N° 1. 10 centimes le numéro. Jeudi 5 novembre 1914. LE BELGE QUOTIDIEN ORGANE NATIONAL D'INFORMATIONS ABONNEMENTS : Une semaine fr- 0.50 Un mois 1-50 Trois mois 3.00 BUREA.UX : CHAUSSÉS D'IXIKL.LSS, S13 BRUXELLES PUBLICITÉ : La ligne La ligne Agglomération, fr. 1.00 Nécrologie . . fr. 0.40 Province. . . . 0.75 Tribunaux . . . 0.40 Faits divers 0.60 et 0.50 Réclames. . . . 0.30 Petites annonces, fr. 0.10 (petite ligne). On traite à forfait. Un mot à nos lecteurs Il est peu ou pas de sujets sur lesquels l'accord unanime des hommes se fasse. Il en est un, cependant, qui rallie tous les suffrages : les journaux sont la pire des choses et l'un de nos ministres belges, des plus spirituels, a écrit toute une longue histoire, pleine d'humour, pour établir que la presse est comparable aux dix plaies d'Egypte. Nous nous garderons bien de nous inscrire en faux contre cette condamnation. Nous nous bornerons à constater, avec la sagesse des Nations, que pour bien juger d'une chose, il faut en être privé. T 'absence de journaux n'est pas un des moindres inconvénients de la douloureuse situation actuelle. Ceci n'a pas échappé à la perspicace attention de plusieurs éminen-tes personnalités, et c'est, en quelque sorte, sur leur invitation et leurs conseils, que nous avons conçu et mûri le projet que nous soumettons aujourd'hui à nos compatriotes.Nous venons offrir un journal d'informations sérieux, journal rédigé par des journalistes professionnels appartenant à la grande presse bruxelloise. Le titre de notre organe, LE BELGE, est le résumé, l'essence même de notre programme. Notre ambition est d'être utiles à nos compatriotes : utiles, en leur donnant des informations puisées à des sources sérieuses ; utiles, en les remettant en contact, autant que possible, avec l'agglomération bruxelloise, la province et l'étranger; utiles, en leur donnant le moyen de se mettre en relations d'affaires avec l'employeur, l'employé ou le client futur, par une publicité fructueuse et peu coûteuse. Dans cette idée, nous avons conçu, comme suit, le plan de notre journal : Chaque jour, un article de fond traitera de l'une ou l'autre matière intéressant le grand public : idées générales, organisation des services publics en ces temps difficiles, renseignements utiles, etc. Tout cela exposé par des écrivains consciencieux et compétents. Un de nos chroniqueurs bruxellois les plus en vue commentera, sous la rubrique « Cinéma », le fait saillant du jour. Nous accorderons à l'information la part la plus large et nos soucis constants. Nos services de reportage nous permettront de tenir nos lecteurs au courant de tous les événements intéressant la capitale et la province. Malgré les difficultés du moment, nous ferons en sorte de renseigner nos lecteurs sur les faits importants de l'extérieur. En ce qui concerne la guerre, la situation actuelle nous oblige à adopter la ligne de conduite suivante : nous donnerons les communiqués officiels des états-majors des armées en présence et nous extrairons des journaux étrangers, en indiquant la source, les faits permettant de se faire une idée de la situation. Nous nous abstiendrons forcément de tous commentaires, laissant aux lecteurs le soin de tirer les conclusions des notes que nous reproduirons de façon complètement et scrupuleusement objective. D'autres rubriques ne manqueront pas d'intéresser ceux qui nous liront : renseignements divers, la « journée d'hier et d'aujourd'hui », qui constituera, dans quelques années, un des souvenirs les plus intéressants de la guerre, etc., etc. Notre « boîte aux lettres » sera ouverte à tous. Nous répondrons par la voie du journal à toute demande qui nous sera adressée, pourvu qu'il y soit joint une somme d'au moins 25 centimes destinée aux pauvres. Enfin, un feuilleton bruxellois satisfera les amateurs de situations romanesques et d'épisodes palpitants.Ajoutons que notre journal rédigé sans esprit de parti, uniquement et profondément belge, pourra être mis entre toutes les mains, sans aucun danger. Nous veillerons scrupuleusement sur ce point, dans toutes nos rubriques. Nous veillerons à ne froisser les sentiments religieux ou politiques de personne. Pouvons-nous espérer qu'ainsi conçu notre journal plaira au public ? A celui-ci de nous juger, en nous voyant à l'œuvre. C'est en toute confiance que nous soumettons LE BELGE à nos compatriotes; c'est en toute confiance que nous leur remettons les destinées de notre nouveau né, de notre organe dont nous voulons faire avant tout une œuvre utilement patriotique et une œuvre d'union. LE BELGE. T Cinéma H est défendu de fumer!... Niet rooken !... Mon Dieu! si fêtais condamné à la tâche de dire quotidiennement des choses nouvelles, je ne m'aventurerais certes pas à ;proclamer aux quelques cinq cent mille lecteurs espérés par Le Belge, que la