L'étoile belge

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s.n. 1918, 19 Novembre. L'étoile belge. Accès à 23 juin 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/kd1qf8k83j/
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iO ce'.'stlmps Se Numéro L'ÉTOILE BELGE 10 centimes îe j^ïMméi*© L'AVENIR H est permis, depuis le dénouement du drame et «n atti ri !ant la grande journée historique de la rentrée du Roi, di jeter un coup d'ceil sur le chemin parcouru depuis 1830 jusqu'à 1018. SI l'Europe ne s'opposa pas à la constitution du royaume de Belgique, ce ne fut point, s'd faut en er.ùre le témoignage des conlemi orains et les révélations de l'Histoire, qu'elle criit à la sol'dité et à la vitalité du nouveau royaume. O n a coutume de dire que la Belgique fut une invention diplomatiqueNe pouvant donner nos provinces à aucune des grnn es puissances européennes sans mécontenter toutes les autres, il parut ingénioux de faire de notre pays un Etat tampen. Cetto combinaison diplomatique, née d^ant letap's voit dos congrus, sembla bien fi agile et bien arti.icielle. Mai» le hasard disposa les choses de manière à donner vigueur et solidité à l'improvisation géographique imaginée par Tal-leyrand. Et la s.igesse et l'esprit politique do notre premier roi porm rent aux provinces wallonnes et aux provinces flamandes de s'un'r et de prospérer sous do ■ institutions communes, les plus libres de la vieille Europe. Dix-huit ans après la Révolutiou de 1830, l'œuvre en apparence factice du congrès VI rwi, as ait déjà poussé de profondes racines dans notre sol, si bien qne la tourmente de 184S passa sur la Belgique sans l'ébranler. En 1870, notre pays eut la chance de ne pas être entra.né dans le duel franco-allemand. 11 put continuer, sous l'impulsif d# notre deuxième roi, à se développer librement dans tous les sens. L'n essor économique inattendu lui ouvrit de vastes perspectifs qu'élargit encore l'œuvre afri-.caine de Léopold II. A, ce momeni, le petit royaume de Belgique était devenu adulte et prêt à jouer un pôle dans ïè mondé; mais if Taut 1 avouer, dût notre amour-propre en souffrir, le inonde ne nous connaissait guèro et ne paraissait pas se douter de l'énergie qui sommeillait dans le cœur de notre peuple. Nous-mêmes nous ne nous en doutions pas et il fallut l'agrossion du 2 août 1914 pour que la Belgique prit conscience de sa force. Le spectacle qu'elle denna au mon le était, à'ooup sûr, inattendu. Non seulement elle fit son devoir en résistant à l'agresseur, mais elle lui fit des blessures profondes qui '— le dénouement de la tragédie nous l'a prouvé — étaient mortelles. Le monde salua d'un long cri d'admiration la défense de Liégo et la victoire de l'Yser. Du coup nous étions connus; on no doutait plus de notre existence; pendant soi-xant -quinze ans nous avions pu dire : • Nous avons vécu « ; aujourd'hui nous pouvons r.ous dire : " nous sommes « ! La Belg'que du roi Albert coniinue l'œu. yre commencée par la Belgique de L'o-pold II et de Léopold i,r. Elle a conquis son avenir. $ ReGonnaissaîiae La Belgique sortira de cette guerre grandie moralement parce qu'elle n'a pas hésité un instant à remplir le devoir que lui inspiraient les traités internationaux et surtout que lui dictait sa conscience. Le monde entier lui a rendu hommage et elle a le droit d'accueillir cet hommage sans fausse modestie. Non seulement elle a beaucoup souffert, non seulement ?"