La Flandre libérale

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s.n. 1914, 27 Janvrier. La Flandre libérale. Accès à 11 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/w950g3hz0d/
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LA FLANDRELIBÉRALE A.JBOJVIS'EIMEIVTS 1 mois. 8 mois. » mois. lin. BELGIQUE j Fr„ 2.0C 4.00 8.00 Î6.00 UNION POSTALE s Fr, 3.75 9.00 18.00 36.00 On s'abonna au bureau du journal et dans tous les bureaux de poste RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE GAND, 3, RUE DU NOUVEAU BOiS, 3, GAND «30NMEMENTS ET ANNONCES ! » = RÉDACTION »= Téléphone 2, Téléphone 13 ANNONCES Pour la vîlîe et îes Flandres, s'adresser aa ïrarean (Sa iournaî» — Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser & l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. L'ieplM tMi -—*—■ ic 6st un sujet de méditation, que la découverte, faite dans les colonnes du XXe Siecle, par un de nos confrères bruxellois, à propos de la crise du rail-way.Le journal officieux, recherchant les causes du_ désarroi qui règne sur le réseau, avait consulté des spécialistes et il enregistrait loyalement, courageuse-j ment leurs observations. Il en arrivait ainsi à signaler comme une des causes profondes du malaise l'indifférence et je découragement des chefs, l'indis-cipline chez les subordonnés/ A quoi tiennent ce découragement et cette indiscipline? Au fait que les protections ! jouent un trop grand rôle et qu'il suf-; fit de faire intervenir un député socia-! liste ou un curé pour obtenir de l'avan-| cément ou faire effacer une punition. Nous excusons bien volontiers notre | confrère bruxellois d'avoir un peu mas-j qué le curé par le député socialiste, j mais qu'il nous permette de rire. Nous voudrions bien voir la tête du député socialiste qui obtient des faveurs du gouvernement. Si le député socialiste existait, d'ailleurs, la puissance qu'on lui attribue n'en serait que plus sin-| gulière et ferait naître bien des pensées bizarres. Tenons-nous en au curé. C'est le plus naturel et le plus sage, le plus' certain aussi. Ainsi, de l'aveu du journal catholique le plus clérical, le plus ardent et l le plus combatif, l'ingérence des prêtres se manifeste jusque dans l'exploitation des chemins de fer et elle se j manifeste de telle sorte qu'elle est une cause peut-être essentielle de désorga-| irisation. Voilà un aveu précieux, que nous n'attendions pas, et que nous retenons. Nous savions bien que le mal exis-| tait, surtout depuis quelques années. L Car, puisque nous sommes au moment [ des aveux, faisons également le notre : du temps de M. Vandenpeereboom, et [ même sous le règne de M. Liebaert, la politiaue -— ou plutôt l'électoralis-me, car "on confond toujours les deux choses, qui sont essentiellement différentes et même opposées l'une à l'autre — n'était pas en honneur au département des chemins de fer ou tout au moins l'on n'admettait que dans une certaine mesure l'intrusion de 1 é-[ Moralisme. On se bornait a conceder des haltes aux députés et des trains aux électeurs. C'était un mal, niais ce n'était que mal d'argent. Ce n'était pas un fléau. M. Helleputte lui, inaugura malheureusement un système différent. Et r nous ne lui devons pas seulement 1 ac-I centuation vive de nos luttes de lan-[ gue, par les irritantes mesures^ qu il prit; c'est lui qui organisa, par l'mter- r fi médiaire d'un R. P. célèbre, son ami, les associations chrétiennes du rail-way : c'est lui qui nomma des " commissaires de surveillance " lesquels , ajoutèrent à un contrôle nécessaire un vexant et démoralisant espionnage ; c'est lui surtout qui ouvrit toutes lar- , ges à l'électoralisme les portes (lu dé- : parlement. Dès lors, le clergé fut le maître aux chemins de fer. , On voit quel chemin le clergé a par- . couru, en quelques années et quelle a été sote œuvre. Le journal de M. Helleputte s'en effraie lui-même ! Voilà sans doute qui étonnerait un peu certains esthètes vieillis dans leur cabinet, et qui, furieux d'avoir raté une existence que des dons rares pouvaient rendre brillante et féconde, s'obstinent, avec une énergie enfantine, à nier le péril