Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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s.n. 1918, 05 Decembre. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Accès à 05 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/bc3st7g053/
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JEUDI 5 DÉCEMBRE 1918 L'UNION ÛANS L'ACTION vmtn -QUATRIEME ANNtE «Ï r\ centime* ® ^ le numéro ABONNEMENTS Jusqu'au 31 mars 101î> S francs Directeur : CH TTTCAT LE XXe SIÉCLE tarif des mmm Annoncescommerc., petite ligne le. 0.60 Réclames avant les annonces, la ligne £r. 2.00 Faits divers . : . . . 5.00 et 4.00 Sports fr. 2.00 Réparations judiciaires ...» 3.00 Nécrologies » 3.00 Nos petites annonces, paraissant simultanément dans le « XX» Siècle » et le « Journal de Bruxelles» au tarif réduit de 1 FRANC les 3 lignes, chaquo ligne supplémentaire 40 centimes. Payement par anticipation. Insfawrare otnnia in Ckristo Insfaurare Rédaction et Administration : 4, impasse de la Fidélité, 4, Bruxelles il pleut des vérités premières : Tendez vos rouges tabliers. *** L'union nationale est la. plus belie des choses. Oa n'en saurait concevoir cle plus admirable et de pliuis utille. C'est pourquoi l'Union nationale est i» but. EllLe ne peut être un moyen. Particulièrement elle ne peut être, pour un parti, le- moyen de réalisée sos désûrs propres avec la collaboration aveugle;enthousiaste ou résignée des autres. Quand le lion, la chèvre et il''âne chassent ensemble, ce n'est'pas à l'union qu'ils arrivent.*** Certains pensent que le moyen le plus sûr et le plus rapide d'arriver à l'union nationale est d'accorder satisfaction intégrale aux extrémistes. Je nie sais s'ils ont tort, mais ne puis considérer comme incontestable qu'ils aient raison. On peut assuiner la paix d'une famille en donnant à l'enfant qui crie tout ce qu'il demande, par exemple, s'il exige que l'on change la serrure et qu'on lui em confie la clef. Mais le jouir où le petit coquin refusera d'ouvrir, je craindrai fort pour la paix familiale. *** Les voyages forment l'esprit. Pour qu'une collaboration deis esprits soit utile et rapide, il %fauit que tous aient été formés parallèlement. La liberté est nécessaire au développement des idées. L'oppression et la persécution lui sont nuisibles. Surtout quand les temps sont agités, ceux qui ont, pendant des années, pu lire, écrire, voir, penser, ont un autre esprit que ceux qui ont vécu dans une tombe. Les émigrés qui ont emporté avec eux la sympathie et la liberté die leur pays sont exposés à croire qu'ils en ont aussi emporté l'esprit public et que c.e-llui-ci rentre au pays avec eux. L'esprit public n'émigré pas. Ceux qui ont, pendant des années, observé les mœurs, les coutumes et les méthodes étrangères jusqu'à 6'en être imprégnés, n'ont pas appris la sagesse s'ils croient que l'esprit public les a admises par une divine intuition ou est tout prêt à les admettre,dès leur retoûr au pays, par le fait seul qu'ils en ont reconnu l'excellence. Il est vrai que gouverner, c'est prévoir. Si le sentiment national s'attarde en chemin, il faut le pousser en avant; mais ci ne faut jamais galoper devant lui. Ceux qui le conduisent seront toujours suivis, aussi vite qu'ils aillent, par des voltigeurs, comme ills seront toujours précédés d'une avant-garde plus pressée qu'eux. Le rôle d'un gouvernement n'est point de commander des voltigeurs ni de lutter de vitesse avec une avant-garde.