■> a contribué dans la mesure de ses forces au succès de la cause commune des allias, mais on peut dire qu'elle a été un des facteurs déterminants de la victoire morale que l'Entente avait dès l'abord remportée sur les puissances centrales et qui a préparé et rendu possible sa victoire matérielle finale. 11 serait peut-être exagéré de dire que c'est uniquement pour ven-r<»r l'odieuse violation du droit efrla forfaiture commises par l'Allemagne en e"- aliissant la Belgique neutre que tant de nations se sont ralliées i la cause de l'Entente, mais il n'est cependant pas douteux que c'est l'indignation provoquée dans le monde entier par le crime de l'Allemagne "Ui a rendu l'opinion d'un certain nombre au moins de ces pays favorable à l'idée d'une intervention armée à nos côtés. Mais cela ne doit pas nous faire oublier ce que, de notre côté, nous devons à nos alliés et aux neutres. Si nous sommes assurés aujourd'hui a'obtenir la réparation — dans la mesure où peuvent être pansées les profondes blessures que nous avons reçues — du mal qui nous a è'4 fait, si la population belge demeurée au pays sous la rude botte de l'envahisseur n'a pas désespéré de son sort et a, d'une façon générale, conservé l'espoir inébranlable en la victoire finale, c'est grâce à l'aide ds nos alliés et parce que le peuple belge connaissait la résolution irrévocable de ceux-ci de ne pas déposer les armes avant d'avoir réalisé leur but de guerre ; c'est parce que nous avions coati suce dans la vaillance traditionnelle de l'admirable armée française, dans la persévérance et la force de volonté des Anglais, dans l'ardeur patriotique des Italiens, dans l'enthousiasme et le désintéressement de la grande i .t'on américaine, dans le concours efficace d.e tant de nations <iui- ont fait fcloo contre l'arrogan* et provocateur militarisme prussien. Nous exprimons à toutes nos sincères remerciements.Et nous les adressons également aux neutres qui, pour n'être nas intervenus militairement, nous ont aussi accordé l'aide morale réconfortante de leurs vives sympathies et l'aide matérielle indispensable de leurs secours alimentaires- Si, malgré tout ce que nous avons souffert, nous n'avons pas succombé à la famine, nous 13 devons à l'Amérique, qui avant son intervention dans la guerre, est venue à notre aida dans un élan de solidarité et de générosité réel: lement magnifiques ; à l'Espagne, qui avait collaboré avec les Etats-Unis à cette œuvre de salut public et l'a continuée avec le concours de la Hollande ; à cette dernière nation, nui a en outre accueilli tant de milliers de nos concitoyens, militaires et civils, et a partagé avec nous des vivres qui lui étaient cependant mesurés : à la Suisse, où tanl de nos soldats prisonniers malades ont trouvé un traitement d'autant plus efficace nu'il ét«it, pdministré avec la nljjB extrême cordialit:;; . aux autrrs nations neutres que l'éloignement seul a empêchées de nous donner une aide matérielle directe. SAINTE GUDULE et SAINT MICHEL Saint Michel et Painte Gudulo! Sainte Gudule et Saint Michel 1 A quoi rêvent, au crépu cu'e, Vos tours qui plon^em dans le ciel ? A l'ombre de ces tours jumelles Que de disparus ont révé I C'est la. vieille i me de Bruxelles Qui mente vers vous du pavé. Elle s'exhale dans la nue Vers !ss sommets où vous veillez, Et c'est comme une voix connue Qui vous parle, à qui vous [ arlez. A quoi rêvent, au crépuscule, Vos tours qui plongent t'ans 11 ciel 1 Vous souvient-il. Sainte ( udule V Vous rappelez-vous, Saint Michel? fo s vos irassives drr.peries, Agités du même fiisst n, Vous revive: en songeries Le lointain passé brabançon : , K' rmosfes, Joyeuses-1 nuées Et proc ssions du Saint ; ang ; Choeurs