Notre Belgique

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s.n. 1917, 31 März. Notre Belgique. Konsultiert 27 April 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/bz6154fc72/
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NOTRE BELGIQUE . Dieu protège la libre Belgique, ITflTf Ht PW Ll Mondb ét,r 1:0 ''BelBiqui brait mervèie Et son Roi I %Jt OJl -ljb*JLJLlv<si Et /:uss qui m an en z'est tir d'esse Wallon î rJL as'iï «les A.l»oxineiiae5iits A Siomsseisieiats ÏMaflitaîres î Militaires i . . . . I Mois 1,50 fr. 3 Mois 4 fr. RétigCiiOll fit ÊffSHîfifeStrL'^R * -î?> l?B8 ffe la ElïlèrS, ÊÂUUS Par Semaine i . . 0,25 fr. i par lo abonnements Civils : (France) . ... I Mois 3,80 fr. 3 ïïiois fa fr. _ »»„!., , nf ,, ... (Etranger) ... I Mois 2,80 fr. 3 Mois 8 fr. Par Ke{8 » • • ,>00 fr- 1 collectifs tTWVTVTTTVTWIP'WP'TV WV VW W WWV W W VW VW W ▼ ▼▼▼▼ ▼▼ W ▼▼▼▼▼▼▼ «F LUTTE A ICUPS DE BOMBES Vous êtes intriguée, Petite. Lointaine, vous êtes surprise de cette formule fréquemment employée par les communiqués belges : « 'Violente lutte à coups de bombes. » Vous dites, dans votre .'.ettre du samedi 17 mare, écrite à 5 heures 1/2 du matin — heure bien matinale pour line gentille mondaine !... « Nous attendons les zeppelins. A 4 heures, l'alarme a été donnée avec un tel luxe que si tous les Parisiens n'ont pas été sur pied, c'est que, vraiment, il est impassible de les éveiller. Depuis 4 heures, je contemple les rues, curieuse des jeux _ dj projecteurs. Nous avons plaisanté en attendant les zeppelins, mes voisines, et moi, et comme la breloque n'en finit pas de sonner, j'ai pris congé de-tout le monde pour vous écrire, Ami Soldat.... La breloque, sonne. Nous ne vtrrons pas les" zeppelins, et je n'entendrai pas la « lutte à coups de bombes » chère aux communiqués belge?. Parlez-m'en, dites : jo le veux ; je vous on prie ? » ■ Vos désirs, Petite Lointaine, étant des ordres, je vais m'exécuter et vous décrire ce que vous voudriez connaître. Il y a deux sortes de luttes par les bombes : celles qui se font nocturne-ment; celles qui sont diurnes. Toutes deux rappellent assez bien ce bombardement d'artillerie dont vous avez lu la description dans mon carnet de campagne (1). Néanmoins, il y a une quantité de nuances, plus ou moins ea.-ractéristiques.Voulez-yous me suivre en imagination ? Oui, vous y consentez : mettez votre casque et prenez votre masque ; celui-là contre les éclats et les balles, celui-ci contre les gaz, et tous deux pour éviter d'être punie Comme un simple soldat de deuxième classe. Faites un saut prodigieux. Là ! Nous voici en imagination dans un poste avancé. Fragment de tranchée, sorte de pion du vaste jeu de dames du front légèrement, mais audac.ieusement aventuré, ce poste peut être celui-ci, ou celui-là, peu importe. Le paysage change peu. Je vous prête les jumelles. Regardez pardessus le parapet. '» Là-bas, Petite Lointaine, là-bas, dans les. lointains, devant vous, ce sont les prairies, les villages, les marais, les petits bois des Flandres ; ce sont les lambeaux déchiquetés, morcelés ruinés, dévastés, des plaines blondes ou vertes que Thie' "Jylenspiegel et Nele-, autrefois, légendaires héros du chez nous sentimental et goguenard, hantaient de leurs amours délicates et franches ; ce sont les terres où les pères de ces Flan- i driens gourds et tenaces labouraient depuis des siècles ; ce sont les routes qui vont vers Bruges, vers Gand, « notre ville », tomme dit le Gantois, vers Anvers, vers Bruxelles et vers la Wallonie ; ce sont les chemins où nous avons juré de repasser un jour, afin de nous en retourner vers Liège, vers Gharleroi, vers Namur, jeter nos cris de joie efc de triomphe et cramignonner aux soirs des « ducasses » (2) en compagnie de nos crapaudes... (Nos crapaudes, Petite Lointaine ? ce sont les amies d'enfance, les petites cousines, .les bonnes amies qu'on salue après la messe, le dimanche, et dont on rêve... Nos crapaudes, Petite Lointaine ? ce sont celles que vos cœurs de marraines et de bonnes fées tâchent .