmer, ne faut-.il pias tout d'abord avoir confiance en soi ? * * * fout nesi pas rose dans te metler de dévote, et les intentions les plus pures sonl souvent méconnues. Voici à ce propos, un écho plutôt déce-! vant du Journal : I Une demoiselle de Maida Vale traîne devant ! les tribunaux le révérend pasteur de sa pa-| roisse. Elle se plaint qu'il l'ait odieusement déconsidérée lui interdisant l'entrée du temple. Le révérend explique cet ostracisme en assurant que cette demoiselle était une cause de 'rouble perpétuel par son ton de fausset en chantant les psaumes, par ses façons d'aller & contre-mesure et de toujours terminer les versets d'une voix glapissante, après le chœur des autres fidèles. Le révérend britannique ne semble pas Préoccupé de donner à ses ouailles l'exemple de la patience et de la longanimité chrétiennes. Chacun fait ce qu'il peut: est-il sûr de disposer lui-même d'un organe si mélodieux ? Et puis, i'incomprise qu'il a fait expulser louait le Seigneur avec la v?ix dont celui-ci l'avait gratifiée : si la divinité voulait être magnifiée de façon Plus agréable, elle aurait bien pu la doter de moyens plus... adéquats. C'est une 8pande injustice que de réclamer l'impos- oijjitj au\ etres ae uonne voiorue qui se ue« pensent selon leurs possibilités. Si la dévote ainsi traitée se mettait en tête de fonder une église dissidente pour pouvoir chanter faux tout à son aise, le trop nerveux révérend n'aurait que ce qu'il mérite.* * * M. Poincaré s'en est allé faire visite au petit père Nicolas, tsar de toutes les Rus-sies, et, pa. les temps troub és où nous vivons, leur rencontre est assurément chose importante. Néanmoins, qui s'en préoccupe? Toute' la badauderk européenne — et Je chétif auteur de ces lignes ne fait pas exception à la règle — a les yeux fixés sur la grande affaire absorbante de la semaine, sur le procès si abondamment parisien qui déroule ses péripéties devant les Assises de la Seine. La paix européenne ? Oui, sans doute ! Mais on s'en occupera plus tard, après le verdict ! Et cependant, l'Angleterre continue à st débattre dans ses embarras irlandais, lt kronprinz de télégraphier, les Etats balkaniques de se chamailler, l'Italie mobilis» et l'Autriche lance à la Serbie un u-ltimn tum. Nous ne savons quel réveil demaii. nous réserve, mais nous n'avons d'yeu: que pour le compte rendu sténograpliiqu et les c» impressions » du procès Caillaux Et pourtant, il y a des choses piquante, à noter-. A Pétersbourg, tandis que le. chefs d'Etats » amis et alliés », se congru lulent soi s le r egard de M. Viviani, de. milliers de grévistes dressent des barrica des, affrontent les cosaques et brandisses des drapeaux Irançais dont ils ont roui le bleu et le blanc peur ne laisser flotte; que le rouge. Tout cela mériterait atter. tion sanb doute s'il n'y avait les compter du Figaro et les fameuses lettres dont Mnu Gueydan brandit la liasse comme une au tre boîte de Pandore. Paris, une fois d plus, donne La comédie au monde, ave tous ses premiers rôles — et le lecteur in ternationdi, médusé, ne pourra recouvre;-son sang-froid avant une huitaine. Il fau attendre... * * * Paris, il faut le reconnaître, s'entend ô ii cuisiner » la grande actualité et l'affaire Caiillaux-Calmelte nous ramène, avec ses oouips de théâtre et ses témoignages lionié r.iq.ues, aux souvenirs fameux du procès Dreyfus, aux confrontations haletantes de Versailles et de Rennes. L'intérêt est différent, certes, mais il n'en est pas moins « corsé », et M. Paul Bourg,et a bien raisox. lorsqu'il" avoùe, assez imprudemment, d'ailleurs, que le théâtre n'est pas La vie. Combien, en effet, lorsqu'on considère ce qui se passe en ces jours fiévreux dans le pré toire encombré des -assises parisiennes, La vie apparaît plus dramatique, avec son tumulte de passions entrechoquées, /que les pâles inventions des romanciers ! Et l'on se demande, à la lecture des comptes rendus, ce qui doit se passer dans les cerveaux éperdus des douze braves jurés qu'on a enlevés à leurs affaires pour leur faire jouer le rôle d'arbitre dans cette tragédie frémissante et compliquée. Les pauvres, il; étaient bien tranquilles», et jouissaient pai siiblement de l'air du temps... .Et voici que depuis lundi, ils sont entraînés, au poin de disparaître — car on ne fait guère al tention à eux qui auront pourtant le demie mot à dire — dans ce tourbillon que tfu l'existence agitée d'u.i des plus remuant, ministres de la troisième République. Ce>i tes, il y aura pour eux un motif d'orgue; à pouvoir dire qu'ils furent jurés du procè Caillaux-, et cette chance, qui leur assur une bonne place, doit leur être âpremen enviée. Mais se représente-t-on le désarro mental dans lequel ces débats troublant, ont dû plonger leur placidité? J'imagin qu'ils sortiront plutôt déprimés die cet.t< épreuve inaccoutumée, et la justice qui rc quiert leur intervention ferait chose équi table en leur offrant, après coup, le récon fort d'une villégiature calmante dans l'at miosphère tonique d'une plage peu fréquentée.