***- La politique nationale n'est ni une science, ni un art. C'est un fait. La politique est la conduite de l'Etat. Peut-on soutenir que pour participer à l'administration d'un cabinet d'affaires, d'une banque, d'une clinique, un homme en vaille un autre? Peut-on admettre que, pour la conduite des intérêts de l'Etat, uin accapareur, un chenapan sont les égaux du bourgmestre Max ou du cardinal Mercier? *** Le suffrage universel ne peuit se fonder eur un argument qui satisfasse la raison. Comme il est nécessaire de le fonder sur quelque chose, on ne peut l'appuyer que sur des arguments qui ne H satisfont point. Si nos soldats ont conquis le S. U. dans les tranchées du front — ce qui est une très belle idée — qu'on le leur donne. Mais il faut, sous peine d'illogisme et d'injustice, le refuser à tous les autres. Sinon, il faut renoncer à la belle idée. Si l'on soutient que le pays a souffert pendant quatre ans pour conquérir lie S. U., je demande à savoir qui le pays a chargé de proclamer ce renseigne-s ment, quand et comment ill lui en a donné s mission. "• L'égalité nature'lUe des chevaux est un k mot vide de sens. L'égalité naturelle des 5 hommes n'a pas plus de signification. La nature est la négation même de l'égalité, 1 dans les genres, dans les espèces et dans les individus. L'inégalité naturelle s'impose à £ l'individu ooinme aux individus. Un homme _ n'est pas constamment égal à lui-même. L'égalité naturelle des hommes est une conception absurde. Appliquée à la politique, ©llle devient un argument deux fois absurde, r car la nature et la politique ne sont point - une même chose. Dès lors, on y peut ap-' puyer fermement le S. U. Dès lors aussi, on -> ne,peut échapper au droit électoral de la femme, **'* La dernière fois que le S. U. s'est pré-£ senté, chez nous, à la consultation de l'es-^ prit public — il y a six ans — ill a subi une retentissante défaite. Il est tout à fait arbitraire de soutenir que, depuis, il a acquis de nombreuses sympathies. Le désarroi et l'hésitation du moment lui sont propices. Il e aura partie gagnée le jour où la masse énorme de ceux qui le jugent déra/isonna-ble dira : — « C'est l'aboutissement fatal des -- régimes démocratiques », ou : — a Cela doit a tout de même arriver ®. t Les solutions qu'a dictées la résignation ■, ne sont jamais heureuses. t - *** t Si -le S. U. se heurte à de graves repro- e ches, les autres systèmes électoraux; n'é- Q chappent pas non plus à la critique. Jus-QU-'a présent nous avons — et c'était sagesse ■' ~ jugé les systèmes électoraux d'après l'ac- t tlivité des régimes politiques qui en étaient s issus. Les activités issues du S. U. nous dé- e plaisaient profondément et c'est en toute s sincérité que nous jugeons le S. U. dange- r neux. Pendant la guerre, les régimes issus s de oe système électoral ont produit des t effets dignes de retenir l'attention. La France a été purement admirable. L'Angle- '• terre conservatrice l'a été aussi. Mais l'An- - gleterre est venue au S. U. Mais, aussi, le e S. U. a pu, seul, nouas valoir l'affaire Cail-e laux. Et c'est la dictature des duumvirs e Clemenceau et Foch qui a gagné la gueirtre. s | Alors 1 i e Alors, ifl nous faut mettre de Tordre dans - nos idées. Autant ill. est sot de croire c que - cela doit arriver parce que cela doit arri- - ver », autant il est sot de s'obstiner dans un jugement ancien 6i des pièces nouvelles sont produites au débat. Une réforme poli- 0 tique comme celle qu'on nous propose ne _ peut provenir ni de l'enthousiasme ni de la _ résignation. Nous devons y réfléchir froide- 1 ment et sincèremnt. 