La Flandre libérale

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s.n. 1914, 20 Februar. La Flandre libérale. Konsultiert 20 September 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/959c53fp7d/
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LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS 1 mo!s. 8 mois. ft moIi« E an. BELGIQUE ; Fr„ 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE : Fr. 3.75 9.00 18.00 36.00 On l'abonna an iurean du Journal et dans tous les bureaux dt poste RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE OAND, 3, RUE DU NOUVEAU BOIS, 3, GAND ABONNEMENTS ET ANNONCES : I -- RÉDACTION — Téléphone 32 | Téléphone 13 " '■ ' ANNONCES Pour ïa ville eî les Flandres, s'adresser an bnrean Sa Journal. — Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser & l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. gSBSËBBBL, !!JJJ J ■■■■■■—» —■gft Cléricaux d'autrefois I 'Au moment où la bande de fanatiques qui gouverne la Belgique nous impose l'odieuse loi scolaire et a l'audace de nous faire payer les frais de ses organismes électoraux, on ne songe pas sans regret aux catholiques d'autrefois, aux Barthélémy Dumortier, dont la statue s'élève à Tournai ; aux De Decker, aux Malou..>. Quand la nation s'émut du projet de loi des couvents, Léopold 1er voulait ■ monter à cheval et "balayer cette canaille"... Mais il avait un conseiller I d'une grande sagesse, M. Van Praet, [ qui lui fit comprendre combien une I congrégation catholique est différente [ d'une mission -protestante et quelles [ bonnes raisons nous avions, en Belgi-[ que, de détester les couvents. Et De [ Decker préféra démissionner plutôt | que de céder aux pointus de son cabi-I net. C'était De Decker qui avait parlé I des légions de crétins... Et Malou, le bon Malou, le fin ma-t tois, malicieux mais honnête dans le E bon vieux sens du mot... De quel cœur I nous avons crié, dans notre jeunesse : I "À bas Malou... il faut le pendre... la l corde au cou". Ce n'était ni très riche, | ni comme rime, ni comme imagina-I tion, ni même comme langue françai-I se. Mais enfin, on se soulageait de bon E cœur et Malou était le premier à en I rire. Et quand Jules Bara, guoguenard, I lui demandait ce qu'il avait fait, au I ministère, puisqu'il n'avait même pas I pu avantager ses partisans et l'Eglise, I il répondait avec calme : — Nous avons vécu. C'était le bon temps, le temps où ( les partis connaissaient le jeu de bas- Icule du pouvoir, où la Belgique prospérait doucement, sans trop de dangereux appétits, où les mœurs étaient simples, où Ja soif d'argent n'avait pas ' remplacé ^ la soif d'honneur, où l'arrivisme n'avait pas supplanté l'ambition et où le cynique n'était point roi, avec la "rosserie" pour arme. Imaginez-vous ces ministres-là revenant dans l'hémicycle et entendant les | discours de M. Brifaut, de M. Hoyois, I de M. Tibbaut, de M. Van Cauwe-[ laert, lisant la loi scolaire. Si sincère-I ment catholiques fussent-ils, ne se-Iraierit-ils pas effrayés, tout de même? ! Nous savons bien qu'ils seraient I peut-être également stupéfaits de la Ilassitude de l'opinion publique? Mais ils seraient à coup sûr "émus, I parce que c'étaient des hommes d'Etat I et qu'ils ne considéreraient pas l'ave-I nir sans inquiétude. t Le calme dont fait preuve la nation I depuis le début de l'aventure a été dé-I nonce par la presse cléricale comme de I l'indifférence. Ces ricanements n'ont I jamais rien démontré, sinon la vilenie I de certaines âmes. Mais croit-on que ce coup de force I vraiment abominable ne laissera pas I une meurtrissure profonde au cœur de I la moitié des Belges? Et ne croit-on B pas qu'il est dangereux de, pousser à I bout les gens les plus paisibles? Demain la question de la réforme I constitutionnelle va être ouverte. Une ■ ère difficile va s'ouvrir et déjà les so- ■ cialistes considèrent comme une provo- I