Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 02 August. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 04 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/930ns0n83t/
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liimanehe 2 août 1914 5 centimes le numéro 58me année — N° 214 JOURNAL DE GAND ABONNEMKNTB : wr/nomi ; 15 framo* par an ; 7-50 tr&nwgMr rfx wioli ; 4 francs pour trofc» moi* Pour f Oranger, le port «7, su ' ■ i ■■ J — 1 » - ' -■ i ■ RÉDACTION & ADMINISTRATION : & RUE DE FLANDRE. 3. GAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES' Yotr le tarif au bas d« la dernière page du journal. LA DÉTRESSE C'est la situation financière périlleuse de notre colonie qui a, sans nul doute, incité l'honorable' M. Jules Gernaert à chercher [ un moyen d'éviter une catastrophe natio- f "lira trouvé en indiquant la cession d'une F faible partie de notre territoire congolais : ' il a rencontré quelques approbateurs, mais I aussi, de nombreux détracteurs plus ou ' moins sincères. , Les coloniaux les plus endurcis conviennent cependant que la détresse est grande, et que des mesures énergiqueà s'imposent. Le lieutenant-général Donny, ancien aide de camp de Léopold II, signalait a,u groupe d'Etudes coloniales le déplorable | état financier de notre possession africaine.Il concluait à peu près en ces termes : 1 La Belgique, jetant l'oubli sur un lamen-I table passé, voudra fa,ire à notre colonie des avances récupérables et sans intérêt, i et la dégager ainsi de l'obsession du gouf-i fre du déficit en l'aidant notamment dans | l'énorm1 mise de fonds à consacrer au réseau ferré. M. Gernaert demande avec raison à quelles sommes précises correspondent ces t avances récupérables et ces énormes mises de fonds. Il serait utile de préciser ; car on ne peut, en d'aussi graves circonstances surtout, se payer de mots. C'est ainsi, que nous ne pouvons non plus nous contenter de la formule donnée par M. Ed. Janssens, avocat général à la | Cour de cassation, disant que les secours financiers à la colonie « doivent être ac-» cordés dans la mesure des besoins de ce-» lui qui les réclame et des ressources de i » celui qui doit les donner ». C'est une formule, mais il serait bien plus intéressant d'en exposer l'applica-; tion ! Nous demandons des solutions nettes, i claires, précises, avec des chiffres et des conclusions économiques. C'est ce que doit nous fournir le Comité ! financier. Mais nous déclarons d'avance que, d'après nous, la Belgique ne dispose pas de ! ressources suffisantes pour satisfaire à | tous les besoins de la colonie, c'est-à-dire ' pour construire le réseau de voies ferrées, j pour créer les établissements industriels, pour assurer le développement de l'agri-| culture, pour organiser la police, pour ga- ■ rantir Je paiement des impôts, etc. Ce programme exigera près de deux mil- ■ Jiards.. Où diable irions-nous les cher-f cher ? Des emprunts ! Mais on connaît les difficultés que nous éprouvons à trouver un prêteur naïf et obligeant qui consente à avancer cent mille francs à notre gouvernement de la prospérité nationale ; aJors' crue le gouvernement républicain qui conduit la France à la ruine (air connu) a lancé tout récemment un emprunt de 800 millions : et que le public lui offre 40 milliards ! Le gouvernement belge ne voudrait-il pas nous conduire à la ruine suivant la méthode républicaine française ? Nous lui en serions très reconnaissants. On se demande même, bien loin de pouvoir aider le Congo, comment nous pourrions satisfaire aux exigences financières de la mère-patrie. ' \ N'avons-nôus pas notre dette à servir, | et nos gaspillages à compléter ? Ne faudra-t-il pas payer la folie de la jonction Nord-Midi, qui devait coûter 56 millions, pas l un sou de plus ; et être achevée le 15 juin 11915, pas une heure de moins ? I Ne faudra-t-il pas aussi trouver 25 mil-H lions pour appliquer La nouvelle loi scolai-Bre, qui, de plus, obérera lourdement les fi-■nances des provinces et -des communies ? I nïfiil* uuelaues-unes seulement de nos ■ oûuguuoiis, et... pas un maravedis dans il F caisse ! f I Ne songeons donc pas à sauver le Congo, f nous ne sommes pas de foroe à boucler lî ; ceinture de sauvetage. ( \ . Rongeons plutôt à un petit sacrifice par-; tiel, qui sauverait le grand reste. Songeons donc à l'idée de Monsieur Ger-I tiaert ; et faisons des vœux pour que la diplomatie s'en préoccupe . XXX QUELQUES TABLEAUX m de la vie allemande d'il y a eent an& I Du Temps : H On sait de quelle façon, an lendaina.'n de chute de l'empereur, il y a irout juste cent ■Pjfls, Paris et la France entière =e sont eou-■p&in trouvés remplis de visiteurs anglais, ^■accourus chez nous pouir s'assurer m ^■personne de la réalité de leur « délivra q-me souviens