L'indépendance belge

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28 December 1914
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s.n. 1914, 28 December. L'indépendance belge. Seen on 26 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/d795718m89/
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L'INDEPENDANCE BELGE. ANGLETERRE: ONE PENNY. 0 CONTINENT : 15 CENTIMES. Administration et Rédaction, Tudor House, Tudor Street, E.C. . T t,> ^t no m-^r.,nnr bfotsttîtîpd at thp opo r- TELEPHONE: C.TY 3960. LONDRES, LTjNDI 28 DECEMBRE 1914. ^TS'A'NBWSPSE.0 °' • Conservation PAR le PROGRÈS. LES SOLDATS BELGES BLESSES. Les personnes qui désirent' avoir des nouvelles des soldats belges blessés se trouvant dans les hôpitaux en Angleterre sont priées de s'adresser au " Wounded Allies Relief Committee," au Grand Hôtel, Trafalgar Square,-Londres, où tous les noms sont enregistrés. Ce comité recevra avec plaisir tous renseignements relatifs aux soldats belges blessés, ce qui permettra au bureau d'information installé au Grand Hôtel de donner des renseignements exacts. " L'Indépendance Belge " et le " Morning Post " publient journellement des listes de soldats blessés se trouvant dans les hôpitaux en Angleterre. Le comité accepte également, pour la transmettre aux destinataires, la correspondance de et pour les soldats belges blessés. 969 LA BELGIQUE NOUVELLE. A la brusque attaque de l'Allemagne, nons avons résisté avec le courage des trois cents Spartiates aux Thermopyles. Nous avons trouvé à notre tête un roi qui nous a superbement incarné dms son souverain mépris de la mort. Noble figure que celle de ce monarque constitutionnel, qui en temps de paix respectait scrupuleusement la souveraineté nationale et qui s'est révélé dans la défense du pays, un chef si admirable que ses traits s'incrustent dès maintenant dans l'histoire. A côté de nos troupes régulières, spontanément, des milliers de volontaires se sont levés dès la première heure. Nous avons le droit d'être fiers et une race comme la nôtre ne peut pas périr. Elle vivra. Sans doute, il faudra des années pour réparer ses ruines. Ce n'est que peu à peu que le sang recoulera dans le corps meurtri de la Patrie. Nous aurons bien des blessures morales et matérielles, à panser. Mais quel courage nous animera, une fois le pays reconquis ! Les luttes politiques reprendront chez nous comme ailleurs—et cette perspective semble désoler beaucoup de braves gens. Quoi ? nous déchirer encore entre nous après ce que nous aurons souffert !... D'aucuns rêvent sans doute de reconstituer un parti national comme celui qui fleurit en 1830. L'ex-perience a démontré que cela convenait peu à notre tempérament nat'onal. Et puis ne médisons pas des luttes politiques ! Elles sont nécessaires au progrès social ; malgré leur excès et leur déchaînement d'appétits, elles ont pour base un grand idéalisme : l'attachement i l'idée même au mépris de ses intérêts ; :nfin elles témoignent de la vitalité d'un peuple : Machiavel disait que Florence le pourrait pas périr tant que Guelles :t Gibelins se combattraient ! Mais ces luttes revêtiront moins i'âpreté que dans ces colonnes et aux "aisons qu'il donnait j'en ajouterai une ; e m'autorise pour la dire du si bel irticle de M. Emile Royer paru ici : Politique et Coups de fusil." Lemain-icn au pouvoir d'un même parti rendant trente ans avait créé chez nous les dissentions profondes, aigri une noitié du pays l'une contre l'autre. Or es cartes pourraient bien changer. La 'éforme militaire, réclamée par l'opposi-ion : service personnel et général, a été 'éalisée par le gouvernement il n'y a lu'un an et très imparfaitement puisque 19 % seulement des miliciens étaient ippelés sous les drapeaux. Nous avions rop peu d'hommes et nous donnions à 'étranger l'impression d'être une n ation à peu guerrière qu'il a pu supposer ju'il y aurait chez nous un manque l'élan patriotique le jour où il nous envahirait. Combien il se trompait, nous e lui avons prouvé... D'autre part, comme les liens se seront