Les nouvelles du jour: feuille luxembourgeoise d'informations

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s.n. 1915, 01 März. Les nouvelles du jour: feuille luxembourgeoise d'informations. Konsultiert 18 Mai 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/445h990129/
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Les Nouvelles du Jour Veuille ARLON, LE 1er MARS 1915 Le pain amer de l'exil II était plus qu'intéressant, ii était essentiel, de savoir quelle conception l'on se fait du devoir patriotique dans les milieux ministériels et comment l'on y envisage l'attitude respective des Belges du dehors et de ceux du dedans... A qui et à quoi vont ses sympathies ?Est-il pour la politique du « vide pneumatique » devant l'étranger? Réprouve-t-il ceux des Belges qui ont cru devoir rester au pays et leur reprociie-t-il, lui aussi, un patriotisme de seconde qualité? C'est le Ministre de l'Intérieur, M. Paul Berryer qui s'est chargé de faire connaître l'opinion du Gouvernement en cette matière. Sa déclaration, on le remarquera, est éminemment diplomatique et conciliatrice. Elle n'en sera pas moins bien accueillie par ceux d'ici à qui les doléanoes des réfugiés d'Outre-Manche ont pu faire concevoir des doutes, même fugitifs, quand à la légitimité de leur attitude. « — Si, a dit M. Berryer, le Gouvernement comprend le patriotisme des Belges qui, sans y avoir été invités, à raison de k-urs fonctions ou contraints par la destruction de leurs foyers, ont néanmoins quitté te territoire national en présence de l'ennemi, il comprend aussi celui des Belges que leur attachement à la Patrie a retenus dans leur pays. « Pour le surplus, le sentiment du Gouvernement est que tous les Belges, à de rares exceptions près, ont fait leur devoir, mais que rien ne serait plus fâcheux que de tes voir, safls éléments d'appréciation suffisants, se juger les uns les autres ». Si ceux de nos compatriotes « que leur attachement à la Patrie a reienus au pays » avaient besoin de quelque justification autre «jjt celle dï confcirK», !'s la trouveraient, éclatante, dans les sages déclarations du Ministre belge au Matin de Paris et que l'on vient de lire. Nous voudrions, pour te souci de la dignité nationale, que les dernières paroles surtout de M. Berryer fussent entendues et méditées des deux côtés de nos frontières et que, « sans éléments d'appréciation suffisants », l'on s'abstienne prudemment, charitablement aussi, de se juger les uns les autres. Mais quoi I le Belge est ainsi fait que l'esprit critique — si développé chez lui qu'il constitue presqu'une tare de sa men-ialité — s'exerce en dépit des situations,sur tes choses les plus légitimes et les moins critiquables, pour ne pas dire les plus louables. Et pour peu que les circonstances contraires lui aient rendu l'âme chagrine, l'on conçoit jusqu'où peut aller, chez lui, la manie du dénigrement,mais aussi combien peu ses récriminations doivent correspondre à ies sentiments réels et normaux. Car nous voudrions que ceux qui nous lisent à l'intérieur de nos frontières se pénètrent de l'idée que rien ne doit plus tard rester de ces querelles intra-nationales,rien, si ce n'est de la compassion — une compassion sincère, fraternelle, et non point insultante — pour ceux qui mangent en ce moment le pain amer de l'exil. De ce côté-ci de la Mer du Nord, on a, en effet, trop parlé, de fugitifs belges se gobergeant là-bas, à l'abri du danger dans les douceurs d'une hospitalité plus qu'écossaise.Il en faut rabattre, — et de beaucoup. Certes l'hospitalité anglaise a été généreuse et l'accueil français cordial et délicat. L'exil n'en est pas moins la plus douloureuse souffrance morale. Déjà Jules Destrée, dans un éloquent article du Petit Parisien nous a dépeint