La Belgique: journal publié pendant l'occupation sous la censure ennemie

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s.n. 1918, 12 August. La Belgique: journal publié pendant l'occupation sous la censure ennemie. Konsultiert 25 April 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/kp7tm73f6q/
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LA BELGIQUE PRIX DES ABONNEMENTS S 1 mois (Septembre), fr. 3.SO* Les demandes d'abonnement sont reçues exolusu-cernent jtar les bureaux et les racteurs des postes. — Les réclamations concernant les abonnements doivent itre adressées exclusivement auso bureaux de poste• ADMINISTRATION ET REDACTION 4lonta0ne-aux-Horbcs-Potagèros, 31, Bruxelles PRIX DES ANNONCES : Pet. annonces, la ligne, ir. t.00. — Réclame*avait les ann., la lig., fr. 2.59. — Corps du journal, h, lig., tr. 7.BÛ. — Faits divers, la lig., Ir. ô.OOt —Nécrologie, la lié-• ^ 3.60.— Coin des Eleveur^ annonces notariales, avis de sociétés (assemblée\ paiement de coupons, tirages),!* lig., fr. 2.00. Bureaux do 9 à 17 heures Bireciian ei Administration : ggjg {ffc'f i? • JQS.' IÏJORESSÉE, DIRECTEUR fr r-» ni ' mi i n i i il iHiiiiiMi ni — Aujourd'hui : 'DEUX pages. I LA GUERRE 3ft470° jour de guerre II semble que les Alliés cherchent à faire »ntrer les opérations dans une phase décisive, àn tout cas, ils jettent des masses de plus en plus compactes dans la bataille qui sévit depuis quatre jours à l'est d'Amiens et qui s'étend maintenant depuis l'Ancre jusqu'à i'Oise. Sur les deux rives de la Somme, entre la route d'Albert à Bapaume et celle de Villers-Bretonneux à Foucaucourt, les nouvelles attaques des Anglais n'ont plus modifié la situation. Plus au sud. on s'est aussi battu quasi sur place sur la ligne Rainecourt-Lihons, de même qu'à l'est de Rozières et des deux côtés de la route d'Amiens à Roye, à l'est d'Arvillers. En revanche, la ligne de bataille a subi une modification profonde entre l'est de Montdidier — dont nous avons annoncé l'évacuation — et le bassin de l'Oise. Cédant à la pression des Français et renouvelant la tactique prudente qui les a tirés d'affaire entre Soissons et Reims, les Allemands, qui n'engagent plus dans le combat que des arrière-gardes, se sont repliés vers la ligne* Roye-Lassigny-sud-ouest de Noyon, reculant d'une dizaine de kilomètres. Logiquement, on peut supposer qu'ils cherchent à ternir approximativement la ligne Bray-Chaulnes-Roye-jLassiguy, qui raccourcit déjà considérablement leur front. Mais, dans l'état actuel des choses, il est téméraire d'aventurer des pronostics : le temps de la « défense rigide », que nous avons connu pendant trois ans et demi lur le front Ouest, est définitivement passé pour l'un comme pour l'autre des partis belligérants.Ce qui se passe entre le littoral et le secteur d'Arras, où le front commence auss.i à faire preuve d'élasticité, en est une preuve de plus, principalement dans le bassin de la Lys, les Allemands procèdent à des rectifications de leurs lignes dans le but manifeste de parer aux attaques que fait prévoir la grande activité des troupes anglaises de reoonr.aisance. Visiblement, on se rapproche chaque jour davantage, en France, de la guerre de manœuvres, qui entraînerait de continuels mouvements de va-et-vient en attendant qu elle déchaîne une grande et peut-être décisive ba- inilln LES OPÉRATIONS A L'OUEST Rotterdam, 9 août : On mande de Londres au Nleuwe Rolter-damsche Courant : — L'opinion publioue so montre très satisfaite que la nouvelle offensive des Alliés se fasse sous les ordres du maréchal Haig, qui commande aussi bien les troupes françaises que les troupes britanniques.» ; Le collaborateur militaire du Times écrit que les Alliés n'ont pas l'intention de percer;; le front allemand. Le maréchal Foch a sur-' tout pour but de conserver l'initiative. .** Paris, 9 août : Tous les journaux s'occupent du bombardement de Paris, qui est devenu beaucoup plus violent. Le «Petit Parisien» fait remarquer que le bombardement est exécuté par un grand nombre de canons. M. Poincaré a rendu visite aux blessés.Le nombre des victimes est très élevé, notamment lundi. Les événements de Russie Vienne, 10 août : D'après le journal Nasch Wjek, le mouvement antimaximaliste fait tache d'huile en Russie. Dans le gouvernement de Wjatka, le Soviet bolcheviste a été renversé et recaplacé par un gouvernement socialiste révolutionnaire et menchéviste. Dans le gouvernement d'Ufa, la destitution du Soviet inaximaliste a été décidée. La révolution règne dans le gouvernement de Tver. Le chef bolcheviste 01-chinski a été assassiné en pleine rue à Kazan. Dans le gouvernement de Saratof, trente-deux localités se sont déclarées contre les bolche-vistes. Dans les gouvernements de Riazan et de Novgorod, les chefs bolchevistes ont été passés au fil de l'épée. *** Moscou, 11 août : Depuis quelques jours, les voies publiques de Pétrograd et de Moscou sont surveillées avec une rigueur extrême.De fortes patrouilles d'infanterie et de cavalerie, commandées par des officiers, y circulent jour et nuit et arrêtent tous ceux qui ne sont pas munis d'un iaisser-passer délivré par le gouvernement des Soviets. En agissant ainsi, les maximalistes sont arrivés à s'emparer d'une foule d'éléments suspects. En outre, de larges mesures ont été prises pour réprimer un coup d'Etat