3 *** Ce que l'occupation allemande nous a fait regretter le plus — apprenons-Hé à ceux qui î n'ont pas encore eu le temps de s'en aper-i ce voir — c'est la sécurité de notre statut légal. Il n'est pas possible que le gouvernement légitime emprunte aux Boches les mé-r thodes arbitraires contre lesquelles il a tant protesté. Au moment où le pays a besoin r d'ordre avant tout, même avant les réformes politiques, ceux qui, partant par euphémisme, expriment le désir plus ou moems vif de violer les dispositions constitutionnelles donnent l'exemple du plus fâcheux désordre et s'exposent à des résisances d'autant plus invinojbles ^qu'edes auraient pour elles le droit, la raison et lia légalité. CAZAVECH. Le tfieâîre nos Oanafiions à MnM Le théâtre du front de la troisième division canadienne donnera deux représentations, les 6 et 7 décembre, dans la sallè di Trocadéro, avenue de la Toison d'Or, ai: profit de' l'œuvre nationale des invalides de la guerre. La troisième division canadienne a combattu pendant de loçgs mois en Flandre; elle est une de celles qui ont le plus souffert lors de la dernière offensif. C'est elle qui a repris Mons aux Allemands, quelques heures avant l'armistice. La représentation du 6 décembre se donnera à 8 1/2 heures du soir; celle du 7 décembre, à 3 heures de l'après-midi. La location est ouverte. is le gonveinement liritamiip rsciamen l'extradition fie i'ex-Kaiser a- a- ' 0 lu Londres, 4. — Dans un discours qu'il a lu prononcé à Boot, M. Bonar Law a déclaré io que le gouvernement a Kintention de recommander que l'extradition de l'ex-kaiser soit û- demandée et qu'on le traduise en justice, le U ne sera que juste que l'Allemagne paie rs une indemnité, mais tout d'abord il doit être e- établi combien l'ennemi pourrait payer. Le es gouvernement a nommé une commission qui sera chargée d'examiner cette question.Cette a- commission proposerait la nomination d'une é- commission interalliée qui examinerait toute i- la question et qui déterminerait le montant à payer. Le passage de la frontière allemande par les troupes belges Due proclamation du Roi Albert Lé Au moment où l'armée belge traversait la 0 frontière allemande, le Roi Albert lui avait as adressé la proclamation suivante : « Officiers, Sous-officiers et Soldats, e> » En 1914, l'armée belge s'est levée contre l'envahis-seur pour défendre l'honneur do la nation. Pendant a plus de quatre années, vous avez combattu loyalement le un adversaire qui, se basant sur sa force, a commis tous les abus. La victoire a récompensé vos efforts. Vous allez maintenant pénétrer sur lo territoire ennemi, non e pas pour y procéder à des représailles, mais pour assu-rer l'exécution des clauses de l'armistice. » Soldats de l'honneur, vous ne ternirez pas l'éclat de votre gloire/Vous continuerez à remplir vos devoirs P" avec fermeté, mais aussi avec la môme loyauté. » En respectant les populations, en sauvegardant les ^ propriétés, vous achèverez de confondre l'adversaire et de vous élever dans l'estime de nos alliés. > Officiers, Sous-officiers et Soldats, je compte que vous resterez dignes de la Belgique. js- ALBERT. » ie | Un message de M. Wilson ^ Le présidant développe los motifs do son es voyage en Europe. >it Le président Wilson a lu lundi au Congrès de Washington son adresse annuelle. 11 a ,n annoncé brièvement d'une manière officielle qu'il allait en Europe pour assister à la conférence de paix. Le président a déclaré qu'il comptait sur une oonclusion formelle de la é_ paix par traité pour le printemps prochain, is- M. Wilson propose de développer les tra-se vaux publics de toute sorte afin de donner à 0- ceux qui n'ont pas de métier l'occasion d'as-™ surer leur existence. Les terres non encore cultivées peuvent l'être pour venir en aide e_ aux hommes revenant des champs de ba-m taille. es Ayant abordé la question du tonnage, le président fit allusion aux besoins de la Bel-e- gique et du Nord de la France, disant que l'argent seul ne pouvait les aider. Même si £ ces pays . avaient l'argent et les matières premières nécessaires, ils ne pourraient en-6_ core reprendre leur place dans l'industrie internationale, puisque tant de maniifac-is tures et de machines ont été détruites et que ie tant de travailleurs sont morts. Leurs enar- 1- chés seront accaparés par d'autres si nous [n ne trouvons pas 1e moyen do les