Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 03 June. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 01 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/zs2k64fc2r/
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Jeudi A juin 191T» JE» centimes le numéro 59me année — N° 154 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : H fr. par an ; ■4 fr. pour six mois ; 3 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus REDACTION & ADMINISTRATION : 3, RTJi£l JDE FLAIM 3, G-^JST TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. I L'Œuvre de la Paix Les Congrès de la Paix Quelques jours avant l'inauguration du Palais de I-a Haye, se réunissait dans la même ville le vingtième Congrès de la Paix,du 20 au 23 août 1913. II n'y a d'ailleurs aucun lien pré-cis entre les deux institutions, dont les aspira-lions concordent au même but. Rappelons seulement, à titre de, curiosité, que ce congrès, réunion libre ouverte à tout venant qui se dit ou veut se dire pacifiste, s'occupa du rapprochement franco-allemand et que les voeux formulés et votés se perdirent dans les dernières nouvelles venues à ce moment de Thrace et de Macédoine; que de plus les congressistes pacifistes décidèrent de se réunir, pacifiquement cela va sans dire, vers la même époque en 1914 à Vienne. Ils avaient comp:é sans le régicide de Serajevo. On annonçait, ces jours derniers, que le Comité international pour la Paix établi à Amsterdam, comité distinct de l'œuvre des Conférences de La Haye, avait remis une adresse à la Reine de Hollande pour obtenir son intervention médiatrice en faveur de la Paix, tout au moins d'un armistice. Il est à craindre que ce vœu non officiel sera sans écho. Les arbitres actuels de la Paix Parmi les membres de la Cour permanente d'arbitrage on remarque en ce moment les noms suivants : pour l'Allemagne : D1' Kriege, conseiller intime du département des affaires étrangères, D1' de Maritz, professeur de droit à l'université de Berlin, et D' de Staff, président du Tribunal supérieur à Marienwerder. Pour l'Autriche-Hongrie : Dr Henri Lammash, conseiller aulique, professeur de la faculté de droit de Vienne, A. de Berzeviczq, président de la Chambre des députés de Hongrie, ancien ministre de l'Instruction, D1 Baron de Plener, conseiller de la Cour suprême des Comptes, et Nagy, député hongrois. Pour l'Angleterre : Fitzpatrick, grandjuge du Canada, comte de ûesart, ancien procureur général, et James Btvce, ambassadeur. Pour la France : Léon Bourgeois, ancien ministre des affaires étrangères, Decrais, sénateur, ancien ministre des co/oniés, baron d'Estour.nelles de Constant. sé; nateur et diplomate et Louis Renault, professeur à la faculté de droit de Paris. Pour la Russie : A. Sabouroff. secrétaire d'Etat et sénateur, Tagantzeff. conseiller privé et sénateur, baron Taube, professeur de droit à St-Peters-bourg. et le comte Kauwrovsky, professeur de droit à Moscou. La Belgique a pour délégués le baron Des-camps-David, ancien ministre des Sciences, Ernest Nys. conseiller à la Cour d'appel de Bruxelles, Arendt, directeur général au ministère des affaires étrangères et J. Van den Heu-vel, Ministre d'Etat, professeur à l'université de Louvain. Ce dernier cumule aussi la représentation de la Chine avec trois diplomates du Céleste Empire. Les nombreuses autres puissances du monde comptent toutes deux ou trois délégués, que nous ne désignerons pas nominativement, noire énumération s'étant bornée aux représentants des principales nations en ce moment belligérantes et qui, par leur compétence avérée, seront probablement mêlées aux futures négociations de paix. L'Autorité arbitrale Beaucoup de personnes