Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 08 June. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 28 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/696zw1cx31/
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Mardi 8 juin 19fi'> JE5> centimes le numéro 59me année — N° 139 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; \ fr. pour six mois ; S fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, RTJie DE FLANDRE, 3, GA-HsTI TELEPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. Avis officiels allemands I ûand, 5 juin. — Inspection d'Etappe IV. I La commune de Schoonaerde, sur le territoire I Je laquelle le 24 avril 1915 il a été fait deux fois I des tentatives en vue de faire dérailler les trains ■ de chemin de fer, par le dépôt de pièces de fer ■ sllr les rails, est condamnée, par décision du ■ Commandant en chef de l'armée, à une amende ■ de 5.000 marks. I La commune de St-Gilles, sur le territoire de ■ laquelle, dans la nuit du 7 avril 1915, une lan- ■ terne de signal, appartenant au service de la ■ gSre de Baesrode-Sud, a été enlevée et détruite, ■ est condamnée, par décision du Commandant en ■chef de l'armée, à une amende de 5.000 marks. ■ Ceci est porté à la connaissance du public par Le chef de l'administration civile VON KEUDELL Conseiller d'Etat. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqués officiels allemands I Berlin, 5 juin. — On se dispute encore les ■ restes de la sucrerie de Souchez qui, en ce I moment, est de nouveau au pouvoir des Fran-I çais. Près de Neuville, les attaques ennemies ont I été repoussées. Nous avons lancé des bombes I sur le champ d'aviation de Dommartemont près I de Nancy. I WTB. 6 juin. — Des attaques françaises con-I tre nos positions sur la pente des collines de I Lorette ont été repoussées avec grandes pertes I pour l'ennemi. | Les restes de la sucrerie de Souchez sont I encore en possession des Français. A Neuville I deux groupes de maisons ont été prises. Des I attaques de mines en Champagne n'ont pas eu I d'effet. La forteresse de Calais et le champ ■ d'aviation de St-Clément près de Lunéville ont ■ élé frappés par nos bombes. Communiqués officiais français ■jftsris, 3 juin (1( heures). — Dans la région ■ ati^ord d'Arras, le combat d'artillerie a conti-I nué. Pendant la nuit quelques actions violentes I d'infanterie se sont déroulées à l'est de Notre-i Dame-de-Lorette, où les positions n'ont pas été modifiées de part ni d'autre. ! Paris, 3 juin (23 heures). — Rien à signaler | si ce n'est une nouvelle progression de nos troupes dans le Labyrinthe, au sud-est de Neuville-Sainl-Vaast.Paris, 5 juin (15 heures). — Dans la région au Sud d'Arras, où l'activité de l'artillerie a été grande, la lutte se poursuit. Au Nord de la sucrerie de Souchez, nous nous sommes empa-I rés d'une tranchée ennemie. ; Dans Neuville-St-Vaast une tentative de con-tre-attaque allemande a été enrayée à coups de grenades. Dans le « Labyrinthe », au' Sud de Neuville, nous avons encore gagné une centaine de mètres. Les Allemands, avec une pièce tirant à longue portée et visant Verdun, ont lancé quelques obus. Les Allemands ont aussi envoyé sur Saint-Dié quelques projectiles. Communiqué officiel anglais Londres 5 juin. — Maréchal French annonce r sous la date du 4 courant : Depuis la prise de quelques bâtiments, réalisée pendant la nuit du 30 mai, ainsi que de quelque terrain du château détruit de Hooge, à 5 km. à l'Est d'Ypres, nos tranchées au delà de Hooge furent exposées à un violent bombardement. Le combat fut poursuivi toutefois avec moins de violence. A deux reprises nous fûmes obligés d'évacuer les bâti ments. Hier soir nous les avons cependant i repris. i Au Nord-Est de Givencliy, nous avons chassé hier l'ennemi