à si bien remplacer... Bon ! voilà que je « déraille »...) Regardez bien dans les jumelles. Vous voyez, à votre gauche, la tranchée allemande ; nous l'appelons Tranchée X. Elle forme, devant vous, une .espèce d'angle arrondi avec la tranchée Y. Celle-ci a une forte tendance, depuis quelques jours, à se perfectionner, à se hausser sur la pointe des pieds, à se démener et à s'avancer, lentement, mais sûrement, vers la droite de notre poste. Consultez les soldats autour de nous ; ils sont agacés de ce progrès, mais ils attendant patiemment : ils savent qu'au jour fixé... Mais c'est aujourd'hui. La « lutte à coups de bombes » commence. Ce sont nos mortiers, nos engins d'artillerie de tranchées — non, je : 'ose pas vous les nommer ; il y a plusieurs « marques » célèbres, ayant chacune leurs spécialités et portant le nom de leur inventeur — qui ouvrent le feu Tournez-vous. Là-bas, suivant d'une seconde la grosse détonation entendue, un nuage blanc se glisse dans les <f coulisses » des tranchées. Demi-tour ! Vous entendez venir « la bombe ». Oui, Pe-■3We Lointaine, je crois que l'expression "i faire la bombe » vient de ce que beaucoup de « viveurs » rentrent lourdement, lentement, avec hésitation, comme va là-haut, la bombe elle-même. Attention : vous la voyez tourner. Elle décrit une courbe, tombe, et, dans un fracas, éclate. Un nuage de fumée, avec des mottes de terre, des cailloux, des éclats, tout cela formant fougasse noire et brune en forme d'éventail mi-fermé, jaillit vers le ciel. La bombe est tombée « trop court » : le tir va s'allonger( se préciser, se précipiter. Un, deux, quatre, plusieurs projectiles se suivent, bourdonnent, tournoient, tombent, éclatent. La rumeur grandit ; la terre tremble un peu. La Tranchée Y de nos ennemis est « _amochée », ébréchée. Une claie, toute" fraîche, se dresse, grotes- (1) Ce que j'ai vu de ia Meuse à l'Yser. Préface H. de Régnier, A. Fayard, à Paris («lit.) (n.n.r. e.) (2) fêle de villages. quement en équilibre ; des sacs pleins de terre font des pirouettes en l'air ; un fragment de passerelle, comme un gymnaste savant, réussit un saut périlleux ; l'élément avancé de la ligne ennemie se rompt-, fond, se bouleverse, s'aplatit. Mais voilà les lance-bombes ennemis qui tirent. Ce n'est rien ; ce n'est pas pour nous, du moins. Cela fait plus de tapage encore, et maintenant, devant nous, derrière nous, à gauche, à droite, grondant, éclatant, vociférant, des bombes roulent, tombent, s'élancent, font-« but » ou ratent dans un meii-mélo tonitruant. La lutte dégénère en « corps à corps » si l'on peut dire. C'est à qui tirera le mieux et le plus. Des canons, de temps en temps, maîtres de l'heure, se mêlent de l'affaire. Les nôtres, plus actifs, plus efficaces, vont, tantôt, quand notre action sera ' suffisante;, jouer le rôle de ces bons « agents dia police », qui, une rixe terminée ou à peu près, ne manquaient jamais d'intervenir pour secouer violemment la « victime ». Avez-vous bien vu ? C'était féerique : on aurait dit, en pleine lumière de cette journée déjà ensoleillée comme . une après-midi de printemps, un double et grandiose feu d'artifice diabolique ; i! y avait des gerbes brunes, des explo sions noires, des palmes bistrées de débris projetés ; cela n'avait qu'une vague symétrie ; cela courait de gauche à droite, de l'avant à l'arrière ; celh. vous bourdonnait aux oreilles, vous serrait un peu le coeur, mais c'était si réellement beau, si intensément dramatique et intéressant, qu'on suivait les péripéties de l'action, de la crise, de cette lutte avec tous ses sens et tous ses nerfs orientés-vers le dénouement. Et c'est alors, Petite Lointaine, alors seulement, qu'on se sent tout à fait « vibrer », de ta vibration spéciale du « chauvinisme ». Les plus récalcitrants, les plus bougonnants des soldats — et Dieu sait si le Belge