L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1916, 22 Decembre. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 02 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/4t6f18tc8b/
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3Sm® Annee N®. 79Q 5 cents > Tenareûi 2» aecembre !@iô L'ECHO BELGE Journal quotidien du matin paraissant en Hollande. L'Union fait la Force Belge est notre nom de Famille. „ . . <>. Pour les annonces, abonnements et vent * Toutes les lettres doivent être adressées Rédacteur en Chef 3 Gustave Jaspaers* au numéro, s'adresser ù. l'Admi nistration du au bureau de rédaction: „ „ . „ . . A journaI:N.Z.Voorburgwa!234-24 O.Amsterdfîm N. Z. V008BUBGWAL 234-240, AMSTERDAM. Comité de Rédaction- ^ Charles Bernard, Charles Herfoleê, Téléphone: 1775. ?7Q- " / René Chamhry, Emile Painparé. Abonnements: Hollantiefî.l-SOparmoio. ElrangerfJ.2.00parmoi - felepnone. ®*a7' 1 Annonces: 15 cents la ligne. Réclames: 30 cents la ligne. ■ —■ -■ UJ L- I ' . ■' , ■ ■ =g=g=BBg—-"M Le Dénouement Lloyd George a mis les choses au point). Il a, d'une vigoureuse douche d'eau froide, refroidi l'enthousiasme de certains neutres, et fait perdre quelques millions de florins aux spéculateurs de Rotterdam. Ces neutres, qui avaient pu se laisser prendre un moment ! au miroir aux alouettes qu'a fait briller , M. de Bethmann-IIollweg, comprendront ! maintenant, s'ils ne l'avaient compris déjà, ; que les alliés ne peuvent pas accepter la paix allemande. Et la faute n'en est pas , à eux qui prétendent poursuivre jusqu'au bout une guerre que l'Allemagne a , déchaînée. Briand, au Sénat français, a été plus bref mais non moins énergique, non moins incisif et moins net. Il y a dans les deux brèves déclarations du ministre français un dédain qui rend admirablement le sentiment de la France tout entière. La France eiîvahie, mutilée, perdant son sang à flots, mais résolue, forte de son bon droit et plus forte qu'elle n'a jamais été dans l'histoire par , la vertu de ses soldats et la capacité des ehefs qui les commandent-, la France n'a , pas le temps de s'occuper de balivernes. Ce n'est pas parce qu'un Bethmann-Hollweg organise au Reichstag une représentation que Max Reinhardt lui-même eût été fier de mettre esi scène, que la France doive n'émouvoir, s'arrêter dans son travail prodigieux et fébrile et se demander : qu'est-ce qu'on pourrait bien répondre? Cette réponse allait de soi. Elle n'a pas pris au Palais Bourbon, comme au Luxembourg, plus d'ampleur qu'un simple incident. Après la bombe, à surprises de Bethmann-Hollweg, comme après la bombe à renversement de Vaillant, la séance continue. Cela est tellement naturel, évident, que ce n'est point sans quelque surprise qu'une minorité d'entre nos compatriotes,' minorité infime il est vrai, a pu, dans les premières heures, ee laisser entraîner dans ce courant d'espoir, si on peut l'appeler ainsi, que la proposition de l'Allemagne avait fait naître ici'. O ! certes, la pensée du retour, un instant caressée, dans quel lac de douceur n'a-t-elle-point plongé certaines âmes. Et combien est excusable un pareil attendrissement. Ce besoin humain de paix est si grand que parfois ;il distrait la volonté la mieux trempée et la plus ferme résolution. Et* il est bon, il est nécessaire qu'il en soit ainsi et que notre nature d'hommes s'affirme, même par ses faiblesses. Il est d'autant plus méritoire, d'autant plus grand de la dominer. Et nous, qui, au nom du droit, au nom de l'honneur, sachant bien quelles allaient être les conséquences terribles de notre attitude, avons répondu : non! à l'insolent ultimatum de l'Allemagne, aujourd'hui que notre pays a payé de sa ruine et du sang de ses enfants les meilleurs, allons-nous faire figure