de ses tranchées. Au levier du i soleil il nous fut impossible de maintenir, sous i le feu de l'adversaire, les tranchées conquises i la veilte. I Sur le front oriental i Communiqués officiels allemands 5 juin. — Après avoir repoussé des attaques des Russes près de Rawdsjany et de Sawdyniki, ] nos troupes ont pris l'offensive, obligé l'ennemi d'évacuer la tête de pont de Sawdiniki et fait 1,970 prisonniers. Plus au nord, dans la région de Pokeljany, il y a eu des combats de cavalerie qui nous ont été favorables. A l'est de Jaroslau, la situation n'a pas changé. A l'est de Przemysl, les troupes du général von der Marwitz réunies aux forces austro-hongroises progressent dans la direction de Mosziska. L'armée du général von Linsingen a rejeté l'ennemi sur Kalusz et Zurawno (sur le Dniester). WTB — 6 juin. — Notre offensive dans la région de Sandynisky a encore gagné du terrain et porté le nombre des prisonniers à 3650. Plus loin an. sud d'Ugiana une attaque d'une division russe a été repoussée. Au sud du Njemen des troupes russes ont été refoulées sur la ligne Sapiezyski-Wolki. Les troupes allemandes-autrichiennes ont rejeté l'ennemi à l'est de Przemysl jusqu'à dans la région du nord-ouest et du sud-ouest de Mosoi-ka.L'armée Linsingen a assailli la tête de pont près de Zurawno. Elle est sur le point d'enlever le passage de la Dniester. Aussi plus loin vers le sud la poursuite continue; elle nous procura juequ'ici 10.Ç00 prisonniers, 9 canons et 14 mitrailleuses. Communiqués officiels autrichiens Vienne, 5 juin. — Dans le courant de la journée, Przemysl a été débarrassé de l'ennemi, qui se retire dans la direction de l'est et qui tente d'opposer de la résistance, avec des arrières-gardes au sud-ouest de Medyka. C'est là que les troupes coalisées attaquent maintenant. Entre-temps l'armée Boehm-Ermolli est parvenue à déborder, du sud, les positions défensives russes et de pousser dans la direction de Mosciska, endroit dont nos troupes ne sont plus éloignées maintenant que de quelques kilomètres. A l'occasion de ces combats, de nombreux prisonniers restèrent dans les mains des vainqueurs. L'attaque de l'armée Linsingen a eu de nouveaux succès également. Les Russes sont depuis aujourd'hui en pleine retraite devant cette armée. A la ligne du Pruth, de nouveaux combats se sont développés par la -éac-tion des événements au San et au Dnjestr supérieur. Là où l'adversaire tenta des attaques, il fut repoussé avec des pertes considérables. 900 hommes ont été faits prisonniers. Pour le surplus, la situation au San inférieur et en Pologne est inchangée. Vienne, 5 juin. — A l'est de Przemysl, les Russes n'ont pu se maintenir près de Medyka. Les troupes coalisées avancèrent plus loin en combattant vers Mosziska. Dans la région du San inférieur, plusieurs poussées en avant ennemies furent repoussées. Les troupes coalisées avancèrent de l'ouest, jusque près de Kalusz , et Zurawno. Les combats au Pruth continuent. L'adversaire attaqua ici violemment sur différents points, mais il fut refoulé au fleuve. Communiqué officiel russe Pétrograde, 5 juin. Dans la région de Schaulen, au cours du 2 et 3 juin, des escar- nouches eurent lieu sans résultat essentiel pour lucun des deux partis. Au Bohr, l'ennemi bombarda dans la soirée lu 2 juin la forteresse d'Ossowjetz avec l'artille-ie lourde. Du front du Narew, ainsi que de la ive gauche de la Vistule, rien de nouveau. Sur la rive droite du San l'ennemi continue ion offensive dans la vallée de la Wisznia Le :ombat se poursuit encore. Entre les fleuves Tysmwienica et Stryj, nos roupes se sont retirées, sur les têtes des ponts lu Dnjestr. Pendant la nuit du 3 juin l'ennemi tenta d'en-oncer ces retranchements, en suivant de très irès nos troupes. Sur le front