L'étoile belge

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28 November 1918
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s.n. 1918, 28 November. L'étoile belge. Seen on 23 June 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/n58cf9k07q/
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^ 0 cenihisesi To FfcJtLEïin--' - o i' ■•' /«^ y & £ ./ ( ' : ceaitimes le Numéro ÉTRANGER La révolution allemande Les socialistes allemands, devenus maîtres du poilvoir, ont adopté la terminologie -évolutionnaire russe pour désigner les nouvelles autorités. Les ministres sont devenus des commissaires du peuple et des conseils des ouvriers et des soldats ont été constitués partout. Jusqu'à présent toutefois les deux révolutions n'ont guère de commun que cette identité de termes. La révolution allemande n'a pas pris le caractère chaotique de la révolution russe, les conseils des ouvriers et soldats n'ont pas adopté les méthodes de terreur du bolchévisme russe. Mais, peut-on affirmer qu'ils ne Uniront pas par se les approprier ? Sans doute les socialistes allemands ont une autre mentalité que les socialistes russes; ils sont depuis longtemps disciplinés, tandis que les socialistes russes sont encore imprégné? des traditions du nihilisme et de l'anarchie; l'éducation intellectuelle et politique des premiers les met tout de même tort au-dessus des moujiks russes qui ont vécu jusqu'ici dans une ignorance crasse et qui, dominés exclusivement par leur désir de posséder la terre qu'ils culti-vaient, se soucient fort peu des théories économiques et politiques auxquelles ils ne peuvent rien comprendre. Les ouvriers de l'industrie russe ont été travaillés par la r"opagande marxiste, et ils en ont adopté les conclusions sans en saisir le sens; cela a surtout développé chez eux des aooétits qui se sont déchaînés après la révolution. Les socialistes allemands ne se déclarent pas seulement marxistes, ils se proclament aussi démocrates. Le parti socialiste actuel a été constitué par la fusion des marxistes purs avec les Las-saliens qui ont introduit dans le programme commun l'élément politique, le principe de la souveraineté du peuple, c'est-à-dire du gouvernement par la majorité véritable. C'est la négation 'lu principe de la dictature du prolétariat qui est à la base du programme de Lenine et Trotzky et que ces derniers retendent réaliser bien que le prolétariat russe organisé et qui adhère à [leurs théories ne représente qu'une (fraction infinitésimale de la nation Visse. Les socialistes allemands n'ont cessé d'ailleurs, depuis un an. de répudier le bolchévisme. Ce n'avait de partisans en Allemagu. • dans un groupe de la minorité l _'cu..iste, le groupe le pluj faible et presque insignifiant, celui de l'Internationale connu aussi sous le nom de groupe Spartacus. Haase et ses amis du oarti socialiste indépendant réprouvent le bolchévisme avec la même netteté que les socialiste? majoritaires. On signalait néanmoins ces jours-ci des progrès sensibles du groupe Spartacus. Les désillusions, les déceptions, les difficultés matérielles de l'existence pourraient peut-être rendre les masses ouvrières sans travail accessibles à la propagande de ce groupe. Et puis il faut tenir compte de ce fait qu'une fois engagé dans un mouvement révolutionnaire on va toujours de l'avant. On est pris dans une sorte d'engrenage. M. Fritz Friedmann, qui fut le défenseur de Kotze, le maître des cérémonies de la cour impériale impliqué dans l'affaire' des lettres anonymes qui fit scandale en 1894-95 et qui a publié un livre à ce sujet en 1896, prévoyait la révolution et son succès parce que, disait-il, « il v a de fortes chances pour qu'au moment de la guerre civile les soldats d'alors fraternisent avec ceux qu'ils devront combattre ». Et il ajoutait : Tanit qu'on ce juge pas le moment propice .pour se soule-ver ou qu'on n'y est pas forcé pair la poussée de la foule diarrière soi, on est socialiste ; au moment de l'action, die