La nation

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s.n. 1914, 05 August. La nation. Konsultiert 29 März 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/6m3319sv28/
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4e ANNEE. N0 27. — Le Numéro : 5 centimes. Affilié à l'Union d* la preste périodique Belge. Mercredi 5 Août 1914 LA NATION « Pour la Culture Française. > Journal hebdomadaire paraissant le mercredi. « Pour la Culture Française. ABONNEMENTS : Belgique : 3.50 francs ; France : 5 francs ; Étranger : 7 francs. BUREAUX DU JOURNAL : 106B, Rue de l'Arbre-Bénit, Bruxelles Téléphone 8 1848. Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus. Il sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés à la rédaction. ANNONCES : On traite à forfait. LA CATASTROPHE LES RESPONSABILITÉS Le sort en est jeté. L'irrémédiable est accompli. Le vieil Empereur, si cruellement éprouvé, a fait le geste de folie qui lui aliénera les sympathies de l'humanité. L'Autriche a comploté l'assassinat du peuple Serbe auquel elle ne pardonne pas ses victoires récentes. Et pour arriver à ses fins, elle n'a pas reculé devant la perspective d'une conflagration européenne qui va mettre aux prises 18 millions d'hommes. L'Europe va donc être mise à feu et à sang par la faute de quelques diplomates qui n'ont pas su faire entendre raisor au Ballplatz. Le sang va couler à torrents et rougii les blés mûrs, tout simplement parce qu'il a plu à un vieillard déraisonnable de lancer son pays dans une guerre dt conquêtes, dans une aventure intentée dont il n'est pas d'exemple dans l'His toire. 11 importe, à la veille de la catas trophe, de mettre en lumière la respon sabilité de ceux qui n'ont rien fait poui éviter aux peuples l'horreur des bataille: surtout de ceux dont tout l'effort a tendi à la généralisation du conflit. On l'a dit — mais peut-être ne l'a-t-or pas assez répété — des six grandes puis sances qui se sont donné le mandat de parler au nom de l'Europe, l'Autriche es btule a avoit une politique ferme et itso-lue. Seule, elle s'est tracé une ligne de conduite dont rien ne peut la détourner Seule enfin elle sait ce qu'elle veut e comment elle le veut. Aucun obstacle qu'elle ne parvienne, d'une façon oi d'une autre, à surmonter. Rien ne 1; décourage, ni les insuccès de sa diploma tie ni la réprobation du monde civilisé Foulant aux pieds la dignité des peuples sans égards pour leurs droits, elle pour suit la réalisation de ses fins égoïstes — dût cette réalisation mettre le feu ; l'Europe entière. Cette ligne de conduite, le cabinet di Vienne se l'est tracée au lendemain de Sadowa ; obligé de renoncer à ses visée; occidentales et de faire son deuil dt l'hégémonie des Habsbourg dans l'Europe centrale, il se tourna vers l'Orient e entreprit ce Drang nach osten que Bis marck lui avait conseillé. Il faut qu'à travers les Balkans, oi règne l'Homme malade, l'Autriche puissi atteindre la mer Egée! Dès lors il importi qu'elle empêche les peuples slaves de 1; péninsule de grandir et de prendre con science de leur force. Au Congrès de Berlin, c'est à Tinter vention autrichienne que les puissance: décident le morcellement de la grande Bulgarie et l'empêchent d'occuper le: côtes de l'Egée. Le même traité rend tri butaires de l'Autriche, la Bosnie et l'Her zégovine. En 1885, la province autonome di Roumélie ayant proclamé son union avee la principauté de Bulgarie, Vienne met ; profit le dépit éprouvé par la Serbie di voir sa voisine s'agraneiir et pousse li cabinet de Belgrade à déclarer la guerre à la Bulgarie. Ses calculs sont malheureusemen déjoués : les Serbes sont vaincus et 1: Bulgarie annexe la Roumélie. L'Autriche pourtant ne se tient pa; pour battue : vingt ans plus tard, elli s'empare de la Bosnie et de l'Herzégovine et étend son territoire jusqu'à la frontièn du Sandjak. Il ne lui reste plus qu\ attendre une occasion favorable pou l'occuper. Mais voici que l'Europe apprend 1. formation par les peuples balkanique d'une vaste confédération, pour chasse le Turc d'Europe. Le Ballplatz ne s'en émeut pas, d prime abord, outre mesure : la Turqui' est riche en hommes ; son armée a ét réorganisée par des