Le peuple wallon: organe démocratique paraissant les dimanche et jeudi

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s.n. 1918, 19 May. Le peuple wallon: organe démocratique paraissant les dimanche et jeudi. Seen on 01 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/cj87h1fz2j/
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i» ANNÉE. - N* 3o. 10 Centimes le numéro Du 19 au 22 Mai 1918. LE PEUPLE WALLON ORGANE DÉMOCRATIQUE PARAISSANT LES DIMANCHE ET JEUDI < Les démocraties européennes ont eu tort de ne pas prendre en considération la politique des nationalités. > Tontes les correspondances doivent être adressées ABONNEMENTS-(Ons'abonneà tous les bureaux deposte) : |i Secrétariat du journal a Ch-irleroi • à l'administrateur Un an, 10 fr. — Six mois, 6 fr. — Trois mois, fr. 3.50 ji 25, Rue de Belle»Vue, BRUXELLES ANNONCES : fr. 0.75 la ligne. || J LHUSIER, HO, Rue Léon Bernas, Albert THOMAS, Ancien Jjninisire fiançais. La Question! Flamande en Suisse Depuis le a4 octobre 191O, le. lien très faillie et purement artii'iciel qui reliait l'infime partie de la Flandre francisée à la Wallonie, l'Université française de Gand, n'existe plus. 11 y a une université néerlandaise de plus dans le monde, une université française de moins. Contrairement à ce qui a été affirmé par la presse des émigrés, il n'y a pas une université belge supprimée puisque les quatre grandes universités étaienl françaises. Désormais les ponts sont coupés entre Wallons et Flamands; les deux peuples rendus à la liberté par l'émancipation intellectuelle pourront poursuivre pacifiquement leurs destinées. L'importance d'un enseignement supérieur flamand n'avait point échappé au congrès des Amitiés Françaises, tenu à Mons en septembre 191 x. t 11 des protagonistes les plus acharnés du bilinguisme en Flandre, Maurice de Mioman-dre, ne se. trompa point en y affirmant que « le flamingantisme est la dernière tentative faite en Europe pour affirmer une nouvelle nationalité. » Tentative, oui. Dernière, non. Prévoyant l'importance d'une Université flamande qui devait fournir au Parlement des intellectuels néerlaridisés, il concluait que « l'Université flamande, c'est donc l'instrument qui forge la séparation administrative entre la Flandre et la Wallonie » et « le plus dangereux élément de séparation. » L'Université française de Gand néerlandisée par l'occupant ou par le Gouvernement belge, c'est bien chou vert ou vert chou, sauf pour les patriotards chatouilleux. De Miomandre continuait : « Devant une telle situation, nous, Wallons, nous aurions à examiner ce qu'il nous resterait à faire, avec la volonté invincible de nous défendre et ce serait le cri de séparation — je ne dis pas même de séparation administrative — qui retentirait d'un bout à l'autre de la Wallonie. A cette séparation nous sommes prêts ; si l'on ne sait pas respecter les droits de nos frères de langue française des Flandres et le pacte de la liberté des langues scellé en i83o, sous le canon hollandais. » Il ne reste plus au Wallon de Miomandre qu'à organiser et à consolider le régime séparatiste appliqué à sa patrie wallonne. A l'appel il ne sera point défaillant comme d'aucuns. Nul n'ignore la puissance transformatrice de l'éducation sur l'individu et la nation. A bon droit le philosophe Leibnitz a pu dire qu' « on réf armerait le monde si ion réformait 'l éducation. » « L'éducation séculairement identique appliquée aux Flamands et aux Wallons en supposant l'allégation de Kut'ferath exacte aurait donc fait banqueroute à mesure que les jeunes générations grandissaient' et que le droit de vote s'est létendu. Politiquement parlant, l'élément francisé est resté sans influence en Flandre et l'on chercherait vainement au Parlement « belge » un mandataire qui soit leur élu. Cet élément francisé, on en réclame chaque jour la disparition