La dernière heure

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24 November 1918
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BUREAUX 9, RUE ST-PIEKRE, BRUXELLES Ouverts de 9 à 5 h. Les jours fériés de 9 à midi. Les annonces et réclames sont reçues aux bureaux du journal et à l'Agence Havas, 8, place desMarlyrsd61" étage), à Bruxelles. DIMANCHE 24 NOVEMBRE 1918 et La Petite Feuille ~i LE NUMERO 10 CENTIMES DANS TOUTE LA BELGIQUE g PETITES ANNONCES 30 CENTIMES LA LIGNE AVANT LA "LIGUE DES NATIONS,, Parmi les réalisations que nous apportera sans doute la tourmente universelle qui s'apaise, doit figurer celle de la Ligue des Nations, expression suprême et dernière du pacifisme.Utopies d'hier, réalités d'aujourd'hui ou de demain, certaines idées ont toujours exercé sur l'humanité, par leur logique et leifr impérieuse valeur, une influence incoërcible-Dans le domaine physique on ne pourrait citer comme exemple mieux que l'aviation, qui préoccupait notre cerveau depuis la légende d'Icare; dans le domaine intellectuel, nous trouvons le pacifisme, auquel devait déjà songer notre ancêtre des cavernes, au lendemain des luttes sanglantes entre familles et entre tribus. En vérité, la course de la connaissance humaine est comparable à celle d'un pendule, mais d'un pendule dont les oscillations iraient s'élargissant, gagnant en amplitude et en force. L'humanité, a dit dans le même ordre d'idées un philosophe contemporain, ne suit pas à travers l'existence et le devenir une ^route circulaire; sa marche se figure par une ligne spirale. Jamais elle ne repasse air même point, son orbe s'élargit sans cesse. Les concepts essentiels, les principes dont elle dépend sont pareils à des rayons divergents que chaque spiro traverse en des points graduellement plus distants du centre.Ainsi en est-il de la conception pacifiste, que nous avons déjà vu surgir à notre horizon moral à bien des reprises, depuis l'inviolabilité de la vie des bouddhistes et du « ne faites pas aux autres »... des chrétiens, jusqu'aux dernières organisations de La Haye, dont le shrapnell et l'obus viennent de démontrer l'inanité suprême. Il fallait mieux • encore une fois l'idée va reparaître à l'horizon élargi et ensanglanté par la grande guerre, sous la forme wilso-nienne ot plus pratique de Ligue des Nations. Nous ne disons pas définitive, car par essence, rien n'est définitif en pareille matière. # * * Ce qui précède nous montre qu'il est parfois intéressant, et même utile de « remonter au déluge » Celui qui voudrait faire l'historique du pacifisme, serait obligé d'y consacrer, même en condensant beaucoup, plusieurs volumes. Qu'il suffise de rappeler que, dans son expression concrète, l'évangile pacifiste actuel était contenu dans l'acte final de la Conférence internationale de la paix « convoquée dans un haut sentiment d'humanité par S. M. l'Empereur de toutes les lïussies » et qui s'est réunié, sur l'invitation du gouvernement des Pays-Bas, à la Maison Royale du Bois, à La Haye, le 18 mai 1899. Les puissances qui y prirent part sont l'Allemagne, l'AuiçiuUe-ftougrie, la Belgique, la Chine. Te Danemark-. l'Espagne, les Elals-TTriïs,1e Wfexfqiifs, îaT'rance, la Grande-Bretagne, la Oràeë, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, le Monténégro, les Pays-Bas, la l'erse, le Portugal, la Roumanie, la Russie, la Serbie, le Siam, la Suède et la Norvège, la Suisse, la Turquie et la Bulgarie. Ij'acte'comprefid trois titres, le premier relatif au règlement des conflits internationaux; le deuxième à la guerre sur terre; le troisième à la guerre maritime. Et trois déclarations suivent, portant l'interdiction de lancer des projectiles et des explosifs du haut de ballons i.u par d'autres modes analogues nouveaux; l'interdiction dè l'emploi d^s projectiles ayant pour but de répandre des gaz asphyxiants ou délétères; l'interdiction des balles dum-dum ! Le croirai t'-on? 11 est vrai que ces interdictions n'étaient reconnues valables que pour cinq ans (sic). On s'en est bien aperçu ! Dérision... * * * Cotte brèa> évocation d'un passé trompeur était réclamee par l'ironie des choses. Voila où l'on en était au début de ce siècle qui, au lieu d'être le siècle de la paix, aura mérité, du moins dans ses premières années, le nom de siècle de la guerre. Mais, comme nous le disions, les rétroactes ne manquent pas d'intérêt. La conférence de La Haye provenait directement de patients travaux qui, pour platoniques qu'ils furent, n'en montrent pas moins l'importance du mouvement qui devait, après avoir été officiellement consacré par la Conférence, échouer si piteusement devant l'offensive brutale de 1914. C'est en Amérique, en 1816, que paraissent, selon Frédéric Passy, s'être constituées pour la première fois des sociétés de la Taix; l'Angleterre suivit, puis la Belgique, à l'appel d'Auguste Couvreur et de Vis-schers.Une première assemblée internationale se tint à Londres en 1843; les Congrès sa succédèrent sans interruption. Celui de 1819 fut présidé par Victor Hugo. En 1856, la Conférence diplomatique de Paris, appelée à régler les conséquences de la guerre de Crimée, statua, dans une disposition spéciale suggérée par le secrétaire général de la s Peace Society, de Londres, qu'à l'avenir les puissances contractantes et celles qui adhéreraient à leurs déclarations s'interdiraient de recourir aux armes avant d'avoir fait appel aux bons offices d'une nation amie. C'était là première fois, dit à ce sujet M. Gladstone, que la guerre était officiellement condamnée par les nations civilisées. Ce fut la seule fois qu'elle le fut par des diplomates réunis après la bataille; et, au point de vue de l'histoire pure, le fait a plus de valeur que la Conférence de La Haye elle-même. Il ne se reproduisit pas. 1870 vint démontrer bientôt que tout ce travail avait été fait « pour le roi de Prusse ». > 11 n'en Ira pas de même aujourd'hui, espérons-le ; c'est aux diplomates qui vont se réunir à denner enfin leur valeur et leur récompense à tant de nobles efforts, et de faire que les iêveurs pacifistes d'autrefois aient été les précurseurs d'une prospérité universelle... possible. MEMOR. LE MONITEUR Le i Moniteur », journal officiel, vient de rep; raltre. 11 publie, dans son numéro du 23 novembre, : texte — que nos lecteurs connaissent — du dii cours prononcé par le Roi devant les Chambri réunies, les arrêtés royaux portant nomination d< nouveaux ministres et démission du ministère Coi reman, ainsi que ceux nommant : MM. Henry Cai ton de Wiart, Paul Segers, A. van de Yyver Ernest Solvay, Michel Levie, Adolphe Max, Emi IrancquI et Paul Van Hoegaerden, en qualité < ministres d'Etat. M. Gérard Cooreman est promu Grand-Corde '"Hre de Léopold. COMBINAISON PASSAGÈRE MINISTÈRE OE TRANSITION DA Voilà donc constitué définitive-jïj» ment le ministère de « l'union fil sacrée ». Le président du conseil, comme le pays lui-même, est plein de bonne volonté et d'excellentes ii/cntions. Homme aimable, avocat de puissante envergure, élevé à l'école de feu Auguste Beernaert, Me Delacroix nous fera aisément oublier les nullités qui, pendant de longues années, ont gouverné le pays avant la catastrophe de 1914. Ses collaborateurs, à part un ou deux « importants » et quelques figures trop connues, débris de l'ancien régime, ont aussi fort belle allure. Il faut attendre Le talent du plus grand nombre est incontestable. Peut-être le voudrait-on d'ordre plus pratique, au risque de le rendre moins notoire. Mais il faut attendre, pour juger, que ces hommes aient l'ait l'expérience du pouvoir. Au reste, disons-le tout jle suite, nous apercevons déjà parmi eux quelques esprits précis, vigoureur:, sans phrases inutiles, qui ont donné pendant la guerre dès preuves multiples de patriotisme et de bon sens politique, permettant d'espérer qu'ils feront de l'excellent-; besogne. Joseph Wauters, le député des socialistes et des libéraux de Kuy-Waremme, est de ceux-là. Bref, sous réserve de la méthode employée, l'ensemble est sympathique. L'inévitable choc Le ministère durera-t-il? « That is the