éventuel. Des canons sont mis en batterie sur les places publiques et des mitrailleuses postées à tous les coins de rues. Moscou, 10 août : De l'Agence Télégraphique de Pétrograd : — Les Anglais ayant occupé des villes russes et fusillé des citoyens russes sans avoir déclaré la guerre à la Russie, des Anglais et des Français ont été pris comme otages. Les hommes Agés, les chefs d'une nombreuse famille et les ouvriers n'ont pas été arrêtés. *** Stockholm, 10 août : Depuis quelques jours, il n'y a plus de relations postales entre le Danemark et la Norvège, d'une part, et la Russie, de l'autre. Aujourd'hui, il en est de même entre la Suède et la Russie, les compagnies de navigation suédoises refusant de transporter les courriers en Russie. Amsterdam, 10 aoûf: * L'Agence Reuter mande de Washington que le consul des Etats-Unis à Moscou a informé le ^0UIiInemen^ améïicain qu'à la dernière assemblée des Soviets M. Lénine aurait déclaré que 1 état de guerre existe virtuellement entre ^vernement russe et l'Entente. M. Chichérine a. de son côté, répondu à une demande d'explications des consuls de l'Entente que les paroles de M. Lénine ne devaient pas être interprétées comme une déclaration de guerre, mais simplement comme une justification des mesures de défense exigées par la situation et que le gouvernement sera amené a prendre, comme les Soviets se sont trouvés flans le cas de le faire jadis à l'égard de l'Allemagne.Moscou, 10 août : Au meeting international de Moscou, un délégué des 1 chèques-Slovaques communistes a pris la parole. L'orateur a déclaré qu'à côté les Tchèques-Slovaques qui guerroient contre le gouvernement bolcheviste, il en est d'autres, /mbus de principes communistes, qui ne veulent rien avoir de commun avec les premiers, îeux-ci n'étant que des instruments dans les nains des émissaires du capitalisme. *•** Constantinople, 6 août (retardé en transmis-don) : Le journal grec Patris du 29 juillet écrit que J6s Anglais, se s alliés, auraient pu sauver le « Tsar, mais qu'ils n'ont rien fait pour éviter sa '• fin tragique, *** Berlin, 10 août : Le secrétaire d'Etat docteur Helfferich, venant de Moscou, est arrivé ici. Dans lès cercles politiques, on attache1 une grande importance à son voyage, qu'on croit en corrélation avec les événements de la côte dj Mourmane et de 5 Vladivostock. Avant son départ, M. Helfferich a eu avec des personnalités marquantes du gouverne-ô ment des Soviets une entrevue où des vues ont été échangées concernant les relations. 11 russo-allemandes. C'est de cet échange de vues 3; que M. Helfferich vient faire rapport au gou- li vernement. a »** Berlin, 10 août : a Vu le danger auquel seraient exposés les 3" membres de la légation allemande par suite de la tournure des événements à Moscou, où les a socialistes révolutionnaires viennent de lancer u un manifeste annonçant l'inauguration d'un 5» régime de terreur, le siège de la légation d'Al-x lemagne sera transféré de Moscou à Pskof. Ce 5t transfert évitera des incidents qui, dans les a circonstances actuelles et malgré la bonne vo-•e lonté des intéressés, seraient de nature à trou-i_ bler les rapports entre l'Empire et la République des Soviets. 2" - *** f * l~ ^Londres, 10 août : • s> i'De l'Agence Reuter: . -Si® _ Après avoir débarqué à Arkhangel, les ie Groupes alliées marchent de l'avant le long defl ^ ^ ligne ^du chemin de fer vers Vologda. » P" Helsingfors, 30 août : e" Tous les Finlandais internés en Russie e" ont été mis en liberté. Le Sénat a ordonné 13 le transfert à la frontière de tous les Russes internés en Finlande. ie * * * " Pétrograd, 10 août : . Au Congrès des Soviets des districts du nord, M. Trotzki a prononcé un discours et exposé la situation. _ — L'insurrection des Tchèques-Slovaques, e a-t-il dit, n'est pas une manifestation de race, s' mais une conspiration ourdie par les impéria-js listes français et anglais contre le gouverne-'e ment des Soviets. Nous en avons La preuve ,r dans le débarquement de troupes anglaises et françaises à la côte de Mourmane. Nos gardes e- rouges, surévaluant l'importance du mouve-,r ment tchèque-slovaque, nous avons décidé de leur envoyer nos meilleures troupes pour leur ■J" prêter main forte. Nous comptons pour cela sur le loyalisme des districts du nord. Je ne ^ doute nullement de la victoire, mais il nous faut la hâter si nous ne voulons pas exposer nos femmes, nos mères et nos soeurs à la famine. Je suis venu à vous pour jeter ce cri d'alarme. Que tous ceux qui sont en état de prendre les armes marchent vers l'est. I.a patrie est en grand danger. Nous jurons de la dé-r. fendre jusqu'à la dernière goutte de notre sang I » - s- **» se . Londres, 10 août : \ ui / Le général Graves a été nommé commab-es 'riant ijpj ffnnriéfi américaines opérant Ji| . «8® Les-frBtipefe T§pïïâises sont solaj •it| lesmires du général Kikuso Otani, qui, $.'tj srj sa qualité de doyen d'Sgé, prendra le corjy r-? mandement en chef des troupes alliées. L«sj troupes japonaises sont un peu plus noai-J breuses que les troupes américaines. *** i"- Varsovie, 10 août : P Une information de source officielle an-nonce que,sur la demande des seigneurs po-ir lonais, le gouvernement allemand a lait connaître son agrément au sujet du voyage -e que le directeur du département d'Etat po-i- lonais, prince Radziwil, se propose d'entreprendre à Berlin pour y discuter les questions pendantes. Le prince Radziwil partira aujourd'hui pour Berlin et son absence du- 1 rera environ une semaine. Kief, 10 août : Le ministre des affaires étrangères Dore--• chenko a rendu visite au général-colonel von n Kirchback et lui a exprimé l'espoir de lui voir Ç suivre les traces de son prédécesseur en vue du é relèvement économique de l'Oultraine. Le comte von Kirchbach a répondu que le gou-[t vernement oukrainien pouvait se fier entiêre-a ment à ses sentiments d'amitié pour l'Ou-'■ kraine. **# - Berlin, 10 août : x L'enquête menée au sujet de l'attentat contre le feld-maréchal von Eichhorn touche à sa fin. Le meurtrier Donskoi s'en tient à ses pre-é mières déclarations. 