Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 03 July. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 02 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/jh3cz35j51/
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Samedi juillet JE5> centimes le numéro 59me année — N° 184 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; 4 fr. pour six mois ; S fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus REDACTION & ADMINISTRATION : 3, RITE IDE FLANDRE, 3, G-A-ISTID TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. Avis officiels de l'autorité allemande AVIS La commune de Baesrode, sur le territoire de laquelle un grand nombre de pavés ont été trou-vés sur les rails de la ligne Termonde-S'-Amand, | qUj ont été posés dans le but de causer un déraillement a été condamnée, par ordre du I Commandant supérieur de l'armée, à payer une ! amende de 5000 mark. > Ceci est porté à la connaissance du public I çn \e chef de l'administration civile von Keudell, Regierungsrat. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué officiel allemand Berlin, 1" juillet.— Au nord d'Arras, la lutte pour la possession des tranchées continue à notre avantage, au milieu d'une canonnade incessante.En Champagne, les Français ont attaqué vainement au sud-est de Reims. Sur les Hauts-de-Meuse et dans les Vosges, il y a eu un violent duel d'artillerie. Des aviateurs ennemis ont jeté, sans résultats au poù:i de vue militaire, des bombes sur Zeebrugge el Bruges. Communiqués officiels français Paris, 29 juin (15 heures). — Dans la région au nord d'Arras, au nord et au sud de Souchez, ainsi qu'au nord de Neuville, la nuit du 29 au 30 a été marquée par une violente canonnade. Une action d'infanterie nous a permis de progresser dans le chemin creux d'Angres à Ablain. Dans les Vosges une attaque ennemie a réussi à rejeter passagèrement nos avant-postes des pentes à l'est de Metzeral. Nous avons, par une contre-attaque, reconquis en partie le terrain perdu. [ Sur le reste du iront la nuit a été calme. Paris, 29 juin (23 heures).— Dans les Vosges mis avons reconquis, dans la matinée du 29, les positions que nous occupions à l'est de Metzeral. Paris, 30 juin (15 heures).— Dans la région au nord d'Arras la nuit a été marquée par une violente canonnade et quelques actions d'infanterie. Au nord du château de Carleul nous avons progressé ; au sud du cabaret rouge une attaque ennemie a été repoussée. Dans les Vosges l'ennemi a tenté, vers 2 heures, à l'est de Metzeral, une nouvelle attaque qui a été enrayée. Paris, 30 juin (23 heures).— Sur les bords de l'Yser et au nord d'Arras actions d'artillerie. Journée calme entre l'Oise et l'Argonne. Dans l'Argonne, après un bombardement ininterrompu depuis trois jours, l'ennemi a attaqué nos positions entre la route de Binarville et le Four-de-Paris. Repoussé deux fois, il a réussi seulement dans sa troisième altaque à prendre pied dans quelques éléments de nos lignes vers Bagatelle. Bombardement sur le front nord de Verdun, Sur Ifi hnis ri'Aillv f»t Hann la rpcrinn Hp Mptvaral Sur le front oriental Communiqué officiel allemand Sur le théâtre de la guerre de l'Est, la situation n'a pas changé. Notre butin de juin est de 2 drapeaux, 25,695 prisonniers, dont 121 officiers, 7 canons, 6 lance-bombes, 52 mitrailleuses, 1 avion et beaucoup d'autre matériel de guerre. Les troupes du général von Linsingen, après des combats acharnés, ont pris hier d'assaut les positions russes à l'est de la Gnila-Lipt. entre Kumiscze et Luczynce et au nord de Rohatyn; 3 officiers, 2,328 soldats et 5 mitrailleuses sont restés entre nos mains. A l'est de Lem-beg, des troupes austro-hongroises ont pénétré également dans les positions ennemies. Les armées du maréchal von Mackensen continuent à avancer entre le Bug et la Vistule. A l'ouest de la Vistule. les Russes reculent aussi à quelques endroits après de violents combats. Les alliés progressent sur les deux rives de Ka-miena. Le butin de in des troupes alliées lut iant sous les ordres du général von Linsingen, du maréchal von Ma. kensen et du général von Woyrsch est de 409 officiers, 140,650 soldats, 80 canons et 268 mitrailleuses. Communiqué officiel autrichien V i^nne, 30 juin. — En Galicie orientale, des combats se déroulent à la Gnila-Lipa et au Bug, en