affectionne de manifjsier de la mauvaise humeur... de surface — involontairement, instinctivement, devient le « supporter » le plus acharné, le plus enthousiaste de. nos îaScê-bombes, de nos mortiers. Cela vous empoigne le lyrisme d'un homme c-onime une formidable partie de football ou il n'y .aurait que des balles, des couloirs de tranchées, des' choses qui fusent en l'air... et qui sait ? ici, là-bas, d'invisibles joueurs frappés à mort.. Venez, Petite Lointaine, vùici venir les brancardiers...Le soir, la lutte de bombes èst plus tragique, plus impressionnante encore. On ne voit rien. Des fusées tâchent à éclairer les sites fantastiquement mélancoliques de Flandre. Des grenades, isolées, ou par chapelets, 'comme les formidables pétards de vos « 14 juillet » français, ajoutent leurs explosions et leurs " zuïnements » — vous ' aimez ce mot ? il n'existe pas,, hélas ! — aux éclatements et aux coups de départ les bombes. Des lueurs, sur le fond des horizons lointains, s'élèvent — en «'ouvrant en éventails ou en queues de paon toutes rouges — fugitives irradiations sur l'obscure noirceur de l'âme nocturne. Des mitrailleuses se répondent de ci, de là. Des canards sauvages, des poules d'eau s'effarent. Et les bombes vont, éclatent, viennent, explosent, partent, tonnent, arrivent, grondent et s'élancent pour tout bouleverser et s'amènent pour tout saccager. C'est un duel de bruits infernaux et de démolitions, Celui, qui frappe le mieux, qui, « à la fin de l'envoi touche » le plus souvent, celui-là finit par avoir gain de cause. S'il y a des victimes, des soins leur sont donnés et on les emporte, tandis que, déjà, le silence à peine établi, le calme occupé se repelotonner aux parapets des petits postes et des premières lignes, hâtivement, mais gaiement, le « génie » et l'infanterie pansent les plaies des abris, des revêtements, des murs de terre, des boyaux, des passerelles.Puis, quand l'aurore se lève, à "heure où ce samedi 17, vous attendiez sans doute en un déshabillé charmant et délicieusement ébouriffé, les zeppelins, la vie tranquille recommence, comme si rien n'avait troublé la nuit, et le « com-muniiqu'é » belge, deux jours plus tard, vous dit : « Violente lutte à coups de bombes dans la région do Machin et de Chose ». Et vous lisez cela distraitement, comme on lit- un refrain auquel on est par trop accoutumé... Peut-être ■avez-vous tort, car le courage le plus beau n'est pas toujours dans les coups de hardiesse d'un héroïsme merveilleux et ineidentel, mais, comme le reconnaissent tous les psychologues, il est le plus souvent dans l'héroïsme quotidien et continu. Je dois vous quitter, Petite Lointaine : mon grand chien Luc s'en, est allé conter fleurette, l'herbe tendre et je ne sais quel vent l'y poussant, à Mirette, notre jolie voisine. Je m'en vais quérir ecelui-ci et caresser celle-là, une ehiénne élégante. Dites-moi ? Que pensez-vous du nouveau ministère ? J'ai beaucoup aimé votre mot du 17 mars : « On constitue un nouveau ministère ; à force d'en constituer, nous finirons par en connaître la fabrication : « Moi, soldat, je n'ai aucune opinion, si ce n'est ia vôtre, Petite Lointaine, et celle-ci, pour vous saluer dans trois jours, au matin : « Vous êtes délicieuse I » Maurina Gaucubz, Mon vieux Verviers Un caxnarade verviétois nous envoie 'le la tranchée une lettre très intéressante, qui fait revivre de façon frappante divers aspects de notre bonne ville. Je le remercie au nom de tous ses concitoyens de l'A. B. et lui cède sur le champ la parole. A mes amis de Verviers On a souvent écrit et parlé de notre « Vix trô du Vervi », j'ai lu différents articles, ils ont fait revivre en moi, un peu de la vie si douce d'autrefois. Que de souvenirs ne nous rappelle pas notre vieille gare Oue^t, l'Harmonie, la rue du Brou, le marché, <c la batte », les boulevards, promenades si chères à tous les verviétois. Mais ce qui fait la grande animation et le commerce de la