question ». Les ministres eux-mêmes ne semblent guère y compter et l'expérience a démontré souvent que les « grands » ministères constitués par de « grands » avocats ont la vie courte. Rappelons-nous la désillusion de Gambetta. Ici, le germe d'effondrement cl: encore aggravé par la divergence des tendances, l'opposition des caractères et aussi la nature des difficultés qu'il va falloir résoudre. Fatalement, le choc se produira, un courant l'emportera d'autant plus rapidement que les hommes auront plus de talent et surtout plus ds principes. Donc, combinaison passagère, dont on se serait aisément passé, mais qui fait bien plaisir à quelques-uns et qui ne fait de mal à personne. C'est une « formule » de transition. Et après... Après, et Je plus tôt possible, on ?n viendra aux solutions nettes, délimitant de façon claire et limpide les responsabilités des partis et des hommes politiques.La lutte pouT le progrès reprendra ferme et grandiose, au grand jour, à ciel ouvert, embellie encore par les malheurs supportés côte à côte et le charme d'avoir fêté ensemble la plus belle des victoires: Celle de la Liberté. Déjà l'on parle d'abandonner, en fait, la gestion des départements ministériels à des commissions compétentes. C'est une excellente idée que nous aurions voulu voir appliquer plus largement. On y viendra aussi. C'est déjà beaucoup qu'on ne l'ail pas écartée d'emblée comme des impénitents l'auraient voulu. Le Suffrage Universel pur et simple se chargera de compléter et d'arranger tout cela. Au travail donc Messieurs les Ministres et bonne chance. LE VÉTÉRAN DE L'ARMÉE BELGE Nous avons eu le plaisir de revoir, hier, M. Gonne, .président îles Enfants des Combattants de 1S30, le doyen de toute l'armée belge, dont il est le trésorier général. La guerre qui se termine semble l'avoir rajeuni, et, pourtant, il compte 66 printemps.Rappelé le 1" août 1914, en sa qualité d'officier de réserve, il a fait toute la dernière campagne. Il fut à l'armée dès les premiers combats de Liège. M. Gonne est décoré de la médaille de la campagne de 1870 et il reste seul, dans l'armée, à être honoré de pareille distinction. Comme président des Enfants des Combattants de 1830, il assistait à l'arrivée du Roi. Il était à la tête de cette société, fière de ses deux drapeaux; celui des Enfants des Combattants de 1830 et celui de la campagne des volontaires qui vinrent, de Flèurus, eu 1830, commandés par le père de M. Gonne, participer à l'attaque du parc, au cours do laquelle leur chef fut blessé. Le père de M Gonne était décoré de la croix de fer de 1830 donnée à ceux qui s'étaient particulièrement distingués au cours des journées de septembre. M. Gonne, au moment où nous l'avons rencontré, allait repartir pour Dunkerque afin d'assuier le paiement de la solde à nos troupes; mais il espère rentrer dans quelques jours en Belgique, le service financier de l'armée devant y être bientôt complètement transféré. CEUX QUE NOUS FÊTONS NOUS LES FÊTONS BIEN Lorsque von Bissing, gouverneur général du pays occupé, croyait nous tenir sous sa botte, il lui arriva un jour de dire, dans une des affiches dont il maculait les murs de Bruxelles, cette phrase qu'aucun Belge n'a oubliée. < Ce que nous tenons, nous le tenons bieil. » Paroles d'Allemand! Autant en emporte le vent de la victoire. Si nous n'avons rien dit alors, nous n'en pensions pas moins : vendredi nous avons eu la plus belle des revanches. Bruxelles recevait dans ses murs les soldats de la bonne cause et elle leur a fait un accueil délirant. Nous avons préféré les actes aux paroles : « Ceux que nous fêtons, nous les tétons bien. » Ce fut,en effet,une journée triomphale que celle d'hier. Jamais spectacle plus chatoyant, plus féerique ne s'offrit à nos regards. Les milliers de drapeaux flottant à toutes les fenêtres, auxquels le soleil, baignant la ville de ses rayons d'or lluide, donnait des transparences et des éclats de topazes, d'escarboucles, de rubis, faisait apparaître l'ensemble comme un fai tas-tique parterre de Ileurs. yuant