L'indépendance belge

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08 December 1916
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ROYAUME-UNÏ : ON. PENNY CONTINENT: 15 CENTIMES tHOLLANDE: S CENTS) 87ème année. NO 291 ÀDMÏNISTBATION ET REDACTION i ^?V5SAÏt l/g?• B ffPCHBPS? 4||4r /, mato & fnTim'cc ^ PTTDOP HO'rSE ^UDOR ST LONDÔN F •" *** PLACÉ DE LA BO0BSE. VErs O&T sZ 01 55 If MUClrl9nE 19lO» a ftDTO'&lP'M'FKTÇ • f * oHILLINGS. ) 4 ' f3?1*57 et ^ ^ , « « ^°^EME^rs-U mois, 17 shillings^ Conservation paij le Progrès. TELEPHONE: CITY 39Q9. venta s Ltntfres a 3 h» l£ jeudi 7 dftc. li AN 52 shillings, J Wi ' 'i I I ■'I i"l ! ■ I H'i.i'i M. ' I — : - ——>1 "•■■-r-rr:.-v- ■■. *■ r- i«w.» -r •i—r.i»- ■. .?ï— ■ ■ ■■_ ■ ■■ r .-».r. y- ■ r~TTT. 7~i LA SITUATION. Jeudi, midi. | Ce que les communiqués de ces der- i niers jours laissaient prévoir est arrivé. I Bucarest a été occupé par les Allemands et la capitale roumaine partage depuis hier le sort de Bruxelles, de Belgrade et de Cettinje ! Le Kaiser a ordonné de sonner les cloches dans toutes les églises de l'Empire et de tirer des salves d'artillerie pour fêter cette victoire! Nos ennemis ont le droit* de se réjouir de ce succès et le son des cloches aile-mandes tintera désagréablement dans les oreilles des Alliés. Ecoutons la vois d'airain; qu'elle soit tm avertissement aux hommes responsables du pouvoir que cette guerre ne pourra être gagnée par mous si JrBfti changeons pas de .méthode, rapidement et radicalement. Car il est inutile de nous faire plus longtemps des illusions là-dessus et il devient urgent de secouer la torpeur de ceux qui s'imaginent que nous finirons par avoir la victoire par le seul poids de notre force, "supérieure en tous points" à celle de nos ennemis. Car nous n'hésitons pas à l'affirmer, à l'heure même où les Allemands entrent triomphalement à Bucarest : les Alliés sont les plus forts, de beaucoup les plus forts, en hommes et en argent, en force et en droit, mais cette double supériorité est neutralisée par l'organisation défectueuse et l'utilisation inadéquate de leurs forces. ■ Nous avons plus d'hommes, plus d'argent, plus de munitions et plus de temps qu'il ne faut pour vaincre, mais nous manquons de volonté, de décision, de méthode.Les succès militaires de nos ennemis en Roumanie, de, même que leurs sucrés politiques en Grèce sont une victoire de la méthode, de l'esprit d'organisation allemands, et tant que nous n'aurons pas -égalé nos adversaires au point de vue de l'organisation de nos moyens, nous ne pouvons pas songer à les vaincre. C'est la reconnaissance de ce principe : nécessité absolue d'une organisation meilleure, qui nous fait saluer avec confiance, l'arrivée au pouvoir du grand organisateur qu'est M. Lloyd George chargé hier par le Roi de constituer un cabinet. M. Lloyd George n'avait pas encore réuni, au moment où nous écrivions ces lignes, les collaborateurs qui doivent partager avec lui les responsabilités du pouvoir, mais nous espérons qu'il réussira bientôt dans sa tâche car nous estimons, avec beaucoup de nos compatriotes exilés, que la Grande-Bretagne, sur qui nous comptons pour la libération de notre malheureuse patrie doit changer de méthode si elle veut jouer dans ce conflit le rôle décisif qui lui est dévolu, et l'arrivée au pouvoir de M. Lloyd George nous est un sûr garant qu'avec lui la méthode funeste du laisser-aller et du laisser-faire est arrivée à sa fin. M. Asquith, qui est certainement un homme d'Etat remarquable, est inégalé dans l'art difficile d'apaiser les orages parlementaires, et il a iréussi à créer et à faire durer un cabinet de coalition dans des ùrconstances extrêmement pénibles. C'est un parlementaire de tout premier ordre, mais son extrême coneilia-bilité le rend enclin à temporiser, à louvoyer. Ces qualités, précieuses en temps ordinaire, peuvent devenir dan gereuses en temps de guerre alors qu il -• s'agit d'agir, de trancher dans le vif. M. Lloyd