* • * Voici une fois encore l'Europe Laborieusement en alarmes, du fait d'une de ces brutalités diplomatiques auxquelles la po-.itique germanique nous a accoutumés depuis quelques lustres, et qui semblent 'vou-oir en quelques heures mettre l'opinion1 en présence avec l'irréparable. C'est la vieille querelle austro-serbe qui, subitement poussée à l'aigu à la suite de l'attentat de Serajevo, a suscité le coup de théâtre d'hier. L'Autriche, par la dureté de son ultimatum à la Serbie et le court délai qu'elle lui laisse pour y répondre cherche lisiblement une querelle d'Allemand à La petite nation qu'elle pense subjuguer. Ce-pendanti, Le coup paraît bien monté pour marquer un avantage de la Triplice sur la Triple Entente. Il s'agit de savoLr ce que fera la Russie, protectrice naturelle des Serbes, en un moment où, après s'être elle-même déclarée prête à toute éventualité, elle est occupée par le conflit ouvrier de •St-'Pétersbourg, cependant que M. Poincaré vogue vers Stockholm et que l'Angleterre se débat dans l'appréhension de la guerre civiLe en Irlande. # Voilà une diversion au déiballage de ce que Ja Libre Parole, toujours cour toisera p-pelle élégamment « le linge salie des Aa-?es Caillaux ». Sans doute, Le bon ^ens européen aiira raison, cette fois encore,, du bluff criminel des chancelleries, mais des millions de braves gens qui, désireux de gagner paisiblement leur pain, n'ont cure les combinaisons de Bourse et des intrigues intéressées des diplomates, vont encore vivre des heures anxieuses, en pensant au cauchemar sanglant, qui périodi-luement se rapproche et s'éloigne, et qu'un Deu de bonne volonté collective devrait bien liissiper une fois pour toutes — si nous liions vraiment civilisés... ECHOS Une indéfinissable sensation vous éveille à demi. On dirait, oui, on dirait qu'on vous chatouille les Lèvres... Serait-ce le fameux baiser ae Morphée dont tout le monde parle et que personne n'a jamais reçu? Vous vous éveillez, vous faites un mouvement. Et, tout de suite, vous entendez un bourdonnement significatif: «Boû... o<û... oû ! » Ah ! la sale bête ! C'est une mouche qui, prenant vos lèvres pour celles de Platon» venait sans doute y chercher du miel... Vite, debout ! Vite, de l'eau ! Un lavage complet. Après quoi, à la chasse !-Mais l'indiscrète bestiole est introuvable. Il faut se recoucher, essayer de se rendormir. Silence. Attente. Le sommeil vient. Ali ! oufiche ! «Boû... où... oû... » Voilà que ça recommence. Là, dans l'ombre opaque, au-dessus de vous, elle vole çà et Là. D'un instant à L'autre, elle viendra ^e reposer sur votre visage. Malheur à elle, si elle ose renouveler son attentat ! Attention, la voiJi» qui se pose !... La voifcà sur votre joue ! Une, deux, trois ! Pan ! Vous vous assénez une gifle à toute volée, une gifle qui vous fait voir une illumination 'dans La mi'4 noire. Tonnerre ! Ça ne fait pas du bien ! Mais au moins, elle est morte, la mouche visqueuse, la mouche vampire ! Enfin, vous aillez pouvoir dormir en paix... Mais qu'est-ce ceci ? « Boû... oû... oû... » Malédiction ! Comme l'œil de la conscien ce, la mouche est toujours là!... Et ce son! là les joies nocturnes de l'été... Le tricentenaire dies logarithmes. Dans quelques jours, La Société royale d Edimbourg célébrera so-LennelLement l'invention des loga-ithmes.. Ceux-ci furent, en effet, inventés oar-un Ecossais, John Na,p:_r, baron de Jerchiston, et la première table de iog-a-it'hmes fut oubliée en 1614, à Edimbourg, ,*ar Napier, sous le titre de : Mirifici loga-ithmorum canonis descriptis. Il n'y a absolument ri«6n de gai dans une able de logarithmes, rien qui parle à l'ima-ination ni à la sensibilité. Et personne n'a imais lu pareille table. Mais l'utilité des jgarit.hmes est très grande ; ces chiffres )-nt révolutionné l'art du calcul numérique ■t beaucoup simplifié Les calculs des algé-iristes et des astronomes aussi, parmi les-. [uels Kepler fut le premier à en compren-Ire l'utilité. L'emploi des logarithm ; dans le calcul i été grandement facilité par les remarquables travaux du mathématicien hollandais Vlacq. Doué d'une patience admirable, ce savant poursuivit, au temps jadis, et mena à bien un labeur formidable. Il calcula les logarithmes de tous les nombres allant de 20,000 à 90,000 et établit une table qui est demeurée célèbre. Ici se place une petite