L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1915, 12 Fevrier. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 26 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/db7vm43w78/
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^ôre Année N®. 112. g S cents (tO Centimes) Vendredi 12 février 1915 L'ECHO BELGE L'Union fait la Force. Journal quotidien du matin paraissant à. Amsterdam Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: N.Z. VOOHBUROWAL 334-240 Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaers. I Charles Bernard, Charles Hepbiel, Comité de Rédaction: ; Gustave Peellaert, René Chambry, I Emile Palnoaré. Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: I77S. Abonnement / En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation l Etranger fi. 2.00 ,, Un peu de délire... Un petit livre vient de paraître à Berlin qui mériterait une publicité aussi large, une diffusion aussi générale que oelle réservée aux documenta diplomatiques relatifs à la guerre; car, mieux qu'aucun livre I ilanc, gris, bleu ou orange, ce petit opuscule allemand l'explique, la guerre, et dénonce la volonté scélérate qui l'a voulue, qui l'a préparée et l'a fait fondre sur 1 Europe. Cela s'appelle ,,Les causes de la guerre" et-c'est signé d'un nom obscur: Kuolin. Ce Kuehn était professeur à l'Ecole des Hautes Etudes techniques de Chariot-tepburg; il est maintenant lieutenant d infanterie. Il représente donc, à deux titres, l'élite allemande. Il est soldat et il est „intellectuel". Ce sont les militaires de sa sorte qui ont brûlé Reims et bombarde Ypres. Et ce sont des individus de son espèce qui ont signé le manifeste odieux qui a couvert de honte ses signataires, —- de honte et d'un ridicule immortel ! Donc, : écoutons ce Mn. > < Il a au moins le courage de son opinion. II est de l'école de Harden, de l'école de Bernliardi et de von der Goltz. H dédaigne 1 es petits moyens d'un Bethmann-Hollweg, et certainement il flétrit dans sa conscience do soldat les excuses et le3 explications insensées données par cet homme d'Etat pour excuser le mauvais coup perpétré sur la Belgique. Ces moyens méprisables répugnent à son âme de soudard. Pour lui, il est. méprisable d'expliquer par des paroles ce que là force et la violence se chargent bien d'imposer. Pour lui, les traités sont bien des ,,chiffons de papier , mais, différent eu cela du chancelier de l'empire, ce n'est pas Kuehn qui descendrait a s excuser d'avoir traité ainsi une convention internationale. Ce Kuehn est un Allemand d'aujourd'hui, ou mieux, de demain. M. de Bethmann n'est qu'un Allemand^ d'hier. Ce professeur, donc, avoue carrément que l'Allemagne a voulu la guerre, que cette .guerre fait ses affaires, que la guerre est excellente et sainte, car sans elle le vieil , esprit guerrier teuton menaçait de sombrer dans les douceurs du matérialisme grossier et satisfait où. se complaisait l'Allemagne actuelle. Ecoutons-le, et notons 6es aveux: Oui, le matérialisme s'est développé partout, en Europe, mais surtout en Allemagne. C'est le capitalisme international qui en est cause. C'est lui qui nous a jetés dans l'engrenage affolant de l'industrialisme et qui nous a mués d'hommes libres en ouvriers de fabrique ,efc commis do bureau. lie déchet moral a été immense. On n'attente pas impunément à la liberté humaine Non! mille fois non! Ce n'est pas faussement qu'on attribue à notre peuple l'esprit guerrier, le plaisir de la guerre, le désir do la guerre. Notre peuple indestructible a crardé l'antique courage teuton. Il est inoiiï qu'il se soit trouvé de nos jours do hauts di- : gnitaires ecclésiastiques pour clamer à leurs , ouailles que la guerre est un nifclheur, et que ' do pareils mandements aient été reproduits par la presse. Il n'est pa3 vrai que la guerre soit un malheur. Qu'on laisse ces considérations aux parents des tués! Considérer la guerre comme un malheur pour l'Etat, c'est traliir^ la vérité