Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1917, 15 Avril. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 08 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/sb3ws8kd4n/
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Dimanche 15 avri I 19! 7 T centimes k numéro 61me année — Nc>s 99-i0i3 JOURNAL DE GAND :écchexc> ABONNEMENTS : UN PHSNO PAS THi^ESTRE RÉDACTION & ADMINISTRATION : ea»D - s, nus og eiAums, $ - mno TELEPHONE 865 A X 0 N C E S : S'adresser rue de Flandre, 3, Gant! REVUE des journaux qa ia semant» BRUXELLOIS Du il. Paris, 7 avril. La Ccmunis-sion appelée par l'Académie des Sciences de Paris; à dresser une liste des candidats aux lu actions de secrétaire perpétuel de la looipi'g'nie pour les sciences mathématiques, en remplacement de M. Gaston Dar-boiix, décédé, vient de se réunir. Son choix s'est porté, à ^unanimité, et uniquement sur ia personne de M. Emile Picard, membre de ia section de geométrie depuis 1889. Ce savant est aussi connu en France et à d'étranger que l'était son éminent collègue Henri Poincaré. i n institut de géophysique à Lromso. Uïi s'occupe en Norvège d'un projet de ciéauoii d'un institut de géophysique a Ïiurnso; cette nouvelle station, dont les principaux promoteurs sont deux jeunes uatiira listes norvégiens, -\1A1. iirouetz et Devik, de l'Observatoire Haldde (^m~ mark), est appelée à jouer un rôlcv très im-porïani dans l'étude de la météorologie. L'institut de Tromsô poursuivra avant tout l'étude des aurores.boréales, du magnétisme terrestre et de l'électricité (le l'atmosphère, cl formera aussi le centre de tout le service rlimatérologique pour le Nord de ... vèf-e. Les travaux du nouvel institut ne seront pas seulement utiles pour la Norvège ; Us seroSï précieux pour l'étude de la météorologie dans tous les pays ; en effet, on y étudiera des forces de la nature, qui sont actuellement des moins connues, tout en étant d'une importance de premier ordre, car elles règlent le vent et le temps, le froid, la chaleur, bref toutes les conditions de la vie. L'emplacement destiné à f érection de la nouvelle station a été choisi intentionnellement dans la partie septentrionale de ia Norvège, à l'observation des for-naturelles et des phénomènes dont on p.. irsuit l'étude. Aussi les savants les plus ii'-; utés, tels les professeurs Birkeland, Si rmer, Bjerkees, Fridtjof Nansen, See-, : (i et iielland-Hensen. déclarent unani-i nent ;-Ue là CTéation de 1 institut de Tronic promet de rendre des services inestimables à la science universelle. Le traitement des employés comiiui-; aux. ii'augmentatiou constante du coût de la vie provoque de toutes parts des sollicitations en vue de faire augmenter les traitements des employés des adininistr i-tioiis publiques. La plupart des administra tions communales de Grand-Bruxelles ont ni. • la question à l'étude et les intéressés attendent une solution avec une impatience qu'on comprendra. lis Collège échevinal d'ixelles vient .•déjà de prendre une résolution transitoire. À partir du 1er mai prochain, les traite-i lents de tout le personnel seront payés par anticipation, c'est-à-dire qu'en réalité, chacun touchera à cette date, ^t pour une lois seulement, un appointement double. Du 12. A l'instar de Bruxelles. Il v : i iit rie se produire à Scheveningue un îm-cident identique à celui qui eut lieu récemment porte de Hal, à Bruxelles. Un convoi de charbon important, destiné à un gros négociant de la ville, a été attaqué par une foule d'environ -300 personnes, qui l'ont pillé de foud en comble, sans que la police put l'empêcher. L'administration communale va avoir à.payer les frais de cette algarade.HET VGLK Du 13. L'enterrement de M. Jean Van den Eeden, directeur du conservatoire de Mons, né à Gand le 24 décembre 184'J. a eu