histoire qui passionna fort, autrefois, les milieux scientifiques. Des savants avaient trouvé en Chine, au cours du siècle dernier, des tables de logarithmes : il n'en fallut pas plus pour attribuer à ceux-ci une haute antiquité. L'opinion générale fut même que les Chinois avaient découvert les logarithmes avant l'Europe. Or, les tables dressées par Vlacq renfermaient quelques erreurs. Une vérification minutieuse fit découvrir exactement les mômes erreurs dans Les tables chinoises ! Cette constatation rassura l'amour-propre des savants européens, lesquels s'empressèrent de conclure, as se:: logiquement d'ailleurs, que les Chinois avaient tout simplement plagié le mathématicien hollandais l + Le drame du « Figaro » La sixième audience SAMEDI il est dès il prÊsem ce:ia:n qu'on s'.cgcra en-core à tout le moins lundi et mardi prochains. Nous avons encore a entendre les experts et les médecins, dont M. .e docteur Doyen ! et des médecins qui ne sunt pas d'accord entre eux. :;.a peut comme ça prendre un certain temps! Puis il fauilr;i requérir, plaitier pour la partie civile, plaider pour l'accusée, répi.quer. Tout ça avec les incidents et, les imprévus, ça doit durer deux jours pleins au moins. Ah ! il est des moments où il paraîtrait vraiment bien doux de revoir la palr.e ! Le mysàfc-e des lettres uppuaui toujours comme l'énigme Uont i'intuvL domine le procès. Qje renferment les trois lettres qi<e M® LaLorj voulu inverser seules au dusscrï nue renfer-men|||B cinq autres ? Nous Le saurons tantôt et ce maîtresse pe.ne .de ce sixième acte. S^^Rime '.e vouiait Mme Gueydan, et comme le sipfaitait sans nul doute \l° Chenu, elles fussent restées toute ù ia d scrélion de M3 L;ibo-ri, A i® Labori en eut été embanassé et il est vraisemblable qu'il eût été bien empêché d'en faire usage ; s'il n'en avait pas fait usage, quel argument, dans les mains de M0 Chomi. A présent que les lettres sont confiées par Mme Gueydan, non plus à \1° Labori seul, ma s bien à M« Labori et à M® C.hmu ensemb.e, ils en disposeront de concert et nul n'aura plus rien du tout à reprocher ;i l'autre. S'ils se- misent sur le contenu des lettres, Us se tairont ensemble. lis parient et ils parleront sous leur responsabilité collective. On voit que l'audience d'hier et l'in'.erm nub.e discussion que je vous ai fait téléphoner n'a pas-été nerdwe pour la défense. Mais tandis que j'écris dans mon chapeau, ■sur mes genoux, toujours., car tel est désormais mon immuable desîin, au cours de ce-procès où chacun garde incommutablement sa place de la veille, ainsi qu'une des pièces d'un plizzli impitoyable, la salle se remplit peu h peu. C'est l'heure des brouhahas et des potins.® Le plus gros de tous a été lancé ce matin vers le Ficjaro. r « Comme l'incident des lettres tournait visiblement à l'avantage de la partie civile, I'5 président intervint brusquement et voulut suspendre l'audience. Le but de celte interruption -H.vi si visfàîe que l'un des assesseurs. M. le con e lier Dagoury, ne put s'empêcher de lui dire a mi-voix : — Monsieur, vous nous déshonorez. M. Albanel se rassit. Cependant, à la barre. Me Labori, qui avait senti l'extrême maladresse de cette intervention, crut prier hautement le magistrat- de ne point lui couper la parole. » Ainsi parle le moniteur de l'accusation et voici qu'on raconte ce matin fort séreuse ment que M. le président Albanel vient d'envover des témoins à M. le conseiller Dagoury. Et la charmante Mlle Dussonne, de la Comédie Française, ajoute, espiègle : « Ils se battront en duel avec les deux plateaux de la balance». Et quelqu'un conclut : « 11 présidera demain le bras en écharpe. Comment va-t-il faire, après cela, pour brandir encore le glaive de la justice ?» * Faut-il ajouter que cette belle histoire à laquelle on est loin ici d'accorder toute l'incrédulité qu'elle mérite, a des origines purement nationalistes et réactionnaires? Certes, M. Albanel est un président plein de mansuétude. Il appartient £i un Belge moins qu'à n'importe qui de discuter les raisons de son indulgence et de sa douceur. Pour une fois que nous voyons un présidenit d'assises si conforme à l'esprit des lois en se souvenant que tout prévenu est présumé innocent jusqu'à l'arrêt qui l'absout ou le condamne, nous ne pouvons que nous en réjouir sans nulie arrière-pensée. A peine la Cour a-t-elle pris séance, qffè le président, d'une voix un peu fébrile et hûtiv.e, mais a.Vêc ia volonté .très visible.de donner ù ses en rôles autant d'énergie et de volonté que possible, fait la déclaration suivante : Le président. — Messieurs, avant de reprendre les débats de cette affaire, permettez-moi de vous faire une nouvelle déclaration en ce qui