Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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15 December 1915
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s.n. 1915, 15 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 19 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/np1wd3td3f/
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Mercredi li'i décembre ItM.'i centimes le numéro —- ■ ————— 59me année — NA ÎÎ40 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : M fr. par an ; 1 fr. pour six mois ; îi 'r. pour Irois mois Pour l'étranger, le port en sus REDACTION & ADMINISTRATION : CAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — CAND TELEPHONE 605 A N N 0 NCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. LA GUERRE Sur ie front occidental Communiqué olliciel allemais.. Berlin, 13 décembre. (Communiqué de midi). Rien d'important à signaler. Communiqué olliciel français Paris, 11 décembre (15 heures). —Nuit calme, excepté en Champagne ou maigre la pluie persistante on signale une vive fusillade ei quelques combats à coups de torpilles. De nouveaux dé.ails sur la journée d'hier confirment que l'activité de notre artillerie a été efficace sur le plateau de Quen-nevières, entre Oise et Aisr.e et dans la région Vendresse-Troyon (rive nord de l'Aisne). Nos canons de trancnées ont sérieusement bouleversé les ouvrages ennemis et endommagé les lance-bombes de l'adversaire.Paris, 11 décembre ,23 heures). —Duel d'artillerie en Belgique, dans la région de Het Sas, ainsi qu'en -Artois, près de Bully el de Roclincourt. Dans la région de Roye nos batteries ont dispersé une troupe en marche et des convois ennemis sur la route s Villers. En Argonne, au nord du Four-de-Paris, nous avons fait exploser deux fourneaux qui ont détruit une galerie où travaillaient des mineurs ennemis. Sur les Hauts de Meuse, dans le secleur de Bouchont. un tir bien réglé de noire artillerie a produit des effets de destruction importants sur les tranchées, ainsi que sur les abris de l'adversaire. Lin Alsace vive canonnade au Lingekopf et au Barrenkopf. Paris, 13 décembre. — En Champagne, dans le secteur de Massiges, nous avons ri-poslé au feu de grenades lacrymogènes par un feu destructeur sur les tranchées ennemies. Sur la crête de montagne de Chausson, dans le secteur de la hauteur 195, nous avons bombardé des rangées de tranchées allemandes ainsi que l'entrée d'une tranchée de communication. Dans les. Vosges feu d'artillerie: De fortes neiges empêchent les opérations. Communiqué officiel belge Paris, 11 décembre. — Pendant la nuit écoulée et dans la matinée d'aujourd'hui, l'ennemi essaya d'inquiéter nos troupes au repos et nos sentinelles, par des nombreuses attaques imprévues d'artillerie. Nos batteries ont empêché, par leur activité, un retour ocensif de l'adversaire et bombardé ses cantonnements de Keyem et St Pierre Capelle ef ont dispersé ses troupes-au nord de Dixmude. Paris, 13 décembre. — Grande activité de l'artillerie au front belge. Nous avons combattu, avec résultat, les batteries de Ruygren et dispersé des travailleurs au nnrrl (\e> riiYmiiflf Sur le front oriental Communiqué officiel allemand Berlin, 15 décembre. — Armées du général feldmaréclral von Hindèfiburg. De petits engagements ont eu lieu en différents endroits, entre ( nos postes avancés et des détachements ennemis t envoyés en reconnaissance. Dans une de ces , rencontres, les Russes ont réussi à enlever un faible poste allemand. Armées du général feldmaréchal prince Léop. 1 dq Bavière. — Une attaque mapquée contre nos positions près de Vulka au sud du lac Vygq-nowskoje), a coûté aux Russes la perle de 100 hommes environ, tant en tués qu'en blessés et prisonniers. Armées du général von Linsingeti. — Rien de i nouveau. Communiqué officiel autrichien Vienne, 13 décembre. Pas d'événements importants. Communiqué olliciel russe St-Péiersbourg, 13 décembre. Rapport du 12, — Pas de changement potable au front occidental. En Galicie, dans les environs de la Strypa, près des villages Marian-ka. Jozefowka et Bieniawa (16, 20 et 24 kilomètres au sud-ouest de Tarnopol) de peins détachements ennemis essayèrent de prendre l'offensive. Attaqués'.sur les deux flancs, ils fureni repoussés. Sur le front des Balkans Communiqué officiel allemand Berlin, 13 décembre. La situation n'a subi aucun changement essentiel. L'armée