Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 17 Septembre. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 26 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/hq3rv0hb6v/
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|Vendredi 17 septembre 1915 13 centimes le numéro 59me année — N° 200 JOURNAL DE GAND [ABONNEMENTS : BELGIQUE : .H fr. par an ; î fr. pour six mois ; 2 fr. pour trois mois PoHr rétranger, le port en sus H El) ACTION & ADMINISTRATION : GAND 3, RUE DE FLANDRE, 3 — CAND TELEPHONE 6G7S ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué officiel alleman.. gerljn, 15 septembre. — (Après-midi) — Une «talive d'attaque française au Hartmannswei-kopffut empêchée par notre l'eu. Un ballon ^lif d'observation fut descendu à Rechesy (à oximilé de la frontière franco-suisse). 11 a cul-lé et est tombé en brûlant. Communiqués officiels français 'aris, 14 septembre (après-midi). — Même liviléde l'artillerie sur le front d'Artois. Au jde la Somme, bombardement .réciproque et rliculièrement violent aux environs rieFilloloy-Cessier et Beuvraignes. Actions d'artillerie ntinues sur le canal de l'Aisne à la Marne, tsde Sapigneul et du Godât, en Champagne, nord du camp de Châlons et sur la lisière tidentale de l'Argonne. Au bois de Mortmare, is batteries ont fait cesser les feux des mitrailles ennemies et exécuté des tirs sur certains (liants de la ligne ennemie. Nuit calme sur le Ile du front. Nos avions ont bombardé Bensdorf, près de Change, Chàtel en Argonne et Langemarck, nord d'Ypres. , " Paris, 14 septembre (soir).,.— Lutte d'açfcille-■ toujours- vive aulour d'Arras, dans les ré-bnsde Roye et de Nouvion et sur le front de ampagne, particulièrement près d'Aubérive, fSouain et de Perthes. On signale également le canonnade assez violente en forêt d'Apre-iiil, au nord de Flirey, et en Lorraine, dans la Lnd'Emberménil. Sur le front oriental Communiqué officiel allemand Berlin, 15 septembre. — Groupe d'armée du aérai feldmaréchal von Hindenburg. Combat a tête de pont, à l'ouest de Dunabourg. A loloki, au sud-ouest de Dunabourg, de la cava-rie ennemie fut battue. A la Wilia, au nord et nord-est de Wilna des contre-attaques enne-ies furent repous#ées. A l'est d'Olita et de adno, nos attaques ont progressé. Au sud' du rJîemen, là SzêzâRTÎûr atteinte R différents endroits. En chiffres ronds 900 sonniers furent faits. Groupe, d'armée du général feldmaréchal nce Léopold de Bavière. L'adversaire est oulé au delà de la Szezara. Croupe d'armée du général feldmaréchal von jckensen. La poursuite vers Pinsk continue, nombre des prisonniers faits s'est élevé à is de 700. Théâtre de la guerre du sud-est. Les troupes mandes ont repoussé des attaques ennemies îc pertes sanglantes. Communiqué otliciel autrichien \1. T. B. Vienne, 14 septembre. — La silua-n est inchangée en Galicie orientale. Ce lin tôt, l'ennemi a attaqué notre front de la ypa, mais a été repoussé. En Wolhynie ilemenl, des renforts nouveaux leur étant venus, les Russes ont passé à l'attaque~à de nbreux endroits ; près de Nowo Aleksinic, la teille se poursuit; près de Dubno et au secteur ibiel, l'ennemi a été partout refoulé avec jsses pertes pour lui. Nos forces combattant Lithuanie ont franchi, au cours de la pour-le, les plaines de Griuda, au sud de Slonim Communiqué officiel russe W, T. B. St-Pétersbourg, 14 septem-e. Dans les régions de Riga, Friedrich-idt et Jacobstadt pas de changements es-îtiels. Sur les fronts de l'Eckau inférieur au N.-O. de Mitau combats de petits dé-tanents. Combat relativement violent d'artillerie depuis Linden jusqu'à 22 kilomètres au N.