George, tempérament fou-s gueux, a "tout ce qu'il faut pour inspirer s confiance à ses compatriotes et à ses t alliés. Il a, une fois déjà, vaincu les ^ Allemands, et il les a vaincus précisé- - nre.it sur le terrain de l'organisation, de s la méthode où ils se croyaient invincibles, inégalés. Car c'est à' M. Lloyd r George que nous devons d'avoir battu . l'Allemagne dans la fabrication des mu- , s uitions, qui est 1q facteur décisif de 'a victoire. E Les bataiîtes de la Somme et de Ver-. dUn ont été gagnées par les canons et , les munitions,plus que par les hommes, si la France doit au sénateur Husn-t bert d'avoir enfin le gros matériel d'air-l'îierie qui lui a permis de sortir victo-. rieuse du duel de Verdun, /a Grande-Bretagne et ses Alliés doivent à M. Lloyd George cette supériorité de muni--, tîons qui rend notre front inébranlable et -, impénétrable. j Nous souhaitons la bienvenue a M. L'oyd George, car il nous est un sûr jg-.-irant qu'à moins de défaillances cou-' p Hlçs de la part d'adversaires poîiti-5 quos, ;I mènera la barque qui lui est ; c nfiée, à bon port. Les Allemands re-; doutent l'arrivée atî pouvoir de cet ad-. v. ,"aire dangereux, de cet organisateur . h vs lig'ne, cie ce "créateur de victoire" 5 et leur critérium est un témoignage p: écieux. La crise britannique a suspendu pro-s fea-blement la décision des Aîliés en ce 3 qui concerne la Grèce, où la situation est . loin d'être satisfaisante. A Athènes, c'est le régime de la terreur, et les roya-s listes grecs, dignes émules des comitad-s jis bulgares, aujourd'hui leurs frères ; d'armes, assassinent et maltraitent 1 leurs adversaires politiques, qui ont eu 5 S-ti tai t d!e croire en la pàrole royaie que ; la vie et les biens des vénizélîstes se-, raient respectés. " 5 Encore les détails qui nous arrivent d'Athènes sont-ils incomplets "vu que . les royalistes sont maîtres des commu'ni-. calions par câble et de la censure de ; presse" ce qui prouve bien que l'échec j des troupes alliées, attaquées traitreu--. sentent l'autre jour, n'a pas encore été -) ni vengé ni réparé,- bier. que la flotte alliée bloque le Pirée! 0 Entretemps les sous-marins alle-s mands non seulement coulent les nà-t vires de commerce alliés et neutres .1 (six victimes ont été signalées hier) * . niais bombardent le port de Funchal . (Madère), où ils ont coulé une canon-. nière française, un navire convoyeur et r un navire de commerce. Après un boni-e bardement d'une demi-heure, auquel r participèrent îes batteries de la côte, les 3 soos-marins»se retirèrent ! Cette attaque , se produit au lendemain de l'annonce 1 que les sous-marins allemands ont créé 2 une base dans la région des Bermudes t et du Mexique. D'autre part, les AJle-. mands auraient informé les neutres ; qu'une guerre sous-marsne beaucoup > plus énergique cannmencara après 'e - 1er janvier et qu'ils feraient bien de faire » des "Concessions" aux Allemands s'ils ; voulaient être épargnés ! En ce qui concerne la Hollande, une - des concessions sollicitées par les Alle- - mands consisterait, à ce qu'on dit, à - obtenir la liberté de la navigation de 1 l'Escaut. Les Belges suivront avec in- - térêt la discussion de cette question. COMMENT FINIRA l'ALLEMAGNE La mobilisation. Une révolution économique s'accomplit en Allemagne, où vient d'être décidée la mobilisation des hommes âgés de 17 à 60 ans, en vue de les employer selon leurs aptitudes respectives aux besoins de la défense, ainsi que la concentration de tous les moyens de production —matières et outillages — pouvant, directement ou indirectement, contribuer à la poursuite de la guerre. C'est la levée de toute la population mâle—le tour des femmes ne se fera pas attendre—l'accaparement de l'activité productrice nationale ; en un mot, la suspension de la vie économique normale. La décision évoque un précédent, celui de la levée en masse instaurée par le décret de la Convention daté du 23 août 1793 et proclamant: "Jusqu'au jour où l'ennemi