de vaincus et de résignés ? Ah, oui, il y a des Belges, ici, qui sont fatigués. Mais nos soldat® à l'Yser, allez donc leur demander, à eux, s'ils sont fatigués! Ils ont combattu pendant trois mois nuit et jour, sans espoir, obligés de toujours battre en retraite devant trop d'hommes et trop de canons. Depuis, ils sont restés enlisés dans un marais mais sans que les obus boches, ni les jets de flammes, ni les gaz puants pussent les en déloger parce que, ce marais, c'était tout ce qui restait de leur terre. Ils y sont restés deux ans, dans l'eau jusqu'au ventre, parce qu'ils avaient le tenace et violent espoir d'en sortir un jour pour reprendre ces foyers qu'on leur avait pris; Et c'est au moment où ils touchent enfin à la réalisation de cet espoir que l'on viendrait leur dire: tout a été vain ? Car ces foyers, est-il bien certain qu'on les leur rendrait? Pourront-ils souffrir, nos héros, qu'un étranger vienne s'y asseoir à la place d'un mort glorieux qui a précisément versé son sang pour le préserver de c'3-tte souillure? L'idée ne leur en vient même pas. Comment peut-elle nous venir, à nous? Que le cambrioleur, après avoir tué le gardien de la maison, fracturé les meubles, volé l'argent, le jour où il se trouve cerné par la police et qu'il n'y a plus dans la cave assez de provisions pour lui permettre de soutenir le siège vienne nous dire: ,,Je vous rends votre bien comme il est mais, moi, je ne me rends pas," le laisserez-vous échapper?' Ah! non, par exemple; il fai1^ qu'il nous indemnise sur son bien à lui ; il faut, ensuite, qu'il soit mis hors d'état de nuire. Et, sans même pa'rler de sanction pour un tel crime, est-il donc trop d'exiger que nous soyons réintégrés dans une maison^ restaurée (pas à l'allemande!), entourée d'une solide clôture? Ainsi nous nous consolerons-de la mort des gardiens à songer que leur sacrifice n'aura pas été inutile et que nous pourrons transmettre a nos enfants un héritage intact. Que cette pensée tempère un peu la hâte da rentrer qui parfois saisit les plus résolus d'entre nous. ^ Lisons attentivement les diucours de Briand et de Lloyd George qui ne font qu'exprimer la Juste volonté de deux gRinds peuples. Et, n'est-ce pas, n'oublions p^s si vite et Berneau, et Visé, et Louvain, et Dînant, et Tamines, et Aérschot. Tout chargé encore de ces crimes, l'assassin vient noua souffler un couplet d'idylle. Minute. Lfc tragédie n est pas finie. Il y manque, k 4éaouemenfc. .Charles Êernard. 1 Pour ia Noël et tes Etrennes de nos soldats au front Montant des listes ftrêcé- dentés ...» Jfi83.21h\ fL '-h 722.90 frs. Un abonne à VEeho Belge... 0.26 jl. M. G ans, pour nos bons soldats 5.00 „ M. Fr. Janssen>> Amersfoort 2.50. Croix Rouge de Belgique M. Ch. Vcrhoeven. * 0.25 jl. îeiprs iis fan Les journaux allemands ont récemment annoncé que l'Emprunt de la Colonie Belge du Congo serait gagé sur certaines parties du territoire colonial et sur ses recettes. La Légation de Belgique déclare que oes informations sont complètement fausses. Le Gouvernement Britannique a bien voulu consentir cet emprunt sans aucune garantie spéciale. ■■liai ■ a mm m. Les déportations Le correspondant romain do la ,,Gazette do Lausanne" souligne de façon intéressante le caractère de la protestation de la Société antiesclavagiste italienne à propos des déportations. ..Dans sa protestation qu'il a fait parvenir au Pape, écrit-il, le cardinal Mercier, je vous l'ai déjà dit, ne craint pas do déclarer que les déportations belges équivalent en fait „au rétablissement de l'esclavage". La Société àntiescla. vagiste italienne est . du même avis que le cardinal belge. Cette association qui se trouve sous la haute surveillance du Saint-Siège, et qui est composée d'éminentes personnalités