Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 02 June. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 04 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/3j39022p05/
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Mercredi 2 juin 19IT» 13 centimes le numéro 59me année - N" 153 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : S fr. par an ; \ fr. pour six mois ; S fr. pour trois mois 33 Pour l'étranger, le port en sus REDACTION & ADMINISTRATION : E.TTJ±j DE FLANDRE, 3, GAN.D TELEPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. I L'Œuvre de la Paix L'œuvre des Conférenoes La première Conférence, réunie en 1899, se ■ termina par la signature de conventions et dé- ■ clarations enîre les diverses Puissances repré-I sentées; ces actes ne se rapportaient pas dn._ ■ tement à l'idée inspiratrice d'un désarmement, ■ mais au contraire aux lois et règles de la guerre, ■ qui jusqu'à ce moment n'était régie que pa I les principes coutumiers du droit des gens. Ce ■ qui achève de donner un caractère obligatoire I aux actes de la conférence, c'est que ceux-ci F furent sanctionnés par les législatures; en Bel- ■ oique notamment ils furent approuvés par une ■ loi du <i août 1900 (Moniteur : 13 sept., 21 I net., I1 nov. 1900). Les travaux de la première Conférence I aboutirent à une convention pour l'adapra- I tirai à la guerre maritime des principes ■ de la Convention de Genève du 22 août 1864, I à une déclaration relative à l'interdiction de I lancer des projectiles et des explosifs du haut I des ballons; une déclaration relative à l'inter-I diction d'employer des projectiles qui ont pour ■ but unique de répandre des gaz asphyxiants I o:i dé'étères; et une déclaration relative ît i'in-I terdiction d'employer des balles qui s'épa-I nouissent ou s'aplatissent facilement dans le I corps humain, telles que les balles à enveloppe ■ dure dont l'enveloppe ne couvrirait pas entiè-I rement le noyau ou serait pourvue d'incisions. En résumé, la plupart des résolutions votées I en 1899 avaient trait aux règles de la guerre I sur terre;il appartenait à la seconde Conférence I de les améliorer et encore celle-ci eut-elle ia I conscience de n'avoir pas épuisé l'œuvre assu-I mée, puisqu'elle déc'ara que pour les cas non I prévus les populitic® «»» les belligérants restent I sous la sauvegarde et l'empire du droit des gens I résultant des usages établis dans les nations I civilisées.. des lois de l'humanité et des exi-I gences de la conscience publique. Les décisions de la deuxième Conférence de B la Paix furent signées le 18 octobre 1907 ; elles I furent en Belgique approuvées par une loi du V «novembre 1910 dont le texte porte : « sor-| " riront leurs pleins et entiers effets, les con- ■ yentions et déclaration de la Conférence pour I "la Belgique et les Puissances représentées I « et énumérées ci-après » ; Convention pour I le règlement pacifique des conflits interna-I tionaux ; convention relative à l'ouverture I des hostilités ; aux lois et coutumes de I la guerre sur terre; au régime des navires I de commerce ennemis au début des hostilités; I à la transformation des navires de commerce I en bâtiments de guerre; à la pose des mines I sous-inarines automatiques; au bombardement I par des forces navales en temps de guerre; à I l'adaptation à la guerre maritime des principes I de la Convention de Genève, à certaines restrictions à l'exercice du droit de capture dans la guerre maritime; à l'établissement d'une -Cour internationale des prises; aux droits et devoirs des puissances neutres en cas de guerre maritime; et enfin la déclaration relative à l'interdiction de lancer des projectiles et des explosifs du haut de ballons. Les points à relever dans l'œuvre de la 2" Conférence furent d'abord le règlement de