ville, et ce qu'on semble un peu oublier, ce sont les populations ouvrières si laborieuses, des communes environnantes, qui se raccordent directement par de grandes artères à la ville : Dison, Ensival, ï-IoV dimont Heusy ; puis tous les quart populeux de Mangombroux, Gérard-Champs, Renouprez. les Heids et le Nouveau Quartier des Hougnes. Dans toutes ces communes et quartiers fourmillent ouvriers et ouvrières, qui, lorsque sonne l'heure de midi, s'empressent de rentrer chez eux, si ce n'est uas trrp loin. Les autres vont faire faire leur café, dons la petite boutique toute proche, où ils trouveront, « l'aiwe eûte po one dumeïe cens » ou prendront d'assaut avec leurs assiettes , tout en se chamaillant, les pommes frites croustillantes Me la petite friture d'à côté ; car c'est rie règle chez nous : près d'une fabrique, il y a toujours, la boutique à <( l'eau cuite » et. la petite triture : puis, près de leurs machines, ils dînent et font la sieste le « temps de l'heure ». Bsmanche verviétois Le dimanche on se repose, on fait son petit tour, on. ne manque pas d'aller, plàc'è du Martyr. C'est là qu'est notre « batte », lapins, poules, coqs, canards, en un mot toute la basse-cour y est représentée ; plus loin, les oiseaux de- toutes sortes sont exposés en vente, et nombreux sont les amateurs endimanchés, qui viennent d'un peu partout, pour faire sur notre « batte » une occasion peut-être. A côté, des cris divers de tous ces petits animaux, vous entendez le boniment gouailleur des camelots à l'accent étranger, qui parviennent facilement à débiter leur camelote toujours la môme d'ailleurs : parapluies., pipes en imitation d'ambre -et d'écume, pâtes à rasôir etc e;c. J'oubliais presque le chanteur populaire avec son accordéoniste qui, chaque dimanche occupe \in nlnor> .assez conséfluentewl'ia. jà, et vient nous débiter les dernières nouveautés de Paris, ou les actualités de la semaine. ^ Passons maintenant à une autre scène typique, digne d'un film de cinéma, scène qui se déroule tous les dimanches depuis le carrefour si important de l'Harmonie, en passant par la rue de l'Harmonie, rue du Brou, place Verte, place du Martyr efc rue du Spintay ; toute la population qui est de sortie ce jour-là, toute notre bfelle jeunesse, jeunes gens et jeunes filles, encombrent les trottoirs,trop étroits ; les petites bouquetières, italiennes, je crois, offrent les belles branches de mimosas et les bouquets de violettes à deux sous ; (C'est dimanche, il fait beau. Il faut bien se fleurir). Les pâtisseries, après les sorties de messes, regorgent aussi d'amateurs de friandies si bien présentées. La foule se promène lentement, et admire les toilettes claires et pimpantes. Midi a sonné depuis longemps à toutes les horloges. Les rues" semblent s'éclàircir, le-- marchands rte la (( batte » ont replié bagage, la ville pendant quelque temps semble plus calme, c'est seulement après quatre heures que l'animation reprend en grandissant à chaque heure. C'est ainsi qu'on va chez Cartel pour les « fritches et les mosses » et chez « le petit chef » pour les boulettes et le lapin sauté. Que de fois des farceurs n'ont-ils pas « embêté » le père Jôseph, en imitant le miaulement du chat de son établissement. Voilà quelques souvenirs que « Mon vieux Verviers » a évoqués à ma mémoire. Et je termine par un souhait : c'est que nous tous, Verviétois de l'A, B. nous nous retrouvions bientôt dans notre chère cité, avec nos familles, et que nous soyons tous unis, un pour tous,.et tous pour un. » J. N. Une bonne fortune Un brave verviétois vient do quitter nos bureaux. Il nous a fourni sur Vervier», d'où il est sorti il y a quelques semaines, les renseignements suivants : Au moment où il est parti, 1 habitants étaient obligés de rentrer le soir à 7 heures, parce que les Boches avaient été exaspérés de lire sur 1' « Escalier de la Paix » l'inscription : « A bas les Boches ! » Le vicaire Roland, successeur à