2oe Année, N° 16. SIX pages — Prix du numéro : 10 centimes Dimanche, 18 Avril 1915. L'INFORMATION ABONNEMENT : Bruxelles et agglomérations : Un an, fr. 4.00 — Six mois, fr. 2.00 Trois mois, fr. 1.00 Province et l'Etranger, le port en sus On c'oVinnnu Hanc +r\nc l^c r»r»ctP JOURNAL HEBDOMADAIRE Affilié à l'Union de la Presse Périodique belge Téléphone : B 7029 Boite postal» H° 4 de Bruxelles l Compte chèques postaux 3856 BUREAUX : 183, BOULEVARD EMILE BOCKSTAEL Administration de la vente : 15, Rue des Teinturiers, Bruxelles-Bourse ANNONCES : Petite annonce . . la ligne fr. o.35 Judiciaires » fr. o.5o Réclames » fr. i.oo Nécrologies .... » fr. 0.60 Les annonces sont reçues par les Agences de Publicité et aux bureaux du journal. — — «v il» » viivw • ^ >j x vuiuuugiiSj AJ1 UACllCi3"iJl' Toutes les communications doivent être exclusivement adressées à IH. le directeur de ,.1'INFORMATION DE BRUXELLES" Bruxelles SOMMAIRE; : Le Pape et les Etats-Unis L'endurance financière Autour des Dardanelles L'Autriche et la Pologne Une erireup de Bismarck. — Les Sites enchanteurs : Le printemps au Quarnero. — La vie intime du Pape Benoit XV. — Feuilleton : Le Droit en temps de Guerre, par M. le Conseiller Ernest NYS, professeur de Droit international : Les réquisitions de choses. — Les auteurs. — Les opérations militaires et la destructions des biens immobiliers et mobiliers. — La saisie des biens qui constituent des moyens de guerre. — Bruxelles-Attractions. — Nouvel horaire de chemins de fer. — Correspondances internationales. — Indicateur des vicinaux. L'INFORMATION est en vente : En Belgique : ANVERS : Roelans, 4, rue St-Pierre. „ Van Loo, rue du Régent, 9. ARLON : Ernest Vacca, Concessionaire pour le Luxembourg. CHARLEROY : Agence Dechenne, 42, rue de Marchienne. GAND : Dobbelaere, 63, rue de Flandre. LIÈGE : Bellens, rue de la Régence. LOUVAIN : Stroobant, rue de Diest, MONS : Mme Vve Scattens, rue de la Petite Guirlande. NAMUR : Librairie Roman, 43, rue de Fer. „ Héro, place de la Gare. Vente en gros et Abonnements : BRUXELLES : Agence Dechenne, 18, rue du Persil. A VEtranger : AMSTERDAM : Seyfardt-librairie. VIENNE : Goldschmid I, Wollzeile, 11. ROME : 11, Bocca di Leone (Tél. 2726). BERLIN N. W. 7. : Georg Stilke, Dorotheenstrasse, 66-67. PARIS : Société Européenne de Publicité, 10, rue de la Victoire. LONDRES, E. C. : id. id. 1, Snow-Hill. Le Pape et les Etats=Unis. I— | Une dépêche de l'agence officieuse anglaise (Reuter) du 10 avril a fait connaître que l'Allemagne a adressé aux Etats-Unis une note, pour se plaindre de ce que les représentations de ceux-ci aux alliés, au sujet du transport de vivres destinés à la population civile des pays belligérants, n'aient produit aucun résultat. L'Amérique, d'après cette note, n'affirme de loin pas avec autant de force ce droit que celui de livrer des armes aux alliés. La note insiste pour que les Etats-Unis veuillent observer plus soigneusement la neutralité. En fait, l'Allemagne n'a reçu aucun envoi de vivres des Etats-Unis depuis plusieurs mois. Cela n'empêche qu'un correspondant du « Daily Telegraph » et du « Manchester Guardian », qui a séjourné en Allemagne pendant ces trois derniers mois, affirme qu'il est « ridicule » de vouloir essayer d'affamer l'Allemagne et qu'on n'y peut compter. Les témoignages neutres en ce sens sont d'ailleurs tellement concordants que nous n'en reparlerions plus et que nous considérerions la note révélée par l'agence anglaise comme une simple protestation ou réserve théorique, si sa publication ne coïncidait pas avec une manifestation du Pape, que la presse allemande et autrichienne et une partie de la presse américaine interprètent d'une manière intéressante au point de vue de l'envoi des munitions de guerre. Cette interprétation n'a pas été démentie depuis son apparition dans le u World » de New-York le 10 avril ; elle paraît être envisagée comme admissible par des articles du « Times », du « Daily Telegraph » et de la | <c Pall Mail Gazette ». Si elle est exacte, le Pape Be-■ noît XV se serait prononcé contre la fourniture d'armes i aux belligérants par les Etats-Unis. Il aurait dit au re-| présentant de la presse américaine, auquel il a accordé, le lundi de Pâques, une interview : <( Envoyez au peuple américain et à la presse américaine mon salut et ma bénédiction, et transmettez à ce noble peuple mon unique vœu ; travaillez sans relâche et avec désintéressement pour la paix, afin que le plus vite possible une fin soit apportée à cette effroyable effusion de sang et à toutes ses horreurs ! Ainsi vous rendrez un grand