et le député Van Cauwelaert qui vient encore de s'entretenir longuement avec le roi Albert de la question flamande a tenu, une fois de plus, de préciser dans son organe Vrij Belgi'é du 3 mai 1918 son programme dans un long article : Paix par le Droit, dont voici un des chapitres essentiels. « Les Flamands veulent être jugés et administrés dans leur langue dans le pays flamand exclusivement. Ils veulent que l enseignement y soit en harmonie avec le caractère flamand du pays. Ils veulent être placés dans une situation d'égalité avec les Wallons en ce qui concerne h langue employée par leurs chefs. Ils veulent enfin que la vie privée et publique en Flandre revête un caractère flamand, tout comme elle porte un caractère français en Wallonie. En un mot, ils veulent qu'elle ait sa place légitime dans une Belgique une et indivisible, et qu'elle soit respectée, défendue et encouragée par les pouvoirs publics dans la même mesure que la culture française. » Le député d'Anvers a retiré de ce tête-à-tête avec Sa Majesté autre chose que de l'eau bénite de cour. En effet, un des membres les plus influents du cabinet belge, le ministre Joriï llelleputte, chef de file du mouvement, flamand dans le parti catholique, vient de prendre le défense du groupe Van Cauwelaert-Hoste qu n'a cessé en Hollande d'agiter le drapeau fia mand et de faire une guerre ouverte à la politique bilinguiste du Havre. La position de llelleputte désavouant le programme linguistique du Gouvernement belge, se ralliant aux demi-activistes de Hollande, provoquera une sensation énorme tout en démontrant que, désormais, l'activisme est, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, une force indéniable. Elle nous montre aussi le Havre tiraillé en sens divers par celte question de races qu'il est incapable de solutionner parce qu'elle n'est point, du domaine « belge ». La phraséologie des Kufferalh et autTes métèques tardivement venus dans le belgeoisisme sera impuissante devant cette preuve qui se répète chaque jour qu'il n'y a point de Belges. Contestant l'oppression qui existe en Flandre, Kufferalh écrit triomphant: « Ils (les Flamands) ont été négligés, ce qui est bien différent ; peut-être se sont-ils négligés eux-mêmes. » Les nombreux pétitionnements des Flamands pour l'emploi de leur langue dans l'adminis-iration, la justice, l'enseignement et l'armée, les congrès néerlandais, les Landdags, toute cette réaction violente contre la politique rogié-riste d'unification (1) n'était-elle point, l'indice d'un peuple qui défend sa nationalité menacée? « Sur ce point tout le monde était d'accord en i83o ; les représentants de l'élite flamande pensaient comme Nothomb. » (2) Pour Kufferàth l'élite flamande c'était les politiciens genre Devaux et de Brouckère, serviteurs du nouveau régime. L'autre élite flamande, l'élite des intellectuels, des artistes, se fit connaître au lendemain de i83o par les protestations des Willems, des David, des Snel-làèrt, des Ledeganck, des Serrure, des Vervier et des Bens; même des politiciens notables tels les Bodenbach, les Delehaye, les de Decker, furent parmi les protestataires. Le nouveau défenseur de la Belgique bilingue reconnaît que « dix ans à peine après la proclamation de l'indépendance, la querelle linguistique s'amorçait : une partie du pays protestait contre la prédominance du français. » ... « Dès 18/10 ia question flamande fut Sainsi ouverte. » 11 confesse que les revendications linguistiques des Flamands étaient fondées et qu'ils ont obtenu satisfaction sur toute la ligne excepté en matière d'enseignement supérieur, à propos duquel un projet de loi devait être soumis à la législature dans la session de igi/i-TQiS. « Cette loi votée, la querelle des langues eût été close en Belgique, tous les griefs des Flamands auraient reçu réparation. i> Les passivisles flamands