assister f.s d'une manière spéciale. J'espère que le Con- 1 grès sera prêt à leur accorder les facilités ' j* les plus étendues possibles. e- Si la guerre avait dû continuer, les dépenses, en 1919, auraient été au moins de huit milliards de dollars. Maintenant que la ït guerre est terminée,- ces dépenses peuvent ni être réduites à 6 milliards, quoique le trans-r- port et la démobilisation des troupes exigent it encore beaucoup de dépenses. !" Le président espère que 1e Congrès vou-J dra mettre à exécution le programme mari-time entamé avant l'entrée en guerre. ,s Interrompre ce programme serait une poli-é- tique imprudente, l'avenir du mondé étant if encore incertain. ;s En terminant, le président déclare qu'il e saisit l'occasion pour annoncer au Congrè^ son intention d'aller à Paris, /afin de partici-ciper aux eliscussions de la conférence de la Paix. « Les gouvernements alliés dit-il, ont accepté le programme que j'ai développé s devant le Congrès le 8 janvier 1918, comme base des négociations de paix. C'est pour a cette raison et pour manifester le désir de notre gouvernement de conclure une paix avantageuse à toutes les nations, intéressées, que ma présence à la conférence est désirable. Pour maintenir des relations entre a nous et pour vous informer le plus vite pos-•é sible de tout ce qui se passera au-delà de l'océan, je me suis assuré la eiisposition de it deux câbles. Jo compte pouvoir compter sur votre encoucouragement et votre appui. "e g Hos petites annonces paraissent B <e dans le XX" SIHCLB et le JOUH- P n ï NACi DE BRUX.SLLSS jjj Les Î5 Signes : ®. f fr*£&nc | e j> Chaque ligne supplémentaire é it ||! 44> centimes , L'art de nalre à sa propre canse j Le Laatsle Nieuws des 3-4 décembre publie le « programme minimum » des revendications flamandes telles que vient de les définir une réunion des principaux flamands (Vooraanstaande Vlamingen) de tous les partis. Ce programme est minimum parce qu'il est, paraît-il, indispensable. Le voici : « a) Flamandisation de l'enseignement pour 1e peuple flamand dans toutes les branches et à tous les degrés. 6) Flamandisdltion en Flandre de la Justice et de J toutes les administrations publiques. j c) Division de l'armée en unités flamandes et wal- i lonnes, avec respectivement, le Néerlandais et le Français comme langue pour l'exercice et le commande- 1 ment. j d) Instauration d'administrations centrales de façon j que les affaires qui intéressent la partie flamande du pays soient traitées directement en flamand et que (-celles qui intéressent la partie wallonne soient traitées ] directement en français. Voilà, au moins, qui s'appelle parler! 1 Ce beau programme, minimum parce qu'indispensable, consacre donc la division pure et simple do la Belgique telle que l'avaient conçue les Allemands et que voulaient la réaliser les activistes. Il n'y a pas à discuter, c'est bien cela. Il n'est plusques-. tion, en effet, dans ce programme d'égalité des langues, de liberté linguistique. C'est la flamandisation — l'exclusion du français — ( de toutes les parties flamandes du pays. ( C'est la constitution d'une Flandre fermée aux Wallons et d'une Wallonie fermée aux e Flamands. Particulièrement en ce qui concerne la division de l'armée, les flamingants malades, ( dont les cogitations ont produit ce syllabuS radical, reprennent à leur compte le projet ( que d'anciens de leurs acolytes tentèrent de ] réaliser au front. On sait le succès qu'eût ' leur entreprise. . | Dans ce moment où toutes les bonnes vo- ' lontés doivent être accueillies, où toutes les ' initiatives doivent être examinées avec im- t partialité et bonne foi, nous ne devons [ cependant pas perdre de vue que, seule, une t pensée d'union patriotique les rend dignes £ de la mutuelle confiance que nous nous [ devons. Le programme