te dé-sorientement de ces trois cent mille transplantés qui ne parviennent à s'acclimater ni moralement ni physiquement dans la grande cité londonienne, « ville immense et formidable dont ils ne comprennent pas la tragique beauté ». Le député de Charleroi nous a fait comprendre que « dans l'hospitalité la plus délicate, ii y a toujours un sentiment de dépendance, d'humiliation, qui cause de la gêne et de l'inquiétude » et que tes différences de mœurs et d'habitudes apparaissant dans les menus faits quotidiens, entravent les expansions et engendrent les malentendus. « Le plus important de ces malentendus,explique Destrée,est celui relatif au travail. Les Belges venus ici acceptaient avec émotion d'être logés et nourris, mais ils ne voulaient pas être entretenus: ils entendaient gagner leur vie à bref délai et s'acquitter, par leur labeur, de l'hospitalité qu'ils recevaient. Ils pensaient que, dans une ville aussi énorme, ils seraient, sans trop de peine , utilisés et pourraient alors s'assurer une vie libre, indépendante et digne. Ils s'imaginaient que les Anglais mettraient à les employer autant d'empressement qu'à les admettre à leur table. « C'était mal connaître la situation économique de l'Angleterre. C'était ignorer la vigilance farouche «vsc laquelle chaque corporation de travailleurs se défend contre les chômeurs, les ouvriers non qualifiés ec les gâte-salaires. C'était oublier, enfin, la profondeur du fossé résultant de la différence des langues. <t Aussi, fût-il bientôt évident que la règle de l'accueil anglais se résumait ainsi : des secours, oui ; du travail, non. « L'élan de l'hospitalité anglaise, ne se ralentira-t-il point? Certaines familles anglaises .empressées à nous accueillir pendant quelques semaines, ne trouveront-elles pas pesante une charge qui grève leur budget domestique pendant des mois et «les mois? La mode d'avoir «son Belge» peut passer. « Bref, la situation des réfugiés belges est, en ce moment fort pénible. Le travail est à peu près ' impossible à trouver: l'hospitalisation cordiale chez les particuliers devient rare et les secours publics :e peuvent aller au-delà d'un abri sommaire et d'une nourriture approximative. « Pourquoi je crois indispensable de tracer ce tableau assez sombre, de dire nettement les choses telles qu'elles sont? Pour deux raisons: la première, c'est que je songe à tous les amis restés courageusement en Belgique. Ceux-là, trompés par ce que notre reconnaissance a raconté de l'hospi-alité anglaise, envient ceux qui sont partis et les croient bercés dans des félicités contrastant douloureusement avec leur malheur. » Cette situation n'est pas particulière à l'Angleterre et ce n'est point seulement Jules Destrée qui l'a vue sous son véritable et sombre jour. N'est-ce pas elle encore que Louis Du-mont-Wilden, le meilleur journaliste peut-tre, de chez nous, le plus connu à coup sûr, dépeint dans un tout récent article du Matin, de Paris. « Le désœuvrement, écrit-il, l'ennui, l'éloigne-ment, l'absence de nouvelles, développent partout et toujours la même gamme dissonnante de senti-mens faux et malsains. Petites intrigues, petites vanités, petits chagrins, mettent toujours sur le fond grisâtre du grand chagrin commun, les mêmes broderies interlopes. « C'est ce qu'on voit aujourd'hui dans les petites jociétés, qui se forment un peu partout spontanément parmi les réfugiés belges... « Les fonctionnaires, les bourgeois, les demi-oourgeois, avocats, professeurs, commis, gens de lettres, plus ou moins bien hospitalisés selon le .