cation l'attitude du gouvernement en cette matière.. Demain aussi on fera appel à tous les bons citoyens, à la concorde nationale, au patriotisme pour soutenir l'œuvre coloniale, mise en péril -»ar des sectai-' res : mais à laquelle on nous conjurera % ne pas ménager notre aide finan-I aère. Nous restons des patriotes, des Bel-I Ses convaincus de la nécessité de sou-I tenir, pour notre honneur, l'œuvre I congolaise ; et nous restons des parti-I sans déterminés de l'ordre et de la lé-I galité. I Mais les_ Belges ardents, pleins de I toi et confiance que nous étions sous I les gouvernements cléricaux d'autrefois I sont disparus. Il n'y a olus que des libéraux ayant le sentiment du devoir, I mais un sentiment un peu amer. , La foi est morte. Et il y a quelque I chose de grand et de noble qui dispa-I rait aujourd'hui avec elle. I Nous avons le sentiment de ne plus E collaborer à une œuvre commune, et I d être des étrangers dans notre propre [ maison. I j'Pe.^ue ^es cléricaux d'aujourd'hui j détruisent dans leur fanatisme, c'est I une des bases les plus solides d'une nation. Dieu veuille qu'on ne s'en aper-I Ç°lvc avant qu'il soit longtemps. Echos & Nouvelles La bal de I» Cour Ce premier bal offert à la. jeunesse bruxelloise, hier soir, au Palais, a eu un caractère de simplicité élégante qui a charmé les quelques six cents invités du Roi et d© la Reine. Tout protocole était sévèrement banni de la fête. Ni cercle diplomatique, ni entrée solennelle du Roi et de la Reine, ni présentation officielle. La grande isalle Empire où l'on dansait, la salle du Penseur, Ja salle des Maréchaux, où étaient dresses les buffets, ainsi que tous les appartements de Faile droite du Palais où avaient accès les invités, étaient merveilleusement fleuris et éclairés. L'arrangement même de ces salons s'écartait de l'ordonnance sévère et toujours un peu froide des bals officiels. Point d'invités officiels, pas même les ministres. Et si des personnalités occupant une place en vue dans le corps diplomatique, dans le monde politique, judiciaire ou dans l'armée ont été aperçues dans les salons, ce fut simplement à titre privé, parce que ces personnalités avaient amené des jeunes gens ou des jeunes filles. Contrairement à ce qui avait été annoncé, le Roi a assisté à la fête. Il a tenu à se trouver aux côtés de la Reine pour recevoir les invités et, à dix heures,_ les souverains, accompagnés du jeune prince Léopold, ont fait leur entrée dans la salle Empire. Ce fut une surprise. A la Cour, il est interdit d'acclamer. Mais spontanément, la foule des invités, sans se soucier des usages, ovationna le Roi dès qu'il apparut. Le chef de l'Etat s'arrêta et, à diverses reprises, très ému, s'inclina longuement. Le souverain, qui avait le bras en écharpe, portait la tenue de lieutenant général. La Reine portait une fort élégante toilette de velours rose incrusté de brillants et de perles fines, et que recouvrait une tunique en dentelle argent formant habit. De merveilleux bijoux, notamment un sautoir en perles, complétaient cette ravissante toilette. Il n'y avait pas d'estrade destmee a la famille royale. Les souverains se sont promenés dans les groupes, parlant aux invités, s'entretenant longuement et très amicalement avec eux, tandis que tournoyaient de nombreux couples aux accents entraînants de la musique du 1er re-giment de guides. Il y avait quatorze danses et le bal fut très animé. Vers la fin du bal, une nouvelle surprise fut réservée aux danseurs. Des valets de pied en livrée rouge pénétrèrent dans le grand Salon Empire, portant six énormes corbeilles enrubannées et remplies de roses Paul Néron, Paul Abondance, d'oeillets roses de la Malmaison, le mimosas et de violettes. Des^ officiers le la maison militaire distribuèrent les ileurs — de mignons bouquets — aux lanseurs, qui, eux-mêmes, les offrirent 3,ux dames, et la soirée se termina par me "Valse