flamingant en ques- ; tion est une tentative do scission et de di vision et les termes dans lesquels ses auteurs 1 le définissent no font qu'accentuer le carac- £ tère. Nous avons toujours soutenu les revendi- c cations flamandes qui s'inspiraient du désir £ et du respect de la liberté. Le <• XXe siècle » ne changera rien â cette ligne de conduite. Quant aux prétendues revendications qui se- 1 râieht ceuvro dé"schisme national Ou de contrainte pour autrui, nous n'y prêterons pas j la main et, à l'occasion, nous les combat- , trons de tout notre pouvoir. ( Fort heureusement, le programme que ^ nous venons de signaler, s'il se recommande £ de la signature d'un membre de la Chambre, n'en est pas moins l'œuvre de personnalités inconnues et sans importance. Elles ont beau c prendre le titre de principaux Flamands ». Les populations flamandes ont clairement c montré qu'elles n'approuvaient pas toujours ceux qui prétendaient parler en leur nom. c 14 «►©-«. ii Le maréchal Foch ? et fil. Clemenceau à Londres le ié Le public leur a fait an accueil e enthousiaste ir Dimanche, le maréchal Foch, accompagné le de MM. Clémenceau, Orlando et Sonnino, x est arrivé à Londres. », Les visiteurs ont été reçus à leur descente i- de wagon par le duc de Connaught, repré- 'e sentant le roi d'Angleterre. >- MM. Lloyd George, lord Milner, Austin -e Chamberlain, les ambassadeurs de France et e d'Italie, sir Eric Geddes, l'amiral Rosslyn r Wemys, de nombreux autres hauts digni- i- taires de la, marine et de l'armée, tous les Vi membres du Conseil de l'arméo étaient pré- | sonts. 1 La foule, très compacte dans les rues, a | fait au glorieux chef eles armées alliées, un | accueil débordant d'enthousiasme. ( Le maréchal Foch et ses compagnons do f ' voyage ont fait, dans l'après-midi, au roi !j Georges V, une visito au Palais de Bue- i I lùngham. i CEUX DONT IL FAUT PARLER Le procès CaFdMSancq et consorts IV L'Interrogatoire de Philippe Eaucq M. Philippe Baucq, «35 ans, architecte, Belge, catholique, marié, père de deux enfants, demeurant 49, avenue de Roode-beke, à Schaerbeek, se présenta la tête haute, la voix sonore, le regard clair et assuré. Il ne s'était pas occupé que du rapatriement des soldats, mais également ! des deux autres principales entreprises i patriotiques des années terribles, la Libre Belgique et le Mot du Soldat, ainsi qu'on va le voir.: D. — Quelle est votre nationalité? R. — Belge et grand patriote. D. — C'est vous qui avez lancé la Libre Belgique? R. — Je ne l'ai pas lancée, mais je l'ai distribuée; j'en recevais de très nombreux exemplaires que je remettais à des sous-distributeurs.D. — Vous vous êtes occupé également du « Mot du Soldat s ? B. — Oui. D. —: Qu'est-ce que cc « Mot du Soldat »? / . R. — C'est une œuvre, entièrement gratuite, qui est née en Belgique. Elle avait pour but, d'une part, de permettre aux familles d'envoyer des nouvelles de leur santé à ceux des leurs présents au front, et d'en recevoir; d'autre part, d'éviter aux familles de nos soldats d'être exploitées par les porteurs de lettres clandestines, qui leur réclamaient souvent plusieurs francs par pli. On m'a dit qu'au début cela avait passé, auprès du gouvernement belge, pour une entreprise allemande. Le t Mot du Soldat ® était une entreprise purement humanitaire. D. — Saviez-vous qu'il est interdit de correspondre autrement que par la poste allemande? K. — Oui. D. — Quel était le mode 'de fonctionnement du « Mot du Soldat » ? R. — C'étaient de petites feuilles de papier, portant un entête imprimé et un numéro d'ordre; ces feuilles, guère plus grandes qu'une carte à jouer, ne devaient recevoir que les nouvelles personnelles aux soldats ou à leur famille. D. — Qu'avez-vous fait pour le c Mot du Soldat » ? B. — J'en ai reçu et j'en ai remis à ceiix qui