historique Pour rendre la vie à l'Idéalisme, il fallait donner à notre peuple un grand devoir historique et mondial, un devoir pour lequel le peuple tout entier, sans distinction de classe, eût à agir héroïquement. La guerre apparaît dans ces conditions comme le procédé le plus noble et le plus saint. La guerre donc, est une action civilisatrice, moralisatrice, purificatrice. C'est une théorie qui n'est pas neuve mais que les peuples civilisés ont depuis longtemps reniée comme sacrilège et barbare. On n'est donc surpris qu'à moitié de la trouver sous la plume d'un lieutenant allemand. Et ce lieutenant continue: cette guerre ne peut finir que par le triomphe de l'Allemagne, c'est entendu. Le triomphe est un peti lent. Comme la justice, il vient en boitant, mais il vient. Attendons-le. En l'attendant, M. le lieutenant Kuehn organise la victoire et assigne à son pays sa véritable mission qui n'est pas seulement de détruire et de souiller mais encore de civiliser! L'Allemagne victorieuse commencera d'abord par civiliser la France, car la France ,,qui fut civilisée autrefois quand elle avait les Germains à sa tête, est sans guide, et chanoelle depuis que la noblesse allemande est tombée au champ d'honneur au cours des guerres napoléoniennes." Heureusement pour la France que tout cela va changer, et que la domination imminente des Germains va de nouveau lui donner l'équilibre, la force et l'ordre qui lui faisaient si cruellement défaut. M. le lieutenant Kuehn s'avère ici critique et psychologue. Mais comme il ( n'a pas eu le temps de lire Taine, il se contente de le refaire, à sa manière. Et voici cette manière: Le peuple français vit de la gloire qu'il a acquise dans l'histoire du monde sous la direction germanique, et qu'il croit pouvoir retrouver sans cette même direction. Voilà ce qui donne à l'histoire contemporaine de la France son caractère particulièrement tragique, et voilà pourquoi l'issue n'est pas douteuse de T'attaque tentée aujourd'hui par la France contre l'Allemagne qui, elle, se trouve toujours sous la direction germanique. La France sera battue! Personne n'est plus facilo à diriger que le vrai Français, quand on sait le prendre. Il suffit de l'empoigner par ses instincts nationaux ; avec son concours on peut alors tout oser. L'avenir le mettra à- nos côtés. Nous le sauverons de ses erreurs; nous itous le subordonnerons fraternellement et, . frveo lui. iious dirigerons les destinées du i monde. Je me représente la guerre avec la France comme le duel de deux loyaux adversaires, où le vainqueur n'a pas^ de plus ardent désir que de presser le vaincu sur son sein. Voilà pour la Franoe. J'espère qu'elle attrape son paquet. Ce Kuehn est terrible dans son imperturbable logique. Heureux Allemands de posséder un professeur de cette trempe. Et heureux, M.M. les élèves de l'Ecole des Hautes Etudes techniques de Charlottenburg d'avoir un tel maître. Quelle génération de fous furieux cela nous prépare ! La Russie aussi s'entend dire par M. le lieutenant Kuehn de cruelles vérités. La Russie est barbare. Mais elle est de race ,indo-germaine". Donc, elle est civilisable. Donc elle est perfectible. Quel bonheur I Et qui se chargera du .grand oeuvre de la civiliser? Vous l'avez, deviné l'Allemagne. L'Allemagne, par un décret nominatif du vieux dieu, a une mission ,,culturelle qui s'étend à cent millions de Slaves èt va jusqu'à l'Oural." Ce n'est pas une petite affaire, mais si l'Allemagne a beaucoup de Kuehn — et elle en a quelques-uns — ce sera un jeu d'enfant. Et puis, le vieux dieu n'est-il pas là pour aider de 6a toute puissance la nation la plus proche de son coeur ! Allons, le6 intérêts de la civilisation sont en bonne voie, et M. le lieutenant Kuehn nous prépare une Europe bien agréable pour après la guerre. Mais l'Angleterre ? M. le lieutenant Kuehn a-t-il songé à l'Angleterre? Certainement. Mais celle-là, l'Allemagne n'a pas pour, mission de la civiliser. Elle