du général von KOvess a amené, hier, plus de 900 prisonniers. Près d'Ipek, nous avons capturé 12 canons modernes, que les Serbes avaient enfouis. Pendant ces derniers jours, plus de 1,000 Serbes égarés ont été pris derrière notre front En Macédoine, l'armée du général Todorow a pris les villes de Doiran el de Gevghe'i. Plus un Anglais ni un Français ne se trouvent en liberté sur le sol macédonien. Dans cette lutte, deux divisions anglaises ont été presque anéanties. Communiqué officiel autrichien Vienne, 13 décembre. — La poursuite dans la partie nord-est du Monténégro continue. Près de Korito on a amené 800 prisonniers et près d'Ipek douze canons serbes ont été pris. Nos aviateurs ont jeté, avec succès, des bombes sur Berane. Communiqué olliciel bulgare Sofia, 12 décembre (supplément au communiqué du 9 décembre). — A Ochrida, nos troupes otit reçu un aécueil indescriptible. Toule la population de la ville était venue à la rencontre de nos troupes sous la direction de leurs prêtres et répandit des fleurs et des couronnes vertes sur nos troupes. Les habitants versaient des l'armes de joie à la vue de nos soldats. Communiqué olliciel français Paris, 11 décembre. — Pendant la journée du 10 décembre, les Bulgares ont attaqué sur tout le front français; leur assaut principal tut dirigé contre notre aile1 gau-cne.Paris, 13 décembre. — L'armée d'orient poursuit son mouvement de retraite. Nos troupes se retirèrent, sans combat, dans la nuit du 11, sur la ligne Sinogica-Doira i (lac). Dnas le courant de la journée du 11, plusieurs attaques bulgares furent repous-sées. En Grèce Salonique mis en état de défense Berlin, 13 déc. — On mande de Rotterdam au « Berliner l.okal Anzeiger »: D'après une nouvelle d'Athènes, émananl de source française, la Grèce aurait consenti à es que Salonique soit mise en élat de défense et à ce qu'une partie des troupes grecques y soit retirée. En ce qui concerne les autres exigences de l'Entente, les négociions se poursuivent avantageusement. Sur le front italo-autrichien Communiqué olliciel autrichien Vienne, 13 décembre. — Dans le Tyrol, l'artillerie italienne bombarde la zone fortifiée de Lardaro ainsi que nos positions de Riva, Rovereto ei du Col di Lana. En Judicarie l'infanterie ennemie tente de're rapprocher. Elle attaqua sur les hauteurs à l'est de la vallée, mais elle fut re-poussée. Lutte d'artillerie et de mines à la I j têie de ponl de Gôrz. Une tentative d attaque ennemie sur le sommet a i nord-est d'Oslavia fut vite arrêtée. Communiqué olliciel i.alien Rome, 13 décembre. Rapport de d.uian-cn-e: — Dans la zone sauvage et cicvee, oi-tuee enjre la Judicarie et la vallee u^ coii-' cet, nos attaques nous ont mis en possession de tories Hauteurs, ce par quoi noire occu pation ua Dassin de Bezzecca vers ie no.u ouesi est élargie et consolidée. L attaque commencée le 7 décembre tut conduite avec ' prudence, parce qu';il eiait nécessaire de combattre la forte artillerie ennemie des groupes du Ladaro et de prendre plusieui» petits reirancnemenls ennemis. Dans la nuii du 10 décembre, nos détachements j d'infanterie alpine arrivèrent à portée de j lusil du sommet ouest du mont Bies et du | Sonsione di Mascio au sud-ouest de Roz-( zolo. Après une préparation de i 'artillerie, notre infanterie fit l'assaut des positons en-1 nemies et prit les retranchements silués au ' delà. ! La situation reste inchangée sur l'au-1 tre front. L explosion au Havre Nouveaux détails. Le Berlingske Titlende, de Copenhague, apprend que les dégâts sont énormes. Le nombre des ouvriers tués n'est pas encore complètement établi. 110 morts, dont 107 Belges, avaient été comptés à minuit. Dans la fabrique, qui travaillait exclusivement pour l'armée belge, 1.500 ouvriers belles v étaient mnink i En France Castelnau, chef de t'état-major général Paris, 12 décembre. - Le général Joffre a désigné, pour le poste de .chef de l'état-major général, le général de Caslelnau, qui conserve le rang de commandant de corps d'année. En Chine Yuan-Chi-Kaï empereur New-York, 13 décembre (Reuter). — Un télégramme de Pékin annonce que le conseil d'Etat, après le vole au sujet de la question d'un changement dé gouvernement", a prié Yuan-chi-kaï de monter sur le trône. Yan-chi-kaï refusa tout d'abord; mais quand on l'y invita pour la seconds fois, il accepta la demande lui adressée sous la réserve qu'il resterait président jusqu'au moment favorable au couronnement. Navires de guerre japonais en Chine Bàle, 13 décembre. — A la suite des désordres qui ont éclaté à Shanghaï, le Japon, dit un télégramme de l'Agence Havas de Tokio, prendra des mesures pour la protection de ses nationaux. Plusieurs navires de guerre sont déjà arrivés devant Shanghaï. 