m'en demandaient. D. —• Vous avez avoué avoir travaillé d'accord avec Mm° Bodart, avec le prince de Croy et avec M"° Thuliez pour aider des hommes à franchir la frontière? R. — Oui. J'avais pour mission d'indiquer les lieux de rendez-vous pour les départs.D. — Qu'entendez-vous par là? R. — J'entends que mà mission consistait à faire connaître à ceux qui désiraient partir, qu'ils pouvaient se trouver tel jour, à telle heure, en tel endroit et qu'ils y trouveraient des personnes quï les accompagneraient.D. — Vous connaissez Miss Cavell ? R. — Oui. D. — Vous avez agi dans 10 cas? R. — Pour fixer des rendez-vous, oui. D. — C'est vous qui procuriez des guides? R. — Non. D. — Vous avez avoué: <t En 10 occasions j'ai aidé aux voyages des hommes en assistant au départ des trams après avoir été averti par l'un ou l'autre de la présence des hommes à Bruxelles. R. — Je répète que j'ai indiqué les lieux de rendez-vous, lesquels étaient toujours voisins d'un point d'arrêt de tramway vici- MSSigtetLg lït kUIESUI nal. Une fois tout le monde réuni, je disais aux jeunes gens : «Voilà le tram sur lequel il faut prendre place. » Ils le faisaient et le tram partait avec l'équipe et un guide. Je ne connaissais pas les guides, mais je savais qu'il devait y en avoir un parmi les autres voyageurs du tramway et qu'il se ferait connaître aux intéressés en temps et lieu. D. — Nous croyons que vous êtes l'organisateur principal? R. — Je proteste. Il n'y avait pas d'organisateur principal. Dn jeune homme du nom de Bayer, que vous avez arrêté pour avoir tenté de passer la frontière, a affirmé qu'il ne m'avait même pas vu avant son départ. D. — Pourquoi vous désignaiï-on sous le nom de a Fromage d ? R. — Il était inutile de faire œnnaître mon nom véritable à tout venant; ce sont les personnes travaillant avec moi qui m'ont donné ce sobriquet. D. — Vous avez dit un jour à M"° Tiïu-liez que vous saviez que telles et telles personnes avaient réussi à passer la frontière, grâce à votre intermédiaire? R. — C'est bien possible; je Savais, en effet, par ceux qui s'occupaient des guides, que telle équipe avait passé, quand les guides étaient revenus de la frontière. D. :— Pourquoi avez-vous agi? R. —- (Avec énergie). Parce que j'aimè mon pays et que je lui suis tout dévoué. D. — Avez-vous agi ainsi pour causer un désavantage à l'armée allemande? R. — Je viens de vous dire que j'ai agi parce que j'aime mon pays. Je n'ai pas besoin, je pense, d'ajouter, que je n'ai jamais eu en vue une .question d'argent. M. Louis Séverin, « 52 ans, pha-rmà. cien-droguiste, établi 9, place Saint-Jean, demeurant avenue du Longchamps, à Uc-cle », complétait dignement, avec Miss Cavell et Philippe Baucq une trinité du patriotisme dans son sens le plus noble et le plus élevé. Il déposa avec la plus grande clarté et une maîtrise parfaite. Ecoutons-le : B. — Continuez-vous à avouer : « J'ai donné assistance à 6 ou 7 soldats anglais, 4 soldats français, 20 à 25 Français et Belges aptes au service militaire et je les ai cachés chez moi jusqu'à cé qu'il se présentât une occasion favorable pour les faire partir. Ces personnes m'ont été amenées par Gille et venaient de chez Miss Cavell. J'ai donné de 20 à 30 francs par homme pour les guides. » R. ■— Oui, mais je tiens à expliquer ' comment j'ai été amené à m'occuper de cette affaire. On est venu me demander d'abord df, loger deux soldats anglais, puis 5 ou 6 autres, puis des soldats français venant de chez Miss Cavell. J'ai accepté, mais comme le séjour de ces soldats se prolongeait beaucoup plus que je ne l'aurais cru, je suis allé trouver a ce propos Miss Cavell que je ne connaissais'pas personnellement auparavant. Miss Cavell m'a dit qu'il n'y ava,it malheureusement pas moyen de hâter davantage les départs, parce qu'il y avait trop peu