du parti catholique, s'est occupée dans une de ses dernières séances do cette douloureuse question des déportés belges et français. Son conseil directeur a exprimé l'opinion que cet acte, ,,qui ne peut trouver aucune explication ou justification militaire, constitue le plus grand attentat contre la liberté individuelle et une mesure de ,,véritable esclavage", esclavage que l'Allemagne avait renié énergiquement en signant parmi les premières le traité de Bruxelles." La Société antiesclavagiste italienne proteste donc contre ce rétablissement de l'esclavage sanctionné par le gouvernement allemand et exprime le voeu qu'il ait à cesser au plus vite. Ce qui constitue l'importance de cette déclaration est que l'association antiesclavagiste italienne fondée autrefois sous les auspices du cardinal Lavigerie, le grand apôtre de l'an-tiesclavagisme africain, est une association catholique nullement animée de parti pris à l'égard de l'Allemagne, et qui jouit de toute la bienveillance du Vatican. Elle ne s'exprime pas autrement, on le voit, que lo cardinal Mercier, et elle ne se gêne pas pour qualifier de ,,rétablissement de l'esclavage" les déportations belges. Le seul fait qu'on soit obligé de rappeler le gouvernement de Berlin au respect du traité de Bruxelles qui interdit la traite, ne laissera pas de causer un certain malaise aux amis et aux admirateurs de la culture allemande dans les pays neutres." - ■■ ■ —> Pour le Roi Albert ^ ^ , Ce qu'il a souffert, ce qu'il souffre chaque : jour, ceux-là seuls le comprennent qui eurent le bonheur d'approcher ce néros, le plus sensible et le plus doux des hommes, discret, silencieux, ne vibrant qu'en dedans, d'une timidité délicieuse et déconcertante et qui aime son peuple moins comme un père aim© ses enfants que comme un fils aime une mère qui l'adore. De tout ce cher royaume, son orgueil et sa joie, sa maison de bonheur, son foyer de confiance et d'amour ,il ne reste plus que quelques villes intactes. Toutes les autres, sj jolies ou si belles, si riantes, si tranquilles,. si heureuses de vivre et d'être inoffensives, joyaux de la oouronne de la paix, modèles de Inexistence familiale droite et claire, séjours de l'activité loyale et consciencieuse, de la bonhomie cordiale et toujours souriante, du bon accueil sans phrases, des mains toujours tendues, des coeurs toujours ouverts, toutes les autres sont mortes. Des trésors ont péri qui comptaient parmi les plus nobles, les plus touchants de l'humanité; des témoignages ont disparu que rien ne pourra remplacer; la moitié d'une nation entre toutes attachée à ses vieilles et simples habitudes, à ses humbles foyers, erre à . preséut par les routes de l'Europe ; des milliers d'innocents ont été massacrés, et presque tout ce qui survit est voué à la misère et à la faim. Mais ce qui survit n'a qu'une âme réfugiée dans la grande âme de son Roi. Pas un murmure, pas un reproche, tous approuvent et bénissent leur souverain .11 a- fait ce*qu'il fallait faire, ce que tous à sa place auraient fait; et. si tous souffrent ce qu'aucun peuple n'a soutlert depuis les invasions féroces des premiers siècles, ils savent qu'il souffre plus qu'eux tous car c'est en lui «qu'aboutissent et que retentissent toutes leurs douleurs agrandies. Maurice Maeterlinck. -».i nTT-J» -» — - or ■■■ . . // y â un a n 22 décembre 1915. — En Angleterre, la Chambre des Communes autorise l'incorporation d'un nouveaw million de soldats< , En Belgique. Le Régime de la Terreur Nous avons repris, hier, une informatio: des ,, Nouvelles" relative au procès de H as selt. Or, il paraît que onze Belges, parir les vingt qui furent condamnés à la pein de mort, ont été fusillés le 16 courant . Hasselt eb.que 64 autres condamnés ont