d'abbés aux m très dorées ; parusse d'un duc tout puissant: Fleurs sous 1 s'pas dansants des fêtes , F. nia n' s aux jets d'hydromel ; Cf.! 11. ns pleuvant l'e vos a tes, Sainte Gudulo ei Saint Michel 1 Heurts sombres, clameurs, alarmes; Reitrcs ioux, s< udan's las: nés ; Nuits de deuil sur le Mont.des Larmes ; Clan » corti ges de cond.ui;nés ; Bûchers rien' la femée mli-ce 1 i s mart; . s voués au déu < n ; Tir s nés sur la Gjanù'l iaco; L. haluud du' com le d'ii—mont; Pignons où l'incendie ondule ; Flammes d>'la. Maison du oi, Saint Michel tt Sainte Gudule ! Sous les boulets de Villeroy 1 Et jours inertes, sans courage ; Lon : sommeil qui semble ét, rnel, Quand soudain, par un soir d'orage, Sainte Gudule et taint Michel 1 La Brabançonne aux jeunes ailes Essayant son vol irrite ; Les Âasiau ci assés do Bruxelles; L'arc-en-ciel de la Liberté ! Hélas I L'histoire se répète : Noire héritage est en danger ; Nous n.lons parmi la temp. to Soirs la botte de l'étranger 1 Ah ! sur vos tours couleur de c ndre Vous qui scrutez du haut du ci' 1, I.e grand c. emin qui vient de Flandre, Sainte t.udule et iaint Michel I Quand entendrez-vous dans l'aurore Et le vent du lï.r e, llei.nir Le chi val eux seb. ts sonores Le Celui qui doit retenir? Ce jour-là n s ecu!ei;rs h nnies 1 avoiseronïvolie.vieux front ; Touti s vos cloches réuni s Dans l'azur heureux danseront Et vos deux tours, nu cr'} usculo, Plongeront rou. esdaus le ciel. Saint Michel et Sainte ('udule ! Saillie Gudule etsaint MicLol ! ALBERT GIRAUD. La journér d'Adolphe MAX BRUXELLES DÉLIVRE La libération de la capitale a été proclamée solennellement <.iinancne, à 10 heures du ma- * tin, ciu liaut de l'escalier des Lions, àl'liotel de viile. Cet e première cérémonie officielle a. été très impre aïonnante. Une foule nombreuse . avait envahi notre magnifique forum. Au bal- -con de la maison t.u Roi eo aux feiiAîres (les. vieilles maisons de la place se pressaient en : mas o es spectateurs. A 10 houfeg précises. MM. les échevi-ns Le-monnier, feteens. Max ballet, Kmi o Jaciimain. et Jean Plader, M. Va ut hier, secrétaire communal, suivis des membres du conseil communal, so.it apparus sur la ©rand'Piace, précédés du glorieux drapeau des chasseurs volontaires de 1830, de drapeaux belles et I d'éténd rds aux couleurs de la Ville. Aus itôt une clameur de joie s'élève de la foule uans laquelle on remarque la présence ti'onicierset soldats belges, français eo anglais, très entourés. M. l'échevin Lemonnier s'avance au balcon de 1 escalier des Lion * et d'une voix vibrante lit la proclamadun suivante : Bruxellois Au nom de l'Administration, communale de Bruxelles, je porte a la connaissancedfis habitants qne Bruxelles 'â'èicupa par 1< s Allemands depuis le 20 août l'. 1 £st enfin délivré ce jour, dimanche 17 no"V mbre 1918 à. 11 heures du matin. "Vaincus par les armées glorieuses de la civilisation, les barbares, aussi vils et lâches tans la dé aile qu'ils étaicm arrogants et brut mx d .ns la victoire, doi . ont fuir sous la pou. séè des baïonnettes de nos intrépides soldats. Ils s'en "sont poursuivis par les malédictions de notre population, après avoir c n-core accompli ici dans ces derniers jours, malgré l'armistice, les actes de pillage et d'assassinat lt s plus odieux. Concitoyens, ne l'oublions jamais. Que dans nos écoles on appienne i\ nos petits enfants la haine du crime tt de "la lourberie en 1 ur enseignant l'histoire jflo l'occupation allemande en Belgique, m Bruxellois, Comme le clame notre chant national, après quatre années d'esclavage, lo Belge