italo-autrichien Communiqués officiels autrichiens Dans la région de la frontière du Tyrol, il n'y a pas d'événements essentiels à signaler. A l'est de la crête du Kreuzberg, nps troupes ont enlevé deux cimes que les Italiens avaient occupées en force. A la frontière de la Carinthie, le combat d'artillerie continue à certains endroits. Sur le territoire de la côte, on se bat dans la région de Karfreit. Dans le territoire de frontière du Tyrol et de la Carinthie, rien d'essentiel ne s'est passé hier Un bataillon ennemi qui s'était montré dans le territoire du col de Stilf, a été chassé. Dans la judicarie, dans la vallée de l'Ebsch, sur le plateau de Folgaria et de Lava-rone et sur plusieurs points de la frontière de la Carinthie, le combat d'artillerie continue. Dans le territoire côtier, 3 officiers et 50 hommes nous sont restés dans les mains, lors d'une attaque exécutée par 4 bataillons italiens contre nos positions au nord de Tomein et qui fut repoussée avec des pertes sanglantes pour l'ennemi.Communiqué officiel italien Rome, 2 juin. — Il n'y a pas de combats importants à signaler des frontières du Tyrol et du Trenlin. Nos troupes ont avancé dans la vallée dedudicarie et ont occupé Storo, en avançant par Condino ei en" exécutant leur jonction avec des détachements alpins, descendus des vallées escarpées du Caffaro et de Canonica vers le Chiese. A la frontière de la Carinthie, nous dérangeâmes, le 31 mai, au bout de la vallée du Racco-lana, une tentative de l'ennemi de construire un pont sur le Sturzbach, au delà de la frontière, à la pente septentrionale du Predil. Le mauvais temps persista pendant toute la journée et empêcha de plus grandes opérations. A la frontière du Frioul, sur la rive gauche de l'Isonzo, à environ 10 km. au nord-ouest de Toi Mindos, Montinero est en notre possession. L'après-midi du 31 mai, l'ennemi essaya de nous chasser, par de violentes contre-attaques, des localités occupées. Les communiqués officiels italiens Zurich, 4 juin. — On mande de Rome à la Neue Zuriclier Zeitung : Le grand état-major italien a décidé de ne publier un communiqué de guerre officiel qu'après des opérations terminées. Les communiqués îe paraîtront donc plus ni régulièrement, ni ournellemenf. Des communiqués officiels au sujet des opérations de la marine paraîtront încore à de plus grands intervalles. Aux Dardanelles Communiqué officiel turc Constantinople, 5 juin. —Au front des Dardanelles, dans la région de Sedd-u!-Bahr, l'ennemi, appuyé de renforts qn'il a reçus ces jours derniers, avtaqua violemment depuis hier après-midi, mais il fut repoussé par nos contre-attaques. Jusqu'ici nous nous sommes emparés de 5 mitrailleuses. Le combat continue également aujourd'hui très favorablement pour nos armes. Nos batteries de la côie, sur la côte de l'Âna-toiie, bombardent efficacement, dès que le moment leur paraît favorable, les colonnes d'aita-que et l'artillerie de l'ennemi, ainsi que ses navires, s'ils se montrent. Un obus a touché le Braix. Près d'Ari-Burnu, pas d'action importante. Le 30 mai un sous-marin allemand a. torpillé et coulé dans la nuit un navire ennemi près des îles Strato, au Sud de Lernnos. On n'a pu déterminer de quel type était ce navire. Dans la nuit du 3 au 4 juin un releveur de mines français sombra :i la suite d'une explosion entre les îles de Keusten et Hekim, devant Smyrne. Ses débris ont dérivé à la côte de Smyrne. Les réfugiés en Hollande La Commission cenirale pour la défense des Belges réfugiés en Hollande a remis au ministère hollandais de. l'Intérieur un rapport d'où nous extrayons ces chiffres intéressants. Il y a environ un million de réfugiés, dont 503,000 on: pris !a route du Brabant septentrionale; 450,000 celle de la Zélande; 70,000 celle du