instructeurs aile mands; elle ne fera qu'une bouchée de alliés. Aussi le cabinet de Vienne ne fait-i guère de difficultés pour s'associer à 1 formule du désintéressement territoris des grandes puissances, formule qu'ave une perspicacité qui lui fait honneur M. Poincaré avait jugé opportun de pro poser au concert européen. Kirkilissé... Lulle-Bourgas... avec le défaites turques, c'est le rêve de l'Ai triche qui disparaît 1 C'est le Sandjak e le littoral de l'Adriatique aux Serbes c'est Salonique et les îles de la mer Egée à la Grèce ; c'est la côte de l'Egée à la Bulgarie. Vienne ne s'incline pas devant l'inévitable et l'un de ses journaux militaires les plus répandus, laDanzers Armes. Zei-tung écrit alors ces lignes qui sont plus que jamais d'actualité : « Nous devrions avoir pour objectif l'établissement du protectorat de l'Autriche. Pour le consolider, nous aurions besoin de nous emparer d'une partie de la Serbie occidentale. Le Monténégro devrait en outre être maintenu dans ses limites primitives et s'allier avec nous, ou bien il devrait être absorbé par nous. La voie ferrée Skoplié-Salo-nique et le port de Salonique seraient : internationalisés. La Serbie du Nord-Est : serait annexée à la Roumanie. La Serbie du Sud-Ouest et la Macédoine passeraient à la Bulgarie, augmentée, en outre, des territoires qu'elle a conquis. La Roumanie et la Bulgarie, ainsi comblées par l'Autriche, s'allieraient à elle ». i Le cabinet de Vienne va entreprendre i de réduire les conquêtes des alliés. Au nom du principe des nationalités, l'Autriche, qui s'entend si bien à opprimer les Tchèques et les Polonais, réclame la création d'une Albanie autonome. Les autres puissances s'inclinent : : la Serbie perd le littoral de l'Adriatique; t la Grèce voit ses conquêtes singulièrement reuuiees; eë Moniénegeo uoit évacuer Scutari. t » * Mais l'activité du Ballplatz ne s'arrête ' pas en aussi bonne voie. S'inspirant du 1 principe que pour régner il faut diviser, il entreprend un travail méthodique et sourd pour dresser les alliés d'hier l'un contre l'autre. Au mois de juin 1913, à l'heure où la tension s'accentuait dangereusement 1 entre Sofia et Belgrade, le Tsar avait adressé aux rois de Serbie et de Bulgarie un télégramme dans lequel il leur rappelait que, par leur traité d'alliance, les deux souverains s'engageaient à soumettre leurs différends éventuels à son arbitrage. Il ajoutait : « Je crois devoir vous prévenir qu'une guerre entre alliés ne pourrait me laisser indifférent et que celui ' qui l'aurait commencée en porterait la : responsabilité devant la cause slave ». Cette intervention exaspéra Vienne. 1 L'appel à l'arbitrage du Tsar admis pai les deux pays, la guerre évitée, c'étail pour la Russie une victoire morale considérable, qui aurait rendu le gouverne-' ment de Saint-Petersbourg extrêmemenl ' populaire auprès des alliés ! L'Autriche ne le permettra pas! Devant le Parlement, le comte Tisza déclare : « Il est évident que la médiation et l'arbitrage pourront seulemenl : être exercés sur les bases de la liberté ' de décision des Etats qui s'y soumet ' tent ». Alors, comme en 1885 cotnmencem ! de nouvelles intrigues autrichiennes. Cette : fois, elles s'exercent à Sofia. L'Empire assure la Bulgarie de la neutralité roumaine.1 Mais l'Autriche joue décidément de malheur : en 1885 lors de la première guerre serbo-bulgare, elle soutenait Belgrade et les Serbes furent battus. Cette fois elle appuie Sofia et la Bulgarie es écrasée par les Serbes. La Roumanie es 1 entrée en campagne. Sofia est cernée. r Ferdinand de Bulgarie lance un appe désespéré à François-Joseph. L'Autriche promet au gouvernement de Sofia sor i appui diplomatique, mais à la conditior s que le président du Conseil, M. Daneff r suspect de russophilie, démissionne e soit remplacé par un stambouloviste. Le ; roi Ferdinand cède aux sollicitations de ; Vienne et appelle au pouvoir MM. Ra i doslavoff et Ghenadieff. Sur les suggestions de l'Autriche, le s nouveau cabinet bulgare promet d'en voyer des délégués à une conférence de 1 la paix; mais en même temps, toujour: 3 sur les suggestions de Vienne, il s'efforce 1 de détacher la Roumanie de ses alliés