des fleurs". Le Roi et son fils s'étaient retires avant [a fin de la fête. La Reine n'a quitte les salons qu'au-delà de minuit, et il était plus d'une heure lorsque les invités s en allèrent, abondamment fleuris, enchantes ît charmés., m* On tsBpst M. Goblet d'Alvielk: enseigne, à l'Uni-rorsité de BruxeMes, l'histoire des relirions. » i T Cela gêne qaielque peu les catholiques >arce que l'on retrouve, dans les reii çions anciennes, tous les préceptes de norale de la religion chrétienne qui l'est, en conséquence, que l'évolution de ■eligions antérieures. "Auissi un théologien de 'Louvaan oontes-.e-t-il, simplement, qu'il puisse exister me histoire des religions. . Ecrire, dit-il, l'histoire ^ des religions st impossible parce que l'évolution religieuse est inconnue. Que sait-on ^des re-igiona de l'antiquité 1 On ne possède que [uielques descriptions de rites fournies >ar les philologues et les ethnographes, ilaig le fil de l'histoire est inconnu. Ceci est incroyable. On connaît,^ dans ous leurs détails, les religion® de l'Inde, le l'Egypte, de lai Chine, pour ne citer -us les principales. On les connaît aus-i bien que la religion catholique. Mais cela ne suffit probablement pas. 1 faudrait, sans doute,_ pouir des gens ,ussi méticuleux, détailler la religion Lui vieillard du1 Néanderthal. Concevons, cependant, qu'il soit impos-ible, pour un catholique, d'écrire l'his-oire des religions. Mgr Duichesne en sait (uelque choisie, lui dont 1' " Histoire an-ienne de l'Eglise " est interdite dans es séminaires. C'est sans doute ainsi qu'il faut com-irendre la question. M. Paul Hymtns k Paris M. Paul Hymang parlera le 2 mars à 'aris, à la Société des grande® conféren-es étrangères, de quelaues aspects de la» Belgique contemporaine. La eholx d'une carrière Il y a présentement trente avocates neorites au barreau de Paris. Notre confrère, M. Pierre Proudhon, ïst allé leur demander quelle raison les ittira vers le palais. —■ L'amour des situations embroui!-ées, a répondu celle-ci, "chicaneuse'' lans l'âme. ■—- La curiosité d'un milieu ciue j'igno rais, a répondu celle-là. Mais je trouve qu'on y parle trop! D'autres expliquent; _ — Le désir d'assurer ma vie matérielle: et de .rester indépendante. —• Un instinctif besoin de m'employer en faveur des malheureux. — Le spectacle de toutes les passions humaines. Et la dernière enfin : — 'Simple question de vestiaire... Le plaisir d'endosser la toge qui ne sied à ravir, l'espoir d'être ainsi photographiée dans les journaux... lit ce n'est pas la moins sincère de beaucoup. w Lss mutées psar tous Un amateur d'art hollandais, M. Van Gelder, proposa dernièrement d'organiser, dans les musées nationaux, et à des dates fixees d'avance, des " promenades esthetiques " au cours desquelles un guide compétent fournirait gratuitement au public des renseignements et des explications détaillées sur les chefs-d'œuvre offerts^ à l'admiration des foules. L'idée, fort intéressante en elle-même, n'a pas rencontré l'accueil enthousiaste qu'escomptait le promoteur. On fait observer que bon nombre de visiteurs de musées feraient mieux d'aller se promener dans les parcs ou les squares. Le fameux critique Hofstede de Groot est d'avis que, en dépit de la devise "l'art pour tous", l'art n'est pas à la portée de tout le monde... Le dédain manifesté par les contradicteurs de M. Van Gelder à l'égard du sentiment esthétique de la foule nous paraît peu justifié. Les hautes et pures jouissances que procure l'art aux initiés ne sont évidemment pas accessibles au vulgaire sans quelque préparation. Mais, en France et en Belgique, du moins, le temps est loin, déjà, où les héros de 1' "Assommoir", Coupeau, Ger-vaise et consorts, parcourant, bouche bée et bras ballants, le salon Carré du Louvre, n'y voyaient qu'une collection de nudités émoustillantes. Des démocrates dans le meilleur sens du mot, se sont efforcés, avec un