a pour mission de la détruire, simplement. Pourquoi? ,,Parce que l'Angleterre, anglo-saxonne elle-mênïë, a trahi l'Allemagne en lui déclarant la o-iierre et en déchaînant sur la nation-mère fe Gaulois belliqueux et le Slave avide de sang." (Jolie phrase, ma foi!) Et pourquoi l'Angleterre a-t-elle fait celà, la vilaine? Est-ce parce que l'Allemagne a attaqué la Belgique et menacé le monde d'une hégémonie monstrueuse, intolérable? Non. Simplement parce que les affaires de l'Angleterre vont mal et qu'il lui fallait une diversion. Je cite encore une fois le penseur de Charlottenburg : La grande conjuration de guerre aujourd'hui dirigée contre nous est l'oeuvre do l'Angle- ! terre Son empire craque et se rompt à'tous les joints, à tous les coins, à tous les bouts... Sa presse pousse de langs hurlements do bête fauve aux abois L'Angleterre ne lutte que pour des intérêts d'argent, et, de tous les motifs do guerre, c'est le plus vil. Elle est le pirate des océans, la maîtresse de tous les éléments d'immoralité dans l'histoire universelle, la patronne du matérialisme et de l'esprit de négoce, la diffamatrice des Germains, ^ ses frères de race, qu'elle trompe et qu elle dépouille, la drôlesse enfin qui lance les autres contre nous, pour reprendre, après la guerre, son trafic. Donc, Germains, peuples du monde, tuez-la I Et voilà 1 L'aventure de Kuehn n'est pas un cas isolé. Il y a en Allemagne beaucoup de déments do cette espèce, et on les - recrute généralement dans la classe dite des ,,intellectuels". Il suffit de lire les journaux où. se révèle l 'orgueil insensé et la manie dominatrice de cette nation. La plupart des Allemands qui font métier de penser ou d'écrire sont atteints depuis le commencement de la guerre d'un délire collectif très caractérisé, et le lieutenant Kuehn est un des malades les plus intéressants de cette classe. Ce qui est frappant, c'est le succès que rencontrent les élucubrations de ce malheureux. Son livre se vend à des milliers d'exemplaires et cela prouve qu'elles répondent au goût et au sentiment de l'Allemagne. Cela est fort étrange. Si encore on pouvait croire que M. le lieutenant Kuehn fût un froniste et qu'il se moque de ses lecteurs. Mais pas du tout. Il est sérieux comme un pontife. Il croit dur comme fer à ce qu'il écrit et des milliers de gens le croient avec lui. C'est du délire, compliqué de manie, — c'est une forme de la folie de6 grandeurs. Nous recommandons le cas du lieutenant Kuehn à M.M. les antropo-lcgistes et spécialistes des maladies cérébra-bles; et si le hasard voulait que M. le lieutenant Kuehn fût fauche en son remarquable printemps par une balle alliée, nous souhaitons que son crâne, au moins, demeure intact. Comme celui de tous les fous célèbres, il mérite d'être étudié. René Felbelman. —«as®- Payement de l'indemnité due aux parents des soldats belges. Mr. le consul-général de Belgique à Amsterdam porte à la connaissance des parents des soldats belges, en service, et qui se sont fait inscrire à Utrecht, que l'indemnité à laquelle ils ont droit, en vertu des lois des 30-8-1913 et 4-8-1914, leur sera payée le samedi 13 courant, de 10 à 12 h. et de 2 à 4 h., à Utrecht, au local ,,Gebouw voor Kun-sten en Wetenschappen", Maria-Plaats. Les intéressés qui ne sont pas encore inscrits pourront se faire inscrire ce même jour, de 2 à 4 h. AVIS. Nous serions reconnaissants à nos abonnés qui reçoivent leur journal par la poste et dont l'abonnement expire le 15 février, de bien vouloir nous envoyer un mandat-poste de: I. 1.50 en mentionnant sur le mandat poste Renouvellement d'abonnement. En Belgique. A Bruxelles. Quelques heures de départ : De Bruxelles à Louvain: départ à 11.53, arrivée à 12J55. Départ de Louvain|: 4.11, arrivée à Bruxelles à 5.1» De Bruxelles à Tournai : départ à 9.52, arrivée à 12.45. Départ de Tournai à 9.08, arrivée à Bruxelles à 1.41 h. Sauf erreurs ou accidents I • • • Lorsqne le gouvernement se fut