resserrés entre Wallons et ?lamands ! Ayant lutté côte à côte ians une fraternité admirable — les 'lamands revenaient enthousiasmés de -iége et demandez à un wallon ce lu'il pense de l'Yser! Ils auront pu éciproquement s'apprécier ; les champs le bataille et la communauté des misères indurées auront créé entre eux une solidarité qui ne s'effacera pas. Enfin, que de Belges pendant cette époque troublée n'auront point dû subir l'amertume de l'exil ? Ah ! sans doute les peuples se sont émus devant notre malheur et bien des mains secourables se sont tendues vers nous. L'Angleterre sous ce rapport mérite spécialement notre reconnaissance. Mais que voulez-vous... Dans les brouillards de la Tamise nous cherchons instinctivement ceux plus légers de la Meuse... Nous en avons joyeusement conscience : après la délivrance, un patriotisme éclairé, fervent, va s'exalter, sur notre terre rendue sacrée par le sang des braves qui l'arrose. Le malheur nous a donné une âme nouvelle qui va s'épanouir comme une fleur merveilleuse ! MARCEL LOUMAYE. NOTE J3U JOUR. 22 décembre. Comme on l'a souvent répété, la séance du 4 août, où la chambre abdiqua ses divisions politiques et suspendit ses pouvoirs, fut une séance historique. Le souvenir restera dans les annales. Les séances de cette après-midi, à la Chambre et au Sénat n'ont pas la même importance, mais elles ont été une belle manifestation patriotique, à la fois grandiose et émouvante. On a beaucoup parlé, trop peut-être, quoique les sentiments exprimés aient été d'une magnifique élévation. Mais il a semblé que l'on aurait pu diminuer la largeur du verbe tout en conservant l'intensité de l'idée. Le décor avait nécessairement appelé l'attention du bureau de la Chambre et les sièges des trois députés morts à l'ennemi, MM. Pierre Goujon, Nortier, et Proust, avaient été couverts d'un crêpe sur lequel, on avait jeté le grand ruban tricolore. L'effet était simple et saisissant.Quelques députés avaient manqué à la convocation ; une demi-douzaine qui sont au feu n'avaient pas voulu quitter leurs régiments, représentant de Wouf. M. Pasqual, capitaine de territoriale est prisonnier en Allemagne ; trois députés socialistes, MM. Barly (Pas-de-Calais), Delory, et Ghesquière (Lille) sont retenus comme otages par les Allemands. Tous les représentants sont en civil ; plusieurs avaient songé à siéger en uniforme, mais le bureau s'y est opposé, on se demande pourquoi? Enfin, sur 590 députés, 200 environ sont mobilisés et 50 combattent réellement, les 150 autres sont dans les états-majors, dans les bureaux ou hors des lignes, un est censeur quelque part. Le premier discours a été naturellement celui de M. Paul Deschanel, heureusement remis de l'accident d'automobile qui avait failli être mortel'. Le discours de Paul Deschanel, écrit dans une langue impeccable, lu d'une voix prenante, grave, a produit un très grand effet, la salle l'a acclamé à plusieurs reprises. Malgré le charme littéraire qui s'en dégage, on l'aurait voulu plus court à cause de la solennité des circonstances — tel qu'il est, c'est un magnifique morceau d'éloquence. Après est venue la déclaration du gouvernement lue par le président du Conseil, M. Viviani : belle pag'e de prose, écrite avec le souci évident de cadencer les effets, cela séduit, plaît, mais n'entraîne pas. Nous l'aurions voulu aussi moins long, avec un je ne sais quoi qui aurait ressemblé à un coup de clairon, quelque chose comme les proclamations de Gambetta en 1871. On sent trop que c'est un artiste qui a préparé ces balancements de phrases suivant des procédés d'avocat habile qui se laisse prendre lui-même à la musique des mots. Danton, en 1792, et Gambetta durant l'année terrible ne sertissaient pas si bien leurs périodes, mais avec leur rhétorique parfois cahotée, ils faisaient courir dans tout l'être ce frémissement, cette vibration que seul peuvent et savent provoquer les grands orateurs. Cette réserve est-elle bien juste et peut-on se plaindre qu'il y a trop d'art dans un document qui est écouté par le monde