service à Dieu, à l'humanité et au monde entier. Le souvenir de votre action en ce sens sera impérissable. Si votre pays évite tout ce qui peut prolonger la guerre qui fait couler le sang de tant de centaines de milliers d'hommes, alors l'Amérique, par sa grandeur et son influence, peut contribuer d'une manière spéciale à faire cesser rapidement cette guerre énorme. Le monde entier attache ses regards sur l'Amérique, pour voir si elle prendra l'initiative en faveur de la paix. Le peuple américain saura-t-il saisir le moment opportun ? Rem-plira-t-il le vœu du monde entier ? Je prie Dieu qu'il en soit ainsi... Tous mes efforts tendent vers la paix. Je mets tout mon espoir d'une paix prochaine dans le peuple américain et dans l'influence et la puissance dont il dispose dans le monde entier. Juste, impartiale et toujours neutre dans tous ses efforts, l'Amérique pourra, dès que le moment propre à nouer des négociations de paix sera venu, être certaine de l'appui le plus énergique du Saint-Siège. J'ai déjà fait savoir ceci au Président par un de ses amis les plus haut placés. » (I have alrea-dy let your Président know this through one of his hig-hest friends.) Le reporter américain ajoute que le cardinal Gasparri, secrétaire d'Etat, lui a exprimé les mêmes vues dans une audience ultérieure. Il termine en disant : « Un de mes plus précieux souvenirs sera toujours le manuscrit qui relate cette partie de mon audience et de mon interview du Pape Benoît XV, dans laquelle se trouvent ses paroles et son message à l'Amérique, et qui, traduite pour lui en italien, contient des ajoutes autographes du Souverain Pontife. » La presse prémentionnée interprête donc ces paroles comme un conseil de ne plus livrer d'armes ni de matériel de guerre aux belligérants : elle se base sur le désintéressement recommandé à plusieurs reprises aux Américains par le Pape, et surtout sur la phrase : « Si votre pays évite tout ce qui peut prolonger la guerre. » Le Souverain Pontife paraît être fort au courant de la situation économique des Etats-Unis, car il insiste aussi sur les pertes matérielles et commerciales qu'ils subissent à cause de la guerre ; elles sont, en effet, très générales, en dehors du groupe financier et industriel relativement restreint qui profite des commandes militaires. Il n'est pas douteux, d'ailleurs, qu'à défaut des fournitures américaines, la lutte ne doive bientôt finir faute de matériel et de munitions. La « Reichspost », le grand organe chrétien-social de Vienne, termine ainsi son récit et ses commentaires de cette manifestation : (( Une colombe est apparue au-dessus du déluge som bre. Elle porte le premier rameau d'olivier qui a verdi sur les murs de la Rome éternelle, comme une promesse joyeuse. » Si cette interprétation doit être confirmée, il faudra sans doute attribuer cette attitude pontificale, non seulement à l'action des catholiques allemands et austro-hongrois, si influents et même prépondérants à certains égards dans leurs patries, mais aussi à celle des catholiques américains, la plupart Irlandais ou Allemands ; leurs protestations contre la fourniture de matériel de guerre par les Etats-Unis aux belligérants ont été maintes fois signalées et ont sans doute été suivies de démarches faites à Rome. Autre chose est la question de savoir si cette manifestation du Pape aura actuellement une influence pratique. L'attitude assez souple du gouvernement américain vis-à-vis de l'Angleterre et du Japon semble démontrer que non. Les journaux hollandais ont, il est vrai, publié récemment des citations de nombreux journaux de langue anglaise de l'est des Etats-Unis, dont on croyait les sympathies acquises à la cause des alliés, mais qui, au contraire, prennent une attitude au moins strictement neutre et très différente de celle du gouvernement américain. Celui-ci serait abandonné à cet égard, récemment aussi, par le groupe des journaux dit du trust Hearst, et serait combattu aussi très vivement par ses anciens alliés les plus fidèles, les producteurs de coton du sud, pour lesquels la politique maritime de l'Angleterre constitue une véritable ruine. Le président et sa faible majorité parlementaire, d'ailleurs issus d'un hasard électoral à cause de la division de leurs adversaires, n'auraient donc presque plus, au point de vue international, aucun appui dans les organes de l'opinion, en dehors de certains journaux, plus anglais qu'américains, de New-York et des Etats du nord-est, journaux qui presque tous sont d'ailleurs leurs adversaires au point de vue de la politique intérieure. Peut-être