retire à Anvers, on créa de nouveaux billets de banque à l'effigie du premièr Roi des Belges. C'étaient de vieilles planches qui servirent à ce tirage, somme toute assez artistiques. Mais, lorsque le moment fut venu d'imprimer les billets de la Société Générale, les Allemands s'inquiétèrent de savoir quel portrait allait orner les nouvelles planches. Ils craignaient, en effet, que l'effigie d'un autre membre de la famille royale constituât une nouvelle manifestation de loyalisme et dame! comme on ne pouvait pas faire figurer le portrait du kaiser, mieux valait s'abstenir de manifestations de ce genre. Et l'idée de voir les traits du Roi Albert ou Léopold II orner les coupures à émettre tourmentait visiblement le fonctionnaire allemand chargé des rapports avec la Société Générale. Donc, un matin, il s'en, fut trouver les directeurs de l'établissement financier et leur tint à peu près ce langage : — Il serait bon, Messieurs, que nous nous occupions de la signification de la figurine qui doit orner vos nouveaux ^billets. Assez de portraits de la famille royale, n'est-ce pas? Protestations unanimes. Il vaudrait mieux, poursuivit l'Allemand, qui avait des lettres, la reproduction d'un fait populaire, d'un personnage de légende, voire le portrait d'un Belge illustre (car il condescendit à admettre qu'il y avait eu une histoire de Belgique, glorieuse pour nous). Alors il parla de Rubeus, de Van Dyçk et .s'arrêta, après avoir énuméré quelques figures de légenHe"' aThyl TJylenspie-gel. Et aussitôt de s'enflammer au souvenir du populaire Thyl! Il le voyait reproduit sur de beaux billets neuts, l'oeil éveillé, la mine futée. Voilà qui eût fait un beau billet, et bien belge, n'est-ce pas? Ceci est fort bien, remarqua froidement l'un des administrateurs, et vous avez mille fois raison. Nous mettrons TJylenspiegel dans le coin de gauche et Manneken-pis dans le coin de droite! Là-dessus, éc^at de rire général qui estomaqua l'Allemand. Cependant celui-ci finit par compreudre qu'à s'entêter il se couvrait de ridicule et, quoique mal content, mais faisant à mauvais jeu bonne figure, il admit que la reproduction des traits de la première Rc- ne des Belges serait mieux de situation. Et ainsi fut fait! * * * On compte à Bruxelles quinze cents espions allemands, connus. Les autres? On s'occupe de les démasquer. Un jour viendra où il faudra rendre des comptes et les serviteurs de l'Allemagne seront à ce moment en fâcheuse posture! * • * Malgré la chasse effrénée que la police allemande et les espions de toutes nationalités font aux marchands de journaux, il ne se passe pas de jour que les feuilles françaises ou anglaises n'arrivent à Bruxelles. On les paie parfois vingt fois leur prix, oe qui fait — vu le . danger et la difficulté de se les procurer — qu'elles sont,, aux Bruxellois, vingt fois plus chèros — dans lâ double acception du mot! • • • Quantité de commerçants allemands sont venus s'établir ici, se croyant en pays définitivement conquis! Ce sont principalement des marchands d'habillements militaires, des tenancières de kiosques de journaux, des filles publiques et des individus employés à toutes les louches besognes. # * # Place de la Bourse, une femme du peuple a fêté plus que de raison le lundi perdu. Elle est abominablement grise et n'a plus le contrôle de ses actes. Alors, apercevant un jeune snob qui parade en costume do lieutenant, elle lui déclaque un vigoureux ,,smeerlap", suivi d'un ,,bouquet" bien bruxellois et combien sonore ! Alors, il se passe ceci. Le lieutenant saute sur la femme, lui tord les poignets jusqu'à ce que, de douleur, elle hurle et implore pardon. Les témoins n'ont, évidemment,'pas osé porter la main sur le jeune homme, de crainte que !a ville soit encore obligée de payer une amende de quelques millions! La femme avait tort, c'est certain. Il fallait la faire enfermer, voilà tout. Mais de là à l'obliger à implorer pardon à genoux, il y a la distance