entier? Tout ce qu'il fallait dire a été dit avec sincérité et noblesse. Les mensonges allemands ont été dénoncés une fois encore, leurs atrocités ont été flétries et on a répété avec force le mot d'ordre des Alliés: "Jusqu'au bout." Au milieu des applaudissements qui ont crépité tout le temps qu'ont duré ces deux discours il n'y a eu qu'une interruption inutile mais très courte, à deux mots significatifs lancés par M. Vaillant, l'ancien internationaliste repenti et qui est redevenu, au cours de ces événements, ce blanquiste, patriote de la Commune, dont il fut un des chefs. Comme M. Paul Deschanel, rendant le sentiment de toute la Chambre, déclarait : " Nous ferons tous notre devoir." — Très bien, lança M. Vaillant, prouvant l'accord parfait des révolutionnaires d'hier avec tous les représentants du pays. Ce fut tout, mais ce fut impressionnant et la séance fut levée sans qu'on ait entendu aucun des orateurs intempestifs qui avaient menacé de prendre la parole pour de vaines propositions. Ce silence général était nécessaire ; un moment on a craint qu'il ne fût pas observé. Il a fallu d'ailleurs quarante-huit heures de pourparlers pour que les esprits sages persuadent à quelques parleurs intempérants de ne pas troubler la trêve du silence nécessaire. JEAN BERNARD. DE BRUXELLES A MAESTRICHT. Huit heures du matin. La place Dailly, à Schaerbeek, grouille d'une foule nombreuse, sur le terre-plein une montagne de valises et de colis. Dans quelques instants le vicinal qui fait le trajet Bruxelles-Liége et vice-versa, apparaîtra dans un nuage épais de fumée à l'angle de la chaussée de Lou-vain. Et 1 on verra cette foule se ruer à l'assaut des wagons, dans une bousculade infernale. Ce vicinal constitue une nouvelle voie de communication ; chaque jour il emporte, tant à l'aller qu'au retour, un gros millier de personne qui, une fois installées dans les voitures chaulfees à l'aide d'un énorme poêle mènent là une existence de famille et patientent à l'aise pendant les huit ou neuf heures du trajet. C'est que les Belges qui font la navette entre la capitale du pays et la capitale wallonne désertent de plus en plus les trains teutons. D'abord il y a le contact avec les alboches qui est extrêmement pénible, ensuite ça manque totalement de sécurité. Une personnalité liégeoise qui fît à différentes reprises, la route par train allemand me dit tout son mépris pour ce mode de locomotion : — Jamais, m'affirma-t-elle, je n'ai souffert comme lors de mon dernier voyage. Des sous-officiers avaient pris place dans mon compartiment ; ils n'avaient qu'une aspiration, qu'un désir, et ils le manifestaient avec férocité ; atteindre Louvain. On y arriva, enfin, vers dix heures du soir. Ils se précipitèrent alors vets les portières et se mirent à pousser des hourrahs frenétiques. La vue de la cité en ruine en avait fait des brutes en délire... Parti de Bruxelles à 8 h. vous arrivez à Jodoigne, ce joyau wallon, pour ainsi dire, enchâssé en terre flamande, trois heures plus tard On profite de l'arrêt pour prendre du café chaud (fortement mouillé, le café), manger, détail savoureux en ce temps de disette, de pain blanc et aussi des " cornues " spécialité locale que l'on dit être aux pommes, mais qui rappellent volontiers le civet...sans lièvre. On a bientôt repris place dans les voitures surchauffées. En cours de route, on se désigne l'emplacement de modestes métairies littéralement rasées, de cahutes pulvérisées. De pauvres bougres, grelotants et faméliques, errent à proximité, mornes et silencieux comme s'ils montaient une garde funèbre. On se demande pour quelle raison la rage des soudards allemands s'est tournée vers ces humbles et fragiles demeures paysannes qu'abritaient de haies demeurées intactes et qui, éternelle image de la vie, rebourgonneront et refleuriront dès le printemps prochain.Une porcherie dépourvue de ses hôtes a échappé aux barbares. Elle est maintenant occupée par une maisonnée entière qui s'y est réfugiée et s'obstine à y séjourner dans un affreux grouillement, en dépit