-O. de Friedrichstadt. Les combats acharnés à l'ouest de Jacobstadt continuent dans les régions des lacs Pikstern et Sauken. A l'ouest et au S.-O. de Dunabourg l'ennemi a entrepris une offensive considérable. Dans la région d'Abeli et Tugiany, puis plus au sud, des batailles violentes se déroulent. Près de la station Nowo Swenz-jany l'ennemi a coupé la ligne ferrés. Sous la pression de l'ennemi, qui passa entre les régions de Nowo-Swenzjany et Wilna, à une * cffensive~tfécidé?f*îtî)s ' troupès^onî' reculé. Dans la région de la gare de Podbrodzk, ainsi que dans celle à l'ouest de Wilna et plus à l'est, et jusque dans le secteur d'Or'a-ny, la situation ne s'est guère modifiée. Au front Orany-Mosty combat acharné contre des troupes ennemies considérablement renforcées dans la région de SkideJ. et plus loin vers l'est. L'ennemi a étendu eçrcore son attaque à l'est de Skidel. Dans les combats de nos' arrière-gardes pour endiguer la marche en avant de l'ennemi, notre artillerie a réussi à ouvrir un feu violent. Sur la ..ligne Woikowischki-Kartus-Kaja-Bereza, l'ennemi continue avec prudence ses tentatives, sur lgs routes vers l'est, pour passer à une offensive plus violente. Elles se . heurtent partout à une résistance déterminée et n'ont aucune influence sjç l'exécution arrêtée 41av>nce de notre retraite. Entre Kobrin et Pinsk, en général, aucun changement. Dans la région à l'est de Dro-hitschia, petits engagements/Au S:-E. de la gare de Sarny-iios.troupes ont enferré conte-. nu l'ennemi qui cherche spécialement à avancer le long des rivières- Styr et Gorynia et, plus loin, vers l'est, notamment dans la région dg Kolki. Dans la région de Deraschno, combats violents. A l'oue'st ds Rowno et dans les secteurs de Dubno et Kremeuetz, les Autrichiens attaquent. En Galicie, dans la région de Tarnopol, sous un ouragan de projectiles de l'artillerie ennemie, nos troupes ont encore un peu avancé. Au Sereth inférieur, dans le secteur de Zaleszcyki.en passant à l'offensive, l'ennemi tenta de contenir notre marche vers l'ouest: -Tfla-isr après une-feateitie-aehftfftéer41-fot--éé--fait et refoulé. En général, les opérations des Allemands et Autrichiens cherchent à garder le caractère offensif. Sur le front italo-autrichien Communiqué officiel autrichien W. T. B. Vienne, 14 septembre. — Après les vaines attaques italiennes de ces derniers jours, il y a eu hier une pause dans les grandes batailles près de Flitsch etTolmein. Près de Plawa, une surprise de notre artillerie a délogé l'ennemi d'une ligne de front large de plusieurs kilomètres. Les ennemis en fuite subirent de lourdes pertes. Au front du Tyrol, nous avons repoussé des tentatives d'attaques exécutées par de faibles détachements ennemis contre nos positions des ponts-frontière dans la vallée de Popena, au sud de Schluderbach, et dans la région de Tonale. En général, lout est calme au Iront sud occidental.Communiqués officiels italiens W. T. B. Rome, 12 septembre. Dans le Tyrol, dans le Trentin et-en Carinthie, canonnade réciproques souvent entravées par le brouillard. Dans le bassin de Plezzo, le 10 septembre au soir, des troupes ennemies ont tenté, à la faveur de l'obscurité, d'attaquer par surprise nos positions établies à l'est de la vallée de Slatenica. Nos soldats ont laissé ap procher l'ennemi à une courte distance et l'ont alors attaqué à la bayonnetie ; les Autrichiens ont dû se retirer, après un violent corps à corps. Dans le secteur de Tolmein, on a signalé, après notre attaque du 9 contre Santa-Maria, que de forts détachements ennemis s'avançaient dans la direction de cette