concerne la lecture des lettres intimes. Il est entendu qu'elles restre entre les mains de la défense et. de la partie civile et que le ministère public et Messieurs les jurés ne les connaissent pas; bien qu'elles forment l'objet essentiel dos débats. Vous n'en ferez, Messieurs, que l'usage que votre conscience vous dictera. Quant à moi, je l'ai dit fier et je le répète, jamais je ne ferai usage de mon pouvoir discrétionnaire pour les rendre à un avocat et les verser aux débats. J'ai, plus que personne, souci de mon honneur et de celui de la magistrature, quoi qu'on en ait dit, pour ne pas commettre un acte qui porterait atteinte à la dignité du barreau tout entier. (Appl.) M0 Chenu. — Je demande la parole. Je demande la parole. Messieurs les jurés, pour répondre à l'observation de M. le président et pour faire une déclaration au nom de M0 Labori qui m'y autorise, comme au mien. Nous déclarons d'abord, d'un commun accord, que nous avons pu. hier, vous paraître insupportables en prolongeant outre mesure un incident qui risquait de devenir fastidieux. M. le président vous a rappelé dans quelles conditions M0 Labori et moi étions dépositaires des pièces qui ont fait l'obiet des incidents d'hier. Elles sont sous cette enveloppe ; elles y sont toutes. D'un commun accord entre M0 Labori et moi (Voyez le geste) nous les versons aux débats entre les mains de la Cour, à la disposition de M. le procureur général, à votre disposition, Messieurs les jurés, pour que chacun en fasse l'usage qui lui paraîtra convenable. Et je crois que cette fois l'incident est clos et définitivement clos. Le président. — Parfaitement. Et M6 Labori, après quelques explications, se met à lire les lettres dont voici le texte exact et intégrai; LA LETTRE DE MANS *19 Septembre 1909. Continuée le 20 septembre M amers. »Ma chère pc'.'.te Riri, » J'ai lu avec l'attention qu'elle mérite la lettre que tu m'as écrite et qui appelle une réponse explicite. Aussi bien avais-je depuis plusieurs jours l'intention de dissiper un malentendu que je pensais par une explication complète. » Ma chérie, quand je t'ai rencontrée, j'ai ressenti une poussée ae tout mon être vers toi. J'y aurais cependant résisté et j'aurais eu sans doute le courage de me vaincre moi-même, si j'avais eu le bonheur chez moi. Mais je n'étais pas heureux. J'étais humilié et meurtri de l'acte que j'avais subi et on ne savais pas me faire oublier mes froissements ; on no savait pas panser mes plaies. Au contraire, on les avivait. Je me suis donc jeté vers toi avec une fureur passionnée ou plutôt "avec une passion furieuse. Cependant, lorsque survinrent les incidents auxquels il est superflu de faire allusion, je considérai comme de mon devoir de te pleinement dégager et de te rendre en une lettre ton entière liberté. Je ne me sentais pas. en eff<t. assez sûr de recouvrer mon indépendance pour que je crusse avoir le droit de l'engager fi reprendre la tienne. » Avec un joli courage, avec une belle hardiesse que te dormaient l'amour et la confiance tu repris cependant ta liberté en me disant en substance : « Je ne demande qu'un engagement : c'est de me donner de l'amour. Maintenant, ajoutais-tu. je no croirai pas tout à fait à la plénitude de ton amour si tu n'arrives pas quelque jour à te rendre libre. » » Je le répondis : « Je t'aime et ie t'aimerai. Je compte b.oa parvenir a reprendre ma liberté quelque jour; mais en aucun cas. je ne passerai avant les élections. C'est bien cela, ma Riri? » »Quel était le fond de ma pensée? Le fond de ma pensée, en dehors de l'amour que j'avais pour loi, était que j'étais si mal embarqué, qu'il y ava:t entre une autre [iersonne et moi une telle opposition de tempérament, de nature, de caractère, qu'un dénouement était fatal, que forcément le temps amènerait une rupture en dehors de toute affection étrangère, par le seul fait du heurt de deux êtres qui ne se comprenaient pas. » Mais j'attendis — et j'attends encore — : en aucun cas, mon amour ne fut l'artisan direct de cette rupture ; d abord parce que, le cas échéant, je me serais un peu moins estimé moi-même ; ensuite, parce que je jugeais que pour l'avenir, pour notre avenir, il importait au plus haut degré qu'aucune relation n'existât. entre la brisure que j'entrevoyais et l'affection qui m'était chère. » Les choses ont marché à peu près comme je le prévoyais, pendant une année. Ensuiîe, les événements se sont précipités et ma conscience qui est — je me permets de le dire — d'une délicatesse poussée jusqu'au scrupule, confinant parfois ti la bêlise, souffre un peu a la pensée que mon amour a agi sur ces événements. Pour parler net et franc, il est certain que les choses n'auraient