ei c offrant à M. Majorescu, par l'entremisi du ministre d'Italie à Bucharest, la ces sion du territoire bulgare au-delà de 1; ligne Turtukaï-Batchik. s L'on sait que la Roumanie ne se prêt; pas à cette procédure machiavélique e t que, plutôt que de laisser protester si ; signature, elle ne conclut d'accord avei la Bulgarie que lorsqile la paix fut signée entre tous les belligérants. * * L'on voit d'emblée l'habileté du plan du comte Berchtold : la Roumanie détachée de la Serbie et de la Grèce, il n'y aurait plus eu qu'à attendre l'intervention des puissances. Déjà la Russie avait manifesté son intention d'agir, pour forcer la Porte à respecter le traité de Londres. Une intervention armée de la Russie en Thrace ou même en Arménie aurait permis à l'Autriche d'occuper le Sandjak et de remettre en question le partage de la Turquie d'Europe sur des bases nouvelles. La fidélité du cabinet de Bucharest à ses alliés empêcha la réalisation de ce programme. Dès lors il ne restait plus à l'Autriche qu'à réclamer la revision du traité signé à Bucharest. Un instant elle trouva, à cet égard, auprès de la Russie un appui au moins inattendu. Mais en revanche, son alliée, l'Allemagne, déclara haut et ferme qu'elle n'entendait pas souscrire à cette revision. Le comte Berchtold se vit obligé de renoncer à cette folle entreprise. « Qu'on ne s'y trompe pas, disions-nous dans un journal bruxellois au lendemain des événements balkaniques. Qu'on ne s'y trompe : la ténacité avec laquelle..l'AntcirJae . demi-siècle, poursuit ses'visées uan'o ,o. Balkans, est un gage certain qu'elle ne se considérera pas de sitôt comme battue et que la liquidation de la question d'Orient est bien loin d'être terminée. » Nous n'espérions pas que notre prophétie se réaliserait de sitôt. * * * La nouvelle carte des Balkans, dessinée par quelques diplomates aveugles, ne tarda pas à apparaître comme une création factice et éphémère de la politique autrichienne. La tension toujours grandissante entre Sofia et Belgrade ; les incidents de frontière bulgaro-roumains; le soulèvement épirote; enfin et surtout la guerre civile dans l'Albanie du Nord, autant de circonstances qui entretinrent le malaise en Europe dès le lendemain de la seconde guerre balkanique. Le prince d'Albanie, créature de l'Autriche, allait bientôt s'apercevoir de ce que la partie était définitivement perdue pour lui. D'autre part, l'antagonisme austro-italien en Albanie s'affirmait de jour en jour davantage. Le Ballplatz cherche alors une diversion du côté de la Serbie. L'occupation par celle-ci du Sandjak de Novi-Bazar avait mis fin au rêve caressé par l'Autriche de se frayer un chemin jusqu'à la mer Egée, à travers la péninsule balkanique. Il fallait à tout prix trouver le prétexte d'un conflit avec le cabinet de Belgrade. Mais comment? Et quand? L'assassinat des archiducs à Sarajevo fut le prétexte tout trouvé. Mais encore fallait-il y mettre quelque forme. De plus il importait d'agir brusquement et de choisir le moment opportun.Une information judiciaire fut donc ouverte par l'Autriche sur le drame de : Sarajevo. L'Autriche attendrait, disait-on, que cette information fût close avant de faire à Belgrade les représentations qui s'imposaient. Vienne savait donc, avant même que l'instruction ne fût ouverte, . qu'une note serait remise à la Serbie. ! L'on se doute dès lors de ce que dut être ! l'information judiciaire. ... Mais voici que le président de la 1 République Française quitte le sol russe; . voici que la crise du « home-rule » : menace de dégénérer en guerre civile ; voici que le gouvernement de St-Péters-bourg a à réprimer des grèves terribles; . voici enfin que l'Empereur d'Allemagne se trouve momentanément éloigné de son pays. Le moment est opportun. Vienne i décide de frapper un grand coup : le . jeudi 23 juillet, sans autre forme de pro-i cès, le ministre d'Autriche-Hongrie à . Belgrade remet au gouvernement serbe une note comminatoire, un véritable ulti-i matuin, conçu, quant à la forme e1 quant au fond, de telle manière que ç'eut ! été pour la Serbie abdiquer tout senti-t ment de dignité et d'honneur que d'y ! répondre affirmativement. : Les lecteurs