sort eniin du tombeau. Nous ressuscitons à la liberté. fNous respirons. Nous sommes enfin libres. " Réjouissons-nous. ( Fêtons l'admirable victoire de nos vail- 1 antes armées. ' Montrons-nous dignes des grandes ei glo- : 'icusôs destin'es que l'avenir réserve à ~otre cher pays. " Vive la Belgique 1 Vive le Koi ! La lecture est fréquemment interrompue iar les acclamations do la foule sur laquelle 5asse un souffle réconfortant. Lorsque M. l'échevin Lemonnier fait allusion aux actes? de pillage et d'assassinat cornais après la signature de l'armistice le public iinniieste sa colère et sa haine par des « hou, ou » énergiques. On crie «Vive la Belgique» m pas âge « ...le Belge*sort enfin du tombeau» •omme on acclame l'armée lorsque M. Lemonnier évoque la vaillance de nos intrépides soldats.On sent que c'est la fin d'un horrible cauche-caar et les sentiments do notre fierté nationale >0 manifestent dans un indescriptible enthousiasme.A la fin de la cérémonie la foule cri© avec le représentant du pouvoir communal: « Vive le Koi tandis quo le drapeau national apparaît \ la façade do l'hôtel de ville et que les cloolies à toute volée sonnent la Délivrance... L'Harmonio communale joue la « Braban-lonne », puis la « Marseillaise ». le « God save iie King ». los hymnes naiionaux dos alliés. On acclame encore, on lève les chapeaux. Aux Fenêtres on agite les mouchoirs. Quel émou-vant prélude aux fêtes de demain... Mais voici que les principales sociétés chorales de Bruxelles entonnent, sous la direction rie José De l ier, la <• Brabançonne », dont les mâles accenis provoquent un nouvel et indescriptible enthous asme. M. l'échevin Lemonnier reçreud la parole pour annoncer quo le collège éct.evinal et le conseil communal vont se rendre à la place t'es Mart\rs pour y saluer la mémoire des valeureux soidats morts pour la Patrie. Les so iétés chorales à ce moment chantent « Vers l'Avenir» et c'est au milieu a'accla-mations ininterrompue - que le cortège se jlornie pour aller au monument cofnmômo-fctif. t A la place des Martyrs SousJ'effloresoenee spontanée des drapaaus brusquement surgi* ensemble aux fenôu'ei, la place lits Martyrs, a\®o es jardinets tapissés (le vertluie. son monument symbolique, ses pii nons d'andin styie, apparaît sou» le eiol aris tle novembre toute pimpante et commo éeliiirie d'une lumière intense que seiribleut projeter les claires et fraie-l.es et joyeuse -, couleurs des innombrables drapeaux qui la décorent.Déjà la foule énorme et dense emplit lus trottoirs et les escaliers do la crypte ; à toutes les lenéires et jusque sur .os toits, se pressent des curieux. 11 e;t dix lieu;«s et demie environ lors-qu'êclatent dans le lointain tle la rue baint-Ali-cliel les échos de la « Cantate do Van Ane-velde » jouée par l'Harmonie communale qui fcantle la marche du cortège offlci.l loimé à la Grnnd'Place et qui s'en vient déposer d.ms la crypte, au nom de la ville de Urtixelles. ni o superoa couroune « aux vaillants combattant,-, «. Ce cortège que précède le Tieux drapeau des combattants de Je3ue>t e corié uu groupe des soldats alliés auxquels la foule fait do, ovations delirantes, agitant mouchoirs et chapeaux, 'époumonnant en cria de joie, en ac-claiiiaàoiia interminables. Derrière, encadré de drapeaux belles et de banni.res aux couleurs oê ia \ilie, vienne t les autorités communales que commit M. léchevin Lemonnier, puis, derrière, la foule compacte, virante, fiévreuse et vibrante en l;;que le on .eut passer le >ouii e d'une joie qui a besoin ue s'épancher, de jaillir ces poitrines, une joie trop longtemps contenue et qui tout a coup renoue libre éclate irrésistib ement et monte en lon^s cris vers le ciel, emp.it los rues, se îéj orcme, se prolonge dans toutes les artèies. Et voici qne M. Lemonnier parvient à gravir le-degrés qui entourent le mohun.e.it et au liant disiuels sont rangés les porwuis des drapeaux uo.