du territoire occupé qui font l'admiration béate des émigrés belges ont pourtant annoncé, dans leurs manifestes répandus à l'étranger, quantité de revendications nouvelles indépendantes de la flamandi-salion de l'Université de Gand et l'éclaireur Kufferàth ne doit point les ignorer. Il s'insurge à l'idée que cette question pourrait devenir une question européenne « alors qu'elle n'a été jusqu'ici qu'une question intérieure belge, à peine remarquée à l'étranger et.peu comprise par lui. » Au contraire cette question fait le tour du monde et l'étranger s'en occupe davantage chaque jour. Les Congrès Néerlandais, les Congrès des Amitiés françaises avaient l'attention fixée sur le conflit des langues et des races provoqué par l'Etat Belge. La question de la néerlandi-sation de l'Université de Gand était posée à l'extérieur bien avant l'occupation allemande. Certains échos d'outre-Bhin avaient fait entendre leur voix à ce propos, le ministre Fernand David donna son avis à la tribune française. Un enquêteur « belge » Baoul Engel sollicita même les lumières de Maxime Lccoanle, vice-président du Sénat français et du célèbre pu-bliciste russe Novicow de l'Université d'Odessa. Au Congrès des «. Amitiés Françaises » tenu à Mons (21-27 septembre 1911), M .Fabius de Champville proposait le vœu suivant, qui fut voté à l'unanimité, par acclamations : « Les Français présents ri Mons au Congrès îles « Amitiés Françaises » tiennent à expri- (1) En 1834, Rogier écrivit au ministre de ta Justice Raikem : « L'unité de langage est la base nécessaire d'un Etat solide et le français devrait être la langue de la Belgique. » Il changea d'avis plus tard. (2) J.-B. Nothomb, adversaire d'une langue propre à la Belgique, préconisait l'adoption du français. mer leur vive sympathie a tous les citoyens belges et émettent le, vœu que ta propagande de la langue et de la culture françaises soit poursuivie énergiquement et méthodiquement., s'unissent aux protestations contre les décisions administratives qui méconnaissent les lois, sollicitent la modification de la loi (il s^a^il des lois de 1883 et 1910 sur l'emploi des langues en matière d'enseignement moyen dans la région flamande) dans le sens la liberté, remercient chaleureusement tous les Français de Belgique, font appel aux représentants de la nation be^ge pour les aider dans la mission d'assurer à chaque citoyen belge la liberté de sa langue et la conservation de U niversité française de Gand. » Des voix autorisées du Nord, du Sud et de l'Est étaient donc saisies de cette grave question quand la guerre survint. Les orfraies du patriotisme « belge • qu'une indignation do commande secoue à présent, demeurèrent silencieuses.Ce n'est qu'aujourd'hui qu'elles s'entendent pour proclamer que Ja question des races en Belgique n'est qu'une vulgaire « question de ménage ». Cette sinistre comédie vient un peu tard et ce n'est point encore cette nouvelle lanterne « belge » nommée Kufferàth, éclairant bruyamment les libres Helvètes avec ses vessies creuses, qui donnera le change à une opinion publique bien informée. (/4 suivre.) E. Houba. Lettre du Havre aux " Nouvelles „ Le remaniement des attributions ministérielles. — Le tôle de la jiresse. — le minhtère de la ciuerre sous fes obus. ' 4 i La Belgique à Sainte-Adresse Sainte-Adresse, le 29 mars. « En vous signalant, dans une de mes dernières lettres de Sainte-Adresse, la nécessité impérieuse d'un remaniement des attributions ministérielles, j'ai — et ce n était ni mon intention, ni certainement celle des Nouvelles — porté ombrage à plusieurs membres du gouvernement, en ce sens qu'ils y ont vu une critique de leur action personnelle. Co n'est certes la faute d'aucun de nos ministres en particulier, si les attributions qui leur sont dévolues n'ont pas été remaniées suivant les impérieuses nécessités du temps de