se sont demandées pourquoi la Conférence de la Paix n était pas intervenue au début des hostilités de 1914, afin d'empêcher le carnage auquel nous assistons et qui ruine toute idée de justice et toute notion de la civilisation moderne. L.es raisons essentielles de cette inaction sont, comme nous l'avons vu, que la Cour permanente d arbitrage n'existe qu'en principe et plutôt à 1 état embryonnaire; que de plus si cette juridiction arbitrale était régulièrement constituée elle t;e pourrait se saisir d'un ou de plusieurs différends internationaux que si les nations, parties intéressées, lui conféraient le droit de juger leurs conflits que jusqu'ici elles ont cru devoir solutionner par la force des armes, comme aux temps les plus préhistoriques. Jusqu' à présent aucune démarche en ce sens n'a été tentée par aucune des puissances intéressées dans la lutte actuelle et rien ne semble indiquer qu'on s'avance plutôt vers une solution juridique de la conflagration générale d'août 1914. Loin d'avoir recours à la Cour permanente d'arbùrage, on en est encore à discuter dans la presse quelle est ia valeur et la force obligatoire des règles arrêtées par les Conférences de La Haye. L'ancien Président Roosevelt, sous la signature duquel les Etats-Unis adhérèrent à la Convention,vient même de publier un livre pour réfuter la thèse que les décisions votées n'ont que la valeur des vœux platoniques de tous les congrès, et il accentue son opinion contraire en disant que si telle avait dû être la portée de l'adhésion américaine, celle-ci aurait été refusée à cette « comédie ». Les dispositions rappelées ci-dessus au sujet du caractère officiel des Conférences déjà réunies permettent au lecteur de se former une opinion. M. Roosevelt propose une entente entre toutes les nations civilisées pour garantir collectivement l'inviolabilité de tout autre pays, avec engagement de faire la guerre de tous contre un, en cas de violation de l'engagement. Voilà une proposition nette et relativement pratique,mais encore faut-il que ce soit une nation contractante et non un particulier, eur-il été le président de la première république du monde, qui pose la question devant la troisième Conférence de la Paix, prenant le titre et ie rôle de Cour arbitrale internationale. Honneur et reconnaissance au Gouvernement qui provoquera cette solution, que réclament la conscience publique et l'intérêt de l'humanité après tant de sanglantes et stériles épreuves,; A. V. B. ÉCHOS La fin du moratorium Le projet du Gouvernement impérial allemand a été transmis à la Société Générale de Belgique. Il consiste à reculer de onze mois ies dates d'échéance des effets de commerce pour toutes les villes où existe une agence de la Banque Nationale de Belgique et de douze mois pour les autres localités à cause de l'intervention de la poste. Ainsi une traite qui venait à échéance le lr août 1914 à Bruxelles devra être payée ie l1' juillet 1915; celle qui por.ait la date du I1' septembre 1914 viendra à échéance ie lr août 1915, etc. Une bonne mesure Le bourgmestre de Dinant vient de prendre un arrêté ordonnant aux bouchers de placer les saucisses, etc., dans des cloches tressées en fii de fer afin d'empêcher les mouches et autres insectes de corrompre les viandes. Espérons que cette mesure sera généralisée dans toutes les communes. Les réfugiés belles en Angleterre D'après les évaluations officielles, le nombre des réfugiés, à l'exclusion des soldats, est de 180,000. Parmi eux, il y a environ 29,000 hommes capables de travailler; 17,000 ont déjà trouvé de la besogne, notamment dans les fabriques d'armements. Sur 17,000 femmes en état de travailler 3,000 sont occupées