11 prétend que les instigateurs du meurtre doivent être recherchés dans les rangs des socialistes révolutionnaires stipendiés par l'Entente. s Plusieurs personnalités qui sont venues de s Moscou à Kief en même temps que l'auteur de - l'attentat et qui sont soupçonnées de compli- - cité ont été arrêtés. t Donskoi ne s'est guère montré à Kief, les s instigateurs du meurtre l'ayant systématique- 2 mont tenu à l'écart en vue de l'accomplisse-t ment de son crime. 1 Kief, 10 août : v Les délégués russes à la Conférence de la - paix russo-oukrainienne ont demandé la li- - vraison de 2 millions de pouds de céréales pa- 3 niflables, 2 millions de pouds de sucre, 1 million de pouds de viande, à fournir dans le courant du mois d'août en échange d'étoffes, de fil, de thé, de café, de naphte et d'huile à graisser. Si cette offre n'était pàs acceptée, la délégation russe demanderait de transférer à Moscou le siège de la Conférence de la paix et de la Commission des échanges de produits. * * * Kief, 10 août : Les journaux annoncent qu'une délibération très importante a eu lieu hier entre le gouvernement oukrainien et le chef de la délégation du gouvernement du Don, délibération qui pourrait amener des résultats favorables pour ;; ie3 deux partis. L'objet de la délibération est | tenu provisoirement secret. EN AMÉRIQUE Cologne, 10 août: D'après une communication officielle, les dépenses de guerre des Etats-Unis atteignent déjà actuellement 50 millions de dollars par jour. On leur prête, d'autre part, l'intention de construire en France une fabrique de canons pour laquelle un crédit de 30 millions de dollars serait demandé et qui, dans l'esprit des promoteurs, dépasserait en importance les usines Krupp, à Essen. La Gazette de Cologne fait remarquer à ce sujet qu'il ne faut pas être grand expert en la matière pour savoir que les usines Krupp dépassent de loin la, valeur de 30 millions de dollars et que ce n'est pas en pleine guerre qu'on peut songer à faire concurrence à des établissements de cette importance. *** Amsterdam, 9 août D'après les journaux de Washington, le gouvernement des Etats-Unis a commis-sionné le nouveau ministre d'Amérique en Hollande, M. John Garrat, en qualité de chef de la délégation américaine pour l'échange des prisonniens. EM JTALIE Rome, 10 août : M. Franklin Roosevelt, sous-secrétaire d'Etat de la marine américaine, est arrivé à Rome. LE FEU ve. C'est le litre d'un livre de M. Henri Barbusse, ,]es écrit par lui dans les tranchées où il faisait nce son service en qualité de simple soldat. Le U-vec rage en a dépassé 200,000 exemplaires, ce Qui indique la curiosité qu'en a soulevée l'apparition. Wous en reproduisons l'extrait suivant, vec qui décrit la relève d'un bataillon dont une ,ne_ compagnie, la dix-huitième, a été parliculiè-ues rement eprouvôe : La dix-septième, la dix-neuvième et la ® vingtième arrivent successivement et [arment les faisceaux. ■ — Voilà la dix-huitième I Elle vient après toutes les autres : tenant les la première tranchée, elle a été relevée en de dernier. Le jous s'est un peu levé et blêmit les p"'' choses. On distingue, descendant le chem:.i, ,seul en avant de ses hommes, le capitaine Ce de la compagnie. 11 marche difficilement; en j s'aidant d'une canne, à cause de son an-v0 cienne blessure de la Marne, que les rhu-ou. rnati.sines ressuscitent, et aussi d'une autre pu_ douleur. Encapuchonné, il baisse la tête : il a l'air de suivre un enterrement ; on voit qu'il pense, et qu'il en suit un, en effet. Voilà la compagnie. . Elle débouche très en désordre. Un ser-lèjMrement de cœur nous-prend tout de suite. d^Elle est visiblement plus courte que les f trois autres, dans le défilé du bataillon. Je gagne la route et vais au-devant des isje hommes de la dix-huitième qui dévalent.Les jni4 uniformes de ces rescapés sont unilormé-ses mont jaunis par la. terre : on dirait qu'ils sont habillés de kaki. Le drap est tout raidi par la boue ocreuse qui a séché dessus. Les pans des capoles sont comme des bouts de ir(ji planche qui ballottent sur l'écorce jaune re-0Sé couvrant les genoux. Les tûtes sont hâves, charbonneuses, les yeux grandis et fié-Jes, vreux. La poussière et la saleté ajoutent des lCe, rides aux ligures. ria- Au milieu de ces soldats qui reviennent ■ne- des bas-fonds épouvantables, c'est un va-uve carme assourdissant. Ils parlent tous à la 5 et fois très lort, en gesticulant, rient et clian-des tent. fit l'on croirait, à les voir, que c'est 'Ve- une foule en fête qui se répand sur la de route. •efa Voici la deuxième section, avec son gran<k ' ne sous-lieutenant dont la capote est serrée ell ous sanglée autour du corps raidi conwne uiS lser parapluie roulé. Je joue des coudes tout en fa. suivant la marche, jusqu'à l'escouade de cri Marchai, la plus éprouvée : sur onze cornue pagnons qu'ils étaient et qui ne s'étaient pa_ jamais quittés depuis un an et demi, il ne dé- leste que trois hommes avec le caporal jtre Marchai. Celui-ci me voit ; il a une exclamation joyeuse, un sourire épanoui. Il lâche sa v bretelle de 'fusil et me tend les mains, à ah- l'une desquelles pend sa canne des tran-chées.0|3J — Eh I vieux frère, ça va toujours î Qu'est-ce que tu deviens ? ?'