aura été chassé du territoire, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service de 1 "armée." La résolution n'était pas moins inflexible que celle qui anime le gouvernement al-, lemand ; la même volonté d'uliliser toutes les forces disponibles se troyvp dans ce pas'sage du rapport introductif présen- . té par Barrère: "La patrie est devenue - créancière de tous îes Citoyens ; les uns ; lui doivent leur industrie, les autres leur - fortune, ceux-ci leurs conseils, ccux-là - leurs bras, tous lui doivent le sang qui - coule dans leurs veines." Disposant de i ces ressources, Carnot organisa la vic- - toire, sans tarir les ressources vitales de r la nation, le régime exceptionnel n'ayant 3 que momentanément troublé l'action de s l'initiation, privée de production et l'exer- - cice de la liberté d'échange. A l'issue de la guerre il en sera tout s autrement pour l'Allemagne, où l'Etat, ayant assumé la direction de tout l'orga- i nisme producteur, ayant enrégimenté - tous les bras, aura à présider à la réap-t propriation, des usines et au passage i dans la vie civile des soldats et des tra-, vailleurs en munitions. L'Allemagne au- - ra encore à liquider sa situation financiè-s rc, à assurer le service de sa dette dé-î mesurée. Les temps sont dévolus où un -, Etat sortait de ses embarras financiers - en assistant impassible à la dépréciation à dp aon p£rç>i<y>.ms>i)oaie ; à uplre épccjue d'internationalisation financière, les engagements d'un Etal quelconque ne peuvent être répudiés par lui sans soulever ,.j l'ingérence des autres Puissances, toutes 1 1 intéressées à ce que. ces engagements soient fidèlement remplis, su- 1 rer La gêne financière. ses En admettant la sincérité des chiffres. les fournis par Berlin, qui portent à 58 mil-sé- Eards 50Ô millions de francs les som-de mes que *e gouvernement impérial a ou-ici- vertement empruntées depuis le commen-iyd cernent de la guerre, .et en y ajoutant en-ttii viron 12 milliards de dette flottante, 5 lu- (à 6 milliards empruntés par les Etats 'a particuliers, on arrive à une augmentation de la dette publique d'au moins 76 er- milliards* A la fin de 1913, l'empire de-et vait 6 milliards 471 millions et les Etats es, confédérés 21 milliards 170 millions. En ni- supposant que ces derniers n'aient pins ar- depuis contracté d'emprunts, l'ensemble to- de la dette allemande doit se monter ac-Je- tueîîement à approximativement 104 mil-fiards. On sait que le gouvernement de ni. l'empire vptnt d'être autorisé à émettre ct un nouvel emprunt de 12 milliards de mark, et la guerre n'est pas finie. • M. Dès. lors, on comprend que l'avenir ;ù;- suscite de graves appréhensions en Al-m. lemagne, même parmi ceux qui se re-ili. fusent à envisager toutes les inévitabies difficultés de demai . Un Dr Kausen, re. dans "i'Allgemeine Rundschau," éva-i:cj. lue à plus de huit milliards le total des ïut prochains impôts, avec un ensemble de j e" revenus taxables se montant à 24 mil- j gc liards et demi ; ce qui revient à affirmer , qu'un tiers de toutes îes rentrées—gains, I ro salaires et mrereus—serait encaissé par . ce l'Etat. Le docteur suppose que si *a ! taxe sur les. revenus était appliquée ex-es cîusivement, 17 p.c. seraient prélevés sur j.jj. les revenus inférieurs à Fr. 3,750, ce qui K|_ laisserait à trouver 5 milliards 250 mil-re3 lions sur les revenus dépassant Fr.3,750, -,nj. et amènerait à frapp<cr progressivement eu îes ressources privilégiées du sort de 70, iue £l ^ P-c- Cela ^_jiilvûii<lralt à porter se_ un coup mortel à la fortune publique. Devant l'extravagance d'un pareil systè-,nt me fiscal, Kausen examine ce qu'il dé-j c nomme un "édifice monumental'' d'impo-• si tiens indirectes, méthode contraire ~ j à th-ute justice socia'e. Le seul palliatif 0 pcssi'blc à 'a situation entrevue consis-, ^ terait à la fixat'.vn par l'Etat de pi'ix maxin'a des i-rtioîes ir.dlspens.1i.n0s de tt coin't,-viirnicn .