La dernière heure

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23 November 1918
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BUREAUX 9, RUE ST-PIERRE, BRUXELLES Ouverts de 9 à 5 h. Les jours fériés de 9 à midi. ILes annonces et réclames sont reçues aux bureaux du journal et à l'Agence Havas, 8, placedesMcrtyrs(lerétage), à Bruxelles. .■ p.—.-TO1WW1 ■■JM«JIMIW ' "^7 I 2me Edition. BULLETIN PROVISOIRE DES JOURNAUX n7rî»<~T7nJ H'B La Dernière Heure ÏAMEDI 23 NOVEMBRE 1918 ^ Fcilîllc > ' " LE NUMÉRO 10 CENTIMES DANS TOUTE LA BELGIQUE PETITES ANNONCES 30 CENTIMES LA LIGNE L'EPEE D'HONNEUR DU ROI Une épée d'honneur sera remise au Roi quelques jours après sa rentrée triomphale à Bruxelles • C'était en 1914, dans un café de la ville où quelques amis se réunissaient quotidiennement pour recueillir les nouvelles du jour. Après lc3 journées glorieuses de l'Yeer, l'idée vint simultanément à plusieurs membres de ce petit groupe, que la conduite si simplement héroïque du Roi avait transportes d admiration. de faire remettie une épée d'honneur à leur Souverain le jour de son retour dans la capitale ML. Matton, le sculpte»** bien connu, prit sur lui, sans s'arrêter un instant aux diilicuités de l'entreprise, de réaliser ce projet. Il a tenu oarole. Parti de Bruxelles avec la maquette de son œuvre qu'il avait-modelée secrètement, il rapporte l'epé-e promise, à. la date souhaitée, exact au rendez-vous comme Philéas Fog dont il a renouvelé la vie aventureuse. Les circonstances de son départ et de son retour valent d'être contées brièvement. Pour passer en Hollande avec son précieux colis qu'il eût défendu jusqu'à la mort plutôt que de le Laisser surprendre par une patrouille boche, il dut se cacher pendant plusieurs heures sous les copeaux d'un sabotier. Il réus- ! ~ 1 ait à franchir le fil de fer redoutable le 21 avril 1915, date inoubliable! C'est ©e jour-là qu'un ennemi criminel fit usage, pour la première fois, des gaz asphyxiants. Après un °ejour de quelques mois au Congo, M. Matton alla se fixer à Paris, où il devait rencontrer les ouvriers d'art qui mi rent à ciseler l'épée d'honneur et à la sertir de pierres précicuses toute l'applioation fervente que développait en eux l'admiration qu'ils portaient au Roi-Soldat qui l'avait noblement méritée. L'aigle teuton, les ailes tombantes, le regard mourant, vaincu par le Lion Belge, qui le domine avec une calme majesté, tel est, dans son symbolisme saisissant, le grou- Ï>e que représente la poignée parmi un enrou-en ent de feuilles de chêne, de lierre et de laurier, sur lequel court cette inscription: « Le peuple belge à son Roi », qui devient: « De Belgen aan hunnen IConing », lorsqu on retourne l'épée. Si nombreuses que soient les pierres qui allument un scintillement léger parmi l'or et le platine, cette épée ne donne pas l'impression fragile d'un bijou. Ce n'est pas l'épée d'un académicien. Par son aspect à la fois harmonieux et solide, c'est bien l'épée d'un soldat. L'épée, terminée, il restait à la transporter à Bruxelles. Dès que l'armistice fut conclu, il devenait urgent de faire route vers la Belgique, mais par Quelle voie? M. Matton songea à demander la faveur d'une petite place à bord d'un avion. ^ais on lui objecta les dangers du voyage. Il fallait ai river à bon port, et vite, et sûrement. Le chec de cabinet de M. Clémenceau. qui connaissait l'épée, mit un empressement délicat à faciliter son transport en Belgique, et c'est daris une auto de la Présidence qu'elle fut apportée à Bruxelles, à travers les lignes, pa- l'artiste, qui n'avait plus à craiiîdre, au retour, que des mains indignes s'en saisissent Et, tandis que l'épée symbolique jettera tous ses feux, le jour où elle sera remi&e au Roi, on achèvera de tisser le voile d'or qui est destiné à la Reine, car on ne saurait adresser un hommage distinct à l'un des membres du couple royal qui fut si constamment