lieu à Mons. Il fut nommé directeur a iions eu remplacement de M. Gustave Muberti le Î6 janvier 18T8. Il était l'auteur des oratoires Jacqueline de Bar/ère et de La lutte du XXe siècle. Il y a une quinzaine de jours, sous sa direction, on exécuta encore Jacqueline à Charleroi. Pour ses opéras umance et-lié/ia il fut nommé, par Léopold II, Commandeur de l'Ordre de Léopold. Il paraît qu'il a formé de Brillants élèves. La vacherie communale il. l'Kckevin fJoppwtors -vient (le présenter au Conseil Communal un rapport tort intéressant, au sujet de la \ acherie communale qui a été créée en octobre 1915, à l'initiative de il. le bourgmestre Braun, puissaminent secondé par il. 1 éclievm Anseele; elle n'a pas été organisée dans une intention de lucre, mais dans un but bâillement humanitaire. Xi fallait, à tout prix, sauvegarder nos entauts contre le dépérissement qui les menaçait par suite de la pénurie de lait. ^Nous pouvons apprécier aujourd'hui quel eut été le tv> : de nos nourrissons et de l'Œuvre de la Goutte de lait, si la Vacherie coin munale n'était là pour subvenir aux besoins les plus pressants de l'alimentation infantile. Sous devons rendre hommage, dit l'honorable Echevin,à la perspicacité et à la sagesse des organisateurs de la première'heure et nous sommes persuadés que 1." Conseil communal et le public- applaudiront aux éloges que nous leur adressons. Le? commencements ont été laborieux ; l'acquisition des vaches était difficile:; rien n'existait, il a fallu créer tout d'une pièce, hâtivement, et le _personnel et les installations ; celles-ci se composent de quatre étables ayant respectivement les dimensions suivantes: 20$© m. x 0.00 x :1,00 pour 16 vaches. 35,00 m. x 8,00 x 3.00 pour 56 vaches. -30,00 m. x S,50 x 3,35 pour 36 vaches. 15,00 m. x 6,00 x 3,5.0 pour 12 vaches, .une écurie pour trois chevaux ; une habitation pour le fermier, avec bureau et salle de dépôt pour-4es bidons à lait ; de petites dépendances pour l'élevage de lapins et de poules ; une chambre à coucher et des réfectoires mis-à la disposition des ouvriers ; une buanderie, où, en outre, se préparent les aliments chauds du bétail; deux hangars; des-greniers pour le dépôt des i'ourtages; une bascule; une machine à dynamo pour la production de l'électrité. Au centre de la ferme, un grand réservoir a purin, de 11 m. de côté, est en voie de co.istruction. On projette -un fumier sur terre-plein en maçonnerie. L'ensemble des installations occupe une |urface de 60,00 m. x 80,00 ou 48 ares d'un terrain, propriété de la Ville. Les terrains avoisinants, les anciennes prairies basses des Neermeerschen, également propriété de la V ille, sont efltfivés et le produit de ces cultures est destiné à l'alimentation du bétail de ia vacherie et des chevaux de la Ferme des Houes. Le 31 décembre dernier, les quatre étables contenaient 96 vaches, 1 taureau, 10 veaux de 8 à 9~mois, 11 veaux âgés de quelques semaines, soit ensemble 118 têtes de bétail. 39 vaches, 1 taureau et 68 veaux ont été livrés à l'abattoir. 11 y a 66 vaches dont le vêlage doit avoir lieu cette année. Dans la période d'été, les vaches ont été nourries, en grande partie, en pâturage, dans les prairies de Tronchiennes et de Melle. L'alimentation a été complétée, - pendant les mois pluvieux de 1916, par de la farine de pelures de pommes de terre et par du son. i Pendant le reste de l'année, lorsque les | vaches sont au régime de la «fabulation, la 5 nourriture consistait en pulpe, betteraves, i navets, fariné de pelures dç pommes de terre, farine de maïs, drèches et son. Les veaux, dans ies premiers jours, reçoivent exclusivement du tait plein; pms tard, ils sont au régime mixie_.de lait et-de tariiie, pour être soumis ensuite au régime normal des vaches. Le foin et la litière de paille ont