dévouement, un désintéressement qu'on ne saurait trop admirer, à ouvrir aux gens du peuple le royaume enchanté où les Rembrandt, les Holbein, les Fraus Hais, les Rubens, les Van Dyck régnent en souverains pacifiques. Il reste beaucoup à faire encore, c'est certain ; mais les progrès sont évidents, et ont exercé la plus salutaire influence sur la mentalité de nos ouvriers et de notre petite bourgeoisie. >-««»-< Le modernisme n'est pas vaincu —*— Il paraît que plusieurs idées fausses ont cours au sujet du modernisme. Tout d'abord, on pense qu'il a été vaincu par les anathèmes dont le pape l'a foudroyé. Il n'en est rien. C'est ce que la Correspondance catholique nous apprend. Ce mal gangrène toujours l'Eglise. Il a commencé par faire d'insidieux ravages à la faveur de la méthode de libre critique qui est née du rationalisme. Les intelligences les plus orthodoxes, les plus respectueuses de la hiérarchie en ont été frappées. Soudain il a éclaté avec une virulence extrême, au "point d'être une sérieuse menace pour la discipline ecclésiastique et pour les dogmes. Le Saint Siège est inter-, venu résolument. Un des moyens les plus énergiquement préventifs dont il s'est servi est d'interdire dans les séminaires les moindres lectures profanes, de peur d'une pernicieuse contagion. Tous les despotes, que leur empire soit terrestre ou spirituel-, ont cru qu'en enfermant la pensée dans une prison, on l'empêche d'épandre sa lumière sur l'humanité... Le modernisme paraissait donc définitivement terrassé. Beaucoup de rebelles s'étaient soumis. Plusieurs journaux et revues ont cessé de paraître. : Des pays, comme la Belgique, ont été ' préservés à temps de la nouvelle héré- : sie. | « Quelle grande victoire pontificale ! < Pie X eut plus de chance q,ue Léon 1 X qui vit naître le luthéranisme... < Eh bien, non. Il faut en rabattre. < Entre le protestantisme et le moder- < nisme existe cette différence capitale ( que les protestants sont sortis de l'E- ] glise, tandis que quantité de modernis- f tes y sont restés. , Le ver est dans le fruit'. Nous n'avançons rien ici qui soit de j notre invention. C'est la Correspon- . dance catholique elle-même, l'organe ' des intégralistes romains, qui l'affirme ; en termes non équivoques : " Mais le ' " pire, — lui écrit un correspondant de 1 " Rome, qui se trouve donc à la source " pour être bien informé, — est que la J "plupart des niodernistes radicaux' '• " pont restés au-dedans, simulant leur j " soumission et continuant leur œuvre < délétère par tous les moyens, y com-| ^ pris le sacrilège du faux serment an-' ti-moderniste qu'ils ont prêté en masse. " # De plus, il est avéré que le modernisme s'est vite réorganisé sur le plan d'une véritable franc-maçonnerie. Son activité est devenue " secrète ". Et voici quelles en sont les manifestations : La correspondance épistolaire inter-^ nationale très active, de longs voya-;;ges_à travers l'Europe, avec des jointes ", en Amérique, de quel-'' ques commis-voyageurs du modernis-" me radical, les accointances maçon-•" nico-pro testantes de certains chefs ''et sous-chefs modernistes, etc., etc." Grand Dieu ! A quoi donc ont servi l'encyclique Pascendi et le décret La-meniq bili ? L'effet en a été énervé par cette tactique sataniquement habile de feindre la docilité la plus complète, de continuer à dire la messe, de garder son rang dans le clergé, tout en ne renonçant pas à ses opinions particulières sur les points les plus importants de la foi. O libre pensée, voilà bien de tes couns! Il est à remarquer que l'autorité ecclésiastique la plus vigilante est désarmée devant une ausi coupable obstination. Elle a le pouvoir de frapper des livres, fussent-ils déjà revêtus d'un ap^robatur épiscopal, comme le cas s'est présenté. Un Loisy, un Tyrrell, un Muni ont été contraints de quitter l'Eglise. Mais comment livrer à la procédure d'une inquisition sévère