l'ouverture des hostilités, nécessitant actuellement une déclaration de guerre formelle et motivée ou un ultimatum avec déclaration de guerre conditionnelle. Les grandes puissances rejetèrent toute fixation de délai pour le cpjwnence-ment des hostilités. Ensuite la situation des belligérants sur terre et sur mer fut aussi réglementée, ainsi que celle des blessés et malades des guerres maritimes, enfin l'importante question des Etats et des personnes neutres. Des délibérations de la seconde Conférence sortit aussi la résolution relative à l'obligation pour tout pays belligérant d'indemniser celji J qui est préjudicié par suite de la violation d'une j disposition du règlement voté, soit que cette violation ait été ordonnée, soit qu'elle ait été commise par une personne enrôlée dans la force armée. Line proposition émanant des délégués français et belges aboutit au vote de l'interdiction de bombarder des localités non défendues par quelque moyen que ce soit. Cette défense est décréiée jusqu'à la clôture de la 3" Conférence. Le principe le plus important voté par ia Conférence de 1907 fut celui de la constitution définitive d'une Cour Permanente d'arbitrage pour le maintien de la concorde et de l'entre-aide mutuelle des Peuples. Ce devait être l'œuvre de la troisième Confère.ice de la Paix d'organiser cette institution idéale qui jusqu'ici n'est pas entrée dans le domaine de la réalité. Le Palais de la Paix Pour réaliser l'œuvre rêvée par Carnégie et • si largement subsidiee par lui et le Gouverne-men; des Pays-Bas. un concours international fut institué. L'honneur et le profit de pouvoir édifier un monument aussi important, e. aussi les primes, s'élevant ensemble à 36000 florins, promises aux meilleurs projets, attirèren;- l'attention d'une foule d'architectes. Deux cent seize projets parvinrent au Comité de la Fondation, qui, après plusieurs séries d'éliminations, retiri, pour être pincé et exécuté iet plai conçu dais le style flamand par M1' Cordonnier, membre de l'Institut de France, né à Haubourdin près de Liile. L'inauguration solennelle eut lieu le jeudi 28 août 1913; la cérémonie fut grave, sans apparat, évidemment sans le moindre déploiement de troupes. Seules les cloches sonnaient à toute volée, remplaçant les salves d'artillerie que le decret de Messidor de Napoléon a mis en pratique et qui depuis plus d'un siècle soulignent de leur grondement, aussi coûteux qu'inutile, toutes les solennités que président des souverains. Aujourd'hui nous vivons autrement, les cloches se sont tues et le canon tonne. La reine Wilhehnine de Hollande présidait, ayant à ses côtés la reine mère et le prince con-sort. Les princes se firent présenter Mr et Mad. Carnégie, venus d'Amérique pour assister à cette inauguration mémorable. Deux discours seulement furent prononcés, i'un par M. Van Karnebeek, président de la fondation Carnégie, l'autre par M. de Maries Van Swinderen, ministre des affaires étrangères de Hollande, qui n'hésita pas à laisser percer la crainte « que l'horloge du palais ne son-nât pas de si tôt l'heure de la paix éternelle». Hélas ! elle a, depuis plusieurs mois, sonné pour des centaine-s de mille hommes de nationalités diverses, composant la fleur de leurs races et l'espoir des aspirations respectives de celles-ci. Rien n'a pu l'empêcher. 