îasard ou les ressources, traînent inlassablement ieurs semelles sur le pavé des grandes villes qu'ils ne ve;-lenr pas qujtter, et à mesure qu'ils perdent la chimérique espérance de rentrer triomphalement chez eux dans huit jours, s'organisent tant bien que mal pour la vie d'exil. « La vie d'exil ! Ils ne se doutaient pas de ce que c'était quand ils sont arrivés, il y a trois mois, ruyant l'invasion, tout heureux d'abord de retrouver iô câline et la confiance, auréolés de la gloire de leur roi et de leurs solxiats, ils s'entendaient dire partout, avec un peu d'étonnement et beaucoup de àerté, qu'ils faisaient partie d'un peuple de héros. .4ais l'habitude est venue, et peu à peu ils se sont lassés de trop espérer, de trop s'enorgueillir. « Ils sont inoccupés, d'autant plus inoccupés que, depuis la grande catastrophe, on dirait qu'il y a en eux un ressort brisé. Sans contact avec l'intimité de ia grande ville — à Londres, ils en sont séparés par l'infranchissable barrière de la langue ; à Paris par les mille petites barrières d'une foule d'habitudes, de nuances et de façons de dire, que, Parisiens de trains de plaisir, ils ne soupçonnaient pas — ils se sentent de plus en plus dépaysés. » Que nous voici loin, nous aussi, des illusions que nous avons longtemps nourries sur le charme de la vie d'exil. Pour être restés dans notre chère Patrie, malgré les dangers passés, malgré l'occupation, mai-gré l'avenir incertain, nous avons trop facilement cru que tes fugitifs avaient gagné des régions bénies, et peut-être à certains moments les avons-nous enviés, et peut-être même — rentrons en nous-mêmes — les avons nous accusés. Rien n'est moins enviable que leur sort, assurément, et à choisir entre les deux alternatives, si c'était à refaire, pour notre part, nous referions ce que nous avons fait. La morale de tout ceci, c'est que le pain amer de l'exil a singulièrement aigri l'esprit de nos malheureux compatriotes réfugiés au dehors et qu'il nous faut, comprenant tout le douloureux de leur situation, ne pss leur tenir rigueur de leurs récrimi-i a fions quelque blessantes qu'elles puissent tre pour nous. Le Temps remettra toutes choses en place. LES N. du ]. .. ->-»»««•-< — LES GRANDES FIGURES DU JOUR M. Winston Churchill. ■ )o( En décembre 1899, on pouvait lire au coin des rues de Prétoria une affiche portant le signalement suivant : « A priais, âgé de 25 ans, taille d'environ 5 pieds 8 pouces, traits réguliers, teint pâle, che/eux roux-bruns, petite moustache à peine perceptible, marche un peu courbé, parle du nez, ne sait pas prononcer les «s» et ne comprend pas un mot de hollandais. » C'est en ces termes que les Boers désignaient leur prisonnier de guerre d'alors, le correspondant du «Morning Post», M. Winston Churchill, qui avait réussi à Jeur échapper. Fait prisonnier en novembre avec un train blindé anglais, il s'ennuyait tellement depuis un mois dans sa prison de Prétoria qu'il avait sauté par-cte**?* le tnur, s'était caché dans ls ville, l'avair quittée dissimulé dans un train de marchandises et avait gagné, après maintes aventures, Delagoa-Bay. Là, à peine arrivé, il prenait un train pour Durban (Natal) et se rendait de nouveau immédiatement sur le front. Ce fait caractérise l'homme, dont toute la vie a été un mouvement perpétuel. Si l'on tient compte des quinze années qui s-e sont écoulées depuis lors, la description ci-dessus est encore applicable au Churchill actuel. M.. Winston ChurchH ?s; taille moyenne; il a des traits réguliers, m?.