l'intimité même de la pensée? Comment lutter contre la force d'inertie? Comment atteindre ceux qui se cachent en " secte secrète "? Comment leur défendre d'endoctriner de jeunes prêtres qui, sortis des ténèbres des séminaire», sont tout à coup éblouis par la lumière éclatante du soleil, messager do révélations inattendues? / C'est impossible. Et la Correspondance catholique montre l'impuissance du pape dans <?e langage empreint d'une nrofonde mélancolie : " Evidemment si tous ceux " qui' le devaient et le pouvaient, " avaient a^nliqué et aidé à appliquer, " chacun à sa place et selon ses forces, " les dispositions prises par Pie X, on " serait sorti, à cette heure, de la cri-" se : au contraire, on s'y enfonce de " plus en plus. Que l'on fût sorti de la crise, cela n'est pas aussi évident. Cette complicité que dénonce la feuille néo-ultramontaine est précisément une des caractéristiques du mal. Mais voici encore un fàit tout aussi grave : La Belgique, que l'on croyait préservée, ne l'est pas. Le modernisme s'y manifeste sous la forme du catholicisme social, qui va jusqu'à admettre des syndicats apolitiques_ et nUi compose ainsi avec l'ennemi de la foi... Certes, cet espoir de conquérir les âmes en prenant le masque d'une certaine tolérance est un hommage très involontaire rendu au libéralisme. Mais que la Correspondance catholique ne s'y trompe pas. C'est la pure stratégie. Les journaux auxquels elle reproche leur " minimisme " sont aussi sectaires qu'elle. La discussion du_ projet le loi scolaire l'eût prouvé si c'était nécessaire. Ils ne réussiront pas à don-ler le change. La classe ouvrière, tout comme la bourgeoisie, se méfieront d'anpeaux lussi- grossiers. CASTELLION Conférence par M. le pasteur Rey M. Rey a donné hier, à la Maison libérale, une belle et instructive conférence sur Castellion, un humaniste protestant irançais, contemporain de Calvin, qui a 5té persécuté par celui-ci, parce qu'il itait un esprit très libre, trop épris de a vérité pour subir le joug d'aucune )rthodoxie. M. Rey a étudié de très près Castellion, suivant la voie de M. Buis-ïon, die M. Giran. Le portrait vivait ju'il a tracé de ce noble écrivain a vive-nent intéressé ses auditeurs, pour plu-lieurs desquels Castellion était un in-;onnu. Ils ont suivi avec sympathie et ivec respect le récit de la vie pauvre et nisérable de ce penseur, réduit parfois i travailler comme un homme de peine jour gagner sa vie, une vie toute consacrée au service de la vérité et des let-;res.M. Rey a bien fait sentir à ceux qui ,'éooutaient comme les luttes qui divisaient les esprits au XVIe siècle étaient malogues à celles qui existent encore intre nous. Castellion, comme tous les hommes de son temps, avait été élevé dans le catholicisme, d'où l'éveil de sa pensée l'avait bientôt fait évader. Il s'était trouvé, à Genève, où il dirigeait l'enseignement classique, avec Calvin qui y régnait en maître et dont il ne put subir la sombre et rigoureuse domination.M. Rey a bien caractérisé, à cette occasion, après la théologie catholique, au nom de laquelle on avait en France poursuivi Castellion, celle plus pure, sans doute, mais aussi étroite, aussi tyranni-que que Calvin enseignait. Castellion, tout au culte de la vérité, avait eu le mérite, rare à cette époque, de comprendre qu'il implique le droit et le devoir de penser librement et d'exprimer sa pensée. Il se heurtait en cela à une passion, à peu près vieille comme le christianisme lui-même. Dès les origines de l'Eglise chrétienne, pour autant que nous les puissions connaître, on la voit dominée par cette idée que c'est la foi en Jésus-Christ qui sauve de la perdition éternelle. D'où ie mépris pour l'infidèle et l'hérétique, voués à la damnation, et bientôt les peines affreuses dont on les frappe. Cet esprit, l'histoire le montre en traits de sang, est resté celui de l'Eglise catholique. A mesure cependant que