Ste-Juliénne, de M. Ancion, -le dévoué directeur de Vervi-Volà, a été condamné à 3 mois de prison. Une enquête a été faite chez les paroissiens, pour s'informer delà portée de son sermon de Noël. Ce jeune prêtre fait un J)ien énorme dans la jeunesse de Verviers et, il a organisé plusieurs cercles d'études. Les trams fonctionnent normalement. La ville est plongée dans les ténèbres à partir de 6 heures du soir. Les magasins sont fermés et en rue, un bec de gaz sur deux est éteint. La crise du charbon se fait moins sentir à cause de la proximité des charbonnages. Il y a constamment des jeunes gens qui passent en Hollande. Vers décembre, Raymond Dossin de Verviers, Jules Poswick et Willy Henrichs de Limbourg ont été pigés par les Boches et déportés au camp de Sennelager. De même, furent déportés Mathieu Bra-gard, le sportman, Pierre Lenain, et Lucien Hommel. Ce dernier, en sa quailté de Luxembourgeois, fut libéré (pour la 2° fois.) La Boucherie communale fonctionne au théâtre. En ville, c'est le calme : pas de camion-rinq-fv pris de bruit d'usines. Ce n'est plus notre Verviers. La Vesdre est propre. L'Harmonie est toujours occupée par les Boches. Il faudra là une rude désinfection. Le docteur Bonnelance, de la rue du Palais, est mort. Le moral de la population est superbe. Jamais la moindre plainte pour la longueur de la guerre. Les Verviétois sont fous de leurs soldats, et se réjouissent de les voir revenir. Voilà, camarade, des nouvelles qui certes, t'intéresseront. Au revoir, jnon cher citoyen. Le courrier nous montre chaque jour, coi-i-bien notre chronique verviétoi-sé intéresse nos camarades. Nous comptons sur leur collaboration, et nous continuerons à nous entretenir régulièrement dans les colonnes de « Notre Belgique » avec "nos frères d'armes verviétois, Lelou. L'Art au Front Une-deuxième exposition de peinture s'est ouverte à La Panne, le 15 mars dernier. Quatorze artistes y sont représentés. Quatorze artistes ! , ' Permettez-moi d'appuyer sur ce terme, de l'imprégner de cette intense émotion que m'a causée leur œuvre. Œuvre saisissante s'il en est ! Dans un cadre tragique, parmi l'horreur des campagnes dévastées, des habitations ruinées, sur la détresse des champs de bataille, elle respire une'énergie farouche. Je crois y sentir la forte volonté du soldat qui maîtrise un frémissement, pour s'enfoncer dans une nuit rayée Je périls. De-ci, de-là, émergent des têtes : un visage d'adolescent, au regard, fraîchement éclairé, l'expression mâle du «vétéran, du guerrier chargé de famille, le front soucieux de sa pensée et dont un pli ferme des lèvres, s'écrie : « Je dois vaincre pour les embrasser ! » Le vainqueur de l'Yser, type du jasse, s'y affiche, sac au dos, pipe aux lèvres, avec une désinvolture goguenarde dans une âme de feu. Ceci, un minois d'infirmière. Il tranche sur ces douloureuses images, coi/i-me, une caresse sur un front brûlant de blessé. Et des scènes burlesques ou attendrissantes, bonnes ainsi qu'un baiser fie mère il qui en a vécu les chères vicissitudes...La relève, s'aeheminant par-dessus les lacs obscurcis ; 1e guet, les abris ; puis, au cantonnement, la distribution de soupe ; et l'accordéoniste, humble trouvère de la tranchée, qui enlumine un groupe des reflets de sa muse. Quelques sculptures encore, des tête?, typiques toutes quatre, empreintes rie cette vie indéfinissable que seul peut donner l'idéal ïiprement poursuivi. Je voudrais un mot spécial, un mot inexistant pour chaque objet, pour chacun de ces rêves cueillis dans la désolation, et reproduits avec amour, et ciselés avec persévérance, au danger, dans le froid, les yeux bouffis de fatigue et les doigts fébriles. Je voudrais citer tous les exposants, i Uiro l'éloge de chacun d'eux.. Cette 14- che est disproportionnée à mes moyens. Cependant, afin de satisfaire la légitime curiosité du-lecteur, je citerai rapidement les noms les plus intéressants : Berchmans, outre les quatre sculptu-reg dont j'ai parlé, se distingue par une serie de dessins largement vus que la main forte du sculpteur prononce éner-giquement.