1XHOS Drague monstre I.e port de Liverpool qui ssï, comme le fait remarquer le « Daily News », celui d'oîi parient presque tous les grands trans-ailanliques anglais, a l'inconvénient d'ê.lre fréquemment ensablé. Pour remédier à ce fâcheux élai de choses, les autorités britanniques viennent de faire construire une drague monstre dont la mise en service doit être très prochaine. Le baieau qui la porte a 150 mètres de longueur et 17 mètres de large. Il est tout entier en acier et est muni d'un double système de huit dragues pouvant enlever ensemble trois milles tonnes de sable. En ou ire, au eentre du bateau, est fixée une sorte , de pompe dont le tube, de 98 centimètres | de diamètre, peut s'enfoncer dans le sable à plus de 20 mètres de profondeur. Cette pompe, d'un modèle nouveau, enlèvera facilement quatre mille tonnes de sable ou de Loue pa." jour. La drague de Liverpool . parait-il, de*beaucoup la plus puissante qui aii jamais été construite. Le froid Divers télégrammes annoncent que le froid est particulièrement intense _.i . a . de. Le météorologiste Plans Walleng.en prétend qu'un hiver très rigoureux va s'abaitre sur la Scandinavie tout entière. L'eau de la .mer, le long de la côte, qui avait une chaleur habituelle de 11 degrés, n'en a plus maintenant que 4. L'eau de la mer du Nord se ressent aussi de la vague de froid qui souffle sur la Suède.Il y a, à ce sujet, une constatation bizarre à faire : c'est que l'eau est plus froide dans la m:r d Nord que dans la Baltique. La meilleure publicité pour les libraires? La revue allemande Die Toi publie les résultats d'une enquête sur celle question : « De quelle façon fait-on le mieux connaître les livres nouvellement parus ? » Celle enquêle fut faite en 1914 el 1915 auprès des acheteurs des livres d'un éditeur bien connu, M. Eugen Diedrichs. Sur mille réponses données, 300 établissent que l'achat a élé fait d'après des critiques parues dans les journaux, et 200 d'après les prospectus envoyés par l'éditeur. 170 personnes ont déclare avoir acquis les livres sur des recommandations d'amis, 170 autres sur des recommandations de libraires ou séduites pai les étalages, 100 paice qu'elles connaissaient d'autres œuvres de l'écrivain, 20 après avoir 'entendu une conférence... el 3 pour la reliure... Chronique d'Art Au Pamis qes fêles Un me Uemancierait par quoi le 7" C'on-oen urusiique au ratais des rèics a ete caractérisé,que je repondrais sans liésnauon. « C, est «par tes uirncuaes de toute natur-accumulées dans la plupart des morceaux ei qui ont été vameues, grâce au travail opirnaue ues extcuiams.» Aussi Dien, voila une quame primordiale quand Qn .veut varier un programme a I inrini et y introduire des morceaux qdi do,vent plaire â telle ou a telie autre partie du public. fct en première place, louons 1 narmonie et son dirigeant M. Vanner Meulen, pour ie résultat obtenu : l'Ouverture de Waverley de Berlioz, assez peu connue et qui mérite cependant de l'être; le ballet de L'appela, un des plus beaux que je connaisse et qui avait été redemandé; une taniaisie parsemée d'emnùcnes de la Vatkyrie, st la fameuse Marche Hongroise de Berlioz, tirée de celle de kackoczt. Dans un style parfait,M. De Raeve a soupiré la romantique romance du Songe d'une mut d'été de Thomas,et M. Reynvoet a souligné la ligne néo-classique si pure du Wilde Rozcnboom de Léo Vand-r hae" ghen. Notre ténor léger a continué son succès par.le duo du I" acte de Carmen, ou Mlle Posthumus fait une Mieacla dont la voix cristalline convient à la candeur de l'héroïne que les librettistes Meilhac el Ha-lévy ont ajoutée pour faire contraste avec la diabolique .Zingara de Mérimée. Une Chanson d'Avril envolée et char-i manie de M. Roels a été enlevée avec con-j viction par Mlle Périn. M. De Meyer s'es, ! départi un moment de son genre héroïque p.'