clérical. Mais le < voilà confessé, redouté par les cléricaux eux-mêmes ! ] Oh ! nous ne nous faisons pas d'illu- j sions. Nous savons bien que si l'on se décide à le signaler, c'est par crainte, ; et par crainte électorale seulement. On redoute,dans les sphères ministérielles, ■ cette influence prépondérante et cette ingérence trop visible du clergé. Le * corps électoral ne va-t-il pas s'effaroucher? Ne convient-il pas de mode- j ror certains appétits ? Trop tard, messieurs du gouverne- ! ment et de la droite. * Vous avez livré le budget de l'indus- ( trie et du travail au clergé, qui dirige d'innombrables mutualités gorgées de ( subsides. Le clergé y est, et y restera. < Il est le maître. j Vous lui avez livré l'enseignement, ; et M. le curé régnera, plus dominateur j que jamais, dans les villages : Stéphane f nous l'a prédit. Vous livrez aux moines le Congo, e Tant pis pour la colonie et tant pis c pour vous. Vaus voulez christianiser l'armée ] et M. de Broqueville prépare une j réforme du coms des aumôniers, après j avoir tenté de rendre la messé obliga- , toire et après avoir interdit aux offi- t ciers l'accès des loges? Cette faiblesse, i vous la paierez. < Les curés osent se permettre d'écrire I aux magistrats pour leur recommander ] des prévenus, ainsi que cela s'est ] passé l'an dernier à Bruxelles? Cela àussi favorisera la réaction salutaire. ( Et tenez, voilà que vous êtes vous- t mêmes effrayés des ravages que l'intrusion du " curé produit _ dans un i domaine industriel, l'exploitation du 1 railway. Vous en verrez bien d autres. î Les gens modérés en verront aussi j bien d'autres ! ( On a parlé des mares ^ stagnantes, t dans un pays proche du nôtre, et des £ vices d'un "régime où deux ou trois cents députés sont rois, _ et sont aussi les exécuteurs des comités elec- ^ toraux. . > Chez nous, aussi, helas ! nous avons ^ nos mares stagnantes, et elles vous j effraient : Elles sont faciles à reconnaître, mais vous n'oseriez y toucher, car au milieu de chacune d'elles se dresse utie soutane. Ce que vous signalez, ce que vous redoutez, c'est le trop insolent, le trop inquiétant triomphe de la soutane, devant laquelle vous êtes impuissant. C'est pourquoi l'épuration et la désinfection nous seront confiées, nous en avons le ferme espoir, un jour qui n'est plus lointain. «S. Billet bruxellois ——(5 • 26 «anvier. M. Braun répondait l'autre jour très dignement, à un journaliste qui le taquinait sur son entrée prochaine dans ia noblesse —• car, pour certaines gens, ce devait être là l'idéal du bourgmestre de G and : — Je suis né dans la bourgeoisie et j'y resterai. M. Brauni faisait ainsi la leçon, sans le vouloir, à quelques douzaines de braves gens qui considèrent encore la possession d'un titre de noblesse comme une supériorité merveilleuse. Le prince ' Potinatow.sky nous apprend aujourd'hui, dans 1' "Eventail", que le plaisir d'augmenter les cadres de la noblesse belge n'est pas indifférent au roi actuel. Depuis son avènement, quarante-huit nobles nouveaux ont déjà été fabriqués — si j'ose dire. Le premier a 'été le baron Janssens, qui était déjà le roi des tramways. Le dernier, ce fut le vicomte Théophile de Lantsheere, gouverneur de la Banque Nationale, dont j'envie tout de même davantage les gros appointements et bénéfices que le titre, je le déclare sans fard. _ Entretemps, une fournée de quarante-six nobles : un noble et un tiers par mois de rè^ne. Il y a eu les barons Baeyens, Henri La,mbert, van der Elst, Roteart de Her-taing, de Troostenberg, Félix-Marie-François-Joseph de Paul© de Laage de la Rooheterie de Mail d'Altenrode et We-were ( ouf !) ; les barons Delbeke, Brug-mann, Donny, Coppée, van der Strae-ten, Capelle, Powis de Tenbosch, le comte Moretus et le baron de Borman. M. Schellekens a enfin été nommé chevalier — car il ne l'était pas, et M. Pir-mez, le questeur, a obtenu une concession de noblesse. Ce que j'aime mieux, tout de même, c'est que M. Warocqué et M. Solvay restent idies bourgeois. Mais, j'y pense, voilà peut-être un moyen de se débarrasser du cramponnant ministre du travail, M. Hubert. On est parvenu à arracher naguère la démission de M. Delbeke en lui promettant une baromnia M. Hubert consentirait peut-être à la même petite transaction, surtout si l'on met quelques grains de mil autour de ce joyau. Très singulière, la mésaventure, éprouvée par notre distingué confrère A.