entre la fine culture latine et la lourde „kultur" teutonne. Et cette distance, les Allemands ne sont pas prêts à la franchir. * * # Ah ! là là ! Ces fameux cuirassiers blancs, tant vantés, on les a vus. Mais quelle désillusion ! D'après les gravures d'illustrés fantaisistes, on s'imaginait assister au défilé d'une brillante cavalerie: beaux gars solides sur de belles bêtes fougueuses., Au lieu de cela, on vit une façon de troupe de cirque de troisième ordre, sale et loqueteuse. Cela fit plutôt mauvais effet! A Anvers. Il est loisible de payer ses contributions en coupons de lots d'Anvers, en attendant qu'une décision équitable intervienne concernant ceux-ci. * « n Les Allemands, depuis quelques semaines, recherchaient activement la Descente de Croix et l'Elévation qui ornaient la Cathédrale èt étaient fortuitement disparus. L'écrivain allemand Herbert Eulenberg s'en était même étonné, à plusieurs reprises (comme si nous n'étions pas maîtres de déplacer nos tableaux!). Et la preuve qu'on eût raison de les évacuer, si nous osons dire, c'est qu'un éclat d'obus vint frapper le mur où se trouvait l'une des œuvres de Rubens et y fit plusieurs trous. Le rideau vert qui, en temps ordinaire, cachait au public les merveilleuses peintures, avait même été percé, lui aussi, et rappelait une écumoire. Jusqu'alors, Eulenberg (ne lisez pas Eulenbourg, — de scandaleuse mémoire) ignorait qu'elles fussent restées à Anvers. Il les croyait cachées en Angleterre. Mais quelques mouchards, moyennant une misérable somme, lui affirmèrent que les toiles fameuses n'avaient pas quitté la ville. Et Eulenberg fit mander illico Pol de Mont, conservateur du Musée des Beaux-Arcs, qui s'empressa d'indiquer l'endroit où elles se trouvaient: une cave du musée! Il s'en est fallu de peu que les autorités allemandes exigeassent la réouverture du musée, et la mise en place des/œuvres principales, descendues dans les caves à la voille du bombardement. Mais le bien-fondé des prétextes invoqués par Polydore de Mont fut admis par les Allemands qui se sont peut-être souvenus, avec reconnaissance, du discours fameux prononce.., à Berlin, .voilà quelques années, par le pro-deutsch qu'est le conservateur du musée d'Anvers. Le conta publié par E. de Bom dans le ,,Nieuwe Rotterdamsche Courant" à propos de la reddition de la ville et que ce corres-pondant donne pour de l'histoire(!) vient d'être imprimé par les soins de la maison Buschmann, imprimeur de la ville. La brochure est vendue vingt centimes. Et à propos du conte do E. de Bom, nous traduisons à l'usage de nos lecteurs l'article que publie l'„Handelsblad van Ant-werpen" dans son numéro du 5 courant. Il est édifiant et répond indirectement au plumitif au service dà Louis Franck & Go.: „On nous prie de faire remarquer au sujet du récit de la reddition d'Anvers, rédigé par M. Emm. de Bom, qu'il s'est glissé une petite erreur dans ce compte rendu. „L'unanimité ne s'est pas faite de façon absolue durant la réunion des notables où il fut décidé de parlementer avec l'autorité militaire allemande; en effet, le principe de la séparation des pouvoirs y fut également défendu, c'est-à-dire que l'on prétendit aussi que le pouvoir civil ne devait pas et ne pouvait traiter avec le pouvoir militaire. „Ce* fait démontre une chose, selon nous : qu'il y a des gens qui poussent le respect des principes jusqu'à l'abus des principes! „Périsse la ville, pourvu que le principe soit sauf' pourrait-on dire; la ville pouvait aller à sa ruine, pourvu que les principes soient saufs. ,,11 est encore heureux que le général de Guise et son fondé de pouvoirs le général Werbrouck, accompagné du colonel De Pauw, qui ratifia au nom de l'autorité militaire la Convention de Contich, ne se montrèrent pas aussi solides de principes ou, mieux, aussi exagérés dans leurs principes. „Nous nous en tenons donc à l'opinion de la population qui a vécu les heures d'angoisse du bombardement, et qui