guerre. Et nul 11e dira que le ministre de l'Intérieur, ou son collègue de la Justice, ou bien encore le ministre des Sciences et des Vrts, n'ont pas respectivement une tâche qui corresponde à leurs facultés ni à leur activité. Je dirai même que chacun d'eux a su s'employer de telle manière que leur temps est plus que mesuré. Mais il est des gens pour croire que l'on pourrait l'employer de manière plus adéquate à leur initiative créatrice et productrice.11 serait, injuste de penser, et de croire, que chacun d'eux ne met pas dans l'exécution de la tâche qui lui est imposée, une ardeur et une conscience parfaites au point de s'attacher à des menus détails qui, dans les circonstances habituelles de la vie ministérielle, pourraient paraître inférieurs. C'est ainsi, par exemple, que très vaillamment, M. Paul Berryer est parti au front depuis dix jours et. préside lui-même, en pays non occupé à l'évacuation des populations civiles menacées de bombardement et de ceux de nos hôpitaux civils, dépendant, comme on le sait, du département de l'Intérieur et qui 'se trouvaient sous le feu de l'ennemi. Mais, là n était pas la portée de nos observations.Si, dans sa sphère d'aclion, chaque ministre remplit tout son devoir, les miriîstres réunis, tous les ministres ont le tort grave de 11e pas envisager la situation sous son jour réel; de ne pas se rendre compte qu'il faut réformer, de manière complète et sans retard, les attributions dévolues aux départements du temps heureux de la paix. Il y a quatre d'entre ces départements dont l'existence est indispensable, même en temps de guerre, ce sont : la Guerre, les Affaires Etrangères, les Finances et les Colonies. Ne croirait-on pas rêver vraiment en songeant que, comme si nous étions encore rue de la Loi (pour gouverne, et ceci pour ceux qui ne le sauraient pas, nous nous trouvons sur le rocher de Sainte-Adresse) il existe toujours : Un ministère de l'Agriculture et des Travaux publics ; Un ministère des Sciences et des Arts; Un ministère des Chemins de fer, Postes, Télégraphes, Téléphone et Marine ; Un ministère de l'Industrie et. du Travail ; Un ministère de la Justice ; Un ministère de l'Intérieur. Au lieu de transformer tout cela en réalités correspondantes aux besoins de l'heure, on nous a dotés, en plus : D'un ministère de l'Intendance Civile et Militaire ; D'un ministère des Affaires économiques ; D'un ministère de la Beconstitution nationale I Quand nous serons à vingt, nous ferons une croix ! Et de deux choses l'une : ou bien ces 'nouveaux ministères ont pris à tâche de veiller aux besoins de la guerre et aux nécessités de demain, ou bien ils font double emploi avec, au moins, quatre des ministères précités. Sont-ce ceux-ci qui n'ont rien à faire ou bien ceux-là qui devront faire le travail de ceux-ci ? En tout, état de cause, il y a double emploi pour nombre de nos départements. Un haut fonctionnaire, qui est la sagesse même et, en même temps, un des plus remarquables juristes que compte le pays, me disait ce vendredi matin : « Je me demande ce qu'on va bien pouvoir imaginer encore pour compliquer les choses! Nous avions des commissions qui fonctionnaient parfaitement et avaient élaboré des arrêtés-lois qui recevront l'indiscutable approbation des Chambres au retour. Voici qu'on a imaginé des comités de guerre où tout, doit être remis sur le métier. Cela ne suffisait pas ! Voici que le Ministère de la Beconstitution Nationale a amené une série de professeurs qui, à leur tour, reprennent le travail; puis, c'est le conseil des ministres réunis en cabinet qui délibérera... » Bref, 011 passe son temps à faire et à refaire... Tout cela parce que la répartition du travail gouvernemental manque absolument de méthode ... » Est-ce que le Conseil des professeurs qui siège au Ministère de la Beconstitution Nationale ne pourrait pas