même d'avoir lu na-Kuère, dans les lettres intimes d'un pasteur guettante et sportsman, la description d'u-? véritable agence de « tournées », organisée tout exprès à l'usage de qes visiteurs, j <lUl se chargeait de les conduire par «ban-les»i pendant plusieurs semaines, sur les Nncipoux champs de bataille de la der-jene et glorieuse campagne du « tyran » «trôné. MaU, tandis que la plupart des touristes JJglais bornaient leur curiosité à notre quelques-uns, trop heureux de pou-0lr enfin « circuler » librement sur le consent, poussaient leur exploration jusqu'en Jternag.me, avec l'espérance d'y découvrir ^eillement maintes traces encore saintes des tragiques convulsions des an-r-s passées. C'est ce qu'a Ifait, en particu-rjuiï liauit fonctionnaire de la Compagnie guides, Georges Parish, dont les lettres ennent d'être publiées dans une récente JÇgoo de la Deutsche Rv .dschau. ifltevé jadis à Hambourg, où l'un de ses c'es avait fondé une banque, iil s'est em-e*sé de profiter de l'occasion d'uni congé ' turope pour aller revoir !:s nombreux pts ou amis qu'il avait au-delà du ! et toutes ses lettres abondent en me-^ traita d'observation familière, les mieux lts du monde pour nous donner une idée ~profond désarroi matériel et moral qu'a-'J Produit en Allemagne, il y a un siècle, jusque arrêt de la domination napo-wueane.Jf^°rge Parish est arrivé à Hambourg le r Juin 1814, au moment même où venait • entrer triomphalement la forte armée }^e de Bennigsen. «Jamais encore je jamais je ne m'étais aussi bien rendu compte du caractère militaire de la Russie. Maintenant que je connais l'attitude martiale de ces troupes, leur vigueur phys-'^ue et leur discipline, je ne m'étonne plus du succès de leurs armes. » Le soir, dans un des plus somptueux restaurants de la ville, Parish a rencontré un bon nombre d'officiers cosaques. » Ils buvaient du Champagne dans des verres énormes qu'ils ne manquaient point de lancer contre le mur, ainsi que les bouteilles, dès qu'ils les avaient vidés. J'ajouterai qu'ils payaient en ducats bien sonnants les dommages ainsi causés, aussi loyalement qu'ils eussent été nos compatriotes. » Quelques jours plus tard, notre voyageur transmet à son père les renseignements qu'il a recueillis sur l'occupation de Hambourg par les Français : « Ceux-ci ont grandement amélioré les fortifications de la ville ; et si l'on songe à la rigueur de l'hiver passé, comme aussi au peu de temps employé pour l'achèvement de tous les travaux de défense, l'on ne peut s'empêcher de voir là un très glorieux témoignage du talent militaire de cet te nation Je tiens pour plus que douteux que, sans l'intervention de la paix, les 40,000 Russes de Bennigsen eussent été en état de s'emparer de Hambourg. Le nouveau pont sur l'Elbe, élevé par les Français, est également un chef-d'œuvre et provoque l'admiration de tous les connaisseurs. C'est en passant sur ce pont que les Français, pendant le siège, allaient se pourvoir de vivres sur la rive hanovrienne, et puis s'arangeaient pour rentrer avant l'aube à Hambourg. Une fois, un corps de 10,000 hommes est ainsi sorti en armes de la ville assiégée et a raflé tout ce qu'il trouvait d'utilisable, en fait de provisions, dans les villes et villages du Hanovre, à des lieues alentour... Ce qui n'empêche pas les habitants d'avoir eu fort à souffirr de la faim et du froid. Le bois et la tourbe surtout atteignaient des prix fantastiques. Mon vieux professeur italien a passé tout l'hiver dans son lit, et m'assure n'avoir trouvé que ce seul moyen de ne pas mourir gelé.» De telle sorte que la haine des Hambour-geois pour leurs hôtes de la veille égale l'admiration respectueuse que leur inspire notre génie militaire. «Hier encore, le peuple s'est jeté furieusement sur un groupe de soldats français convalescents et les a maltraités de la façon la plus inhumaine. L'autre jour, une division française qui passait par Hambourg pour rentrer dans son pays, a été pourchassée à travers les rues et n'a dû son salut qu'à un mensonge, ayant heureusement imaginé de va donner poi"-une troupe d'Italiens enrôlés contre leur gré. » Le 1G juillet 1814, Parish, après avoir franchi une dernière fois le « pont de Da-voust », dont il ne se lasse pas de célébrer l'excellence et la commodité, se rend à Hanovre, où il visite pieusement .la statue de Leiibnitz sur la place du Marché. Sur cette même place, autour de la statue du vénérable philosophe, le maréchal Mortier tout le temps de son séjour à Hanovre, avait exigé qu'il y eût chaque soir un bal, pour l'amusement de ses braves soldats. « Lorsqu'il est parti de Hanovre, plus de 200 jeunes filles ont suivi l'armée française, l'on m'a raconté que toute la. population féminine de la ville était bai ..