est celle-ci: Anvers ne se montrera jamais assez reconnaissante envers ceux qui ne se sont pas enfermés dans la tour d'ivoire des principes, mais qui, au contraire, ont couru au devant de l'armée ennemie, sous le feu des bombes,"pourjnégo-cier, en leur qualité d'autorités d'Anvers, les conditions de la capitulation. „Supposez qu'une tempête se soit élevée dans la matinée du vendredi 10 octobre, alors que la ville brûlait simultanément en quinze endroits différents, et qu'il n'y avait ni eau ni pompiers. Aurions-nous pu sauver alors, par une discussion académique sur la séparation des pouvoirs, la ville d:un désastre épouvantable ? Ou aurions-nous peut-être éteint la ville avec des principes ? „Dans le cas qui nous occupe, les pouvoirs ont fait ce qu'exigeaient les circonstances: l'autorité militaire a prévenu que l'armée de siège, dont le sort paraissait arrêté, ne soit emprisonnée, et, à défaut d'autorité militaire — car des commandants d'unités isolées ne cou s H tuaient plus une autorité militaire propr m nt dite — l'autorité civile a agi comme îa seule autorité susceptible de le faire. „Là où les deux pouvoirs ne se trouvent plus en présence, le principe de la division ne saurait être invoqué et c'est une chose toute différente de l'attachement aux principes, que de vouloir se réclamer de ceux-ci alors que votre ville maternelle S3 voit m ina-cée d'être anéantie par les obus ou de périr dans les flammes. ^ALUS ANTWERPIAE, SUPREMA LliX!" Avec sa finesse habituelle, „L'Handelsblad i van Antwerpen" met lourdement les pieds i dans le plat. C'est du 42 qui démolit < proprement toutes les ruses de langage de 1 Em. de Bom ! De ceci, il faut donc con- ( dure que les autorités civiles „ont couru < au devant de l'armée ennemie pour négocier les conditions de la capitulation". Mais que faisaient le général de Guise, ] gouverneur d'Anvers, et son état-major, } enfermés dans un des forts de la place? Tant ; qu'ils étaient là, la ville n'était pas dépour- ( vue d'autorité militaire, nous semble-t-il. ( * * * { Le tramway vicinal fonctionne normale- c ment entre Anvers—Waelhem (pont), Boom, 1 Duffel et Lierre. Le départ a lieu au i viaduc du Kiel, à 7.10,11 h. 14.30 et 16.45 h. i (ce dernier tram jusque Boom seulement). 1 Les départs de Lierre ont lieu à 8 h., 13 h. \ 45, 16.20. De Boom, un service supplé- 1 mentalre fonctionne à 12.25 h. ces tramways ( stoppent à toutes les stations intermédiaires. * * * Le professeur von Oechelhâuser, de ( Karlsruhe (Baden), vient d'être nommé aide J de camp du freiherr von Huene, gouver- ' neur militaire d'Anvers. c Au Pays Wallon. J Dès les premiers jours de la mobilisation, le ( pittoresque village de Marche-les-Dames a vu ^ ses principales habitations détruites par le „génie belge", qui devait en quelques jours ( le transfomrer en véritable forteresse. Lors- ( que l'ennemit fit son entrée, la vallée n'eut ( pas à souffrir; il n'en fut pas de même du plateau de Wartet, où l'on compte vingt-trois 1 maisons incendiées et trois personnes fusillées, i Aujourd'hui on y mène une vie normale; la ( nourriture n'y fait pas défaut. ( • • * La rie commence à reprendre 6on oours nor- j mal à Coureclles. Toutefois, le pain y est rationné et la surveillance y est assurée par la 3 police allemande. ,,Les habitants de Courcelles et des environs 1 font preuve du plus grand courage. Ils en- < rvisagent l'avenir avec confiance. Lors du passage des troupes teutonnes, le pays ne subit aucune dévastation, mais les ennemis exigèrent ■ de fortes réquisitions." * * • ^ Quelques jours après la prise de Liège, les fossoyeurs des cimetières de Herstal et de ( Vivegnis reçurent l'ordre d'exhumer tous les * cadavres de soldats allemands qui avaient été 1 enterrés depuis le 5 août. Il s'agissait, disait- î on, de retrouver le corps d'un officier. Les ] recherches furent vaines et les fossoyeurs, ] aidés par les soldats, rejetèrent les cadavres ( dans la pauvre terre