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ROMAIN ROLLAND: La leunesse Suisse. (Une discussion sur l'impérialisme, à Zofingue). Le caractère de la guerre présente apparaît dt plus en plus à la jeunesse de tous les pays. La jeunesse suisse, en particulier, s'est vouée à un travail de revision et de reconstruction. Le mouvement de la jeunesse socialiste s1 est singulièrement développé. Et voici que la jeunesse intellectuelle, la jeunesse zofingienne est à son tour travaillée par Vesprit nouveau. On lira avec attention Vétude pénétrante écrite par Romain Rolland, spécialement pour nos lecteurs, sur les directions de ce mouvement et sur Vorientation nouvelle de la jeunesse suisse. On connaîtrait fort mal l'esprit public en Suisse, si l'on en jugeait par les revues et les journaux, lis sont, pour la plupart (comme c'est la règle un peu partout), de dix à vingt ans en retard sur le mouvement intellectuel et moral de leur peuple. Peu nombreux (relativement à la presse des nations voisines), généralement dans les mains, chacun, d'un groupe assez restreint, ils expriment presque tous les idées ou les préjugés, les intérêts et la routine de générations qui ont largement atteint ou dépassé la maturité. Même ceux qu'on nomme jeunes, dans ce monde, ne le sont plus, — s'ils l'ont jamais été, d'esprit, — qu'aux yeux de leurs aînés, qui ne consentent pas à vieillir... < Jeune homme, taisez-vous... » comme dit Job à Magnus, dans les Burgraves... 11 faut à un étranger rester assez longtemps en Suisse pour découvrir qu'il existe une jeunesse Suisse — une jeunesse des Ecoles — qui ne soit pas imbue du libéralisme conservateur (plus conservateur que libéral), ou du radicalisme sectaire (surtout sectaire), qui fleurissent dans les grands journaux, également attachés, au fond, aux formes politiques et sociales désuètes du règne bourgeois qui, d'un bout à l'autre de l'Europe, s'achève. La lecture des derniers fascicules de la Revue de la Société de Zofingue m'a causé une surprise et une joie très vives. Je veux en faire part à mes amis français, afin d'établir entre eux et nos jeunes amis suisses des liens de sympathie. Chacun sait que la Société de Zofingue est la plus grande et la plus ancienne société d'étudiants suisses. Fondée en 1818, elle fêtera donc son centenaire l'an prochain. Elle comprend neuf sec. tions: six sections « académiques », Genève, Lausanne, Neuchâ-tel, Berne, Bâle, Zurich ; et trois sections « gymnasiales », St-Oall, Lucerne et Bellinzonal. Le nombre des membres, qui est actuelle- 1 La section de Bellinzona, ou du Tessin, n'a été fondée qu'en novembre 1916. Pour son inauguration, le président, Julius Schmidhauser, a prononcé un discours d'un beau souffle européen. Il y oppose à l'union des trois races suisses le spectacle encore préhistorique de notre temps, où c le Français ne voit dans

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