localité. Dans la région de l'isonzo: inférieur, des aviateurs ont constaté que l'ennemi avait établi de nouveaux ouvrages de défense d'un caractère provisoire. D'après des rerfëfèignSmeRs autorisés, de nouvelles troupes et de l'artillerie de gros caiibre sont arrivées renforcer les rangs de l'ennemi. Deux de nos avions ont efficacement bombardé le camp autrichien établi près d'Oppa-chiasella.L'ennemi a lancé de nombreuses grenades incendiaires sur les bassins du port de Mon-ïalcone i;t a endommagé quelques vapeurs. W. T. B. Roms, 13 septsmbre. Sur ls haut plateau au nord-ouest d'Ar-ziero, l'artillerie ennemie a poursuivi le bombardement de nos positions sur le monte Marconia. Ce bombardement, quia continué ; - idant toute la nuit du 12 septembre, est re~ié tans-' résultat. Pendant la même nuit, des forces ennemies ont entrepris deux attaques contre nos lignes, dans la vallée supérieure de Riens, maisoellu,'ont été chaque fois repousséïs. Sur l'isonzo supérieur, qos troupes ont les fortes positions qui sont encore au pouvoir de l'ennemi, sur le versant est de la vallée de Plezzo; elle» ont obtenu des résultats sensibles, malgré dis difficultés du terrain et malgré la résistance opiniâtre des Autrichiens, qui étaient soutenus par de nombreuses et fortes batteries. Dans la zone de Plawa, ds petits détachements ennemis, amenés de Gôrz par train blindé, ont tenté un coup de main contre nos tranchées, au sud de la galerie sud de Za-gora. La défense opiniâtre des nôtres et quelques, coups de canon de l'artillerie de montagne ont suffi pour-rep&usser l'attaque. En mer —-Wt-Tt-Bt-Rohk;-,-43-septem- Le-ehef de la Marine italienne communique : Le sous-marin français « Papin », qui opère avec nos forces sur mer, a torpillé le 9 septembre dans l'Adriatique centrale, près du Cap Planka, un groupe de torpilleurs autrichiens dont l'un a été gravement endommagé. (S.) Thaon di Revel. D'après 'e communiqué officiel de la Marine autrichienne, le torpilleur en question a été endommagé à la proue mais a pu rentrer au port d'attache. Berlin, 14 septembre. — Un commandant en vue d'un sous-marin français a déclaré au journal du gouvernement belge, le XX" Siècle, qu'un sous-marin français a coulé près <'e la côle belge parce qu'il s'élait empêtré dans un fiiet que l'ennemi y avait tendu. Comme il ne pouvait se dégager, il tenla de revenir à la surface avec le filet. Cela lui réussit. Mais le sous-marin n'étant plus capable de se mouvoir, l'équipage dut se sauver et parvinl à la côte occupée par les Alliés. L'Ecluse, 14 septembre. — Les journaux hollandais annoncent : Le vapeur Magda a été torpillé par un sous-marin allemand en roule de Barry à La Rochelle. L'équipage esl sauvé. # * Berlin, 15 seplembre. — Comme on l'annonce de source autorisée à la Voss.'Ztg., un sous- marin autrichien, commandé par le lieutenant de marine chevalier von Trapp, a coulé, il y a quelques jours, un grand vapeur transport anglais dans l'Adriatique méridionale. Krisliansand, 15 seplembre. Un sous-marin allemand, opérant de notre côté, a amené le vapeur Randnlf Hansen qui était en route d'Arendal en Angleterre avec des planches. Le sous-marin a encore mis le feu et détruit le schooner Wansbek de Lillesand chargé de bois de mine. L'équipage, composé de quatre hommes, a été pris à bord du Randulf Hansen el transporté plus tard sur un voilier qui emporta l'équipage au Fjord Skion. Le Randulf Hansen a été amené en Allemagne comme prise. En Albanie Rome, 13 seplembre.