«s durs, et un front élevé trahissant l'intelligence. Sa face est éclairée par des yeux bleus d'azur. Souv sinr, oàle n'est point d'un Anglais, et Churchill a ; îutôt le type américain. Sa mère d'ailleurs, du nom de Jérôme ,était fille d'un journaliste américain, i-orsque le jeune Churchill fut fait prisonnier par .es Boers, il avait déjà plusieurs campagnes à so- actif. A vingt ans, il était lieutenant. Comme tel, il était parti en qualité de correspondant de guerre pour Cuba, où il combattit dans les rangs espagnols. De là, il se rendit aux Indes où il prit part, avec son régiment, à la campagne, dite de Turah, \ la frontière anglo-afghane ; ii s'y distingua à différentes reprises par son courage et son intrépidité. En 1898, pendau. ia campagne du Soudan, Churchill se trot*/ait parmi les cavaliers anglais qui combattirent à Omdurman. Nous avons déjà parlé de ses aventures pendant la jCJerre des Boers. Revenu de l'Afrique du Sud, il abandonna le journalisme et la vie militaire et se tourna vers la politique. De 1900 à 1904, on le trouve membre de la Chambre des Communes comme député conservateur d'Holdham ; puis ii passa dans le camp libéral, devint en 1906 membre du Conseil d'Etat, en 1908 président du Board of Trade dans le cabinet Asquith ,en 1910 ministre de l'Intérieur et, actuellement ,âgé de 40 ans à peine — il est ,*»é en 1874 — le voici premier lord de l'Amirauté et la personnalité la plus en évidence du ministère libéral au cours de la présente guerre mondiale. k La plus fameuse chanson du monde j est une complainte guerrière... 4** •• En avril 1914, hamber's Journal publiait les résultait jcvr savoir quelle est la plus fameuse (JEanson du monde. A un questionnaire établi spécialement, il fut répondu de tous les pays où l'on parle anglais; et chose, étrange, la grande majorité des suffrages se reporta sur une chanson dite depuis lors la plus solide d'entre» toutes, nous voulons parler de la chanson française : j «Malbrough s'en va-t'en guerre...n qui berça notre enfance. « Aucune autre chanson, écrivait alors un journaliste français, n'atteignit jamais la renommée, la gloire et la popularité de cette vieille complainte guerrière, chez toutes les nations qui l'ont apprise ou connue. On en a peut-être oublié les paroles, mais le rythme en est immortel. » Avant d'énumérer les pays, que signalait le journal anglais et où la mélopée se retrouve, remarquons d'abord que certains peuples ont conservé l'air, et que d'autres ont conservé et l'air et l'essence de la chanson mère: Malbrough s'en va-t'en guerre... En Angleterre, il n'y a pas de banquets, d'agapes confraternelles, où les convives se séparent avant d'avoir chanté, debout, tournés vers le maître de la maison ou vers la personne qu'on veut honorer... For he 's a jolly good fellow (car c'est un rudement bon garçon) et cela, sur l'air Mironton, mironton, mirontaine. De la table du lord-major de Londres à celle du plus humble artisan, il est des circonstances où l'on entend encore We wount go home till morning (nous ne rentrerons pas chez nous avant le matin) ce qui est une autre variante. En Irlande, petit trait amusant, lorsque sir Edward Carson passait sur le front de ses troupes improvisées, après leur avoir adressé un discours vibrant, il était accueilli en j guise de réponse par le même air et les mêmes paroles modulées sur un ton plus grave de cantique : For he 's a jolly good fe...llow! so say we ail of us!... Les Français que le plaisir ou les affaires attirent en Egypte, sont toujours stupéfaits d'entendre les fellahs qui remontent en ramant le cours du Nil, les porteurs d'eau, les laboureurs au travail, fredonner : Woolla metfa yeryalaïl! ... et Mirroyah, mirroyah, j mirroyaïl!... vieux refrain de la complainte guerrière de Malbrough... déformé, refrain maintenait arabe, où est chantée la plus grande gloire du sultan Bounardebin (Bonaparte) qui mit en fuite les Turcs et délivra le pauvre peuple des exactions des marne-lucks!... Les mezzins eux-mêmes, au Caire, appellent parfois à la prière en scandant : La Illah Allah Rassoul Allah/... sur l'air qu'ils empruntèrent aux soldats de Kléber. En Espagne encore la chanson de Malbrough est populaire ; on y déclame «Manbrun, Manbrun se hue à la guerral... » Et les gitanos la dansent en y adaptant des pa- i rôles étranges. j On la retrouve aussi en Sicile, à Malte, où lord Byron composa sur son air un peu varié et plus vif que l'anglais, une poésie célèbre à jamais: •.