Limbourg. Toutefois, peu de jours après la reddition d'Anvers, un grand nombre de réfugiés sont rentrés en Belgique. Le moment du plus fort encombrement a été le début d'octobre : il y avait alors environ 720,000 réfugiés se répartissant comme suit : Brabanî septentrional, 410,000; Zélande, 156,000; Limbourg, 28,750; Hollande méridionale, 57,000;Hollande septentrion., 34,000; Utrecht, 7,450; Gueldre, 12,800; Overysel, 4,700; Drente,3,000; Groninghe, 2,900; Frise, 2,500. Le nombre des réfugiés indigents connus de la Commission s'est élevé à 108,400. Depuis le mois de novembre le retour en Belgique ou le départ pour l'Angleterre n'a pas discontinué. Toutefois, à fin mai on signalait encore un total de 80,000 réfugiés, dont 25,000, vivant à leurs propres frais. Abonne m en ts Les personnes qui prendront uir abonnement au Journal de Gand pour le trimestre prochain recevront le journal gratuitement jusqu'au 1" juillet. Prix de l'abonnement par trimestre, payable par anticipation : DEUX FRANCS. Chronique Gantoise CONSEIL communal. — Séance secrète du lundi 7 juin, à 5 12 heures de l'après midi. Ordre du jour : Fabriques d'église, comptes de 1914. Hospices, a) crédit de fr. 1,975 pour réfection des sonneries et téléphones à l'Hôpital, b) budget de 1914. insuffisances. Commune de Swynaerde; demande d'une avance de fr. 6,250. Communications. VILLE DE GAND. — Le Collège des Bourgmestre et Echevins met au concours, parmi les artistes gantois et des communes limitrophes,un projet de certificat orné. Le dessin couronné sera exécuté en lithographie (noir sur blanc). Une prime de 200, une de 100 et une de 50 francs seront décernées aux trois premiers. Les projets, portant une devise, seront présentés en grandeur d'exécution et adressés au plus tard le 10 juin prochain au bureau de l'Instruction publique, rue du Bas-Polder, 2, ou l'on pourra obtenir les renseignements complémentaires.Les ouvrages primés resteront la propriété de la Ville. Ils seront soumis à un jury désigné par le Collège échevinal. ŒUVRE communale de l'alimentation. — La revision des inscriptions aura lieu aux jours suivants, dans les réfectoires indiqués ci-dessous : Mardi 8 juin, réfectoire rue du Bondon, à 9 heures (Beffroi) de 1 à 150; à 10 h. de 151 à 250; à 11 h. de 251 à 350; à 3 h. de 351 à 425; à 4 h. de 426 jusqu'à la fin. Mercredi 9 juin, chaussée d'Ottergem (Kring) (au réfectoire, rue du Bondon), à 9 h. (Beffroi), de 91 à 200; à 10 h. de 201 à 300; à 11 h. de 301 jusqu'à la fin. Mercredi 9 juin, réfectoire rue du Strop, à 3 heures (Beffroi), de 1 à 150; à 4 h. de 151 à 250; à 5 h. de 251 jusqu'à la fin. Jeudi 10 juin, réfectoire St-Pierre-A'ost, à 9 heures (Beffroi) de 1 à 150; à 10 h. de 151 à 250; à 11 h. de 251 à 350; 12 h. de 351 jusqu'à la fin. Vendredi 11 juin, réfectoire Boulevard d'Ak-kergem, à 9 h. (Beffroi), de 1 à 100; à 10 h. de 101 à 200. Vendredi 11 juin, réfectoire rue Ch. L. Die-ricx, à 3 h. (Beffroi), de 201 à 300; à 4 h. de 301 à 400. Samedi 12 juin, réfectoire quai de laBiloque, à 9 h. (Beffroi), de 1 à 150; à 10 h. de 151 à 250; à 11 h. de 251 jusqu'à la fin. Le Comité. VENTE DE MAIS au commerce de détail.— Les intéressés qui ont introduit leur demande en obtention de maïs, destiné à la vente au détail en temps utile et dans les conditions requises, peuvent se présenter à la Halle aux Draps dans l'ordre suivant, pour prendre leur bon et effectuer les payements. Le mardi 8 juin : Ceux qui n'ont pas reçu de numéro d'ordre. Mercredi 9 juin : Ceux qui ont reçu le n° 257 jusque y compris 287. Jeudi 10 juin : Ceux ayant reçu les n0' 288-325.Chaque jour de 9 à 11 heures du matin. La production de la patente est exigée. Maïs pour bétail. — Une certaine quantité de maïs veint d'être mise à la disposition du Comité de Gand-agglomération. Les demandes devront être intrduites à la Halle aux Draps au plus tard le 10 juin à midi. Elles renseigneront: Le nombre de bêtes à nourrir. Le nombre de kgr. demandés. Certifié conforme le commissaire de police de la section compétente. N. B. Toute demande ne remplissant pas ces conditions sera refusée. (Communiqué). A MONT-ST-AMAND.