> écjles. kt lorsque le silence peut ■ < enfin s'établir, il prononce d'ano toix vibrante cette allocution i Aujourd'hui, jour fameux, jour heureux de la délivrance, nos pensées reconnaissantes ^nt aux glorieux liéros tombés pour la Patrie. Ils sont morts les yeux tournés vers ce lambeau d'étoile tricolore, pour lequel le soldat vit et meurt. C'est pour ce drapeau qu'ils ont fait le sacrifice de leur vie pleine d'avenir et d'es-pérances.c Ioirc a eux ! Nous qui les entourions de notre tendresse, nous avons le droit de les pleurer .1 Lt cependant, à notre légitime douleur, se mêle cette pen ée consolante que le sacrifice de leur vie n'a '.as été vain. C'est grâce à eux que la Belgique a été sati\ée. grâce a leur héroïsme que la cause de la l.bcrté des peuples a triomphé. tue leurs familles endeuillées veuillent bit n recevoir l'expression émue des condoléances de la nation. Qu'une auréole de gloire entoure la mémoire sacrée de ces liéros morts pour la Patrie. \ îVe le Roi ! A lve la Belgique ! Ce i iscours est salué d'une longue ovation. Puis les porteui-3 ne drapeaux accompagnent, dans la crypte les édilea»qui vont y déposer la couronne, tandis qu éclate une « Brabançonne » que la l'oule accompagne et reprend puis chante la « Marseillaise » et « Vers l'Avenu „, que toutes les mains se lèvent, que tous les mouchoirs s'ont agités à bout do bras et que de nouvelles et intei minables acclama-lions re en issent, tanuis que la ioule peu a jeu, très lentement pourtant, s'écoule par toutes les i ues voisines pour regagner le centre t e la ville où l'animation grandit d'instant en instant A L'HOTEL DE VILLE Unie nJOiMîtotaltâoiti pfttiriotujila ïnouibtea-ble a marqué la réception soteiaiwiEe de M. Max par le conseil communal tira Bruxelles. Cetta réception a eu lieu dimanche a/pirès-miidi, dans la Salle Gothique de l'hôtel de ville. Dès avant deux heures, la vaste salle est garnie d'un très nombreux public, et les invités de marque continuent d'affluer. C» sont notamment le,s bourgmestres des communes de l'agglomération, auxquels la première rangés de chaises a été réservée, et de nombreux officiers anglais,canadiens et américains, tous en uniforme khaki; ils prennent place derrière un d«s côtés de l'estrade du fond. L'estrade poite une rangée de fauteuils pour les membres du collège, dos chaises pour les consDillors. Deux drapeaux la décorent : l'un aux couleurs nationales, l'autre aux couleurs de la ville. Echevms et conseillers communaux entrant ù deux heures et demie précises. Parmi los premiers, se trouve M. van Volien-hovem, ministre des Pays-Bas. M, Maurice Lemonnier, qui préside, propose de déléguer M-M- Brabandt, Vandenbossche et De Bssmaecltea- pour introduire M. Max. Ces messieurs revwnnent au bout d'une minute et la voix retentissants d'un huissior annonce : « Le Bourgmestre 1 » C'est le signal d'un» Ibngtie ovation. M. Max, encore en costume de voyage, a tes trahis fatigués. Mais sa physionomie est texitt d'un joyeux sourire «t c'«8t avec effusion qu'il répond ù l'accolade que lui donne ie premaer échevjn. Cuiui-cd prend bientôt la parole en ces teames : Discours do M. Lemoimicr Mon cher bourgmestre, Je suis incapable de trouver les mots pour caractériser la joie