aux rues en eiles-mèmes, elles offraient l'aspect d'une incessante marée : le monde affluait de toutes parts, les flots succédaient aux flots et l'on se demandait, non sans quelque crainte, si Bruxelles, si grand qu'il soit, pourrait contenir en son cœur cette multitude déchaînée. Grands et petits, jeunes et vieux, tout le monde était en marche. Et tout ce monde monta littéral! inent à l'assaut de Bruxelles. Bientôt les fenêtres ne furent plus que des amas de tètes, les loi!s s'ornèrent de silhouettes immobiles, les î éverbéres se transformèrent en grappes humaines, lès arbres dépouillés des boulevards se peuplèrent de tu-ri«ux. La foule « s'étageait », on mentait les uns sur les autres; aux coins des rues, dos échelles dressaient des triangles de'badauds; bancs et chaises dessinaient des carrés vivants. Et quel spectacle lorsque le cortège royal passa aux sons des clairons, des tambours, des fanfares! La foule ne fut plus qu'une hydre mouvante, ce fut un mouvement ininterrompu de tètes clamantes, de bras agitant des mouchoirs, de corps tendus. Un souffle d'enthousiasme passait en rafale, souffle magnétique qui galvanisait les cœurs et remuait frénétiquement la masse. Spectacle inoubliable, jour historique que n'oublieront sans doute jamais ceux qui sont revenus et ceux qui ont vu. D'où qu'ils viennent, où qu'ils aillent, il ne semble pas possible que nos braves troupes ni nos Alliés soient mieux fêtés qu'a Bruxelles. C'est pourquoi nous croyons pouvo:r affirmer sans crainte de nous tromper : « Ceux que nous fêtons, nous les fêtons bien »... UNE MATINÉE HISTORIQUE 11 nous faut revenir rapidement sur certains détails de la réception grandiose, véritablement triomphale, que fit hier Bruxelles aux héros qui nous revenaient; seul le manque de place nous a obligé de les réserver jusqu'à présent, mais est-il jamais trop tard pour mieux faire? A travers la ville Le cortège royal gagnant le Parlement, en traversant des quartiers populeux, restera, certes, une des grandes émotions de cette journée. Jamais, en effet, on ne vit pareille frénésie, pareille liesse. Les fleurs tombaient en pluie vers nos souverains et formaient un véritable tapis sous les pieds des chevaux. Les acclamations éclataient comme des tonnerres; les chapeaux, les mouchoirs s'agitaient avec une fièvre qui tenait du délire. Les souverains en étaient émus; cela se lisait sur la physionomie du Roi, à laquelle les années d'exil et la guerre ont donné une gravité noble et triste, dans les traits de la Reine, qu'une bonté légendaire imprègne d'une grâce mélancolique.Cette marche triomphale se poursuit et s'accentue encore au fur et à mesure que le cortège gravit, dans une allure lente, le boulevard Botanique, où la mer humaine déferle en cris poignants d'amour pour les Souverains et l'armée. Mais le spectacle plus chatoyant, le plus troublant aussi, est celui qu'offre le terre-plain de l'hôpital St-Jean, tfù d'immenses estrades ont été dressées. Des milliers d'êtres y ont pris place; parmi les enfants des écoles et des orphelinats, apparaissent, symbole touchant de la résurrection de notre pays, des vieillards dont la boutonnière est ornée de cocardes tricolores et dont les voix tremblantes acclament le chef de l'armée et ses soldats. Une fillette sortie du rang des orphelines s'est avancée vers le cortège royal et remet à la Reine une gerbe de fleurs. Cet hommage touche la souveraine, qui remercie du fond du cœur cette enfant dont le père mourut en versant son sang pour la Patrie. En auto Certains journalistes avaient été chargés* de faire oe sensationnel reportage en au tu. Ceux d'entre eux qui ont vécu en exil — particulièrement au Havre — reconnurent tout de suite ce gigantesque véhicule que, là-bas, les fonctionnaires qualifiaient du nom bizarre de « crème de menthe... » Au passage de cet auto jadis trépidant, la foule, en besoin d'iafcclamations, criait : « Vive la France! Vive la Belgique! » Maie l'auto ne marchait guère, spus prétexte qu'elle ne pourrait virer en temps opportun. Partie