éféré.dans une' romance de salon Is het een droom ? de Sullivan ; mais il s'est largement rattrapé ensuite dans la Juive, où le [cardinal — M. Reynvoet — usait vainement de ses inflexions vocales les plus convain cantes pour le lirer d'un mauvais pas, et dans les Huguenots, où les accents énamourés de Mlle Périn ne parvinrent pas à le déiourner de marcher au martyre en compagnie de son vieux Marcel - M. Reyn-viet — dans l'apothéose que constitue le dernier Irio de cette œuvre de Meyerbeer, à Oiriains endroits très puissante. Le Sur la mer calmée de Butterfly a produit son maximum d'impression, chanté par Mlle De Vos, ainsi que le si exalté, mais si. difficile duo de Mireille avec M. Deshayes. A propos de cet artiste, notons la façon aisée dont il chante l'air du 1'" acte de la Vie de Bohême: « Que cette main est froide.. », dans lequel le « si » justement redoutable est donné sans effort apparent. De même le duo dramatique, si tendu, de Cufaueria a été enlevé avec le feu et la passion qu y mit 1 auteur Mascagni. Ce morceau presque insoutenable est à classer parmi ceux qui furent le mieux compris et -xecutés. L'organe ample et étendu de M. Wayen-Derge trouvé un cttamp d action adéquat dans l'extrait d Hulewyii de M. Van der Meulen. Un y reconnaît la facilité d'inspira-iion, ta clarté d'expression de l'auteur de Livii, qui nous font désirer une exécution complété de l'œuvre. Le chaut soutenu et éleve convient à notre baryton, qui fait re-teni.r avec aisance et sans sombrer un «sol» dans l'aigu. M. Aeemans nous a bercé par celte délicieuse et populaire valse des Cloches de Corncfttle ei a tenu remarquablement sa partie dans le trio des Dragons, qui cependant est un de ces morceaux qui perdent trop quand on les transplante de la scène au concert. Le nom de P. Benoit figurait au programme avec un air d'Isa, dont le finale ne manque pas d'impression, et interprété so-ûrem^nt, mais avec grand souci de détails, par Mlle Posthumus. Le numéro qui. incontestablement, a porté le plus est un trio du Docteur Cris-pin de Ricci. Le public vient généralement au spectacle pour se diverlir, ce qui explique le succès de cette pochade musicale — pastiche « Barbier » —, une caricature assez spirituelle d'une consultation médicale. L'auditoire l'a trouvée bonne et je ferai com-mç.Jui, mais je n irai pas jusqu'à impitoya-jleni.nt vouloir la bisser: le morceau est long et fatiguant au possible pour les interprètes.Ceux-ci, par une habile transposition, se sont ménagé cependant un irio qui ' ne manquera pas d'être redemandé; MM. De Raeve, Zeemans et Wayenberghe en onf fait une étude consciencieuse et soignée tanl au point de vue musical qu'au point de vue de la diction, qui y joue un rôle pré-pcndéra.it. Je suis heureux de noter que le succès a couronné leurs efforts. Il me reste encore à relater le dévouement ■ que les accompagnateurs habituels apportent à ces exécutions (MM. Roels et Van der Meulen) et je profite de l'occasion pour ciler à ce propos le nom de M. Oscar Roe-lanls, qui s'occupe de l'organisation intérieure et de la « cuisine » avec la patience inlassable el le tact que nécessitcnl cet emploi aussi important qu'ingrat. H. B. A tao n n e nn ents Les personnes qui prendront un abonnement au Journnl de Gand pour le trimestre prochain 'e recevront à partir d'aujourd'hui. Le prix d'abonnement, payable par anticipation, est fixé à DEUX FRANCS par trimestre Feuilleton du Journal de Gand 170 Le Comte DE Monte-Cristo P4P ALEXANDRE DUMAS LIVRE TROIS I LES CONVIVES. Dans cette maison de la rue du Helder, où Albert de Morcerf avait donné rendez-vous, à Rome, au comte de Monte-Cristo, tout se préparait dans la matinée du 21 mai pour faire honneur à la parole du jeune homme. Albert de Morcerf habitait un pavillon situé à l'angle d'une grande cour et faisant face à un aulre bâtiment destiné aux communs. Deux fenêtres de ce pavillon seulement donnaient sur lp rue, les autres étaient ^ percées, trois sur la cour et deux autres en retour sur le jardin. Entre cette cour et ce jardin s'élevait, bâtie avec le mauvais goût de l'architecture impériale, l'habitation fashionable et vaste du comie et de la comtesse de Morcerf. Sur toute la largeur de la propriété régnait, donnant sur la rue, un mur surmonté, de disiance en distance, de vases aux fleurs, et coupé au milieu par une grande grille aux lances dorées, qui servait aux entrées d'apparat; une petite porte presque accolée à la loge du concierge donnait passage aux gens de service ou aux maîtres entrant ou sortant à pied. On devinait, dans ce choix du pavillon