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VENDEEDI 26 MARS 1915.
DIX CENTIMES LE NUMERO.
PREMIERE ANNEE.
No. 2.
EDITION DU MATIN.
La Princesse Charlotte
Imp�ratrice du Mexique
Lorsque le capitaine von Schmitz, arrivant
avec son d�tachement de cavalerie allemande �
Bouehout, remarqua le ch�teau aux grilles de fer
rehauss�es de deux couronnes royales et imp�ria-
les, il fut fort intrigu�; il sonna � la grille et de-
manda au domestique, en grande livr�e rouge,
quel �tait l'occupant qui se permettait d'arborer
les �cussons et les couronnes imp�riales. La do-
mestique r�pliqua imperturbablement que c'�tait
Sa Majest� l'Imp�ratrice du Mexique.
� Bien, dit le capitaine; je veux pr�senter mes
respects � Sa Majest�.
�** Impossible, r�pondit le valet. Sa Majest� est
invalide depuis cinquante ans et ne re�oit que
ses dames d'honneur et son ma�tre de c�r�monies.
L�-dessus, notre capitaine, de plus en plus in-
trigu�, insiste pour avoir un entretien avec le
ma�tre de c�r�monies, ce qui lui est accord� aussi-
t�t. Celui-ci fit voir, par la fen�tre d'un des sa-
lons, une vieille dame, toute v�tue de noir, se-pro-
menant dans les jardins au bras d'un fid�le ser-
viteur et, la montrant d'un geste, il annon�a :
� Sa Majest� l'Imp�ratrice du Mexique �.
L'officier aussit�t se remit en selle et apr�s
avoir salu� avec ses hommes, se dirigea vers Bru-
.xelles.
On peut maintenant voir, � la porte du ch�-
teau, cette inscription sign�e par l'�tat-major al-
lemand :
� Cette habitation, propri�t� de la Couronne
de Belgique, est occup�e par S. M. l'Imp�ratrice
du Mexique. J'ordonne aux soldats allemands
passant par ici de ne pas sonner et de laisser la
place intacte. �
La malheureuse imp�ratrice, quoique dans sa
soixante-seizi�me ann�e, se porte relativement
bien et continue � avoir, de temps � autre, ses r�-
ceptions de Cour.
De toutes les trag�dies priv�es, corollaires de
l'histoire contemporaine, celle o� sombra la rai
son de l'imp�ratrice Charlotte restera sans doute
la plus lamentable.
La princesse avait vingt-quatre ans, lorsque,
au mois d'octobre 1863, la couronne du Mexique
fut offerte � l'archiduc Maximilien d'Autriche,
son mari depuis quatre ans. Charlotte accepta
l'aventure avec enthousiasme; on sait quelles fu-
rent ses d�ceptions. La France avait consenti �
laisser au Mexique, durant trois ans, un corps
d'occupation de 25,000 hommes, en attendant la
formation des milices du nouvel empire; mais les
trois ann�es pass�rent, et l'arm�e de Maximilien
ne s'organisait pas.
En 1866, l'engagement pris par Napol�on III
arrivait � son terme; les troupes fran�aises fu-
rent rappel�es; c'�tait pour l'empereur mexicain,
la fin du r�ve. Abandonn� de ses alli�s dans ce
pays qui lui �tait �tranger, il entrevit le d�noue-
ment fatal; mais il mit son honneur � ne point d�-
serte� le poste qu'il avait accept� et c'est alors
que Charlotte r�solut de passer l'oc�an pour ve-
nir implorer de l'empereur des Fran�ais un r�pit
d'une ann�e, de quelques mois au moins.
Le d�part de l'imp�ratrice ressembla � une
fuite : il eut pour pr�texte un voyage au Yucatan.
Tandis qu'on attend la souverame � Puebla, elle
s'embarque clandestinement � Camp�che; elle
n'a pour l'accompagner qu'un ami d�vou� de son
mari, le comte de Bombelles, le comte et la com-
tesse del Bario et son m�decin le docteur Semele-
der. Quand Bazaine, qui commande le corps
fran�ais d'occupation, apprend que l'imp�ratrice
vogue vers la France, il ordonne imm�diatement
de lancer � sa poursuite le croiseur en station �
Vera-Cruz. Mais les mesures ont �t� bien prises^;
Charlotte a huit heures d'avance; le b�timent qui
la porte peut fournir 15 noeuds � l'heure, tandis
que le croiseur ne marche qu'� 12 n�uds.