(Farc- . well to the maid of Malta!... » On peut dire en somme, sans rien exagérer et pour mettre fin à i'énumération géographique que, d'un bord à l'autre de la Méditerranée et chez les peuples latins et islamiques, dans tous les pays anglo-saxons et de possession anglaise, la mélopée de Malbrough se retrouve et se chante depuis des siècles... D'où vient h diffusion si extraordinaire de cette complainte guerrière? Au premier abord, la chose | peut paraître curieuse, parce qu'on croît rf "ordinaire ■ que le poète 6t învmteur-compositeur fût quelque i «icKisticu aux onn-te# frsnçju.ses vain- j eues à Malpîaquet et qui fut tenté de se venger en ridiculisant le général anglais victorieux, le duc de Malbrough. S'il en était ainsi cependant, on s'expliquerait alors mal — ou pas du tout — que cette complainte qui daterait donc de 1709, ait pu avoir eu, relati-ment en peu de temps pareille fortune... Il faut en outre remarquer que ce ne sont pas le; paroles qui sont célèbres, mais bien l'air et la forme de ladite complainte dans laquelle l'auteur se lamente sur le sort d'un guerrier frappé à la fleur de l'âge... Le compositeur de Malbrough s'en va-t'en gperre s'avait pas fait œuvre originale,il n'avait fait que mettre au goût du jour, une autre complainte sur la mort du duc de Guise, laquelle en reproduisant une autre en core. Mais vraisemblablement la célébrité de cette chanson est due à une autre manifestation du génie français : aux croisades. Ce fut quelque troubadour inconnu de la Cour du roi St-Louis qui en trouva j'air lui-même et qui en composa les paroles. Ceci expliquerait que cet air ait été appris par les musulmans, qui le chantent depuis lors et qui le chantaient déjà lors de la campagne d'Egypte... On trouve dans un recueil de chansons, une façon fort curieuse d'expliquer la diffusion européenne et anglaise de ce qui n'est rien d'autre que Malbrough s'en va-t'en guerre?... Cette explication est donnée par M. Warral, elle vaut ce qu'elle vaut et n'a peut-être que le mérite d'être amusante. Là voici: Sous la tente, devant Jaffa, le Roi de France, recevant le roi d'Angleterre ( ?) fait chanter par son troubadour la complainte guerrière nouvellement composée par ce dernier et contant les malheurs d'un croisé tombé blessé, dans les mains des Infidèles. Le roi d'Angleterre aurait alors fait improviser, sur-le-champ, par son ménestrel attitré, et sur le même air, des louanges en l'honneur de son hôte et dont les paroles seraient donc les ancêtres de For.he 's a jolly good fellow!... Quoiqu'il en soit, on peut dire que la plus belle, la plus fameuse, la plus «solide» chanson du monde est une complainte guerrière... i D. REFDARB. EN MARGE DE LA GUERRE , LE NOUVELLISTE ! Le nouvelliste est l'homme du jour,l'homme à la mode. Il est devenu célèbre au début des hostilités et depuis ce jour sa renommée n'a fait que grandir — ce qui tient à la prodigieuse activité qu'il déploie dans l'accomplissement de sa tâche: le nouvelliste est devenu, comme son ancêtre du «Tour du Monde en quetfe-vingts jours», un «Passe-Partout» que l'on rencontre dans tous les coins, en rue, au café, dans les attroupements, en voyage. A ses propres yeux, il est nettement supérieur au vulgaire, grâce à l'expérience acquise par un travail de sept mois; de plus . il se sont entouré d'une sympathie générale, que les gens sans esprit — ou sans éducation, comme vous voudrez — sont seuls à lui refuser. Bref, il a la grande vogue, il est l'homme du jour, et ce n'est que