^erdegem s'affirme, malgré son extrême jeunesse, par une maîtrise incomparable. Certaines lourdeurs trop académiques le déprécient quelque peu. Nous nous réjouissons de voir prochainement le fruit de ses nouveaux travaux.Maertens, bien qu'il ait peu de choses, reste le maître que nous connaissons. Ses dessins sont superbes" de simplicité et d'expression. Les œuvres d'Allara l'Olivier pldseut par leurs sujets heureusement choisis, bien faits pour captiver lé 'soldat. Plus do vigueur dans la facture l'avantageront.Wagemans attire l'attention par ses dùssms vraiment impressionnants, d'un relief incomparable, et dénués de tout artifice. Citons, entre autres, son t.clu-se de Nieuport, ainsi qu'un pastel délicieux, une maison saccagée dans un jardinet joliment fleuri. Meunier apporte à sa collection la netteté et la concision d'un graveur d'élite. Enfin, André Lynen, dont quelques pastels très délicats ressortant dans une galerie considérable. Je conclus en adressant des félicitations chaleureuses à la collectivité des exposants — à ces artistes deux fois soldats, par le sang offert, par l'art cultivé 1 Des arts, ils sont réellement les adeptes, les seuls, les vrais, ceux-là qui les ont consacrés sur le sol déchiré de la petite Patrie. Ceux-là qui sont venus, au combat, sous les obus, ramasser sa îhàir saignante, peindre ses offres, pour en graver aux yeux de la postérité an impérissable tableau. Car l'art, l'art fécond, non, ce n'est pas le spasme de volupté d'une civilisation corrompue, les étreintes frissonnantes, de juvéniles existences immolées sur l'autel des imours sensuelles. Cet art amollit les peuples, dévelop-1$ leurs cassions, les entraîne à ï'ou,- « Notre Belgique » publie les dernières nouvelles <en deuxième p>Q.cje bli du devoir, à la négligence même de leur sécurité. Ouvrons les yeux, ce terrible conflit en est une preuve irréfutable.L'art qu'il nous faut et que nous célébrerons désormais, l'art splendide et régénérateur, est celui qui doit guider la nation vers la restauration, en prédisant ses nobles aspirations, en évoquant aux moments de découragement, l'heure grandiose où ses fils sont tombés pour la liberté. Marcel Goubet, C. 83. MOSAIQUE La prophétie de ïa bohémienne. A la suite des incidents tragiques venant de se produire en Russie il est assez curieux de rappeler l'histoire prophétique advenue lors du couronnement du tsar Nicolas.C'était au sortir de la petite cathédrale où de rares privilégiés avaient été admis; le peuple était, solidement maintenu par des barrière? et des nuées d'agents dans les avenues de Kremlin. Soudain, une femme jeune fianchit, on ne sait comment, l'en ceinte réservée, et se mit à crier d'un air inspiré : « Tsar, tu ne finiras pas ton règne, Tsar, avec ton règne vont surgir les catastrophes et monter la volonté-du peuple » Les soldats se précipitèrent sur cette femme e*. l'arrêtèrent, mais ces par les avaient jeté un froid dans le groupe des hauts dignitaires chamarrés. L'incident avait passé inaperçu, mais huit jours après, se produisait cette formidable catastrophe de Kodiceski qui, au cours des fêtes du couronnement même, coûta la vie à des milliers de moujiks se ruant cur eux-mêmes dans des poussées furieuses vers les baraques où on leur distribuait le portrait du souverain. Les événements ont donné raison à la bohémienne.La Philosophie de Courteline Un lascar sera celui qui, ayant su préciser parmi les xobes du cerveau la case de'sa volonté, la fécondera, la développera par un procédé à lui ; car l'homme ne meurt pas que d'urémie, de pleurésie ou de congestion, mais aussi de son impuissance à avoir raison de lui-même, de la scigïrance aiguë qu'il endure à* rompre avec des habitudes sur la malfaisance desquelles il ne s'illusionne pas. Il meurt de s'attarder à jouer le poker dans