N° 607 bis 16 Février 1918 Informations Belges Le peuple belge se soulève contre les prétentions « aktivistes ». — La manifestation patriotique d'Anvers. — Le Procureur général du Roi fait arrêter les pseudo-ministres flamands. — Les Allemands emprisonnent des magistrats belges. — La Cour de Cassation délibère sur l'attitude à prendre.— Nombreuses manifestations loyalistes dans le pays. Le gouvernrment belge vient de recevoir des informations émouvantes sur la réaction intense et générale du patriotisme des Belges de Belgique occupés contre les menées des activistes qui, sous la protection deî baïonnettes allemandes, ont récemment oroclamé l'autonomie politique de la Flandre. Des le 1« février 1918, tous les parlementaires flamands et wallons présents en Belgique occupée adressèrent une protestation collective énergique au chancelier impérial. Le 3 février, la manifestat on organisée à Anvers par les activistes pour célébrer leur acte de félonie, fut l'occasion d'une protestation populaire indignee. Le cortège des activistes fut coupé par une foule immense et exaspérés. Les drapeaux des activistes furent lscéres. Les manifestants, d^nt le nombre n'excédait pas 600, furent siffles, hués et battus. Les troupes allemandes furent impuissantes à les protéger. Un acte plus significatif encore fat accompli quelques jours après. Le 7 février, la Coar d'appel de Bruxelles se réunit en séance plénière et, à l'unanimité des 46 conseillers présents, enjoignit au Procureur général de poursuivre pour in-frac:ion aux articles 104 et 109 du Gode pénal et au décret de 1831, les activistes auteurs responsables de l'organisation séparatiste de la Flandre et de la Wallonie. Le lendemain, vendredi, dès le lever du jour, le Parquet de la Cour faisait arrêter les deux principaux chefs da l'activisme, Borms et Tack, tous deux ministres dans le gouvernement provisoire flamand institué par le soi-disant Co s'il de Fiandre. Cette intervention inattendue de l'autorité judiciaire belge, se produisant dans les formes les plus nouvelles, Irappa de stupeur l'autorité allemande. Elle mit plusieurs heures à se ressaisir. A onze heures du matin, ayant décidé de couvrir ses complices, maia découvrant ainsi son rô e d'instigatrice de l'intrigue activiste, elle lit re âcher par force les deux prévenus et s'empara du dossier de l'instruction. Ces Li.s, aussitôt connus, suscitèrent parmi la i.opulalion une émotion profjnde. Le 9 fevrier, l'autorité allemande, brûlant décidément ses veisseaux, oicbnna l'arres tation dn premier président de la Cour d'appel, M. Levy-Morel, et de deux des présidents de Chambre. Cependant le mouvement de protestation se propagea de commune en commune. Le 10 février, une imposante manifestation s'organisa spontanément dans les rues de Malines. Les Allemands tentèrent de l'empêîher, mais sans succès. Le lundi 11 févripr, ce fat le tour de Bruxelles. Une manifestation eut lien qui aboutit, place de l'Hôtel-de-Ville, à des troubles provoqués par l'intervention des forces allemandes. Le même jour, un des magistrats arrêtés le 9 f jt relâché. Pendant ce temps, la Cour de cassation, sur la réquisition de son Procureur général, tenait une réunion pour aviser à la situation faite à la magistrature belge. On ne connaît pas encore les décisions qu'elle a arrêtées. Depuis lors, le mouvement de protestation commencé par les Conseils communaux de Bruxelles, d'Anvers et de Gand, n'a cessé de grandir et de s'étendre. On annonce de nouveaux ordres du jour énergiques votés par les Conseils communaux de Malines, de Tornhont, de Saint-Nicolas, villes toutes situees en piein pays flamand, d'ixeiles, etc. ; une protestation aussi du Conseil provincial d'Anvers. Ce mouvement prend tout le caractère d'un soulèvement général de la conscience nationale parmi le peuple. Les Allemands, qui s'ingéniaient à faire croire à un mouvement populaire séparatiste, commencent ài se montrer fort inquiets de la tournure toute contraire à leurs prévisions prise par les événements qu'ils ont eux-mêmes déchaînés.On ne sait encore quelle suite en résultera. Les présidents de la Cour d'appel qui ont été arrêtés, ont été prévenus qu'ils seraient expédiés en Allemagne le 12 février. Aucune mesure de terrorisation ne sera capable d'arrêter l'élan du patriotisme belge. Le lundi 11 février se sont présentées à l'Hôtel de Ville de Bruxelles, plus de 600 délégations de Socié;és scientifiques, ouvrières et commerciales, pour féliciter le Conseil échevinalde son attitude énergique vis-à-us de l'intrigue activiste, L'allluence de la foule a été telle que les troupes ont été obligées de barrer les rues voisines de la Grand' Place. Le bruit court dans la population que les tribunaux belges refuseront de siéger en guise de protestation contre le coup de force de l'autorité allemande et l'outrage infligé aux plus hautes personnalités de l'ordre judiciaire belge.

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