La travers�e fut heureuse et rapide. La je)aie
imp�ratrice se montrait confiante dans le sude�s
de sa d�marche; continuellement elle parlait 4e
sa foi dans le brillant avenir du jeune empire me-
xicain. Pourtant, � mesure qu'on approche des
c�tes de France, un nuage d'anxi�t� passe ;>ur
son clair visage. Voici la rade de Brest, voici le
port : on d�barque. Eh! quoi? Personne � la pas-
serelle, pour saluer, de la part de Napol�on ill,
la souveraine alli�e? Non, personne. Charlotte
p�lit : c'est le premier d�boire. D'autres, plus
cruels, vont suivre. Sans perdre une heure, vile
veut gagner Paris; dans le wagon qui l'emporte,
elle para�t, pour la premi�re fois, abattue et d�-
courag�e; elle garde le silence, ou, si elle le rompt,
c'est pour s'�tonner encore de l'humiliant accueil
que la France hii fait. Son entourage cherche � la
rassurer : c'est � Paris qu'aura lieu la r�ception
officielle; sans nul doute les voitures de la cour
l'attendront � la gare; elle y trouvera un cham-
bellan de l'empereur, l'empereur lui-m�me peut-
�tre.
� Peut-�tre pas, rmmnure-t-elle � j*^
Puis elle retombe dans sa m�ditation farouche.
A Paris, comme � Brest, nul ne l'attend. Ni
voiture, ni offre de logement; pas une salutation,
pas une fleur, pas m�me, sur l'asphalte du quai
de la gare, le traditionnel bout de tapis qu'on
�tend sur le passage des princes. Charlotte est
pr�s de d�faillir ; elle a rougi violemment, comme
si elle e�t re�u un soufflet en plein visage; sa t�te,
pourtant, se redresse : elle essaye de sourire; mais,
de ce moment, la comtesse del Bario l'a not�,l'e im-
pression des traits de la princesse se modifie ;T an-
cienne et douce caresse des yeux est �teinte �
pour jamais.
Au Grand-H�tel, o� elle s'est fait conduire,
Charlotte s'enferme dans 'son appartement; elle
veut �tre seule, refuse de toucher au repas qu'on
lui sert. Une des cam�ristes de sa suite ne cache
pas ses inqui�tudes :
(( Sa Majest� doit avoir �prouv� un grand
chagrin; elle n'a jamais �t� dans cet �tat depuis
la mort du roi Leopold, son p�re. Ce sont les m�-
mes sympt�mes alarmants : l'air d'une morte;
les frissons, les membres plus froids que le mar-
bre, le besoin de solitude. �
Napol�on III est � Saint-Cloud; la journ�e du
lendemain se passe sans qu'un signe de vie ne
soit venu de ce c�t�; le troisi�me jour seulement,
un chambellan para�t, apportant une invitation
� d�jeuner au ch�teau, invitation que Charlotte
refuse avec hauteur, annon�ant seulement qu'elle'
se rendra � Saint-Cloud dans l'apr�s-midi vers
3 heures.
Dans cette entrevue tragique, d'o� d�pend le
sort d'un empire, un r�cit pr�cieux nous est don-
n� d'apr�s les souvenirs d'une personne dont le
nom n'est pas cit�, mais qui, approchant de tr�s
pr�s � cette �poque l'imp�ratrice mexicaine, se
trouva t�moin oculaire des �v�nements. Les pas-
sants qui, dans cet apr�s-midi d'ao�t 1866, ren-
contr�rent sur le chemin de Saint-Cloud le landau
ferm� conduisant au ch�teau imp�rial la jeune
souveraine, ne se doutaient pas du drame atroce
qui se jouait derri�re les stores baiss�s. Charlotte
a passe dans les larmes et les crises de nerfs toute
la matin�e; en chemin, sa fi�vre et son excitation
sont telles que Mme del Bario, assise aupr�s d'elle,
est sur le point de commander le retour imm�diat
� l'h�tel.