manqué souvent et en général l'alimentation devient de jour en jour plus difficile, plus onéreuse et moins substantielle. Ces circonstances défavorables au point de vue de l'exploitation économique ont leur répercussion directe sur la production du lait. Depuis le 27 octobre 1915, Li production de lait totale a été de 281,987 li dont .237,756 litres ont. été livrés à la « Goutte lie lait » et à d'autres œuvres de-bienfaisance; 44,231 litres - ont servi à 1 'alimentation des veaux. La moyenne journalière par vache, pendant une période de 14 mois, est de 6.9 litres. La production est relevée exactement, jour par jour, et figurée sur- des diagrammes qui permettent de suivre facil: ; . ■:* les fluctuations de cette production et de rechercher, s'il y a lieu, les "causes des fté-e 11 issements éventuels. Le personnel, attaché à la vacherie se compose de: H'vachers, 1 rèïnme à journée, 1 portier et 3 manoeuvres; ces derniers sont préposés au transport'dii lait au laboratoire de la pasteurisation, rue du Lac, et de !» aux divers locaux de,la a Goutte de Lait », éparpillés dans tous les quartiers de la ville. Les vachers sont en permanence, nuit et jour, dans ia vacherie; ils y sont logés gratuitement.Pendant la période du 27 octobre 1915 au ■ >0 juin 1916, le prix de revient était de: Dépenses fr. 37.180,74 , , , , .. —: », „= Ir. 0,2 lOa le litre. Litres 137.410 Pendant la période du 27 octobre 1915 au 31 octobre 1916, il s'est'elevé ii : Dépenses f'r. 76.009,40 , ./ r.-- = tr. 0,310» le litre. Litres 23i,(jo3 Une quantité considérable de lait (41,i60 litres) a été consacrée à l'alimentation des Veaux. C'est contraint et forcé par les circonstances qu'on a été amené h cette nécessité car îi y a eu souvent impossibilité matérielle de réaliser les veaux. - C'est nue situation anormale, car la vacherie n'a pas été créés pour l'élevage, mais uniquement pour la production du lait. On peu, cependant ne pas le regretter, car les étables, qui se vident insensiblement par le fait des vaches irop âgées pour une production normale de lait, pourront ainsi être repeuplées en-temps utile. i.e prix de vente du lait"a été fixé à ir. 0,30 le litre; ce pris, devait fatalement causer des pertes. Maintenant qu'on constate que le prix de ir. 0,30 est eu dessous du prix de revient, on propose d'élever le prix de vente à fr. 0,35 le litre. Les frais" généraux se sont élevés à ir. 2,822.90. L'inventaire du bétail renseigne une valeur d'achat au 31 octobre 1916 de fr. 129,591.94. On estime qu'à raison-Un 1 prix élevé actuel des vaches et de la majoration résultant de l'élevage, des veau-:, cette valeur a plutôt augmenté. En- terminant, il. Coppieters rend hommage à l'activité et à la conduite du personnel et notamment à il. Baële, qui as^ sume la direction .de ce service avec un dévouement et un désintéressement dignes d'éloge. Les explosits L energiu que développe un explosif provient de l'augmentation de volume que subit cet explosif an passant de l'état soiide ou liquide, car il existe des explosifs liquides, ii l'état gazeux. Sur cette augmentation colossale de volume est basée l'action des explosifs, qui sera d'autant plus grande d'après que la différence de volume sera plus grande, l/a poudre noire, par exemple, développe 800 fois, et la dynamite 11.700 fois son volume primitif. 