— On annonce qu'Essad passa continue sa marche victorieuse contre les Mirdiles ; il ne rencontre plus que peu de résistance. Les Mirdiles ont envoyé des parlementaires pour demander la paix. On croit' qu'Essad pacha à l'intention de se proclamer roi d'Albanie. i;chos Hommage à Pégoud l.e Journal de Paris dit qu'une couronne, jetée par un aviateur allemand en mémoire de Pégoud, est tombée exactement à l'endroit où Pégoud a trouvé une mort héroïque. Le Journal dit que c'est le plus bel hommage au héros tombé rendu par les Allemands. Abonnements Les personnes qui prendront un abonnement pour le trimestre prochain recevront le Journal de Cand gratuitement jusqu'au 1 octobre. Prix de l'abonnement, payable par anticipation : Un trimestre : 2 fr. Un mois : 75 centimes Chronique Gantoise SOCIETE coopérative de Prêts fonciers. Nos lecteurs se souviendront que nous leur avons fait connaître la constitution à Bruxelles, de la Société Coopérative de Prêts fonciers. Cette Société a pour bui de consentir, à l'intérêt ds 4 l'an, des ouvertures ds crédit de subsistance, garantis par hypothèque ou par natissement en créance privilégiée ou hypothécaire, à concurren. e d'un maximum de 5000 francs, payables, suivant les besoins du crédité et de sa famille, à raison de 500 francs par mois au plus, remboursables sans préavis ni indemnité au gré de l'emprunteur, lorsque la si-fjaiion sera redevenue normale. Comme on le voit,cette Société a principalement en vue les propriétaires et les ren-.iers que les temps malheureux que nous traversons ont éprouvés en les privant des revenus de leurs immeubles ou de leurs créances hypothécaires. Ils sont en effet nombreux, ces propriétaires et ces rentiers qui sont dans uns situation gênée à côté de leurs biens improductifs et qui se voient contraints de s'adresser au crédit pour se créer des ressources qui leur permettent de traverser la crise. Aussi les crédits que consent la Société sont-ils faits uniquement à .titre de subsistance de l'emprunteur et de sa famille, et ne lui sont délivrés que par dss à comptes mensuels. Quelques notaires de l'arrondissement de Gand, dans le but de permettre aux habitants dss deux Flandres, de profiter des facilités présentées par la Société de Bruxel les, ont constitué à Gand une filiale de la Société Coopérative de Prêts fonciers. Le bureau de cette filiale est établi à Gand, en l'Hôtel des ventes par notaires, et se réunit tous les mardis, à 2 1/2 heures de relevée.Les demandes d'ouverture de crédit dans les conditions fixées par la Société Coopérative doivent être introduites soit par les intéressés eux-mêmes, soit par leur notaire exclusivement, et adressées au Président de la filiale de la Société Coopérative de prêts fonciers, à Gand. au bureau indiqué ci-dessus.CERCLE d'études typographiques. — Dimanche dernier se sont réunis, à l'Ecole du Livre, MM. Van Doosselaere, Vanderhaeghen, Vander-poorten, Van Hecke, Saelens, Weytinck, Wulf-faert, Stok et Thiery, pour juger les travaux du concours de 1915. Les opérations du jury étaient dirigées par te président M. Vanden Thoren et le secrétaire M. Lagae, en présence de M. l'échevin De Bruyne el de M. l'inspecteur Derre. Les prix suivants ont été décernés : Concours 1. — Meganck, Martens, De Raeve Arin., DeBeul, Van Keirsbilck, De Corle, Van den Bulcke, Collardin. Concours II.'Van den Bulcke, Geeraerts, De Beui, Laminé, De Corte, Foucart, Martens, Meganck. Concours III. — De Raeve Arm., Laminé, Van den Bulcke, Moeraert, De Raeve Adh., De Beul, Foucaert, Schelstraete. Concours IV. — Van den Bulcke, Geeraerts, De Backer, De Corle, Hebbelinck, Vanderhaeghen, Laminé, De Beul. La tâche du jury a été lourde, car 137 travaux étaient soumis à son examen, plus un travail hors concours. Les membres du jury ont regretté de ne pouvoir disposer d'un plus grand nombre de prix, les travaux envdyés étant de réelle valeur. CERCLE « Art et Philanthropie ». — Nous reproduisons ci-après le programme du grand concert organisé par le cercle « Art et Philanthropie » de Gand, au profil de l'oeuvre de la Cantine des Prisonniers de guerre belges nécessiteux en Allemagne : Impartie: 1. Enéus, ouverture pour orchestre, Franz Uyttenhove, sous la direction de l'auteur. 