11 est à peine utile de dire que le nouveau Palais de la Paix contient une merveilleuse bibliothèque, celle dont Carnégie avait, avant tour, désiré la constitution. Ajoutons qu'elle est actuèllement confiée aux soins d'un de nos concitoyens, M. Albéric Rolin, ancien bâtonnier de l'Ordre des Avocats et professeur émérite de Droit international à l'Université de Gand. A. V. B. ÉCHOS La culture des céréales en France D'après une statistique publiée dans le journal officiel,il y avait au 1' mai 1915 1.039.810 H. A. de froment contre 1.178.510 H. A. au premier mai 1914 et 3.375.579 H. A. d'avoine contre 3.979.420 H. A. en 1914. Le recul doit être, attribué à ce qu'une grande partie des terres propres à la culture de ces deux céréales se trouve dans la région occupée par les Allemands. LA GUEKKE Sur le front occidental Bulletins officiels allemands W. T. B. 30 mai, 2.35 après-midi. — Apri un feu d'artillerie préparatoire qui a duré 1 heures, les Français ont attaqué à minuit à l'E: du canal de l'Yser nos positions au Nord de ferme d'Hondt. L'attaque a été repoussée si tout le front avec des p-Ttes graves pour Cet nemi. Nombre de zouaves, de quatre régimen différents, ont été faits prisonniers. Entre La Bassée et Arras duel d'artiller:; Près de ia route Béthune-Souchez noi avons pris quelques douzaines de Français d cou'eur, qui s'étaient cachés dans un petit boi: Le bombardement habituel des habitation derrière notre front par les alliés a fait para les femmes et les enfants beaucoup de victime innocentes. 1' juin. — Au nord d'Arras une énergiqu attaque française sur la ligne Neuvil'e-Rochit court, après un feu préparatoire d'artillerie d deux heures, a échoué grâce à la bravoure de régiments rhénans et bavarois. Au Bois le Prêtre un effort des Français e vue de rompre notre ligne a également échout Le viaduc du chemin de fer de Dammerkircf reconstruit après un mois de travail par le Français, a été détruit par quelques coups d canons. A l'F.st, pas de faits importants. Bulletin officiel français W. T. B. Paris, 29 mai. — Au nord d'Arra la journée s'est distinguée par un .rès vif con bat d'artillerie.L'ennemi visait surtout nos pos tions sur les hauteurs de Lor^tte. Une artaqu de nuit nous mit dans la possibilité de faire d nouveaux progrès à l'Est de la route Aix-Roi lette-Souchez. Vers minuit une contre-attaqu allemande sur nos tranchées d'Ablain-St-Nr zaire fut repoussée. Dgns la régio des Argonnes, près de Fontaine-Madame, nou nous sommes emparés d'une partie d'une trar chée allemande. Sur le front oriental Bulletin officiel allemand Près d'Illoky, à 60 km. Sud-Est de Libat une division russe fut repoussée vers le Nor et le Nord-F.st. Près de la Dubrissa, un petit détachemen allemand surpris par des attaques russes a d céder le village de Sawdrewsky. 4 canons fr rent pris. Des renforts arrivés à temps ont p reprendre le village et repousser l'ennemi Dans la région de Schoulen des attaques russe furent repoussées. L'ennemi subît des perte graves. Les attaques russes sur les troupes allemar des au cours inférieur de la Lubaszowska, a' Nord-Est de Jaroslav, ainsi que. dans la régio de Stryz ont abouti à de grandes pertes pou l'ennemi. Bulletin officiel autrichien Près de la Lubaszowska inférieure une for,t> attaque russe, qui a fini par un combat corps corps, fut repoussées.Les efforts des Russes ei vue de passer le San près de Siencawa échoué rent dès les débuts. Notre artillerie lourde tien sous son feu la ligne de la route Przemysl-Gro deck, près de Uedyka.Les troupes du VIe Corp s'emparèrent le 27 mai de nouveau de 8 pièce russes. Le cercle d'occupation de Przemys s'avance au Nord et au Sud de la forteresse A la Dniester et au Sud de celle-ci les comba continuent. Rien de nouveau sur la ligne de 1: Pruth ni en Pologne. Sur le front iîaio-autrîchiSen Bulletin officiel autrichien Tyroi. — Les Italiens ont repris le bombardement de nos positions sur le plateau de Fol-garia-Lavarone. Les troupes italiennes sont entrées à Cortona. Sur les frontières de la Co-s rinthie rien de nouveau; sur le littoral l'ennemi 0 n'a pas rencravelé ses attaques au Nord de >t Gôrz. Des tentatives de passer le Isongo près a de Monfalcone ont été aisément repoussées par ir nos patrouilles. î- Communiqué officiel italien Des