îjl Je détourne la tète et, presque à voix basse : "* — Alors, mon pauvre vieux, ça s'est mal passé ?... U s'assombrit subitement, prend un air grave. an" — Eh I oui, mon pauv' vieux, que veux-,po- tu? Ça a été affreux, cette fois-ci... Barbier ■alt a .été tué... aSe ' — On le disait... Barbier. P°" — D'est samedi, à onze heures du soir. tre" Il avait le dessus du dos enlevé par l'obus, [?s" ait Marcel, et comme coupé par un ra--îra s(,ir_ a eu un morceau d'obis qui lui au" a tra\ersé le ventre et l'estomac. Barthélémy et Daubez ont été atteints à 'a tête et au cou. On a passé la nuit à cavaler au galop dans la tranchée, d'un sens à l'autre, "en pour éviter les rafales.Le petit Godefroid,tu -oir 'e connais ' le milieu du corps emporté : il d s'est vidé de sang sur place en un instant, Le comme un baquet qu'on renverse. Petit ou_ comme il était, c'était extraordinaire tout îre. le sang qu'il avait : il a fait un ruisseau qu_ d'au moins cinquante mètres dans la tranchée. Gougnard a eu les jambes hachées par des eci«ts. On l'a ramassé uas tout à lait mort. Ça c'était au poste d'écoute. Moi, ltre j'y étais de garde avec eux. Mais quand c't sa obus est tombé, j'étais allé dans la tran-,re. chée demander l'heure. J'ai retrouvé mon ga- tusil que j'avais laissé à ma place plié en ms deux comme avec une main, le canon en sti- tire-bouchon et la moitié du fût en sciure. Ça sentait le sang frais à vous soulever le de coeur. de — Et Mondain, lui aussi, n'est-ce pas ? pli- — Lui, c'était le lendemain matin — par conséquent — dans la guitoune qu'une les marmite a fait s'écrouler. Il était couché et ue- sa poitrine a été défoncée. T'a-t-on parlé ise- de Franco, qui était à côté de Mondain ? L'éboulement lui a cassé la colonne vertébrale ; il a parlé, après qu'on l'a eu dégagé et assis par terre ; il a dit, en penchant la 1? tête sur le côté: «Je vais mourir», et il li_ est mort. Il y avait aussi Vigile avec eux. p.®" Lui, son corps n'avait rien, mais sa tête 11 s'est tronvée complètement aplatie, aplatie , le comme une galette et énorme: large comme jes' ça... A le voir étendu sur le sol, noir et changé de forme, on aurait dit que c'était , ? son ombre, l'ombre qu'on a quelquefois : par terre quand on marche, la nuit,au falot. — Vigile, qui était de la classe 13 1 Un entant ! Et Mondain, et Franco, si bons types, malgré leurs galons!... Des chics on vieux amis en moins, mon vieux Marchai. er. Mais il est accaparé par une horde de ses on camarades qui l'interpellent et le houspil-JUj lent. Il se débat, répond à leurs sarcasmes, ,ur et tous se bousculent en riant. est Mon regard va de face en face : elles sont gaies et à travers les crispations dë la fatigue et le noir de la terre, elles apparaissent triomphantes. Quoi donc ! S'ils avaient pu, pendant-leur séjour en première ligne, boire du vin, je 'dirais : «Ils sont tous ivres ». J'avise un des rescapés qui chantonne en les cadençant le pas d'un air dégagé, comme :nt les hussards de la chanson : c'est Vander->ar born, le tambour. °n — Eh i tien, quoi, Vanderborn, comme tu as l'air content ! Vanderborn, qui est calme d'ordinaire, rlt me crie : cs — C'est pas encore pour cette fois, tu vois : me v là ! î® Et avec un grand geste de fou, il m'en-voie une bourrade sur l'épaule. Je comprends... ,re Si ces hommes sont heureux malgré tout |es au sortir de l'enfer, c'est que, justement, ils en sortent. Ils reviennent, ils sont sauvés. Une fois de plus la mort, qui était là, les a épargnés. Le tour de service fait que ]e chaque compagnie est en avant toutes les ;3_ six semaines. Les soldats de la guerre ont, en pour les grandes et les petites choses, une de philosophie d'enfant : ils ne regardent ja-•(5. mats loin, ni autour d'eux, ni devant eux. IU pensent à peu près au jour le jour. Aujourd'hui, chacun de ceux-là est sûr de vivre encore un bout de temps. C'est pourquoi, malgré la fatigue qui des écrase et la bouéherie toute fraîche dont ils sont éclaboussés encore, et leurs frères arrachés tout autour de chacun d'eux, malgré re tout, malgré eux, ils sont dans la fête de vé survivre. Ils jouissent de la gloire infinie ^d'être debout. COMMUNIQUÉS OFFICIELS Communiqués des Puissances Centrales Berlin, 11 août. — Officiel de ce midi Théâtre de la guerre à l'Ouest. Armées du feld-maréchal prince héritier Rupprecht de Bavière : Entre l'Yser et l'Ancre, les opérations, qui étaient .devenues plus actives, se ^ ,nt ralenties dans la journée ; le soir, elles ce sont ranimées sur de nombreux points. Nous avons repoussé de fortes altaques exécutées par l'ennemi des deux côtés Ce la Lys. Survie front de bataille, l'ennemi a étendu ses "aitaques^lusqu'à l'Oise. Entre l'Ancre et la