11 est naturel que nous avons-dans cette simple proportion une mesure pour la force explosive ' qui. dans notre cas, sera pour la dynamite 13 fois plus forte que pour la poudre noire. L'opération chimique, produisant cette transformation, n'est rien d'autre qu'une oxydation, e. n d. combustion, indépendante de l^i manière dont a lieu l'allumage, qui peut êtr« direct, au moyen d'étincelles comme dans les~~»ncieus fusils ou bien dé l'allumage artificiel produit paï' choc comme chez tous les explosifs modernes.i,a nitrp-glycérine, par exemple, ne se laisse enfla.a.,1er que difficilement par une flamme et une fois allumée, elle brûle lentement sans explosion, alors qu'un simple -choc, 1111 jie-.ii (l'essaillejnen; est suffisant pour produit' une explosion formidable. L on pourra donc employer comme explosifs tous les corps brûlant avec productien de gaz. r.'expérience a prouvé que ce sont surtout les combinaisons organiques salpétrkiues q\ù remplissent ces conditions -et à - ce groupe appartiennent la plupart de nos explosifs modernes. Même le plus ancien, la poudre, 11e se compose que d'un mélange de soufre, de charbon et de salpêtre. Mais ici l'on n'a affaire qu'à un mélange et pns à une combinaison chimique ; aussi en comparaison de nos~explosifs actuels, l'antique poudre noire n'est plus qu'un jeu d'enfant. E11 1838, Péouze découvrit que le bois et d'autres substance» naturelles pouvaient être rendues très inflammables par line immersion dans de l'acide salpétrique, entre autre dans de l'eau-forte, un mélange d'acidé ajilfûri'que et salpétrique. Huit ans plus tard Seltônbein à Bâle et Bôttger a Frankfurt découvraient le fulmi-coton qui s'obtient 011 trempant du coton nettoyé et dégraissé dans de l'eau-forte. La force de cet explosif qui extérieurement semble inol-fensif. le coton-poudre ressemble à de l'ouate hydrophile, est à peu près cinq fois aussi forte que celle de la poudre noire. Toutes les espérances, qu'avait fondé sur "otte découverte l'industrie militaire, 11e se réalisèrent qu'en partie, principalement parce que le fulmi-coton est très inflammable. L'Anglais Abel prouva que le coton poudré humide supporte une très grande pression de sorte qu'il peut être compressé en petits blocs, mais par cette opération, il perd toute sa force et son effet n'atteint plus que celui de la poudre noire. Nous avons faix remarquer que 11011 seulement le coton, mais aussi d'autres substances sont susceptibles d'être transformées en explosifs, par leur immersion dans des acides salpétr.iques. Dans les journaux 011 a pu lire que des chimistes allemand : avaient trouvé moyen de fabriquer un explosif au moyen de bois; ceci fit beaucoup de bruit, bien que ce fait fut, connu depuis longtemps. JCon seulement avec du bois. ^ mais aussi avec de la paille, des vieux chiffons, même ave» du sucre l'on peut obtenir par la nitrification, des explosifs. Le principal de ceux-ci est, certainement j la nitroglycérine qui s'obtient en faisant | agir sut la glycérine de l'acide salpétrique. j Elje l'ut découverte en 1847, par l'Italien I Ascaguo Sobrero qui ,1'ét-udia à foud. L'on rattache souvent, mais à tort, la découvert» d,- la nitroglycérine au nom du suédois Alfred .\obels. Effectivement son seul nié-r, e est d'avoir su mettre la découverte confinée au laboratoire, à la portée de la technique industrielle, d'abord par la découverte d'une méthode rationnelle de fabrication, puis par des améliorations qui permirent. 1 emploi de cet explosif relativement dangereux. !.. huile de _Nobéis,, comme on appela d abord la nitroglycérine, est un liquide jaunâtre et huileux,' était très explosive. -Non seulement le moindre choc mais même I. plus petit changement de température sut lisait pour provoquer la réaction chimique et de là l'explosion. Même les plus grandes jirécautions 11e suffisaient pas pour se mettre à l'abri de ce danger, de sorte que son emploi restait très restreint. Par -hasard 011 découvrit que le silicium possédé? la propriété de .s'imprégner de trois fois son poids <ie nitro-giycérine, et que ceiie-ci sous cette tonne est beaucoup plus constante qu'à l'état liquide, sans toutefois rien perdre de sa force. Cette découverte fut d'une très grande utilité, et la nitro-glycérine, sous