«née de larmes. » Aussi bien, notre voyageur va-t-ilftetrou-ver un peu partout, suv son passage, l'expression de semblables regrets, laissés pai le départ de inos troupes à la « population féminine » d'outre-Rhin. « Je trouve — écrit-il à son père — que la différence entre le Français et l'Anglais consiste en ceci, que le premier pren<t toujours soigneusement la peine de {aire l'amour, tandis que le second préfère l'acheter tout /ait. » En arrivant à la petite ville d'eaux de Pyrmont, quelques jours aprè.:,, Parish est- étonné de voir, sur les deux côtés de l'avenue principale, une énorme foule endimanchée qui semblait attendre l'entrée solennelle de quelque grand personnage; et en effet voici que bientôt deux officiers, tout couverts de poussière, accourent au galop, annonçant la prochaine apparition du glorieux maréchal Bliicher ! « Le vieux maréchal trônait superbement dans une calèche ouverte, attelée de six chevaux. Son approche a été saluée d'une tempête de clameurs enthousiastes. Les dames agitaient leurs mouchoirs, les hommes leurs chapeaux. » Le mèriK- soir, pendant que toute la ville d'M*nr"*iait brillamment illuminée en l'hon-neu r héros », celui-ci avait déjà repris 6a pu. o habituelle à la table de jeu, où il ne manquait pas de passer toutes ses journées.«Jamais il ne joue moins qu'un rouleau de pièces d'or. D'après ce que l'on m'a dit, il joue sans aucune intelligence, mais avec une tenue parfaite ; et, en vérité, j'ai pu voir que les pertes n'amenaient pas le moindre changement dans l'expression de son noble visage. Impossible de décrire la masse d'hommes et de dames qui entourent à toute heure la tabLe du vieux guerrier : et ceux-là ilaissent assez voir, sur leurs traits, la grosse part qu'ils prennent à sa chance ou à sa malchance. » Parish rencontre encore Bliicher le lendemain matin, au restaurant du parc. « Le héros fumait sa pipe et b'uvait son café, dans un des habillé tout pareil à celui que tu as coutume de porter. Quelle différence entre son- occupation d'aujourd'hui et celle d'il y a exactement douze mois ! » A la table du dîner, la veille, Parish avait eu pour voisine la « maîtresse d'un baron des environs de Cassel ». Cette dame lui avait raconté que l'ex-roi Jérôme Bonaparte, un jour qu'il avait daigné rendre visite au baron, « s'était commandé im bain chaud entièrement fait de bouillon », en ajoutant que d'ailleurs, à la cour de Cassel, les bains de lait ou de vin étaient devenus d'un usage constant. Mais avec tout cela force a été au voyageur anglais de reconnaître, lorsque lui-même ensuite est venu à Cassel, que la ville entière s'obstinait à garder un excellent souvenir d'un prince qu'elle «continuait scandaleusement d'appeler son roi ». Cette popularité du roi Jérôme s'expliquerait, d'après George pa-rish,'tpar « le profit que trouvaient ses sujets à vivres des dépenses nécessitées par ses constructions, transformations et améliorations ». En tout cas, « c'est chose trop certaine que, maintenant encore, une foule de personnes ne peuvent pas se consoler de la pensée de son départ ». Sans compter que le retour du souverain légitime dont la place avait été naguère occupée par le roi Jérôme n'était pas fait semble-t-il. pour aider à «consoler» les habitants de Cassai»i ..noua, en jugeons par la manière dont Parish lui-même nouo décrit l'attitude de ce souverain au cours d'une revue solennelle des troupes de l'ex-rovaume de Westphalie : » Le prince électeur, qui est âgé de 75 ans, avait tenu à commander ses troupes en personneCrL'une des conséquences naturelles de la vieillesse est de nous attacher fortement aux coutumes et traditions anciennes ; et c'est de quoi j'ai eu là un exemple frappant. Lorsque la Hesse s'est trouvée incorporée au royaume de Westphalie, Napoléon a congédié tous ceux d.^s soldats que l'Age ou la maladie rendaient impropres au service, et dont beaucoup encore avaient été jadis à notre solde pendant la guerre d'Amérique. 11 les avait remplacés par de solides jeunes gens, en même temps qu'il modifiait l'uniforme dans un sens plus pratique et moins suranné. Or, voici que le premier soin dp prince-électeur reparaissant après une absence de sept années est de rédiger un ordre du jour par lequel il arrache les vieux soldats à leur paisible retraite^ restaure les anciens uniformes, la perruque poudrée, la queue, les hautes bottes montant jusqu'au-dessus des genoux ; et c'est sous cet accoutrement que j'ai eu l'honneur de voir défiler l'armée hessoise 1 » L'ensemble était profondément grotesque et, naturellement, le pays entier ne se lasse pas d'en rire. » Lorsque le prince électeur est arrivé sur le champs de manœuvres, il a commencé par l'aile gauche. A l'un des hommes, il redressait les épaulettes, à un autre il donnait une tape