à divers emplois. il reste encore 2,400 réfugiés dans des camps spéciaux, en attendant qu'ils soient logés chez des particuliers. LA GUERRE Sur le front occidental Bulletin officiel allemand Berlin, 1 juin. — (Midi). — Après leur défaite au sud de Neuville, le 30 mai, les Français tentèrent de nouveau, hier, plus au Nord, un nouveau débordement. Leur attaque qui se développa sur une largeur de front de 2 1/2 kilomètres, contre nos positions entre la route de Bélhune-Souchez et Cartenou-Bach, échoua déjà en grande partie sous notre feu, infligeant à l'ennemi des pertes considérables; à l'ouest de Souchez seulement il y eut un corps-à-corps dans lequel nous restâmes vainqueurs. Dans le bois Le Prêtre, nos troupes parvinrent à reprendre en grande partie les tranchées perdues avant-hier. L'ennemi subit de nouveau des pertes considérables. Sur le restant des secteurs du front, notre artillerie eut un succès agréable. Par une pleine portée dans le camp français au sud de Mourme-lon-le-Grand, 300 à 400 chevaux se détachèrent de force et se dispersèrent dans toutes les directions. De nombreux véhicules et automobiles s'en allèrent en foute hâte. Au nord de Sainte-Mènehould et au nord-est de Verdun, des dépôts de munitions ennemis sautèrent. Comme réponse au jet de bombes sur la ville ouverte de Ludwigshafen, nous avons inondé amplement de bombes, hier, dans nuit, les chantiers et docks de Londres. Des aviateurs ennemis ont jeté des bombes, cette nuit, sur Oslende ; ils ont endommagé quelques maisons, mais n'occasionnèrent pas d'autres dégâts. Sur Se front orienta! Bulletin officiel autrichien Vienne, 31 mai. — Aux bords du San, à l'est de ia rivière, aucun grand combat n'a été livré hier. On se bat sur le front au nord et sud-ouest de Przemysl, ainsi qu'à la Dniester supérieure. Dans la région de Stryj, les troupes alliées se se sont jetées énergiquement sur plusieurs villages et ont conquis'une batterie russe. La situation dans le nord-est n'a pas changé. Bulletin officiel russe Dans la région de Schaulen nos troupes ont continué à petite distance le bombardement des Allemands, qui défendent l'accès vers les villages de Sawkiany et de Kaelmy. Au cours moyen et inférieur de la Dubissa l'ennemi a renouvelé ses attaques. Après que nos troupes s'étaient retirées derrière la rivière, elle» enrayèrent les différents efforts tentés en vue de passer par là. Ësi mer Un»-,,,» Paris, 30 mai. W. T. B. Le « Journal » reçoit de Londres l'avis suivant : Le vapeur belge « Jacquelin » arriva hier a Port Milford avec 24 survivants du vapeur Morvena de Montréal. Le Morvena a été coulé par un sous-marin allemand près des cotes anglaises. Aux Dardanelles Bulletin officiel turc Constantinople, 30 Mai. — W. T. B. L'État-major général communique : Au front des Dardanelles, près d'Ari Burnu, l'ennemi s'efforça en vain de nous empêcher d'organiser les tranchées prises sur lui et situées au centre de ses positions. Près de Sedd-Ul Bahr l'ennemi s'oc cupe de combler les vides occasionnés par les combats du 23 mai. Nos batteries analoliennes au détroit bombardèrent hier activement les troupes ennemies près de Sedd-Ul Bahr. Les mines aériennes Les villes assiégées ont, aujourd'hui, tout à craindre des dirigeables et des aéroplanes.C'est de ce danger que se préoccupent tous les gouvernements.Aux Etats-Unis, le commandant George N. Simulons, qui s'occupe tout spécialement d'aérostation, préconise un système de défense. Il propose de créer, pour défendre les villes menacées par l'ennemi, une « batterie » de ballons captifs maintenus, le cas échéant, à des altitudes très variées, et dont l'explosion atteindrait les téméraires chargés