et l'allégresse des Bruxellois en apprenant ie retour d'exil de leur grand bourgmestre. Oui, mon ( lier Max, de leur « grand bourgmestre », c'est ainsi que vous qualifie la population, lière t orgueilleuse de son premier magistrat, parce qu'elle a compris, parce qu'elle a surtout senti, avec toute son âme ardente et imprégnée de patriotisme, oue vous êtes la plus haute personnification de la bravoure et du courage civiques; parce que vous lui avez montré comment les magistrats communaux belges devaient résister à l'ennemi. (Acclamations). 11 est une journée à la lob triste et fameuse, celle du 20 août 1914, qui ne s'effacera jamais de la mémoire de la population bruxelloise. Ce jour, Bruxelles fut envahi par tes troupes allemandes. Vous avez marché, ceint de votre écharpe, à la rencontre de l'ennemi et, bientôt, dans une longue conférence qui eut lieu à la caserne, de la p!-ce Daillv. vous avez dû discuter avec le criminel învahisseur, les conditions de l'occ.u- 1 pation de Bruxelles. Au nombre de ces conditions, il s'en trouvait une dont le public, autant que i je le sache, n'a guère eu connaissance 1 du qu'il a oubliée. Les Allemands exi- . "eaient la livraison de cent notables en qualité d'otages. A cette demande, vous . avez opposé un refus tellement ferme ' et tellement irrévocable, que les Barba- 1 res n'ont pas osé insister. (Applaud.) ! Au moment de vous séparer d'eux, 1 vous avez su prouver, par un geste ' énergique, que la plus irréprochable 1 courtoisie se concilie avec le refus de ] toucher la main de ceux qui avaient déjà i commis en Belgique de ces crimes atroces qui font pâlir l'humanité. (Acclam-.) , Vous donniez ainsi l'exemple de la di- , gnitë que tout citoyen belge devait mon- , trer devant l'ennemi. j Quelques jours après, vous avez op- , posé ce fier démenti à la fourberie aile- j mande : « Le Gouverneur allemand de la ville j de Liège, lieutenant-général von Ko-lewe, a fait afficher l'avis suivant : « Aux habitants de la ville de Liège, » Le bourgmestre de Bruxelles a fait , » savoir au commandant allemand que . » le gouvernement français a déclaré au 1 » gouvernement belge l'impossibilité de ' » l'aêsister offensivement en aucune ' » manière, vu qu'il se voit lui-même » forcé à la défensive.. » : » J'oppose à cette affirmation le dé-» menti le plus formel- » (signé) ADOLPHE MAX. » ■ (Acclamations,, longs applaudissements). ' Le 16 septembre, l'odieux et brutal : gouverneur allemand de Bruxelles, le général baron von Luttvvitz — dont le nom exécré doit passer à la postérité, annonçait, par voie d'affiche, à la population, qu'il considérait le drapeau belge flottant encore à nos fenêtres, comme une provocation pour les troupes allemandes et il en ordonnait l'enlèvement- Le jour même, vous avez riposté à cette insulte par cette protestation indignée, rui restera la plus courageuse et la plus fière protestation d'un magistrat communal : « Chers concitovens,. » Un avis affiché aujourd'hui nous annrend «nie le draneau belge arboré aux façades de nos demeures, est considéré comme une provocation pour les troupes allemandes. » Le feld-maréchal von der Goltz, dans sa proclamation du 2 septembre, disait pourtant « ne demander à personne de renier ses sentiments patriotiques ». Nous ne pouvions donc prévoir que l'affirmation de ces sentiments serait tenue ~our une offense. » L'affiche qui nous le révèle a été, je le reconnais, rédigée en termes mesurés et avec fe souci de ménager nos susceptibilités.» Elle n'en blessera pas moins, d'une manière profonde, 1 ardente et fièfe