On avance pourtant; la voiture p�n�tre dans la
cour du ch�teau. Se raidissant, la femme de Ma-
ximilien gravit le grand escalier d'un pas assur�,
la t�te haute; les joues en feu, elle p�n�tre dans
les salles de r�ception. Dans l'une d'elles, Napo-
l�on III attend, l'air pr�occup�, m�content, � tor-
tillant sa moustache �; � ses c�t�s sont l'imp�ra-
trice Eug�nie et le prince imp�rial. Saluts, sou-
rires officiels, pr�sentations; l'�tiquette satis-
faite, l'empereur entre dans son cabinet, suivi des
deux imp�ratrices. Les portes se ferment, la suite
de Charlotte attend dans le salon de service.
Mme Carette, qui se trouvait l�, a not� que la
souveraine mexicaine portait, le jour de cette en-
trevue, une longue robe de soie noire, retir�e en
h�te d'une malle, et encore � frip�e �, une man-
tille de dentelle noire et un chapeau blanc, tr�s
habill�, que l'on avait cherch� le matin m�.ne
chez quelque grande faiseuse. Elle se souvient en-
core que la suite de la princesse se composait de
deux dames d'honneur � fort laides, noires et pe-
tites, qui parlaient difficilement le fran�ais �.
L'une de ces dames �tait la comtesse del Bario,
l'amie d�vou�e de Charlotte; elle ne songeait pas
� d�tailler les toilettes, la pauvre femme; elle sui-
vait, par la pens�e, sa ma�tresse, dans la rude
�preuve; elle savait que derri�re la porte close du
cabinet imp�rial se jouait un drame de supplica-
tions et de douleur. C'est pour ce moment que la
jeune femme de Maximilien a travers� l'oc�an.
Tout se d�cide en cet instant solennel. Pendant
deux longues heures, aucun bruit ne perce la haute
porte dor�e d'aigles couronn�es tenant la foudre.
La bonne comtesse avoue qu'elle passa ces deux
heures � prier mentalement le Ciel d'accorder �
l'imp�ratrice suppliante son aide mis�ricordieuse.
Maintenant, il semble qu'on entend un mur-
mure de voix; il grandit; la discussion s'anime;
puis le silence se fait; dans le salon d'attente, J-es
amis de Charlotte se regardent, anxieux; et tout
� coup on per�oit la voix rauque de la princesse,
� Comment ai-je pu oublier qui je suis et "qt�i
vous �tes! J'aurais d� me souvenir que le sang
des Bourbons coule dans mes veines et ne pas dis-
gracier ma race et ma personne en m'humiliaut
devant un Bonaparte, en traitant avec un aven-
turier !...
Aussit�t, le bruit d'une chute; et de nouveau,
le silence, absolu, mortel. La porte s'ouvre; Napo-
l�on III, tr�s p�le, para�t sur le seuil; il cherche
des yeux la comtesse del Bario.
� Venez donc, je vous prie! dit-il.
La comtesse ob�it : elle p�n�tre dans le cabinet
imp�rial. Sur une chaise longue, Charlotte, �va-
nouie, les membres tordus, est �tendue : elle sem-
ble morte. L'imp�ratrice Eug�nie, toute en lar-
mes, a d�graf� le corsage de la souveraine mexi-
caine; elle lui a prestement enlev� ses bottines et
ses bas; agenouill�e pr�s de ce corps glac�, elle
frictionne d'eau de Cologne les pieds de la prin-
cesse. Celle-ci revient � elle, aper�oit la comtesse,
lui tend la main.
� Manuelita, ne me quittez pas! dit-elle, toute
tremblante.
L'empereur, lui, para�t boulevers� : il s'agite
autour de la chaise longue, il arpente le tapis,
sort de la pi�ce, y rentre, la t�te perdue. Il r�cla-
me un m�decin : ordonne qu'on pr�vienne au plus
vite le docteur Semeleder, rest� au Grand H�tel.
L'imp�ratrice Eug�nie, � la comtesse, en phra-
ses entrecoup�es de sanglots, raconte la terrible
sc�ne : le refus de l'empereur, les pri�res, les sup-
plications, les larmes de la souveraine, ses mena-
ces, son apostrophe affol�e. En parlant, elle a
pr�par� un verre d'eau sucr�e; elle s'agenouille
devant la malheureuse, encore toute raidie; 3lle
approche le verre des dents serr�es de Charlotte
qui le repousse d'un geste furieux avec un cri
d'horreur :
� Assassins! Laissez-moi! Emportez votre bois-
son empoisonn�e !
