LE COURRIER DE L'ARMÉE paraissant les Mardi, Jeudi et Samedi Ce journal est destiné AUX SOLDATS BELGES ; chaque compagnie, escadron ou batterie reçoit dix ou quinze exemplaires français et flamands. ÏYPES ET CROQUIS DU FRONT Etats d'Ame Il serait vain de vouloir noter les différents états d'âme d'un « piotte » au cours de son existence .militaire. lis sont variés à l'infini. En voici un. Il part en permission. Il s'évade pour quelques jours de la vie plus ou moins tragique du front, pous se retremper — si tant est que l'on s'y retrempe — dans ce qu'il considère comme étant la vie civilisée Une chose certaine : Il va \ivre loin des balles, des marmites, des bombes et 'autres cadeaux du même iîenre que l'on échange au front, avec les déplorables voisins d'en lace, histoire d'entretenir l'inimitié nécessaire. Le petit café du village de l'arrière-front. où il avait accoutumé de fréquenter, lorsqu'il était au repos, lui semble déplorablement mesquin. A la tranchée, il lui apparaissait comme un Eden. Il regarde avec pitié ceux qui restent ou ceux qui rentrent. Lui.il a plusieurs joursà dépenser comme i! l'entendra. Il est riche en projets. li étale sa joie. Ii la déguste pendant le précieux moment qui va de son départ de l'unité .jusqu'à l'instant où il monte dans le train des permUsi m mires. Elle *-st un peu troublée par les'lenteurs et les inconvénients d'un voyage inconfortable. Elle se ravive au moment où il arrive à destination. Puis il vaque avec assiduité à ses plaisirs. Il s'efforce de ne pas penser qu'il dépense les belles ièces de ses jours de perm. 11 "envie Josué qui, ^"après la Bible, avait Je pouvoir d'arrêter le .soleil.Puis arrive le moment où son capital de liberté 'se réduit à quelques heures. Celle du départ son-cera bientôt au cadran impitoyable. « Partir, c'est mourir un peu », a dit le poète. En songeant à tout ce qu'il va quitter pour retourner au match international de patience dont il est un des modestes partenaires, le permissionnaire a du fil barbelé dans le cœur. Sans doute, s'il a vécu dans un milieu sain, il a retrouvé dans la vie de l'arrière le pourquoi des luttes et des souffrances du front. Mais il n'est pas seulement un matricule ni une entité. Il est un être de chair et de sang qui ne peut, avec la sérénité du nirvana, se détacher de toutes choses de ce monde* Pour l'instant il en regrette qneiques unes. Il les regrettera jusqu'au moment où ii aura été repris par la vie dn front, où l'écho des paroles de "tendresse ou d'affection aura été effacé par les grosses plaisanteries des camarades et par le tumulte du canon. Et il reprendra avec résignation sa vie. tan tôt mouvementée, tantôt végétative, en se disant que « c'est la guerre », qu'il faut, la foire et qu'après trois ans. ce serait tout de même trop Idiot de ne pas aller jusqu'au bout... Stalky. ta Snbbè lin Hard ea Eelgiqas Il y a actuellement 40,000 Français évacués en Be'gîque qui attendent dans l'angoisse l'heure du j-etour. Il paraît, en effet, que les Allemands, dans le désir de se défaire des « bouches inutiles », sont disposés à laisser ces infortunés regagner la France. Pour le moment, ils sont les hôtes de nos compatriotes, auprès desquels ils ont trouvé un accueil fraternel. Certes, le rapatriement a commencé ; feais, au fur et à mesure qu'il s'effectue* de nou-saux groupes d'évacués plus malheureux les uns .que les autres débarquent... ts Pfeafe Beadiale & la Iliade ^ M. Hoover, dictateur aux vivres aux Etats-Unis et président de la Commission du Ravitaillement de la Belgique et du Nord de la France, déclare /qu'il y a une décroissance totale dans la production de la viande. iM. Hoover émet l'avis qu'il va jlieu de donner la plus grande extension à la consommation des poissons de mer et de rivière, et 'fait remarquer que des masses de ces poissons sont gaspillées ou employées comme engrais. Chaque poisson mangé, dit-il. aide k la solution du problème de ia. conservation animale, J Uns Sépulta déssnls pour nos Hiits Au cours d'une réunion du Conseil de cabinet, tenue jeudi sous la présidence du baron de Bro-quevilie, ministre des affaires étrangères, a été examiné un arrêté-loi assurant une sépulture décente à nos soldats et aux soldats alliés tombés en Belgique depuis le début de la guerre. Dans ce but. des cimetières pourront être édifiés sous le régime nouveau, qui simplifiera singulièrement la législature ancienne. Les Oipatës belges sa 8ski MM. les députés belges résidant en France visiteront. les 12 et 13 septembre prochain, sous la direction de VI. l'ingénieur en chef Biaise, les établissements d'artillerie créés au Havre par le département de la guerre. MM. les députés seront conduits par le président du groupe, M. Colaert, député d'Ypres. Le Cardinal Mercier De M. F. Gauelierancî, dans le Gaulois : Dans le passé de l'Eglise, si lourd cependant de vertus héroïques; il faut remonter jusqu'à saint Léon, saint Ambroise et saint Jean-Chrysostôme^ pour trouver un evêque, un homme, j'allais dire un saint, de la taille morale du cardinal Mercier, li faut aussi remonter, ii est vrai, aux Barbares et auxignominiesdu Bis Empire pour retrouver àtra-vers l'enfer de l'histoire des forfaits qui soient comparables à ceux dont l'Europe est