celle-ci s'est organisée, hiérarchisée, ce qu'elle a, sous peine du feu, exigé surtout de ses esprits, c'est plus encore que la soumission des intelligences, l'obéissance des volontés, le respect servile de son autorité. Au XVIe siècle, après le déchirement de la Réforme, subsiste chez les protestants l'idée que la Vérité a été révélée à l'homme dans l'Ecriture, que c'est par elle que l'homme peut être sauvé et que c'est un crime de se rebeller contre elle. C'est en vertu de ce principe que logiquement et abominablement Calvin poursuit Castellion, comme il a fait brûler le malheureux Servet. Même intolérance chez le grand réformateur et chez l'Eglise. Mais le caractère de cette intolérance n'est pas tout à fait le même. Malgré son tempérament passionné et despotique, le mobile qui fait agir Calvin n'est pas tant la passion de son autorité spirituelle, qu'une dévotion fanatique à la formule de ce qu'il croit être la Vérité. Dans toute infidélité à celle-cij la passion sombre et exaltée de son fanatisme voit une injure à Dieu, l'oeuvre de Satan ; la liberté de la raison est à ses yeux une pestilence suprême. Chez lui et ses amis, l'intolérance ne naît pas de l'amour du pouvoir, des bénéfices qu'il procure. Elle est la conséquence directe de cette folle erreur qu'ils possèdent la Vérité révélée, absolue que c'est une impiété horrible et néfaste de nier. Ils sont ainsi invinciblement poussés à préférer ce "credo" divin, à la Vérité même. C'est l'effet et c'est l'inévitable écueil de toutes les orthodoxies. Toutes, par ce côté, sont forcement irréligieuses, puisque la religion est en soi l'amour, la vénération de la Vérité même, essentiellement supérieure à toute définition orthodoxe. O'est ce que la Réforme, le plus souvent, n'a pas compris. Elle est restée chrétienne, catholique par l'intolérance, par la négation du droit de la raison, de la liberté de penser, au moment même où, dans tous les Etats de l'Europe, on lui fait porter la peine de sa propre doctrine et que les bûchers s'allument contre ses adhérents. Castellion a vu cette détestable erreur. Historien, savant, critique, il a mis le , respect de lai vérité avant celui du livre sacré, avant toute préoccupation d'école ou' d'église. Il n'a pas été seul a le fai- i re, sans doute. Mais on peut dire qu'il : a brillé parmi oette élite de penseurs, qui, en ce point capital, ont vraiment -devancé la société intellectuelle ' de leur , temps, ont été les précurseurs de la pen- 1 sée et de la liberté modernes. ( M. le pasteur Rey est aussi un esprit j profondément imbu du respect absolu ( que l'homme doit à la vérité, telle que la lui révèle sa raison, du devoir impé- 1 rieux de lui rendre hardiment un hom- ] mage sincère. Sa conférence était pure- j ment 'historique, comme il l'a fait re- ( marquer. Elle 4fca,it toute pénétrée pour- j tant du sentiment religieux le plus libre 1 et le plus profond. C'est que pour l'historien, comme pour le philosophe, com- ' me pour le pasteur, le premier devoir, , celui qui prime tous les autres, c'est le culte scrupuleux, absolu, d© la vérité, non pas comme on la voudrait, comme on aimerait à, l'imaginer, mais comiiie l'intelligence humaine la perçoit. C'est bien l'idée que laisse à ses auditeurs l'enseignement de M. Rey. Il n'en est pas de plus élevé, ni de plus salu- j taire. Et les auditeurs de M. Rey admi- 1 : rent la simplicité cordiale et ferme avec laquelle il en montre la grandeur. NOTES LITTERAIRES . Scènes anglaises(1) Avez-vous remarqué comme l'Angleterre est à la mode aujourd'hui chez nos excellents voisins du Sud ? On n'a jamais publié à Paris, autant qu'aujourd'hui, de livres sur la " cordiale " Albion : livres badins, livres sérieux, il y en a pour tous les goûts. J'avoue avoir particulièrement aimé les amusantes " Scènes anglaises " que M. Philippe Millet a réunies sous le titre pittoresque de " Jenny s'en va-t-en