le nuage d'une salle de café ei)fumé et de répéter tous les soirs : — Ma parole, on n'a pas idée de se coucher à des heures pareilles !C'est la dernière fois ! A qui de faire ? Il meurt de s'écrier : — J'ai bu huit bocks ÎC'est trop. Encore un, garçon ! C'est le dernier. Il meurt de constater. — Comment, je n'ai plus de tabac ? J'en fume pour vingt sous par jour : c'est ridicule ! Qui est-ce qui me donne une cigarette ?.... Les bêtes et le télégraphe La marche en avant des troupes coloniales britanniques dans l'Afrique orientale allemande a été retardée, dit le Corriere délia Sera, par la fréquente rupture des communications télégraphiques due à la sensualité des girafes. Très nombreuses dans la région, ces bêtes au long col aiment à le caresser sur les fils, qui se brisent comme fétus. Ce cas bizarre est nouveau dans l'histoire militaire. On peut pourtant citer un précédent analogue. Quand fut posée la première^ ligne télégraphique au travers du continent américain, de New-York à San-Francisco, les buffles énormes qui infestaient les plaines du Kansas, crurent que les poteaux étaient destinés, par une attention délicate de la Providence, à leur servir de frottoir ; ils y grattaient leur cuir épais avec tant de vigueur, qu'en un instant poteaux et fils gisaient sur le sol. On imagina d'armer les poteaux de dards d'acier de 15 centimètres de longueur plantés jusqu'à la hauteur de 3 mètres. Ce fut bien pis ! Les buffles goûtèrent fort ce raffinement ; les pointes leur chatouillaient" délicieusement l'épiderme. Il fallait que ceci tuât celS ; ou réciproquement ; on se décida à organiser des patrouilles armées ïui, en une seule année, exterminèrent plus de 250.000 buffles. •£"?«»£» Vous pouvez croira sans réserves Que, « le 15 mars, à Munich, la femme d'un mécanicien a eu « des vomissements après avoir mangé des nouil-e3 ». Que, dans cette même ville, « des eo-iques et des éruptions cutanées ont été causées par l'ingestion de " soupes aux •aves indigestes ». Ces importantes nouvelles, qui sont ;ransmises de Berne à un de nos confères du soir, sont de nature à nous ipporter le plus grand réconfort.. Nous les aurons. Saint Raspoutine Un trait prouvant l'influence malsai-îe exç.ucée par le trop fameux, Kaspou-iflfi Lorsque le cadavre du moine paillard et intriguant fut repêché sous les glaces de la Néva, où ses assassins l'avaient jeté, il fut repris en-grande pompe par la camarilla de cour dont il avait été à la fois le protégé et l'exploiteur. Uno. haute personnalité régla elle-même la cérémonie des obsèques, et quand il s'agit d'enterrer ses restes, on prit soin d'étendre le moine couché face contre terre, le bras étendus, afin, .disait-on,, que, dormant son dernier sommeil, continuât de bénir et de protéger la terre russe ! Voilà à quel degré d'aberration dans le mysticisme on en était venu dans certains milieux sur lesquels Raspousi-ne avait étendu son influence. Protopo-poff n'avait pas échappé à la eont.agion. Il se prétendait l'émanation de Raspou-tine. Il se disait animé par l'âme mémo du mort. Il est vrai que ça ne l'a pas mené bien loin ! WA Mot de la fin Un malheureux bouffon, ayant un jour gravement offensé son roi, fut condamné à mort. Désespéré, il se prosterne, demande grêoe. mais en vain, il n'obtient que la faveur d;> choisir le genre de mort qu'il préfère. Alors il dit : — Je veux mourir de vieillesse '. Cela fit rire le monarque qui lui pardonna sa faute. La Journée Jusqu'à présent,- les affaires des armées françaises et britanniques sont en bonna voie et l'on n'aperçoit pas la moindre trace de la fameuse surprise qu'aux dires des reptiles allemands, leur, état-major nous ménageait. Le certain, c'est que nos adversaires s'étaient réjouis trop tôt du résultat de leur manœuvre de repli, ca-' ella n'a pas réussi au gré de leurs désirs. En faisant le vide devant les troupes alliées, ils. pensaient, être en mesure de prendre une offensive soudaine