ét envoyés en Allemagne. Ce n'est pas tout. Un troisième procè vient de commencer: 192 accusés sont im pliqués ! * * m Dans la région ,d'étape ont été frappée de fortes amendes:' Kieldrecht 700Q mark —' parce que quelques ouvriers rappelé ont passé la frontière; Doel, pçur le mêm fait: 5.000 marks; une autre commune 3.000 marks. Erembodeghem, parce que lors de l'assassinat, le 17 novembre, cU landsturmermann Fuchs, les habitants m donnèrent pas assez de renseignements au: enquêteurs allemands, la commun© es condamnée à payer 50.000 marks d'amende Les Boches s'entendent à voler les Belges Les déportations A G and les Boche3 continuent d;in scrire, pour les déporter, des personnes appartenant à la noblesse. 7- -té * Le bourgmestre d'Esschen a fait affiche] l'avis suivant: D'après une communicatdor du Kommandant, le gouvernement militain annonce qu'il n'a pas l'intentdçn de déporter les habitants de la zone frontière, ; Ceux qui, à la suite des bruits qu'on pro ; page, ont quitté le pays pourront librement revenir jusqu'au 20 décembre 1916. Ceus qui ne seront pas rentrés après cette date seront punissables et leurs biens mis som séquestre. Par ordonnance, Le bourgmestre, Buurmanf, Que signifie cet avis? Que les Allemand; veulent mettre la main sur les biens de ceux qui, sont partis, pourquoi ne déporteront-ils pas à Esschen ? Parce qu'un certain nombre d'habitante se livrent à la fraude, qu: profite uniquement aux Boches. « » ?? 2s A Anvers et dans les faubourgs les Boches essaient de justifier les inqualifiables mesures qu'ils ont prises. Les prétexte* ■ connus de la misère à soulager et des consé-j quences nuisibles du chômage à empêchei I n'ont pas réussi auprès du peuple. Aussi l'ennemi a-t-il recherché un autre moyen ' d'impressionner celui-ci. Il a fait coller de grandes, affiches dans lesquelles, en termes mensongers,( il prétend que les ouvriers belges fixés en Angleterre sont incarcérés de force et plus maltraités que les hommes de couleur dont les Anglais se servent. Joli procédé, mais auqucfl personne ne se laisse prendre. m • 9. I Les sénateurs, députés et quelques notables anversois ont protesté à leur tour contre les marchés d'esclaves en Belgique. Ils ont envoyé leur protestation au gouverneur militaire de la province: ,,Le drçit des peuples interdit les procédés dont vous usez, disent-ils. Aucun juriste moderne ne les admettra. Vous êtes en contradiction formelle avec les textes de la Convention de La Haye. ,,Lô droit constitutionnel de tous les pays d'Europe, y compris l'Allemagne, vous le combattez. Le plus réputé de vos princes, Frédéric II, a proclamé la liberté individuelle. Or, l'occupant a le devoir de respecter celle-ci." Ensuite, la protestation fait allusion aux déclarations du général von Schulitz, du 9 octobre 1914, alors que celui-ci commandait la forteresse, et dans lesquelles il assurait que personne à Anvers ne serait inquiété»* s * Une autre proclamation, couverte de plus de cinq cents signatures de membres de la cour, de juges, d'avocats, de notabilités, a éta envoyée à von Bissing. Les sauvages déportent aussi des habitants du Grand Duché de Luxembourg. Près d'Arlon ils ont enlevé de chez eux cinquante écoliers, domiciliés dans la province du Luxembourg, et des quinquagénaires ayant femme et enfants. fe jlr ifr A la suite d'on ne sait quelle intervention 350 ouvriers du Hainaut, emmenés en Allemagne, sont revenus au pays. C'est un premier convoi qui doit être suivi, paraît-il, de plusieurs autres. *•.*. .