de laisser tomber des bombes sur la ville. Avec le système du commandant américain, l'explosion se produirait, non pas par contact, mais par couran. dirigé du sol, au gré des observateurs. En résumé, il s'agirait d'établir,dans les airs, une zone dont la traversée contraindrait les aviateurs à la plus grande circonspection. L'aventure serait d'autant plus périlleuse que les défenseurs de la ville pourraient faire manœuvrer, sans danger, leurs dirigeables et leurs aéroplanes, au milieu de ces mines aériennes inoffensives naturellement pour eux, puisqu'elles n'explosent que par courant envoyé du sol. L'inventeur appuie son exposé de calculs qu prouvent que le poids des attaches, maintenant des ballons défensifs à des hauteurs considérables, ne serait pas un obstacle à la réalisation de son idée. Nous joutons toutefois que ces ballons captifs puissent lutter de hauteur avec les avions ennemis. FosiS siiencieux m. iviaxun, 1 inventeur de la mitrailleuse e. du canon portant son nom, a trouvé, parait-il. le moyen d'éteindre complètement les vibrations sonores pour les fusils. Il peut certes paraître extraordinaire de tirer un coup d'arme à feu sans qu'on entende la détonation, et au premier abord on est surpris de ne pas percevoir ce coup de détente sec, si caractéristique.Le principe de l'appareil est basé sur l'utilisation de la force centrifuge. M. Maxim force les gaz, au moment de la sortie du canon, à tourbillonner sur place, au lieu de s'échapper en ligne droite. Pour cela, il ajuste au boui du fusil un appareil qu'il appelle le « silencieux », et qui est formé d'une série de cloisons en spirales comme les spires d'une coquille d'escargot; un passage central est laissé libre pour la balle. Quand les gaz s'échappent, ils entrent dans les sortes de chambres formées par les spires et se mettent à tourner sur eux-mêmes avec une grande vitesse de rotation qui va en s'atté-nuant rapidement; lorsque leur énergie a été considérablement diminuée, ils s'échappen. sans bruit. Ce appareil, très ransportable (il mesure 5 centimètres de large sur 18 centimètres de long et ne pèse que 250 grammes), s'adapte à un fusil quelconque, au bout du canon. Il ne gêne en rien la visée et ne produit presque pas de recul, ce qui est à considérer pour toutes les armes de guerre. Ainsi, après la poudre sans fumée, voilà le fusii sans bruit ! Conseil communal de G»nd Séance du 31 mars 1915. Le Conseil : a) statue sur diverses réclamations en mt-tière d'impositions; b) autorise le Collège à entamer des poursuites judiciaires pour le recouvrement de loyers dus pour l'occupation d'un terrain avenue Port-Arthur et d'une maison rue Jean Breydel ; c) accorde à M. le Commissaire de Police Belliard une promotion au 2" degré médium de son grade. Chronique Gantoise LES OBLIGATIONS de la Caisse Générale de Reports et de Dépôts (16° série) peuvent être remboursées ou renouvelées, sans frais, à la BANQUE L'UNION DU CREDIT DE GAND, 16, Place St-Michel. (680) ŒUVRE communale de l'alimentaiton.Dons. 40" liste.— Radico-Socialistische groep van den Gemeenteraad, 145 fr. M. De Dobbelaere, 4 fr. M. D'Hondt. Overschot der giften van het Vluchteïi'ngencomiteit, 1000 fr. M. Verlinden, plaatsvervangend senator, 1000 fr. Personeel Koninklijk Atheneum, 300 fr. Werklieden.van Stadswegen en Werken (II" gift), 46 fr. Het rfyndicaac der gepatenteerde uurwerkmakers, goud- en zilversmeden en juweliers van Gent en omliggende, 31.'25 fr. Personeel Brandweer (23° gift), 102.50 fr. Personeel Reinigheids-dienst (40° gift), 54.65. Personeel Wegenis-dienst, 23 fr. Onderwijzend personeel Stads-scholen (34" wekelijksche gift), 500 fr. Onderwijzend personeel School van het Boek, 8 fr. Socialistische Tooneelkring « Alfred Defui» seaux », 15 fr. Regie Schooldienst, 28.50 fr. Politieofficieren, 215 fr. Volkskinderen « Moe-dig Vooruit », 5 fr. Stadswerklieden Electrici-teitsdienst, 39 fr.Eenige Stadswerklieden Wa-terdienst (Usine), 5.25 fr. Onderwijzend personeel Staats Middelbare School, 100 fr. Onder-geschikt personeel der Politie, 458 fr. Het Schepencollege, 440 fr. M. Melsen, 5 fr. Le Beurt G.