-J. Wauters, directeur du "Mouvement géographique ". Il avait résumé, dans son journal, la discussion qui s'est produite à la Chambre à propos des missionnaires. Et il avait publié l'ordre du jour Woeste, bans commentaire. Or, en ouvrant son exemplaire, hier, quelle ne fut pas sa stupéfaction en constatant que le "Mouvement géographique" approuvait l'ordre du jour Woeste, et déclarait que cet ordre du jour était inspiré par une pensée dejustice envers le ministre des colonies et envers M. Brifaut. M. Wauters n'a. pas hésité, et il vient d'envoyer aux journaux une lettre catégorique, dans laquelle il dit: " Je me vois ainsi amené à déclarer ,qu'à mon sens l'ordre du jour de M. Woeste n'est nullement "inspiré par un désir die justice envers M. le ministre des colonies et envers M. Brifaut ". " Tout d'abord, il est établi que M. Brifaut a calomnié mon ami, M. le procureur d'Etat 'Detry, dans le but évident de nuire à sa considération et d'entraver sa carrière. De même tout ce que je connais de la campagne que mène M. Brifaut m'apparait comme entaché de procédés d'intimidation des plus incorrects." D'autre part, en ce qui concerne la portée générale de l'ordre du jour, je l'estime personnellement comme désastreux pour l'avenir de la colonie. S'il était voté, il ne pourrait avoir d'autre effet que de développer au Congo les désaccords religieux et philosophiques qui divisent de plus1 en plus profondément notre pays ; de substituer à l'indispensable union des coloniaux belges, dies luttes pour ou contre la liberté de conscience et d'établir officiellement l'inqui-eition, dans la partie du bassin du Congo, occupée par les Belges. " Voilà qui est catégorique. Mais que signifie dette aventure? Et comment s'est-elle produite. M. Wauters s'en explique en ces termes: " J'ai moi-même, relu et corrigé les épreuves de cet article et les ai confiées, avec le bon à tirer et scus pli fermé, à un porteur au service de l'imprimeur. " Or, un tiers a réussi à introduire, à la suite de l'ordre du jour Woeste, l'observation suivante: " Cet ordre du jour est inspiré par " une pensée de justice envers M. le mi-" nistre des colonies et envers M. Bri-" faut. " " Le "Mouvement géographique" est. essentiellement un journal scientifique et colonial. Lorsque se produisent, au Parlement, des discussions ayant un ca^ ractère nettement politique ou religieux, il se contente d'en rendre compte sans prendre parti. C'est l'attitude que j'avais adoptée en ce qui concerne l'interpellation Brunet. " Je dois donc protester contre le faux qu'on a intercalé dans mon journal. Je dois d'autant plus signaler le fait que, si j'ai toujours estimé que le '"'Mouvement géographique" doit rester étranger à certaines polémiquas, il serait invraisemblable que j'y laissasse passer des appréciations en tout point contraires à mes opinions personnelles. " On aurait donc intercepté une1 lettre de notre confrère, dontenant des épreuves, et on y aurait ajouté quelque chose. Pas moyen d'expliquer autrement. Décidément, il y a, autour de M. Brifaut, trop de gens qui aiment ce procédé. LE BON MISSIONNAIRE 4 Le missionnaire de Ceylan, dont le XX0 Siècle, le Bien public et « tutti quanti » publient la prose, est un doux sceptique qui nous plaît Il compare la tolérance de l'Angleterre protestante à l'intolérance de la Belgique catholique, en termes excellents, dont voici1 deux extraits que notre1 presse catholique reproduit avec candeur : « En pays protestant, où il conviendrait de protester, on a des idées autrement larges (qu'en celui-ci). » Que de fois m'esMl arrivé d'aller trouver un magistrat protestant : j'avais_ à obtenir, soit justice, «oit faveur. Justice, je l'ai toujours obtenue et immédiatement ; faveur, presque toujours. Jamais on ne m'a débouté à cause de la religion aue je professe, jamais on ne m'a demandé si mes protégés étaient catholiques ou non ; il ne vient pas à l'idée d'un Anglais de descendre à des mesquineries. On dirait que l'Anglais fait profession de laisser de côté la question religieuse ; j'ai vu de ces Messieurs qui ignoraient parfaitement à quelle religion appartenaient leurs sujets ; or, ces sujets étaient chez eux depuis plusieurs années. En homme raisonnable, l'Anglais engage un cuisinier pour qu'il lui fasse bonne cuisine ; c'est tout ce qu'il demande de lui ; qu'il soit chrétien, hindou, disciple de Mahomet, c'est le cadet de ses soucis. » « Que fait l'Anglais en matière scolaire ? Lui aussi exige des maîtres capables, des cours bien donnés qu'il viendra c o n t r ô 1 e r, et l'examen passé, il s'empresse d'envoyer au directeur de l'école _le subside promis. Toutes les écoles, qui réunissent les conditions voulues, sont ainsi subsidiées sans que jamais la question religieuse soit agitée. — Yous êtes malade, vous vous présentez à l'hôpital ; on vous donnera tous les soins aue réclame votr^ état sans iamais vous demander à quelle religion vous appartenez. Les carrières du go u -vernement sont ouvertes au mérite uniquement. Que tout cela, mp paraît grand et sage ; comme, au contraire, tout ce nue je vois autour de moi, tout ce que j'entends dire me fait hausser les épaules. Il me tarde de rentrer dans le pays de la liberté, j'entends de la vraie liberté où on ne vous demande pas si vous allez à la messe le dimanche, où _ vous envoyez vos enfantg à l'école, maîçt où on se contente de constater vos mérites. » Que vous avez raison, mon Père, de vouloir rentrer au1' pays de la liberté et de fuir celui-ci ! Lorsque vous y serez, veuillez donc, de grâce, continuer à nos pieux confrères votre loyal© collaboration. >-«>©Œ»~<= : — L n POLITIQUE .—*— Les Insulteurs On a fait remarquer ces jours-ci, très justement, que les premiers " martyrs " du Congo ne furent pas des prêtres et que nos officiers s'étaient conduits et étaient morts en héros bien longtemps avant que, le premier missionnaire ait mis le pied au Congo. La " Gazette " a dressé une liste, d'ailleurs naturellement incompîète, de ces braves, auxquels jamais on n'a rendu un hommage suffisant. Aussitôt le " Bien public " de répondre : " Les missionnaires entrèrent au Congo dès qu'ils crurent pouvoir s'y livrer utilement à l'œuvre d'évangélisation, et offrir leur sang avec l'espoir fondé qu'il ferait germer des catéchumènes. " Car ils n'avaient l'ambition ni d'envahir les territoires, ni do ramasser des défenses d'éléphant, ni de s'enrichir par le caoutchouc. " Voilà les insinuations insultantes auxquelles se livre le " Bien public ". Nous ne nous abaisserons pas jusqu'à les discuter.Nous les signalons simplement au mépris des honnêtes gens. —>—« a ;— . Mos mystérieux ancêtres —«— Ceux-là mêmes qui, à aucun titre, ne peuvent élever la prétention de descendre des Croisés, les Dupont, les Du-mont, les Durand, les Duval, aiment généralement à parler de leurs ancêtres. Quand bien même, en thèse générale, ils ne veulent rien devoir au passé, ils regardent avec complaisance dans^ leur passé personnel et s'amusent à rechercher chez leurs grands-parents les origines de leurs sentiments, de leurs idées ou de leurs traits de physionomie. Pour pratiquer cet exercice, ils ont, du reste, un prétexte scientifique : c'est l'atavisme ; les lois de l'atavisme, c'est le thème ordinaire des milliers de braves gens qui font de la psychologie en amateurs. Seulement, le problème est singulièrement compliqué quand il s'agit de retrouver des aïeux qui furent bourgeois, paysans et manants, et l'on peut se croire extrêmement favorisé quand on a pu retrouver seize quartiers tant paternels que maternels, c'est-à-dire quand on est remonté à ses trisaïeux. Pour lés trente-deux quartiers qui mènent aux quadrisaïeux, cela est réservé aux gens de vieille noblesse ; encore, à présent qu'il n'y a plus en France de chapitres nobles pour lesquels on doive faire ses preuves, on embarrasserait vraisemblablement des gens fort bien nés en leur demandant leurs quadrisaïeux. Au delà, et à proportion qu'on monte de génération en génération, le nombre s'accroît