uni dans la pratique quotidienne du courage et du devoir patriotique. A NOS LECTEURS UVW fUJJV il Grâc# â l'action énergique et rapide de la Justice belge, nous venons de rentrer en possession d'une partie de nos moteurs électriques. Deux de nos linotypes ont aussi été retrouvées, l'une chez un imprimeur d'origine allemande, l'autre au « Bruxellois » de cartouchienne mémoire. ' Dans quelques jours nous pourrons faire paraître notre Bulletin provisoire sur 1 ancien format de « la Dernière Heure » et nous comptons être en mesure de rétablir le service des abonnés dans les premiers jours de décembre. Nous les prions de nous faire parvenir, d'ici la, leurs changements d'à- APRÈS QUATRE ANS DE SOUFFRANCES .LE JOUR DE GLOIRE EST ARRIVÉ le Du soleil sur la joie! 22 Novembre 1918! Date à jamais mémorable dans l'histoire héroïque de la Patrie! Peur saluer ce jour glorieux et eoli'me pour le parer de la joie de la nature entière, le soleil, grand maître des cérémonies populaires, rayonne dans l'azur le plus pur, et, sur la ville qui s'apprête au débordement de la plus légitime exubérance, il épand à foison la lumière d'or d'un incomparable au tonnie. Pas un souffle de vent ! Pas un nuage ! C'est comme l'àme de la Belgique ressus-citée qui 3'exlériorise, calme, f'ière, inexpri-mablement heureuse, et enveloppe toutes choses d'un rayonnement de bonheur unique!Les oriflammes innombrables, les noir, jaune et rouge de notre pays, et les multiples et chantantes couleurs des nations alliées foisonnent du rez-de-ehaus.:ée jusqu'au toit des maisons, clamant la vibrante émotion d'un peuple meurtri dans son esprit, sa liberté, sa clian même, et qui revoit la lumière de la vie, après quatre ans et demi de ténèbres épaisses. Certes, la joie générale n'est pas sans mélange, elle est pétrie de bien des douleurs et de lourds sacrifices, la résurrection générale est due à bien des morts, des ruines, des afflictions, mais c'est austère consolation de se dire que tout cela n'a pas été vain. Et ce père, qui fièrement étale le portrait de son fils sacrifié, a une double raison de s'enorgueillir aujourd'hui, car il peut dire hautement « Votre bonheur ! Notre bonheur ! c'est à mon fils que vous le devez ! » Les premiers soldats 8 heures! La foule est déjà compacte sur les boulevards et sur tous les points du parcours. Les tenaces, qui verront le roi, qui acclameront les troupes victorieuses ont depuis longtemps choisi la parcelle de trottoir qu'ils ne quitteraient plua pour une fortune.Les revers des habits, les corsages s'égaient de cocardes, de rubans, de boutons à l'effigie du roi, do la reine, de M. Max. Des cyclistes passent affairés, dfs automobiles militaires circulent, et ce sont chaque fois des ovations. Des élèves des écoles et de pensionnats, d'innombrables sociétés, drapeaux au vent, cherchent place dans la rue. Mais les clairons sonnent, les troupes qui vont assurer le service d'ordre viennent prendre position ; les chapeaux, les mouchoirs, loft diajjeaux s'agitâut *t-, meurs délirantes s'élèvent. Que sera-ce tantôt?...Enfin, le 4e carabiniers, le lie de ligne, les grenadiers, les gendarmes viennent d'essuyer le premier feu de l'enthousiasme qui déborde déjà; ceci les change un peu de la pétarade (les mitrailleuses. L'armée de l'air Aussitôt l'attention est détournée. Toutes les têtes se lèvent. Là-haut, dans l'azur poudré d'or, apparaît une escadrille d'aéros. Ils évoluent avee une aisance harmonieuse, virent et s'inclinent comme pour rendre avec grâce à la foule, le salut vibrant qui s'élève de toutes les poitrines. On dirait de grands cygnes beiges glissant sur un étang bleu et sans ride. A Molenbeek Recevant le Roi à l'entréa de la commune, M. Metteivie se dit heureux de saluer la Famille royale, à son retour au foyer pa-trial, après cinquante-deux mois d'éloigne-ment. il unit, dans un même homr. âge, tous ceux qui ont contribué à l'œuvre