contre elles clans le moment même où, parvenues au pied d'organisations nouvelles, elles ne pourraient pas compter sur le soutien de leur grosse artillerie. Toutes les dévastations accomplies derrière eux n'avaient pas d'autre objet, en effet, que de retarder la marche do notre matériel. Or, il apparaît maintenant, clair comme le jour, que cet espoir a été déçu. Quand nos communiqués signalent des bombardements réciproques et des luttes violentes d'artillerie, soit à l'est d£ la basse forêt de Coucy, soit sur le front Essigny-Benav. ils sous-entendent que nos canons de tous calibres ont pu être amenés à pied-d'œu-vre. Si donc il y a surprise, elle est du côté de l'ennemi. Mous commençons à nous heurter — d'ailleurs, il fallait s'y attendre — à une solide organisation au sud et au sud-est de Saint-Quentin. Notre avance va très probablement subir un léger tas^ep-ient, aussi bien en^raison des difflcultésTe terrain qu'en raison de la résistance acharnée que l'ennemi ne manquera pas de nous opposer. Peut-être sera-t-31 même nécessaire, pendant quelque temps au moins, de mener les prochaines attaques selon les règles de la guerre de position avant de pouvoir poursuivre la progression. Pour l'instant, constatons cependant que les Allemands n'obtiennent de leù(-s contre-attaques aucun succès. Ainsi leurs tentatives contre la ligne Essigny-Benay ont été été vouées à un échec total. Elles leur ont valu, par surcroît, des pertes sensibles. L'acharnement qu'ils montrent dans cette région indique quel prix ils attachent à la conservation des lignes qui protègent Saint-Quentin. Non seulement,ils déploient contre nous un effort désespéré pour nous interdire la marche vers le sud de la ville, mais encore ils donnent de toute leur-énergie contre les Anglais qui la menacent de l'ouest et du nord-ouest. Imperturbablement, nos alliés brisent ces contre-attaques violentes et continuent leur poussSe lente, irrésistible vers l'est. Hier, leur cavalerie, qui s'était emparée, dès la veilje, du village d'Equancourt, întrait dans Saucourt et Villers-Fau'con. Leur infanterie allait s'établir, la nuit, dtr-nière, au-dessus de Lagnicourt, de sorte îue la voie ferrée de Saint-Quentin à Pé-t'onne et le nœud d'Epéhy se trouvent dé-sormais virtuellement entre leurs mains. Au sud de l'Oise, la lutte marque un ;emps d'arrêt. Néanmoins, nos troupes ont iéalisé quelques progrès au nord de l'Ailette ainsi que daru le secteur si ardeni-nent disputé à l'est de Leuilly-Neuvihe-iur-Margival, où elles ont enlevé plusieurs 'oints d'appui importants. Ces succès sont Fautant, plus intéressants qu'ils complè-ent ceux dont la basse forêt de Coucy ient d'être le théâtre, après le refoule-nent de l'adversaire au-delà de la ligne îarisis-Servais-Coucv-la-Ville. De ce côté, ions avons la maîtrise des premiers pa-iers des hauteurs échelonnées qui protègent l'ouest de Laon. II va falloir, maintenant, aborder le pla-eau supérieur. L'ennemi en défendra cet-ainement les approches avec énergie, ce-a no peut faire le moindre doute. 11 sa rouve sur ses dernières positions de re-ili, il s'y accrochera en désespéré : Nous ivorts cependant la perspective, disons : la ertitude, de briser cette résistance, puis-[ue l'avance de nos troupes opérant au îord de Soissons les mettra prochainemem n mesure de coopérer plus étroitement ivec celles qui ont franchi l'Ailette Re-narquons, en effet, que de Leuilly au calai de l'Oise et à l'Ailette, il n'y a pas ilus de trois kilomètres et que ce village st à sept kilomètres de Coucy-le-Château. Georges BERNARD. Soldats, exigez « Notre Belgique » tlfe ou3 les verwlwa. militaires. Année. - N" lié :3L_ae Numéro 5 CtmM - Samedi 31 Mars Ï9IT

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Dieses Dokument ist eine Ausgabe mit dem Titel Notre Belgique gehört zu der Kategorie Oorlogspers, veröffentlicht in Calais von 1916 bis 1918.

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