mathématiquement avec une telle rapidité que, à la treizième génération, \tout homme, noble ou ILa situation religieuse E m FBiOïCE Conférence faite par M. Viènot, professeur honoraire à V Université de Paris, à la Maison libérale, à Gand. Après Cette, incursion — nécessaire — dans les champs si instructifs de l'histoire, me voici donc devant des esprits éveillés qui me demandent : Où en_ êtes-vous tûîrance au point de vu© religieux ? Ce-la nous intéresse, car, nous aussi, nous sommes en pleine bataille. Or, nous entendons bien des voix contradictoires. Les unes affirment que le catholicisme est en pleine renaissance ; les autres prétendent que le catholicisme est mort et qu'il ne marche plus qu'appuyé sur les béquilles que lui prête la politique du jour. Les uns disent que la libre-pensée emporte tout ; d'autres annoncent que le protestantisme, et surtout le protestantisme émancipé ou libéral, fait des conquêtes discrètes mais incessantes et de prix t Sur tous ces Points, mesdames et messieurs; je voudrais tout simplement, et sans prétentions, vous dire ce que je crois voir et savoir.Où en sommes-nous en France 1 A peu Pres et avec des différences que j'indiquerai tout à l'heure, au point où vous en êtes en Belgique, si j'en crois cet admirable orateur qu'est M. Paul Hymans, qui disait il y a quelques semaines : « Je pense qu'il y aj beaucoup moins « athées chez nous et ailleurs qu'on ne le ■ m®me Pa<rmi ceux qui se disent athées, il en est bon nombre qui le sont ^«s qu'ils ne le pensent. Suivant le mot as Maurice Barrés, l'instinct religieux survit souvent à l'abandon de la religion. » Dans le domaine de la conscience, que ne nuances ! Les négateurs, les sceptiques, les indifférents, les esprits inquiets qui interrogent. Il y a pas mal de Belges qui concihent l'accomplissement de leurs tiaditions religieuses avec toutes les joies profanes1, et l'on peut dire que, me-me après trente ans de regime clérical, le Belge est un animal peu mystique. (Rires à gauche.) » Taine a donné une description de la Belgique du XVIIe siecle, qui s'appliquerait fort bien à une bonne partie de la Belgique du XXe. » « Ce qu'on y voit dominer, c est lo besoin de paix et de bien-être, la disposition à prendre la vie par le côté agréable et jovial ; bref, l'esprit de Teniers. » En effet, même dans une chaumière nue, sur un banc de bois, on peut rire, chanter, fumer une bonne pipe, avaler une bonne chope ; il n'est pas déplaisant d'aller à la messe, qui est une belle cérémonie, ni de conter ses péchés à un jésuite qui est accommodant. » Nouveaux rires). » A côté dé tous ces Belges qui ne sont pas des athées, il y a les Belges qui, sans avoir rompu avec l'idée religieuse, ont rompu avec le dogme ou avec le clergé dont ils redoutent l'intervention oppressive. (Très bien ! à gauche et à l'extrême gauche.) Il y a aussi les Belges dont la vie intérieure est d'une spiritualité d'autant plus profonde qu'elle ne se déploie pas en démonstrations extérieures." (Nouvelle aivrirobationi) (9). Oui — voilà, à peu près, où nous en étions il y a quelques années*. Mais depuis la Séparation, il faut bien reconnaître qu'il y a quelque chose de changé. Et qu'y a-t-il de changé ? Eh bien, il y a d'abord, dans une partie de l'âme française un réveil du moyen âge. Je ne suis nas, messieurs, dans le secret des dieux. Je ne sais pas ce qu'ont pensé les hommes oui ont voté en France la séparation des Eglises et de l'Etat, mais je sais une chose, parce qu'elle saute aux yeux, c'est que s'ils ont cru émanciper la pensée humaine, régler une bonne fois le problème religieux, ils se sont trompés du tout au tout. La Séparation a porté un coup au ca- (9) Flandre libérale du ?• novembre 1913. 