La Flandre libérale

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s.n. 1914, 18 Mars. La Flandre libérale. Accès à 21 septembre 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/q52f767212/
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40* Innée — Mercredi 18 Mars 1914 QUOTIDIEN. - 10 CENT. 8. 77 ••• Mercredi 18 Mars S9Î4 LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS 1 mois. S mois. f mois. J sa. BELGIQUE i Fto 2.00 4.00 8.00 Î6.0G UNION POSTALE ! Fr. 3.75 9.00 18.00 35.00 On l'abonna an bureau du Journal et dans tous les bureaux d» posta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE 6AND, l, RUE DU NOUVEAU BOIS, I, GAND ABONNEMENTS ET ANNONCES : - RÉDACTION - Téléphone 32 à Téléphone 18 ANNONCES Poar la ville et les Flandres, s'adresser au fonreaa ïonrnal- — Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser i l'Office de Publicité, rue Neuve, 35, à Bruxelles. Ida banne jeunesse La presse de tous les partis relate avec une certaine indulgence les hauts hauts des étudiants de .Louvain. La libérale cité qui les abrite témoigne à ces Eliacins de la .sympathie. Monseigneur lui-même, Mgr de Malines, les écoute et sourit à leurs acclamations.Pourtant ils ont fait dans les rues un boucan infernal, ils ont chanté des choses que la morale, la morale laïque, les convenances tout au moins empêchent Je reproduire, ils ont mis une maison à sac, ils ont conspué et brûlé en effigie leur .vice-recteur, un Monseigneur ! Et ils constituent la fleur do la jeunesse catholique, l'espoir du parti clérical, le régiment d'élite des saintes milices. C'est eux qui demain constitueront le parti de l'ordre. C'est par: mi eux que l'Eglise ira prendre les ministres, les députés, les bourgmestres, les magistrats, les hauts fonctionnaires selon son esprit et selon son cœur. Ce n'est donc pas besogne vaine que de s'intéresser à leurs manifestations et d'examiner les méthodes dont elles s'inspirent. *** Dans celles-ci, il y a évidemment do l'éclectisme, du snobisme et de l'atavisme.Ils ont imité les libéraux d'antan qui cassaient volontiers les vitres quanti on heurtait trop vivement leurs sentiments et dont ce geste suffit plus d'une lois pour rappeler certains fanatiques à la prudence et à la modération. En ce temps-là, il y avait certaines choses auxquelles la réaction ne se frottait pas impunément. Ils ont aussi, ils ont surtout pris exemple des menées socialistes : palabres, fixation d'un programme de revendications, envois de délégués, menaces de grèves, cortèges avec cris variés, chants de révolte, refrains plaisants, placards et banderoles, — toute la lyre, y compris la condition sine qua non: le renvoi du contremaître, en l'occurrence Mgr Van Cauwen-bergh, vice-recteur. Enfin, à ces bris de carreaux et à ces procédés ultra-modernistes, ils ont joint le brûlement en effigie d'un bonhomme en soutane, ce qui frise le sacrilège. Ça, c'est de l'atavisme. Ils ont dans leurs veines du sang d'inquisiteur. De plus, aux heures calmes, on leur apprend qu'occire par la corde, par le glaive ou par le feu des gens qui pensent mal est tout le contraire d'un crime, et ils vivent dans un monde où l'on déplore que le bra§ séculier ne soit plus au service de l'autre. Enfin, ils ont beau se mettre pour un moment à l'école des bourgeois anticléricaux ou des compagnons karlmarxistes, et s'inspirer dans leurs chants des nobles leçons du café-concert, ils ne peuvent éviter que la caque sente toujours le hareng. N'empêche que si, dans une manifestation d'étudiants des autres universités, de libres penseurs ou d'ouvriers en grève, on en avait fait autant, si seulement on avait mis le feu à une soutane, même à une soutane avec rien dedans, on frémit à la pensée de ce qu'auraient dit les journaux cléricaux et les chaires de vérité et des cérémonies expiatoires qui s'en seraient suivies, avec quêtes. Mais il s'agit de la jeunesse