de l'humidité qui y règne et du vent qui souffle âprement par ce matin glacé. Dans les plaines giboyeuses affairés sont les chasseurs : ce sont des officiers allemands; ils abattent, tel le gibier humain, tout ce qui passe à portée de leur fusil. Dans trois heures, les rues de la pimpante cité seront désertes ; le pavé ne résonnera plus que de la cadence des lourdes bottes allemandes. La population civile devra se calfeutrer dans ses demeures. Et pendant que les alboches empliront tumultueusement leurs cafés et leurs hôtels, car, ô ironie ! ils ont leurs établissements à eux : rien qu'a eux, dans ce Liège, expression de fierté civique et de vai lance. Le voyage vers la Hollande se termine en auto. Malheur à qui pourtant ne disposerait pas de passeport au gré du caprice allemand. Ce fut le cas, ce soir-là, pour une famille de trois personnes dont un enfant de cinq ans que, pour des motifs imprécis, on jeta en prison. L'enfant fut arraché à sa mère et dut passer quarante-huit heures en cellule. Quand il sortit il était affreusement pâle et secoué d'un tremblement nerveux. En une heure nous gagnons Visé. Spectacle horrible ! De cette petite ville où l'on venait à la ronde manger la " fricassée d'oie " légendaire, il ne reste que des murs délabrés ; ils s'étagent lugubrement sur les deux versants de la montagne où s'édifiait cette chevaleresque bourgade. Il semble que Visé ait été secoué jusque dans ses profondeurs par un tremblement de terre. La bizarrerie des ruines le dispute au chaos le plus tragique. Une villa qui paraît avoir été luxueuse ne repose que sur deux colonnes d'un style néo-corinthien ; cela lui donne un aspect de théâtre antique ; au loin, dans une imaginaire et poétique arrière-scène se déploie la Meuse, ce majestueux fleuve wallon, dont les eaux coulent en cours léger clapoté, à travers des rives boisées. La frontière est proche et nous la franchissons d'un pas fiévreux. Des femmes sans souliers, aiftc vêtements en loques cherchent à nous imiter, elles portent sur leurs épaules meurtries d'énormes " mallettes " remplies de marchandises qu'elles vont échanger en Hollande contre du pain. Elles font parfois ainsi de trente à cinquante kilomètres chargées comme des mules, pour gagner de quoi ne pas mourir de faim, car la plupart d'entre elles ont leur mari ou leurs fils à la guerre. JEAN BAR. LES FRANÇAIS EN BELGIQUE.Un Conseil de Guerre. Nous sommes au centre d'une petite ville de la Flandre occidentale, dans un local sévère et somptueux, en style flamand, occupant le premier étage d'un édifice dont la construction remonte à trois siècles. Le jour mourant éclaire la vaste salle par de hautes fenêtres garnies de vitraux magnifiques. Au fond, sur une estrade, siègent cinq officiers français, derrière un long pupitre, sous un grand crucifix. Deux officiers encore au banc de la défense, deux autres au banc du ministère public. Au milieu, le siège réservé aux accusés. Dans la salle, quatre fantassins français, baïonnette au canon, des officiers belges et des français, des gendarmes, des soldats. Trois grosses lampes à pétrole éclairent les pupitres.Le président du Conseil de Guerre est un colonel d'infanterie, petit et sec, front haut, barbiche second empire et cheveux blancs. A ses côtés, deux officiers d'infanterie, un capitaine des dragons qui a déposé devant lui son casque coiffé de toile grise, puis, tout menu, un simple soldat de trente ans environ, à la physionomie fine. Le commissaire du gouvernement, qui assume les fonctions de ministère public,est un grand jeune homme blond, très correctement sanglé dans sa tunique à col rouge : officier de réserve, il est, dans le civil, avocat. Le défenseur est un lieutenant de réserve également, médecin de son état. Il s'exprime avec une grande aisance, et, sans affectation, remplit son rôle avec beaucoup d'humanité et d'humour. Les gendarmes amènent un fantassin mal débroussaillé, au front fuyant, trop poilu, au nez hamidien. Une vraie tête de Turc. — Asseyez-vous, fait le président après l'interrogatoire d'identité. Je vais résumer les faits qui vous amènent ici. Si, je me trompe, vous m'interromprez pour rectifier. Vous êtes du reste parfaitement libre de prendre la parole après moi, comme il vous plaira. C'est compris?