constituer, ayant tout, le Sauhédrin qui mettra de l'ordre dans les affaires ? C'est évidemment ce qu'il faut attendre do lui. Souhaitons qu'il mène à bon port et promp-tement, cette utile besogne. Il aura bien mérité du pays. Souhaitons, pour le surplus, que nos ministres, un peu déshabitués d'entendre la voix de la presse s'élever — alors surtout, que le Parlement lui-même est muet depuis tant de mois! — ne s'attardent, pas à trouver, dans 1111 aperçu de réformes qui paraissent nécessaires à bien de bons esprits, l'ombre d'une intention de critique personnelle. Un ministre est, généralement, un homme qui vit dans une tour d'ivoire. Ceux qui l'approchent ont toujours la bouche en cœur, puisqu'il s'agit de réclamer quelque chose de son obligeance, tout au moins de sa bonne volonté. Et le quémandeur ainsi est toujours un homme, lui, qui trouve — qui doit trouver — tout parfait. Petit à petit, la critique devient, et non pas seulement la critique niais la plus minime observation, insupportable. L'homme est ainsi fait. Les ministres sont des hommes, qu'on veuille bien le croire, tellement que les habitudes même mauvaises, finissent par leur devenir sacrées. Pourquoi voulez-vous, tout à coup, trouver mal ce qui va depuis trois ans et demi? Vraiment, ces journalistes no sont-ils pas insupportables?! ... N'en croyez rien, lecteurs des Nouvelles et n'allez pas penser surtout que ce que je Viens d'écrire s'applique à aucun de nos gouvernants. Tous, au contraire, sont persuadés de la nécessité de la presse, de son excellence, de l'utilité de la critique — et j'ai l'assurance que, comme ses devancières, cette petite chronique sera lue avec fruit par tous nos amis du gouvernement — car tous savent bien qu'elle n'est inspirée que par le patriotique désir de préparer pour notre malheureuse patrie de sa-lisfactoires lendemains 1 'Ministère de la Guerre au front. Il va devoir faire imprimer du nouveau papier ! 11 est vrai que J'incendie a tout dévoré. 11 a fallu, du Havre, envoyer dare daïe* par autos... du papier et des machines à écrire... Et l'on prête au général ce propos, qui montre bien qu'il n'est pas de ceux qui s'entêtent inutilement et quand même : — Et puis, aurait-il déclaré, le ministère de la guerre de France est à Paris, rue Saint-Dominique; le War Office est en plein Londres, pourquoi 11e serais-je pas comme mes collègues français et anglais, près des autres ministres et de mon ministère à Sainte-Adresse. La preuve est faite que le front n'est pas la place des départements ministériels!... On voit que le général est un sage ! Vent. » La Politique Fédéraliste Elle n'est pas née d'hier, mais c'est seulement aujourd'hui, au cours de la guerre des nationalités, que nous l'avons vue peu à peu s'imposer aux gouvernements européens. La plus haute manifestation des progrès accomplis par les idées régionalistes est incontestablement la Révolution russe. Ce n'est pas ici le lieu de discuter l'opportunité de l'acte. Nous ne l'examinons pas du point de vue international. Nous n'y voyons que l'expression, la réalisation d'un idéal vers l'accomplissement duquel tendaient en Russie, tous les partisans de la liberté. C'est sur la base du fédéralisme que les hommes de la Révolution veulent réorganiser l'empire délabré des tsars centralisateurs; d'est sur le respect des consciences régionales qu'ils veulent fonder la liberté nouvelle. Je dis liberté nouvelle : car le fédéralisme nous apporte une nouvelle conception de la liberté. 