LA LIBRE BELGIQUE BULLETIN DE PROPAGANDE PATRIOTIQUE — RÉGULIÈREMENT IRRÉGULIER ET DE DEUX ! C von blsslng est mort Son impérial seigneur et maître en l'envoyant succéder au pacha von der Goltz avait bien voulu lui assigner comme tâche « de panser et de guérir les plaies de la malheureuse Belgique ». C'est dire que malgré tout, malgré la trahison de son pays, malgré les atrocités qui accompagnèrent le début de la guerre, il eut pu être grand, il eut pu être magnanime. Hélas, il n'a réussi qu'à se rendre odieux et son nom restera écrit en lettres de sang sur la douloureuse page d'histoire que nous vivons. N'est-ce pas au nom de von Bissing que furent prélevés ces impôts exhorbitants, ces contributions de guerre iniques sans proportion aucune avec les finances du pays? N'est-ce pas en son nom que furent faites ces réquisitions systématiques qui lentement ont draîné vers l'Allemagne toutes les richesses de notre patrie, vidé complètement nos entrepôts et nos usines, ruiné notre commerce et qui menacent de tarir à jamais les sources vives de la nation? Enfin et surtout c'est au nom de von Bissing que se firent ces déportations barbares qui soulevèrent d'horreur et d'indignation le monde civilisé. C'est en son nom et par son autorité que des milliers et des milliers de citoyens paisibles furent, sous l'odieux prétexte d'alléger les charges publiques et de combattre la paresse, traînés en exil et réduits en esclavage. ^ L'histoire dira un jour ce que nos malheureux compatriotes eurent à souffrir là-bas, l'histoire impar-tiale qui n'hésitera pas à flétrir éternellement les auteurs de cette iniquité, la plus grande de celles qu'ait com- C mises l'Allemagne. C Tout cela, toutes ces violations du droit, ces injustices, ces répressions, ces vols, ces meurtres, ces mensonges, tous ces crimes enfin, c'est von Bissing qui les décréta. On dit parfois qu'il nous évita le pire, c'est possible. Tous les Belges n'ont pas encore été massacrés et toutes nos villes ne sont pas rasées, il est donc possible qu'un autre à sa place eut fait pire encore. Mais ce qu'il fit, les souffrances que sous son règne nous eûmes à endurer sont suffisantes pour que son nom et sa mémoire soient à jamais exécrés dans notre pays. Une consolation cependant nous reste : il a dû s'en aller en vaincu ! Car, dans cette lutte épique entre un petit peuple écrasé et impuissant et ce représentant d'un empire Kolossal, le vaincu c'est lui. Il essaya tout, il frappa souvent, il frappa dur, il nous calomnia et nous outragea, à la veille de sa mort il tentait encore de nous diviser, tout fut inutile, la Belgiquefière, glorieuse, unie, « INDÉCROTTABLE », ne céda jamais! Quand ces lignes paraîtront, son successeur sera probablement connu, peu nous importe d'ailleurs. Le futur gouverneur-général peut être assuré que toutes les haines que trois années de souffrances aussi injustes qu'atroces, ont accumulées au cœur des Belges l'attendent; et si, par impossible, il était animé d'intentions bienveillantes, qu'il sache bien que le seul moyen de nous contenter est... de s'en retourner chez lui le plus vite possible. La LIBRE BELGIQUE. C LES MONSTRES ! Avant d'écrire cet article, j'ai regardé longtemps, les poings serrés, cette photographie que la « Libre Belgique » met aujourd'hui sous vos yeux. Regardez-la bien, amis, et souvenez-vous ! Souvenez-vous ! N'OUBLIEZ JAMAIS ! Ce garçon, que vous voyez là, était un colosse, un de nos robustes gars, droit et solide comme un chêne. ils l'ont pris un jour; ils l'ont jeté, un matin d'hiver, dans un wagon à bestiaux ; ils l'ont traîné dans leur •epaire, dans leur Allemagne; ils l'ont affamé, battu, 3lessé, menacé de mort; ils exigeaient que de sa grosse main d'ouvrier il signât un engagement LIBRE ît VOLONTAIRE de travailler pour eux contre sa Patrie! Il n'a pas signé... En SIX mois, ils ont fait de cet homme une loque numaine, un squelette... Regardez-le, regardez-le bien. Et ils sont, comme lui, des centaines qu'ILS nous ont renvoyés et qui languissent et qui meurent, martyrs, eux aussi, de la Liberté. Inclinez vos fronts devant ces modestes, ces obscurs héros, mais redressez-les devant les bourreaux en NUMÉRO 117. AVRIL 1917. PRIX DU NUMÉRO — Élastique, de zéro à l'infini (prière aux revendeurs de ne pas dépasser cette limite)

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