cette forme, prit le nom de dynamite. Celle-ci est assez résistante aux chocs, pour qu'il soif permis de la transporter et d'éviter des accidents par suite de causes fout à fait fortuites. L'explosion de la dynamite,-que l'on emploie sous forme de cartouche, s'obtient au moyen de l'étincelle électrique. La dynamite a jusqu'ici vaincu toute concurrence, grâce à sa sûreté d'emploi et à sa stabilité. Il ixiste énormément d'explosifs, mais aucun 11e se maintient si bien que cette dernière, il est certain que la science militaire de chaque état possède ses expiosiis secrets, qui ne peuvent pas être livrés au publie. Lit France l'on parla beaucoup-de_ la mêlante découverte par l'urpin et dont 011 attendait des merveifles. Jusqu'ici les faits de cette guerre mondiale n'ont pas encore prouvé qu'elle méritait cette renommée. En Prusse, un capitaine du nom dg iL alioi, avait découvert il y a quelque 30 ans.1111 explosif dont l'action aurait surpassé de 60 % celle de la nitro-glycérine. Mais-cet te préparation aussi bien que ie a J amt » autrichien et une foule d'autres expiosiis furent bientôt voués à l'oubli. A la vérité la technique militaire emploie encore beaucoup la vulgaire poudre noire mais sous une forme plus appropriée. Malgré cela, l'on ne petit, prendre assez de précautions, car très souvent il se produit dans les explosifs de lentes réactions ne devenant sensibles qu'au bout, de mois et même d'années mais qui alors causent des catastrophes formidables. Qu'on se souvienne des fameuses « poudres 11 » françaises. Le fulmi-coton, ou jioton-poudre, n'emploie pour le chargement des torpilles. J_,a intimité, lé Inusité etc.,:, pour les mines, ies obus et autres bombes. Le rôle qu'ont joué ies expiosiis dans ies attentats des nihilistes, est assez connu pour.qu'il soit inutile d'insister, t rès ravi ment une découverte a fait simultanément tant de bien et île mal à l'humanité, que celle des explosifs. Mais quelque grand que soit, le nombre des victimes de la dynamite, les services rendus dans la construction ne voies de' communications, de canaux etc., sont beaucoup plus à estimer. Ainsi l'on peut dire que sans sa découverte, les merveilles qui gloriefieront éternellement l'esprit humain telles que le percement du Siniplon, de. l'isthme de Panama, la construction du canal de Suez, eussent été impossibles. Norcel. Feuilleton du Journal de Gand. 273 la Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS .V côté du lit, à genoux, la tête ensevelie dans les coussins d'une large bergère, \ a-leiitine, frissonnante et soulevée par les sanglots, étendait au-dessus de sa tête, qu'on ne voyait pas, ses deux mains jointes et roidies. Elle avait quitté la fenêtre restée ouverte, et priait tout haut avec des accents qui eussent touché le cœur le plus insensible ; la parole s'échappait de ses lèvres, rapide, incohérente, inintelligible, tant la douleur serrait sa gorge de ses brûlantes étreintes. La lune, glissant à travers l'ouverture des persiennes, faisait pâlir la lueur de la bougie, et azurait de ses teintes funèbres, ce tableau de désolation. Morrel nfTput résister à ce spectacle; il n'était pas d'une piété exemplaire, il n'était pas facile à impressionner, mais Valentine souffrant, pleurant, se tordant les bras à sa vue, c'était plus qu'il n'en pouvait supporter en silence. 