le matin à 8 h. 3/4 de la place de la Liberté, elle stoppa définitivement entre la place de Brouckère et la Bourse. Quelques moments d'tarrêt de-oi de-là, permit de se rendre compte de l'intensité de la foule — et de son enthousiasme. C'était du délire. Les sentiments patriotiques longtemps contenus débordaient, éclataient, montaient commt une clameur vague et formidable vers le ciel bleu: Vive la Belgique! Vive l'armée! Vive la France! Viye nos soldats! Tous les cris d'amour et d'allégresse se confondaient dans une cacophonie et un tumulte d'océan déchaîné. Bovant la Colonne du Congrès, décorée de banderolles aux couleurs nationales, la foule était innombrable. C'était une masse humaine; elle couvrait toute la rue du Congrès; sur la place du mçme nom, c'était un écrasement. Les arbres, les réverbères, tout avait été pris d'assaut. Une petite scène se produisit qui fut bien émotioimante. Au moment où passait un sol dat cycliste, un cri partit d'un groupe d'csi-fants de nos écoles . — Papa! papa! C'était une iillette qui venait de reconnaître son père parti depuis les premiers jours d'août 1914. L'enfant étreignit son père dans ses bras fiévreux et le couvrit de baisers tandis que la foule acclamait ce brave auquel le hasard de la rue rendait son enfant! Â la Chambre LA PHYSIONOMIE DE LA SALLE Le Parlement, oû nul d'entre nous n'avait plus pénétré depuis si longtemps, nous est enfin rendu ! 11 avait fallu travailler d'arrache-pied pour le remettre en état d'y recevoir et nos honorables et la famille rozale, mais lorsque celle-ci y pénétra, toute trace semblait avoir disparu de l'sccupation allemande. La salle est d'une décoration sérère. La sobriété convient en ces lieux et à cette heure. Deux drapeaux tricolores ornent la tribune, attachés à des hampes de bois blanc. Entre le? colonnes, les écus des nations alliées. Quelques cartels, quelques faisceaux, quatre médaillons du Roi. A «.roite la tribune préparée pour la Reine et les princes royaux. Les députés, les sénateurs forment des groupes sombres et animés. Mais voici que majestueux et souriant, tout ruisselant de la pourpre cardinalice, paraît Mgr Mercier, la calotte rouge sur la tête et revêtu de la simarre d'apparat, il donne ça et là à baiser l'anneau pastoral où brille l'améthyste symbolique. On voit passer quelques uniformes kaki. Ce sont les députés sous les drapeaux.Dans une tribune, le Marquis de Villalo-bar, les cheveux plats, la figure poupine, rend ses hommages aux dames, tandis que l'on compliment/î son Exc. M. Brand Wilit-lock, de retour parmi nous. Les députés et sénateurs se pressent plus nombreux, s'installent à leur banc. Une voix forte annonce: « La Reine! » Le silence se fait, et la Reine paraît souriante un peu, far elle ne peut pas ne pas sourire, affable, charmante. Elle aperçoit Mgr Mercier et lo bourgmestre Max, rangés pi ès de l'entrée. Elle leur serre la main et va rapidement s'asseoir sous le dais royal. Une ovation sans fin l'acoompagne. Elle en est troublée, émue et son sourire se fait grave. A ses côtés ont pris place le prince Charles, la princesse Marie-José et le prince Albert de Grande-Bretagne, en uniforme de cadet de marine. Mais la voix île l'huissier s'élève de nouveau : « I,e Roi ! » Un frémissement a couru dans l'assemblée, un silence, puis soudain une acclamation immense, tumultueuse, monte, s'étend, se prolonge. D'un pas ferme, le Roi s'est avancé vers la tribune parlementaire, grave, fort, comme indifférent à l'ovation qui le salue; comme la Reini il a salué en passant, Mgr Mercier, MM. Max et Ernest Solvay. Il est monté à la tribune, sans parade, simplement. C'est le chef de l'armée qui vient dire à la Nation ce qu'il a fait: «Vous m'avez confié l'armée, voici ce que nous avons accompli. » Il lit son discours, lentement, prenant soin de bien articuler chaque syllabe. Le Roi Ce n'est plus le Roi que nous connaissions très bon, très doux, timide et bienveillant, le buste cciu-bé, les mains derrière le dos, comme embarrassé de sa haute taille, les