2. Grand air du « Barbier de Séville », Rossini (M. P. Zeemans). 3. Airs des lettres de « Werther », Massenet (Mlle Alice Famerie). 4. Grand air de « Sigurd », Reyer (M. P. De Meyer). 5. a) Féerie,Marcel Tournier; b)lc Arabesque, deBussy, pour harpe, à exécuter par Mlle Germ. Famerie. 6. Le cor, mélodie, Flégier(M. Ernest Proot), aves accompagnement de piano el de 4 cors. 7. Duo d'Othello, Verdi (Mrs De Meyer et W. Wayenberghe). 8. Le Carnaval à Paris, Svendsen (orchestre sous la direction de M. R. Guillemyn). Seconde partie : 1. Egmont, ouverture, von Beethoven, orchestre sous la direction de M. L. Dlivosel. 2. De Leie, L, Duvosel (M. Wayenberghe). 3. Scène el rondo du Billet de Loterie, F. A. Gevaert (Mlle Kielemoes). 3. a) Les caresses des yeux Sonnet, Léon Vanderhaegen, b) Waartoe, lied, Léon Vander-haegen (à chauler par l'auteur). 5. Le Passant, Sérénade nocturne, Léon Vanderhaegen, (pour cor et orchestre), (soliste, ' M. Ch. Heylbroeck). 6. Grand air de « Louise », Charpentier (Mlle Alice Famerie). fcleton du Journal de Gand 95 Le Comte DE ONTE-CRISTO PAR ALEXANDRE DUMAS Eh bien ! Dantès une fois arrêté, M •rrel courut prendre des informations S furent bien tristes. Le vieillard retourm ■'dans sa maison, ploya son habit de no-!e" pleurant, passa toute la journée à al-e' venir dans sa chambre, et le soir ne se Kto point, car je demeurais au-dessous lui. et je l'entendis marcher toute la nuit "-même, je dois le dire, je ne dormis pas 11 plus, car la douleur de ce pauvre père faisait grand mal, et chacun de ses pas voyait le cœur, comme s'il eût réelle-j"! posé son pied sur ma poitrine. Le lendemain,. Mercédès vint à Marseille trimplorer la protection de M. de Ville-1 : elle n'obtint rien ; mais du même coup, (slla rendre visite au vieillard. Quand elle 'il si morne et si abattu, qu'il avait passé la nuit sans se mettre au lit et qu'il n'avaii pas mangé depuis la veille, elle voulut l'emmener pour en prendre soin, mais le vieillard ne voulut jamais y consentir. Non, disait-il, je ne quitterai pas la maison, car c'est moi que mon pauvre enfani aime avant toutes choses, et s'il sort de prison, c'est.moi qu'il accourra voir d'abo Que dirait-il si je n'étais point là à l'attendre ? J'écoutais tout cela du carré, car.j'aurais voulu que Mercédès déterminât le vieillard à la suivre; ce pas retentissant tous les jours sur ma tête ne me laissait pas un instant de repos. Mais ne montiez-vous pas vous-même près du vieillard pour le consoler? demanda le prêtre. Ah! Monsieur! répondit Caderousse, on ne console que ceux qui veulent être consolés, et lui ne voulait pas l'être: d'ailleurs, je ne sais pourquoi, mais il me semblait qu'il avait de la répugnance à me voir. Une nuit cependant que j'entendais ses sanglots, je n'y pus résister et je montai ; mais quand j'arrivai à la porte, il ne sanglotait plus, il priait. Ce qu'il trouvait d'éloquentes paroles et de pitoyables supplications, je ne saurais vous le redire, Monsieur: c'était plus que de la piété, c'était plus qtie de la dou leur; aussi, moi qui ne suis pas cagot et qui n'aims pas les