* Des témoins oculaires ont raconte au rédacteur des ,,Nouvelles" la façon dont les Boches ont procédé dans le pays wallon pour emmener en captivité des milliers de braves et honnêtes gens, qui avaient été obligés au chômage à cause des réquisitions allemandes : "Le 1,3 novembre, les habitants des communes de Court-St-Etienne, Bousval, Vil-lers-la-Ville, Marbais Tilly, Mellery, Ce-roux-Môiisty, etc., étaient réunis à Court-St-Etienne. Y avaient été convoqués tous les hommes de 17 à 55 ans; les affiches portaient que la réunion était obligatoire, que les absents seraient punis d'em prisonnement ; les hommes de toutes le3 conditions devaient s'y présenter ,,munis î d'un petit paquet", sauf les médecins, - avocats, prêtres, instituteurs et ,,les fonc-i tionnaires travaillant, pour les Allemands". 3 A 8 heures du matin, un cortège com-i prenant 2,000 à 6,000 personnes appar S tenant à 9 communes différentes se mit en marche, suivi de tombereaux où avaient 3 été empilés le9 paquets.. On traversa le - passage à niveau de Court-St-Etienne, puis on longea les usines Henricot, pour arriver finalement à la filature van Hoegaerien à 3 Ceroux-Mousty. C'est là qu'eurent lieu les 3 opérations du contrôle. , 5 Tandis que la foule attendait dans la 5 cour, on appela d'abord ceux de 17 à 30, : ans, puis ceux de 30 à 40, puis les hom-' mes âgés de 40 à 55 ans. Deux officias 1 allemands, occupant une dépendance de 5 l'usine, questionnaient tous ceu^c qui ee ^ présentaient pour connaître leur 3ge, ■" leurs professions, leurs motifs d'exeicp- • tion. Ceux qui prétextaient d'une inala- • die quelconque passaient dans un bureau où se trouvait un médecin militaire allemand, accompagné de M. le docteur Défalqué de Court-St. Etienne, qui les . visitait soigneusement. S'ils étaient . exemptés, leurs cartes d'identité étaient revêtues d'un timbre à l'encre rouge et ils étaient libres. Sinon, il leur fallait • reprendre place dans le rang avec les autres. Ceux-ci étaient divisés en deux groupes : les hommes libérés voyaient leurs cartes d'identité revêtues du timbre violet du Meldeambt de Nivelles et étaient parqués à gauche; ceux désignés pour la déportation étaient rassemblés à droite et poussés dans un train sous pression et amené expressément par le raccordement jusque dans la cour de l'usine. Ce train était composé de voitures à voyageurs de 3e classe. On commença à s'y entasser à 9 h. du matin ; à 6 h. du soir, on chargeait toujours; beaucoup des déportés passèrent ainsi là journée entière, encaqués comme des harengs, dans leurs wagons. On remarqua que les Allemands avaient surtout recherché les hommes assez jeunes, ayant un métier tels «que: mécaniciens, tourneurs, ouvriers du chemin de fer, etc. On observa également que tous ceux oui étaient bien habillés ou qui eurent un peu d'aplomb ou de bagout parvinrent à se tirer d'affaire. Ce furent surtout les gens du peuple, et les plus pauvres,. que l'on enleva. La foule des parents et des amis qui •avaient accompagné les convoqués• était très dense. Elle, était maintenue par des sentinelles, baïonnette au canon, formant barrage avec leurs armes. A un moment donné, vers la soirée, comme le train était bondé de partants, une irrésistible poussée se produisit; les sentinelles furent débordées, plusieurs même furent renversées et piétinées, des haies de fils de fer furent démolies et l'on vit des femmes, des filles, des enfants, des .vieillards assaillir le train pour embrasser une dernière fois ceux que l'on allait emmener vers l'inconnu redoutable. Des grappes humaines se suspendirent' de toutes parts aux marchepieds et aux mains-courantes des voitures, que les soldats allemands eurent grande peine à en arracher. Des scènes déchirantes d'adieu se produisirent, tandis que lé convoi s'ébranlait, et des larmes jaillirent de tous les yeux. Ce fut très émotionnant... Les Allemands éprouvent un tel be- • soin de,, chercher misère aux Belges qu'ils interdirent aux libérés, pour