Somme, *££sassaiïTs se sont écroulés devant nos lignes. Immédiatement au sud de la Somme, après l'échec qu'elle a subi le 9 août, l'infanterie ennemie est restée inactive. De fortes attaques partielles prononcées par nos adversaires près de Raine-court et contre Lihons ont échoué sous notre feu et sous nos contre-attaques. Les attaques ennemies d'hier étaient surtout dirigées contre le secteur de notre front compris pp.tre Lihons et l'Ardre. A Uest de Rozières et aes~"(îeïïx' c'fftSs "de la rouTS -d^TïïTeîïTT'ïWy'e, nous avons repoussé les attaques successives de l'ennemi. Une fois de plus, la force d'attaque inébranlable de notre infanterie s'est pleinement affirmée dans cette bataille de manœuvres conUàjLàS t'qi-cqçi. ...ennemies,, supérieures _ et contre la mise êAvto# par masse des automobiles bljmfc.es. Sur aMMBreux points,J les as-sauis ennemis se sont écroulés, sous le feu de notre artillerie. Plus de ^o^lmïks gisent en pièces rien que devant lê' ferîfttFpftr une de nos divisions. Eiilr.e ilAyre et l'Oise, après une violente préparation d a"rtïïffeTfê; 'l'ennemi a déclan-ché une forte attaque contre notre ancienne position établie entre Montdidier et An-y^çuil ; il n'a pas réussi à atteindre notre nouvelle ligne de combat établie, ^on-me nous le signalions hier, à l'est de Montdidier. Nos arnère-gardes ont accueilli l'ennemi dans nos anciennes positions par un feu nourri et se sont ensuite repliées en » combattant au delà de la ligne Laboissière- FTàtri V'i 11 e r-R ic qtrcfrcrur g-ftîa f est. """* Tf6S''gMnd'e activité a^nenné au-dessus du champ de bataille. Nous avons encore descendu 23 avions et un ballon captif ennemi. Le lieutenant Kroli a remporté sa 33° victoire aérienne ; le lieutenant Velt-jens ses 24° et 25e; le lieutenant Neuma'nn ses 21°, 22° et 23°, et le lieutenant Auffart sa 21°. Armées du prince héritier allemand : Sur la Vesle, nous avons repoussé des attaques prononcées par l'ennemi entre Fis-mes et Courlandon. En Champagne, à l'ouest de la route Soinme-Py-Souain, combats locauS, au cours desquels nous avons fait des prisonniers.*** Berlin, 10 août. — Officiel du soir : Extension de la bataille de l'Ancre à l'Oise. Des attaques ennemies ont échoué devant nos positions de combat. *** Berlin, 10 août. — Officiel : Dans l'ouest de la Manche et à la côte orientale de l'Angleterre, nos sous-marina ont encore coulé 15,000 tonnes brut, dont plusieurs navires dans des convois puissamment protégés. *** Constantinople, 9 août. — Officiel : Sur le front en Palestine, nous avons repoussé un important détachement de recorn naissance ennemi sur le chemin de 1er Laff-Tul-Kerm. Canonnades modérées et grande activité aérienne sur tout le front. Des révoltés qui s'étaient niché3 à l'arrière de celles de nos troupes qui se battent dans le Hedschas, ont été mis en fuite après un violent combat. Sur le front à l'est, au sud du lac d'Urmia, nous avons occupé Mijan-duab. Sur les autres fronts, la situation ne s'est pas modifiée. derlin, 10 août. — Officieux : C'est encore par des attaques de tanks que les Anglais et les Français ont commencé la deuxième journée de leur grande offensive entre l'Ancre et l'Avre, mais leurs escadrilles d'autos blindées, affaiblies par les pertes de la veille, n'ont plus développé la même force de poussée. Sous le feu de défense de nos batteries, dont les obus éclataient tout autour d'eux, les attaques des monstres blindés étaient hésitantes. Un grand nombre d'entre eux, atteints par nos projectiles, ont brûlé. D'autres ont rebroussé chemin. De son côté, l'artillerie d'accompagnement ne les suivait pas très bien, de telle sorte que l'attaque eut un répit, et ce n'est que dans l'après-midi que les Anglais l'ont reprise, çn mettant en ligne des troupes fraîches. Tout- le long du front, depuis Morlancourt jusqu'à l'Avre, dix-sept vagues d'assaut profondément échelonnées se sont lancées, îwécédées de fortes escadrilles d'autos blindées et survolées par un grand nombre d'escadrilles aériennes qui s'efforçaient d'ébranler nos rangs sous une grêle de ballesi de mitrailleuses. Notre infanterie ayant esquivé habilement les attaques, s'est lancée à son tour à l'assaut ; la bataille a eu des alternatives diverses et finalement les Anglais n'ont ré.ussi, malgré la mise en ligne de forces importantes, à faire aucun progrès des deux côtés de la Somme et de la grand'route romaine. Plus au sud, les Anglo-Français ont gagné du terrain sur la ligne Rozières-Arvillers. Ce secteur étant extrêmement défavorable à la défense, nous avons abandonné volontairement le champ de bataille s'étendant des deux côtés de la Somme, que malgré leurs attaques acharnées, les Anglais n'avaient pu atteindre. Plus nous nous retirons, plus le terrain devient favorable pour la défense, étant donné que nous arrivons là dans les lignes d'arrière de l'ancien système de défense français, tandis que l'ennemi est forcé de traverser les plaines nues et sans abri. *** Berlin, 10 août. — Officieux : Les hostilités ente l'Ancre et l'Avre prennent la tournure d'une grande opération. L'Entente y met en ligne de très fortes réserves et s'y efforce d'amener une décision. Elle ne se borne pas à envoyer sans relâche et sans compter des troupes fraîches sur le front primitif de bataille qui déjà s'est étendu et a englobé l'Avre vers le sud ; ses opérations, en outre, se font plus actives depuis TYser jusqu'à l'Ancre, où nous avons eu à repousser de nombreuses et fortes attaques partielles et l'artillerie a une recrudescence d'activité entre l'Oise et l'Aisne. Nous nous en tenons sur l'Avre et sur l'Ancre à la tactique qui a excellemment fait ses preuves entre la Marne et la Vesle. Nous avons évacué en temps utile les parties de terrain que nous jugeons ne pouvoir maintenir qu'au prix de sacrifices : de la sorte, l'ennemi se trouve forcé de combattre en restant toujours exposé au feu de nos canons et à la grêle de fer de nos mitrailleuses habilement dissimulées. Nous avons entre autres cédé devant la menace d'un mouvement tournant, la ville de Montdidier. Au nord et à l'est de la viUe, les vagues d'assaut françaises qui s'avançaient imprudemment se sont écroulées sous le feu de nos mitrailleuses. On se rend compte aujourd'hui du formidable avantage de la liberté de mouvement que la direction de notre armée s'est assurô grâce au grand gain territorial de l'of- Iss fensive du printemps. Loin qu'elle soit obligée au maintien rigide de certains points de son front, il lui est loisible de porter la bataille sur le terrain qu'elle estime fovorable à ses projets et d'emraî-ner l'ennemi sur un terrain qui lui est défavorable et où il ne peut se battre qu'en subissant ier de fortes pertes .La direction de l'armée allemande approche ainsi de la réalisation du but us, qu'elle a visé dès le début, consistant à épuiser -nt les forces de l'ennemi tout en épargnant les se siennes le plus possible. ts. îes la Communiqué des armées alliées ^ Paris, 10 août. — Officiel de 3 heures : Nos troupes opérant à la droite des troupes britanniques ont poursuivi leurs succès dans l la soirée d'hier et dans la nuit. Nous avons le /progressé à l'est d'Arvillers et conquis Dave-ac" [ n't&cours. Attaquant au sud de Montdidier, ^"J'notiS" avons jitteint Ayancourt et Le Frétoy. ne-J Nous avôhs pns"RÏÏÊescdurt et Assainviliers et )US1 atteint FavemlïêS^"*' hP* ' . Paris, 10 août. — Officiel de 11 heures : , Sur le iront de bataille de l'Avre, nos atta-ilh ques ont continué toute la journée avec un succès grandissant. Dès ce matin, Montdi.dier, . débordé par l'est et par le nord, est tombé en notre pouvoir. Poursuivant notre a'^ffïWfi vic-°e torieuse à la droite des forces britanniques, nous avons porté nos lignes, à 10 kilomètres à :v l'est de Montdidier, sur le l'ront Andechy-La la Éôis'êféf<^~escamps. D'autre part, "élargissant Jes encore notre action au sud-est, nous avons QS" attaqué les positions eïïïiemies à droite et â ^eu gauche de la route de Saint-Just-en-Chaussée ^nt a Roye, sur un front de plus de 20 kilomètres. A0Us avons''conquis Rollot, Orvillers-Sorel, |fessons-sur>MfiflW5nchy-les?Pots, La Neuville, nte#sur-Ressons, Eiincourt, réalisant en certains •La_® points Une avance: de 10 kilomètres .En trois me "jours de combats, nos groupes ont progressé-tie ^n- plus* de 20 kilomètres le long de la route tre d'Amiens à Raye. Le chiffre des prisonniers me que im^^yons faits dans le même temps dé-,di- passée8,000,'*' Parmi l'énorme matériel aban-en- donnépo r Ï'g^wbÛj^ious avons dénombré jus-un qu'à présjMft 200 canotts. en £er jtj Londres, 9 août. — Ôfflciel : w Dans la matinée, les armées alliées ont re->us ' nouvelé leur attaque sur tout le front de com->r€ bat au sud de lp, Somme; elles ont progressé 3n_ sur toute la ligne, quoique la résistance de l'ennemi soit devenue plus violente encore, pli-- Les troupes françaises, qui étendent leur front nn d'attaque vers le sud, se sont emparées du vil-art lage de Pierrepont et du bois situé au nord de cette localité. Au nord et au nord-est de Pierre-pont, les Français ont fait de rapides progrès at- dans le courant de la journée et avancé de 'j's- plus de 4 milles. Sur le front de la IVe armée britannique, ate aprè§ avoir conquis brillamment les lignes de au défense extérieures d'Amiens, les troupes cana-Dn- diennes et australiennes ont avancé jusqu'à une profondeur de 2 milles au milieu de combats acharnés. Avant la soirée, les troupes françaises et bri-k tanniques avaient atteint la • ligne générale )ué j^ierrepont-Arvillers - Rozières-Rainecourt-Mor-Icourt. La bataille continue encore sur cettef Au nord de la Somme, combats locaux. fLe nombre des prisonniers des Alliés atteint 17,000. En outre, ils ont pris de 200 à 300 ca-frëffè; y compris un canon de cliéniin de fer <?#-£ros calibre, ainsi que des mortiers de lis- tranchées et un grand nombre de mitrailleuses; enfin, il est tombé entre leurs mains une énorme quantité de matériel de guerre de tout genre, entre autres un train complet et des wagons. Hier, nos perteg ont été étonnamment lê-■er gères. et jmtwsn ^ JLa guerre navale ins un Copenhague, 9 août : ud Le schooner danois tSkjold», qui trans-m- portait du bois de mine de Norvège à Hull, ne a été coulé au large de la côte norvégienne. L'équipage a été sauvé. Le vapeur norvégien «Hundvaagû» a été coulé dans le golfe de Gascogne il avait déjà été gravement avarié par une torpille en les avril dernier. Réparé, le vapeur naviguait ®u" depuis pour compte de l'Angteerre. L'équi-We page a débarqué à Brest. DÉPÊCHES DIVERSES u Amsterdam, 10 août : L'Anti-Oorlog Raad met tout en œuvre pour amener le gouvernement néerlandais à offrir