■opulaire, tels que denrées alimentaires, habillements, tabacs, i :j etc. Tout autant, selon nous, vaudrait 1 "* la monopolisation par l'Etat de presque toute la production, puisqu'il s'agirait ' de réglementer, entr'autres, toutes les industries textiles, du vêtement et de produits chimiques, de l'élevage, de l'agriculture, de la brasserie, de la distillerie, ainsi que de nombreux commerces et irn" d'intermédiaires variés. Bel les La marefes croissante vers In mort. |ue Ce serait la ccntinuation de l'étatisa» ice tiçm de l'industrie-nationale commencée réé sc^is le régime de temps de guerre. Ce les serait la possibilité pour l'Etat de pro-[le- céder à la transformation graduelle des res fabriques de matériels ei de munitions iUp militaires en usines d'articles négociais bles, selon1 les néeissités les plus pressante tes de l'ère de paix et les besoins finan-'ils ciers généraux. Il n'y aura pas trop de toutes les facultés d'organisation des ine hommes au pouvoir pour mener à bien ia [je. tâche gigantesque, écrasante en face de laquelle on se trouvera en Allemagne.' (-j0 La mobilisation civile, tes raffles des ;n. populations polonaises, serbes et belges augmenteront le "nombre des combat- tants, mais, par contre, grossiront les millions de morts et d'invalides, taillant Edes coupes sombres dans le personnel des ouvriers d'élite ou spécialistes; les pensions à payer augmenteront d'autant. La raréfication des matières pre-»n- mières s'accentuera jusqu'à leur épuise-lue ment camp jet. Tout l'outillage, fatigué ins par un usage excessif, sera à renouvé-s,,r 1er. Depuis le milieu de l'année 1914, la réfection d^ la voirie et l'enti-etièn des _aj édifices publics ont été suspendus par cj,, toutes les autorités, tant Etat que Com-mîmes. Voies de commu ni cation, engins de transport, abîmés par un emploi în-tensif, seront à réfectionner'oti à restau-rer. L'arriéré sera formidable. Pour supporter ces" charges budgétai-C1" res, pour remplacer les machines détruites ou détériorées, pour exécuter les tra-5U^ vaux retardés, pour obvier à la pénurie at> des malheureux, pour reconstituer ses ïa" armements militaires et navals, l'Allé-lte magne disposera de son crédit que Les JP~ cours des bourses d'Amérique et d'Eu-'S'6 rope déprécient chaque jour davantage. ra" A Amsterdam 100 mark sont côtés fi. 41, alors qu'ils valaient anciennement il. fl. 59.26; à New-Vork le mark tombe ^é- à 17.50 cents, comparativement à 24 un cents enregistrés pendant les- premiers &rs mois de 1914. II en résulte que la puis-ion sance d'achat du mark choit d'environ me 30 p.c., cl auc tous, les pris l'All en- magne aura à payer, quand elle réap-eu- provisionnera, seront majorés d'autant. L'industrie allemande socialisée. ■tes t Le rétablissement d'un change favorable sera pour l'Allemagne la grande préoccupation au moment où elle devra s'adresser aux marchés de l'étranger, res, Une politique facilitant la centralisation lil- de toutes tes valeurs d'échange, diri-m» géant tous les achats de ravitaillement, mi- sera seule capâble'd'atténuer la crise i.m-en- minente, et cette politique, un pouvoir en- central, armé de pouvoirs énormes, est , 5 seul à même de la poursuivre jusqu'au ats bout. L'Etat y trouvera une raison de ta- plus pour retenir en mains, pour natio-76 naliser l'industrie allemande qui, cons-de- tituant un vaste monopole, sera un ins-ats trument sans pareil de pressurage, de En rendement d'impôts. L'Etat omnipotent ip- régnera selon les doctrines cheres au> nt. philosophes germains. L'Allemagne marche à grands pa; ,0 vers l'exploitation manufacturière géné |,cj„ raie par l'Etat, sous le régime de dure T ~ coërcision, régime qui pèsera lourdemen ' sur la classe laborieuse,' victime de s; j trahison, de son renoncement aux pris"; iri_ cipes du socialisme international et libre nt • L'ouvrier allemand connaîtra alors 1< 'm' travail militairement, supérieuremen ' ;. organisé, les taux des salaires et les hen res de travail fixés par des dictateurs, PS