aval, près de Kamionka-Strumilowa; ces combats suivent un cours favorable à nos troupes. Entre le Bug et la Vistule, l'adversaire recule encore. Ses arrière-gardes, qui couvrent ia retraite, ont été attaquées et reloulées partout. Nos troupes ont passé les bas-fonds du Tanew et pris la pente de hauteur, près de f'i ampol-Zaklikow. Forcés par les succès des armées coalisées à l'est de la Vistule, les Russes évacuent également, à l'ouest du fleuve, l'une position après l'autre. C' est ainsi qu'ils sont depuis cette nuit de nouveau en reiraite du tront de combat fortement retranché Zawt-chost-Ozarow-Sienno vers la Vistule, Zawichost a été occupé par nos troupes. Communiques officiels russes Pétrograde, 29 juin. — Dans la région de Szawle, nous avons repoussé des attaques. Sur le front du Njemen et du Narew, ainsi que sur la rive gauche de la Vistule, le calme règne. La poussée en avant d'importantes forces de combat ennemies, sur le front entre les sources du fleuve Veprz et le Bug occidental, continue. Nos troupes ont repoussé, au cours des 27 et 28 juin, plusieurs attaques violentes, dirigées contre les positions de notre arrière-garde dans la région de Tomaschow. L'armée ennemie du Dniester, qui a été renforcée dernièrement par des troupes fraîches, a tenté de provoquer par des attaques acharnées, sur le front Bukaichevtzy-Martinow, du désordre dans nos troupes en retraite vers la Gnila-Lipa. Ces attaques échouèrent. Pétrograde, 29 juin. — Dans la région de la côte, feu d'artillerie. Dans la direction d'Olty, les Turcs tentèrent d'assaillir nos positions au sud de Khark et se sont approchés à 50 pas de nos tranchées; ils ont été repoussés. Par un feu bien visé, nous avons délogé les Turcs de leurs tranchées aux montagnes de Kleidhag. Le 27 juin, les Turcs attaquèrent, forts d'un régiment d'infanterie, secondé par l'artillerie, ia montagne Kleidhag à deux reprises. Ils furent repoussés. Sur le front itaio-autrienien Communiqué officiel autrichien Apres un repos de plusieurs jours, les Italiens développent de nouveau une vive activité au iront de t'isonzo. Avant hier, nos troupes ont repoussé une attaque près de Plava. Dans le secteur de Sagrado-Monfalcone, plusieurs petites et vaines poussées en avant ennemies suivirent l'attaque générale. Celle-ci fut repoussée partout également. De nouvelles tentatives d'attaques exécutées ce matin près de Selz, Monfal-cone, restèrent aussi inefficaces pour l'adversaire. Les combats d'artillerie continuèrent sur tout le front sud-ouest et sont notamment très violents à l'Isonzo, Communiqué officiel italien Rome, 30 juin. (Agence Stefani). — Dans le territoire du Tyrol et du Trentin, principalement le long du secteur est de cette frontière, le combat des batteries ennemies continue avec une grande activité. L'ennemi essaya de prendre, par ses attaques répétées, nos positions sur le mont Civarone et dans la vallée de Sugana; il fut toutefois repoussé. Dans la Carinthie nous avons bombardé tes ouvrages souterrains autrichiens près de Straninger. Nous avons dispersé également des groupes de soldats travaillant à l'établissement de retranchements pour l'artillerie dans le voisinage du défilé de Qriamondo. L'ennemi, de son côté, dirigea son feu d'artillerie contre le secteur du Zellen-koîel et tenta alors d'attaquer à plusieurs reprises. Dans le territoire de l'Isonzo, la température, qui est toujours défavorable, a rendu le terrain des plus impraticables. Des attaques isolées de colonnes autrichiennes, destinées peut-être à ébranler notre force de résistance et qui étaient dirigées contre des positions récemment conquises, ont été repoussées. Abonnements Prix de l'abonnement par trimestre : DEUX FRANCS Prix de l'abonnement par mois : SOIXANTE QUINZE CENTIMES Payables par anticipation. En mer Londres, 30 juin. — D'après une nouvelle de Tynomouth à Lloyd, le vapeur G. Deso a été coulé, hier soir, par un sous-marin. L'équipage a été débarqué à Northields. Le vapeur aurait été chargé de coton. » # Christiania, 30 juin. — D'après une nouvelle du Morgenblad, l'assurance de guerre a reçu, d'une firme de Trentheim, la nouvelle que le vapeur norvégien Marna, 914 tonnes, a été coulé en cours de route pour Leith, par un sous-marin allemand. Il transportait un chargement de bois de mine. Le