pas marché, pour reprendre mon expression, aussi vile qu'elles ont marché. si je n'avais eu un amour au cœur. Mais cela est secondaire et je sais bien qu'a ce point de vue, mes scrupules sont excessifs. Quand un homme est malheureux chez lui el qu'il a a l'extérieur une délicieuse affection, naturellement cela réagit sur son intérieur. «Ceux qui l'ont rendu malheureux n'ont qu'à s'en prendre £i eux-mêmes. Quoi qu'il en soit, les événements de septembre sont survenus, et tu me dis à ce sujet : «Tu as été fa ble ; il fallait fermer la porte à la fugitive et l'emparer de cette occasion favorable.» Sans doute, l'attitude que tu décris pouvait être prise très légitimement : mais lu oublies deux choses : 'a première, c'est que l'on saurait parfaitement qu'elle était inspirée par une affection que l'on pressentait et que j'avaU. Nous avions tout à redouter de la fureur d'une femme qui sentait sa situation perdue et qui n'avait pas encore eu le temps de .se /aire à cette idée. » La seconde cho.v que lu oiibles, c'est que ma position électorale (tait pour ainsi perdue (il m'a élé facile de m'en convaincte par des conversations hier encore) dans mon arrondissement.»Nous avons envisagé tout cela <■ Th... et nous sommes arrêtés à des décisions qui considèrent trois éventuàl'lês : » 1° On ne viendra pas à Mamers. En ce cas. comme tout le monde pressentira ce qui s.t passe, comme d'ailleurs je ne puis faire litière de ma dignité, j'engage l'action dès le commencement d'octobre. »2° On viendra a Mamers sans me fa.re les excuses que j'exige. En ce cas. je réserve tous ! mes droits pour les faire valoir en temps el : lieu. « 3° un me fera des excuses et je su s alors I obligé de convenir qu'il y a eu réconciliation. Mais l'incident susbsiste et il revivra ou du moins je lo ferai revivre a la première occasion.«J'aperçois toutes les objections que l'on peut me faire, si la deuxième ou la troisième éventualités adviennent. Tu observeras, sans doute, que je no tire pas parti des incidents parisiens et enfin que je vais avoir à passer un hiver impitoyable. Tout cela est vrai ; mais tout cela méconnaît non seulement ma légitime ambition politique, mais ce qui est plus grave, les devoirs que j'ai vis-a-vis de mon pa.rli et de nies amis. »Je m'explique: Mon parti m'a fait ce que je suis. Je lui dois, en honnête homnio que lu me sais, do me battre pour lui, l'an prochain, dans la pléîiitude de ma /orce. Ce sara la dernière bataille que je livrerai au scrutin d'arrondissement. J'en informe tous mes amis et pour souligner mon intention, je fais venir incessamment, afin de le présenter à mes électeurs, celui auquei je destine ma succession. «Maintenant, tu ajoutes que je vais être diminué dans mon arrondissemenl parce qu'on saura les incidents qui sont survenus. Je puis le garantir que personne n'est au courant de façon précise. Chose extraordinaire : les domestiques, ou plutôt la cuisinière, était seule alors rue P.-Ch... (Pierre Charron) n'ont pas compris. Je sais U&a ia. suis irçs ..exaçtço.içnt- ûilornié. qu'on marmotte que te ménagé ne marche pas. Mais cela n'a aucun inconvénient. Au contraire, parce que, ici aussi, on s'habitue à certaines idées. «Ceci posé,'que va-t-il advenir? On m'a écrit qu'on avait l'intention de venir ici. J'ai répondu dans le sens convenu. Je n'ai rien reçu, même ce matin. Il est vraisemblable qu'on hésite, mais qu'on va se décider à riposter par une :«*t;re agressive, puisqu'on viendra tout de même, je notifierai alors mes réserves' formelles. «Admettons pour aller aux hypothèses extrêmes, qu'on m'écrive une lettre d'exCusts. L'incident n'en aura pas moins eu lieu ; et comme de nouvelles discussions surviendront il sera un argument pour moi, car — j'en reviens au foi.u des choses — il y a incompatib lité absolue de nature, de caracière, de tempérament, entre ei-c e" moi. La cassure est fatale ou je ne vois plus clair. «Ce qui est pénible pour moi, ce qui est pénible pour tous deux, c'est que durant de longs mois, nous Jevrons avoir recours à d'infinies précautions. Je le pressentais dans la lettre que je t'écrivais et dont tu m'en voulais un peu, au commencement de septembre. » La vérité, si nous en avions le courage, si nous avions dans notre amour et dans nous-même une confiance que, pour ma part, j'ai absolue, serait de ne pas nous voir pendant de longs mois. Je. ne te propose certes pas une solution aussi radicale dont nous souffririons trop l'un et l'autre; mais je répète qu'il noi s faut une prudence infinie, surtout s,, comme j'en suis convaincu, différant r:i cela complètement d'avis de toi, on ne cesse de penser à la blonde... » Solution médiocre, me diras-tu ? Soil, ma Riri. La vie n'est pas aisée ù conduire quand on a tant de choses a ménager et une à laquelle je tiens par-dessus tout : la réputation de la femme qu'on adore. Car tu entends bien, mon cher amour, que je t'aime au-dessus de tout, par-dessus tout, que je sens le bonheur avec loi. que je l'atlends. que jo l'espère et que je ne vis que dans l'espérance de cette réalisation. Raison de plus pour que moi qui dois conduire les choses, qui suis le chef <par-donno-moi l'expression), qui ai le sentiment de mes devoirs et de mes responsabilités, je décuple la prudence. » Je t'aime de tout mon cœur » Je viens de relire ma lettre. 