population de Bruxelles. » Je demande à cette population de donner un nouvel exemple du sang-froid et de la grandeur d âme dont elle a fourni déjà tant de preuves en ces jours douloureux. » .' cceplons provisoirement le sacrifice qui nous est imposé, retirons nos drapeaux pour éviter des conflits, et attendons patiemment l'heure de la délivrance ». (Bravos. Applaud.) Quelle fierté, quel réconfort pour nos concitoyens quand ils lurent cette digne protestation ".r l;s murs de ia ville. L'envahisseur avait imposé à i'agglo-mération bruxelloise, outre d'énormes réquisitions de vivres, une contribution de guerre de 50 militons, payable immédiatement. Par votre résistance obstinée, vous avez obtenu que le paiement se ferait par versements échelonnés au moyen de bons communaux, remis immédiatement aux Allemands qui pouvaient les négocier en banque. Les Allemands, grâce à votre énergie, s'éng-ageaient à ne plus faire de réquisitions de vivres que contre paiement comptant. Quelques jours après, au mépris de ses engagements formels — n'avait-on pas dit, à Berlin, que les engagements ne sont que des chiffons de papier ? (Piires) — le gouverneur allemand faisait, opérer par ses troupes, des réquisitions sans en effectuer le paiement. La riposte ne se fit pas attendre : Vous décidiez que les bons de caisse communaux ne- seraient pas payés le 30 septembre. Le lendemain, 26 septembre, le gouverneur allemand vous mandait pour savoir si vous étiez l'auteur de la lettre avertissant les banques d'arrêter le paiement des bons. Dans votre réponse affirmative et nette, vous avez rappelé au gouverneur ses engagements. L'Allemand ni-, contesta et, pris d'un de ces accès de rage qu'éprouve généralement le malhonnête homme placé devant un homme loyal comme vous êtes, il vous a déclaré que vous étiez suspendu de vos fonctions et que vous seriez interné dans une forteresse en Allemagne. (Huées.) L'orateur rappelle ensuite les démarchas dos éehevms, qui ne furent autorisés qu'à revoir M; Max durant quelques instants, ie 26 septembre 1914,avant son départ pour l'exil, puis son long calvaire dans les lor- emesses ou prisons de Namur, Glatz,Ceïle,^ Berlin «t (ioslar. Pendant votre' exil, continue M. Le* nonnier, la population a subi les vio-j ences physiques et morales les plusij itroces. Les caisses publiques et privées onï ité mises au pillag-e sous forme de con-' iributions, d'amendes et de formidable^ )énalités. Dos condamnations à mort, iux travaux forcés et à l'emprisonne» nent ont frappé une foule de nos meil-eurs concitoyens. La police, qui a fait jreuve d'un patriotisme indomptable,; l'a pas été épargnée. Et cependant, tous les moyens tle teï< ■eur mis en œuvre par l'occupant n'onl pu abattre un instant l'énetrgie de la! population bruxelloise, qui a constant nent résisté à l'ennemi, et, telle est la santé morale de nos concitoyens, qu'aux îeures lea plus sombres de ces quatre innées de souffrances et d'espérance? léçues,la plaisanterie bruxelloise s'exer* jant aux dépens du lourd esprit teuton, l'a pas perdu un instant ses droits. j Au milieu de ce déchaînement do Tioh ences, les administrations communales,, inspirées par votre exemple, ont été de^ :entres de résistance. Vous pouvez être légitimement fier, mon cher Bourgmes» tre, du conseil communal que yous pré^ iidez. (Applaudissements.) Les membres de yotre collège, quels se sont joints, pendant l'esil do Jacqmain ot le mien, nos collègues Bosquet, Brabandt et Bauwens, le conseil1 communal tout entier, ont été admi-î râbles. (Applaudissements.) Un public hommage doit être rendu! au dévouement inlassable du personne^ de l'administration communale et, spéV cialement, à notre éminent secrétaire^ Maurice Vauthier, dont le jugemenf clair, les avis juridiques et la plume ex.