— Un dirigeable s'est abattu lundi matin, à 3 1 /2 heures, sur la Place communale. Il avait été littéralement coupé en deux tronçons. Le premier, dont le blindage en a'Iuminium était en pièces, est tombé devant la Maison communale. Le corps d'un des servants a passé au travers du toit d'un hangar annexé au café « in het Gemeentehuis ». Le second tronçon a continué à planer pendant trois minutes, puis s'est abattu à son tour sur le couvent de la rue de Gand, y provoquant, par suite de l'explosion du moteur, un commencement d'incendie. On ignore le nombre exact des victimes. Les blessés ont été transportés, en automobile, »u « Flandria Palace », BOURSE du Travail Communale, rue Haut-Port, 51. — Avis pour ouvriers; Emplois vacants au 5 juin. — Hommes : Ajusteur, tourneur de fer, forgeron, serrurier, forgeron d'équipage, photographe, retourneur, aide batteur, cordonnier (réparations). — Demi-ouvriers : Pédaliste, photographe. — Apprentis : Aide-fileurs. reuiueton au journal ae uana. 4(J LE DOCTEUR RAMEAU par GEORGES OHNET Comme il l'avait dit à son ami, l'enfant ne pensait qu'à son père, ne cherchait que son père, ne demandait que son père. Elle mourait de s'être vue repoussée par lui. La blessure dont les médecins constataient les ravages,sans en pouvoir deviner la cause, avait été faite par 'a main furieuse de Rameau brutalisant Adrienne, et elle était au cœur. Seul le père pouvait panser cette plaie et la guérir. Et il ne 'e voulait pas. Donc c'était fini et, dans les angoises d'un délire sans cesse grandissant, dans les tortures ! d'une fièvre qui brûlait son cerveau, la pauvre petite, victime innocente de la faute, était condamnée à s'éteindre. Qu'allait répondre Tal-vanne, quand la malade lui adresserait la même î question, qu'elle ne se lassait pas de répété-, 1 depuis la première heure : Pourquoi papa ne : vient-il pas? Il lui faudrait encore mentir, i comme il avait menti pendant deux jours. Il en vint à souhaiter que sa filleule dormil de cet affreux sommeil glein de torpeur, et cependant hanté de cauchemars effrayants, qui la faisaient appeler, supplier et crieft comme si elle apercevait de menaçantes figures, comme si elle était mêlée à des-scènes de violence. El il la reconstituait bien, la scène, il la connaissait, la figure. Une chambre, pleine de débris, et Rameau échevelé .écumant, terrible, voila ce qu'elle voyait toujours, ce qui lui arrachait, d'une voix angoissée, ces paroles, toujours les inèmes : — Papa! oh! papa, pardonne-moi!... Si tu as du chagrin, ce n'est pas de ma faute ! . . Papa, ne me fais pas de mal ! Et elle priait si doucement que Talvanne, or l'écoutant, avait les larmes aux yeux et que Robert rugissait de colère et de douleur, se rongeant les poings dans son exaspérante inutilité. Prendre la souffrance de cette créature adorée, se sacrifier pour elle, mourir pour lu: éviter une douleur : voilà ce que rêvaient ces deux hommes, le parrain et le fiancé. Et ils étaient impuissants. Tandis qu'un homme qui. d'un geste, d'un mot, pouvait sauver cette martyre, s'entêtait férocement à ne pas faire ce geste, à ne pas dire ce mot, immobilisé, figé, pétrifié, dans une folie supernaturelle qui lui avait stérilisé le cerveau et le cœur. Et il n'y avait rien à tenter auprès de lui je plus que ce qu'avait risqué Talvanne. Nul raisonnement, nulle supplication, nulle violence. On aurait pris un pistolet, on