souillée par l'Allemagne. L'archevêque de Malines est déjà l'égal des pontifes les plus grands. Je ne crois même pas que, s'il p a;sait à quelque brute teutonne d'ajouter un peu de sang à sa pourpre, sa personne puisse être considérablement exaltée par la suprême consécration du martyre. Le cardinal belge est pour jamais le Défenseur, défenseur insigne de la patrie et du droit. Le Defensor civitatis est dépassé. L'Historien Henri PSreona en Allemagne On sait que {^autorité allemande en Belgique occupée, désireuse de frapper le professeur Pi-renne, le célèbre historien, pour avoir refusé de prêter la main à la flamandisation de l'Université de Gand. l'a départe avec son collègue P. Frédé-ricq. le 18 mars 1916, sans jugement. Il fut interné au camp de Crefeld d'abord, au camp de Hoizminden ensuite. Crefeld est un camp d'officiers prisonniers ; Hoizminden est un camp d'internés civils. Après être demeuré à Hoizminden de longs mois, M. Pirenne fut consigné, avec son collègue P. Frédéricq, à Iéna, en régime de liberté surveillée ; puis, prétextant un délit de « propagande patriotique » (en plein cœur de l'Allemagne !) l'autorité allemande les a, de nouveau, séparés et envoyés : M. Pirenne à Kreuzbourg, M. P. Frédéricq à Burgen. !.. l'UL-L L 1 J.LLU 1 - - 1 ■■ L _ 'Lit!.1 ^ Succès belges en Afrique Les colonnes belges opérant dans la région S.-E. de l'Est Africain allemand ont entamé avec succès des opérations offensives au Nord et à l'Ouest de Mahenge. Au Nord, la colonne du major Bataille, en marche vers la rivière Ruaha, rejetait, le 18 août, des détachements ennemis établis à Kikumi, et, le 19, elle infligeait un échec aux forces allemandes occupant la position de Tope (une étape au N. de Kidatu). L'ennemi se retira vers le Sud, laissant aux mains de nos troupes un Européen tué, six Européens et un askari prisonniers. Au N.-O. de Mahenge, entre les rivières Ruipa et Kilimbero, une colonne beige opérant en liaison avec une colonne anglaise, progresse en rejetant les forces allemandes qui lui sont opposées vers. Fakara et Mahenge,. A travers Tout M. le chevalier Edmond Carton de Wiart, frère du ministre de la justice, est en ce moment a Sainte-Adresse. Il remplit à Londres les fonctions de délégué financier du gouvernement belge et a eu, en cette qualité, plusieurs entrevues avec le chef du gouvernement et le ministre des finances. **# Une garden-party organisée par nos compatriotes, le 13 août, à Londres a rapporté pour ['Œuvre du Congé du Soldat, plus de 134 livres sterling. # & % Un écrivain anglais, M. Tempîe-Tliurson, propose la construction d'une « voie sacrée » à travers les pays détruits. Cette avenue du Souvenir serait bordée d'arbres abritant des tombes, pour rappeler les crimes allemands. * * * A cause du grand nombre de déserteurs allemands et de prisonniers alliés, détenus en Allemagne. qui passent la frontière, le gouvernement hollandais s'est vu obligé de faire construire un camp de quarantaine a Enschede. Les premiers occupants, le lundi 13 août dernier, furent u» Anglais. un Français et la femme et i'enfant d'un déserteur allemand. * îfc & On sait que des inventeurs, entre autres un Américain, avaient proposé à la Grande-Bretagne de creuser ie tunnel sous la Manche. La Chambre des Communes a examiné à nouveau cette question, Il a déclaré, par l'organe d'un membre du Cabinet, qu'«il est peu pratique de discuter plus amplement la question pendant la guerre ». ï* * & Le croiseur allemand Geier, saisi par les Etats-Unis à Hawaï, lors de la déclaration de guerre, est complètement réparé et entrera en service sous le nom de Carl-Schurz. Cari Schurz était un démocrate allemand, réfugié aux Etats-Unis, qui prit une part glorieuse à la guerre de Sécession. S: # Dans les listes de pertes de l'armée allemande publiée durant le mois de juillet, les jeunes classes sont représentées par les chiffres suivants : Classe 1917.15.982. soit 12.5 0/0 ; classe 1918, 6,036, soit 4.7 0/0 ; classe 1919,145. La moyenne des pertes de la classe 1918 s'est sensiblement élevée, puisqu'elle est passée de 2.4 0/0 (mois de juin) à 4.7 0/0 (mois de juillet). Les tax de l'Etat de nilioois M. Medill Mecormick. un des représentants les plus autorisés de l'Etat de l'Illinois, fils de l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Paris et à Petrograd, a été reçu par les membres du Gouvernement qui lui ont fait le meilleur accueil. M. Mecormick est un grand ami des alliés et spécialement de la Belgique ; il est venu apporter les vœux de son pays pour le triomphe de nos armes communes et dire combien les Etats-Unis sont heureux de coopérer à la victoire définitive du monde civilisé sur la barbarie. «ILJ'-ILLJ-g.-LJ LiJUi.'-—' ■»'■■■ ■■ ' ■■■ ■■ n *■—gggaa En Embuscade Du Klaxon, journal du front français : Deux poilus et un caporal sonten sentinelle dans un petit poste avancé ; le sergent et l£ section sont à quelques pas derrière. Deux coups de feux éclatent. Le sergent s'avance en rampant jusqu'aux sentinelles et. s'adressant à l'oreille du poilu le plus rapproché... — Sur quoi tirez-vous? lui dit-il. Et le poilu répond à voix basse : — Sur l'ordre du cagoraj^ serge.IL lép Septembre 191T Numéro 408

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