'Elle ne traduit pas complètement ma pensée. Ce que je veux bien mettre en lumière, c'est la nécessité pour moi de gagner le mois de mai sans esclandre. Maintenant, ne l'alarme plus, je t'en supplie, de la prudence que je prêche. Je ne demanderai rien qui puisse nuire fi notre amour, mais je demanderai une série de petits sacrifices qui nous feront mesurer et apprécier davantage encore ton amour que le renoncement grandira comme je me grandirai moi-même à tes yeux comme mes propres yeux par la discipline que je m'imposerai. » LA LETT-KE L)E MAMERS ;< Chambre des Députés. » Mamers, 18 septembre 1909. » Ma Riri bien aimée, » Enfin, j'ai une minute pour l'écrire. Hier vendredi et aujourd'hui samedi,-je n'ai pas eu un instant pour souffler. Jeudi, après t'avoir écrit, j'ai été il la chasse et je suis parti coucher à Paris, a l'Elysée Palace, bien entendu, vendredi matin, je comptais alicr à l'enterrement de M. P..., mais après conversation avec Th..., j'ai reconnu que cela pouvait avoir de graves inconvénients et j'y ai renoncé. J'ai donc passé tout près de deux heures avec Th... J'ai fait quelques èourses ; j'ai déjeuné ; j'ai été au Crédit Foncier Argentin et j'ai repris le train de 5 h. qui m'a ramené au Mans, pour un dîner officiel. » J'ai couché a la Préfecture et ma journée d'aujourd'hui samedi s'est passée au concours agricole à voir les béâtes (j'éciâs comme on prononce ici) il assigner aux jurés leur lâche, uuf Me voilà donc ce soir h Mamers, d'où je repartirai demain mr.trn pour des occupations presque aussi intéressantes. Pendant toute la semaine suivante, pour ainsi dire, j'irai tous les jours, au Mans, au Conseil général. Mais je pense revenir chaque soir au Mans. Enfin, ce n'est pas avant mardi prochain 28 que je pourrai passer une journée a Paris. » Voilà mon programme, ma petite chérie. Si je n'écoutais que mon cœur, je dirais à ma Riri de s'arrêter au Mans mercredi ou jeudi ; mais ce serait aussi déraisonnable que possible, alors qu'il faut être, héias ! très raisonnable. Je mo permets donc de lui conseiller de prolonger son séjour ii Dinard jusqu'au lundi suivant. Elle verra son peïli C... mardi et il s'efforcera de lui consacrer un long temps. » Th... le dira, ma Riri, ce que nous avons décidé dans les différentes hypothèses que nous avons envisagées. Je crois que nous nous sommes arrêtés ti des solutions très sages. Je n'appréhende qu'une chose, c'est qu'on ne me fasse du chantage pour appeler les choses par leur nom. Quoi qu'il en soit, j'ai commercé à agir. -.J'ai, en effet, irouvé aujourd'hui une lettre m'annonçant fort cavalièrement qu'on arriverait au Mans lundi si je n'y voyais pas d'inconvénients. J'ai répondu que j'entendais d'abord qu'on me fit des excuses et qu'on me témoignât des regrets. Je suis convaincu qu'en n'en tera rien. Mais je suis non moins convaincu qu'on v.endra au Mans aujourd'hui. Comme je suis au Conseil général que je préside, on sail fort, bien que je ne pourrai pas faire d'esclandre et on en abusera. En tout cas, ma ettre. rédigée comme il a Été convenu et recomman ée, vitn de partir. » .via pauvie uie;t: ttiri, je vois clairement un las d'ennuis, de difficultés... Parfois, je me sens bien découragé et je suis en tout cas bien fatigué. Jé donnais peu tous ces temps. Il n'y a guère que deux nuits que je repose à peu près. Une seule consolation, un seul secours: penser à ma petite, la voir dans mes bras comme a Ouchy (Dieu ! les délicieux moments !;, songer à des jours meilleurs... Plains-moi, mon amour. Dis-moi surtout, ou plutôt répèle-moi ce que tu sais bien : que je t'àdore et que je suis à toi. « Mille millions .