qui se prépare à servir la bonne cause et alors les choses prennent un autre aspect et l'indulgence est de mise, une indulgence plénière. *** Au fond, s'il est vrai que ces étudiants étaient à la veille de voir fonctionner chez eux une usine d'espionnage, leur révolte se justifie. L'espionnage est enose vile. Il ne recule devant rien, pas même devant le vol de lettres privées, et son objet est toujours de perdre quelqu'un. Les étudiants de Louvain s'indignent à la pensée qu'on ait pu songer à l'organiser chez eux et ils aiment mieux reconcer à leurs études que de s'y soumettre : c'est d'un bon naturel. Mais que pensent-ils de ceux de leurs coreligionnaires qui, pour ruiner des commerçants qui ne professent pas leurs croyances ou pour détruire la carrière de fonctionnaires francs-maçons, ne reculent pas devant les procédés de mouchardise les plus odieux, ouvrant des tiroirs, braquant des kodaks, sou-dovant employés et domestiques? Ne pas vouloir d'espionnage contre soi, c'est parfait. Conspuer de toutes ses forces ceux qui y recourent, c'est Hutement méritoire. Mais à la condition, n'est-ce pas, qu'on ne se réserve pas de l'appliquer aux autres? Le procédé, odieux en soi, doit être condamné l par tous les gens de cœur. Honte à qui l'emploie ! Si c'est ainsi que l'entendent les Eliacins de Louvain, — ce serait faire injure à leurs jeunes années de l'entendre autrement, — souhaitons de voir leur cause remporter une victoire éclatante. Souhaitons surtout de voir ce mouvement se généraliser et mettre fin au honteux système de délations et de basses personnalités qui depuis quelque temps empoisonne nos mœurs politiques et notre vie sociale. 11 A. S. S 0£*~<— Echos & Nouvelles U elérleallsallon te la msglstr&lnra Le gouvernement devait étonner le monde par sa modération, M. de Broque-ville l'avait promis. Or, il a fort peu tenu, la loi scolaire seule suffirait à le démontrer. Mais il est une autre preuve en l'espèce, la modération devant inciter à l'équité. Voyions ce qu'il en est de ce côté, rien que par les nominations faites dans la magistrature. Voici: En 19X3, 104 cléricaux ont été nommés magistrat®, pour 38 libéraux et 5 douteux, et 42 cléricaux ont été nommés notaires pour 14 libéraux et 1 douteux. Et, pour mieux faire voir l'esprit de justice qui règne à la justice, totalisons les nominations faites depuis six ans par ce département : 572 magistrats et 190 notaires cléricaux, 91 magistrats et 51 notaires libéraux, 31 magistrats et 17 notaires douteux. On le Voit, l'œuvre de cléricalisation ne se ralentit pas. La efcm?agne électorale eommesea On ai prêché dimanche dernier à l'église Sainte-Barbe, à Gand, contre les " mauvais journaux M : on a défendu aux fidèles de lire notamment la " Flandre libérale". 1' "Indépendance", 1' "E-toile belge ", la " Gazette ", la " Dernière Heure" et le1 " Petit Bleu Cu milliard pour II Corga Le gouvernement — on le sait —• a de vastes projets pour le Congo. Il en a déjà commencé la réalisation. C'est très beau d'avoir de vastes projets. Mais où cela nous conduira-t-il financièrement? C'est ce que M. Meche-lynck s'esit demandé et c'est ce! qu'il a établi devant la Chambre. Cela nous amènera à une dépense à couvrir par l'emprunt de 1 milliard ! Voici, en effet, le programme avec la dépense. Nous citons le dernier discours de M. Mechelynck : " C'est le programme! à, accomplir en dix ans, et eni voici le coût. D'abord l'achèvement des lignes en cours : La Société des Grands-Lacs a déjà un capital de 75 millions, dont l'intérêt et l'amortissement sont garantis par l'Etat ; l'achèvement de la ligne dm Lualaba au Tanganyka et le remboursement deia sommes qui restent dues aujourd'hui s'élèvent certainement de 8 à 10 millions. La Société du Bas-Congo au Katanga a déjà employé un capital de plus do 50 millions, qui lui a été fourni par l'Etat au moyen det titres de l'emprunt 4 s. C. il faut achever