vapeur était donc en route pour l'Angleterre avec de la contrebande. Londres, 1 juillet. — Le vapeur Madi a débarqué hier à Dumorle Hast, sur la côte irlandaise de Wateriord, une partie de l'équipage du vapeur Scottish Monarch. Ce navire, qui jaugeait 7,500 tonnes et était originaire de Glasgow, a été coulé hier matin par un sous-marin à 60 milles au sud de Queensiown. (Jn croit que le restant de l'équipage a été également sauvé. # # Copenhague, 30 juin. — Le vapeur.Drott-ning Hophia, de la Compagnie Svea à Gothen-burg, a été amené par les Allemands et conduit à Swinemunde. Le navire était en route de Stockholm à Gothenbourg, avec des marchandises en ballots. * # » Le 17 juin, le ministère anglais des Affaires Etrangères a remis sa réponse à la dernière note des Etats-Unis concernant la guerre commerciale. Elle répète que le gouvernement anglais a décidé antérieurement de réduire à un minimum les entraves que l'état de guerre lui impose de mettre au commerce maritime. La note rappelle les décisions prises dans ce but, notamment pour ce qui concerne le coton; de grandes expéditions de coton ont pu être faites depuis. Des mesures générales ont été prises d'ailleurs pour sauvegarder tous les intérêts neutres et éviter de leur causer des dommages inutiles en ce qui regarde les exportations de certains articles allemands. Le Tribunal des Prises a été chargé d'examiner dans leur ensemble les réclamations des neutres à ce sujet. Dès la fin de mars, le résultat des mesures prises a pu être constaté, notamment pour des marchandises d'origine allemande désignées comme indispensables aux Etats-Unis. En effet, au cours d Avril et de Mai des transports ont eu lieu de couleurs, de potasses, de semences de betteraves, pour lesquels l'Angleterre avait ordonné libre passage. Le gouvernement anglais déclare regretter de n'avoir pu, pour certains cas, pousser plus loin les pourparlers diplomatiques. Pour ces cas des mesures spéciales seront prises par la Cour des Prises. W.T.B. — Washington, 29 juin. — Le gouvernement a puolié la note remise à l'Allemagne le 24 juin. La note demande à l'Allemagne de renoncer à son refus d'entrer en pourparlers diplomatiques directs au sujet des desiderata américains concernant la perte du vapeur t-'rye. Puisque l'Allemagne admet sa responsabilité, le procès devant un tribunal des prises est inutile. Les Etats-Unis n'admettent pas le point de vue allemand, d'après lequel l'Allemagne aurait le droit, pour empêcher le transport de contrebande sur navires américains, de détruire le navire avec sa cargaison de contrebande. En Albanie Les Serbes s'arrangent avec Essad Pacha Berlin, 29 juin. — On annonce de Nish à Paris : Les Serbes ont cédé Tirana à Essad Pacha et reconnaissent son droit sur ce district. echos La mort sur le champ de bataille Pour adoucir les angoisses des parents de ceux qui ont été tues sur les champs de bataille par des balles, il faut rappeler les constatations du célèbre professeur viennois Nolnagel sur la rapidité avec laquelle la mort fait son œuvre dans ces conditions. On aura au moins la consolation de penser que les malheureux n'ont pas souffert. Il résulte, en effet, des enquêtes du professeur Notnagel, que l'homme, lue par une balle au iront, ne peut avoir ressenti aucune douleur. La rapidité de la balle est plus grande que la vite.se avec laquelle les nerfs peuvent transmettre les sensations au cerveau. 11 a été, du reste, souvent constaté que des biessés n'ont eu connaissance du coup qui les a frappés que par le sang qui ruisselait le long de leurs joues, leurs mains ou leurs jambes. Une laorique d'eau de Seltz dans les tranonees Décidément les ti-anchées ressemblent de pius en plus a des établissements industriels. On y trouvait déjà des échoppes de cordonnier ei de tailleur, des ateliers de menuisiers et de ferblantiers, des jeux de bouie, des établissements de bains, voire de petits calés. Un vient encore d installer une petite fabrique d'eau de Seltz dans une tranchée allemande, au nord de la France. Avec des appareils appropriés, 1 acide carbonique est introduit dans les bouteilles remplies d une eau qui a été d'abord stérilisée, t-a production journalière de cette fabrique ue-passe déjà 5,00u bouteilles, mais on i.e pein encore répondre à toute demande, très pressai te par ces temps de chaleur. Pansement rapide Un médecin russe, le docteur Paschkow, qui a passé la plus grande partie de sa vie parmi les Cosaques, recommande, dans un journal de médecine de Pétrograd, leur façon de panser les blessés. L'expression « à la portée de tout le monde » peut s'appliquer de plein droit au traitement en faveur chez les Cosaques. il consiste, en effet, tout simplement en ceci : Us couvrent la blessure d'une couche épaisse de cendres qu'ils obtiennent en brûlant un morceau d'etoffe de coton ou de fil; ils serrent ensuite les lèvres des blessures au moyen d'un bandage étroit. 