yeux trîs pâles et voilés, s'exprimant avec prudence en suivant lentement sa pensée. Le Roi qui est là, droit, simple, fort, à la tribune de la Nation, est un Roi dont l'âme a senti passer un vent de colère, un roi qui a incarné l'énergie de son peuple et aussi sa souffrance. Un destin tragique semble avoir modelé son visage viril. Il parle sans geste, mais l'accent se fait dur lorsqu'il parle de ceux qui ont été lâchement assassinés ou lorsqu'il prononce : « le joug allemand ». On sent la révolte d'une âme loyale et énergique et la volonté sombre de vaincre. A sa gauche, immobile et comme figé, le front incliné, presque trop grave, le prince Léopold assiste impassible à la cérémonie. Il est là comme un témoin auguste, délégué par l'armée. Le Roi poursuit son discours de la même voix fortement articulée. Une clameur s'élève lorsqu'il célèbre la France, une autre lorsqu'il parle d'une Belgique « affranchie d'une neutralité qui lui était imposée ». T1 parle de l'égalité des souffrances qui a créé l'égalité des droits, et la salle l'acclame. Nulle manifestation,au contraire,ne souligne le passage où il est fait allusion à la création d'une Université flamande. Tandis que le discours continue, sur la première marche de l'escalier double qui mène à la tribune, se tiennent raides et impassibles, d'un côté le comte de Mérode, de l'autre le général Jungbluth. Le Maréchal de la Cour porte l'ancien uniforme, chamarré d'or, et il semble au milieu des généraux que l'on distingue à peine dans la foule, une soudaine évocation d'un passé lointain. Mai» le discours a pris fin. Le Roi, le visage tendu, tout à son devoir, salue d'une brusque inclination les représentants de la Nation. Il descend d'un pas ferme l'escalier. Il sort. Il in retrouver l'armée. (Voir suite au verso) LES ÉLECTIONS PROCHAINES EN ANGLETERRE TROIS PARTIS POLITIQUES Aux élections qui auront lieu incessamment pour désigner les membres de la Chambre des Communes, trois partis principaux se disputeront les suffrages des électeurs. Coalition. — Se oomposiant de tems les Unionistes (conservateurs), d'une partie des libéraux et d'un certain nombre du parti du travail. Libéraux opposants. Parti du travail (ouvriers). Un certain nombre de petits groupes présenteront aussi d«s candidats : la Fédération des anciens soldats et marins, l'Union coopérative et le Parti Nationaliste. Une caractéristique de l'élection sera la présence des femmes candidates. Tous les partis s'efforcent naturellement d obtenir les votes des soldats qui sont encore sur le Continent. LÂ VIE DE NOS SOLDATS AU FRONT Nos premiers soldats revenus, chacun les interroge sur leur genre de vie là-bas. Ce qu ils doivent en avoir, des choses à nous conter ! Sur la plateforme d'un tram oit les voyageurs sont emboités comme des sardines, nous nous trouvons en face d'un militaire du 13e de ligne, à la mine intelligente et sympathique. Dans l'intimité que créent les cahots de la voiture, nous l'interrogeons.— Je suis en permission, nous dit-il. J'avais hâte de revoir mes parents, que j'ai heufeuse-ment retrouvés en bonne santé. Vous devinez la joie que j'ai éprouvée en les revoyant après quatre ans d'absence. — Vous avez donc fait toute la campagne? — Oui.. J'étais il Namur lorsque nous reçûmes ordre de nous retirer. Les Allemands allaient nous couper. Nous n'eûmes que le temps de battre en retraite à la hi'ite. Nous nous dirigeûnfes vers la France, a marche forcée, ne prenant que 1e repos strictement nécessaire. — Vous deviez être éreintés ! — Nous avions vingt ans et à vingt ans... Nous étions er.lin en France Là nous pûmes prendre le train. Mais nous étions les uns sur les autres, la plupart d'entre nous devaient se tenir debout. Quelque temps après, nos régiments étaient reconstitués et nous nous trouvions derrière l'Yser. — Et quel fut votre genre de vie? ' — Nous attendions, nous veillions dans les tranchées. — C'était dur? — On s'habitue à tout. Nous restions huit jours dans les tranchées, dans l'humidité, les pieds dans l'eau. Fait