les 300 kilomètres à établir entre Kambove et Bukama, dont le coût sera de 30 millions. Enfin, la continuation de la ligne du Mayumbe, 100 kilomètres environ, représente une dépense de 10 millions. Voilà donc 50 millions pour achever les lignes en cours de construction. Le programme nouveau comprend : Kambove à Dilolo, 730 kilomètres, au taux indiqué par le ministre des colonies, coûtera 100 millions ; La ligné dû Bas-Congo à Bukama, 1,900 kilomètres, 250 millions ; La transformation du chemin de fer de Matadi à Léopoldville, 400 kilomètres, 70 millions. Je m!e borne à rappeler le rachat de la ligne, sans indiquer ici le coût de ce rachat • La ligne de Stanleyville au lac Albert, 1,000 à 1*100 kilomètres, 140 millions de I francis j L'embranchement de Kabalo à Luisam-bo coûtera, d'après M. le ministre des colonies, 600 kilomètres, 45 millions. Nous arrivons à un total de plusi de 600 millions. En y ajoutant les millions nécessaires pour l'achèvement des lignes en cours, le programme comporte une dépense d'environ 650 millions, «an® tenir compte de certaines lignes accessoires, dont il commence à être question, et des intérêts intercalaires. " C'est aux applaudissements, de la gauche entière que M. Mechelynck a pu conclure dans les termes que voici : _ " L'Etat devra emprunter des millions, maig il devra aussi supporter la lourde charge qui viendra., chaque année, grever le budget. L'emprunt à conclure pour les chemins de fer sera de 600 à 700 millions ; le® bons du trésor émis et à émettre, en 1914-, s'élèveront à 150 millions; il faut prévoir au moins 150 millions pour les dépenses extraordinaires, nécessaires au développement de la colonie, pendant leg dix années qui vont suivre. C'est un emprunt d'un milliard : un milliard pour la Belgique et un milliard pour le Congo doivent être prévus. Le budget du Congo pour l'exercice 1914 est en déficit de 20 millions ; il s'augmenterai du montant des charges financières de l'emprunt. J'avaig espéré trouver d'ans le discours de M. le ministre des colonies une indication sur la manière dont il comptait liquider le déficit ; il s'est borné à nous renvoyer au budget de 1915. Noug avons! vu pour la) Belgique les conséquences d'une pareille gestion financière). La défense nationale a été compromise ; et pendant de longs mois nous n'avons eu ni les approvisionnements, ni les munitions! nécessaires. Les chemins de fer sont désorganisés, parce que le matériél n'a pas suivi, dans son développement, l'augmentation du trafic. Des travaux publics sont entamés en d'e nombreux endroits et restent inachevés, à défaut de ressources. Et voici le Congo. Si la Belgique veut en poursuivre sa colonisation, elle doit avant tout en régler la situation financière; s'assurer leg ressources qu'exige un plan arrêté avec précision et équilibrer son budget.'' #** Le timbre à 10 eectlrnss e&tre la France et l'isglttirre On s'occupe en ce moment de l'établissement d'un timbre à dix centimes entre la France et l'Angleterre. Pour couvrir la perte que pourrait subir le " Post Office " de Londres, sir Henricker Hea-ton déclare qu'il est prêt à mettre à la disposition du gouvernement anglais la somme jugée nécessaire pour ce dernier. A quand le timbre à dix centimes entre la Belgique et la France? " Si une réforme s'impose, dit 1' "Action économique", c'est bien celle-là. Nous avons déjà publié des articles sur cette question. M. Chaumet, qui était alors sous-secrétaire d'Etat des postes et télégraphes, nous écrivit à la suite de la publication de ces articles qu'il étudiait ia question. Qu'a-t-on fait depuis 1 Où en sont les études 1 " REVUE DE LA PRESSE YTY Les incidents universitaires de Louvain De ^'Indépendance : Réserves faites quant à la formes de leurs manifestations et quant à l'irrespect un peu1 brutal avec lequel ils (les étudiants) traitent les autorités académiques, leur attitude est intéressante