grandiose de la victoire et dit que ces quatre années de' souifiance, d'héroïsme et de magnifiques exemples ont scellé entre le peuple belge et la dynastie une union désormais indestructible. A la Porte de Flandre L'arrivée de M. Max Le service d'ordre est assuré par le 1er régiment des Grenadiers et les mitrailleurs du régiment des Guides; ils rendent les honneurs au plus populaire des maïeurs. Dans la tribune installée Porte de Flandre, à droite du canal, au coin du boulevard Barthélémy, se trouvent déjà réunis les bourgmestres de toute l'agglomération bruxelloise. Parmi les invités, nous remarquons M. le docteur Depage, conseiller communal de Bruxelles, en tenue de colonel, ainsi que de très nombreuses dames de la bourgeoisie bruxelloise. De nombreux autos ronflent, s'arrêtent, et repartent après avoir déposé devant la tribune, des officiers de marque de tous les pays alliés. Dans la foule, des milliers de voix entonnent la « Brabançonne », la «Marseillaise », et « Vers l'Avenir ». Jamais, on ne vit en nos murs pareille manifestation de joie populaire I Voici le Roi I Onze heures ! Des hourras formidables partent deâa chaussée .de Gand. CJn remous se produit. L'én.otion étreint les cœurs. Voici un peloton de gendarmes, avee leur drapeau. Derrière eux s'avancent le Roi, la Reine, les princes Léopold et Charles, la princesse Marie-José et le prince Albert d'Angleterre, tons à cheval ; ils s'arrêtent a\i milieu Uu pont, et aussitôt M. Max, entouré de toutes les notabilités communales, s'approche et prononce le discours suivant: Discours de M. Max Sire, « Depuis plus de quatre ans la Capitale attendait oette minute. Elle l'attendait avec impatience, avec fièvre, mais jamais le doute, n'a ébranlé sa foi. Elle avait la confiance que, tôt ou tard, il lui serait donné de voir revenir vers elle, victorieux, le Roi dont elle avaât, au début de la guerre, salué la noble et virile décision et dont l'exemple l'avait enflammée de cette abnégation généreuse qui élève et grandit le patriotisme, «au point de l'égaler à l'amour de l'Humanité. Oui, la Belgique s'est offerte en sacrifice pour un idéal qui ïlane bien au delà, des intérêts (/n'enferment les limites de ses frontières. » Le peuple de Bruxelles a connu des eouf-franoes inaieiblee, mais il le3 a supportées sans plainte, les yeux tournés vers l'avenir. Ija rentrée du Roi et de l'Armée, dans l'apothéose du triomphe, lui apporte aujourd'hui 4a récompense qui lui était due et c'est frémissant de bonheur que, fier de pouvoir parler en son nom, j'enveloppe d'ans un même hommage de gratitude et d'admiration nos sold-ats incomparables, dignes partenaires des troupes alliées aux côtés desquelles ils ont combattu, et l'héroïque Souverain qui, d à leur tête, a conquis pour lui-même et pour la Belgique, dont il incarne l'àme, la gloire la plus pure. n » Qu'il me- soit permis d'associer à cet C hommage notre Reine, dont nous savions, p des avant la guerre ta- bonté, mai* dont nous connaissons aussi maintenant le mâle courage, «t de confondre nos jeunes grinces d et la gracieuse princesse Marie-José, dans t les acclamatiins que nous adressons a ceux n dont les exemples guideront leur avenir. } « Vive le Roi, vive la Reine, vive la famille 1] royale I a j> Vive notre armée, vivent nos alliés I » D Le Roi répond h Lorsque les acclamations qui soulignent ces vibrantes paroles cessent, le Roi, d'une voix puissante, répond en ces termes: « Messieurs, » La Reine et moi, nous avons écouté avec j émotion les éloquentes paroles que vient de i( nous adresser vjtre bourgmestre. C'e-;t pour nous le _plus beau jour da notre existence que celui oii nous rentrons dans cet:*» ben<» ® capitale libérée enfin par la victoire des Alliés, après quatre ans et demi d'épreuve^. I Nous nous réjouissons du fond du c-feur de retrouver nos concitoyens qui n'ont jamais n cessé d'avoir une foi ardente dans Va. victoi- f