sous Le menton pour lui faire tenir la tête plus droite, au troisième il tirait da jambe plus en dehors, et ainsi die suite. Le vieux prince était à pied, sans l'escorte d'aucun aide-de-camp. Puis, lorsque les régiments ont défilé, il s'est mis à battre la mesure die la marche avec son bâton et son pied, ne s'interrompant que pour relever, avec des expressions souvent grossières, tel ou tel menu détail qui lui déplaisait. Au total, il donnait l'impression d'un sous-officier enseignant l'exercice. Imagine-toi un gros homme ventru, avec, sur la joue gauche, une excroissance qui égale presque Jes dimensions d'une tête déjà, suffisamment ridicule et informe par elle-même ! » Une déception toute pareille attendait le voyageur anglais à Stuttgart, la semaine suivante. 11 est vrai que, cette fois, le souverain qu'il apprenait à connaître avait été l'un des alliés les plus zélés de Napoléon ; mais on sait aussi avec quel empressement, il l'avait abandonné dès les premiers revers, tout en continuant d'arborer fièrement le^ritre royal qu'il en avait reçu ; et il fallait le voir redresser à présent sa grosse tête de magot, avec la conscience' d'avoir enfin retrouvé le prestige sacré que lui conférait son auguste naissance ! C'est au nouveau théâtre royal de Stuttgart que Parish a eu d'abord l'occasion de contempler le vieux roi de Wurtemberg. «L'usage est ici que persoiine n'applaudisse avant que le roi en. ait'---donné le signal ; si bien >ciue, dans incertitude où l'on était du bon plaisir du roi, lo public accordait à celui-ci beaucoup plus d'attention qu'^i la pièce elle-même. » Enfin, la laveur royale a daigné s'adresser à une certaine -actrice ; et aussitôt la salle entière s'est mise à suivre l'exemple de son souverain. Le roi de Wurtemberg était assis seul dans sa loge : ce prince se fait de son pouvoir une si haute idée que personne n'est admis à l'honneur de l'approcher. Son aide-de-camp' /avait dû prendre place dans une loge voisine. La libre franchise avec laquelle tous ses sujets s'entretiennent du scandale de sa conduite publique *3et privée forme un contraste étrange avec leur résignation à subir docilement son autorité. On espère que le Congrès de Vienne donnera au Wurtemberg une Constitution ; mais, en attendant, il n'en existe point trace, et le caprice du sou verain est l'unique loi. » Plus tard, Parish a revu le vieux roi- paradant à travers les rues de sa capitale, dans un magnifique carrosse que traînaient nuit chevaux. ««J'ai pu apprécier là tout ce que sa corpulence a de monstrueux — ce qui ne l'empêche pas d'être un chasseur passionné. Il n'y a pas jusqu'à ses chasses elles-mêmes qui ne constituent pour ses sujets une lourde charge : car tous les paysans sont employés de force, durant des semaines, à rabattre son gibier. » Ainsi, notre touriste anglais s'en va de ville en ville, constatant un peu partout, à sa grande surprise, que la « délivrance » de l'Allemagne est loi1 d'avoir procuré à celle-ci autant de bien-être et de joie qu'il l'aurait supposé. Une seule fois, durant tout son voyage, il rencontre un groupe de princes dont il doit reconnaître qu'ils « sont tous très aimables, d'une politesse parfaite et d'ailleurs universellement aimés » ; et il se trouve que ce groupe est constitué de la princesse Stéphanie de Bade, « fille adop-tive de Napoléon », de l'ex-vice-roi d'Italie Eugène de Beauharnais, et de l'ex-reine d-e Hollande, « femme de Louis Bonaparte » 1 T. DE WYZEWA LE MIMÉTISME Sur l'initiative du général Cartier de Chal-mot — déjà célèbre par sa méthode d'observation de l'étoile polaire, décrite un joui* par notre Anatole France, — il a été constitué,, voici quatre ans, une Commission chargée de s'occuper «de la couleur du drap à utiliser pour rhabillement des troupes à pied». Le but de cette recherche est de faire les armées invincibles en les rendant invisibles. La Commission avait d'abord pensé à des costumes kakis. Elle a enfin adopté un type de drap d'un gris bleuté, et M. Me&simy a exposé, l'autre jour, à la Commission de l'année, que l'adoption de ce nouvel habillement n'exigeait guère qu'un crédit supplémentaire d'une soixantaine de millions. L'intérêt de cette innovation, ■c'est, comme on dit, qu'elUe a une base scientifique. Les animaux sont, paraît-il, faits de telle sorte qu'ils échappent à leurs ennemis, parce que leur couleur ou leur forme les fait confondre, soit avec leur miLieu naturel, soit avec des objets de ce milieu, et les rend invisibles ; pourquoi n'y aurait-il pas un mimétisme militaire comme il y a un mimétisme animal ? Il est, à vrai dire, fâcheux que oette base scientifique soit justement invoquée au moment précis où la croyance au mimétisme achève de dispa- DEMI-CHOUETTE ET FAUX MIMETISME Il y a