comme caractéristique de l'évolution de l'esprit catholique à l'heure présente. Cette renaissance cathoHque dont .on) parle si volontiers pourrait bien s'affirmer au jour prochain sous un aspect dont lé cléricalisme ri'aurait pas à se réjouir. De Nestré dans la Meuse : L'aventure frise le paradoxe. Quand on se rappelle que la majorité à la Chambre a couvert leg procédés peu re-com mandatai os employés par M. Bri-faut, on est heureux de constater que la jeunesse universitaire cléricale se déclare dégoûtée de voir utiliser à son égard des manœuvres sournoisement in-quisitoriales. C'est une leçon de salubrité morale que les jeunes infligent à leurs aînés eit le geste, s'il est impertinent, n'est pas fait pour déplaire. De VAvenir du Tournaisis : Mais, tout de même, les incidents de Louvain suggèrent quelques réflexions. Supposez qu'au lieu d'étudiants catholiques, il se soit agi d'étudiants libéraux. Tenez-le pour certain : tous les journaux cléricaux auraient par'é, le lendemain, eto termes indignés, des exploits inqualifiables de la voyou,cratie libre-penseuse, — exploits qu'ils auraient exagérés avec autant de complaisance que d'imagination. Et ils auraient, autour de ce "^scandale", publié des commentaires dont vous devinez aisément l'esprit, voire la lettre. Le budget du Congo Analysant le discours que M. Tib-baut a prononcé à la Chambre lors de la discussion du budget colonial, la Dernière Heure écrit : M. Tibbaut prétend que lai situation est encore présentée faussement aujourd'hui ; le déficit réel, d'après lui, dépasse trente millions. Toutes ces observations ont laissé la droite fort calme. Elle) était décidée à couvrir lé ministre, qui case si bien toutes les créatures qu'on' Lui recommande.Quant à l'avenir dui Congo, quant aux charges de ld Belgique; ce1 sont là des préocieupationg qu'il est bon d'afficher devant le roi ou devant les électeurs, mais cela n'a pas d'autre importance. Il suffit d'en parler. Ces messieurs ne demandent qu'une chose: c'est que la manufacture à sinécures continue à fonctionner. Ainsi compris, le parlementarisme devient l'appareil de succion d'une classe de plus en plug nombreuse dé parasites attachés au flanc de la nation laborieuse. Notre réorganisation militaire Analysant un article récemment paru dans le Militâr Woehenblatt, résumant tes principales critiques formulées contre la réorganisation de notre armée, le collaborateur militaire de la Chronique conclut : La transformation; radicale, apportée du jour au lendemain à notre organisation militaire; sans qu'on ait exactement évalué le® ressourceg et les besoins, a placé notre armée dan g une période de crise qui perdurera pendant des années. Avec plus de méthode, d'esprit de suite, et de compétence aussi, nos réorganisateurs auraient pu créer une armée de campagne moins gonflée d'unités, peut-être, miais composée' d'éléments harmonieusement constitués et pourvus de tout le nécessaire. Avec le système adopté, ncus ne disposerons, pendant longtemps encore, que de divisions mal équilibrées, indigentes en artillerie, manquant de matériel et d'outillage, mal encadrées, bien que bourrées de réservistes, et incapables, du fait même, de faire figure honorable en oampagne. Lire en 2ms page : La tempête en Belgique et à l'étranger. VWVA^Wi/VV.VyWSA/VW!. LES SUITES D'UNE POLÉMIQUE Mme CSaillaua tire cinq, coups de revolver sur M. Calmette Le directeur du " Figaro „ meurt des suites de ses blessures LA DÉMISSION DE M. CAILLAUX 'La campagne purement politique dirigée par M. Calmette, directeur du "Figaro", contre M. Caillaux, ministre des finances, vient d'avoir un épilogue sanglant.Mme Caillaux, femme du ministre, s"'est rendue lundi après-midi dans les bureaux du "Figaro" et a tiré sur M. Calmette cinq coups de revolver. Le directeur du "Figaro", atteint par trois balles, est mort des suites de ses blessures Mme CAILLAUX AU «FIGARO» Vers