la lutte, de la destruction, àm.pitoyaible, on est anarchiste. « Ses premières prévisions se sonl déjà réalisées. Ce scat les matelots de la flotte de guerre et les soldats qui ont fait la révolution, et s'il n'y a pas eu de guerre civile c'est parce qu'il n'y a pas eu de tentative de résistance dé la part des anciennes classes dirigeantes. Cela "ourrait changer si ces dernières sortaient de leur passivité. Et puis, de même qu'on disait jadis qu'un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure, on peut dire qii'un révolutionnaire trouve toujours un plus révolutionnaire qui 'iè sunprime. Efloore me preuve p la psrre a M ïenlae par iltep Kurt Tisner, le chef de la nouvelle république bavaroise, publie le document suivant où la volonté belliqueuse de l'Allemagne est mise en pleine lumière. C'est un rapport du ministre de ©avière à Berlin, M. de Lerchenfeld, rçui, le 18 juillet 1914, écrivait à son gouvernement : « La démarche que le cabinet de Vienne est décidé à faire et qui consistera en la remise d'une note qui aura 'lieu le 25 juillet, a été retardée jusque-jlà, parce qu'on voulait attendre le départ de MM. Poincaré et Viviani de iSaint-Pétersbouirg, afin de faciliter avec les puissances de la Duplice une entente 'sur une éventuelle action en sens contraire. Jusque-là, on se donne, à Vienne, Ides apparences pacifiques, en mettant ,en congé simultanément le ministre de 'la guerre et le chef du grand état-major. .On agit aussi avec succès sur la presse 'et la Bourse. On reconnaît à Berlin que le cabinet de Vienne procède avec habileté. On regrette seulement que le comte Tisza, qui aurait primitivement combattu une attitude plus énergique, ait un peu soulevé le voile par sa décla ration à la Chambre des députés hongroise.M. Zimmarmann m'a dit, d'aiprès ce qu'on sait actuellement, que la note contiendra les quatre exigences suivantes: Publication d'une proclamation du roi de Serbie affirmant que le gouvernement serbe n'a rien de commun avec le mouvement panserbe et le désapprouve ; Ouverture d'une enquête contre les complices de l'attentat de Sarajevo avec participation des fonctionnaires autrichiens ; Ouverture de poursuites contre toutes les personnes mêlées au mouvement panserbe ; Délai de 48 heures accordé pour l'acceptation de ces demandes. Il est évident que la Serbie ne peut pas souscrire à ces exigences qui sont inconciliables avec sa dignité d'Etat indépendant.« A Berlin », on approuve absolument l'Autriche de profiter de l'heure favorable, même au risque de complications ultérieures. » L'état-major prussien attend la guerre avec confiance Ce qui est intéressant dans le rapport Lerchenfeld, c'est la mention qui est faite des communications confidentiel-" les entre lui et 11 conseil d'ambassade allemand*Stollberg à Vienne. Celui-ci avait discuté quelques jours auparavant avec l'Autriche la question du dédommagement de l'Italie par la cession du sud du Trentin. Dans un rapport téléphonique de l'ambassadeur bavarois à Berlin', en date du 31 juillet 1914, on entendait l'ambassadeur exprimer sa confiance qu'il était hors de doute que les efforts oratoires de Grey pour agir en faveur du maintien de la paix ne suspendraient pas le cours des événements. Le même jour l'ambassade bavaroise téléphone à Munich le tableau suivant de l'opinion à Berlin : « Deux ultimatums sont actuellement en route : l'un à Pétrograid, de 12 heures, l'autre à Paris, de 18 heures. A Petrograd, on demande le motif de la mobilisation ; à Paris on pose la question de savoir si la France reste neutre. Des deux côtés la réponse sera naturellement déclin-atoire. Mobilisation au plus tard samedi 1" août 1914, à minuit. L'état-major prussien attend la guerre avec la France avec grande confiance. Il compte pouvoir battre la France en quatre semaines. Dans l'armée française il ne règne pas un esprit sain. La France possède peu de canons à tir rapide et un fusil plus mauvais que le fusil allemand. » Dans un rapport du 4 