11 poussa un soupir, murmura un nom. et la tête noyée dans tes | plrfurs et marbrée sur le velours du fau-I teuil, une tête de Madeleine du Corrége, Se | releva et demeura tournée vers lui. Valeutine le vit et ne témoigna point d'étonnement. Il n'y a plus d'émotions intermédiaires dans un cceur gonflé par un ; désespoir suprême. Morrel tendit la main à son amie, \alen-; line, pour toute excuse de ce qu'elle n avait point été le trouver, lui montra le cadavre gisant sous le drap funèbre, et recommença à sangloter. Xi l'un ni l'autre n'osaient parler dans cette chambre. Chacun hésitait à rompre.ce silence que semblait commander la Mort debout dans quelque coin et le doigt sur les lèvres. Enfin Yalejttine osa 4a première. Ami, dit-elle, comment êtes-yous ici? Hélas! je vous dirais: soyez le bienvenu, si ce n'était pas la Mort qui vous eût ouvert la porte de cette maison. Yalentine, dit Morrel d'une voix tremblante et lés mains jointes, j'étais là depn huit heures et demie; je ne vous voyais i point venir, l'inquiétude m'a. pris, j'ai sauté par-dessus le mur, j'ai pénétré dans le jardin; alors des voix qui sî.entretenaien; du fatal accident... !- Quelles voix? dit Yalentine. Morrel frémit, car toute la conversation du docteur et de M. de -Ville-fort lui revint | à l'esprit, et, à.travers le drap, il croyait S voir ces bras tordus, ce cou rpidi, ces lèvres i violettes. S Les voix de vos domestiques, dit-il, : m'ont, tout appris. Mais venir jusqu'ici, c'est nous per-ï die, mon ami, dit Yalentine, sans effroi et sans colère. - Pardonnez-moi, répondit Morrel du même ton, je "Vais me retirer. N'oit;- dit Yalentine, on vous rencontrerait, restez. Mais si l'on venait La jeune fille secoua la tête. - Personne 11e viendra, dit-elle, soyez tranquille, voilà notre sauvegarde. Et elle montra la forme du. cadavre-moulée par le drap. Slais qu'est-il arrivé à M. d'Epinay? dites-moi, je vous ën supplie, reprit Morrel. M. Eranz est arrivé pour signer le i contrat au moment où 111a bonne grand'-i mère rendait le dernier soupir. î Hélas!'dit Morrel avec un sentiment ne joie égoïste, car il songeait en lui-même que cette mort retardait indéfiniment le nia-liage de Yalentine. - Mais ce qui redouble ma douleur, continua la jeune fille, comme si ce sentiment eût dû recevoir à l'instant même sa punition, c'est que cette pauvre chère aïeule, en mourant, a ordonné qu'on terminât le mariage le plus tôt possible; elle aussi, mon Dieu! en croyant ne. protéger, elle aussi agissait contre moi. Ecoutez! dit Morrel. Les ileux jeunes gens^firent silence. On entendit la porte qui s'ouvrit, et des pas firent craquer le parquet du corriior et les marches de l'escalier. C'est 111011 père qui sort de son cabinet, dit Yalentine. Et qui reconduit le docteur, ajouta Morrel. Comment savez-vous que c'est le docteur? demanda Yalentine étonnée. •Te le présume, dit Morrel. Yalentine regarda le jeune homme. ' Cependant, on entendit la porte de la rue \ se fermer. M. de Yillefort alla donner -en « outre un tour de clef à celle du jardin, puis , il remonta l'escalier. ! Arrivé dans l'antichambre, il s'arrêta un instant, comme s'il hésitait s'il devait entier chez lui ou dans la chambre de madame de Saint-Méran. Morrel se jeta derrière une portière. Yalentine 11e fit pas un mouvement; on eût dit qu'une suprême douleur .la plaçait au-dessus des craiutes ordinaires. M. de Yillefort rentra chez lui. ' .Maintenant, dit Yalentine, vgtis lie pouvez plus sortir ni par la porte du jardin, ..i par celle de la rue. Morrel regarda la jeune fille avec étci 11 -aement.Maintenant, dit-elle, il n'y a plus qu'une issue permise_et sûre, c'est celle do l'appartement de mon grarid'-père. Elle se leva. Yenez, dit-elle. Où cela? demanda M'aximilien. Chez mon grand-père. Moi, chez M. Xoirtier? — Oui. — Y songez-vous, Yalentine? ■l'y songe, et depuis longtemps, ,1e n'ai plus que cet anti au monde, et nous avons tous deux besoin de lui... Venez. — Prenez garde, Yalentine, dit Morrel, | hésitant à faire ce qu« lui ordonnait la î jeune fille éprenez garde, le bandeau est j tombé de mes yeux: en venant ici, j'ai ac-!

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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