La Flandre libérale

1863 0
close

Why do you want to report this item?

Remarks

Send
s.n. 1914, 17 July. La Flandre libérale. Seen on 03 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/4t6f18v15w/
Show text

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

40* Innée — Vendredi 17 Juillet 1914 QUOTIDIEN. -10 CENT. il — 1 I. 198 — Vendredi 17 Juillet 1914 LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS I moii. I mois. I nota. 1 «a. BELGIQUE i Fr. 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE i Fr. 3.75 9.00 18.00 36.00 In s'abonna au bureau du Journal si dans tous Iss bursanx ds posta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET MPBIMBimï 8ÂND, I, RUE DU NOUVEAU BOIS, I, GAND ABONNEMENTS ET ANNONCES : jj « RÉDACTION « Téléphone 32 II Téléphona 13 Pour la ville et les Flandres, s'adresser an îmreat il : Journal. _ Ponr le reste du pays et l'étranger, s'adresser & l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. N Viriles résolutions —w— Les syndiqués chrétiens ont pria à Gand, dimanche, de viriles résolutions. C'est du moins ce que nous annonçait lundi la fin d'un compte-rendu enthousiaste de journal clérical: inutile de dire qu'il ne s'agit pas du "Bien public" qui a fait le mort à cette occasion et n'a point paru s'apercevoir du prodigieux enthousiasme, soulevé à Gand, s'il faut en croire le "XXe Siècle", par le défilé d'un formidable cortège de syndiqués chrétiens.Oe compte-rendu était lui-même délirant, énumérait avec complaisance toutes les personnalités religieuses et politiques qui honoraient le congrès — car il s'agissait d'un congrès — de leur présence; répétait à tous les paragraphes que les syndiqués, au nombre de dix mille il y a dix ans, étaient 102,277 actuellement. Il enregistrait avec ravissement l'éloge et les souhaits exquis de M. Mabille au Père Rutten, pour qui le jour do gloire était arrive: — Que le P. Rutten reçoive son cinq cent millième membre avant d'aller» recevoir sa couronne au Paradis... Gomme tout le monde pleurait d'attendrissement, Mgr Mercier voulut, parait-il, renchérir encore et parla du monument à l'organisateur de la victoire que certains projettent; — sa statue? Il l'a vivante dans l'organisation syndicale qui est un des piliers les plus solides de la société a c t u, © 1 le. Le piîier est peut-être très solide, mais il faut voir sur quel terrain il repose. Si la société catholique d'aujourd'hui se juge en sécurité quand elle s'asseoit dessus ■— ce qui est peut-être exact à plus 3'un sens — reste à savoir ce qu'en jugera la société de demain. Il y en a déjà, comme la "Bien public" qui se méfient et qui voient en ce pilier quelque chose comme le sabre fameux qui servait à défendre les institutions et, au besoin, à les combattre. Tant que le pilier ne bouge pas, tout va bien. Mais qu'il y ait un mouvement dans le sol boulant sur lequel il est planté et vous verrez l'édifice se crevasser singulièrement. ^ Trêve de jérémiades, et passons aux viriles résolutions... que l'on a renvoyées, faute de place, à la quatrième page du souvofficieui. En dehors des aspersions d'eau bénite, voici la seule partie pratique du discours du P. Rutten qui clôt le congrès: ce sont les dernières lignes d'un compte-rendu de six ou sept colonnes, pleines de discours fleuris : " Il nous revient que des modifications importantes seront proposées, par le Sénat, au projet sur les assurances sociales voté par les Chambres. Nous attendons, pour reprendre l'étude de la question, que nous ayons le texte de ces modifications. " f; Vous n'imaginez pas l'effet que cela produit quand on a lu patiemment, dans deux numéros successifs, six ou sept colonnes de reportage qui paraissent avoir été rédigées par un adorateur de Notre-Dame de la larme à l'œil. Impossible de ne pas éclater de rire. | " Il nous revient "... " Nous attendrons "... Comme " virile résolution c'est trouvé. D'ailleurs, pas un syndiqué n'a élevé la voix, n'a demandé une explication, Bollicité un éclaircissement, esquissé une protestation. Les cléricaux faisaient proclamer, avanl les élections de 1912, que