N° 563 bis 3 Janvier 1918 Informations Belges Adresse de la Chambre des Représentants de Belgique au roi Albert. « Sire, « Plus longue, plus dure est notre commune épreuve, plus est chère, à la nation belge et à ses représentants, la tradition de l'hommage de respectueux attachement présenté à Votre Majesté, lors du renouvellement de l'année. « C'est dans leurs peines surtout, que les familles sentent s'aviver leurs affections, qu'elles en multiplient les mutuels témoignages avec des paroles d'espérance et des vœux, et ces sentiments grandissent avec l'intensité des souffrances et la noblesse de leur cause. « En ce jour, Sire, dans l'exil que tant de douleurs rendent encore plus cruel, dans le pays aimé, — où nos compatriotes sont d'autant plus chers que la séparation est plus longue et qu'ils souffrent davantage — des temples, de l'intimité douloureuse des foyers, de nos plaines dévastées où coule un sang héroïque, la Belgique porte sa pensée vers son Auguste Chef et des cœurs s élèvent, avec les prières à Dieu, les meilleurs vœux pour Votre Majesté, pour Sa Majesté la Reine, pour la Famille royale. « Sire, vous ne séparez pas votre bonheur de celui de la Patrie. Avec Votre Mnjesté, nous conservons le ferme espoir que le Tout-Puissant, ardemment imploré, daignera rendre prochaine, dans l'année nouvelle, la restitution de la Belgique à elle-même qu'appellent les revendications, chaque jour plus éclatantes, de la conscience de l'Humanité. a Le Doyen d'âge des Membres de la Chambre des Représentants qui se trouvent hors du pays envahi, « (S) J. Van Cleemputte ». Adresse envoyée par le comte Goblet d'Al-viella, vice-président du Sénat de Belgique, au roi Albert, à l'occasion du Nouvel An 1918. « Sire, « J'ai l'honneur de me faire l'interprète des membres du Sénat, en priant respectueusement Votre Majesté d'accepter, à l'occasion du renouvellement de l'année, les vœux sincères que nous formons pour le salut de la Patrie, la santé de Son Auguste Souverain et le bonheur de la Famille Royale. « L'année qui vient de s'écouler a, une fois'encore, déçu nos espérances les plus chères. Sept millions de Belges restent sous la pesante domination d'un envahisseur qui ne leur épargne aucune des persécutions réprouvées par le droit des gens et les principes de l'humanité. Un long ci>i de douleur s'élève de cette noble terre que désolent les exécutions, les emprisonnements et les condamnations arbitraires, les exactions déguisées sous le prétexte de réquisitions et de contributions de guerre, les déportations perpétrées dans des conditions qui rappellent les exploits des conquérants barbares, le pillage et la destruction systématique de nos usines, comme pour attester que les maîtres du jour ne veulent pas seulement nous atteindre dans le présent et le passé, mais encore dans l'avenir. Enfin, s'attaquant à nos institutions traditionnelles et à l'âme même de notre nationalité, ils tentent, après avoir brisé notre indépendance, de briser notre unité, en décrétant sans droit une séparation administrative, contraire aux vœux de l'immense majorité de nos concitoyens,comme à la réalité des faits historiques. « Mais il nous reste la profonde joie de constater que ni les persécutions, ni les menaces, ni les pièges n'ont réussi à entamer la magnifique résistance morale de nos populations qui ont su préserver, au milieu des difficultés et des périls, l'héritage de leur dignité et de leur loyalisme. Les privations croissantes ne les ont pas amenées à préconiser une paix boiteuse et prématurée. Les traitements les plus barbares n'ont pu imposer à nos ouvriers ni à nos chefs d'industrie de travailler au bénéfice de l'ennemi. La séparation administrative a pu être réalisée dans les règlements, elle ne l'a pas été dans les cœurs ; la résistance passive des administrés ; les démissions multipliées des fonctionnaires ; les protestations énergiques des mandataires publics, dont, récemment encore, les autorités communales de Bruxelles ont donné l'exemple, en termes dignes et courageux, font aisément prévoir le sort de cette prétendue réforme au jour de la libération, sans oublier le châtiment réservé aux quelques égarés qui s'en sont faits les complices. « Ces fermes dispositions trouvent un écho chez ceux de nos concitoyens qui ont pris le chemin de l'exil pour échapper aux attentats de l'invasion. Après les tâtonnements inséparables d'une adaptation toujours pénible, ils se sont mis à chercher du travail; la plupart en ont trouvé, en attendant qu'ils puissent réaliser l'ardent désir de rentrer dans leurs foyers, smhs pour cela oublier ce qu'ils doivent à la généreuse hospitalité des gouvernements et des populations qui les ont si largement secourus dans leur première détresse. « Que dire de l'ardeur qui anime les rangs chaque jour plus serrés de notre armée nationale, dont la vaillance, la discipline, l'endurance se sont affirmées pendant les quarante mois où elle a défendu pied à pied contre un ennemi supérieur eu nombre, le territoire de la patrie violée. La Belgique n'oubliera jamais comment, dans cette tâche glorieuse, ses soldats ont été soutenus à travers les fatigues, les privations les périls, par la presence directe, les encouragements et les exemples de son Roi ; pendant que, aux côtés de Votre Majesté, une admirable princesse prodiguait à nos blessés, à nos malheureux, à nos enfants chassés de leurs foyers, les trésors de son âme de femme et de reine. « Ce n'est pas sans émotion que nous avons suivi nos solduts dans les récentes incursions au delà de l'Yser, par lesquelles ils ont brillamment préludé à la poussée définitive qui, avec le concours de nos Alliés, permettra de libérer le reste de nos provinces. Faut-il ajouter que cette préoccupation des événements qui se passent ou se préparent sous nos yeux ne nous a pas empêchés de saluer en même temps avec une légitime fierté les victoires décisives que nos forces nationales ont remportées sous d'autres latitudes où elles marchaient avec les mêmes Alliés et se heurtaient aux mêmes adversaires ? i Si, enfin, nous regardons autour de nous, nous ne pouvons que nous réjouir de voir les puissances de l'Entente garder intactes, avec la volonté de

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