vingt ans, on y croyait 'dur comme fer. C'est qu'on prouvait le mimétisme pai ia même «preuve ontologique» qui sert <è l'existence de Dieu : on croyait d'avance k son existence, on retenait tous les faits qui semblaient la confirmer, et on re}etail tous les autres. On citait avec admiration lç papillon Caligof' dont le dessin des ailles sst si ingénieux que, lorsque celles-ci sonl déployées et que l'insecte lepose La tête er t>as — tel qu'on peut le voir dans les collections — elles figurent une tête de chouette, véritable épouvantait à petits oiseaux, Seulement, on s'est aperçu depuis que l'insecte dans sa position de repos, telle qu'or l'observe en pleine nature, a les ailes fermées, et ne présente ainsi qu'une demi-tête de chouette, non moins bien dessinée, mais moins efficace. Cent faits de ce genre ne prouveraient pas, sans doute, qu'il n'existe pas de mimétisme. On en tira du moins la conclusion, avec le naturaliste Plateau, qu'il y en a di vrai et du faux, et, renonçant à expliquei le faux ou les ressemblances, qui ne servent à rien pour la protection, on continue d'appliquer au vrai la théorie du mimétisme £mise par Wallace, en 1858, et qui voit er lui un résultat de la «sélection naturelle». Parmi les petites «variations utiles» qui se produisent constamment chez les êtres vivants, la « lutte pour la vie », par le seul |eu de la « survivance des plus aptes », maintiendrait et accumulerait peu à peaj loutes celles qui, grâce à une ressemblance fortuite d'abord, se montreraient capables de servir l'individu et l'espèce, de façon à déterminer finalement les ressemblances les plus étonnantes. Cette théorie es-t intelligible, mais ce qui l'a tuée, c'est la découverte du faux mimétisme, qui a fini par faire reconnaître qu'il n'en existe pas d'autre et que les plus belles « ressemblances » ne protègent pas les animaux. LES MERVEILLES INUTILES Ces ressemblances sont si nombreuses qu'il n'y a pas d'animal chez qui on n'en puiatse découvrir quelqu'une. Les unes sont très générales, les autres très particulières. Parmi les premières, tout le monde lait que les animaux des régions polaires, l'ours blanc, le renard argenté, beaucoup d'oiseaux, ont une robe ou un plumage blancs. De même, l'immense majorité des animaux qui vivent à la surface de la mer, et forment le plankton, sont bleuâtres el transparents comme l'eau. Les lions et autres carnivores qui rôdent aux confins des déserts ont une livrée fauve aux couleurs du sol. ■ > Les bêtes des bois ont un pelage couleur broussaille. La crevette est grise comme le sable. Les animaux de la mer des Sargasses sont bruns comme ces algues. La ressemblance, au lieu de porter sur l'ensemble, porte parfois sur un détail typique du milieu : certains poissons ont sur le corps des dessins qui reproduisent ceux du fond sur lequel ils vivent ; le poisson Phyllopte-rix vit dans des algues et a le corps déchiqueté comme elles ; la crevette Hippo-lyte a deux couleurs : verte sur les algues vertés, rouge sur les algues rouges ; l'abbé de Joannis a étudié des papillons qui ont les ailes rayées et qu'à cause de cela on ne distingue pas des céréales où ils se posent.Cela nous mène à des ressemblances avec des objets ou des êtres très définis. La chenille de l'Urapteryx se confond avec une ramille d'arbre fruitier. Le papillon Leptalis Theonoe est une copie de Yllho-mia llerdina et profite sans doute ainsi, quoique lui-même en soit privé, du fait que son modèle se défend contre les oiseaux et les lézards par une sécrétion nauséabonde.Le monde des insectes est merveilleux à cet égard : la Phyllie sèchefeuille ressemble en effet à une feuille sèche ; le Dixippe morose, étudié par Pieron, pareil à une brindille sèche, deux de ses paires de pattes sous son corps allongé, l'autre paire et ses antennes accolées dans le prolongement de sa tête, se tient immobile tout le joiir, et raidit encore son immobilité chaque fois qu'on l'attaque, mais seulement pendant le jour et s'enfuit au contraire si l'attaque est nocturne ; quelques mantes ne ressemblent qu'à elles-mêmes, mais la plupart ont la forme de feuilles, d'herbes ou de fleurs : d'une d'elles a les pattes en forme de gousses vertes, avec des bourgeons et des feuilles aux articulations, et la tête bleue en ileur de pois' avec un toupet d'étamines. M. Jean Piaget, étudiant dernièrement les « mollusques mimetiques » de la côte de Binic, en Bretagne, a signalé chez eux des faits semblables : la littorine obtuse ressemble à ce point au flotteur des algues fucus qu'on les prend l'un pour l'autre ; d'autres littorines ont la coquille'ou claire ou plus ou moins foncée, en rapport avec les cailloux du fond ; la purpurea est blanche, bigarrée ou foncée, suivant la couleur du fond, lisse sur les