quatre et demie, Mme Caillaux arrivait aux bureaux du "Figaro" et demanda à parleè" à M. Calmette. Notre confrère était à ce moment absent. Mme Caillaux se retira et fit les cent pas dans rua Drouot. Elle avait, au préalable, rais sa carte de visite dans une eriivaksppe qu'elle chargea un garçon de remettre à M. Calmette. Pendant ce temps, M. Calmette était rentré au ''Figaro1"., en compagnie de M. Paul bourget. Il eut avec l'académicien une conversation assez longue, dans son cabinet.D'autre part, Mme Caillaux était revenu© au "Figaro" et attendait dans une salle attenante. A six heures et demie, M. Oallmette sortait die son cabinet, précédé de M. Bourget. On lui remit l'enveloppe, et comme M. (Bourget lui disait: "Voyons, vous n'allez pas la recevoir", M. Calmette répondit: "Si c'eut une femme, je dois la recevoir!'" et il envoya un garçon prier Mme Caillaux de passer dans son bureau. L'ATTENTAT La feunme du ministre des finances pénétra dans 'le cabinet, plongé dans l'obsdurité. M. Calmette allait se placer devant eoni secrétaire. Le garçon tournait le commutateur électrique. Mme Caillaux, qui tenait un browning de six millimètres à la main, leva son arme sur M. Calmette, et tira cinq coups sur notre confrère. M. Calmette toimba dan® un fauteuil. Mme CAILLAUX DÉSARMÉE Au bruit dés détonlations, le garçon de bureau qui se disposait à quitter la pièce par une porte de côté, se retourna et bondissant sur Mme Caillaux, lui enleva son revolver. Il appela à l'aide et apssi-tôt le personnel du "Figaro" accourut, tandis qu'on transportait M. Calmette sur une banquette d'ans le couloir donnant accès aui bureau du secrétaire de la rédaction. L'ARRIVEE DE LA POLICE On prévint aussitôt le commissaire dé police du deuxième arrondissement. Mme Caillaux fut conduite dans une salle en attendant l'arrivée de la police. Elle était entourée de rédacteurs du "Figaro»". Un silence lourd régnait dans la salle. Mme Caillaux n'avait point perdu son sangf-froid, et d'un air pincé elle dit: "Puisqu'il n'y a plus de justice en France!... " Lete agents, mais non le commissaire de policé, arrivèrent enfin. Lorsqu'ils surent que la meurtrière était la femme du ministre des finances, ils ne voulurent point l'emmener, objectant qu'il fallait 'leur donner le revolver qui avait servi au dlrame. Mme Caillaux elle-même disait: "Mais pourquoi m/emmener, j'ai rendu mon revolver ! " On chercha Ce revolver; on le trouva, et vingt minutes après, sur les instances réitérées de toutes les personnes pré-senteO, le® gardiens de la paix, toujours hésitants, faisaient enfini monter Mme Caillaux dans sa voiture. La femme du ministre était venue en effet en automobile, et de quatre heure® et demie à six heures et demie., cette voiture avait sltationné devant l'immeuble de notre confrère. DECLARATIONS DE Mme CAILLAUX Au commissariat, Mme Caillaux subit tout d'abord un interrogatoire d'identité, puis elle a fait les déclarations suivantes, qiui'e'lle a manifesté le désir de voir communiquer à la presse, afin, aj-t-elle dit, qiue la lumière soit faite sur la camjpagrie du "Figaro" : — C'est, a-t-el'la dit, la, publication de la lettre adressée par M Caillaux à une femme; à moi, qui m'a exaspérée. Je me renseignai auprès de personnes^ amies et entr'autres auprès dei M. le président Monnier, sur les moyens de faire^ cesser cette publication. Il me fut répondu qu'il' était bien difficile, sinorii impossible d'intervenir1. Tous les jours, me di-sait-on, des faits semblables se produisent &b souvent ceux qui poursuivent leurs diffamateurs 'se voient condamnés eux-mêmes. " Apprenant, d'autre part, que des lettres plus intimes encore allaient par raître a ans le " Figaro ", je résolus de l'empêcher. ''' Cet après-midi, j'achetais un revolver et après être rentrée chez, moi où je le chargeai, je me fis conduire' au •"Figaro". Là, j'attendis fort longtemps. Je fi® remettre une