le lui aurait mis sur le front en criant ; «Sauve-la, ou je te tue:» 11 aurait répondu: « Béni soyez-vous, tuez-moi; c'est tout ce que je demande ! » Rien ! rien ! L'arsenal des moyens humains était épuisé. Il fallait s'en remettre à la Providence, et compter sur la nature. Hors de lui, prêt à tout, tant il souffrait Je sa fureur concentrée, Talvanne cependant ne désespérait pas encore. Il ne savait pas d'où viendrait le secours, mais il en attendait un. Le miracle, dont il avair parlé à Rameau, se produirait. Un coup de foudre rouvrirait, dans ce cœur, la source tarie de la bonté. 11 était impossible qu'il n'arrivât pas quelque chose. 11 né voyait pas Adrienne morte. Et pourtant, elle était mourante, et il se rappelait, frappé durement par ce souvenir, la prédiction, déjà en partie réalisée, faite par Con-chita devant le lit de mort de Munzel : « Tout ce qui a approché l'impie a été frappé... il a tout corrompu, autour de lui, de son mortel poison... » Tous ils avaient suceombé, comme elie l'avait dit, et maintenant c'était le tour de l'enfant. Il lui sembla voir la jeune femme, toute noire, étendant le bras, avec une flamme prophétique dans les yeux. Mais il secoua la tête et ehas sa ces pensées. Il se trouva, avec surpri.se, dans le corridor, au haut de l'escalier, devant le salon, dans une obscurité complète.Il y avait, peut-être, une demi-heure qu'il était là. Il ,gagna la chambre d'Adrienne, sur la pointe du pied. A sa vue, Robert, assis près de la cheminée, se leva et, sans parler, d'un geste l'interrogeant : — Impossible de le décider, répondit le docteur.— Et si j'y allais, moi? demanda le jeune homme. — Ce serait, à mon avis, inutile. Réservons' en tous cas, ce dernier effort pour une heure suprême. Après ce que je l'ai contraint à écouter, que lui dirais-tu qui pourrait le frapper? Non! Le coup qui l'atteint a brisé les liens qu. l'attachaient à nous. Nous n'avons plus affaire à un homme. Il n'est plus touché par nos misères. Il n'entend plus et ne comprend plus nos arguments humains, je suis navré, je ne croyais pas ma vieillesse réservée à une pareille épreuve? Et Adrienne, comment est-elle? — Elle se plaint de violentes douleurs dans le cerveau et la lumière affecte cruellement sa vue... Elle ne peut la supporter... — A-t-elle eu encore des hallucinations? — Oui, pendant son sommeil. En se réveillant, toujours la même préoccupation. — Son père? — Oui. Voilà qu'il est huit heures. Vous avez passé ces deux nuits auprès d'elle, vous devriez rentrer chez vous, et vous reposer.Moi je veillerai avec Rosalie... — Soit! mais je ne partirai qu'à minuit. Il s'approcha du lit. Un souffle irrégulier et pénible sifflait, dans l'ombre des rideaur, et un murmure de vagues paroles se faisait entendre. Talvanne se pencha et ses yeux, s'habituant à l'obscurité, distinguèrent les traits de sa filleule ravagés par la souffrance. De cette fraîcheur rosée, qui donnait tant d'éclat à son visage, il ne restait plus trace. Une pâleur, marbrée de rouge aux pommettes, s'étendait sur ses joues, et sa mâchoire, toujours contractée, se creusait émaciée. Ses lèvres, brûlées par la fièvre, laissaient échapper des mots, toujours les mêmes, qui accusaient une préoccupation incessante. Une sueur perlait à ses tempes. Ses membres s'agitaient sous ses draps, comme si elle était dans un brasier. Talvanne hocha la tête, poussa un soupir et vint s'asseoir auprès de Robert. Ils demeurèrent silencieux à écouter le tic-tac monotone de la pendule. Vers huit heures et demie, la porte s'ouvrit doucement et la vieille Rosalie parut. Elle s'approcha et, d'une voix basse, avertit les deux hommes qu'elle leur avait fait monter à dîner dans le salon. (A suivre)

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