la certitude d'être battus en tout cas, aux prochaines consultations électorales, a-t-elle déterminé le président Wilson et son secrétaire d'Etat Bryan à ne tenir aucun çompte de l'opinion et à jouer leur va-tout en suivant leurs idées et leurs préférences personnelles. C'est surtout dans cette hypothèse que les avances du Pape devraient être considérées comme n'ayant aucune influence sur eux. En tout cas, on peut penser, d'accord avec le « Daily Telegraph », que les paroles du Pape ne peuvent être interprétées en ce sens que le moment de l'intervention américaine serait arrivé dès maintenant. Les prières ordonnées pour le mois prochain supposent au contraire un certain délai, pendant lequel pourront se produire des événements en préparation actuellement. Le Pape, nécessairement impartial, ne se prononce d'ailleurs en faveur d'aucun des deux camps, mais bien en faveur de la paix. Feuilleton du 18 Avril 1915. Le Droit en Temps de Guerre (Suite du N° ij, 20e Année) Les réquisitions de choses Les auteurs. D'autres écrivains ont envisagé la saisie de la pre priété privée comme un moyen de guerre légitim et ils ont tenté de faire admettre qu'elle constitu< somme toute, un moyen d'hostilité humain et efficac< I D autres auteurs encore ont affirmé que les [réquis tions et les contributions sont la négation même d j respect du droit de propriété des particuliers. Est-necessaire de répéter ce que nous avons dit en nou occupant des réquisitions de services personnel: \ savoir que la guerre entraîne d'incalculables mau: t alors même que les belligérants s'abstiennent de vi< lences directes envers la population ? Est-il nécessair de montrer le péril que renferme l'extension de 1 notion des moyens de guerre à des procédés qi aboutiraient à anéantir le progrès réalisé par l'adof tion d une distinction entre les combattants et le ■ —— non-combattants ? Est-il nécessaire, enfin, de rappele que les réquisitions et les contributions ne sont nul lement une confiscation, mais résultent de ce qu'un domination de fait vient à s'exercer, et de dire qu les réquisitions ne peuvent se confondre avec 1 capture, puisqu'elles ont comme limites, non pas 1 volonté et les forces de vainqueur, mais ses besoins „Une fois admis, écrivait Rolin-Jacquemyns en 187] que le droit au pillage n'existant pas en principe les réquisitions et les contributions ne peuvent êtr >- le prix de la renonciation à ce droit, il en résuit e que leur but légitime n'est pas d'enrichir le vain ;, queur, mais seulement de lui procurer en pays ennen ;. les objets indispensables à l'entretien et au transpoi i- de ses troupes, tels que logement, vivres, effet u d'habillement (spécialement chaussures) et chevaux il Encore ce droit lui-même ne doit-il être exercé qu'ave s modération et eu égard aux ressources du pay occupé." Les opérations militaires et la destruction des biens )- immobiliers et mobiliers. e Dans un chapitre précédent, nous avons mentionn a en quelques lignes les droits et les obligations d îi l'Etat qui fait la guerre en ce qui concerne les bien >- immobiliers et les biens mobiliers des sujets de l'Ets s ennemi. ■ ——— r En ce qui concerne les immeubles, répétons que _ l'Etat belligérant ne peut pas s'emparer des immeu-e bles appartenant à des particuliers, mais qu'il peut e cependant les utiliser et même les détruire quand les a opérations militaires le commandent impérieusement ; a ajoutons qu'aux immeubles appartenant à des parti-? culiers sont assimilés les immeubles servant à la bienfaisance, aux cultes, à l'instruction, aux arts, aux sciences, même s'ils appartiennent à l'Etat, les immeu-e bles des communes, des villes, des départements, e des provinces; constatons également qu'aux mêmes immeubles sont assimilés les immeubles composant !Î le domaine privé du chef de l'Etat ennemi, tandis t que les biens composant la liste civile sont, pour s l'occupant, des biens du domaine de l'Etat. . „ En ce qui concerne la propriété mobilière autre c que la propriété mobilière de l'Etat, l'inviolabilité s constitue la règle, comme nous l'avons déjà vu. Pour la vie juridique elle-même, nous pouvons citer quelques lignes d'un auteur. Charleville constate que l'occupation de guerre n'influe en rien sur les rap-é ports qui, dans le pays occupé, existent soit entre e les personnes, soit entre les personnes et les choses, s „Ces rapports, écrit-il, continueront à être régis par ,t la législation civile ou administrative en vigueur avant l'entrée des troupes ennemies : propriétaires, posses-

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