re du Droit, oui n'ont jamais cessé de rester u le front haut comme il sied à des hommes » libres devant les brutalités de l'oppression. Je tiens à leur rendre ici un profond liom- , mage d'admiration. £ Messieurs, s Nous saluons en M. Max, l'exemple des ls plus hautes vertus civiques. Votre bourgmestre a été héroïque' il s'est rangé au premier rang des plus illustres magistrats communaux de-notre histoire. » b Les chapeaux et les mouchoirs s'agitent; c. on clame: « Vive le Roi! Vive la Reine! ^ Vive la Famille royaleiVive Max!» C'est v ritableinent du délire. Et, tandis que le Roi va souhaiter la bie venue aux officiers supérieurs alliés: le g-néral français Boissoudy, le généra' anglai: ' Bing, et le capitaine américain Cresson", ? Mmes Lemonnier et Steens remettent de magnifiques fleurs à la Reine qui, très a émue, remercie. ei Le cortège » Aussitôt après, le défilé commence. Nous notons successivement suivant la fe famille royale et les c' fs des missions étrangères, avec leurs nombreux états-, i>, majora — paimi- lo«jueia-bn remarque le valeureux général Léman que la foule * ovationne tout particulièrement: un peloton de gendarmes, précédant les déta-chements des armées alliees: le 141" d'in- J, fanterie avec musique e deux drapeaux celui du rég.ment et l'autre aux couleurs " des Etats-Unis d'Amérique; le 109' régi-ment américain d'artillerie; to is en uni- ci forme kaki; le 152e régiment français d'infanterie avec musique et ctrap<...u dont la garde porte de petits drapeaux , belges au haut du canon du fusil — déli-cate attention; ce régiment est l'un des 81 plus fameux de France; ses hommes sont tous décores; les 133e et 74' régiments français d'i' fanterie, a\ec drapeau et clairons, ainsi qu'une batterie Ju <!3" d'artillerie; tous en uniforme bleu de campagne; des détachements écossais, avec cornemuses « Bagpipes », et an- 1 glais comprenant des soldats <' l'infan-tene, d'artillerie et de marine, mélangés en un groupe compact et revêtus q également du costume kaki. n Défile ensuite la VI* Division d'Armée belge, sous les ordres du général Biebuyclt, d aide-de-camp du Eoi; elle est composée no- g tamment : 1) De la VI* division d'infanterie sous les ordres du général-major Collyns et comprenant les 1", 2*# et 3* régiments des car a- e biniers, aveo musiques et drapeaux sur le3- c: quels on lit: « Yser » et « West-lloosebeke », L et commandés respectivement par le lieutenant-colonel Van Caulaert, le colonel Dou- f» trepont, et le lieutenant-colonel De Kempe-neer; le 6' bataillon du génie, avec clairons; I( et le 6* régiment d'artillerie avec trompettes, sous los ordres du colonel Pontus. Sur les H boucliers des pièces, on remarque les ins- q criptions suivantes: « Yser et Ypres 1916, T> West-Roosebeke 1918, Dixmude, Merckem, i. Passchendaele, Nieuport, Saint-Georges et n Reidersvliet ». Puis suivent quatre grosses pièoes d'artillerie, traîhées par de puissants tracteurs automobiles, deux de 105, et deux T de 120 dénommées « La Foudre » et « La H Terrible ». Sur les boucliers, on note le n nom de « Clercken ». 2) D'un groupement léger sous les ordres , du colonel D'Hespel, et comprenant les 3* et 4° escadrons du 2* régiment de lanciers, avec trompettes, et une compagnie cycliste. t A la place de Brouckëre d L'allégresse populaire emplit lj et déborde cet immense espace J Quand le cortège débouche sur la place, S c'est une explosion assourdissante de vivats, de hurrahs telle, qu'on « voit » ses voisins crier sans plus les entendre. C'est une immense clameur faite de mille cris divers fondus en un seul. Les formules les plus " exaspérées du reportage n'en pourraient ren- a dre l'impression. L'enthousiasme, même dans des artères d aussi larges que les boulevards, n'a pu se donner libre cours. Il débordait les maisons; * ici il s'épand comme une vague, une vague t sonore qui va de l'oreille au cerveau et le ' grise, ainsi