-perte ont été d'un si précieux concourj, pour le collège. (Très bietii.) Pendant ces quatre années d'ooeupa-" tion_ ennemie, le conseil a montré un-ï union absolue ; ici, pendant ces quatre aniiées, plus de partis, un conseil com? munal uni dans los mêmes sentiments patriotiques pour faire face à l'ennemi,-Il a fait preuve de bravoure, d'éner* gie, d'esprit d'initiative ; il a réconforté et soutenu la population ; il a organisé des œuvres d'alimentation et de solida^ rit# qui étonneront le monde quand oui on fera l'histoire. L'administration communale « ^ con«-gtamment été soutenue par les ministres^ protecteurs d'Espagne et de Hollande* (applaudissements), par la Commissionj for Relief in Belgium et par l'admirablar Comité National, qui ont sauvé la Bel* gique des horreurs de la faim. (Applaudissements.) ^ Mon cher Bourgmestre, je vous ai fait eubir une longue allocution. ; je dois m'en excuser ; après une si longue sé* paration, j'avais tant de choses à you| dire encore que je ne vous ai pas dites.-Le conseil communal, pendant c»? quatre années douloureuses a payé so# tribut à la mort. Elle a frappé sans dis* tinction d'âge ou de constitution physique nos chers collègues DassonviJlo, Maes, Yandersmiissen, Deemedt et Moons. Nous adressons à leur mémoire! un souvenir profondément ému. ' Maintenant, mon cher président, vous invite à reprendre ce siège qui était j déjà un poste d'honneur et qu'en dign?( descendant des fiers magistrats de Brutj xellea, vous avez encore illustré. Une nouvel!!» ovation salue la fin da es discours. M. Lemonnier fait hommage à M. Max d^s dieux originaux des affiches dont il rappeilciiit -tantôt le texte et s'écrie s Vive notre grand bourgmestreI Vive Mail (Longues acclamations.) Un lettre du ministre d'Espagns M. Lemannc/eir donme lecture d'une lettré du marquas de Vitotobar,reiteiiiu auprès du! Roi et' qui regrette ne pouvoir assister à la séance, mais souhaâte à M. Max La biaa* venue la»pius cordiale. Au nom de son collègue Braaid WMJiaclÉ eit au sieri, le marquis de VàiïLatobar tanl prêseot au .bourgmestre du lnvre portacoit les signatures de tous ceux qui ont deman- ' dé sa libération Discours do MM, Steens et Bosquet M. l'échevin Steens, qui siège depuis 37 ans au conseil communal, rappelle à son tour l'épisode du SJU août ltll4, lorsque la général ennemi tendit la main à M. Max, qui la refusa, puis les actes de fermeté de notre grand bourgmestre et sa cruielJe odyssée dams les prisons allemandes. M- Max lut interné jusqu'au 10 oetobra dians la prison de Namur, jusqu'au Ï25 novembre llJ15 dans la forteresse de Glatz; jusqu'au la octobre 191(5 dans la forte.ress« de Ce"es-Schloss; jusqu'au 29 janvier 1918 dans une pKson cellulaire de Berlin. Nouveau séjour à Celle-Schloss jusqu'au <J8 lévrier et retour à la prison militaire de Berlin jusqu'au 30 octobre, date à laquelle tl est envoyé à (Josslar. M. Bosquet, en qualité de doyen die son groupe, exprime la joie et le bonheur de la population bruxelloise. Lorsque autrefois, dit-il en -terminant-, sur les bancs de l'école, j'apprenais l'histoire de Belgique, ce que i» relisais avec le plus de plaisir, c'était in» passages relatant la vie et les aetes des grands couwiumers d'aatàn.. .Nous savom» Mardi Ï9 novembre 1918 AÏMEE. — N° S Mardi 19 novembre 1018

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