Informations Belges Observation importante Les difficultés inhérentes à l'état de guerre rendent actuellement impraticable le contrôle régulier des nouvelles de presse concernant la Belgique occupée ; lorsqu'il s'agit de nouvelles indirectes, il est seulement possible, e* certains cas, de s'assurer de l'exactitude de leur texte ou de leur substance, par un contrôle de leur source première de publication. On aura donc égard aux classifications ci-après : (x) signifie : Information indirecte et qui, tout en présentant des caractères suffisants de vérité, /l'a pu être contrôlée sur source. (xx) signifie : Information indirecte qui a pu être contrôlée sur source. (xxx) signifie : Information de source officieuse ou officielle belge. Les notes d'information directe et personnelle ne sont précédées d'aucun signe. Adresser les communications de service : 52, rue des Gobelins, ILE HA.VRE (Seine-Inférieure) France. (xx) — La crise alimentaire empire de jour en jour en Belgique occupée. — Témoignage d'un représentant de la « Commission for Relief in Belgium c. — M. Maurice Pate, représentant de la C. R. H. (CommissionJor Relief in Belgium) pour la province de Hainaut, a donné, dans un rapport au comité directeur de la Commission, des détails sur la situation alimentaire dans la Belgique occupée et sur l'œuvre accomplie par la C. R. B. Le rapport a été fait au début de juin 1917, c'est-à-dire au moment où, expulsée de Belgique par suite de la dédéclaration de guerre des Etats-Unis, la direction américaine de la Commission a été transférée aux représentants diplomatiques de l'Espagne et de la Hollande. Depuis la déclaration du blocus, le 1er février, et la diminution qui en résulte des arrivages à Rotterdam, les rations alimentaires pour la Belgique ont baissé d'un tiers. Pendant la seconde moitié de février, les bureaux de la C.R.B. furent assiégés journellement par des délégations venues de différentes parties de la province, surtout de la région de Mons. M. Pate résolut de se livrer à une enquête. Il débarqua le 27 février, seul, à Quaregnon, village industriel de 10,000 habitants près de Mons et visita un certain nombre de maisons de la classe ouvrière. Ces investigations montrèrent en résumé que les gens ne subsistaient qu'au moyen des rations de la C.R.B., et n'avaient que peu de nourriture provenant des produits indigènes. La plupart des familles ne faisaient que deux repas insuffisants par jour. Les hommes étaient émaciés et si affaiblis que le 'travailleur était quasi impossible. Dans les grandes houillères et usines, les ouvriers malades de faim n'arrivaient plus qu'à grand'peine à fournir une moyenne de 2/3 de leur production normale. Ils arrivaient au travail avec leur musette à peu près vide et plusieurs n'avaient, pour le repas de midi, que des tranches.de rutabaga. Durant lévrier et mars, la « Soupe populaire » fonctionnant partout dans le Hainaut put obtenir certaines quantités supplémentaires de matières alimentaires importées. Le nombre de clients pour la ration de soupe quotidienne a monté de 60,000 au 1er février à 400,000 pour le Hainaut seul, à la fin de mars. En dépit de l'aide additionnelle donnée par la « Soupe », les bureaux de Mons de la C. R. B. furent encore assaillis par une foule d'ouvriers, de femmes et de sans-travail, mais il était impossible de donner satisfaction à leursjustes et ardentes revendications. A la mi-mars, des troubles et des démonstrations eurent lieu dans un certain nombre de villages industriels. Les troupes allemandes furent obligées d'intervenir à Jemapes et à Hornu. Lel" avril, une grève générale des ouvriers eut lieu dans tout le centre du Hainaut. Il n'y eut aucune démonstration, aucun acte hosti e. Les hommes firent valoir simplement qu'ils ne possédaient plus la force physique nécessaire pour continuer le travail. Le 5 avril, durant la dernière matinée passée à Mons par M. Pate, un groupe de vingt femmes d'ouvriers de Pâturages (village à dix milles de Mons), vint lui exposer la plus lamentable des situations. Le groupe était conduit par une femme dont les traits révélaient de la force et du caractère. Or, tandis qu'elle parlait, elle s'évanouit sous les yeux de l'assistance. 11 y avait là des hommes aux âmes bien trempées, industriels et personnalités politiques du Hainaut. Aucun ne put rester insensible devant cette scène résumant les souffrances de 300.000 habitants de la province. Bref, jusqu'en 1917, par une vigoureuse campagne à l'étranger, la santé et le bien-être de la Belgique avaient pu être sauvegardés. Mais durant les 4 derniers mois du séjour de M. Pate les rations de la C.R.B n'ont plus eu que 65 0/0 de leur vaieur et les réserves de produits indigènes se sont épuisées ; pour comble, les populations du Hainaut se sont augmentées à cette époque de 50,000 évacués français ! La détresse alimentaire est devenue telle que des familles belges, leurrées par des promesses allemandes sont amenées à devoir souscrire des engagements de iravail au service de l'Allemagne, dans l'espoir d'avoir à manger ! Ces cas de souscriptions restent pourtant exceptionnels, tant est tenace la volonté de la population belge de ne rien céder aux Allemands. Tous les Belges capables de réflexion, imputent à l'Allemagne la resposabilité des difficultés d'importation des vivres et en dépit de la propagande antianglaise que l'Allemagne ne cesse de mener sous main, la population ne cesse d'avoir confiance en la C.R.B. et dans les efforts des alliés pour remédier à la situation. N° 4SI 10 Septembre 1917

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