que le son d'une grosse cloche a entendu de trop près. A mesure que le cortège s'avance, la cla- P meur s'amplifie encore. Elle monte : ec sont n ses ondes qui agitent, au-dessus de nos tê- P tes, la mer des drapeaux comme un vent de ' tempête, et vont se perdre très haut dans le '' ciel pur. t Par les boulevards du Nord et Botanique, les rues Royale et de la Loi, le cortège gagne le Palais de la Nation. r Devant le Palais de la Nation ' Place de la Nation, les grenadi-ers font s la garde, tandis que les carabiniers se rangent au long de la rue de la Loi. n Les prisonniers politiques arrivent ' vers 9 1/2 h. et vont prendre place sous la tribune qui leur est réservée, dans le a parc, au coin de la rue Royale et de la 0 rue de la Loi; parmi eux: des civils, des j femmes en grand nombre et quelques il ecclésiastiques. v Puis arrivent les drapeaux d. 3 fils de * combattants de 1830, de la Croix-Rouge, ,i /v du Jeu de Paume, des Anciens Militaires, des Sociétés mutualistes, de l'Harmonie de Bruxelles, des Cercles d'anciens militaires, de sociétés scientifiques etc. C'est alors le passage des boy-scouts, drapeaux en tête, ainsi que des délégations scolaires qui chantent des couplets patriotiques. Puis c'est le tour des invalides et mutilés qui viennent se ranger au long de la grille du parc; ils sont précédés d'un groupe d'infirmières des hôpitaux; d'aucuns ont revêtu l'uniforme; d'autres sont en civil; tous sont re-connaissables à un mince brassard tricolore. Des cris de: « Vivent les Belges! retentissent. Arrivent ensuite les autos des légations, les bourgmestres des faubourgs, les anciens ministres Poullet, Berryer et Helleputte, l'archevêque de Malines en pourpre cardinalice. M, Max met pied à terre à 11 h. 1/2. La foule lui fait une longue ovation. Vers 11 h. 4Q, un remous se produit en même temps qu'une clameur déferle. le Roi est annoncé, vivant symbole de tout un peuple fier, d'une armée triomphante. Déjà partent des vivats. Le Eoi vient se placer place de la Nation face au Parc; à. sa gauche: la Reine, le prince Léopold, la princesse Marie-Jo é; à sa droite, le prince Albert d'Angleterre et le prince Charles. Le défilé des troupes Derrière la famille royale et le prince britannique, viennent se ranger des officiers supérieurs de notre armée et des alliés, le général Buffin, commandant des aides; le général Léman, le héros de Liège: général de cavalerie Joostens, le général icob, le général Jungbluth, aide-de-camp a itoi ; le général Jacquca, de la ù' division armée; le général Doubbet, de la 2* division d'armée; le prince Tek,le chef de la mis-Mjn française De llucrol, le général De-boissoudy commandant la 6" armée française; le général angiais Byng; le capitaine américain Cresson ; l'amiral anglais Keyes, 3tc., etc. Devant eux, défilent la sixième division belge et le groupement léger, précédés de trois détachements alliés: américain, français, britannique. Les iantares se relaient levant la grille du parc, pendant que défilent leurs régiments respectifs. Le Roi et le prince Léopold saluent au passage des cneis et étendards; la qu-e le soleil sembla -éblouir, porte la main en visière. La foule, tojjours délirante, clame tour, tour, et selon les circonstances: Viven les poilus! vivo le u ! Hip! Hipl Hourrah! Vive le Roi! Vive la Reine! Vive la princesse! Vi%e la famille royale! L'artillerie aux noms glorieux: <• Yser », i' Ipres », « West-ltoo8.enbeke », est particulièrement applaudie. Par instants, la curiosité 1 emporte sur l'exubérance et un court silence s'établit. Après le défilé, le général Biebuyck vient saluer le Roi; celui-ci tourne sa monture ver* l'entrée du Sénat; il met pied à terre. I our saluer la délégation qui vient le recevoir; puis, acoompa^né des siens et de sa suite, èagne le Parlement. Â la Chambre La réouvet'iure solennelle , SEANCë OU MATIN Bien que la séance «oit annoncée pour II heures 