Belgique est la terre classique de la Liberté. Mais, étant donné que je ne suis pas condamné à ... etc... (voir plus haut), je peux dire sans crainte et sans peur — tel Jean Bart (rien de celui de la Dernière Heure,) — que la Belgique est..., reetc... (revoir replus rehaut). Sans doute, des esprits chagrins m'objecteront qu'à tous les coins des rues, on trouve de terrifiantes et liberticides inscriptions : « Défense d'uriner » (Niet wateren) ; « Défense de cracher » (Niet spuwen) ; « Défense d'afficher » ; bref, des « Défense » et des « Niet » à n'en plus finir. (Un huissier dirait : « Dont le détail serait trop long ! »). A ces esprits chagrins et objectants, je riposterai : « Qui donc avez-vous vu tenir compte des susdites défenses ? » Prenons, par exemple, les Tramways Bruxellois. Les directeurs de ces véhicules sont sûrement des gens en l'honneur de qui le veau gras et biblique ne sera jamais tué, chacun étant bien convaincu qu'ils n'ont avec le prodigue des Saintes Ecritures aucun point de contact. Or, dans toutes les moelleuses voitures mises par la prévoyance de ces messieurs à la disposition des braves contribuables de la capitale, y compris les faubourgs, des peintres diligents ont averti le public, dans les deux langues nationales, qu'il est interdit de fumer!... Cependant, depuis quelque temps, nous pouvons admirer de gros et gras voyageurs envoyant au nez de leurs voisins la fumée plus ou moins nicotinisée de leur « havanas infec-tados ». Ces enragés fumeurs, que les ligues non féministes et antitabagiques n'hésitent pas à dire sans gêne, estiment sans aucun doute qu'il a du bon, l'adage prescrivant : « Ceux-là qui sont incommodés doivent se retirer ! » Est-il d'ailleurs concevable qu'aujourd'hui on s'impose quelque gêne pour des dames n'adorant pas les émanations volatiles des susnommés « havanas infecta-dos » ?... Le plus souvent, le receveur, un homme dans le train, encore qu'il soit dans le tram, un homme, en tous cas, doué non pas peut-être d'une largeur de vue exceptionnelle, mais à coup sûr d'un odorat réfractaire à toute odeur, n'y voit que du feu... et laisse faire, en dépit de toutes les défenses et de tous les règlements.Aires tout, nous sommes dans un siècle de Progrès, de Lumière et de Liberté... On nous l'a souvent répété. Sans Film. » Voir en 4e page Un crime au Boui. Anspach. Du pain en abondance Le Comité National de Secours et d'Alimentation procure actuellement la nourriture. à 500,000 Belges, dont 300,000 de l'agglomération bruxelloise. On estime/ que, dans une quinzaine de jours, un million de personnes devront être entretenues.Par l'intervention des ministres américain et espagnol à Londres, l'agrément des autorités allemandes a été obtenu© pour l'importation des produits alimentaires en Belgique, ainsi que pour leur distribution à la population civile, sous le contrôle allemand. Une commission a été constituée à Londres, sous le nom de « Commission Américaine pour le ravitaillement en Belgique. » Elle a établi des bureaux à Rotterdam, ainsi qu'à Anvers, Bruxelles, Gand, Liège, etc., sous le contrôle américain. Elle s'est mise en relations étroites avec le comité belge pour la distribution des denrées alimentaires et a déjà acheté des stocks considérables et pris des mesures pour leur transport. Des arrangements ont été faits pour des achats similaires en Amérique. UN PREMIER ENVOI COMPORTANT 50,000 HECTOLITRES DE BLE EST ARRIVÉ MARDI A BRUXELLES. On est occupé à moudre ce blé et) toutes nos boulangeries sont assurées de recevoir, à partir de vendredi prochain, leur provision complète. Depuis un certain temps, ces boulangeries étaient réduites à la portion congrue et ne recevaient parfois qu'une demi provision. A partir de samedi, il y aura du pain en abondance à Bruxelles. ÉCHOS Ho» troupes a l*aris Nous apprenons que les troupes belges composant la 6° division d'armée sont en ce moment à Paris. Nos petits soldats ont fait leur entrée dans la capitale de la France au milieu d'un enthousiasme indescriptible. Tout Paris était descendu dans la rue pour les acclamer et la population avait jonché de fleurs les rues qu'ils devaient parcourir. Des scènes attendrissantes se sont produites tout le long du parcours. La population civile a fait des démarches pour que nos soldats soient logés, non dans les casernes, mais chez l'habitant. Ces démarches ont été couronnées de succès et nos enfants sont en ce moment les hôtes choyés de la population parisienne. * * * La reine Willielinine et les beiges Le journal officiel hollandais annonce que la reine a chargé M. le Ministre Corii Van der Linden d'exprimer, en son nom, aux réfugiés belges qui lui avaient fait parvenir l'expression de leur reconnaissance, toute la sympathie qu'elle éprouve pour eux.

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