juste... du moins, c'est son \ opinion, car il s'acquitte au mieux de son devoir j patriotique. || La Presse est privée de ses moyens d'information, 'j cependant que les événements suscitent en nous un ; grand désir de savoir. Qu'a fait notre homme? Il \ s'est procuré des «tuyaux». Lesquels? C'est son ? affaire: n'allez pas pousser l'indiscrétion jusque-là. § Ce qu'il sait, il le sait d'une manière certaine, offi- \ cielle, comme il aime à répéter, mais, de grâce, s'il \ vous fait l'honneur de ses confidences,si vous avez la bonne fortune de le rencontrer lorsqu'il vient d'apprendre la grande nouvelle, gardez le secret. C'est d'ailleurs la recommandation qu'il fait à tout le monde. Je l'ai rencontré hier au café. •< Rien de nouveau ? », dis-je. Et lui, avec une légère moue: «Non, pas grand'chose». Je m'étais assis vis-à-vis de lui. Il eut un long regard circulaire, interrogateur, mystérieux, puis, se penchant au-dessus de la table, il chuchota : uForte poussée sur toute la ligne, mon cher, ce qu'on les 0 empilés /» — « Excellent, excellent, dis-je pour exciter sa verve, des nouvelles sérieuses font toujours plaisir. »> — «Bien sûr, bien sûr...» et il s'emballait: «Mais, vois-tu, si seulement ils avaient la bonne idée de faire une poussée par ià», et son index glissait sur une carte qu'il avait tirée de sa poche avec mille précautions, «ça irait plus vite et ça coûterait moins d'hommes, parce que... mais..., et le voilà parti dans une digression d'une demi-heure, parlant d'autorité, en homme bien informé: appréciations sur les opérations passées, présentes, pronostics sur les opérations futures, tranchées..., bombardement... attaque... contre-attaque... poussée... charge... clairon qui sonne... canon qui gronde... tout le répertoire éclatait sans que j'eusse le temps de rien saisir. Lui agité, hors d'haleine, les yeux illuminés, devait se croire au plus fort de la mêlée. Quand il eut fini: «Ça traîne, dit-il, mais vois-tu, c'est des hommes décidés qu'il faut. Allons, suppose que nous soyons sur l'Yser: je prends 400.000 hommes dans ma main... je leur tombe dessus... et crac, c'est comme ça qu'opérait Napoléon, mais aujourd'hui personne ne sait plus faire la guerre! » Il n'en pouvait plus; j'en avais assez aussi, par exemple. Il me fit promettre de garder le secret — il le demande à tout le monde — et me laissa, visiblement satisfait de lui-même. Franchement, n'est-ce pas l'homme du four " Je parie que vous l'avez déjà remontré. Marcel DELANGESi \ j Namur. fà »? Février ^515 QUESTIONS ECONOMIQUES Les Problèmes qui se poseront demain i . Puisque toutes nos bonnes volontés, tous ' nos vœux, tous nos espoirs réunis n'avanceront pas d'une heure à l'horloge du ; Temps, la fin de l'effroyable tourmente • dans laquelle tant de peuples sont emportés j comme dans un tourbillon, et puisque, ma'-] gré toutes les misères et toutes les angoisses [ du moment, nous savons pourtant que cette tourmente aura, quand même, une fin dons chaque jour qui s'écoule hâte par une nécessité inéluctable le rapprochement, plu-■ tôt que de perdre notre temps à échafauder des hypothèses dont la fragilité n'a de comparable que celle des châteaux de cartes, pourquoi ne pas, dès à présent, aborder do front les questions économiques qui se poseront forcément dès le lendemain de la cassation des hostilités. Je sais bien, dit dans la Belgique, M. H. G., qui nous convie à de telles méditations, je sais bien qu'en ce qui concerne Bruxelles notamment, qui est plutôt une ville de rentiers, la grande majorité des citoyens ne s'inquiète pas de cette éventualité, dans s» conviction que dès que la Bourse, les théâtres et les cinémas seront rouverts et la rermeiure des cafts rétablie aux heures habituelles, tout reprendra son petit