— Oui, mon Colonel. — Agé de 41 ans, vous êtes ouvrier agricole, célibataire. Autrefois, à l'armée, vous avez été brigadier. Lors de la mobilisation, vous fûtes rappelé par erreur au mois d'août, quatre mois avant les hommes de votre classe. Vous vous êtes néanmoins présenté au corps sans faire remarquer cette anomalie, et, chose bizarre, vous avez omis de mentionner qu'autrefois vous étiez brigadier. Attaché dès lors comme soldat de deuxième classe à la colonne de ravitaillement des goumiers, vous avez, la semaine dernière, abandonné le camion et les chevaux dont vous aviez la charge, et vous avez annoncé à vos camarades voter intention de rentrer au village. Cinq heures plus tard, les gendarmes vous arrêtaient sur la route. Vous avez, en un mot, déserté. Votre cas est grave. Pourquoi avez-vous abandonné votre poste ? — Je m'ennuyais, mon Colonel. Mes compagnons étaient des jeunes gens qui me faisaient des farces. Une nuit, ils m'avaient dérobé mon pantalon et mon caleçon. On riait de moi. J'étais un peu dépaysé. Alors, je me suis dit qui le mieux était de rentrer chez moi. Le Colonel sourit. L'auditorie, amusé, tend l'oreille. — Et vous avez cru que cela se faisait tout simplement? — Oui, mon Colonel. C'est une idée qui m'a passé comme ça dans la tête. — Le cafard, comme on dit dans nos régiments d'Algérie. Vous avez été frappé de ce grain de folie qu'on nomme " le cafard " ? — Parfaitement, m'on cofGfie*. — Vous le voyez, Messieurs de la Cour, cet homme suivait les goumiers algériens ; le cafard est contagieux ! Debout, l'homme au cafard tortille son képi, en regardant benoîtement le colonel. Le commissaire du gouvernement prend la parole. Sur la tête ahurie du déserteur il agite les foudres de la loi, et il réclame éloquemment quelques années de prison. Le soldat ne bronche pas. — Je sais, dit l'accusateur public, en manière de péroraison, que la défense va plaider les circonstances atténuantes et invoquer l'irresponsabilité du prévenu, pour cause d'indigence intellectuelle. Or, le médecin, que je n'ai pas omis de consulter, déclare que le prévenu, sans être un génie certes, n'est cependant pas un idiot et qu'il est parfaitement responsable de ses actes. La parole est maintenant à la défense. — Messieurs, dit le défenseur, l'organe de la loi a fait pour moi une partie de la plaidoirie, je l'en remercie. Il a compris qu'il fallait consulter le médecin. Celui-ci déclare l'accusé responsable, mais regardez attentivement ce ' soldat, messieurs, et dites-moi s'il n'a pas l'air d'un crétin, d'un idiot ! Le colonel, qui a une grosse lampe à pétrole sans abat-jour sous le nez, se fait une visière de fca main, pour dévisager le territorial qui manque de génie ! Des sourires courent dans la salle. Sur tous les bancs 'le vent est à la gaieté. L'accusé, immobile comme une statue, a l'air de penser à autre chose. Le défenseur, tourné vers la Cour, continue : -7-L'accusé n'est certes pas un intellectuel. Nous sommes du même pays, car il est Picard comme moi. J'ose dire, messieurs, que chez nous les paysans les plus ignorants et les plus obtus sont généralement d'un niveau intellectuel supérieur à celui de ce soldat dont les pareils, je ne crains pas de le proclamer, représentent dans notre armée un véritable poids mort ! Le prévenu a un petit geste de la main gauche : il tire timidement son cher défenseur par sa tunique et lui murmure un mot à l'oreille. On dirait qu'il sollicite modestement une faveur. — Messieurs, dit alors le défenseur, l'accusé lui-même me demande d'abréger.Des rires étouffés partent des pupitres des magistrats militaires et des bancs du public : on comprend le désir du soldat ! — Accusé, demande le colonel, n'avez-/ous rien à ajouter pour votre défense? S5ème année* No. 342.

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