août 1914, duquel il ressort que la Turquie s'était . déjà engagée à se joindre à l'Allema-. gne et à mobiliser, il est dit au sujet de la Belgique : « L'Allemagne ne peut pas respecte la neutralité de la Belgique. Le chef de l'étakmajor général a déclaré que même la neutralité de l'Angleterre serait un prix trop éleVé du respect de la neutra-, lité belge, car une guerre offensive con-. tre la France n'est possible que sur la i ligne de la Belgique. » ; Les alliés n'ont pas aafnfisé le passage îles Allemands sa Limboarg hollandais Wgitior Ses Pays-Tîec a co^mucâ^f, le 23 novembre, aux journaux français, une note indiquant que le retour en Allemagne de certaines troupes allemandes à travers le Limbourg a été accordé dans l'intérêt de la population belge et après entente avec les ministres de Belgique, de France et . de Grande-Bretagne. Cette allégation est inexacte. Le ministre des affaires étrangères des Pays-Bas avait convoqué, le 13 novembre, les représentants de la France, de la Belgique, des Etats-î Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Italie ■ pour leur demander de faire connaître à : leurs gouvernements les conditions dans L lesquelles le gouvernement royal avait été amené à autoriser la traversée du Limbourg par les troupes allemandes. Les: re-' présentants des puissances alliées se sont - bornés à répondre qu'ils porteraient d'urgence cette communication à la connais- . sance de leurs gouvernements. Ils n'ont exprimé aucune opinion person-' nelle, attendu qu'ils étaient mis en présence d'un fait accompli.. RUSSIE Hauts faits des soldats outorairtïens À Bostourof en Oukraine des soldats se sont emparés par la violence du bâtiment où se trouvait le général autrichien Iïoff-t mann et l'ont garrotté, châtiment qu'il t avait d'ailleurs fréquemment infligé à ses . hommes. D'autres soldats ivres se sont précipités sur lui, l'ont égorgé et ont brûlé son cadavre. Sa famille a pu s'échapper sous " des déguisements. Les soldats ont ensuite ! dévalisé la caisse du commandement, dans - laquelle se trouvaient 80 millions de couronnes, et se sont partagé ce riche butin. L'UNIVERSITE FLAMANDE Il nous avait semblé que le passage des déclarations ministérielles relatif à l'Université de Gand manquait un peu de clarté. D'après les explications que nous avons recueillies, il ne s'agirait pas de supprimei; l'Université française de Gand pour la remplacer par une université flamande. 11 ne manquerait plus que cela! et nous n'avions nas donné au langage du gouvernement une portée aussi froide-ir«nt extravagante. La Flandre est bilingue; il y a des siècles qu'elle l'est et les conditions mêmes, de son existence la condamnent au bilinguisme. La Flandre a toujours eu besoin, pour communiquer avec le restant du monde, d'une autre langue que la sienne. En fait, cette autre langue est, a toujours été, la langue française. Eteindre la vieille Université de Gand, ce foyer de culture française, entraînerait pour la Flandre une sorte de capitis diminutio. Ce serait un crime commis par les flamingants contre les Flamands. Ce serait aussi un acte de méchanceté à l'égard de la France, à laquelle nous aurions une singulière manière. de témoigner notre reconnaissance. Il s'agit donc non pas de la suppression de la vieille Université de Gand, mais de la création d'une nouvelle Université flamande établie dans la même ville. C'est un peu plus clair, mais ce n'est pas encore très clair. S'agirait-il d'une université bilingue, d'une sorte d'Ahna Mater à deux visages, dont l'un serait gaulois et l'autre néerlandais? L'hypothèse semble absurde; mais nous savons qu'avant la guerre cette absurdité hantait quelques cervelles parmi les bonnes gens qui mâchent la besogne aux législateurs. Toutefois, nous ne pensons pas que le gouvernement d'aujourd'hui puisse rêver une combinaison de cette nature. Reste donc l'hypothèse de deux universités rivales, l'une française, l'autre flamande, établies dans la même ville, en face