l ses bons offices aux belligérants en vue de la e conclusion de la paix. Le représentant de s l'Anti-Oorlog Raad, M. de Jong van 13eek, qui réside actuellement en Suisse, lait des efforts T pour amener la République helvétique à agir ° dans le même ordre d'idées, i- *** Stockholm, 10 août : i Le Svenska Morgenbladet, qui a des attaches étroites avec le gouvernement suédois, écrit : e — Il serait à souhaiter que le gouvernement suédois, d'accord avec d'autres Etats neu-ir très, offrît ses bons offices aux belligérants _ comme intermédiaire. Du reste, certains in-; dices permettent heureusement de croire que s le gouvernement examine à cet égard attenti-t vement la situation. De source bien informée, : on annonce que le gouvernement continue à j étudier dans quel sens pourrait se développer une action des neutres. Il semble que cette initiative soit en bonne voie et que des négociait tions préliminaires soient déjà engagées entre j des pays neutres. On ne peut que faire des vœux pour qu'elles aboutissent rapidement. » s **# e Vienne, 10 août : s L'aviateur italen qui s'était enfui après e avoir été forcé d'atterrir près de Vienne, a t été rattrapé. •** Londres, 10 août : On mande de Pékin à l'Agence Reuter : t — La France a protesté contre i'ouver-1 ture de relations diplomatiques entre la , Chine et le Vatican en se basant sur le ï traité franco-chinois de 1885 qui charge la , République française de la protection des 4 missions catholiques. La nomination d'un . nonce à Pékin est considérée, dans les mi-' lieux bien informés, comme une manœuvre i de l'amiral von Hintze, secrétaire d'Etat allemand, qui est catholique. *** s Berne, 10 août : L'Agence Hellénique apprend qu'à la suite t des nombreuses mutineries qui se sont pro- ' duites dans l'armée grecque, le comman- i' dant français de l'armée d'Orient et le chef , de la mission militaire française auprès de t l'état-major grec ont décidé de purger l'ar- > mée active et la réserve de tous les offl- - ciers anti-vénizélistes. En conséquence, tous t les gradés ont été priés de faire parvenir ! une déclaration écrite à leur chef de corps - au sujet de leurs opinions politiques et de - répéter solennellement cette déclaration en - présence des détachements sous leurs or- ■ dres. Le parjure est passible de la peine de ' mort. D'autre part, les officiers et sous-offi-t ciers de la réserve qui font partie de l'As- ■ sociation antimilitariste seront dégradés.. PETITE GAZETTE, Les chevaliers de la bouffarde Le jour où l'on pourrait annoncer t de bonnt I source • que les Magasins Communaux vont Instituer une carte de tabac serait positivement un grand jour. Je ne sais qui en a prêté l'idée aux dirigeants de cet organisme, ni même si elle leur est venue à l'esprit, ni surtout si elle est réalisable, mais le bruit s'en étant répandu, ou a vu tout aussitôt s'éclairctr les visages de quelque trois ou quatre cent mille individus des deux, sexes dans le seul1 Grand-Bruxelles. Et de tous côtés — on dirait que les chevaliers de la bouffarde se sont1 donné le mot — on me demande si oui, si non, si je sais quelque chose, s'il y a des chance» pour que la carte de tabac voie le jour et dans combien de temps ce sera. Vous voyez dans quel embarras je me trouve, puisque j'ignore1 \ tout de cette histoire. Même je n'y crois pas* ' Il me semble, en effet, que si,le bruit que l'on fait courir était fondé, l'on né manquerait pas Vie savoir sur quoi il l'est. \ Et combien cependant 11 serait souhaitable lue cette carte de tabac vint s'ajouter à notrs • lollection de petits cartons I / Vous en parlez à votre aise, vous autres qui ne fumez pas ! Vous ne comprenez pas cette" manie qu'ont certains de vos contemporains de biberonner du matin au soir, de faire sans i cesse et « bêtement» — c'est le mot dont volon-, tiers vous vous servez — de la fumée, et quand ils vous disent leur malaise qui souvent con-' • fine à la souffrance, vous avez un haussement , d'épaules. Et puis ils n'ont qu'à faire comm» cet excellent Xavier Buisson que je ne connais' i pas et qui est parvenu, à ce qu'un jour il m'a t mandé pour enlever son masque, à se défaire' : de cetta vieille habitude qu'il avait de fumer*' i Mais n'était que je suis obligé, en principe et : par principe, de tenir ce Xavier Buisson pour un homme extrêmement sérieux, je serais ter" , iribiement tenté d'écrire qu'il n'est qu'un fu-iniste. Je sais une vingtaine de copains à moi' ; lui ont essayé et qui ne sont qu'à grand'peina i Çarvenus à se rationner dans d'infimes lar-; . geurs. A commencer par moi. Oui, j'ai fait effort. Je continue a faire effort. Je place ma ; montre devant moi, sur ma table de travail. Je me jure qu'avant que la grande aiguille ait fait le tour du cadran je ne mettrai pas lai main à la poche p®ur y puiser une sècha.: Puis je prends mon crayon, je pique un mot sur le papier et brusquement le crayon s'arrête. On dirait qu'il pèse, entre mes doigts, des kilogrammes : 11 est immobilisé et il n'y a que lorsque, parjure, j'ai fait marcher mon briquet; et allumer enfin ma torehette qu'il consent à> 1 marcher. C'est bête? Sans doute, et beaucoup '■ trop, mais c'est ainsi... Ati I si l'on pouvait avoir la carte de tabac !... : Sans compter la joie que nous aurions à1 voir la tête des accapareurs qui, de jour en, : jour, d'heure en heure presque, haussent la! dragée I Hein! quel plaisir si demain je pou-' ' vais vous dire que le sieur X..., qui a fait la ' semaine dernière un gros marché de tabac, va boire un bouillon formidable — et qu'il n'a' • plus, suivant l'expression qu'il affectionne, ■ le ! derrière dans le beurre. 