de la « Nation » connais sent cette note cinglante et savent l'indignation avec laquelle elle fut accueillie dans l'Europe entière, sauf — évidemment — dans la presse allemande. La Serbie a quarante-huit heures pour y répondre. En vain le cabinet de Saint-Pétersbourg intervient-il auprès du Ballplatz pour obtenir une prolongation de délai. L'Autriche reste inébranlable. Le samedi 25 à 6 heures expirait le délai accordé par l'Autriche. A 5 h. 45 le président du conseil serbe franchit le seuil de la légation austro-hongroise à Belgrade et remet la réponse de son gouvernement à la note viennoise. A 6 h. 1/2 le ministre d'Autriche-Hongrie quitte Belgrade après avoir notifié au gouvernement serbe la rupture des relations diplomatiques. En trois quarts d'heure, le ministre d'Autriche-Hongrie avait jugé que la réponse serbe était insuffisante!... Or l'on ne peut assez répéter que cette réponse donnait satisfaction aux injonctions autrichiennes sur la plupart des points. Le gouvernement serbe acceptait en effet que le « Journal officiel » publiât l'aveu par la Serbie de sa part de responsabilité dans l'attentat de Serajevo; il acceptait qu'un ordre du jour, conçu dans ce sens et rédigé par l'Autriche l ,elle-même fût porté à la connaissance de \" armée serbe; il acceptait de procéder à |~ fiffliïïSfflSIteu-dte associations panserbes; - *il acceptait de modifier la loi sur la liberté de la presse et d'interdire à ses journaux toute propagande contre l'Autriche; il acceptait de procéder à l'arrestation des officiers compromis dans l'attentat de Serajevo; il acceptait toutes les exigences viennoises relatives au trafic des armes à la frontière austro-serbe, il acceptait de révoquer les fonctionnaires et officiers dont l'Autriche prouverait la participation à la propagande contre la monarchie dualiste. Enfin il acceptait le principe d'une enquête judiciaire contre les partisans du complot. 11 demandait seulement quelques explications sur la manière dont les délégués austro-hongrois, que le gouvernement de Vienne voulait adjoindre à la commission d'enquête, concevraient leur mission (cette demande n'était, faut-il le dire ? que juste et équitable).La réponse serbe ne satisfit donc pas l'Autriche qui entendait que le cabinet de de Belgrade fît acte de vassalité vis-à-vis de Vienne et les relations diplomatique: furent rompues. * » C'est alors que le chef du Foreigr Office, Sir Edouard Grey, suggéra à l£ France, à l'Italie et à l'Allemagne l'idée d'une démarche commune à Vienne poui demander au gouvernement de François Joseph de soumettre le différend à une conférence d'ambassadeurs. La France accepta d'emblée cette proposition. C'est dire que la Russie y consentit puisqu'en d'aussi graves conjonc tures, la France dut prendre évldemmen l'avis de son alliée. L'Italie s'y montra favorable. L'Allemagne, après avoir longuement hésité refusa de s'y rallier ou plutôt s'y rallié avec de telles réserves que ç'eût été poui la Triple-Entente admettre le point de vue autrichien que d'y acquiescer. L'Allemagne eût pu faire un geste de générosité qui l'eût grandement honorée Elle a préféré suivre servilement la poli tique agressive de l'Autriche et prétendre qu'il n'y avait qu'un moyen de localiseï le conflit : laisser l'Autriche face à face avec la Serbie. Sans avoir égard aux pourparler: engagés entre les puissances, le mard 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclarait 1; guerre à la Serbie. Mais en même temps elle donnait ai cabinet de Saint-Pétersbourg l'assurance qu'elle ne se lançait pas dans une guerre de conquête, mais bien dans une guerre de représailles. Elle aurait assuré égale ment le gouvernement russe de ce qu'elle n'occuperait pas Belgrade. Le lendemain, les troupes autrichienne: bombardaient la ville et y entraient ei vainqueurs. C'est dans ces conditions que le Pont aux-Chantres décida de recourir à une mobilisation partielle à la frontière autri chienne. Cotte mobilisation, mesure de précau tion élémentaire, se justifiait pleinemen vu les circonstances : le cabinet de Saint Pétersbourg ne pouvait laisser égorger la Serbie et il prit telles mesures que de droit pour le cas où, une fois