Je retour*, l'accès de la grand' route vers Court-St. Etienne. H nous fallut donc traverser, pour leur bon plaisir^ des prairies marécageuses, où l'on enfonçait dans l'eau jusqu'aux genoux. s -s a Le 19 décembre deux mille civils du Brabant et du Limbourg ont été déportés vers une destination inconnue. Mark von Salin — alias Belvaux — écrit en parlant des Belges qui lie veulent pas de la paix allemande : s» ,,Leur place à tous ces énergumènes forcenés était dans les rangs des pauvres diables qui, la plupart, doivent se battre de- • puis 28 mois, malgré euxy pour une patrie où ils n'ont rien à défendre eu à perdre, et qui, en réalité, ne servent que la cause de l'Angleterre. Celle-ci, encore à l'abri, pro- . visoirement-, dans son île, se battra jusqu'au dernier Belge ou Français qui voudra s'im- i moler gratuitement pour elle et, comme < toujours, tirer les marrons du feu à son bénéfice exclusif". Puis, plus loin, cet aveu : 1 ,,Au Bruxellois nous sommes bien forcés, j (sic) par devoir d'information, de relater i les succès allemands et de leurs alliés." j Cetite phrase est écrite en chinois, — ] qu'importe? Nous avons compris l'aveu. Le ,,Bruxellois" est ,,forcé'' de relater les suc- i ces des Allemands et des alliés de l'Aile- < magne. Qu'est-ce que la Kommandantur <-paie ses valets \ i • îi • g Le lundi 18 un avis de Hurt annonce que la punition dont la capitale avait été frappée venait d'être levée. La punition avait duré un mois. C'en est fini de rentrer à 8 heures du eoir. Le même jour parut une proclamation d'après laquelle les cafés et les établissements publics devaient fermer à dix heures du soir, afin d'épargner de la lumière. Sauf les maisons boches — évidemment — qui restent ouvertes jusqu'à minuit. Les magasins, à part les magasins de vivres et de cigares, doivent fermer à sept heures. * « * * Voici l'ordonnance des ,,menus" de la population bruxelloise: Lundi: jour sans graisse dans les restaurants.Mardi: iour sans viande, ni graisse. Mercredi : libre. jeu-ai: pur sans graisse. Vendredi: jour sans viande, ni graisse,. Samedi : jour saii6 viande de porc. Dimanche : libre. Publication ils la Ligue Ii Souvenir liip Comment nos prisonniers de guerre sont traités $n Allemagne. II. Le camp de Soltau. — Les affamés. — Dans les marais d'Oberhode et de Cassebruck. — Le lazaret d'un Zweig-ge-fangenenlager.Après la chute du dernier fort de Namur, les Allemands firent évacuer toutes les ambulances de la ville. Le soldat belge évadé d'Allemagne qui m'a permis de recueillir les éléments de ce second rapport avait été fait prisonnier le 24 août 1914; il avait été convoyé eii Allemagne avec 500 blessés parmi lesquels se trouvaient les brûlés de Marchovelette. Ces malheureux ont voyagé 52 heures sans nourriture et sans pansement. Ils arrivèrent à Soltau le soir du 27, les plus gravement blessés furent immédiatement transportés dans la salle des machines d'une scierie mécanique et y restèrent douze jours, couchés sur de la paille sans aucun secours médicaux. Les* sanitaires belges qui les accompagnaient n'avaient à leur disposition qu'un peu d'alcool camphré et de la teinture d'iode. Dans cette salle mourut d'épuisement un vieillard de 82 ans; les Allemands* firent un trou dans la bruyère de l'autre côté d'une clôture et y jetèrent le cadavre encore chaud de ce Belge dont on ne savait pas le nom. Les moins gravement blessés avaient été amenés dans le camp de Soltau, ou plutôt dans une plaine où se trouvaient d'autres prisonniers couchés dans des trous qu'ils avaient creusés pour se reposer la. nuit. Nous ne pouvons nous imaginer la souffrance de ces hommes: dès deux heures du matin ils se levaient, les membres crispés par le brouillard intense qui couvre longtemps