tous les vieu> ouvriers allaient jouir dl'une pension d'ui franc par jour sans qu'il leur en coûte ui centime, non plus qu'au contribuable. Il; se moquent des pauvres gens en faisan adopter, à la veille des élections de 1914 un projet qui est le contre-pied des pro fcesses faites. Puis, comme on trouve qui c'est encore trop, on veut faire anéanti par le Sénat l'avorton de la Chambre Là-dessus, les cent mille syndiqués tien nent leur congrès. Ils envoient dix mill hommes à Gand. Et ceux-ci, après avoi mouillé dix mille mouchoirs à essuyer le pleurs d'attendrissement que leur fon verser des discours touchants, prennent d " viriles résolutions ". Ils décident... d'at tendre des précisions. Ou plutôt, ils ne 1 décident pas : on le décide pour eux, san même leur demander leur avis. ■ Félicitations au P. Rutten. Le troupea est parfaitement docile, jusqu'ici. Pa besoin même de chiens de garde : la hou lette suffit. ■ Tout de même, si les syndiqués ont quel que lueur d'intelligence, on se demand quelles réflexions ils auront faites, un fois les mouchoirs séchés. L'escamotag a été fort habilement exécuté, mais tout de même, ce n'est qu'un escamotage. Et le prestige des prestidigitateur^ est toujours de courte durée. Le pilier commencerait à bouger, l'un de ces jours, qu'il ne faudrait pas trop s'en étonner. ) Echos & Nouvelles -1b -i> -fV- L'esprlt elérleil Le but poursuivi par le parti clérical est de creuser un fossé de plus en plus large entre ceux qui sont catholiques et ceux qui ne le sont pas ou qui, tout en l'étant, appartiennent à l'opinion libérale. Le congrès des jeunes gardes catholiques qui s'est réuni récemment à Tournai a décidé que le foot-ball neutre doit être proscrit. Des sociétés de foot-ball catholiques ont donc été créées. Nous savions déjà que les sociétés neutres de boy-scouts ont subi le même sort. Le pape a condamné aussi les syndicats interconfessionnels, à moins de circonstances tout à fait exceptionnelles. Le syndicat doit être catholique. Son caractère apolitique n'est qu'un attrape-nigauds.Les sociétés de St-Vincent de Paul ont cléricalisé la charité. Le congrès des œuvres sociales de Ma-lines a conseillé d'introduire de plus en plus " de vrais chiétiens dans les conseils d'administration, au fur et à mesure que les occasions favorables se présenteront." En 1906, la directrice d'une école cléricale de Gand écrivit aux parents de ses élèves pour les engager à ne plus permettre à leurs enfants de fréquenter les élèves des écoles communales. La " Ligue contre la mauvaise presse " (!) vient de lancer une circulaire interdisant formellement la lecture de toute publication qui ne soit pas nettement catholique Pas de livre, pas de revue qualifiés "neutres". La même ligue demande aux catholiques de ne rien acheter dans les magasins ou_ librairies qui vendent aussi des productions non catholiques. Mais voici le comble des combles : La "Presse'' d'Anvers, dans son numéro du 22 juin, défend aux fournisseurs d'envelopper leurs marchandises dans de vieux journaux:., non catholioues! Après cela on peut tirer l'échelle. Dans tous les domaines, c'est donc la même tendance ! Un des grands bienfaits de l'esprit clérical est de diviser de plus en plus profondément la nation. Comme il y a des Croates catholiques et de3 Croates orthodoxes qui s'entredéchircnt. comme il y a des Albanais musulmans et des Albanais catholiques qui s'exterminent, il faut qu'il y ait des Belges catholiques et des Belles non catholiques, dressés les uns contre les autres ! Et nous sommes au XX0 siècle ! %%% La mort ds Max Booms La nuit avant-dernièire est inort Max Rooses. Nous le- savions, malade. Une manifestation on son honneur, au Musée Plantin.