cailloux polis, rugueuse sur les roches accidentées; les patelles, ces petits cônes cramponnés aux rochers et qui découvrent à marée basse, ont la couleur du rocher et prennent aussi sa sculpture... Jusque chez les plantes, enfin, on a signalé du mimétisme : les fleurs des Ophrys ont la couleur et la forme des mouches, des abeilles, des araignées, qui en assurent la fécondation croisée; un Mesqui-brianthemnm de l'Afrique du Sud a l'aspect des pierres parmi lesquelles il pousse, et, s'il faut en croire M. AlwLn Berger, qui l'a décrit, échappe par là à 1a gourmandise des singes du Cap. Si curieux que soient ces faits, il a bien fal'lu reconnaître qu'ils ne prouvent jamais un cas de protection. Le mimétisme, en réalité, est une théorie de cabinet qui, on en a déjà vu un exemple dans les ailes du Cali-go, ne supporte pas l'épreuve du dehors : il faut n'avoir jamais vu de lion ou d'ours qu'empaillés et les supposer immobiles pour penser que leurs couleurs servent à les cacher. Les chasseurs ne s'y sont pas trompés, et dernièrement encore, dans ses beaux récits de chasse à l'éléphant, le capitaine Sti-gand montrait qu'il ne peut être question de protection par la couleur, ni pour le gros, ni pour le petit gibier africain. * _M. Roosevelt, dans la préface à ces récits, confirme que tout ce qu'on a dit à ce sujet pour les zèbres, les oryx, les antilopes allant boire à leurs places accoutumées, est basé sur l'examen des dépouilles et démenti par l'observation sur place : non seulement ils ne se cachent pas, ils évitent même les endroits couverts, sans doute par peur du Uon ; ijl«s se.m.e.uvent.£ar. troupeaux. au pas, au trot, au galop ; leurs robes, malgré un même habitat, sont très variées, non seulement d'espèces à espèces, mais entre individus de même espèce, et, loin de les dissimuler, lés signalent au contraire. Il en va de même pour les plus extraordinaires ressemblances des insectes. Une chenille brune a l'aspect de brindilles, mais cela ne lui sert pas ; elle se pose d'habitude sur des tiges verïfes de genêt ou de laurier-rose. L'éphippigère est vert éme-raude, mais il stationne sur des chardons biens en plein soleil. M. Rabaud, dont j'ai signalé ici, dernièrement, la réfutation de la croyance & la té-légonie, a montré, pair tout "un ensemble de remarques analogues, que celle au mimétisme n'est pas mieux fondée, ou qu'elle n'est en définitive fondée, comme l'autre, que sur des préjugés huma.ms, dont l'origine, à ce que je crois, serait sans doute à rechercher dans d'antiques superstitions, telles que celles qui ont donné naissance autrefois aux fameuses doctrines sur la signature des plantes. Il a fait voir, par des séries de papillons feuilles, que les ressemblances sont souvent exagérées par l'observateur, que certains de ces papillons ont simplement des nervures diversement accentuées, ou bien des taches variées, ou bien une coloration liucpddGJ 'oouoj o-unuf 1ç»îuuj içjuu) la teinte d'une feuille morte, que certains autres ont à la fois les nervures et les taches, la teinte et lies nervures, mais que d'ailleurs aucun ne neut être confondu avec une feuille. Qui indique au surplus que ce qui nous est invisible ou mal visible le soit également pour les ennemis à dépister? Il est bien connu aujourd'hui que tous les animaux n'ont pas la même sensibilité à la lumière et l'on ne doit pas conclure de ce qu'est notre vue à ce que serait la leur; en fait, comme l'a montré l'Américain Judd dès 1899, des oiseaux découvrent et dévorent,"^instantanément des insectes dont le mimétisme est à nos yeux parfait. Enfin, il ne faut pas oublier que si le mimétisme n'aligne que des « trompe l'œil ». chez beaucoup des animaux contre qui il semble dirigé, l'odorat joue un rôle plus grand que celui de la vue, de sorte que la prétendue ruse serait inutile... On voit que la biologie, comme une philosophie célèbre, travaille "assez souvent «avec le marteau » et détruit les théories anciennes qui paraissent les plus séduisantes. Ce n'est pas une besogne négative : eue apporte au contraire une foute de faits nouveaux et propose à la recherche des problèmes nouveaux. Tant qu'on croyait au mimétisme, il était facile d'expliquer par leur utilité les étonnantes ressemblances dont '•'j'ai cité quelques exemples. Mais maintenant que l'utilité invoquée est reconnue inexistante, elles sont plus étonnantes encore. Elles indiquent que le problème n'était pas si simple qu'ori^'avait d'abord cru, et qu'il faudra, pour res expliquer, découvrir des lois jusqu'ici inconnues de l'histoire de la vie. (L'Humanité.) Jean-Paul LAFITTE. GRENELLIENS Du Temps J Le mot sonne comme une invective, et il en fut une, en effet, il n'y a pas 'bien longtemps. % ; Les gens de Vaugirard traitaient, non sans mépris, de