hauts fonctionnaires, avec toutes les ri-jc gueurs d'une discipline de fer. L indivi • ' dualisme fécondant—qualifié de défau ,'0~ français—sera définitivement banni corn me étant une survivance d'une civilisa' '(ie tion inférieure ! ? nt T.. TEUGEL-DE VOS. :s —————i————■—t î Les AILES ROUGES de la GUERRE. e e Emile Verhaeren. La semaine dernière, passant par r Paris, j'étais allé frapper à sa porte, 1- comme d'habitude, et je l'avais trouvé î- plus vivant, plus jeune que jamais, ses •S bonnes mains tendues à l'amitié et le re-gard confiant dans l'avenir. Nous par-1- lâmes du pays, longuement. Chacune ■s de ses paroles demeure gravée 'en moi. e i Je l'entends encore s'indigner, avec les 1- j mots 'flétrisseu'rs que seul il savait trou-r , \-er, contre l'infâme système de déporta-' tions dont ses compatriotes sont vic-r j times. Il appelait les Allemands " les or-a ! ganisateurs du mal," " les bourreaux de > la civilisation." Puis, il me dit son iné-r branîabîe espoir dans l'avenir, sa foi ii dans le cliâtiment final et la victoire du S- droit sur la brutalité. Je sortis de là réconforté, emportant it avec moi le souvenir de ses paroles en- flammées et de son clair regard, •r Vraiment, je le sentais, ce jour-là plus '■ que jamais, une telle figure, noble ' et '■ généreuse, ne pourrait pas vieillir, i- Le destin s'est chargé, hélas, avec quelle horreur, de -remporter dans là e gloire avant que 1a vieillesse l'eût at-if teint. Emile Verhaeren s'en va, comme - le passeur d'eau qu'il a chanté, " un x roseau vert entre les dents." Je me sou-e viens que le poète, dans ses entretiens j familiers, formula souvent cette pensée : •. j " Je voudrais avoir la force et le courage it | de m'arrêter d'écrire au moment du d;-s-e tin.'' L'âge paraissait ne l'avoir pas it touché. Mais la destinée a devancé ses ■s désir-. Le poète des "Forces tumultueu-)- ses " a quitté ce mor.de en pleine verdeur i- d'âme et de corps, au milieu de l'époque î, la plus agitée, la plus tumultueuse, que le monde ait jamais vécue. Son dernier livre. j'ai sous les yeux l'exemplaire des >* "Ailes rouges de la Guerre," que le poète 'c m'avait envoyé la veille de sa mort. Cette e œuvre, dont il s'est couronné avant de )_ mourir, résume toutes ses pensées, 's toutes ses aspirations, tous ses dégoûts, iS toutes ses prédilections. L'homme émo-tif qu'il était, îe grand cœur, l'âme gé-'* néreuse. le cerveau lucide, se montre '* dans ce livre avec une puissance et une lC ampleur nouvelles. Verhaeren y déploie '.s (jç pius ltrie force inconnue jusqu'ici dans a son œuvre : celle d'un satyriste mordant, 'e d'un implacable accusateur du crime. Lisez cette "philippique" adressée à Guil-"s Iaume'II. Chaque mot en est un bran-"s d: m qui marque au front du mal une flétrissure indélébile. ^ Son mysticisme dur, violént et rapace , Volait !B..foudre au oiel pour menacer l'espace 1 La fourberie armait son esprit puritain ; 's II ordonnait et déplorait la tragédie Cn mis?acre éclairé par le ronge incendie ; Perdant qu'il brûlait Reims il pleurait sur î- LonvAin. ie II trompait et mentait jusque dans sa prière, > Il était tout orgueil et son geste hautain a Lui paraissait devoir subjuguer le mystère >S . Et intimider Dieu ir La paix ne lui avait jamais dicté que 1" l'amour; cette guerre lui enseigna la ls sainte et féconde haine; et il l'a semée 1" dans cette œuvre dernière, qui demeurera comme le code vengeur de toute une race trompée et torturée par le plus ignoble î" des attentats contre l'honneur, la civili-l" sation et l'humanité. Ces derniers vers du grand poète disparu resteront, bran-ie dis au-clessus de la nation détestable, -s comme le glaive de l'Ange extermina-teivr.j. L'homme moderne. 