-Moretus qiu'iil venait de quitter, avait dû être- remise lundi dernier. Mais personne ne croyait sa vie en danger. Après la mort de Charles Buis, cette de Max Rooses est un coup- sensible pour île parti libéral. ltooses, qui était né à Anvers le 10 fé-vrietr 1839, avait fait sels études à l'Université dei Liège et éta-it entré ensuite dans l'enseignement moyen. Il fut successivement professeur de langues modernes amx athénées de Namur et de Gand. Là, il se lia avec Devignei, les deux frères Julien et Albert Dei Vriendt et Minnaert. Il prit une part très grandie à la propagande dtu mouvement- flamand et collabora à la rédla/ction dto projet d© loi sur l'enseignement moyen dans les provinces flamandes. , . . Ce fut à Gand que1 Rooses1 écrivit son, fameux ouvrage sur Plantin et l'imprimerie pSantmienne, qui fut couronné pair l'Académie de Belgique et qui lui valut la nomination de> conservateur du Musee Plantin, acquis en 1876 par la ville d'An-i vers cfe la famille Moretus. , Sous sa direction cette ancienne maison d'imprimerie! devint un musée uni-' que au monde. C'est à Anvers quel Roosesi J écrivit son "Histoire de l'Ecoile anver- > soise de peinture" et "Œuvre de Ru-bens", e,t il y termina la publication de > la "Correspondance de Rubens" : ces ouvrages de tout premieir ordre le firent r dénommer le Taine flamand. Il prit part également à la politique et présid'a pendant de longues années le e "Liberalei Vlaamsche Bond.". Il fut le r mentor dtet Jan Van Ryswyck et contribua à faire accepter un mandat de1 député et ® un mandat de conseiller communal par t Louis Franck. e La mort de ce grand savant et de ce libéral convaincu laissera d'unanimes re-grets.Aussutôt la nouvelles de la mort de Max Rooses connue, le dirapeau a été i mis en beirne au Musée Plantin et à g l'hôtel dte ville, écrit le correspondant an-versois dei la "Chronique". Le collège s'est réuni et a décidé de faire afficher la proclamation suivante : " Max Rooses est décédé cette nuit. e Ce fut un citoyen éminent qui a consa-c cré le® qualités dte sa gramde intelligence à l'élévation du renom artistique e d'Anvers. Il sera enterré vendredi matin r à 11 heures. Son nom vivra dans notre cœur et dan,s notre vénération. Le bourgmestre: J. Devos. " Vendredi, jour desi funérailles', le dta-peau sera mis en berne à l'hôtel de ville, au Musée Plantin, à la tour die la cathédrale et à tous 'les bâtiments communaux. Le Musée Plantin sera fermé pendant toute la journée. Le 'bourgmestre, les échevins et les conseillers communaux assisteront en corps aux funérailles. A la mortuaire un discours sera prononcé par Le bourgmestre et une couronne sera déposée sur le cercueil au nom de ,1a ville d'Anvers. Les réverbères seront voilés de crêpe sur le parcours du cortège funèbre. Le collège a envoyé une lettre de con-doléances à Mme Max Rooses. Le nom de Max Rooses sera donné à une 'rue ou place de la ville. Do legs M. Charles Bu'ls a légué sa bibliothèque à la ville dle Bruxelles1. Le legs sti-pule_ que le collège écbelvinal devira. répartir les volumes entre l'Université libre et l'Académie! die® beaux-arts. Cette bibliothèque est très im,portante. Elle renferme de nombreuses publications d'art parues dams tous lea pays. BulUlllement dis troupes Afin d'éviter les inconvénients qui résultent die s difficultés du ravitaillement des troupes, dans les cantonnements, le lieutenant général die Selliers de Moiran-ville, directeur des prochaines grandies manœuvres, vient de décider que les soldait® recevront uni premier repas chaud, le matin, avaait le départ; ce repas aurai été préparé pendant îa niuit. Chaque sol-*|at emportera une ration de réserve qui assurera son repas ,dle l'après-midi, Li synileillsme et le Pape La " Croix " de Paris vient de traduire du texte italien le décret rendu par la Sacrée Congrégation consistoriale et publié par 1' " Unita Cattolica " du 10 juillet. Il tombe à pic après les marques die gratitude qui viennent d'être pom peusement témoignées au R. P. Rutten,, le chef du mouvement syndical chrétien belge et qui a cté si1 vivement pris à partie par la " Correspondance catholique '' de Gand. Celle-ci ne manquera pas d'applaudir au. décret de la " Sacrée Congrégation '". En voici la teneur : " De beaucoup de diocèses d'Italie, " spécialement du Nord1, sont parvenues " à oe ,siège apostolique des plaintes " graves au sujet des dommages qu'ap-" porte à la classe des ouvriers et des " villageois cette institution ou associa-" tion, que l'on noimme "syndicalisme", " parce que, sans parler du reste, elle " se change en fait en une, lutte sociale. "Pour ce motif, et afin d'obvier autant " qu'il est possible à un si grand mal, "S. S. le pape Pie X a ordonné à cette " Sacrée Congrégation de notifier aux " susmentionnés Ordinaires d'Italie que " son. intention et sa ferme volonté est " que les prêtres, sans aucune exception " de personnes ni de lieux, ne puissent " plus donner leur nom à ces associa-" tdons syndicales ou l'y maintenir s'ils " l'avaient déjà donné une fois, ni y " remplir aucune charge quelconque, ni " faire des discours ou des exhortations en leur faveur. De toutes choses, les " prêtres doivent se tenir écartés, afin " qu'ils ne semblent pas se faire les " complices des maux quii découlent sou-" vent de cette institution. " Pour remplir les ordres du Saint-" Père je communique ces décisions aux " Ordinaires qu'elles regardent, afin " que ceux-ci y pourvoient opportuné-" ment selon la variété des cas, nonob-" stant quelque chose contraire que ce " soit. " Donné à Romie, à la secrétanrerie de " la Sacrée Congrégation Consistoriale, " le 20 juin 1914. Gard. De Lai, évêque de Sabine, secrétaire, Jean B. Rosa, substitut. "• Le pspler eit cher Plusieurs journaux américains_ Vont être obligés die cesser leur publication en! raison de lai cherté, croissant©1 diu papier à imprimer. Un grand .journal du soir, vendu cinq centimes1 et ne pouvant relever soni prix à dix centimes, va cesser sa publioatiioin. Un autre journal paraissant le matin! et le soir, se trouve dans une situation! teille qu'il va être obligé d'elntrer en liquidation. A ce propos on fait remlaArqueir que, depuis deux ou trois ans, peu die journaux new-yorkaii® ont été exploités avec profit et plusieurs ont fait des pertes1 énormes. Les journaux n'ont pu se maintenir que par le succès de leurs éditions du soir et par la tradition) que leur confère leur ancienneté. Cette 'situation est attribuée à la création du tlriust du! piapder et à la nécessité d'aïugimenter il© tirage. Ainsi la consommation du piapiér grandissait parallèlement avec l'es prix. La conclusion est que loin de diminuer le prix de vente au numéro à cinq centimes, les journaux américains, s'ils veulent faire leurs frais, devront à 11',avenir se vendVe 'dix centimes. En Belgique aussi, la cherté du papier augmente la charge des journaux. EN RUSSIE •—6B—• Nicolas II et le pope Raspoufioe Il y a quelques mois, le comte Paul Vassili, une personnalité restée mystérieuse, quoique devenue célèbre par une série de volumes indiscrets sur la "Société: de Berlin, d© Londres, dé Madrid, de Pétersbourg et de Rom1}", a publié, à Londres, un nouveau volume sur la " Ciour db Russie Le comte Vassili y est très sévère pour Nicolas II. Le tsar actuel parvint au trône en 1894, à l'âge d© 26 ans : il était bien jeune pour un autocrate d© Toutes les Russies. Sans instruction sérieuse, sans expérience) des affaires à son avènement, il ne semble pas, s'il faut en croire M. Vassili, que vingt ans de règne aient réussi à le mûrir. Le tsar Nicolas II, selon notre auteur, n'a jamais eu d'opinions personnelles sur les choses de son métier. C'est un " impulsif Son existence) est toute mai-cliinale ; il est incapable de s'intéresser à rien d'une manière intelligente et suivie.On si'est demandé si l'indifférence qu'il a montrée en des occasions solennelles était réelle ou affectée. En apprenant le désastre de Tsu-Shima, qui coûta à la Russie toute sa flotte, l'empereur, qui était en train d© jouer au tennis dans le parc de Tsarskoyé Selo, ne manifesta pas la moindre émotion1. Après avoir lu le télégramme relatant l'événement, il continua tranquillement à jouer. Depuis le début de l'a révolution russe, il a fui Saint-Pétersbourg et vit généralement à Tsarskoyé Selo, qui est à la fois un château impérial et un grand camp militaire. Il y fréquente le mess des officiers, boit du Champagne en leur compagnie, et s'amuse de leurs cancans. Parfois il! chasse dans le parc. Le reste du temps, il signe des pièces officielles, !'