^Ie baisers sur tout Ion petit corps adoré. » Et c'est tout, reprend M0 Labori. Je dois indiquer à la Cour et à MM. les jurés que je suis à leur disposition .pour faire les lectures complémentaires qui leur seront utiles. Dès les premières lignes de ces lettres, où s'étalent non pas du tout les obscénités passionetles répandues dan5 Paris de bouche à bouche depuis des mois, mais les intimités les plus profon. des de deux cœurs humains et douloureux. Mme Caillaux se prend à sangloter tout doucement. Sa jolie tête blonde disparaît peu peu derrière la cloison du boxe dos accusés. C'esl l'effondrement lent d'un être faible et désemparé. C'est toute une d-'xr de femme qui se dissout dans un ruisseau ne larmes presque silencieux. C'est peut-être un orgueil de bourgeoise haut placée qui souifre atrocement. Tout cela es! de très pe.ite humanité. Soit : mais c'est de l'humanié tout de même et peut-être y a-t-il autant de douleur ei aussi terrible dans une âme de poupée que dans l ame'd'une matrone romaine des âges cornéliens. A mesure que M® Labori poursuit sa lecture, les sanglots de Mme Caillaux se font plus poignants. ^si descrets cependant, tellement empreints de silencieux vouloir que M° Labori s'en aperçoit a peine et lorsque, enfin, vain-vue par ia douleur, elle tombe évanouie aux mains des gardes municipaux qui s empressent a son secours et de son mari qui s'est précipité, M0 Labori en est manifestement et profondément stupéfait. La syncope de Mme Caillaux est si profonde que M. ie président Albanel doit bien e résoudre à suspendre l'audence. Souhaitons que, cette fois, nul ne lu: reproche plus de déshonorer la magistrature française. Et dans ie brouhaha de »a sai.e où chacun a repris la liberté de s mouvements, les papotages reprennent et les propos venimeux dominent le bourdonuemeul de- ..-onv^isations; car il n'est pas un coin où quelque )eune avocat nationaliste ou quelque plaisantin île l'équipe «figariste» prompt ;;-i! zè.e, ne prenne bruyamment la parole p(> t aff rmer à grands cris que «c'ect du .chiqué ï; Il y a pour ie témoin impartial et impassible que nous sommes quelque chose d'infiniment pénible dans ces rosseries impitoyables. Certes, les lettres que nous venons d entendre n'ont pas pour nôus, les hommes, pour nous, les journalistes, pour nous, les avocats, alors s>itout qu'on annonçait depuis si longtemps qu'elles contenaient des énorm'.tés, de quoi provoquer chez nous quelque pâmoison ; nous vivons dans une atmosphère de blague et de scepticisme conlre quoi nous avons à nous défendre et de laquelle nous avons a nous abstraire tout d'abord pour juger sainement la souffrance qui peut atteindre l'âme d'une jeune femme ainsi mise a nu dans ses espoirs, dans ses. tendresses, dans ses voluptés mêmes en présence d'une foule sans indulgence, sans considération connue sans discrétion. J'ai bien peur que les « rigolos » dont la perspicacité à découvrir ici « du chiqué » et dont la pa--ole assurée a fait part de leur découverte à leur m tour âge, n'aient commis en ce moment une action pas très jolie. Après une demi-heure de suspension, l'audience est reprise. Mme Caillaux rentre dans son boxe, soutenue par son mari et par les gardes municipaux qui conduisirent tout à l'heure ses pas mal assurés. Elle nous revient du. reste dans un piteux aat et. la prostration de la malheureuse au cours des dépositions qui suivent fait peine à voir. EUê se cache la figure dans ses deux poings cris, pés. Elle baisse la tête; elle baisse les yeux; à la lettre, elie n'ose plus regarder devant elle. Le docteur Paul, le docteur Soquet, le docteur Raymond défilent ù la barre : Constatations mortuaires, blessures, lésions, fermeté et cons- u lance du tir... Déposition sans intérêt. Le docte, r Raymond apporte pourtant, un détail qui îetient l'attention : c'est le dernier mot de M. Ca.mette, qu'il a recueilli : « C:? que j'ai fait, je l'ai fait sans haine, dit-il; dites-le bien, saiis haine!» Pour qui voudra bien se rappeler l'âpreté de a longue campagne de M. Calmette contre M. Caillaux, son acharnement, les mensonges réfutas si nettement dont elle était fai'.e, vcilà un mot qui sonne étrangement... La clientèle u. luxe du Figaro nven exigeait certes pas autant contre l'homme de l'impôt sur le revenu. Le docteur Raymond qui semble an'mé, en sa qualité d'ami personnel de M. Calmetle, de re» s qliments contre l'accusée, attaque non sans volence un syslôine de défense dont il prête ù M° Labori l'intention de se servir, lien a trouvé les premiers signes prccurseurs dans une « certaine presse ». Il'estime qu'on ne pouvait songer <i tenter aucune intervention chirurglcafe avant d'avoir essayé de ranimer le patient. Toute tentative ainsi faite devait, à son avis, entraîner immédiatement la mort. Le docteur Raymond, comme le docteur Hartmann qui le suit, paraissant fort irrités de voit-la défense mettre en doute leur infail.lib lité chirurgicale pour tirer des arguments de leur erreur possible. Un vif débat s'engage sur ce point entre l'un et l'autre et.M0 Labori se borne à leur adresser des questions pertinentes basées