carte sous enveloppe à M. Calmette et' iut reçue courtoisement et très poliment par le directeur du "Figaro". " M. Calmette qui \se, trouvait derrière eon bureau, m'invita à m''asseoir et me dit : " — Quel est le but de votre visite, Madame'2 " — Vous le savez bien, répondis-je, je ne viens pas pour vous dire bonjour, et à ce moment, ne pouvant me maîtriser plus longtemps, souffrant des humiliations infligées par cet homme à mon; mari, je sortis mon arme dissimulée jusqu'alors, dans mon manchon ; je la braquai aur lui et fis feu de toutes les balles qu'elle contenait. M. Calmette, surpris à la première détonation, cherchait à se dissimuler, se baissant derrière son bureau. Au bruit des coiups de feu, les garçons et les personnes, présentes accoururent." Je tendis mon arme à l'un de® garçons. 'en lui disant: "Puisque dans ce pays il n'y a pas die justice, je me fais justice moi-même. On peut m'emmener où l'on voudra". " Je fus amenée dans le bureau du secrétaire de la rédlaction, où les rédacteurs entourèrent le fauteuil où j'étais assise. (L'un d'eux, pour rompre le silence pénible qui pesait sur l'assistance, dit: "II1 fauit emmener cette femme au commissariat ". " Je répondis très tranquillement à ces paroles : "Je vous remercie, ma voiture est en bas ". Mme Caillaux termina ainsi: "Je regrette mon acte, je ri'avais pas d'ailleurs l'intention de tuer M. Calmette et je serais heureuse d'apprendre qu'il se rétablît. Je voulais seulement lui donner une leçon. " Mme Caillaux (Henriette Ràynouard) est née en décembre 1874, à Paris; cJie éiwusa d'abord M. Léo Claretie. TRANSFERT DU BLESSE DANS UNE MAISON DE SANTE M. le sénateur Reyimond, docteur, prévenu, arriva en toute hâte. U ordonna aussitôt le transfert du blessé à la maison de santé Hartmann, avenue 'Victor Hujîo. Tandis qu'on transportait M. Calmette sur une civière jusqu'à l'ambulance-automobilé, on entendit M. Calmette, leis yeux à demi -fermés, murmurer: "J'ai fait mon devoir... Mes amis... Ma maison ! 'r M. Calmette a été atteint par trois bailles : une1 dans la région thoracique, une dans la partiel supérieure de la cuisse, et la troisième a pénétré dans le petit bassin. M. CAILLAUX APPREND L'ATTENTAT M. Caillaux, qui avait passé la plus grande partie de l'après-midi au Sénat, était rentré depuis quelques instants au ministère des finances, et se disposait à donner des signatures à son chef de cabinet, M. de Labeyrie, lorsqu'il apprit, vers sept heures, par un coup de téléphone de1 M. l'aoli, chef du1 cabinet du, préfet de police, lie drame qui venait d'avoir lieu rue Drouot. Bientôt les amis personnels du ministre, prévenus de divers côtés par téléphone, accoururent au ministère: MM. C'eccaldi, Franklin-Bouillon, députés ; Malvy, ministre du commerce ; René Re-noult, ministre de l'intérieur, etc. M. Caillaux s'entretint rapidement avec eux, puis quitta à sept heures et demie, le ministère, pour se rendre au poste de police, où avait été conduite Mme Caillaux. LE MINISTRE AU COMMISSARIAT Vers huit heures, M. Caillaux s'est présenté au commissariat de la rue du Faubourg-Montmartre, où il a été reçu par le commisisaire, M. Carpin. Il paraissait en proie à l'émotion In- plus vive et il était immédiatement ini, oduit dans le bureau du commissaire où se trouvait déjà sa femme. Dans une sal'le voisine et en présence, dit-on, de M. Malvy, Mme Caillaux eut, son interrogatoire terminé, une entrevue de quelques instants avec son mari. L'ARME DE LA MEURTRIERE Le revolver dont s'est servie la meurtrière est un browning de 6 m/m 35. Cinq balles avaient été tirées, et Mme Caillaux avait si peut perdu son sang-froid qu'au moment où l'arme fut remise aux agents, elle mit ceux-ci en garde contre les dangers que pouvait présenter la balle qui était restée dans le canon. L'EMOTION A PARIS La nouvelle de l'attentat fut rapidement connue dans Paris. Une foule considérable, difficilement