<} olrm souvent sa,n« les comprendre. Il adore ses enfants, son fils aîné surtout, qu'il gâte extrêmement; il exige que seg moindres caprices soient satisfaits à l'instant et ne tolère jamais que le petit tsarévitch soit contredit en rien : cet enfant, qui a dix ans, et qui est fort joli, a une santé des plus délicates : on prétend! qu'il est atteint d'hémophilie. La tsarine, froide beauté classique, hautaine, étrangère à son peuple, vit soug la terreur perpétuelle des attentats. Comme son mari, elle est très superstitieuse.*** Ce penchant impérial, caractéristique du byzantinisme russe, èxplique l'extraordinaire faveur du pope Raspoutine. Les heures sombres de la réaction sont toujours favorables à la fortune des aventuriers. Jamais, dans l'histoire de la Russie, si riche en personnages d© ce genre, on n'avait vu, à côté du trône, un plus étrange parvenu que Grégoire Raspoutine, qui vient d'être victime d'une tentative d'assassinat, en son village natal, où il était ailé revoir sa famille. Raspoutine est né près de Tobolsk, en Sibérie, d'un marchand assez fortuné. Sans aucune instruction — on prétend qu'il sait à peine signer son nom: — vers la trentaine, il y a environ quinze ans, il eut une crise de ferveur religieuse, et se mit à vagabonder, en pèlerin, d'un couvent à l'autre, comme font volontiers les paysans russes. Sa réputation de piété devint considérable. En 1900, à Kasan, un ecclésiastique influent lui donna un© lettre d'introduction pour l'é-vêque Théophane, un mystique célèbre à Pétersbourg. Par Théophane, Raspoutine fit la connaissance d'une foule de hautes personnalités. Simple s t o r e t e (vénérable), écrit le "Temps", il n'était ecclésiastique) que par la soutane. Il y a deux ans, le Saint-Synode lui refusa Pordination que de puissants pro tectèurs prétendaient obtenir pour lui. Longtemps il eut un appartement à l'Académie religieuse de Saint-Pétersbourg : il se donnait comme une sorte de voyant et d'inspiré ayant pour mission d'éclairer les grands. Sa vie, d'abord simple, devint tout s fait luxueuse il y a quelque temps. Il se mit à se vêtir avec recherche et s'instal la dans une maison située dans le quar tier le plus aristocratique de la capitale où ses antichambres et salons de récep tion regorgeaient de visiteurs de toute les conditions, mendiants, moujiks, gé néraux, grandes dames, que les domesti ques chargés de les introduire avaien soin de classer à-part les uns dles autres Ses mœurs, dit-on, firent bientôt scan dale. Les relations oln que suspectes de ce très bel homme a.ve<s (!& grandes da^ mes, ses orgies avec des & nmes du peuple, devinrent la fa,1 : Saint-Pétersbourg : comme il arrr, souvent, une pointe de sadisme se mêlait aux pratiques de Raspoutine, qui était, paraît-il, un, flagellant. C'était, en somme, un monstrueux tartufe, un de ces hommes dont l'extraordinaire fortune n'est plus concevable qu'au milieu du byzantisme corrompu de la Sainte-Russie. Introduit à la Cour, il y acquit une influence incroyable, plus ou moins hypnotique, sur le tsar et la tsarine. Les ministres tremblaient devant lui. L'évê-que Théophane conspira pour le perdre et obtint un ordre qui l'exilait en Sibérie ; Raspoutine en appela au tsar, fut rappelé bientôt, et Théophane fut chassé sans même avoir eu le temps d'embrasser son père agonisant. On raconte qu'avant de partir en exil, Raspoutine avait annoncé à la tsarine qu'un malheur allait fondre sur elle et que, peu après, une maladie du tsarévitch vint confirmer cette prédiction ; sur quoi l'impératrice suppliai Nicolas II de rappeler le fameux s t o r e t s, dont le pouvoir, de^ puis, devint de plus en plus formidable et qui, en dépit de l'opposition acharnée dui Saint-Synode, finit par trouver un évêque qui consentit, tout récemment, à l'ordonner prêtre, malgré ses mœurs tout à fait déplorables. D'autres rivaux 1 ecclésiastiques, l'évêque Hermogène, le moine! Iliodore, virent, eux aussi, leur carrière brisée par lui. Raspoutine avait deux filles — de simples paysannes qui, comme leur mère, n'avaient jamais quitté leur village natal. Il en fit venir une à Saint-Pétersbourg et la fit admettre dans