avant l'aurore les bruyères de ces régions du centre de l'Allemagne. Ils allaient par groupes le long des fils de fer, les uns blessés, les autres affaiblis par des insomnies, les mauvais traitements,-l'insuffisance de nourriture. Les journées se passaient, et le soir ils s'endormaient dans des tranchées, où, par un prodige d'ingéniosité, quelques-uns avaient bâti avec un peu de gazon un asile à peu près confortable. Cette situation dura plus de trois semaines. Enfin les prisonniers de Soltau furent autorisés à construire des baraques et des tentes. L'automne rendait les nuits plus, froides, l'humidité malsaine des marais devenait plus pénétrante. Le régime du camp de Soltau est aussi , pénible que celui de Munsterlager; nos sol- . dats y souffrent les mêmes-'tourments, la même affreuse existence. Les scènes pénibles que je rapporte m'ont 3té racontées par un évadé, sergent au lOième de li&ne, Ire C. 1er B. ; il en fut le témoin. Le camp de Soltau est traversé par un chemin que gardent nuit et Jour j ieux sentinelles allemandes; sous une motte de prés, formant avec le limon de terre du chemin do traverse ttn large barrage aux 3aux dévalantes des bruyères, on avait en-l'oiii des choux-raves. Des Russes mourant :1e faim rodaient chaque jour le long de ce chemin, et, quand les sentinelles n'y prenaient garde,-ils se ruaient sur la motte, / plongeaient leurs rudes doigts de campagnards et déterraient des morceaux de ïhoux-raves pourris qu'ils mangeaient à pleines dents. Les sentinelles allemandes l'approchaient d'eux et les chassaient à coups le crosse; les malheureux affamés se dispersaient dans le camp, les bras ballants, a tête baissée, cherchant ailleurs un rneil-eur butin. lis longeaient les latrines, tripotaient dans des mares stagnantes et en •etiraient des têtes de. harengs qu'ils dévo-aient après les avoir lavées dans l'eau de pluie. « Un jour, quatre Russes transportaient m large bidon débordant de soupe. L'un l'eux fit un faux pas, et la soupe s'épan-ha sur le sol. On vit alors une chose nouïe: des Russes affamés se précipitèrent ur un mélange, indéfinissable de détritus de pommes de terre et de sable mouillé qu'ils ramassèrent à pleines mains pour remplir leur bol de soupe. Ceci se jpassait en 1915. Voici le régime alimentaire actuel du camp de Soltau: le matin nos prisonniers reçoivent de l'ersatz-i malzkaffé ne se dissolvant pas dans l'eau, et d un goût détestable, quelques grammes de pain, à midi du choux-rave, le soir une pâte gluante et très épaisse que les prison-* niers nomment le ciment; par semaine et par tête 80 grammes de viande pourrie. Depuis le mois d'octobre 1916, ils ç'ont plus de pommes de terre. -x- * A Oberhode et à Cassebruck, les Allemands utilisèrent nos soldats au défrichement des bruyères et au dessèchement des marais: travail pénible, dans une vase mouvante de terre glaise, au milieu des hautes herbes et des joncs de marécages; les travailleurs s'enfoncent dans la boue jusqu'à hauteur des genoux, ils pataugent dans les nappes de mares, élargissent des canaux de communication et comblent des régions déprimées en égalisant des renflements de terrain.Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, nos soldats allèrent chaque jour s'enlizer dans des bas-fonds, et piétiner des boues; le soir, i--5 rentraient dans le camp, trempés, mouillés, grelottant de froid. En 1914, 150 prisonniers d'Oberhode furent logés pendant quatre mois dans une baraque à deux étages de six mètres de largeur sur huit mètres de hauteur; ort les y enfermait la nuit, et, dans un coin, une cuvelle servant de récipient ad hoc débordait chaque matin sur une paille immonde qui resta inchangée depuis le sept octobre 1914 jusqu'au seize janvier 1915. Mille