l'une de l'autre. L'idée ne nous paraît pas heureuse. Sans doute nous ne nous opposons pas à la fondation d'une université flamande en Flandre, à condition que cette concession faite aux flamingants nous vaille en retour certaines concessions devenues nécessaires, et sur lesquelles nous reviendrons prochainement. Mais il n'en résulte pas aue nous devions approuver l'idée de doter Gand d'une université flamande. La coexistence de ces deux foyers de cultures contradictoires ferait de la ville de van Artevelde le théâtre d'une guerre evile intellectuelle qui ne , tarderait pas à dégénérer en guerre civile dénuée d'intellectualité. 11 y aurait | l'université des Capulets et l'université ; des Montaigus. Les étudiants ennemis sé battraient dans les rues et la police gantoise serait bientôt sur les dents. Ne vaudrait-il pas mieux doter d'une 1 université flamande l'une des deux au-; très villes sœurs, Anvers ou Bruges, ou ; bien encore l'une ou l'autre de ces pe-j tites villes flamandes si cruellement » éprouvées par la guerre et dont l'at-i mosphère tranquille conviendrait si -> bien au développement des hautes s études? Nous sommes curieux de savoir Cê i qu'en pense le gouvernement. UN DISCOURS DU ROI Voici le (texte du èiscouns prononcé hier à Moins (par-le roi Albert : Je sais, messieurs, combien la province de Hainaut a souffert. Tous les maux de la guerre se sont appesantis sur vos régions. Il semble que la colère de l'ennemi se soit acharnée sur vos usines, source de forcc. et de richesse pour la Belgique entière. Vos belles communes, jadis si prospères, sont au-Viuwl hui mbi-âics ci iricu-Uws, la part de leurs habitants réduits à la misère.Messieurs,* Nous sommes entrés 'dans Cèttë guerre pour l'honneur de nos engagements, nous avons accepté sans hésiter les conséquences les plus désastreuses d'une lutte où se jouait le sort de la liberté du monde. En complète unanimité, avec une résolution farouche, les Belges firent face pendant 82 mois à toutes les violences de l'envahisseur. Us montrèrent une endurance, un courage, un patriotisme qui nous ont valu l'admiration de l'univers. Le sort des armes vous a récompensés. La victoire décisive a pleinement justifié la foi ardente que vous n'avez cessé d'avoir dans le triomphe du droit. A celte œuvre de libération, vous devez être fiers d'avoir apporté votre large part. Votre attitude, — l'attitude des Belges sous la domination allemande -— a soutenu le moral de nos soldats et a témoigné, d'une façon éclatante, de la justice de la cause de l'Entente.Il faut maintenant relever le pays de ses ruipes. Nous devons envisager l'avenir avec confiance, car les Belges, à toutes les époques, ont su élever leur énergie à la hauteur des circonstances les plus critiques. Nous pouvons compter, pour la reconstruction du pays, sur ces deux facteurs essentiels : l'appui de nos puissants alliés, les réparations qui nous sont dues par l'ennemi. Ces deux facteurs si importants nous, sont acquis par la victoire et par les émi-nents services que la Belgique a rendus à la cause de la civilisation. Et maintenant je vous dis Restons unis dans l'œuvre de la paix comme nous avons ' été unis au milieu des épreuves de la guerre. Quant à moi, je vous promets mon concours le plus dévoué ; toutes mes forces resteront toujours au service de la patrie, de sa prospérité, de ses intérêts moraux et matériels. L'armée française à Bruxelles LA EiVESICN DES « LOUPS a L'a 128' division d'ihfitttsrîs française, la division des Loups, a traversé hier Bruxelles, sous le commandement du général Second. Une brume froide, qui s'aggravait parfois en pluie, semblait devoir détendre les enthousiasmes, bandés l'on, sait comme, depuis deux semaines déjà. La brume n'y a rien fait; on a fêté les Loups comme ils le méritent. Eux aussi furent aux côtés des troupes belges à partir du 26 septembre , dernief, îï Lângèfcârck", à' Pôeloàpellë, Roulers, etc., et ce sont leurs pontonniers qui ont, avec l'héroïsme