train-train coutumier, sans modifications profondes, et qu'il n'y aura plus dès lors qu'à se laisser vivre aussi douillettement que possible, comme par le passé. Mais Bruxelles ne constitue pas toute la Belgique et j'imagine que quand i! faudra s'efforcer, dans le moins de temps possible, de remettre chaque chose à sa place et dans le même ordre que précédemment, j'imagine, dis-je, que notre pauvre petite Belgique ne considérera pas l'énormité du travail qui lui incombera, non plus que !a grandeur de l'effort qu'elle devra accomplir pour se relever, du même œil optimiste que nos bons et paternels rentiers bruxellois.En ce qui concerne principalement tes provinces de! Liège, ù>_ Nanj«r si du H°.W. naut, (et l'on peut hardiment y ajouter le Luxembourg N. D. L. R.), avant qu'elles n'aient retrouvé leur prospérité d'antan, i! coulera, sans aucun doute,encore beaucoup d'eau sous les ponts. Avant que tous les rouages de notre vie économique ne soient complètement reconstitués et notre vie économique elle-même en état de fonctionner comme antérieurement,, des années p»Jv-seront.D'où je conclus que l'individu, tant comme producteur que comme consommateur, devra nécessairement chercher à se défendre, sous ces deux formes, avec plus d'â-preté que jamais dans la dure lutte pour l'existence. Envisageons-le donc successivement sous ces deux aspects, ne fût-ce que pour rechercher s'il n'existerait pas quelque moyen efficace de l'aider à triompher des maux qui le menacent de tant de côtés à la fois. Cèle vaudra toujours mieux que de faire, comme tant d'inutiles et de désœuvrés, de la haute stratégie dans les cafés, entre de-ux consommations dont le prix représente déjà, à lui seul, la nourriture de plusieurs dé~ nués pendant une journée. Il est évident que, comme producteur, te pouvoir de défense de l'individu est relativement faible, puisque le salarié dépend de son employeur qui, lui-même, est à la merci de la concurrence. Mais, par contre, sa dépendance est irifê-niment moindre comme consommateur. Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à ce que des penseurs tels que Robert Owen el Lassallc, et plus lard Charles Gide, Louis Bertrand, Banceel et tant d'autres, aient préconisé l'association des consommateurs pour supprimer les intermédiaires et obtenir les denrées alimentaires et autres à des prix mini-ma.Le coopératisme répond bien à un besoin primordial de faire disparaître un excès do misère et donne satisfaction à une tendance très humaine. Constatons, toutefois, qu'avant d'être mis en pratique pour la première fois par les « Equitables Pionniers ck; Rochdale, le coopératisme avait eu ses théo riciens, dont le plus célèbre fut le commua niste Robert Owen, ami du duc de 'Kent, le père de la Reine Victoria. L'initiative, cette fois, était partie d'en haut. Il n'en fut pas de même pour une autre forme économique d'échange, le » grou-pisme » qui, lui, est réellement sorti du terreau populaire, et, chose curieuse, du terreau wallon, ce en quoi il nous paraît «mériter quelques lignes d'exposition. Aucun théoricien ne l'avait proposé ni préconisé, ce « groupisme » ei, pourtant il entra en pleine efflorescence, malgré l'hostilité des détaillants et l'ostracisme auquel le condamnèrent les socialistes coopé-rateurs. Cet oslracisme ne cessa pas, d'ailleurs, de se manifester, surtout au point de vue politique, par l'exclusion des socialistes groupistes du nombre des mandataires du parti ouvrier belge, H~ && 'ï.è . ï *.■: Luio^M&râi M.&I* iïUô

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Les nouvelles du jour: feuille luxembourgeoise d'informations gehört zu der Kategorie Liberale pers, veröffentlicht in Arlon von 1914 bis 1916.

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