curieux, quand, à Bruxelles,nous étions légèrement mouillés par un jour de pluie, nous nous enrhumions. Là-bas, nous restions une semaine entière comme des carpes. Le huitième jour nous nous reposions et après un bon sum-me l réparateur, nous étions parfaitement rétablis : pas la moindre rhume, pas la moindre petite bronchite. — Vous guérissiez le mal par Te mal. Et le moral des troupe*.? — 11 a toujours été excellent. Jamais nous n'avons douté de l'issue de la guerre, tous nous avions confiance. Mais je dois vous dire que nous étions très bien nourris et chaudement vêtus : c'est là une des conditions nécessaires à l'endurance du soldat. — Et vous avez dû être joyeux lorsque vous avez vu que le succès couronnait vos efforts, quand vous ave/ vu reculer l'ennemi. — Certes, Monsieur, mais nous espérions ce moment, nous l'attendions avec patience. Les derniers combats ont été rudes, nous avons vu hélas ! tomber des amis. Mais nous avons triomphé ! » Arrivés au Nord, notre charmant interlocuteur nous prie d'accepter une cigarette, et nous nous séparons en nous serrant cordialement la main. Tous les soldats belges sont, du reste, de belle humeur, ils ont le sourire. Et ils ont gardé cette bonne simplicité dont nous avait déshabitués la morgue de l'officier allemand. Oui, ils nous reviennent du front sans forfanterie et c'est là un des plus beaux joyaux de leur couronne de gloire. BULLETIN DE L'ÉTAT-MAJOR 6e Division d'armée belge. Q.G., 23 nov. 1918 Etat-Major. 2e Bureau. (Communiqué nu 22 Novembre 1918) (Reçu le 23/11/18 à 7 h. 80) < Aujourd'hui,22 novembre, nos éléments avancés se sont portés vers la ligne Lommel-Bourg Léopold-Diest. » LL. MM. le Roi et la Reine, LL. XX. le prince Léopold et la princesse Marie-José,ont fait aujourd'hui, au milieu d'un grand enthousiasme, leur entré solennelle dans la capital,à la tête de détachements des armées américaine, française et britannique, ainsi que de troupes belges. Les soldats Alliéset Belges ont reçu,de la part de la population bruxelloise, un accueil des plus chaleureux et ont été acclamés frénétiquement sur tout leur parcours. » Le Lieutenant-Général, Aide de camp du Roi, Commandant, (s) : BIEBUYCK. DISTINCTION A L'ARMÉE BELGE Le lieutenant-général Gillain, commandant en chef de l'état-major belge, a reçu, jeudi, le « Distinguister Service Orcter », la plus haute décoration militaire anglaise. C'est un hommage rendu à l'armée belge en la personne de son chef. EXPLOSION D'UNE GRENADE A MAïN Un mort. Trois blessés Chaque jour des accidents tragiques sont provoqués par le maniement imprudent de munitions de guerre abandonnées un peu partout par les Allemands. Hier matin encore, un accident de ce genre a fait de nouvelles victimes. On sait que dans une maison de la rue Neuve, située vers la place Rogier, avait été établie une permanence de police allemande. Le concierge de cet immeuble, actuellement inoccupé, avait invité des amis-ii venir y voir le passage du Roi et des troupes victorieuses. Dans une pièce du 3e étage, un garçonnet de 14 ans, Henri Srhepman, demeurant rue ltoyale-Sainle-Marie, à Schaerbeek, fureta dans les armoires et y trouva parmi d'autres munitions une grenade à main. Comme il la manipulait, elle fit explosion. L'enîant a eu le ventre ouvert et un bras emporté, il est mort aussitôt. Mine Blots, demeurant boulevard Barthélémy, et ses deux fillettes qui se trouvaient dans la même pièce ont été assez grièvement blessées par l'engin. Elles ont été admises eu traitement a l'hôpital Saint-Jean. — UNE GRANDE FIGURE NATIONALE Ernest Solvay,qui vient d'être nommé ministre d'État, est incontestablement une des gloires les plus pures et les plus rayonnantes de la Patrie belge. Depuis l'époque, lointaine déjà, où des revers venaient freiner son effort, jusqu'à l'heure présente où il est devenu un des rois de notre industrie nationale, Ernest Solvay n'a jamais failli a son idéal démocratique. Philanthrope, il pressentit dès les premières semaines de la guerre, la disette qui menaçait la Belgique des pires hécatombes : il fut le grand initiateur du Comité nat.onal dont il assura la création par le versement d'un premier fonds important. C'est à lui, d'abord, que revient la palme de reconnaissance de la Belgique occupée. Mais Ernest Solvay n'a pas songé qu'au présent; l'avenir du peuple,ou plutôt le demain des nations M. Ernest Solvay l'ont souvent préoccupé. Et le sociologue a émis des idées longuement, très longuement mûries. 