de plus, le Ballplatz laisserait protester sa parole. L'Allemagne interpréta cette mobilisation comme une menace à son égard, comme un danger pour la paix européenne. Elle eut tort. Il n'y a eu d'autre danger que celui auquel entraînait la politique des Habsbourg.Si l'Allemagne avait été sincère dans son désir de paix, c'est à Vienne et non pas à Paris, à Saint-Pétersbourg, à Londres ou à Rome qu'elle eût dû proclamer ses volontés pacifiques, c'est à Vienne, à Vienne seul. Sir Edward Grey, qui ne se tenait pas pour battu, renouvela sa proposition de médiation à l'Allemagne sous une autre forme. Il lui demanda que la Wilhelmstrasse indiquât elle-même la procédure à suivre pour résoudre à l'amiable le conflit austro-serbe. Cette fois tout permettait d'espérer que le gouvernement de Berlin ferait une proposition raisonnable et prononcerait la parole qui pouvait épargner à l'Europe l'horreur des charniers? * * Hélas ! la Wilhelmstrasse fit à la seconde proposition anglaise le même accueil qu'à la première. 11 refusa de faire entendre à Vienne les paroîes de modération qu'on attendait de lui. Il protesta de son attachement à la paix universelle d'une façon qui prêterait à rire si l'heure n'était aussi tragique. Oui! il désirait la paix mais il entendait l'assurer en laissant l'Autriche et la Serbie se battre, en permettant à Vienne de bombarder une ville ouverte, en tolérant éventuellement le morcellement de la Serbie par son alliée. C'est alors — mais alors seulement, il convient d'y insister — que le cabinet de Saint-Pétersbourg, n'ayant obtenu aucune garantie de la part de Vienne et de Berlin au sujet de l'intégrité de la Serbie, décida de recourir à une mobilisation générale, mobilisation qui n'avait, vu les circonstances, rien que de légitime et qui n'impliquait aucunement des desseins belliqueux immédiats contre l'une ou l'autre des puissances de la Triplice. A cette mesure de précaution, le gouvernement allemand répliqua par la proclamation de l'état de siège dans tout l'Empire. En même temps la Wilhelmstrasse adressait un double ultimatum au Pont-aux-Chantres et au Quai d'Orsay. Par le premier elle demandait au gouvernement du Tsar de cesser sa mobilisation dans les douze heures. Par le second elle priait le gouvernement de la République de l'informer dans les dix-huit heures si, en cas de guerre avec la Russie, la France resterait neutre. * * La réponse du cabinet de Saint-Pétersbourg ne lui ayant pas donné satisfaction, le samedi 1er août, à 7 heures et demie du soir, l'ambassadeur d'Allemagne à Saint-Pétersbourg remettait au ministre des affaires étrangères une déclaration de guerre. C'est alors seulement, à l'heure où le gouvernement français sentait que la paix était irrémédiablement compromise, que, soutenu par l'opinion publique toute entière, c'est à ce moment-la seulement que la France décida de mobiliser. Elle avait, dans son attachement à la paix, laissé prendre par l'Allemagne une avance considérable. L'Histoire lui en saura gré. i * i C'est dans ces conditions qu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, toute i l'Europe en armes s'apprête à s'entre-déchirer.Fidèles à notre devoir de neutralité, de la façon la plus impartiale possible, avec le seul souci de faire œuvre historique, nous avons « ramassé » les faits de la semaine tragique que -nous venons de i vivre, en laissant au jugement del'Histoire i le soin d'établir toutes les responsabilités dans la guerre effroyable qui se prépare... Fernand PAVARD. Lire en seconde page : 1 l'Ultimatum allemand à la Belgique LA LEÇON D'UNE ENQUÊTE C'est de l'enquête faite par les Ligues Wallonnes, lors des dernières élections législatives, dont je veux parler (1). Tous les candidats des arrondissements de Liège, Huy-Waremme, Charleroi, Mons, Thuin, Toumai-Ath (Soignies et Verviers ont-ils été oubliés ?) ont été questionnés. Quarante-quatre parmi eux ont été élus, quatorze seulement ont répondu. Les questions étaient cependant importantes et d'intérêt actuel : il ne s'agissait rien moins que de se prononcer sur la défense militaire de la Wallonie, le régime des finances, le recrutement des fonctionnaires, le conflit des