wallonne. Dès le lende- ] main, les fossoyeurs furent envoyés en plusieurs endroits", où ils durent fouiller le sol, * et on avertit la population d'avoir à déclarer •* où se trouvait le corps d'un officier. Cet avis < se terminait par une menace: le propriétaire i du jardin où le cadavre serait découvert i verrait sa maison incendiée et serait lui-même ] fusillé. Tout fut vain. Après cinq mois d'enquête, . les travaux do la commission judiciaire viennent d'aboutir. L' officier disparu n'était, * comme on l'avait supposé ni un prince ni un ï grand guerrier, mais un capitaine payeur. Ce £ capitaine, profitant de la proximité de la frontière, était passé en Hollande avec les < 62.000 marks do sa caisse, le jour même de i l'entrée des Allemands à Liège. Des espions ' l'ont rencontré dernièrement qui se prome- ' nait dans Maestricht. L'autorité allemande en Belgique vient par ce fait d'être délivrée d'une angoisse qui, ( depuis le début de la guerre, troublait le sommeil des membres d'une commission judiciaire, et les fossoyeurs de Vivegnis et de Herstal vont 1 pouvoir se reposer. A Mons. La vie est bien difficile pour les Montois, , épuisés par des réquisitions qui n'ont jamais ■ été en rapport avec les modestes ressources j de la ville. • » » Les habitants sont rationnés. Et c'est, < malheureusement, la portion congrue! La viande n'est pas encore introuvable, mais , on craint fort qu'il en soit ainsi dans un ( court délai. Les paysans, devant la diffi- ( culté de trouver la nourriture nécessaire au bétail, auraient décidé d'abattre toutes leurs bêtes. Dès lors, on se demande ce qu'il adviendra lorsque, de force, tout le ( monde sera devenu végétarien? La taxe sur les absents. Le gouvernement belge vient d'adresser 3 aux Puissances alliées et aux Puissances neutres une protestation contre le projet de ; taxe sur les absents. En voici à peu près les termes: A leur entrée en Belgique les troupes allemandes ne reculèrent devant aucune violence pour terroriser la population. Elles ' détruisirent les villes, brûlèrent les fermes, ; ravagèrent les campagnes, massacrèrent d'ïn- ! offensifs civils, dont la fuite aurait seule sauvé la vie et l'honneur. La terreur régna ; d'un bout à l'autre du pays. Maintenant, par un raffinement d'ironie, > le gouvernement allemand cherche à punir : l'absence de ceux qui, alarmés par la barbarie de tels procédés, se sont résignés à quitter leur patrie, leur maison brûlée ou 1 pillée, pour vivre péniblement on terre ■ étrangère. ' Le gouverneur général allemand a < décidé que les Belges qui ont quitté leur < pays depùis le début de la guerre et ne i seront pas rentrés le 1er mars seront soumis l une taxe additionnelle, s'élevant à dix fois le nontant de la contribution personnelle, ce qui >st en opposition avec les principes d'équité et e système fiscal en vigueur en Belgique. 3ette imposition contrevient aux conventions le La Haye. * s a La ^ contribution personnelle établie par es lois existantes est essentiellement diffé-■ente de la taxe qui est sensée en émaner, -join de respecter la constitution et les lois lu peuple belge, elle les transgresse de leux façons. Elle établit une distinction intre les contribuables, ne visant qu'une :atégorie particulière: les absents. Elle dénie e droit aux citoyens de déterminer les aisons qui motivent leur départ du pays, 'aisons de santé, affaires de famille, des-ruction de maisons ou usines, crainte des )érils de la guerre. Elle les frappe dans 'exercice de leur liberté, et sans la moindre :onsidération. Au lieu de se baser sur une présomption égitime déduite des indications de revenu maison occupée, établissement, etc.), elle a >our fondement le rôle du 1er mars 1914, >ase absolument inexacte à la suite des ipérations militaires. Elle fait fi de tout le ;ystème économique belge. Au lieu de permettre aux autorités judi-iares de vérifier les conditions d'imposition le la taxe, elle laisse cela à