de guides. C'était, en effet, un obstacle sérieux. J'ai alors songé à un de mes anciens employés, Louis Giîle, et je l'ai envoyé à Miss Cavell. Gille s'est occupé, pendant un certain temps, d'accompagner les hommes jusqu'à la frontière. B- — Vous avez donné de l'argent à Miss Cavell? R- — Pardon, j'en .ai prêté. Un jour, Miss Cavell avait chez elle treize Français qu'elle né pouvait faire partir faute d'argent pour leur voyage. Je lui ai offert de lui en avancer pour quelques jours, afin FEUILLETON DU XX0 SIECLE 1 ' du 5 décembre 1918 JMirna! d'an fonrnsHslo BRUXELLES SOUS la. botte allemande (De la déclaration de guerre de la Roumanie à la délivrance.) PAR Cliaries TYTG4T Ceci est moins un livre qu'une simple reprodue-'duction de notes, prises au jo-ir le jour, pour tromper ma cervelle oisive, et lui donner l'illusion de fournir un ejjort utile, pendant 1rs lentes heures vides où le plus élémentaire devoir de patriotisme condamnait à l'inaction les journalistes dignes du nom de Belges. Qu'on ne s'attende point à trouver dans ces pages un historique complet des événements qui ont marqué l'occupation allemande à Bruxelles. Qu'on n'y cherche pas davantage une savante compilation de documents officiels. On n'y rencontrera ni l'un ni l'autre. L'auteur a tout simplement voulu consigner dans ses notes quel-ques-tins des faits venus à sa connaissance et se faire l'écho, aussi fidèle que possible, des senti- i ments provoqués par ces faits dans son entourage. Son ambition n'est point allée au, delà. Mais cer- - tains de ces faits sont tellement caractéristiques, que peut-être le lecteur lui saura gré de ne pas les avoir laissé tomber à tout jamais dans l'oubli. Un mot encore: Plus d'un, peut-être, en parcourant ces pages se dira: « Tiens ! J'ai déjà lu ça i quelque part! » Inutile, dans ce cas, lecteur, de ® tracasser votre mémoire, tarabuster votre entendement, bouleverser votre cerveau et donner la migraine à votre imagination. Certains des récits dont on va prendre connaissance ont, en effet, paru pendant la guerre dans un journal prohibé a La Revue de la presse », dont l'auteur avait l'honneur d'être le collaborateur régulier sous le pseudonyme de Tom. 28 août 1916. Les Bruxellois ont le sourire et, cette fois, contrairement à leur coutume, ce n'est ni une nou-velle fausse ni une nouvelle d'importance relative - qui leur met le cœur en joie. e Ce matin, vers 8 heures, comme tous les matins, s j'avais jeté un coup d'œil sur la Gazette de Colo-e gne. Bçux grosses informations « L'Italie a dé-u claré la guerre à l'Allemagne. —1 Le Roi de Rou- - manie a convoqué un conseil de la Couronne qui - s'est réuni hier à 5 heures du soir ci dou e de la paix ou de la guerre. e Et l'on attend. i Pas longtemps. t Vers 10 heures, la décision de la Roumanie était - ctfnnue, dans les grandes banques d'abord, puis, s tout de suite, partout. A midi, tout le monde savait, tout le monde était sûr de « son » informa tion, mais tout le monde doutait encore et tout le • monde attendait avec impatience l'heure de sortie , de presse de l'un quelconque des torchons qui pa-! raissent ici en usurpant le kom df 'ôurnal belpe. Ma foi, j'ai fait comme « tout le monde ». A peine mon déjeuner expédié, j'ai repris le tram et suis reparti pour la ville. En route, Emile Housiaux, du « Peuple » me joint : \ — Ça y est-il? — Pas que je sache. Pour être fixé officiellement il faut un journal... Porte Louise un camelot passe en criant : t Le Bruxellois ». Un voyageur, plus prompt que moi, achète le numéro. — Ça m'évite de débourser un sou pour cette ordure — y jette un coup d'œil, puis, tout haut : — Ça y est L La Roumanie a déclaré la guerre à l'Autriche-Eongrie. Les voyageurs de la plate-forme se passent le journal; ceux de l'intérieur se lèvent; on se communique