5. Celui qui écrivit les poèmes les plus 1', véhéments, les plus fulgurants, et incen-1. testablement les plus puissants que nefe >e époque ait entendus, était l'homme le !4 plus doux et le cœur le plus tendre qui -s se puisse concevoir. Lorsqu'on écrira 5- plus tard la,vie intime d'Emile Verhac-n ren, 011 dira combien celte figure fut ad- > jBiraWe de simplicités cl comme elle de- — rneura toujours semblable à elle-même, d'une extraordinaire netteté, réalisant le type le plus parfait et le plus frappant de l'homme moderne, universel, et cependant foncièrement attaché à ses origines, fier, jaloux, orgueilleux presque de sa race. C'était le Flamand dans toute sa force et sa naïveté. Verhaeren représentait, dans la littérature et les idées de ce temps, une sorte de surhomme aux muscles découplés, à la vue multiple, au cerveau fascinant ; un géant dominant le monde et ne perdant aucune de ses manifestations, écoutant battre son grand pouls, sans cesse à l'affût des courants nouveaux dont il savait embrasser d'un ! seul regard l'immense et tumultueux spectacle. Janus à la vision double, il se ; tournait vers le passé et fixait des yeux . l'avenir, avec une égale lucidité. Il avait les fringales énormes de ses ancêtres ; un ; besoin inassouvi de formes amples, de rythmes abondants, d'images frappantes, de mouvement et de couleur. Il était - tour à tour, devant sa race et devant le t monde, comme un tribun intrépide, un . barde inspiré, un annonciateur et un apôtre. Il avait la vigueur des anciens com-muniers, les accents irrésistibles des grands conducteurs d'hommes. Il évoquait à la fois Breydel, Artevelde et Ulenspiegel. Mais ce puissant manieur de rythmes et d'idées était aussi l'homme le plus tendre et le plus simple. Tous ceux qui ont eu le bonheur de compter parmi ses familiers se souviendront de cette figure qui se montrait presque enfantine par ses étonnements, ses admirations, ses , cris de surprise et de joie devant les spectacles les plus quotidiens. Tout l'intéressait autonr de lui. Cet homme, pour qui le monde n'avait pas de secrets, s s'émerveillait, avec les accents de la plus ; attendrissante sincérité, à la vue de cer-; tains tableaux, à la lecture de certains ï poèmes, dont la naïveté absolue eût fait , lever les épaules aux censeurs exigeants , ou hiasés de notre époque. Il s'éveillait - chaque jour avec une curiosité nouvelle, - un amour renouvelé. Celui qui chanta 2 les " Heures d'après-midi " avait la î bonhomie des cœurs simples, profondé-; ment enracinés dans leur amour. C'était s aussi un mystique, mais un mystique , dans le sens le plus large du terme. Il - avait foi dans l'avenir du monde; foi - dans la force féconde, dans la beauté, la - justice, dans l'homme, en un mot. La renommée. La renommée n'est pas venue à lui, fulgurante, soudaine, comme pour tant '' d'autres. Verhaeren est monté, peu à peu, d'échelon en échektfpj vers îe Temple. Chacune de ses œuvres l'y a con-r duit, mais d'une ascension sûre et volontaire dans sa lenteur de bon aloi. Il n'a pas cherché la notoriété ; il est ailé à sa rencontre, poussé par la destinée et par les forces de ses propres moyens. Je me souviens de ses étonnements de-p vaut les preuves d'admiration sincère a qu'il recevait chaque jour. Ce grand es-p prit, ce cœur généreux, était inaccessible a à la flatterie. Il n'avait pas d'orgueil. U e recevait les hommages avec une simpli-e cité d'enfant qui se trouve muet, les yeux ■grand ouverts, heureux, un peu intimi-s dé, pourtant, en face des éloges qu'on lui tend comme un miroir. 11 y montrait toute la gaucherie de sa sincérité, inca-^ pable de dissimuler la satisfaction intense que lui causait l'admiration des hommes. Je me rappelle qu'un jour, me trouvant chez lui, il me montra un visage il-s luminé d'une joie soudaine mêlée de sur-1- prise et comme d'une sorte de fierté qui e ne peut se retenir. On venait de lui ap-e porter une lettre d'un inconnu, un profes» ti seur obscur de quelque lointaine école a perdue dans l'immensité du monde,et qtii - lui écrivait simplement pour lui souhaiter I- sa fête, prenant occasion de cette date > oour lui témoigner son humble et urofoa-

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