sur des autorités médicales qu'il cile. Questions auxquelles les deux chirurgiens répondent sans précision comme sans urbanité. Il en est de même de M. le docteur Cuneo, qui estime qu'on assassine une seconde fois M. Calmette en donnant a ses enfants l'illusion qu'on eût pu le conserver. M. le docteur Delbet affirme ne pas pouvoir prêter le serment d'usage : Il veut, dit-il-, déposer sans haine et sans crainte. IL veut dire la vérité et rien que la vérité ; mais il ne peut dire toute la vérité, car il a été l'objet d'une démarche qu'il s'est engagé par avance à ne pas révéler.Après une discussion assez vive sur le serment du docteur Delbet, celui-ci prête ce serment, après avoir rappelé la restriction qu'il a apportée à la barre et qui n'a rien de commun avec la discrétion professionnelle. Le docteur Delbet affirme hautement du reste qu'il est impossible d'admettre qu'on parle d'un blessé et qu'on juge les soins qu'on lui a donnés sans l'avoir vu ; car il n'y a pas de maladies, il n'y a que des malades. Ce sera, dit-il, l'avis de tous les médecins qui ne songent pas à commercialiser la médecine. Nouvelle suspension d'audience. Reprise ù 4 heures. Un vif incident se produit à propos du docteur Delbet qui a élé prié' de demander h la personne qui a tenté auprès de lui une déarche de le dégager de la promesse qu'il lui faite de n'en pas parler. Le docteur Delbet ■'j ne parait nas très familier avec les scrupules mimitesimaux et les cnatouilleuses susceptibilités du barreau, demande à M® Labori l'autorisation de nommer celte personne. Naturellement, M° Labori bondit et déclare que non seulement il ne connaît ni la personne ni le fait, mais que si quelqu'un a dit, à M. le doc-leur Delbet venir à lui de «a part de M6 Labori, ce quelqu'un a menti. M° Chenu et le président interviennent. L'incident se calme et le docteur Delbet disparaît pour aLier à la recherche de ce mystérieux visiteur et de l'autorisation dont il a besoin. On entend le docteur Pozzi, qui était en relations avec M. Calmette. Il s'attendait a être appelé a son chevet. Il estime, quant à lui, que, sau.f contre-indication relative ù la nécessité de l'asepte, il faut toujours inéervenir et intervenir d'urgence en dépit même d'un état syncopal prononcé dans toutes les blessures de l'abdomen. Il est plein de respect pour la façon dont ses confrères ont compris leur devoir. 'Mais i! eût compris le sien autrement. Il pense que les minutes sont des siècles en pareil cas et dans une affaire analogue, un autre journaliste, M. Olivier, frappé par Mme Paulmier, la femme d'un député, a été sauvé par ie docteur Gosset. alors qu'il avait une dizaine de perforations de l'intestin. Mais il avait été opéré u,no heure el demie après l'attentat. Le D1- Pount qui est appelé ensuite, est un des anciens chefs de pos e d.-s dépôts médicaux. 11 pense que M. Calmette étant mort d'une hémorragie pr givssive, non foudroyanle, il fallait inie v nir d.^urgence, la p ae étant de ce'le qu'on guer t si, ""bien entendu, les symptômes-conci mi ants ne s'y opposaient pas. Ain.s f nit celle audience qui noue a livré une partie du mystère de «'l'Affaire Caillaux», la seule p rtie que le public en connaîtr a s-nsdoute. Nous n'avons plus de secrets à appr. n r\ Il ne nous resle plus qu'à entendre, outre la déposition du deeleur Doyen, deux plaidVrrs qui, sans doute, seront :o. t telles. GEORGES MASSET. La sixième audience Audition des œ'decins CONTROVERSE Le docteur Raymond, sénateur, informé par téléphone aussitôt après le drame, accourut el procéda à un premier pansement avant le transfert à la maison de sanfé. Il déclara que Calmette reprenant un instant connaissance, dit : « Ce que j'ai fait, je l'ai fait sans haine », et dans un murmure, il rénéta « sans haine ». Mais, tu oublies deux choses: la première, c'est que nous avons à redouter la fureur d'une femme qui sentait s'a situation perdue et qui n'avait pas eu le temps de se faire à cette idée ; la deuxième, c'est que ma situation électorale aurait pu être perdue. Dr HARTMANN Le Dr Hartmann, professeur à i'Académ'e do médecine, est. d'accord avec le Dr Raymond, et comme Mfl Labori lui parle d'une dicussion qu'il eut. au sujet du cas Calmette à l'Académie de médecine, le Dr, Hartmann réplique : C'est la première fois que, devant un tribunal français, on fait ains: dévier la question. Je trouve bizarre que, dans une question d'assassinat, on fasse intervenir la question médicale. D' CUNEO •Le Dr Cuneo se .montre aussi affirmalif que ses deux confrères". Une intervention, aussi minime fùt-elle. aurait achevé le blessé lorsqu'il arjlyaJLiSsuUiy,--— - - -•

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