frontières du Tyrol : s Notre l'eu d'artillerie près de Tonaîe et sur le e plateau d'Asiago et de Lavarone contre les po-5 sitions autrichiennes continue. L'ennemi ré-q pond à notre artillerie avec violence. Le ,j 29 mai, no.re infanterie, renforcée par les s douaniers et l'artillerie, marcha sur Aba. Après que le village de Pilante, dans lequel les Autrichiens avaient creusé ' des tranchées, eu. e été pris, nos troupes se fixèrent à Aba. Le combat a duré de minuit jusqu'au soir. Nos per-e tes sont minimes. Le 28 mai quelques bataillons s de nos troupes alpines commencèrent de forîes attaques entre Frocella et Lavarco. A Des frontières de la Carinthie : Le feu de notre artillerie de calibre moyen contre Mome-Croce-Carinco et Ma-borgheîtc s continue activement, malgré le brouillard, qui 2 cause un sérieux empêchement à la guerre dans les montagnes. Depuis le 27 mai un passage à Val-Raccolona se trouve en notre possession.Des frontières de Frioul : s Dans la nuit du 27 au 28 mai nos dirigeables ont fait des vols importants au-dessus du terri-i- toire ennemi. e e Angleterre Vers le service général „ L'Ecluse, 28 mai. —■ Tous les journaux con-s servateurs de .Londres portent aujourd'hui un article de fond dans lequel ils réclament l'introduction du service général. Aux Dardanelles Bulletin officiel turc W. T. B. Constantinople 29 mai. — Sur le front des Dardanelles la partie moyenne des -I tranchées fortifiées fut prises par nos troupes. Prés de Sidd-ui-Bachr notre aile droite t s'avança vers le terrain occupé par les alliés. -, Un de nos aviateurs a jeté avec grand succès des bombes sur .les positions de l'ennemi près j de Sidd-ul-Bachr. Le cuirassé du type Agamemnon torpillé s avant-hier et transporté à Imbros, a disparu — s on ne sait pas ce qu'il est devenu. En mer "i , Vapeur coulé Le vapeur marchand Ethiope de la « Elder, Dampfster-Linie » de Liverpool a été coulé par un sous marin dans la partie occidentale du : Canal. Dix-sept hommes de l'équipage, ont été * débarqués à Falmouih. Le sort des autres est 1 inconnu. L'Ethiope' était un.navire de 3974 tonnes. t 'Reuter i . . Ah lendemain de la mort du chef de la mai- 5 son Reuter, on a rappelé les débuts modestes ' de cette ^grande agence. Le hasard nous met sous les yeux les lignes suivantes, publiées en 1877 par Louis Hymars dans ses « Types et silhouettes »' ; je me lappcne avoir connu jauis un personnage ucs uiuumii e, un nuciuana, m i peu iciuc, mais unciii&eui, qui veuau panuis, u«ns lea uureuux ue i uiucpcnuuiice, et qui ne par-iau que pigeons et icie&i «pues, ûuii extérieur n était pas ceiui o uu nomme aise, ru inclue u un nomme u anaii'es. je ne me souviens pas u avoir jamais rien trouve ae Qten remarquante aans sa conversation, n se nommait jtveuior, et ■u lanait Oien qu il eut des quames excepuon-nei.es ei aes îaees neuves et pratiques en inclue lemps, puisqu u s appe.ie aujoura nui « le baron » keuier, qu'il a marié son tiis a une princesse, ou sa line à un prince, qu'il est dix tois nunionnaire, et qu'il jouit dune ceieDnté europo -asiatico- americo-océamque. L u/Jice Ktuwr est connu dans les coins les plus ignorés de l'univers. Le baron Reuter est de toutes les té tes royaies en Ang.eierre. x-e oaron x\eu-ter a une colonne de biograpnie dans le Grand Dictionnaire de Larousse. Le baron Keuter est devenu une célébrité européenne, fch bien, j'éprouve une certaine satisfaction à dire que j'ai connu le baron Reuter quand il n'était pas baron, quand il était Reuter tout court, et quand il ne se doutait assurément pas qu'il serait un jour baron, que Reuter deviendrait un personnage, ni qu'il proposerait au Shah de Perse d'entreprendre l'exploitation de son empire. 