Héroïnes de bronze

Héroïnes de bronze

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Redactie 03 septembre 2015 766

Si de nombreuses espionnes de la Première Guerre mondiale tombèrent à jamais dans l’anonymat, certaines eurent droit à leur statut d’héroïnes. Edith Cavell devint ainsi un modèle de résistance immédiatement après son exécution. Cette Britannique dirigeait depuis 1907 la première école belge d’infirmières. Après l’invasion allemande, elle fut le pivot d’un réseau qui fit dans le plus grand secret passer illégalement la frontière aux soldats belges, britanniques et français restés sur place. En 1915, elle fut arrêtée et exécutée au Tir national de Bruxelles après un simulacre de procès. L’annonce de son décès suscita une vague d’indignation et initia un combat de propagande international. Les journaux allemands soulignèrent qu’un pays en guerre se devait de punir un résistant, même s’il s’agissait d’une femme. La presse britannique convertit la vaillante infirmière en sacro-sainte martyre. En 1920, on érigea une statue d’Edith Cavell au cœur de Londres. 
 
Depuis 1923, la statue d’une héroïne de la résistance belge trône également sur la Place Saint-Jean à Bruxelles. Après une formation accélérée en espionnage des chemins de fer, Gabrielle Petit fonda un service de renseignement dans la région de Doornik. Elle recueillait des informations sur les mouvements des troupes allemandes, distribuait des journaux clandestins et faisait passer illégalement la frontière à des soldats. Après être tombée dans une embuscade allemande, elle fut capturée et exécutée le 1er avril 1916, soit un mois après Edith Cavell, à ce même Tir national.
 
Même si les Allemands rendirent sa mort immédiatement publique, Gabrielle Petit ne devint une icône nationale qu’après la guerre. Cette « Jeanne d’Arc belge » symbolisa dès lors la courageuse résistance de la petite Belgique contre l’occupant. Sa cellule devint une sorte de lieu de pèlerinage et ses exploits furent relatés dans des films et des livres. L’Église catholique, le Mouvement flamand, mais aussi belge, les féministes... tout le monde pouvait s’identifier à certaines facettes de cette héroïne. Les éléments qui ne cadraient pas avec cette image furent ignorés ou adaptés. 
 
Visite!

La statue de Gabrielle Petit
Place Saint-Jean à Bruxelles

L’exposition sur deux espionnes belges moins connues, Émilie Schatteman et Leonie Rammeloo à Boekhoute 
Office du tourisme de Boekhoute, Boekhoutedorp 3, 9961 Boekhoute
http://www.grotevrouwen.be

Statue d'Edith Cavell à Londres, 2008, Wikipédia

Statue de Gabriëlle Petit à Bruxelles, 2014, Wikipédia