-C. De Baerdemaecker Gand-Bruxelles et Vice-Versa Agent \ I B ll t.lt* a l'honneur d'informer sa nombreuse clientèle que contrairement à de faux bruits lancés, le service continue à fonctionner régulièremont entre les deux villes. (689) HOMMAGE. —• Lundi dernier l'administration de la Banque de Flandre a réuni ious ies employés de ce.te vieille institution financière, pour rendre hommage au cher-comptabie, M jules Mees, à l'occasion de sa démission, aprts cinquante années de bons et loyaux services. M. Albert Maertens, président de ia banque, accompagné de M. Marcel De Ciercq, aamn.is-ira»eur, félicita chaleureusement le digne jubi-.aire pour les nombreux et reeis services qu'u a rendus à la Banque de Flandre pendant piua d'un demi siecie. n lui remit, au nom au t^un-oeit d'administration, un chronomètre en or. M. Charles rlas, secrétaire de ta Banque, s'associa en termes heureux aux paroies éio-gieuses et si bien meruées du Jfresiaent, et remit, au nom du personnel, à M. Mees, u..e corDeme artistique en argent maasii Ciseie. M. juies mees, visioieinenï emu, îeu.e.wu ses patrons et ses collègues pour les marques de sympaihie et d'amitié dont il venait d cire 1 objet. ■ Feuilleton du Journal de Gand 38 LE DOCTEUR RAMEAU par GEORGES OHNET — Comment 1 tu m'as attendu, dit-il au jeune homme. Depuis tant de temps? — Je suis retourné auprès d'Adrienne, et lui ai fait prendre, moi-même, les médicaments Prescrits...La fièvre est un peu moins violente, niais la tête n'est pas encore dégagée... — Attendons l'effet de la nuit. Il saisit Robert par le bras, et s'appuyant sur lui ; — Pourquoi m'as-tu guetté ainsi? Celui-ci, embarrassé, garda le silence. Allons! reprit l'aliéniste. Aie donc le coudée de ta curiosité. — Eh bien! dit, d'une voix étranglée, l'amoureux, je désire apprendre de vous ce qui Sest passé aujourd'hui. Ce qui trouble si gra-'ement mon maître et ce qui fait tant de mal ^ Adrienne? Us étaient, tous les deux, dans la rue, sur le trottoir, et le coupé de Talvanne stationnait devant la porte de l'hôtel: — Nous allons marcher un peu, dit le docteur à son cocher. Et la voiture les suivant, ils s'engagèrent sur la place des Invalides. Robert observait Talvanne avec attention. Brusquement l'aliéniste s'arrêta, regardant fixement son compagnon:— Si Adrienne n'était pas la fille de Rameau, qu'est-ce que tu dirais? Ceux qui aiment ont une sorte de divination. On eût pu croire que Robert pressentait ce que le docteur s'apprêtait à lui demander. Il répondit vivement, comme si d'ailleurs son cœur avait préparé la réponse: — Eh! que m'importe qu'elle soit la fille de Pierre ou de Paul, orpheline ou héritière? Pourvu qu'elle soit elle, cela me suffira : je . l'aime ! La figure de Talvanne s'épanouit, il serra joyeusement le bras du jeune homme sous le sien et s'écria: — A la bonne heure ! Parlez-moi des amoureux pour exprimer nettement leur pensée. Tu es un gentil garçon, que j'aimais bien hier, mais que, ce soir, j'aime encore bien davantage. Maintenant écoute-moi, je vais t'expliquer le mystère. La nuit était douce, un vent léger faisait bruire les feuilles des arbres et, dans le ciel, des milliers d'étoiles scintillaient froides et lumineuses. Le docteur leur lança un coup