un pensionnat ultra-aristocratique. Sortie de pension, cette jeune personne devint la principale aompagnet des fill©s du tsa«r. Quand Nicolas II séjournait en Crimée, Raspoutine occupait une villa magnifique à proximité du palais impérial. On dit qu'il tutoyait l'empereur, ce qui est une faveur refusée même aux grands-ducs. A la Douma, il y a eu plusieurs interpellations dirigées contre Raspoutine; elles ont toutes échoué... Nous avons sous les yeux une curieuse appréciation du rôle de ce piope, par le comte Witte, parue dans la " Gazette de Vosa ", du 18 mai. Le comte Witte trouvait le pouvoir de Raspoutine presque miraculeux. On sait que la politique financière de, M. Kokowtzow, récemment tombé, était fondée sur l'exploitation intensive du monopole de l'alcool. C'est sous l'influence de Raspoutine que Nicolas II se décida , brusquement, à renverser Ko-kowtzow : ce fut, il faut le dire, un geste méritoire. " Tout le monde, disait le comte .Witte, peste contre Raspoutine dans certains cercles de Pétersbourg. Mais sa-vez-vous qu'il nous a épargné une guerre entre l'Autriche et la Russie?" C'est lui qui, il y a un an, fit pencher la balance en faveur de la pais dans l'esprit de Nicolas II. La mort de ce popet dépravé, frappé par une paysanne qui voulait venger, selon les uns, le moine fliodore, et selon les autres, une jeune fille séduite par Raspoutine!, serait donc, si elle se produisait, — et la nouvelle semble s© confirmer — un gros événement. Peut-être les amis de la paix auront-ils sujet de la déplorer... Z. REVUE DE LA PRESSE L'arbre de M. Buis Voici cei qu'écrit, sous oe titre, M. Léon Souguenet dans, un journal bruxellois : "Voilà l'occasion, triste, mais précieuse, de réaliser une idée d'une poiésie pra^ tique1. Après le forum qu'il aima, où son souvenir est gravé dans 'la pierre et le bronze, M. Buis aima la foret. Il comprit l'iutilité de la propagande par le fait, eni patronnant la Ligue des Amis des la forêt de Saignes et en en laissant la gestion à René Stevens, ni journaliste, ni orateur, mais hoimme d'action et artiste.' " Depuis des ans et des ans, des joiur- 1 nialistes zélaient, rasaient littéralement leur clientèle en leur parlant de sites à défendre. J'en fus, de ces journalistes, et j'a.i toujours constaté que mes chroniques sur ce sujet distillaient un profond1 ennui ; on n'a pas le droit d'embêter à 3 oe point M. le fidèle abonné au Mme ia lectrice assidue. Et puis, on n'aboutit à rien, maiis à rien du tout, pour des raisons faciles à déduire. On fit plus et plus utilleimient en plantant un petit arbre à Esneux, début d'une campagne que M. Buis ne comprit pas die suite, à laquelle il se rallia plus' tard avec toutes ses forces. Et les promenades organisées pério-diqwemeart; par iSitevens1 ('sa, ^ Ligiu e ai 5,000 membres), défendent mieux la forêt que le lyrisme fatigué de gens qui, eussent-ils du géniei, ne peuvent flas se: répéter pendant dix ans. C'est très bien, quand* M. Picardl parie de la 'vastei et, nuimo!rante forêt", c'est — certes ! do 1a, littérature, o'efet au-dessus, si vous voulez, du journailisunei, c'est tout. " Menons! les Bruxellois, $03, Belges, dans Heur forêt. Qu'ils la connaissent, qu'ils l'aiment ; le défenseur des sites — inoSI comme les autres — est souvent uni vieil! égoïste qui souhaite la solitude, l'abandon, à œ lac, ce vallon, ce boos. Teilis ne furent ni M. Buis, ni ^Stevens ; ils ouvrirent à tous la^ foret qu ils auraient peut-être préferee pour eux seuls. " Eh bien! fidèles à ce programme, Amis die liai forêt, plantons dans la foret l'arbre de M. Buis ; qu'un symbole vivant vivifie soni souvenir parmi il'es_ hêtres. II en est digne; il1 attirera au jour de la plantation une foule de! néophytes, et cesi mots "arbre de M. Buis" éclaireront lai personnalité de cet homme sec^ vif, actif, qui, par l'amour d'es arbres, s'éleva a la passion! des1 poètes en restant un monsieur. " 7—1 Billet parisien Mardi 14 jiuillet, après-midi. La revue de Longehamps -- Jours de îête C'est en "revenant de la revue'", cheira lecteurs, que je vous écris ces lignes. Iil1 y a fait chaud1: j'en suis rervenu un peu fatigué, pour ne pas dire abruti : si ces lignes s'en ressentent, je vous en prie : soyez indulgent ou essayez d'en faire autant ou mieux par ce temps de canicule. Je me suis donc, comme tout honneto Parisien, réveillé aussi matin que posi-sibile pour me trouver, au moins1 à 6 heu-riete^ sur la, route de Sèvres, en face les tribunes, à Longehamps. J'y réussis sans trop' de, peine^ quoiqu'un nombreux peu-pi© s'y trouvât déjà rassemblé: c'est a croire qu'il y avait bivaque. Des cordons de troupe ©t de police tenaient libres les accès de la plaine sur laquelle, sur le coup de 7 heures, débouchent die) toutes parts des troupes _ d'infanteitie. C'est un spectacle magnifique1) dans le cadre grandiose que forme un fond de verdure dominé par le fort du Mont-Valérien. L'allure alerte et vive des fantassin® groupés en1 trois divisions^ d'infanterie d'e ligne, deux brigades d'infanterie coloniale, trois régiments du génie et un régiment de zouaves, produit une impression inoubliable': le bon owdre, l'ensemble avec lesquels ces troupes si merveilleusement entraînées vont occuper leurs emplacements, peuvent à bon droit exciter la fierté deis Français. Les musiques se sont tues, lea armes sont au pied : voilà que derrière nous et de toutes parts débouche la cavalerie : l'école die SaintCyr ; quatre brigades de dragons et tout autant de cuirassiers. Sous le soleil qui tape ferme déjà, le scintillement des casques et cuirasses, le chatoiement des culottes rouges de l'infanterie, les éclairs des bayonnettes et des sabres astiqués forment un talbleaiu' d'un mouvement sobre et d'une couleur intense que relèvent la robe luisante des chevaux et le flottement des flammes rouges et blanches aux lances des dragons.En face de nous se dressent les tribunes, bondées, archi-oombles : _ on doit y rôtir : les privilégiés qui avaient pu se pirioourer des cartes avaient le soleil en face. Les présidents des Sénat et Chambre arrivent escortés d'un groupe de cuirassiers. Mais voilà que le' canon se met à tonner, les coteaux de la Seine, en multiplient l'écho; ia Mont-Valérien répond; la "Marseillaise"- éclate : c'est le président de la République qui arrive : des ao-olai mations bruyantes île saluent ^ à^ soni passage devant les tribunes. Précédé© d!e l'état-major, suivie par le groupe brillant et chamarré des attachés militaires, la Diauinont présidentielle passe devant le front des troupes. Aussitôt après, le défilé commence. D'abord les fantassins: en tête l'Ecole polytechnique d'une tenue impeccable, l'Ecole militaire, la Garde républicaine', les sapeurs-pompiers, les zouaves qui obtiennent un grand succès. Suivent les soldats du génie,en masses sombres,cette arme n'ayant plus la traditionnelle culotte! rouge garance1. Us sont accompagnés de chariots portant des baquets en fer et d'il matériel pour la construction des pont®. Puis l'infanterie vient en masses, serrées d'un effet sans pareil : il se dégage de cette troupe d'élite une impression de force admirable. Puis, après un court intervalle, s'avance au, trot l'artillerie! de campagne légère et lourde1: l'armie-ment composé 'dte pièces modernes produit la meilleure impression. Pendant ca temps, les cavaliers se sont mis en selle. L'artillerie a à peine disparu que débouchent au galop les lignes serrées des dra-gcxns suivis d'es cuirassiers. Us passent comme le vent et viennent se ranger dlaaig un ordre parfait sur la plaine, devant les trilbunê^, icependant que l'artillerie de siège : des pièces énormes traînées par de lourds camions automobiles, passe majestueusement devant les tribunes. Puis, à un 'signal invisible, les neuf régiments de cavalerie s'ébranlent et se ruent en un élan impétueux et irrésistible à l'assaut d'es tribunes, devant lesquelles ils s'arrêtent soudain en un seul

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.
This item is a publication of the title La Flandre libérale belonging to the category Culturele bladen, published in Gand from 1874 to 1974.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Add to collection

Location

Periods