Grenelliens les Painsiens qui se fixèrent, à l'époque de la Restauration, dans la vaste plaine située entre la Seine et le dit village de Vaugirard. Ce terrain était sinon inculte, du moins désert depuis le commencement du monde ; on n'y voyait, en 1789, que deux habitations : l'une s'appelait la Maison-Blanche, guinguette ou ferme au bord de la rivière ; l'autre était le Moulin de Javel, endroit champêtre où les Parisiens qui ne craignaient pas les longues excursions allaient manger la matelote les dimanches' et jours de fête. Tout le reste était en culture et appartenait à l'Ecole royale militaire. Là furent plantés en 1783, par ordre du roi, les premiers champs de pommes de terre, qu'on faisait garder par des soldats, baïonnette au fusil, afin d'inspirer aux maraudeurs l'idée que le nouveau légume était une friandise insigne. Les voleurs ne manquèrent point ; il était recommandé aux sentinelles de fermer les yeux, et la pomme de terre fu déclarée un mets délicieux par las mêmes gourmets qui l'eussent jugée immangeable si on la leur avait distribuée gratuitement. Le terrain de la plaine de Grenelle avait été si superficiellement retourné, depuis le Déluge jusqu'à la Révolution, qu'on y découvrit,, en 1S66, dans une sablière, avenue St-Charles, à un mètre quarante du sol, des squelettes d'éléphants, de rhinocéros, d'hippopotames, de bisons, d'hyènes, de zébus et de cerfs du Canada. Les naïfs pourraient s'imaginer qu'une épidémie ayant ravagé quelque ménagerie foraine, les animaux furent enterrés là. Point du tout : les savants, après enquête et examen minutieux, décrétèrent que ces restes dataient du temps où « le dernier des grands lits de l'âge de pierre s'est remblayé, c'est-à-dire du passatge .de l'âge de la pierre taillée à l'âge de la pierre polie ». A cette époque reculée, «les animaux des ri-rivières chaudes de l'Afrique actuelle se jouaient, paraît-il, dans la Seine » ; se qui explique, à la rigueur, la présence des ossements de rhinocéros et d'hippopotames, mais non celle des débris de bisons, d'hyènes et, de cerfs. Quittons la préhistoire, où nous risquerions de patauger. Quand, la Révolution venue, le domaine de l'Ecole militaire fut mis en vente comme bien national, un particulier nommé Gi-nou.x se rendit acquéreur, pour 106,700 livres, de la plaine de 'Grenelle — plus de cent hectares. En messidor de l'an IV. date de Tadiudication, l'assignat de c^nt. livres valait de douze à quinze sous ; Gino-ix ne fit donc pas une mauvaise affaire. L'hectare lui revenait à 6 francs 50 centimes environ. Le ■terrain, en certains endroits, vaut nar là, aujourd'hui, de quatre à six cents francs le mïtre ! * G-inoux garda ses chamns affermés à" un agriculteur du nom de Frémicourt, jusqu'en 1824. Il se décida alors à les vendre, et les céda pour 980.000 francs à M. Violet, associé pour cette acquisition avec un dg.jsefl-.ain.is-. M. Letellier. .Vjûlf>t. Atmt <vn- treprenèur de bâtiments ; c'est lui qui "avait percé, notamment, de la rue d'Hauteville, au faubourg Poissonnière, le passage qui, porte encore son nom. Spéculateur hardi et; perspicace, il entrevit le parti qu'il était possible dé tirer de cette immense plaine de Grenelle, comiplètement libr^ dé cons-tructions.Située aux portes 'de Paris et en bordure de la Seine. «à Tout, 'de suite, il commença à y tracer 'des rues, ©n 1826. il fondait, avec son ami; Letellier, une Société au capital de 3.600,000 francs, divisé en 720 actions de 5.000 fr.: chacune. Les acheteurs de terrains devaient s'engager à' bâtir et 'à n'employer, pour "tes, travaux, que les entrepreneurs de la Société.-Ce qu'on rêvait, c'étaff de créer là' une ville Coauette, habitée par dès rentiers' ri-: ches et tranquilles. Letellier -'donna l'exemple <et se fit construire, sur la place r>ro]0-| t-Se du futur Grenelle, une belle h'abifa'fkvni oui ne lui çofita nas'moins î-io fîoo AOO fr.1 La rue qui conduisait à ce'tte place fut bap-tisée rue Violet ; elle servait d'avenue à la maison du fondateur de la cdtô nouvelle, confortable -hôtel entouré d'un grand parc et dont quatre colonnes doriques décoraient la façade : on l'appelait le château de Grenelle, et la vie y était « fastueuse ». Ne parlait-on pas de ïaquais en culottes courtes et d'autres splendeurs non moins étonnantes, appelées à « donner le ton » au quartier. De fait, cette rue Violet devenait, de jour en jour, plus élégante que la Chaussée! d'Antin ; de jolies maisons s'y élevaient] derrière de belles grilles ou de hauts portails ; on y dessinait de charmants jar-: dins ; le banquier Perrée, le chimiste Payen,' d'autres opulents actionnaires de la Société Violet construisaient à 1a dernière mode, avec frontons triangulaires, hauts perrons, marquises 'de fer,« balustrades à