Cahiers documentaires: la guerre de 1914-1915-1916: recueil méthodique de documents sur la guerre européenne rassemblés et publiés avec le concours du bureau documentaire Belge

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On trouve par douzaines, dans la capitale, da bons provinciaux qui partait de «nez eux aux environs 4e minuit et se servent alternativement du tram et de leurs pieds — maigré que l'express s'arrête devant leur-porte — pour arriver le miidji exténués à leur destination : Bruxel.es. » il y a peu de cihose à objecter à l'inoffensif culte du roi ALBERT, expose uaiis toutes les vitrines ou cloué à tous les murs, aussi longtemps que la population ne gâtera pas les choses avec tes gardiens de l'ordre et, ceci, elle ne te fait pais. » L'heure prescrite par- la. police est également observée, et celui qui se mête à la foule est surpris die constater combien le Belge sait avoir des manières, même dans ces temps de guerre. Jamais on n'enlendra, dans le tram, au caié ou dams un endroit public, la moindre injure. De ce qui agite, à tout instant, tous tes cœurs et préoccupe tous les esprits, — 011 n'en pairie pas et nous assistons à cette étrange comédie que les conversations portant sur la guerre sont tout simplement écartées (1). » Mais celtuii qui se sent chez toi à Bruxelles, qui ouvre les oreiKes ou quii a la ohanioe de mettre la main sur uin Bruxellois loquace^ genre « Reulemians » (cette figure bien connue de la comédie locale) sera bientôt édifié sur l'état dfesiprit q-uii prévaut chez les Bruxellois. Même par ces temps extrêmement diuns, ce peuple n'a pas oublié son latent de s'égayer de ses propres ridicules et lia « zwanze » continue à fleurir. Un de ces jours, toute la population civile devait être rentrée à 8 heures chez elle, comme punition pour urne indiscipline quelconque. Quelques jours après, des tas de cartes postales parurent portant comme en-tête « huit heures moins cinq » et représentant de longues files de personnes rentrant cli elles à toutes jambes et se tordant de rire au rare spectacle qui leur était ainsi offert. Comme si la guerre n'existait qiue pour permettre de créer toutes sortes de blagues qiud vous font mourir de rire. Les Bruxellois parviennent, sans aucune peine et sans se créer le moindre ennui avec la censure, à écrire et à représenter des revues actuelles. Et l'on s étonne de constater combien de côtés comiques on' a su découvrir dans la guerre (i .... Même en ce moment, il semble, -en effet, ne pas exister pour un Bruxellois de domaine de la vie intelteetuelliei qu'il puisse fermer définitivement à son humour instinctif et au ridicule. Jetons un coup d'œil sur un c journal » portant le titre : La Libre Belgique, paraissant ici clandestinement et dont on n'est pas encore parvenu à découvrir les auteurs.] C'est um pamphlet périodique fait d'après des exemples fameux et contenant une explosion de fureur, de sarcasmes et de trivialités : d'un côté, un tableau de Wiertz représentant « Napoléon en enfer » avec les traits de l'Empereur allemand ; de l'autre, les strophes haineuses d'un Lissauer avec,'.comme refrain : « L'Allemagne », etc. Et remarquez bcen, au milieu de cette prose destinée à proclamer le caractère sérieux et des plus sacrés de la cause qu'ils défendent, on trouve des blagues dans le genre de celles dès journaux amusants ridiculisant leur propre travail » « ...:. On a l'impression que l'on vit ici, au jour le jour, comme des rois, sfjns se faire le moindre souci. On est opt imiste dans ce Bruxelles occupé. La ( anvictionfqu© les Àngla's prendront, un beau jour, Z -rb ugge, qu'ils délivreront la capitale et chasseront tes troupes aUemâ.rtd#»s jusqu'au-dessus du, Rhin, se trouve si profondément enracinée ici que nous pou/rrioms conquérir 1e monde entier et que nous serions quand même impuissants d>'y modifier quoi que ce soit. Les Bruxellois ont hérité des orateurs dles Alliés te taleht de changer nos victoires en défaites H de reconnaître d'ans la rapidité de nos avances un symptôme de faiblesse intérieure. Eh bien, ils ne'veulent donc pas comprendre que nous sommes et qine'nous resterons les vainqueurs — c'est parfait ! Que te temps leur fasse l'opération de la cataracte ! » fi) Note ilù B. D. B.— Ce silence que le correspondant trouve si étrange est dû tout simplement à la méfiance très avisée de la population envers les espions allemands qui puJîutent.

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