jésuites, je me dis ce jour-iâ ; C'est bien heureux, en vérité, que je sois seul, et que le bon Dieu ne m'ait pas envoyé d'enfants, car si j'étais père et que je ressentisse une douleur semblable à celle du pauvre vieillard,ne pouvant trouver dans ma mémoire ni dans mon coeur tout ce qu'il dit au bon Dieu, j'irais tout droit me précipiter dans la mer pour ne pas souffrir plus longtemps.Pauvre père! murmura le prêtre. De jour en jour il vivait plus seul et plus isolé : souvent M. Morrel et Mercédès venaient pour le voir, mais sa porte était fermée ; et, quoique je fusse bisn sûr qu'il était chez lui, il ne répondait pas. Un jour que, contre son habitude, il avait reçu Mercédès, et que la pauvre enfant, au désespoir elle-même, tentait de le réconforter : Crois-moi, ma fille, lui dit-il, il est mort; et, au lieu que nous l'attendions, c'est lui qui nous attend: je suis bien heureux, c'est moi qui suis le plus vieux et qui, par conséquent, le reverrai le premier. Si bon que l'on soit, voyez-vous, on cesse bientôt de voir les gens qui vous attristent ; ls | vieux Dantès finit par demeurer tout à fait seul : je ne voyais plus monter de temps' en temps chez lui que des gens inconnus, qui i descendaient avec quelque paquet mal dissi mulé; j'ai compris depuis ce que c'était qu ces paquets: il vendait peu à peu ce qu" avait pour vivre. Enfin, le bonhomme arri va auprès de ses pauvres hardes ; il devai trois termes: on menaça de le renvoyer; i demanda huit jours encore, on les lui ac corda. Je sus ce détail parce que le proprié taire entra chez moi en sortant de chez lui Pendant les trois premiers jours, je l'en tendis marcher comme d'habitude; mais 1 qualrième, je n'entendis plus rien. Je me ha sardai' à monter: la porte était fermée; mai à travers la serrure je l'aperçus si pâle et s défait, que, le jugeant bien malade, je fi: prévenir M. Morrel et courus chez Mercé dès. Tous deux s'empressèrent de venir. M Morrel amenait un médecin : le médecin re connut uee gastro-antérite et ordonna 1; diète. J'étais là. Monsieur et je n'oubliera jamais le sourire du vieillard à cette ordon nance. Dès lors il ouvrit sa porte: il avait uni excuse pour ne plus manger; le médecii avait ordonné la diète. L'abbé poussa uns espèce de gémisse ment. Cette histoire vous intéresse n'est-ci pas, Monsieur? dit Caderousse. i Oui, répondit l'abbé: elle est attendris-: santé. 1 Mercédès revint ; elle le trouva si chan- - gé, que, comme la première fois, elle voulut t ,1e faire transporter chez elle. C'était aussi 1 l'avis de M. Morrel, qui voulait opérer le - transport de force ; mais le vieillard cria tant, - qu'ils eurent peur. Mercédès resta au chevet • de son lit. M. Morrel s'éloigna en faisant si-_ gne à la Catalane qu'il laissait une bourse ; sur la cheminée. Mais, armé de l'ordonnan-. ce du médecin, le vieillard ne voulut rien ; prendre. Enfin, après neuf jours de déses-i poir et d'abstinence, le vieillard expira en ^ maudissant ceux qui avaient causé son mal-. heur et en disant à Mercédès: « Si vous revoyez mon Edmond, dites-lui . que je meurs en le bénissant. » ! L'abbé se leva, fit deux fours dans la i chambre en portant une main frémissante à . sa gorge aride. Et vous croyez qu'il est mort... De faim... Monsieur, de faim dit Ca-| derousse ; j'en réponds aussi vrai que nous sommes ici deux chrétiens. L'abbé, d'une main convulsive, saisit le verre d'eau encore à moitié plein, le vida d'un trait et se rassit les yeux rougis et les : joues pâles. (A suivre),

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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