hommes du 8ième régiment de ligne ont été logés tout l'hiver 1914—1915 dans une baraque, sans couverture et sans feu» Us partaient le matin, parfois sans nourriture, à travers le vent et la neige, vers les marais, les vêtements encore mouillés, harassés; ne donnant plus les calories nécessaires pour un travail de neuf heures dans l'humidité des marécages. Le soir, ils grelot aient dans une froide baraque de bois où soufflait à travers les planches mal jointes un vent de tristesse; et le petit soldat du Sième de ligne s'endormait fiévreux, songeant avec regret à sa maison lointaine, perdue clans un coin de Wallonie ou de Flandre, et qu'il ne reverra peut-être plus. # Deux prisonniers belges du 14ième de ligne sont alliés, en février 1915, défraîchir cits mares à Cassebruck et y creuser un canal. Us racontent que, le matin, les prisonniers recevaient au camp 250 grammes de pain, partaient à 7 heures pour les mares, rentraient à 6 heures du soir sans avoir reçu de nourriture pendant le travail; on leur donnait un peu de soupe à 7 heures. Ils travaillaient par les temps les plus affreux sous des torrents de pluie et sous les neiges. Chaque jour, deux cents hommes tombaient malades ; ceux qui se plaignaient d'engelures et de rhumatisme étaient punis d'exercice en plein air. Les bronchites et les pneumonies contractées dans les mares furent mal soignées, les mortalités nombreuses. Grâce au froid intense il n'y a pas eu de fièvres. Le's~ Jdical des camps est très dé fectueux. Dans un Zweig-gefangenenlager, dépendant du camp de Soltau, un docteur allemand visite le lazaret tous les 15 jours; nu sous-officier allemand n'appartenant pas à la Croix rouge ausculte chaque matin les malades. L'intervention de ce drôle, n'ayant aucune compétence sanitaire, n'est qu'une macabre et vulgaire farce. Dans la pharmacie du lazaret il y a de la graisse pour les furoncles, de la teinture d'iode, de l'opium et une bouteille d'un médicament quelconque pour les crampes d'estomac: on se contente de peu dans le pays de la kulture. Un jour, un prisonnier sanitaire français déclare avoir découvert chez »un Russe le symptôme du typhus. Au lieu d'appeler immédiatement le médecin, on attendit huit jours, sans prendre aucune mesure d'isolement. Malgré les affirmations du Français, un étudiant de la faculté de médecine, le docteur allemand traita le malade pour pneumonie. On recueillit un peu de sang de l'oreille du patient, on l'analysa, et quinze jours après 1e médecin dut reconnaître que. c'était la fièvre contagieuse. Alors seulement on isola le malade 'qui avait été injecté clandestinement. Par miracle, le camp ne fut pas infesté. S'étonuera-t-on que dans le camp de Cassel plusieurs milliers de prisonniers de guerre soient morts du typhus ? Et cependant, les camps sont visités régulièrement par des délégués d'ambassade; ceux-ci peuvent exercer au nom des Etats neutres un contrôle théorique. Nous savons dans quelles conditions ces visites sont faites: le commandant du camp avertit le délégué que les plaintes les plus mensongères lui seront présentées. Les délégués sont autorisés à entendre les griefs, mais ceux qui peuvent en formuler sont systématiquement éliminés en temps et lieu par l'autorité supérieure pouvant seule permettre l'entrée d'un camp à des attachés d'ambassade, alors... Nos prisonniers n'ont pas même 1a consolation du secours religieux d'un prêtre belge; dans les camps de prisonniers il n'y a que des aûmoniers allemands. Et nos ennemis déportent de Belgique des ecclésiastiques et des religieux ,,pour la santé de l'âme des partants." Ces boches, quels sinistres farceurs! u a

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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