11 n'y a pas d'exemple d'une fortune plus rapide, acquise à moins de frais. Mais il fallait, pour cela, comprendre qu'un fil télégraphique pouvait être un instrument de richesse, à condition de placer un journalis.e à chaque bout. Je crois même que, pour la première conception de ses plans, Reuter fut redevable de plus d'un bon conseil à Perrot (directeur de 1', < pendunce). Celui-ci, toujours à la recherche d'un mode d'informations rapide, s'était dit qu'un télégramme, expédié de Vienne à Londres, pourrait être, sans grande dépense, arrêté, copié, publié à Bruxelles. Il ne songeait qu'à se procurer à bon marché des dépêches pour l'Indépendance.Reuter saisit sur-le-champ l'immense parti qu'il y avait à tirer de ce système pour l'organisation d'un service européen. Il eut aussi le talent de s'assurer un véritable monopole en s'associant avec le principal agent de publicité dans chaque pays, avec Havas en France, avec Wolff à Berlin, avec Stephani en Italie, avec d'autres en Autriche et ailleurs, et le monde entier est devenu son tributaire. On a essayé vingt fois de lui susciter des concurrences, on n'y a jamais réussi; les gouvernements seuls pourraient essayer de lutter avec lui, mais ce n'est pas leur mission. Je suppose, d'ailleurs, qu'ils trouvent plus commode d'utiliser ses services que de les contrarier.Âu Portugal Le nouveau président Lisbonne, 30 mai. (Télégramme de l'Agence Havas.î — Le Congrès national, a élu au pre-.mier vote, par 98 voix contre 1, M. Théophile Braga comme Président de ia République du Portugal. Chronique Gantoise LES OBLIGATIONS de la Caisse Générale de Reports et de Dépôts (16° série) peuvent être remboursées ou renouvelées, sans frais, à la BANQUE L'UNION DU CREDIT DE GAND, 16, Place St-Michel. (680) ÉllEBTHIOITÉ réPar- soignées GENIETS 14, rue de Brabani, Gand (km) Feuilleton du journal de Gand 12 Le Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS —Et pour quelle cause vous dérange-t-on, Monsieur? demanda la belle jeune fille avec une légère inquiétude. — Hélas ! pour un malade qui serait, s'il faut en croire ce que l'on m'a dit, à toute extrémité ; cette fois c'est un cas grave, et la maladie frise l'échafaud. — O mon Dieu ! s'écria Renée en pâlissant. — F.n vérité: dit tout d'une voix l'assemblée.— Il paraît qu'on vient tout simplement de découvrir un petit complot bonapartiste. — Est-ce possible? dit la marquise. — Voici la lettre de dénonciation. Et Villefort lut ; » Monsieur le procureur du roi est prévenu. par un ami du trône et de la religion, que le nommé Edmond Dantës, second du navire « le Pharaon •>, arrivé ce matin de Smyrne, après avoir touché à Naples et à Porto-Ferra- jo, a été chargé, par Murât, d'une lettre pour l'usurpateur, et, par l'usurpateur, d'une lettre pour le comité bonapartiste de Paris. n On aura la preuve de son crime en l'arr. tant; car on trouvera cette lettre ou sur lui, ou chez son père, ou dans sa cabine à bord du » Pharaon ». • — Mais, dit Renée, cette lettre, qui n'est qu'une lettre anonyme d'ailleurs, est adressée à M. le procureur du roi, et non à vous. — Oui, mais le procureur du roi est absent; en son absence l'épître est parvenue à son secrétaire. qui avait mission d'ouvrir les lettres; il a donc ouvert celle-ci, m'a fait chercher, ei, ne me trouvant pas, a donné des ordres pour l'arrestation. — Ainsi, le coupable est arrêté, dit la marquise.