11 est avéré aujourd'hui que, malgré les plus louables efforts, nous ne sommes pas arrivés à organiser un régime politique laissant à chacune des parties constitutives de l'Etat, la jouissance, pleine et entière, de ses droits. Nous commençons à comprendre que la souveraineté du peuple est presqu'un mythe et que c'est en vain que nous avons essayé d'accorder sur tous les problèmes de la vie sociale quarante millions d'opinions. Qui trop embrasse, mal étreint. On a voulu faire des décreis s'appliquanl aussi bien au Nord qu'au Midi, à l'Irlande qu'à l'Angleterre. On a voulu synthétiser en un seul intérêt des centaines d'intérêts différents. On a voulu placer des contraires dans un même cadre pour leur donner une physionomie identique. O11 a fait erreur. Erreur énorme et presque incompréhensible en ces temps où des intelligences brillantes pullulent et où les hommes d'Etat, de valeur 11e manquent pas. Il fallait, en effet, que tous ceux qui s'occupent en quelque façon d'arranger la vie des peuples soient bien aveuglés par certaines passions pour ne pas s'apercevoir que, dans ia politique comme dans la science, l'industrie, le commerce, etc., nous marchions vers la spécialisation. Et la spécialisation implique le fédéralisme. Si chaque province devient de plus en plus elle-même, si do jour en jour elle se différencie des autres, si elle acquiert une âme à elle, originale et. distincte, si sa physionomie acquiert des traits de plus en plus précis et particuliers, il devient évident qu'il sera de plus en plus difficile de gouverner suivant les mêmes principes et. selon les mêmes méthodes, des groupements aussi différenciés. Les hommes d'Etat d'hier no semblent pas l'avoir compris. Ils n'ont pas poussé au fédéralisme, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas cherché à mettre leurs méthodes en accord avec, l'état de choses devant lequel ils se trouvaient. Il a fallu que l'idée s'imposât. C'est assez naturel d'ailleurs. Carlyle n'écri-vait-il pas que « loin des Sénats, des Chambres et des antichambres des Rois, le flux puissant. de la pensée poursuit toujours son cours merveilleux » ? Même dans les pays où la théorie de l'autonomie trouvait le plus de sympathies -comme en Angleterre — nous avons pu voir combien furent lentes les théories gouvernementales. Il semble que ces hésitations sont le résultat d'une fausse conception du fédéralisme. Dès qu'une province sollicite un peu plus de liberté, dès qu'elle prononce le mot d'autonomie, les gouvernements se croient à la veille de la dislocation du pays. Les groupements sociaux se subdivisent à l'infini; ils vont d'une fédération de nations jusqu'à l'individu en passant par l'Etat et la province. 11 est absurde de vouloir nier ces subdivisions et de n'en pas tenir compte dans l'organisation de l'Etat principalement. Ce n'est pas parce que les provinces jouiraient d'une large autonomie que la nation disparaîtrait. L'Allemagne manque-t-elle d'unité ? Tous les Allemands n'ont-ils pas conscience de leur nationalité ? Un certain nombre de liens relient entre eux les hommes d'une même nation. Que ces liens se traduisent dans la pratique par une organisation étatiste, d'accord. Mais un autre groupe de liens unissent entre eux les hommes d'une même région. Pourquoi, à leur tour, 11e se traduiraient-ils pas par une organisation autonome ? L'affirmation de l'existence des groupements régionaux impliquerait-elle la négation de la Nation ? Evidemment non. Autant dire alors que l'individualité empêche toute association, toute société. Ce n'est donc pas parce que nous permettrons aux provinces de s'individualiser que nous briserons leur association qui constitue l'Etat ou la Nation. Au contraire, à vouloir forcer des groupes trop divers à rentrer dans le même cadre, nous no pouvons qu'éveiller les mécontentements sans arriver .à-supprimer l'individualité régionale qui se rebiffera, s'affirmera plus violemment elle-même.Les Etats qui s'obstineraient à vouloir maintenir l'unité absolue s'exposent aux pires déboires et peut-être au démembrement. Longtemps contenue, trop longtemps refrénée, la volonté d'autonomie, une fois libre de s'expri-

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