3, 'rue du Nouveau Bois, Gand. tholicisme — en ce qui touche le matériel — mais elle lui a rendu quelque chose qui est au-dessus de tous les biens de la terre :1a liberté. (10) Depuis la Séparation l'église catholique est libre, par exemple, de bâtir des églises sans l'autorisation de l'Etat et elle en profite, je vous prie de le croire. Elle qui se plaint des vieilles cathédrales, des vieilles églises d'art qu'on laisse tomber en ruines, elle sait trouver l'argent nécessaire pour bâtir des cathédrales nouvelles à Saint-Ouen et ailleurs. Mais ce qu'il y a de plus grave, c'est ceci : Depuis la Séparation, en ce qui concerne le progrès des idées, l'Eglise s'est établie en recul certain sur le passé. Les prêtres cultivés, plus ou moins imbus de l'esprit moderne, ont peu à peu été forcés au silence. Ils ont formulé leurs plaintes dans un livre admirable : C e qu'on a fait de l'Eglise, mais la plainte est tombée dans un silence d'airain. Ceux qui ont rompu avec l'Eglise ne se sont pas souciés de ceux que l'Eglise écrasait. Elle en a le droit, ils sont à elle. Et quant aux chefs de l'Eglise, ils paraissent pris d'une telle fureur d'autorité et d'archéologie que toute velléité d'indépendance ou toute trace de modernisme leur paraissent les pires des déchéances. Nous avons vu ainsi se relever un catholicisme autoritaire, fermé au progrès, décidé à maintenir toutes les traditions et toutes les pratiques que l'on avait cru, un moment disparues heureusement dans l'abîme du passé. En histoire, on s'est plu à restaurer toutes les légendes enfantines qui tendent, par exemple, à établir l'origine apostolique des églises de France. On les enseigne comme de l'histoire à grand renfort.de projections. De jeunes abbés racontent sans sourire l'histoire de St-Denis portant sa têt© dans sa main de Montmartre à l'emplacement de la basilique de St-Denis, où la légende de la barque fameuse qui, sans rame et sans voile, mais poussée par le St-Esprit, a pu amener jusqu'à Marseille Lazare ot (10) Voyez, le livre de M. Julien de Nar-fon : La Séparation des Eglises et de l'Etat, Paris, Alcan, 1912. Marie et les premiers apôtres de la Gaule. En théologie, Thomas d'Aquin est le grand maître. Il a formulé et établi tout ce qu'il faut croire et enseigner. Enfin, en face du protestantisme s'est dressée toute une équipe d'historiens qui distribuent aux Français la menue monnaie des gros volumes du P. Denifle sur Luther et le luthéranisme. Toutes les calomnies les plus grossières sur Luther et Calvin, sur tous les réformateurs, celles qu'un Brunetière lui-même repoussait avec dédain, sont reprises, portées par tous les moyens à la connaissance du peuple catholique. La St-Barthélemy elle-même devient un crime huguenot; l'Inquisition devient un jeu d'enfant à côté de celle que Calvin exerçait... Et pour que nul n'en ignore, pour que l'homme moderne sache en face de quelles prétentions il se trouve, l'archevêque de Paris, entouré de collègues nombreux, vient de présider aux fêtes solen- , ne'les du oentenaire d'un homme qu'un évêque d'autrefois appelait "un calom- . niateur public": j'ai nommé Louis Veuil- , lot. En vérité, je vous le dis, au sein du catholicisme d'aujourd'hui, c'est le , réveil du Moyen Age. , Et il y a beaucoup de gens que cela ne choque pas. Le Moyen Age a ses histo- i riens, ses poètes Claudel, Péguy, Mme Adam récemment convertie... et les académies sourient à moitié sceptiques, à moi- i tié gagnées. Le haut enseignement lui-même est plein de gens qui, sous prétexte d'impartialité, trouvent moyen d'être toujours favorables au catholicisme... Par ses œuvres, son clergé, sa puissante organisation, par sa presse, par les 1 journaux ou les revues qui le favorisent ; ou le défendent, par les ressources matérielles dont il dispose et que la séparation a libérées, le catholicisme est redevenu une des grandes forces sociales de la France d'aujourd'hui. Il faudrait fermer les yeux pour ne pas s'en apercevoir.Il est vrai qu'en face du catholicisme il y a la libre pensée, c'est-à-dire les hommes qui, dans leur réaction violente contre le Moyen Age, se sont placés aux antipodes du catholicisme et ont rêvé d'établir une société nouvelle totalement i affranchie de toute idée religieuse. Vous ' connaissez leurs théories, leurs noms. Ce < sont eux qui gouvernent actuellement la France. Ils ont éteint les étoiles qui brillaient dans ia nuit de l'humanité. Le mystère, l'au-delà, ils l'ont bouché par un mur, le mur d'airain du positivisme j dit scientifique, et ils ont dit à l'hom- 1 me: Tu n'iras pas plus