— C'est-à-dire l'accusé, reprit Renée. -— Oui, Madame, dit Villefort, et, comme j'avais l'honneur de le dire tout à l'heure à mademoiselle Renée, si l'on trouve la lettre en question, le malade est bien malade. — Et où est ce malheureux, demanda Renée. — Il est chez moi. •— Allez, mon ami, dit le marquis, ne manquez pas à vos devoirs pour demeurer avec nous, quand le service du roi vous attend ailleurs; allez donc où le service du roi vous attend. — O monsieur de Villefort, dit Renée e joignant les mains, soyez indulgent, c'est 1 jour de vos fiançailles! Villefort fit le tour de la table, et, s'appri chant de la chaise de la jeune fille, sur le do: sier de laquelle il s'appuya ; — Pour vous épargnez une inquiétude, di il, je ferai tout ce que je pourrai, chère R< née; mais, si les indices sont sûrs, si l'accusi tion est vraie, il faudra bien couper cette mai vaise herbe bonapartiste. Renée frissonna à ce mot couper, car cett herbe qu'il s'agissait de couper avait une têts — Bah ! bah ! dit la marquie, n'écoute pas cette petite fille, Villefort, elle s'y fera. Et la marquise tendit à Villefort une mai sèche qu'il baisa, tout en regardant Renée t en lui disant des yeux ; — C'est votre main que je baise ou d moins que je voudrais baiser en ce moment. — Tristes auspices! murmura Renée. — En vérité, Mademoiselle, dit la marqu se, vous êtes d'un enfantillage désespérant ; j vous demande un peu ce que le destin de l'Erc peut avoir à faire avec vos fantaisies de ser timent et vos sensibleries de cœur. — Oh ! ma mère ! murmura Renée. — Grâce pour la mauvaise royaliste, m s dame la marquise, dit de Villefort, je vous pri mets de faire mon métier de substitut de pre # n cureur du roi en conscience, c'est-à-dire d'être e horriblement sévère. Mais, en même temps que le magistra; adressait ces paroles à la marquise, le fiancé jetait à la dérobée un regard à sa fiancée, et ce regard disait : t — Soyez tranquille, Renée, en faveur de voire amour, je serai indulgent. i- Renée répondit à ce regard par son plus i- doux sourire, et Villefort sortit avec le paradis dans le cœur. e VII l'interrogatoire. z A peine Villefort fut-il hors de la salle à manger qu'il quitta son masque joyeux pour ( prendre l'air grave d'un homme appelé à cette suprême fonction de prononcer sur la vie de son semblable. Or, malgré la mobilité de sa physionomie, mobilité que le substitut avait, comme doit faire un habile acteur, plus d'une fois étudiée devant sa glace, ce fut cette fois un travail pour lui que de froncer son sourcil " et d'assombrir ses traits. En effet, à part le ' souvenir de cette ligne politique suivie par son père, et qui pouvait, s'il ne s'en éloignait complètement, faire dévier son avenir, Gérard de Villefort était en ce moment kussi heureux qu'il est donné à un homme de le devenir ; déjà riche par lui-même, il occupaii à vingt-sept ans une place élevée dans la ma gistrature, il épousait une jeune et belle personne qu'il aimait, non pas passionnément,mais avec raison, comme un substitut au procureur du roi peut aimer, et outre sa beauté, qui était remarquante, mademoiselle de i>amt-Meran, sa fiancée, appartenait à une des lamines les mieux en cour de l'époque; et outre l'influence de son père et de sa mère, qui, n'ayant point d'autre entant, pouvaient la consacrer tout entière à leur gendre, elle apportait encore à son mari un dot de cinquante mille écus, qui, grâce aux espérances, ce mot atroce inventé par les entremetteurs de mariage, pouvait s'augmenter un jour d'un héritage d'un demi-milnon; tous ces éléments réunis composaient donc pour Villefort un total de félicité éblouissant, à ce point qu'il lui semblait voir des taches au soleil, quand il avait longtemps regardé sa vie intérieure avec la vue de l'âme. A la porte il trouva le commissaire de police qui l'attendait. La vue de l'homme noir le fit aussitôt retomber des hauteurs du troisième ciel sur la terre matérielle où nous marchons; il composa son visage comme nous l'avons dit, et s'approchant de l'officier de justice ; — Me voici, Monsieur, lui dit-il, j'ai lu la lettre, et vous avez bien fait d'arrêter cet homme; maintenant donnez-moi sur lui et sur la conspiration tous les détails que vous avez recueillis.(A suivre).

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