11 paraît, d'après les constatations du docteur Paschkow, que sur 28 blessés 26 guérissent très promptement par l'application de cette méthode.Un nouveau béton Le professeur Kohland, de l'Université de Stuttgart, qui s'est spécialisé dans l'étude de diverses substances: terre glaise, alluvions, etc., parle d'une sorte de pierre artificielle qui es très dure et extrêmement résistante contre la pression mécanique. Elle peut donc servir comme matériel de fortification, dans les cas où t jusqu'à présent, l'on a employé le béton. Cette pierre artificielle est préparée avec du ciment, puis cuite à une très haute température. On la coule en plaques d'un mètre, qui résistent à une pression de 1,000 kilos par centimètre, là où le béton ne résiste qu'à 380 kilos par centimètre. Etant cuite à très haute température et par conséquent peu poreuse, cette matière résiste aussi parfaitement au gel et au dégel. En plaques d'une épaisseur de 4 centimètres, chauffées à 900-1,000 degrés, puis exposées à l'air froid, elles ne se fendent pas et résistent aux balles du fusil d'infanterie tirées à 15 mètres. Naturellement, ces plaques sont bien meilleur marché que tes plaques de blindage en métal et rendront de grands services dans la guerre de tranchées. En Norvège Grève importante Comme toutes les tentatives faites en vue de faire cesser la grève des ouvriers du bâtiment, qui dure déjà depuis dix semaines, et qui concerne cinq mille chômeurs, sont restées sans résultat jusqu'à présent, l'Association des patrons a décidé le lock-out de trente-sept mille ouvriers pour le 7 juillet, si l'on ne se met pas d'accord avant cette date. Les associations professionnelles y ont répondu aujourd'hui par t'annonce d'une grève de sympathie de quinze mille autres ouvriers, ce qui portera le nombre des chômeurs à cinquante-sept mille. Cette grève touchera principalement la navigation, la presse, la librairie et les fabriques de conserves. Le directeur des télégraphes, Hefty, chargé par le gouvernement d'offrir son intervention, a fait aujourd'hui une nouvelle proposition, que les ouvriers ont acceptée, mais qui nécessite encore des négociations avec les patrons. Cependant, il semble encore possible de conjurer ce conflit menaçant du travail (conflit que la presse considère comme une calamité nationale), d'autant plus que le gouvernement a déclaré vouloir intervenir si cela devient nécessaire. Au Maroc Progrès espagnols L'Agence Havas apprend de Mélila que les troupes espagnoles, après avoir brisé la résistance des Riffains, ont pris toutes les positions d'isisgad, ne perdant que 5 tués et 5 blessés. Feuilleton du Journal de G and 30 Le Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS — Ah! Monsieur, dit le ministre de la police a Villefort en sortant des Tuileries, vous entrez par la bonne porte et votre fortune est faite. — Sera-t-elle longue? murmura Villefort en saluant le ministre dont la carrière était finie, et en cherchant des yeux une voiture pour rentrer chez lui. Un fiacre passait sur le quai, Villefort lui fil un signe, le fiacre s'approcha; Villefort donna son adresse et se jeta dans le fond de la voiture, se laissant aller à ses rêves d'ambition. Dix minutes après, Villefort était rentré chez lui; il commanda ses chevaux pour dans deux heu-res, et ordonna qu'on lui servît à déjeuner. Il allait se mettre à table lorsque le timbre de 'a sonnette retentit sous une main franche el ferme : le valet de chambre alla ouvrir, et Vil lefort entendait une voix qui prononçait sor nom. — Qui peut déjà savoir que je suis ici? se demanda le jeune homme. En ce moment le valet de chambre entra, — Eh bien! dit Villefort, qu'y a-t-il donc: qui a sonné? qui