maintenue par les gardiens de la paix, fut bientôt massée devant les locaux du "Figaro" et lorsque M. Calmette, étendu sur une civière, fut transporté à l'ambulance-automobile, tout le monde se découvrit. AU COMMISSARIAT Dès que Mme Caillaux eut été amenée au commissariat du foubourg Montmartre, la foule ne cessa d'affluer devant la porte d'entrée. Pendant plus d'un quart d'heure, la circulation fut interrompue dans le faubourg. On vit tout d'abord arriver M Lescouvé, procureur de la Képubliqûe, et M. Boucart, juge d'instruction ; puis encore MM. Ceccaldi et Franklin-Bouillon ; M. Mouton, directeur de la police judiciaire ; M. Chanot, directeur de la police municipale ; Paul Guichard, sous-directeur de la, police municipale, et des brigades d'ag:ents._ Devant la porte du commissariat stationnaient deux a.utomobiles de grand luxe, celle de Mme Caillaux, dans laquelle la meurtrière avait été conduite au: commissariat ; celle du> ministre des finances. M. Caillaux arrivé au commissariat vers huit heures, avait été aussitôt introduit dans le bureau du commissaire au moment où celui-ci s'apprêtait à faire subir à Mme Caillaux un interrogatoire d'identité. La meurtrière ne s'était pas départie un seul moment de son eang-froid. lia, feule trèsi calme; mais toujours aussi nombreuse, attendait dans l'espoir d'apercevoir le ministre des finances on la meurtrière au moment oh ils quitteraient le commissariat. On eut l'idée qu'à un moment donné, Mme Caillaux sortirait furtivement dans son automobile, pour être conduite au parauet, mais la police cherchait une issue pour dérober Mme Caillaux aux manifestations de la foule M. Lescouvé se rendit dans la boutique d'épiceries de Mme Radiguet, rue de 1a, Grange-Batelière, et placée exactement derrière le commissariat. M. Lescouvé pria l'épiciè-re de bien vouloir s'entremettre pour laisser sortir pair son établissement Mme Caillaux. Ce fut chose entendue ; immédiatement et après un crochet dans la rue de la Grange-Batelière, M. Lescouvé s'en revint au commissariat. UNE SORTIE PRECIPITEE De Mme CAILLAUX A neuf heures exactement, Mme Caillaux, accompagnée de M. 'Lescouvé, Ceccaldi, Franklin-Bouillon, descendait du commissariat, mais arrivée au bas de l'escalier, une porte de communication donnant sur l'ami ère-boutique de l'épicerie Radiguet, était ouverte t c'est par ce passage improvisé que la femme du ministre des finances arriva dans son auto. Mme Caillaux, qui était vêtue d'une robe noire, d'un manteau d'astrakan et d'un chapeau noir, surmonté d'une m»-gnifique aigrette, se précipita dans sa voiture ; elle ne se trouvait nullement émue et semblait plutôt soucieuse d'éviter, semble-t-il, les photographes qu'elle craignait énormément. Cette sortie précipitée passa inaperçue. Mme CAILLAUX A ST-LAZARE Mme Caillaux fut conduite par M. Mouton et M. Ducrocq, commissaire divisionnaire, à la prison Saint-Lazare. Pendant ce temps, la nouvelle du départ de Mme Caillaux par l'épicerie Radiguet s'était répandue comme une traînée de poudre. La foule se porta alors rue de la Grange-Batelière. M. CAILLAUX CONSPUE A 9 heures 05, lie ministre des finances a quitté le commissariat pour employer le même chemin que celui qu'avait pris Mme Caillaux. A ce moment on vit s'amener l'automobile de M. Pierre Mortier, directeur du " Gil Blas ", ami également de M. Caillaux. M. Mortier était accompagné du garçon de bureau du commissariat. Le ministre des finances, le visage tout rouge, apparut dans la boutique, précédé par le directeur de la police municipale qui, le chapeau à la main, s'inclina, au passage du ministre. A peine M. Caillaux eut-il franchi le seuil (Je la bou-

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Cet article est une édition du titre La Flandre libérale appartenant à la catégorie Culturele bladen, parue à Gand du 1874 au 1974.

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