langues... MM. les députes ont là-dessus leurs idées arrêtées : leurs études, leurs réflexions éclairées par leur amour de la grande et de la petite patrie leur ont fourni assez d'éléments d'appréciation sur le problème, complexe certes, qui leur était soumis. Evidemment, on n'est pas toujours disposé à donner son opinion, au moment fixé par les enquêteurs, sur des sujets choisis par eux et présentés sous la forme qui leur convient, et cela sous la forme lapidaire, exclusive de toute nuance, qu'exige ce genre d'exercice ! Mais cela suffit-il pour expliquer que sur un contingent de quarante-quatre honorables, trente jugent inutile de donner aucune espèce de réponse ? Il serait fort facile, s'attachant à l'extérieur des choses, de dresser un réquisitoire contre ces « silentiaires », les accusant de manquer d'indépendance d'esprit et d'allures, de subordonner l'avenir de la Wallonie et le salut de la culture française en Belgique aux intérêts de leur parti ou à leurs propres intérêts. On peut ne point aimer les députés et surtout leur besogne, sans pour cela prendre plaisir à ce jeu puéril d'abatage. Il faut, si l'on veut tirer de l'événement une leçon, aller plus loin. Une constatation ne tardera pas à s'imposer. C'est que tous les partis, dans une mesure quelque peu différente, sont peu enclins à prendre position dans un débat qu'ils jugent fort inopportun. Inopportun pour les libéraux qui aimaient rompre la tradition nationaliste de leur parti en coopérant d'un mouvement en quelque sorte régionaliste ; inopportun pour les socialistes qui, rêvant d'incorporer tout le prolétariat flamand de Flandre et de Wallonie veulent le ménager dans toutes ses susceptibilités raciques et entretenir, au surplus, la parfaite unité de leurs organisations ; inopportun pour les catholiques enfin, peu soucieux de créer au gouvernement un supplément de difficultés et d'altérer en rien cette discipline vigoureuse à laquelle, peut-être, ils doivent leur long séjour aux affaires. Inopportun parce que la tactique électorale s'accomode péniblement de ces idées nouvelles, sur la popularité et la fortune desquelles on est mal renseigné. Une élémentaire prudence exige de la réserve, d'autant plus qu'en attendant de savoir « d'où vient le vent », il faut ménager tel personnage, ou tel groupe influent, ne pas compromettre telle situation, préparer l'investissement de tel coin jusque là irréductible ! Mais, si la « question wallonne » est inopportune pour les partis, elle est singulièrement urgente pour le pays. Elle doit être résolue. Ceux qui prétendraient la résoudre sans se faire aider, au moins temporairement, des partis, risquent de s'abuser, du moins, je le pense. Ils n'ont pas vu ou ils'oublient que les partis avec leur organisation exercent sur toute l'activité sociale des citoyens une véritable dictature, que ces mêmes partis donnent le ton à toutes les opérations pensantes de nos compatriotes, qu'ils détiennent enfin l'argent, la presse et les moyens avouables et inavouables de pression et d'influence ! Vouloir, au départ d'un vaste mouvement qui doit réunir tous les Wallons et tous les Belges nourris et épris de la culture française, passer au-dessus des partis, c'est faire œuvre vaine. Non pas que je veuille dire ou que je souhaite que notre action soit mêlée à la politique, rien ne lui serait plus pernicieux. Ce serait un moyen certain de l'énerver et de la vouer à une irrémédiable impuissance. Ce qu'il faut, c'est tenir compte que le Belge est avant tout l'homme de son parti et que si on veut l'intéresser à quelque initiative, il faut que celle-ci soit bien accueillie par le Concile politique dont il se revendique. Les anticléricaux ont, semblent-ils, adopté une autre tactique, en créant des associations qu'ils prétendent libres de toute préoccupation politique. Cette neutralité est généralement réalisée. Mais ce n'est qu'une neutralité de principe. Ces (I) Voir « La Défense Wallonne » de juin.

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel La nation gehört zu der Kategorie Katholieke pers, veröffentlicht in Bruxelles von 1914 bis unbestimmt.

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