loin. — Et j'at- : tends, mesdames et messieurs, votre question. Vous me direz: N'est-ce pas là ; que se trouva la force de l'avenir? Ne ] sont-ce pas ces hommes qui sont appelés , à briser enfin la geôle du Moyen-Age, à j ouvrir à l'humanité ces libre» espaces j auxquels elle aspire depuis si longtemps? •— Messieurs, il ne m'en coûte pas, cer- ( tes, de déclarer que la libre pensée con- t temporaine a fait des démolitions néces- j saires. Il me coûte moins encore de dé- < clarer bien haut qu'il y a parmi les libres ] penseurs des hommes digne® de toute considération et de tout respect. Us ont { montré parfois un amour de l'humanité, < un souci de la justice, un courage civi- ; que et un courage social qui pourraient i être donnés en exemple à plus d'un chré- s tien inconséquent. Maisi quant à dire que 1 la libre pensée constitue un gros danger s pour le catholicisme, je ne le puis pas, 1 parce que je ne le crois pas. L'humanité i est trop grande pour se laisser arrêter 1 jamais par le mur de la réalité sensible. ] Elle veut voir1 au-delà et -ce que son œil ( ne voit point, son âme, son cœur le lui i révélera touiours. Souvenez-vous du mot < profond de La Revellière : "Je vous dis i qu'il y a dans l'homme une fibre religieuse qu'il faut reconnaître, un besoin de , bien auquel vous ne pouvez; vous sous- ( traire, que si vous laissez la société < mâcher à vide, elle se mordra la langue, 3 vous mordra vous-mêmes et vous avalera , tout entier, comme la baleine a\ala Jo- ] nas... " Les républicains n'ont pas voulu ^ entendre ces paroles. Us se sont moqués de celui qui les prononçait, comme on j raille1 ou méprise aujourd'hui ceux qui , les répètent. Mais le fait est là. Cinq ( ans après que ces paroles furent pro- ( ■ noncées, la Baleine scolastique avait avalé les nouveaux Jonas qui ne> voulaient pas prophétiser, et tous, ou presque tous, conventionnels, régicides, anticléricaux farouches, qui avaient exilé ou guillotiné les prêtres et détrôné l'Eglise, nous les voyons aou milieu des splendeurs de Notre-Dame, écouter pieusement la messe que fait célébrer lo nouveau Constantin, Napoléon le Grand, restaurateur des autels. Qui vous dit que nous ne marchons pas à la même destinée? Je crois, pour nia part, que c'est là fatalement la destinée que nous préparent ceux de nos libres penseurs qui ne veulent plus entendre parler d'aucune religion. Leurs fils même leur échappent, et plutôt que de vivre sans religion, nous les voyons retourner aux formes les plus imparfaites des religions autoritaires. Le petit-fils de Itenan est un catholique militant, et je puis bien le dire ici puisau'il ne s'en cache pas. J'ai connu un libre penseur qui menait grand bruit de son anticléricalisme. Il eut deux fils et les éleva sans religion aucune. L'un, hélas! quoique fils d'honnête homme, tourna fort mal et abreuva son père de honte et d'amertume. L'autre, parvenu à sa majorité, vint trouver son pèrei et lui dit : Père, je me suis fait baptiser. — Et comme le père restait muet de surprise, le jeune homme ajouta: Il faut que ie te dise aussi que j'ai résolui désormais de vivre en catholique et même de me faire moino. Et, en effet, quelques jours après le jeune homme entrait au couvent. — Pourquoi faire? Pour expier les fautes des autres. Et ne croyez pas que ce soit là des cas exceptionnels. L'autre jour à propos d'un livre récent qui étudie justement ces cas si fréquents de retour au/ catholicisme, M. Marcel Hébert s'écriait avec raison: " Que Roger Martin du Gard ne s'étonne point si tant de jeunes hommes redeviennent "catholiques". Catholiques, ils ne le sont pas, en réalité, car ils font bon, marché du sens littéral des dogmes ; cei que Rome n'admettra jamais. Mais ce sont des croyants de la foi naturelle qui est l'âme de nos consciences, et c'est pré 40" Année - Harfll 27 Janvier 1914 QUOTIDIEN- - 10 CSHT. H. 27 — Mardi 27 Janvier 1914

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Cet article est une édition du titre La Flandre libérale appartenant à la catégorie Culturele bladen, parue à Gand du 1874 au 1974.

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