LA BELGIQUE MARITIME ET COLONIALE RE Prix : 25 centimes (35 centimes pour l'étranger) REVUE HEBDOMADAIRE (20me année) N° 22. - 30=31 mai 1914 ABONNEMENTS : BELGIQUE : Un an . . . 12 francs ÉTRANGER : Un an . . . 18 » Comité de rédaction : Paul Mussche, directeur; H. Baels, secrétaire-adjoint du Conseil supérieur de la Marine; R. de Kercliove d'Exaerde, officier de Marine ; Ch. Dezuttere, secrétaire de la Commission de pêche marit. de la Flandre occ.;Eug. Gillon, ing. naval,membre du Conseil supérieur de la Marine; L. Hennebicq, président de la Ligue Maritime ; Ch. Hervy-Cousin, membre du Conseil sup. de la Marine Ch. Maroy, secrétaire de la S. B. de la L.M. B. ; J. Rousseaux, C. Smeester», membre du Conseil sup. de la Marine, à Anvers ; L. Teugels-Devoa, membre de la Commission interprovinciale des Canaux brabançons ; Van Bladel, secrétaire de la L. M. B. R. Vauthier, conseiller colonial. Seerétaire-Administrateur : E. de BURBURE de "VVESEMBEEK. RÉDACTION-ADMINISTRATION 8, rue de la Tribune, BRUXELLES Téléphone : B. I807 BUREAUX A ANVERS : 22, RUE DES RÉCOLLETS SOMMAIRE : Colonne» L'Allemagne et le Congo 769 A propos de l'avant-port 772 Impressions d'un voyage en Hollande . . 774 L'Aguitania de la Compagnie Cunard . . 776 Nouvelles et informations 781 Les pêcheurs et les habitations ouvrières . 790 Bibliographie 79S Bulletin commercial 796 Notes financières 800 Avis divers 8o3 L'Allemagne et le Congo Il est du devoir des petites nations de surveiller les grandes, surtout lorsqu'elles possèdent un vaste domaine colonial dont l'exploitation pourrait aisément éveillei les convoitises. Jusqu'en ces dernières années, alors que Cecil Rhodes poursuivait, en Afrique australe, son rêve impérialiste, c'est surtout sur l'Angleterre que se concentra l'attention de nos coloniaux. Le Congo barrait la route du Cap au Caire ; il isolait l'Uganda de la Rhodésie. Les négociations intervenues témoignent suffisamment des efforts faits par le Napoléon du Cap pour surmonter cet obstacle. Mais son initiative ne fut heureusement pas soutenue par le gouvernement anglais et, provisoirement du moins, nous pouvons considérer ce danger comme écarté. Ce n'est plus du sud au nord que s'exerce, au Congo, la pression étrangère, c'est de l'est à l'ouest. Ce ne sont plus les manœuvres anglaises que nous devons redouter, ce sont les manœuvres allemandes. Je parle ici sans la moindre hostilité préconçue. Il suffit d'être quelque peu au courant de l'histoire coloniale du XIXe siècle, pour savoir que les possessions des petites nations sont nécessairement, fatalement menacées par les grandes — fussent-elles leurs amies les plus intimes. C'est là un phénomène d'attraction presque physique. Les droits acquis ne résistent pas à l'absorption du plus faible 769 par le plus fort, si l'occupation politiqu n'est pas doublée par une conquête éco > nomique effective. Nous pourrions multiplier les exemples ; Qu'il nous suffise de signaler ici la réduc tion progressive de l'empire colonial por > tugais en Afrique, comprenant jadis le ' deux côtes et l'intérieur, du Cap au Con go, et se réduisant aujourd'hui à l'Angol; , et au Mozambique. Il est vrai que notre activité au Congo caractérisée surtout par la politique de chemins de fer poursuivie parLéopoldlI fut beaucoup! plus intense que celle qui déployèrent jamais les Portugais. Nou avons pilus accompli, de notre côté, dan l'espace de vingt ans, qu'ils n'ont accom pli, du leur, dans l'espace de deux siècles Mais il n'en existe pas moins une dispro portion inquiétante entre la superficie di domaine que nous avons à mettre ei valeur et les ressources dont nous dispo sons. Et il est tout naturel qu'une puis sance mieux équipée songe à profiter di moindre retard que subirait notre actioi pour «intervenir ». Il ne s'agirait, biei entendu, que d'une intervention pacifique Mais, pour qui sait ce que parler veu dire, il n'y a qu'un pas de la conquêti économique à la «protection » ou à l'an nexion pure et simple. * * * Dans un article publié dans le demie numéro de la Revw t:c\ovwmiqMe, 1 nier iiftiiorwlp 1, M. E. Dubois, directeur di l'Institut commercial d'Anvers, attire i nouveau l'attention du public sur les ré cents progrès accomplis par l'Allemagm en Afrique centrale. Ces progrès nous menacent en troi points : au nord-ouest, du côté du Neu Kamerun ; à l'est, du côté du Tanganyi ka ; et au sud-ouest, dans la région dt Katanga. A chacun de ces points cor respondent une date et u,n fait caracté ristiques : i° La cession, par la France à l'Aile 1 1 5-20 mars 1914. 77° 3 magne, par la convention de 1911, des deux antennes territoriales aboutissani respectivement à Bonga, sur le Congo, et à Mongamba, sur l'Ubangi ; 2° La terminaison, en février dernier, de la ligne allemande Dar-es-Salam-Ta-s bora-Kigoma (près d'Ujiji, sur le Tan-- ganyika) ; 1 30 Et, enfin, les pourparlers actuellement engagés entre la Tangatiyika Con-, C° et la D&ii^sche, Bank, tendant ; à associer un groupe allemand au syn-, dicat anglo-portugais, pour l'achèvement î de la voie Lobito-bay-Katanga, pourpar-5 1ers doublés de négociations diplomatiques 5 anglo-allemandes en vue de la répartition des sphères d'influence des deux puissances dans les colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique. 1 * ^ * * M. E. Dubois attire successivement l'attention des lecteurs de la Rev\u,e Eco-1 ibomlq\U\e sur ces trois points sensibles de 1 la carte de l'Afrique. Il considère, avec 1 raison, qu'il ne s'agit pas là de trois manifestations isolées de l'activité coloniale t allemande, mais d'un plan d'ensemble, ou tout au moins de trois mouvements tendant au même but, plus ou moins consciemment formulé dans la presse et dans les revues coloniales de nos puissants voisins. r Si justifiée que soit, dans l'ensemble, une telle conclusion, nous ne pouvons ; nous empêcher de croire que certains des 1 aperçus de l'auteur sont légèrement poussés au noir. C'est ainsi qu'il considère ; que le chemin de fer du Neu-Kamerun, partant de Duala et dont on projette le 5 prolongement jusqu'à Ouesso, sur la Sanga, « constituerait la réplique du chemin de fer belge Matadi-Léopoldville et 1 pourrait créer à celui-ci une concurrence redoutable. » Dès le lendemain de la convention franco-allemande, nous avons signalé dans la Belgique Maritlpie et dans la Revins Eâ0rip\miqu\e, le caractère inquiétant des deux tentacules allemandes abou- 771

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