la décision ex-ilusive du pouvoir exécutif, en l'espèce, le résor allemand, dont l'intérêt direct consiste in les plus fortes recettés possibles et qui itablira une estimation sommaire sans dis-sussion ni objection de caractère public. Au lieu de réduire la taxe, elle produit e maximum de la spoliation. Elle constitue me majoration de tous les autres impôts, it la taxe est fixée à dix fois le montant les contributions personnelles avant la guerre. Sous peine d'exécution, la taxe doit ;tre pçrçue à un moment où la population l'a ni revenus ni moyens de disposition. Elle est à exécuter, alors qu'un morato-ium légal et de nombreuses difficultés mtravent les paiements. • .* * En réalité c'est une confiscation déguisée. 3t cette nouvelle imposition est la plus >dieuse depuis que le pays a été ruiné par a guerre, par les réquisitions, par des amen-les collectives, par la saisie et l'envoi en Allemagne du bétail belge, des fournitures îécessaires et la matière première nécessaire i l'industrie. En même temps que ce décret, jris en dépit de toutes les lois existantes, es Allemands ont demandé récemment une inorme indemnité de guerre égale à vingt fois 'ensemble des taxes et contributions reçues innuellement dans les neuf provinces. Les Al-emands obtinrent seulement le vote, dans les :onseils provinciaux, d'une somme, payable riensuellement, de 40 millions de francs, et ls n'obtinrent cela qu'après avoir fait, e 14 décembre, une déclaration formelle que le nouvelles impositions ne seraient pas àites. C'est au lendemain de cette déclara-ion et après ce vote que les Allemands >rennent leur décision inique contre les .bsents! Une telle imposition est non seulement ;n désaccord avec la convention de La 3aye, mais elle est un démenti de la solennelle. jromesse faite récemment. * * * Cet acte de spoliation est sans précédent lans l'histoire des guerres européennes. Les Allemands eux-mêmes s'en sont épargnés l'odieux, en France, pendant la guerre le 1870. Pour infliger le même traitement tux Alsaciens-Lorrains, ils ont attendu que e traité de Francfort, en ratifiant leur conquête, eût fait les Alsaciens-Lorrains leurs sujets. On se souvient que le gouvernement . le Berlin frappa de taxes et d'amendes, 70ïre de confiscation, les habitants qui, après a guerre, n'auraient pas réintégré leur do-nicile dans un délai donné. Que le cas soit différent aujourd'hui, il lerait évidemment superflu de le démontrer. Sans doute, l'intervention des neutres, qui l déjà obligé les Allemands à respecter deux >u trois fois, en Belgique, l'équité et leurs engagements, ne s'exercera pas en vain. * * # Mais ce que nous pouvons affirmer, c'est [ue le gouvernement belge fera tout ce qui est possible pour empêcher cette odieuse spoliation. Nous pouvons donc attendre en ïonfiance. * * * Quelques correspondants nous exposent les idées intéressantes, — à condition que jette taxe puisse être appliquée, ce qui l'est pas encore démontré. „Pour éviter, dit l'un d'eux, que des Alle-nands s'approprient nos mobiliers à vil prix, Deut-être serait-il possible de créer une ou plusieurs institutions qui auraient pour but de libérer ceux qui seraient atteints par lataxe.L?= Dropriétés, meubles ou immeubles, resteraient m gage jusqu'au complet remboursement. Lie capital à réunir devrait être sanr, loute très important, mais outre que lo bénéficiaire s'engagerait formellement, il serait toujours représenté par des valeurs •éelles, facilement négociables après la guerre, — ce qui fait que les prêteurs no seraient peut-être pas difficiles à recruter". * * * Pour notre part, nous avons confiance dans a solution qui ne peut manquer d'intervenir. Accordons encore crédit aux nations neutres [ui ont signé la convention de La Haye et [ui ne voudront pas fermer les yeux à un icte de spoliation, longuement .prémédité. R. C-

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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