1 Ca lui ferait un: changement d'avoir cette noble partie de son 1 corps dans le jus de chique !... Aussi bien n'ai-je voulu, en griffonnant ces lignes, que donner satisfaction à ces nombreux correspondants dont je vous parlais tout' à l'heure : — En présence de ce déplorable état de ' ' choses, m'écrit l'un d'eux, nous nous permettons de solliciter de votre courtoisie de vouloir bien rompre une lance (j'allume d'abord une tagarette) dans cet ordre d'idées en faveur des Snaiheureux chevaliers de la bouffarde, les-' 'quels, vous n'en doutez pas, conserveront de ; votre intervention le meilleur souvenir et la plus vive reconnaissance. C'est au nom d'un 1 groupe très nombreux de fumeurs de la capl-' taie, sur le point de devenir pour le moins neurasthéniques, que je vous écris...» • Oui, mais va-t-en voir s'ils viennent, Jean !.»': i Adolphe Bastin Un grand philanthrope est mort. Ses dernières années ne l'ont pas payé de retour du bien qu'il n'a cessé de chercher à faire à ses semblables toute sa vie durant. La maladie de cœur qui l'a emporté à la fin de la semaine, écoulée, dans la quatre-vint-quinzième année' de son âge, avait fait de lui un véritable mar- ■ tyr dans ces derniers temps. Les bons anges des heures dernières n'ont pas récompensé sur la terrj le vieillard qui s'est éteint dans le sacrifice. Toute sa vie ne fut qu'un dévouement. Sans être ce que l'on1 peut appeler riche, cet homme avait la passion du bien et, pour satisfaire à ses noblesf sentiments, il avait fondé les prix qui porten# son nom et dont il avait doté onze villes, no tamment Bruxelles, Liège, Gand, Namur, Loui vain, Spa, Courtrai, Huy, sa ville natale, Ver viers, etc. Le montant de ces fondations était? pris sur son nécessaire. Dans son âge le plut avancé, il se refusait les satisfactions les plusp . justifiées : un paletot, une paire de ganta neufs, une voiture. Quand ie besoin s'en fai sait trop sentir, son entourage devait lui direv que c'était un ancien paletot retrouvé dans unjl armoire, des gants lavés ou que le loueur de! voitures le favorisait du prix d'avant la! guerre ! La maladie l'avait tant affaibli au phy.J sique et au moral que ie pauvre généreux homme n'était plus en état de rien contrôler, par lui-même. Les fondations qui ont honoré! sa vie et honoreront sa mémoire ont toujours! été prises sur son épargne. De tout temps et] toujours, il s'est refusé même les petites dépenses que l'on fait dans les cnfés ; chez lui étaient proscrites toutes dépenses somptuaires. Sa vaste maison de la rue Ducale, où il habii tait depuis 1881, est meublée des plus modestement et, dans certaines pièces, les murs sont encore blanchis à ta chaux. Son testament contient une nouvelle libéralité de 150,000 francs, somme égale à la première, destinée à la majoration des prix Bastin, c'est-à-dire que le montant en-sera dorénavant doublé. "Une autre libéralité est en faveur des ouvriers de la Société anonyme des Papeteries de Saventhem, dont M. A. Bastin était président. Il leur lègue une somme de 60,000 francs. Il avait voulu économiser pour les pauvres jusque dans ses funérailles. Son désir était d'avoir des funérailles simples, mais religieuses. Il exprimait une préférence pour un enterrement de troisième classe. Si respectable que soit la volonté des morts, la famille a estimé qu'il fallait honorer selon son rang un homme si généreux et elle a pensé avec raison qu'elle satisferait ainsi au désir intime de tous ceux qui ont pu apprécier la bonté du philanthrope, et qui seront heureux de voir payer à' sa mémoire en leur nom le tribut de la reconnaissance.Le corps du grand philanthrope repose dans une somptueuse chambre ardente et le magnifique cercueil est placé entre des candélabres d'argent. Au pied du catafalque, de grandes gerbes de chrysanthèmes mettent l'éelat de leurs couleurs dans toute cette ombre austère. Le service funèbre, suivi de l'inhumation au cimetière de la Ville, sera célébré en l'église Sainte-Gudulc aujourd'hui, à 11 heures. Nous croyons être agréable aux mânes de ce grand homme de bien en rectifiant une erreur assez générale. Il attachait beaucoup d'importance à ce que l'on ne confondit pas le Prix Bastin avec les prix de vertu attribués aux rosières, lesquels amènent toujours des sourires sceptiques lorsqu'on en parle. Pour obtenir le prix Bastin, point n'est besoin, dt-sait-il, de montrer un brevet de vertu ni de rompre de ces relations d'espoir comme il en existe chez beaucoup de jeunes filles du peu-1 pie qui ont un fiancé avec qui le mariage est une affaire de temps, remise à l'attente de circonstances heureuses. Tout ce que le fonda- ' teur demandait à ses pupilles, c'est, d'êtse de- L.iindl1jZAoûtt 1313 JOURNAL QUOTIDIEN — H,e Numéro : 15 Centimes S» ~ '5 £42

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel La Belgique: journal publié pendant l'occupation sous la censure ennemie gehört zu der Kategorie Gecensureerde pers, veröffentlicht in Bruxelles von 1914 bis 1918.

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