gujprre ". M. Millet, qui envoya au " Temps " d'exquises correspondances londoniennes, a beaucoup vécu en Angleterre : c'est un observateur fin et narquois, mais sympathique, des moeurs anglaises.M. Millet adore plaisanter et parfois railler : mais tous les Français ne sont-ils pas " négi malins " ? La première des "Scènes anglaises" — celle qui porte le titre qui s'étale sur la couverture du livre: "Jenny s'en va-t-en guerre" — est, vous vous en doutez bien, une suite de notes vécues sur les bruyantes féministes d'outre-Manche: ces dames, comme on sait, n'ont pas froid aux yeux; renonçant aux belles qualités de reserve et de modestie qui sont l'apanage de leur sexe, elle® n'hésitent pas à recourir aux moyens les plus violents pour faire triompher leurs revendications ; la douceur et la persuasion leur répugnent souverainement: elle® estiment que pour affirmer sa volonté et démontrer une thèse, il n'est rien de tel que de commencer d'abord par casser des vitres, de très authentiques vitres. M. Philippe Millet a dépeint avec humour — mais aussi avec sympathie, car il semble bien gagné à la " Cause " —les moeurs révolutionnaires, l'obstination farouche, le fanatisme exubérant de ces exaltées, résignées à tout, et qui, même emprisonnées, se débattent et s'insurgent encore contre leurs gardiennes, sans jamais perdre courage. Mais il n'y a pag que ce divertissant chapitre sur les Féministes dan® le livre de M.Millet: plus encore que "Jenny s'en va-t-en guerre", j'ai goûté les pages curieuses et colorées que l'auteur a consacrées à la "Mort du roi" Edouard VII, aux funérailles du monarque, à l'impression quie fit sur les Londoniens la disparition d'un souverain qui était très populaire. M. Millet, en reporter adroit et consommé, a soigneusement noté tout ce qu'il avait vu et entendu pendant ces jours de deuil national ; son style se voile par moments de mélancolie ; la phrase est alors terne comme un ciel londonien engrisaillé de brouillard : mais M. Millet a senti — et fort bien montré — ce qu'il y avait d'un peu conventionnel et puéril dans la tristesse de l'ambiance et ies gens. Comme tous les ironistes, M. Ph. Millet a le sens des contrastes divertissants qu'offre parfois la réalité : ces antithèses, il «'est complu à leg décrire impitoyablement. Voici, par exemple, à ce propos une page caractéristique où l'au-beur révèle deg qualités d'humoriste et l'observateur. (Le roi ayant suspendu le deuil à l'oc :asion de la Pentecôte, Mrs Perkin et ses filles, Winifred et Marjorie, se sont •endues à l'exposition de Shepherd's Bush, où, elles rencontrent un ami, le 'Ournaliate Lamb. Tandis que la puritai-le Mrs Peirkin, sur le mode mineur, s'entretenait avec M. Lamb,distrait et soepti-ïue, de la mort d'Edouard VII, les deux eune.s filles s'étaient dirigées vers une les "attractions" de l'exposition.) Deux grands baquets descendaient en ournant sur eux-mêmes comme des tou->ies et en roulant alternativement de Iroite à gauche et de gauche à droite. Deg rires partaient par fusées deg spectateurs massés au pied de l'estrade, sur ajquelle un bateleur en uniforme débitait son boniment d'une voix triste. — A propos, c'est hier soir que le frè-•e du pauvre roi est arrivé à Londres..., continua Mrs. Perkins. Quelle scène dé-;hirante ce dut être! Elle poussa un profond soupir. — Est-il vrai que le jeune roi ait em-wassé son oncle à la gare 1 — Certainement! affirma Lamb. Il suivait des yeux les deux jeunes files, qui venaient de s'installer avec di- (1) Ph. Millet. " Jenny s'en va-t-en çuerre ". Bernard Grasset, éditeur, Pa--is. 40' Innés - Tendretli 20 Février 89E4 QUOTIDIEN. - 10 CENT. | g. gj... Vendredi 20 Féirier 1914

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel La Flandre libérale gehört zu der Kategorie Culturele bladen, veröffentlicht in Gand von 1874 bis 1974.

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