d'oeil pensif et murmura: — Ce diable de Rameau qui réclame u;.. étoile... Ce n'est pas l'étoile qui manque, hélas!... ce sont les yeux pour la voir! 11 allongea le pas, s'engagea sur le quai et, toujours suivi de sa voiture, commença le récit qu'il avait promis à Robert. XI Dans le cabinet de Rameau trois médecins étaient réunis en consultation: tous trois comptaient parmi les plus célèbres praticiens de l'Europe. Talvanne, adossé à la cheminée, à trois pas du fauteuil de son ami, écoutait les conclusions formulées par le professeur Le-marchand, spécialiste pour les maladies de poitrine, qui a découvert le bacille de la phtisie. Celui-ci parlait d'une voix lente, debout, et avec des gestes attristés, s'adressant, à la fois, à ses confrères, pour les prendre à témoin, et au père, pour implorer son indulgence.— Mon cher ami, nous ne savons que penser. La maladie nous échappe. Les symptômes en sont extrêmement divers... Il y avait, hier, hématocèle caractérisée, avec accompagnement de péritonite... Aujourd'hui, il n'y a plus trace d'inflammation dans le ventre ?t la fièvre augmente avec troubles de la vue et de l'ouïe... En même temps, des accidents cérébraux se manifestent et Talvanne persiste à redouter une méningite... Les trois consultants s'examinèrent anxieusement. Ils s'agitèrent, comme faisant un el-fort pour sortir des ténèbres au milieu desquelles ils se débattaient, ils soupirèrent, mais gardèrent le silence. Leur physionomie était lugubre. Ils se sentaient impuissants et, en face de leur collègue, de leur ami, dont la fi.le, remise à leurs soins, souffrait d'un ma! qu'ils ne savaient point définir et qui empirait d'heure en heure, ils éprouvaient une sorte de honte. Laisser mourir un malade vulgaire, passe en core. Mais l'unique enfant du professeur Rameau! C'était un déni de capacité qui devait flétrir la Faculté tout entière. Et ils restaient assi devant le bureau, absorbés, sinistres dans leurs vêtements noirs: la livrée du médecin, qui semble toujours porter un deuil présent ou futur. — La maladie vous échappe, dit alors Talvanne, parce que son siège est dans la pensée. Vous avez à combattre une affection produite par une commotion morale, par un saisissement violent. N'espérez pas la réduire par des moyens thérapeutiques ordinaires... Point de ventouses, comme notre confrère le proposait tout à l'heure: la "erte de sang anémierait fâcheusement là malade. Pas de baivs froids: il n'y a pas trace de fièvre typhoïde. Des calmants, du repos; en un mot, le moins ae medeeme possible. us se regaruerent tous, tant l'ironie était aiguë. Mais i\ameau enioncé dans son fauteuil ne sourcilla point, lis se levèrent et vinrent lui serrer la main. Ils dirent: — Attendons le développement de la maladie. A demain matin. Et, comme des ombres, ils sortirent du cabinet, laissant Rameau et Talvanne en présence.—• Et voilà l'élite de la science médicale moderne! dit l'aliéniste en haussant les épaules. Pauvre humanité, qui est tributaire de ces gaillards-là ! Leurs malades guérissent parce qu'ils le veulent bien. Cela me rappelle ce que me disait ce pauvre docteur Bouvey, dont j'étais l'interne à Saint-Louis : « Dans mon service, j'ai deux salles pleines de malades. Ceux qui sont dans la première, je les soigne comme on l'enseigne à l'école. Ceux qui sont dans la seconde, je leur fais boire de l'eau sucrée: il en guérit autant d'un côté que de l'autre!» Celui-là était franc, il ne droguait pas! C'étaient toujours les médicaments d'évités ! Il fit quelques pas du côté de la fenêtre, revint vers son ami, se planta devant lui, et changeant de ton: (A suivre)

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