destiné à l'habitation d'Albert, la délicate prévoyance d'une mère, qui, ne voulant pas se séparer de son fils, avait cependant compris qu'un jeune homme de l'âge du vicomte avait besoin de sa liberté tout entière. On y reconnaissait aussi, d'un autre côté nous devons le dire, l'intelligent égoïsme du jeune lîomrne, épris de cette vie libre et oisive, qui est celle des fils de famille, et qu'on lui dorait comme à l'oiseau sa cage. Par ces deux fenêtres donnant sur la rue, Albert de Morcerf pouvait faire ses explorations au dehors. La vue du dehors est si nécessaire aux jeunes gens qui evulent ton- 1 I jours voir le monde traverser leur horizon, cet horizon ne fût-il que celui de la rue! Puis, son exploralion faite, si cette exploration paraissait mériter un examen plus approfondi, Albert de Morcerf pouvait, pour se livrer à ses recherches, sortir par une petite porte faisant pendant à celle que nous avons indiquée près de la loge du portier, et qui mérite une mention particulière. C'était une petite porte qu'on eût dit oubliée de tout le monde depuis le jour où la maison avait été bâtie, et qu'on eût cru condamnée à tout jamais, tant elle semblait discrète et poudreuse, mais don! la serrue et les gonds, soigneusement huilés, annonçaient une pratique mystérieuse et suivi Cette petite porte sournoise faisait concurrence aux deux autres et se moquait du concierge, à la vigilance et à la juridiction duquel elle échappait, s'ouvrant comme la fameuse porie de la caverne des Mille et un; Nuits, comme la Sésame enchantée d'Ali-Baba, au moyen de quelques mots cabalistiques, ou de quelques grattements convenus, prononcés par les plus douces voix ou opérés par les doigts, les plus effilés du monde. Au bout d'un coridor vaste et calme, auquel communiquait cette petite porte et qui faisait antichambre, s'ouvraient, à droite, la salle à manger d'Albert donnant sur la cour, et, â gauche, son petit salon donnant sur le jardin. Des massifs, des plantes grimpantes s'élargissant en éventail devant les fenêlres, cachaient à la cour et au jardin l'intérieur de ces deux pièces, les seules, placées au rez-de-chaussée comme elles l'étaient, où pussent pénétrer les regards indiscrets.Au premier, ces deux pièces se répétaient enrichies d'une troisième prise sur ''antichambre. Ces trois pièces étaient un saion, une chambre à coucher et un boudoir. Le salon d'en bas n'était qu'une espèce de divan algérien destiné aux fumeurs. L.e boudoir du premier donnait dans la chambre à coucher, et, par une poste invisible, communiquait avec l'escalier. On voit que toutes les mesures de précaution étaient prises. Au-dessus de ce premier étage régnait un vaste atelier, que l'on avait agrandi en jetant bas murailles et cloisons, pandémonium que l'artiste disputait au dandy. Là se réfugiaient tous les caprices successifs d'Albert, les cors de chasse, les basses, les flûtes, un orchestre complet,car Albert avait eu un Instant, non pas le goûl, mais la fantaisie de la musique ; les chevalets, les palettes, ! i les pastels, car à la fantaisie de la musique I ' avait succédé la fatuité de la peinture; en-m les fleurets, les gants de boxe, les espadons et les cannes de tous genres; car, enfin, suivant les traditions des jeunes gens à dons et les rannes de lous genres ; car la mode de l'époque où nous sommes arrivés, Albert de Mircerf cultivait, avec infiniment plus de persévérance qu'il n'avait t'ait de la musique et de la peinture, ces irois arts qui complètent l'éducation léonine, c'est-à-dire l'escrime, la boxe et le bâ-ion, et il recevait successivement dans cette pièce, destinée à fous les exercices du eorps Grisier, Cooks et Charles Leboucher. Le reste des meubles de cette pièce privilégiée étaient de vieux bahuls du temps de François 1 bahuts pleins de porcelaines de Chine, de vases du Japon, de faïences de Lucca de la Robbia et de plats de Bernard de Palissy ; d'antiques fauleuils où s'étaient peut-être assis Henri IV ou Sully, Louis XIII ou Richelieu, car deux de ces fauteuils, ornés d'un écusson sculpté où brillaient sur l'azur les trois fleurs de lis de France surmontées d'une couronne royale, sorlaienf visiblement des garde-meubles du Louvre, ou tout au. moins de celui de quelque château royal. (A suivre.)

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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