11 a établi un nouveau plan social : « le producti-visme et le comptabilisme ». Encourageant tous les efforts «ipables dJ doter l'Humanité d'un meilleur devenir, accueillant aux découvertes industrielles et scientifiques, fondateur lui-même d'un institut de première valeur, homme modeste et droit, Ernest Solvay joint à une sensibilité de bon aloi et à une intelligence 'd'élite, les plus hautes vertus civiques. SUR LÀ LIGNE BRUXELLES - ANVERS Samedi matin, vers 9 heures un quart, pour la première fois depuis le 20 août 1914, un train militaire a quitté la gare du Nord à destination d'Anvers. Des inspecteurs militaires belges, français, anglais et américains, sont allés examiner la voie pour décider si l'on peut remettre la ligne en exploitation. Ce premier convoi comportait deux locomotives et une voiture-salon allemandes. Aucun drapeau arboré, i Les jours de joyeuse folie sont passés, nous dit-on. Maintenant on va se remettre à la lâche. » Les autres lignes vont être vérifiées également, afin de pouvoir organiser à bref délai les trains de ravitaillement nécessaires, particulièrement dans certaines parties du Luxembourg. HOMMAGE AUX POSTIERS, CHEMINOTS ET TÉLÉGRAPHISTES M. Paul Segers, vient d'adresser l'ordre de service que voici aux agents des administrations des chemins de fer, marine, postes et télégraphes : « En quittant le département, j'ai à cœur de rendre un public et solennel hommage aux agents de tous rangs et de tous grades île nos administrations des chemins de fer, [le la marine, des postes et défi télégraphes, pour leur attitude fière et patriotique pendant la guerre. Ils ont fait preuve du plus ulrnirabîe esprit de sacrifice. Ils n'ont cessé d'opposer aux tentatives répétées de l'enne-ni la résistance la plus courageuse et la dus farouche. Ils se sont donné mutuellement clés gages de la plus touchante solidarité. Plusieurs de nos cheminots ont payé leur dévouement de leur vie. Beaucoup d'en-:re eux ont été déportés. L'ennemi a pu meur.trir leurs corps... Il n'a pu dompter leurs âmes. Plusieurs d'entre eux ne sont pas revenus. Leurs noms sont inscrits au martyrologe de la Patrie. » La grande armée de nos administrations publiques s'est battue à sa manière. Elle a lonné un exemple inoubliable au pays. Elle a. grandement honoré la profession. Elle a bien mérité de la Patrie. » Je considère comme un devoir, en me séparant de ces vaillants, de les féliciter et :1e les remercier de tout mon cœur. » Je tiens aussi a exprimer ma gratitude lux collaborateurs dévoués qui ont accompagné le Gouvernement dans l'exil et aux courageux ouvriers de nos ateliers créés à Oissel pendant la guerre. » Le Gouvernement s'est efforcé, en dépit le difficultés de toute nature, de payer les traitements et les salaires à ses agents. Je remercie les organismes constitués pendant la guerre et plus spécialement le Comité do secours et de prêts, qui lui ont assuré leur précieux concours. » Des arriérés restent dus. J'ai prié l'administration d'en établir sans retard le re-evé de façon de permettre à l'Etat d'acquit-:er au plus tôt sa dette. » Les promotions de tiaitement et de craies ont dû. être suspendues. J'ai prié do nême les services administratifs de dresser ;ans délai la liste des avancements depuis piatre ans. » En remerciant ?i nouveau les fonctionnaires, employés et ouvriers des administrations du département, je leur souhaite do nia;,tenir iutact leur admirable esprit de jolioarite prajeagiflEralla. soaa le souffle d« Ire Edition. BULLETIN PROVISOIRE DES JOURNAUX ES* 7

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