que l'on sait, jeté les ponts sur l'Escaut, enfin franchi la veille de l'armistice. Avant cela, et leurs fanions troués, brûlés, déchirés, et cravatés sur le champ de ba> taille de la Croix de guerre, la proclament en lettres d'or, avant cela les Loups avaient aiguisé leurs dents sur les Prussiens à Bois le Prêtre, dans l'Argonne, en Lorraine, à Verdun, a Soissons, à Vil-lers Cotterets sur la Marne immortelle.1 Us étaient environ neuf mille : les 169", 168* et 167* d'infanterie, la 10* compagnie du génie (celle de l'Escaut), un bataillon du 67* territorial, le 252* d'artillerie de campagne et le 107' d'ar-, tillerie lourde. ' De la porte de Ninove au boulevard . du Eégent, ils ont entendu le. c.ri recou-i naissant de Bruxelles qui .saluait leur gloire; ils y répondaient d'un large sou-. rire, en serrant les mains tendues. > Le défilé devant l'hôtel de la légation p fut, comme celui de la veille, impecca-i ble dans sa brillante légèreté, et aussi, s empoignant par l'acclamation imnieneo l qui faisait pâlir les pioupious eux-mêmes, i et qui couvrait les sons du « Chant du ' départ » — le départ de la nouvelle « Wacht am Rhein », bleue, celle-ci, " joyeuse et victorieuse. Les troupes ont défilé devant le géné-. rai Massenet, commandant le 7* corps, . entouré des généraux Desgouttes, Ru-; croie, chef de la mission militaire frr.n-t çaise, et d'un nombreux état-major. îl. i de France, ministre de France à Ei-j-! xelles, assistait au défilé du haut da " balcG* de la. légation t » ; » <■ ; Voici le texte du discours que le gé-: néral Bablon a prononcé mardi, en réponse à l'allocution do bienvenue de K. ; Max, et dont le commandant de la 41e - division française a reproduit la derniè-l re partie dans son ordre du jour à ses - troupes : t Je vous remercie infiniment des paro'ea - élogieuses que vous avez bien voulu adres-i ser à l'armée française que ma division a s l'honneur de représenter aujourd'hui dans la capitale de la Belgique. Nous y somme» s d'auifcanit plus sensibles que ces paroles nius viennent d'une personnalité qui a eu i soutenir dans les conditions que noua savons tous, une lutte magnifique, et qui connaît toute la valeur, 'des mots « courage et héroïsme ». Laissez-mot ajouter qu'une grande part de vos éloges revient à nos camarades de - l'armée belge : Quand nous les avons re- - joints sur l'Yser, à la fin du mois do sep-e tembre, ce sont eux qui ont ouvert la pre- - mière brèche, et nous avons pu admirer g avec quel splendide élan ! Nous avons rc- - connu en eux plus que des frères de race, - mais de véritables frères d'armes. Nous voudrions qu'ils sachent tous que c'est sous e ce titre qu'ils resteront dana notre sou-senira LES ENGAGEMENTS VOLONTAIRES Ils sont nombreux. Le Sureau da la place de Bruxelles, situé rue Royale, 146, est littéralement assailli chaque jour. Tout le monde veut être soldat. Donnons quelques indications qui n« sont pas inutiles. Des Belges tombant sous l'application des arrêtés-lois de milice ne sont en aucun cas admis à contracter un engagement volontaire. Mais, les jeunes gens, à partir de 16 ans, peuvent s'engager comme volontaires. Ils doivent fournir à cet effet, une autorisation de leurs parents dûment légalisée par l'administration communale, un certificat de moralité et se présenter dans les bureaux d'un chef de corps à l'uiie ou l'autre caserne oacupéa par les troupes. ! Des commissions de recrutement examinent les demandes. Les volontaires admis sont dirigés sur Bmiges où se fait leur instruction. Les anciens militaires renvoy'és dans leurs foyers pour une cause quelconque et qui n'avaient pu rejoindre l'armé» doivent se présenter à la compagnie d< subsistance du 4* régiment de carabiniers, caserne Baudouin, place Dailly, Chaque jour "-n train spécial emmèr.a vers Bruges plusieurs centaines de volontaires ou d'anciens militaires, ceux-ci désirant remplir complètement leurs obligations. DÉPORTATIONS Les pauvret ge&s !... Le 20 octobre 1917, à 7 h. 