me demande? — Un étranger qui ne veut pas dire sor nom. — Comment! un étranger qui ne veut pas dire son nom? et que me veut cet étranger? — 11 veut parler à Monsieur. — A moi? — Oui. — 11 m'a nommé? — Parfaitement. — Et quelle apparence a cet étranger? — Mais, Monsieur, c'est un homme d'une cinquantaine d'années. — Petit? grand? — De la taille de Monsieur à peu près. — Brun ou blond? — Brun, très-brun : des cheveux noirs, des yèux noirs, des sourcils noirs. — Et vêtu, demanda vivement Villefort, vêtu de quelle façon? — D'une grande lévite bleue boutonnée du haut en bas; décoré de la Légion d'honneur. — C'est lui. murmura Villefort en pâlissant. J — Et pardieu ! dit en paraissant sur la porte l'individu dont nous avons déjà donné deux fois le signalement, voilà bien des façons; est-ce l'habitude à Marseille que les fils fassent taire antichambre à leurs pères? — Mon père! s'écria Villefort; je ne m'étai; donc pas trompé... et je me doutais que c'étai vous. — Alors, si tu le doutais que c'était moi, reprit le nouveau venu, en posant sa canne dans un coin et son chapeau sur une chaise, permets-moi de te dire, mon cher Gérard, que ce n'es' guère aimable à toi de me faire attendre ainsi, — Laissez-nous Germain, dit Villefort. Le domestique sortit en donnant des marque; visibles d'étonnement. XII LE PÈRE ET LE FILS M. Noirtier, car c'était en effet lui-même qu venait d'entrer, suivit des yeux le domestique jusqu'à ce qu'il eût refermé la porte; puis, craignant sans doute qu'il n'écoutât dans l'antichambre, il alla rouvrir derrière lui : la précaution n'était pas inutile, et la rapidité avec laquelle maître Germain se retira, prouva qu'i n'était point exempt du péché qui perdit nos premiers pères. M. Noirtier prit alors la peine d'aller fermer lui-même la porte.de l'anticham bre, revint fermer celle de la chambre à coucher, poussa les verrous, et revint tendre la main a Villefort, qui avait suivi tous ces mouvements avec une surprise dont il n'était pas encore revenu. — Ah ça ! sais-tu bien, mon cher Gérard, dit-il au jeune homme en le regardant avec un sourire dont il était assez difficile de définir l'expression, que tu n'as pas l'air ravi de me voir? — Si fait, mon père, dit Villefort, je suis enchanté; mais jetais si loin de m'attendre à votre visite, qu'elle m'a quelque peu étourdi. — Mais, mon cher ami. reprit M. Noirtier en s'asseyant, il me semble que je pourrais vous en dire autant. Comment! vous m'annoncez vos fiançailles à Marseille pour le 28 février, et le 3 mars vous êtes à Paris? — Si j'y suis, mon père, dit Gérard en se rapprochant de M. Noirtier, ne vous en plaignez pas, car c'était pour vous que j'éatis venu, et ie voyage vous sauvera peut-être. — Ah! vraiment, dit M. Noirtier en s'allon-geant nonchalamment dans le fauteuil où jl était assis; vraiment! contez-moi donc cela, monsieur le magistrat, ce doit être curieux. — Mon père, vous avez entendu parler de certain club bonapartiste qui se tient rue St-Jacques?— N° 53? Oui, j'en suis vice-président. — Mon père, votre sang-froid me fait frémir. — Que veux-tu, mon cher? quand on a été proscrit par les montagnards, qu'on est sorti de Paris dans une charrette de foin, qu'on a été traqué dans les landes de Bordeaux par les limiers de Robespierre, cela vous a aguerri à bien des choses." Continue donc. Eh bien ! que s'est-il passé à ce club de la rue Saint-Jacques? — Il s'y est passé qu'on y a fait venir le général Quesnel, et que le général Quesnel, sorti à neuf heures du soir de chez lui, a été retrouvé le surlendemain dans la Seine. — Et qui vous a conté cette belle histoire? — Le roi lui-même, Monsieur. — Eh bieii, moi, en échange de votre histoire, continua Noirtier, je. vais vous apprendre une nouvelle. — Mon père, je crois savoir déjà ce que vous allez me dire. — Ah ! vous savez le débarquement de sa majesté l'empereur? — Silence, mon père, je vous prie, pour vous d'abord, et pyi$ ensuite;pour rrtoi, Oui, je savais cètte.nouvelle, et même .je la s^vai^ avant vous, car depuis trois jours je brûle le pavé de Marseille à Paris avec la rage de ne pouvoir lancer à deux cents lieues en avant de moi la pensée qui me brûle le cerveau. ,,0( (A suivre).

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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