Puis c'est un torrent de larmes; un nouvel �va-
nouissement. Chacune des phases de cette crise
affreuse semble lui enlever un lambeau de sa rai-
son. Blottie dans les bras de-sa dame d'honneir,
elle la supplie de ne pas l'abandonner � � cette
race de Borgia qui veut se d�barrasser d'elle/ en
Iwi .faisant hoivp-. une drogue empoisonn�e... -m..
L'empereur, qui n'a pu supporter �e~spec�acle
de cette agonie, rentre, amenant le docteur Seme-
leder, accouru de Paris en h�te. Le premier $oin
du m�decin est de prier Leurs Majest�s imp�ria-
les de dispara�tre, de le laisser seul avec la ma-
lade; il faut de suite faire avancer la voiture, y
porter la princesse, retourner, au pas des che-
vaux, � l'h�tel. D�part navrant, sous les ye�xides
courtisans constern�s, affectant de ne rien vbir,
de n'avoir rien entendu. � Des larmes coulen^ de
tous les yeux et la comtesse del Bario remarque
celles qui tombent lentement des paupi�res \ de
l'empereur. �
De cet instant, l'imp�ratrice Charlotte a^ait
perdu la raison, qu'elle ne recouvra jamais.Long-
temps, le d�sastre de ce noble esprit resta un se-
cret, et le lendemain de cet entretien fatal, les
journaux annon�aient que Leurs Majest�s imp�-
riales avaient re�u au ch�teau de Saint-Cloud la
visite de S. M. l'imp�ratrice du Mexique. � L'en-
trevue, ajoutaient-ils, fut des plus cordiales et
s'est prolong�e pendant deux heures. �
C'est ainsi que, de tout temps, les gazettes offi-
cielles ont �crit l'histoire.
COMMUNIQU�S OFFICIEUS
Communiqu� allemand.
SUR LE FRONT OCCIDENTAL.
Berlin, '25. � A part des combats sans importance sur
les hauteurs de la Meuse au sud-est de Verdun et sur le
Hartmansweilerskopf, qui continuent'encore, on n'enregis-
tre que des combats d'artillerie.
SUR LE FRONT ORIENTAL
Des attaques russes sur Augustowo et Jednorozec et au
nord de Pr�znysz ont �t� repouss�es.
Communiqu� autrichien.
Vienne, 25. � Dans les d�fil�s des Carpathes orientales,
une bataille s'est engag�e au col d'Usjok et dure encore.
Des forces russes consid�rables sont engag�es autour d'une
hauteur ; entre le Pruth et le Dniester et flans la Bukovine,
plusieurs combats ont eu lieu; l'ennemi a �t� chass� de
plusieurs localit�s et a d� se replier sur la fronti�re.
Les localit�s au nord de Czernovicz, qui servaient de base
� l'ennemi, ont �t� �vacu�es.
En Pologne' et en Galicie orientale, pas de changement�.
Le pont � Ofevinow, sur la Dunajec inf�rieure, que les
Russes avaient r�cemment reconstruit, a �t� d�truit par
notre artillerie.
Communiqu� tore
Constantinople, 35. � On mande d'Erzeroum que,, le 20
mars, des �claireurs turcs ont rencontr� une division d'�clai-
reurs ennemis qui n'ont pu r�sister � notre feu et se sont
enfuis. La tentative de l'ennemi de d�truire nos tranch�es
a �chou� sous notre feu. Un torpilleur russe s'est montr�
dans la mer Noire, � hauteur d'Arkhava; il s'est �loign�
sans avoir attaqu�.
Communiqu� fran�ais.
Paris, 23 (11 heures soir). � Une tranch�e allemande a
�t� d�truite et occup�e par nous dans les environs de Car-
ren cy, au nord-ouest d'Arras.
'Notre artillerie a r�pondu � un feu l�ger des batteries
ennemies, aux environs de Soissons. L'ennemi a lanc� des
grenades � feu sur une tranch�e pr�s de Vauquois ; les oc
cupants out d� reculer � une distance de 15 m�tres.
Deux attaques ont �t� repouss�es pr�s d'Eparges, au
Four-de-Paris. Au Sud du
des combats d'infanterie.
bois La Gruerie ont commenc�
Nous avons pris des travaux de campagne et un block-
haus pr�s de Hartmanseweilerskopf.
Paris, 23 (3 heures). � Un aviateur ennemi a lanc� des
bombes sur Reims. Trois personnes ont �t� tu�es.
. Nous avons repouss� deux attaques � Bagatelle. Sur le
reste du front, rien � signaler.
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