1/2 du soir, quatre automobiles grises traînait des fourgons d'ambulance, pénétraient sous le porche de l'hôpital St-Jean, rue Pa-cliéco, et s'arrêtaient successivement au pied du petit escalier de gauche, près de la salle de consultation. Les infirmiers de l'hôpital en extrayaient avec précaution des civières qu'ils allaient déposer dans la salle voisine. Les automobiles viraient dans la cour, puis repartaient, fumant et pétaradant. Cela n'a pas duré un quart d'heure, sans un mot, san9 un salut. C'é'ait sec, bref, sinistre. Sans doute, c'était administratif. Tout de même, les automobiles avaient un peu l'air de fuir, après un mauvais coup, en essayant de se dissimuler dans leur âcre nuage de fumée bleue. L'Allemagne venait de rendre onze déportés. Tous es onze, ils voulaient se lever, et tout de suite, marcher. On comprenait leurs regards brillants et leur moue entêtée : cette civière allemande, c'était encore la captivité; et puisqu'ils étaient enfin au milieu de nous, ils se voyaient libres, complètement. Quelq'ues-uns, accrochés au col de deux infirmiers, marchèrent en effet, et s'en allèrent par les corridors, traînant leurs jambes molles. Les autres retombèrent en geignant sur la toile rude, et on les emporta. — Il nous en revient, toutes les trois ou quatre semaines, cinquante, cent ou davantage, nous dit un interne. Et il s'en trouve toujours une douzaine ou deux qui ressemblent à ceux que vous venez de voir. Ces malheureux sont débilités, vidés, faibles comme des enfants ; et souvent ils sont atteints de diarrhée rouge; vous comprenez qu'il n'en réchappe guèra. TÎ faut les lessiver, littéralement, dès qu'ils arrivent, ne fût-ce que pour éviter la contamination. Us sont effroyablement sales, pouilleux et vermineux. Vous pensez bien que j'en vois un peu de toutes les couleurs, ici ; eh bien, ces pauvres diables me font parfois monter aux yeux des larmes de pitié, et de colère aussi. Nous avons rejoint les onze hommes au moment où les sœurs infirmières les aidaient à passer du linge propre. Deux d'entre eux avaient encore le torse nu et nous regardaient avec fixité. Jamais cette vision horrible ne s'effacera de notre mémoire. Sans doute avez-vous eu l'occasion de voir ces photographies de nègres minés par la maladie du sommeil, lamentables humanités décharnées, ruinées, dont les os sont moulés par une peau sans chair aucune. Eh bien, c'était cela, plus pitoyable encore sous la blancheur cireuse d'un épiderme que n'irriguait plus une goutte de sang rouge. Des têtes au crâne démesurément élargi par le rétrécissement .du visage ; des cheveux ternes et mous ; des yeux de fièvre au fond d'orbites largos et toutes bleues, presque noires, des yeux épouvantés encore, qui suivaient nos mouvements avec une sorte d'inquiétude — et pourtant, sur les lèvres mincies il y avait une grimace qui voulait être un sourire. Des pommettes en pointe ; pais do joues ; à leur place, deux cavités rongées par une barbe courte, morte depuis trois mois. Un cou gros comme un bras d'enfant, avec une prodigieuse pomme d'Adam, et dont les muscles atrophiés se tondaient à s'arracher pour redresser la tête, tant bien que mal. A l'endroit du ventre, un trou, en dessous d'une poitrine bombée aux clavicules aiguës, et des côtes portant de l'ombre dans leurs' intervalles. Los bras surtout, attachés à l'épaule par une sorte de bourrelet informe, étaient des bra3 de squelette : plus de biceps; des avant-bras aplatis et d'une venue; des coudes brusquement élargis et d'immenses mains noueuses, aux doigts écartés, agitées d'une tremblotte incessante. Troublés dès notre entrée — disons le mot, effrayés par cet incroyable spectacle, nous étions demeurés au pied du premier lit, sur lequel reposait un des onze, le plus valide do la misérable troupe. Il venait de boire un bol de bouillon, il s'allongeait avec des' ah ! bienheureux. ■— Bon Dieu, un lit!... C'est bon!... Dites, Monsieur, yous n'avez pas yu le dos da oelui-là? Ses veux