la bonne nouvelle, on se félicite, on rit. Un boche, perdu dans cette animation, fait une tête de Vendredi Saint; on ne s'inquiète pas plus de lui dans la joie du moment, qu'on ne s'est inquiété de ses congénères dans les jours de tristesse. La partie de la l'avenue de la Toison d'Or i comprise entre la Porte de Namur et la Porte Louise est curieuse à observer : tout le n-onde a un journal; on l'a arraché des mains des camelots et aussitôt des groupes se sont formés. Je descends de voiture et poursuis à pied; dans les groupes, au passage, je saisis des phrases brèves : v— Je ne m'y attendais pas aussi tôt. — Ça va' rudement activer les choses ! — Nous it en » serons débarassés avant l'hiver... — Les Boches doivent faire une tête ! Cette dernière réflexion n'était qu'à moitié juste. Dans la rue, oui, beaucoup d'officiers allemands, blessés dans leur orgueil, ont une mine "'us renfrognée encore que de coutume. A la Koir ■ mandantur au contraire, me dit un Belge que ses devoirs appellent chaque jour dans ce peu agréable séjour, des officiers disent ouvertement : — Dans deux mois la guerre sera finie. Et ils se frottent les mains. Chose remarquable : Dans la joie d'aujourd'hui comme dans les douleurs d'hier, le Bruxellois est demeuré extérieurement fort calme. Il lui a fallu se tenir à quatre, mais n'importe. Il sait qu'il doit rester calme. Trois fois, ce soir, j'ai croisé des groupes au moment où ils sortaient, parlant haut, d'un cabaret; et chaque fois il s'est trouvé quelqu'un pour dire; « Ne crions pas; ce serait trop bête de donner aux Boches le plaisir de nous arrêter en ce jour-ci. » En rentrant, je passe devant chez Potin au boulevard Anspach. L'arrière magasin est brillamment éclairé et l'on y chante la « Marseillaise » à pleins poumons. Les promeneurs s'arrêtent; il y a tout de suite un petit groupe qui écoute tête découverte. Cela ne dure pas depuis une demi minute qu'un monsieur traverse le boulevard, se découvre enfin, puis dit à la cantonade : — Est-ce que par hasard vous n l'entendez trop souvent, vous autres, que vous vouliez attirer les Boches en demeurant groupés ici et faire arrêter ceux qui a la » chantent? On se disperse à l'instant; le mot d'ordre est répète aux nouveaux venus et c'est ainsi que les trois couplets de la a Marseillaise t purent être chantés ce soir à moins de cent mètres du poste de police allemande de la Bourse. 29 août. La soirée d'hier s'est achevée dans le ce!me. — Monsieur, me dit ce matin dans le tram un voyageur que je ne connais pas de vue et auquel je n'ai jamais encore adressé la parole, Monsieur vous ne pourriez croire combien un chauve peut avoir mal aux cheveux. Et il découvre uie bille de billard parfaite. — °"i'. MJonsieur> j'ai mal aux cheveux. Nous avons fêté hier, quelques amis et moi, la déclaration de guerre de la Roumanie. Il nous est défendu d'arborer notre drapeau, il nous est interdit de chanter la i Brabançonne ». U nous faut cependant extérioriser notre joie. Nous l'avons fait en buvant au Roi et au pays. L Allemagne a envoyé une déclaration de guerre à la Roumanie. Grand bien lui fasse. Lu, ce matin, les principaux journaux allemands. Ils sont furieux et accablent la Roumanie de grossières injures. Cela se comprend : il n'y a pas deux fois 48 heures ils vannaient la sagesse du gouvernement roumain qui, disaient-ils, no no déciderait à sortir de sa neutralité que lorsqu'il serait devenu clair quel était le groupe de belligérants qui l'emporterait. Us doivent être- fixés (A covlinver.)

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Cet article est une édition du titre Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique appartenant à la catégorie Katholieke pers, parue à Bruxelles du 1895 au 1940.

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