l'italienne en fonte ouvragée ; M. Herr, un architecte, de Vaugirard, était le principal auteur dej ces merveilles. La plaine déserte se tnans-; formait en une agglomération enchanteresse que ses habitants, enthousiasmés de* leur œuvre, baptisèrent sans modestie Beaugrenelle. Dès l'été de 1824, on y couronnait une rosière, en présence de M. Fondary, maire de Vaugirard, qui but à la santé de M. Violet et à la réussite de son entreprise ; il y eut des courses en sac, des joutes sur l'eau, des cortèges de jeunes fillevs vêtues de blanc, un banquet sous une tente, concert, feu d'artifice, illuminations — tout ce qui constitue le bonheur de la vie. Et Beaugrenelle s'étendait toujours ; on bâtit une église, beaucoup plus belle que la pauvre petite église Saint-Lambert de Vaugirard ; on la mit sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, patron de M. Violet ; Mme la duchesse d'Angoulême vint présider à l'inauguration, accompagnée de sa nièce, Mademoiselle, fille de la duchesse de Berry. Bien plus, les Grenelliens se mirent à élever uni théâtre, contenant 1,300 places,#sur lequel: on jouerait trois fois par semaine, comme; à l'Opéra, et où M. Violet se réservait, à: vie, la loge d'honneur. Il était le roi de Beaugrenelle et Beaugrenelle menaçait de détrôner Paris. * C'est alors que les habitants de Vaugirard commencèrent à s'inquiéter. Jusque-là ils avaient considéré avec curiosité l'éta-j blissement, dans leur plaine, de cet aristocratique faubourg de leur modeste village. Mais, il faut le dire, ils étaient jaloux. Ils le furent bien davantage quand l'orgueil-. Ieuse cité rivale, que le succès grisait manifestement, émit des prétentions d'autono-; mie. Comment, ces Grenelliens, insolem-' ment installés sur le territoire de Vaugirard, poussaient maintenant l'ingratitude! jusqu'à réclamer du gouvernement leur! indépendance et à réduire ainsi la commune de moitié ! Us avaient eu l'orgueil de; construire un théâtre dont les journaux pa-! risiens saluaient l'ouverture et qu'ils dé-; claraient être «le rendez-vous de la bonne compagnie ! » Les habitants de Vaugirard étaient-ils donc des marmiteux ? Ne valaient-ils pas autant que ces mirliflores de Grenelliens, venus on ne savait d'où ? La guerre éclata au sujet de deux réverbères que les gens; de Beaugrenelle désiraient poser à la porte: de leur salle de spectacle. Il fallait en demander 4'autorisation au Conseil municipal où ies Vaugirardinois étaient en majorité : tes deux réverbères furent refusés net. Beaugrenelle riposta en adressant au ministre de l'intérieur une pétition tendant à être érigé en commune distincte de sa morose métropole. Vaugirard plaida sa cause en dévoilant (( l'attitude agaçante » du roi de Beaugrenelle, M Violet, qui s'obstinait à appeler mon théâtre l'établissement objet du débat. Le préfet de la Seine, l'archevêque, le directeur des contributions directes, le Conseil général, toutes les autorités compétentes furent assaillies ; la victoire resta à Beaugrenelle qui, le 4 septembre 1829, fut promu au rang de commune. Restait à opérer la séparation et à tracer la frontière; les hostilités recommencèrent. Vaugirard, voulant avoir le théâtre, offrit en échange son cimetière à la nouvelle commune, qui en manquait. Beaugrenelle acceptait le cimetière, mais ne consentait \ point à céder le théâtre. La révolution de 1830 survint. Vaugirard crut triompher ; mais Beaugrenelle avait des appuis auprès du roi et obtint définitivement gain de cause. La seule consolation de ses ennemis -vaincus fut que l'ordonnance royale attribuait à la commune naissante le simple nom de Grenelle et non celui de Beaupre-nelle, sous lequel elle se plaisait, présomp-tueusement, à se désigner.Cettc dernière appellation fut réservée à l'une des places de la nouvelle cité, ce dont Vaugirard enragea. Il faut lire les péripéties de cette rivalité dans le récent volume de la collection de monographies consacrées par M. Lucien Lambeau le très érudit secrétaire de la Commission du Vieux-Paris, à Vilislaire des communes annexées en fS59 (Grenelle, 1 vol. in-4°, avec plan et gravures). Un tel livre est, à la fois, le plus complet des guides et le plus sûr des « mémorialistes ». On y verra comment Grenelle, livré à ses propres ressources, prospéra en peu (-^'années, eut, lui aussi, son cimeti-' •. 'ses pompiers, sa mairie, son bureau de bienfaisance, ses. écoles, ses omnibus, son pont sur la Seine'!..'On y verra aussi comment, en. 1859. le grand Paris glouton, mal à l'aise dans ses limites du temps de Louis XVI, écrasa, en s'étirant, les deux communes si longtemps en guerre et passa son niveau sur leurs vieilles rancunes.

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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