rayonnaient. — Dormir, n'est-ce pas, réprimanda une religieuse en souriant, un doigt sur les lèvres. Il était trop heureux pour dormir. U continua. — Et le dofi de celui-là, Monsieur, et de l'autre, là-bas. Us sont tout bleus. Vous comprenez, nous avons refusé de travailler. U aurait fallu creuser leurs tranchées, porter leurs pierres, leura poutres, leurs rails. Cela ne prenait pas. Alors, les coups pleuvaient ; coups de crosse dans le dos, coups de pied dans le ventre, coups de poing dans les gencives, et plua rien à manger, des jours et des jours. C'est égal, on serait plutôt crevé. D'ailleurs, il y en a « pas mal qui y ont passé ». — Où étiez-vous? — Là-bas, du côté de Verdun. —■ D'où êtes-vous? — De la province de Luxembourg ; une caboche d'Ardennais, quoi... — Il y a longtemps que vous avez été déporté ? -— Quatre iqois, à peu près. — Vous étiez chômeur, sans doute? •— Moi ! Je n'ai jamais chômé, pas une heure. Les autres non plus,. — Quel âge avez-yous?, — Dix-neuf ans. On lui en aurait donné quaraiite. Mais il nous sembla qu'un soupçon de rougeur colorait sa joue. Alors, nous avons, nous aussi, mis un doigt devant la bouche, et nous sommes partis, après avoir serré doucement les pauvre» es. de sa main. À côté de ces squelettes vivants, les quatre-vingt-dix autres fescapés, que trois voitures de tramway amenèrent peu après, pouvaient passer pour des phénomènes d'endurance et de santé. Us se répandirent en un brouhaha joyeux, encombrant le vestibule de leurs petites mailles de bois clair, de eurs bissacs quadrillés bleu et blanc, et aussi d'une senteur, chaude et rance, à faire éter-nuer un palefrenier. La plupart étaient tout jeunes, vingt, trente ans ; une demi-douzaine de barbes poivre et sel. Tous riaient. Au bout de dix minutes, pourtant — il fallut bien les faire attendre; on en avait annoncé tout d'abord cinquante, puis soixante-dix, et au dernier moment il en arrvait encore vingt de plus — quelques uns s'assirent sur les marches de pierre. — Le voyage n'a pas été commode, nous dit l'un d'eux. Pensez donc ; nous sommes en route depuis jeudi matin — l'avant veille. On nous passait un chan-teau de pain, à midi, et c'est tout. Et puis, on s'est fait vieux dans leurs sacrés trous. Je ne parviens plus à allonger la jambe; un solide rhumatisme gagné là rester dos journées dans l'eau et la boue. Tenez, en voici un qui ne peut plus sa redresser du tout. C'était, en face de nous, un tout jeune homme, courbé en deux et appuyé un gros bâton, les reins ankylcsés. ■—- Regardez mes chevilles, dit un autre. Elles sont plus grosses que mes cuisses. Je marche, moi aussi, avec une canne, comme un grand-père. Un autre encore t'affalait et soufflait, avec un cou de goitreux. — U paraît que ^'est la nourriture, nous confie-t-il. De la soupe, tout le temps, une saleté de soupe au poisson ou aux betteraves. Cela fait gonfler. 0* devient gros, soufflé, et on n'a pa» pliw de force qu'un pou... Le dernier mot nous fait lever inconsciemment les yeux vers sa chevelure. Un voisin se met à rire. — Prenez garde, s'écrie-t-il : il y ex a ! Et de plusieurs espèces,s'il vous plaît: des petits et des gros, des bruns et des roux. Nous en sommes couverts et dévorés. La fièvre nous en prend, quelquefois.Mais le surveillant de l'hôpital donnait le signal du rassemblement. Les sacs et les caissettes furent renvoyés sur les dos, à la volée, en un ca-1 rambolage général qui fit rire bruyamment. Et ils s'en allèrent, boiteux, bossus, goitreux, labres, en#és et efflanqués, caravane mina.ble et pourtant joyeuse, intensément — la joie de vivre,;-d'avoir frôlé la mort la plus lamentable^ et d"y avoir échappé,. Boskolih, j Jeudi novembre 1918 69m0 ANNEE. — M0 J.3L _ . jeudi 28 novembre 1918

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This item is a publication of the title L'étoile belge belonging to the category Liberale pers, published in Bruxelles from 1850 to 1940.

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