3/4, des parlementaires, députés et sénateurs, sont déjà présents vers 9 heures »t demie. Dans les tribunes des invités, nous remarquons la présence de M. Ë. Béeo, gouverneur de la province de Brabant. Peu après l'arrivée du sénateur Goblet d'Alviella, des ministres Carton de Wiart et Seghers, un brouhaha se produit et l'hémicycle se remplit 11 est 11 h. 50. Le doyen d'âge de la Chambre, le député et bourgmestre de Bruges, M. V i art de Bo-carmé, prend place au bureau; il prie MM. Devèze et Pécher de l'assister. Les tribunes spéciales des diplomates et des dignitaires du Palais s'emplissent d'uni-torines chamarrés. M. le président annonce ijuo la rentrée du Roi au Parlement aura lieu à 1 h. 45 et qu'il va être procédé au tirage au sort des parlementaires qui seront envoyés en délégation au-devant du Roi et de la Reine. Sont délégués pour le Roi : douze députés : MM. ltoyers, VYa ivvermans, Maenhout, Drion, Gilles de Pélichy, Gendebien, Oms, Rens, Pécher, Seghers, Poncelet et Leruon-nier.Pour la Reine, quatre députés : Claes, Pé-ten, Borbour et Helleputte. Six sénateurs délégués pour le Roi et quatre pour la Reine: MM. De Beeker Remy, Capelle, délia faille d'Huysse, De Kerkove d'Exaerde, Liobrecht Joseph, Empain, Du-bost et Hallet Le président annonce ensuite qu'un « Te-Deum », auquel Leurs Majestés assisteront, sera chanté, le 23 courant, à 2 heures, à Sainte-Gudule. LA DEMISSION DU MINISTERE LE DISCOURS DE M. COOREMAN M. Cooreman, président du Conseil des Ministres, monte à la tribune; il est très applaudi. Il rappelle les fières paroles prononcées dans cette salle le 4 août 1914 par le Roi : « Le Souverain, groupé autour de tous les Belges, ne trahira jamais son serinent constitutionnel. J'ai foi dans les destinées de la Belgique. Un pays qui se défend s'impose au respect de tous. Ce pays ne périra pas. » Puis ce fut, dit l'orateur, la tragédie qui, pendant plus de quatre ans fit trembler le monde. Le recul 'du temps sera nécessaire pour connaître et juger l'Histoire de cette lutte titanesque, terminée par la victoire définitive de la Justice et de la Civilisation. (Applaudissements.) Et voilà que le joug d'un poids si accablant est enfin secoué Aujourd'hui," les provinces et les villes retrouvent, les unes après les autres, leur liberté : Bruges, Gand, Anvers, Bruxelles. Partout, le peuple fait un accueil frémissant à ses Souverains. (Acclamations). « Messieurs, rtéclare-t-il ensuite, ma tâche n'est pas de vous tracer à grands traits l'épopée de la guerre ni l'héroïsme de nos soldats. lie 13 novembre, le Conseil des ministres a décidé (le démissionner II n'existait aucun conflit entre la Couronne et le Gouvernement, ni entre les membres du Cabinet. Mais nous estimions oue, créé à la suite des nécessités du temps de guerre, sans intervention du Parlement, le Gouvernement devait se retirer de même h la veille du jour où le régime parlementaire allait reprendre son fonctionnement normal. I D'autre part, il était opportun de mettre i le Eoi en mesure' de reconstituer le cabinet, auquel devaient collaborer ceux qui avaient 1 vécu avec la grande majorité de la Nation et le mieux à même de connaître son état d'esprit et ses desiderata. e La démission fut remise entre les mains Roi le 19. I . Nous pensons maintenant qu'il nous reste un devoir à remplir devant le Parlement r et devant le Pays. ] Notre premier hommage doit aller au Roi. symbole vivant de l'Honneur, qui a grandi t la Belgique. (Ovation.) M.Cooreman paye ensuite un tribut d'hommage au Koi et à. la Reine, ainsi qu'à (l l'Armée. Il salue aussi les victimes de la guerre, les blessés, les mutilés, les déportés c et les populations du pays occupé. Puis, 11 cite l'œuvre du Comité National et de 1 ses collaborateurs américains et neutres. Il souligne enfin l'attitude du bourgmestre Max, du cardinal Mercier, du président l.é-vy-Morelle et du bâtonnier Théodor. Après avoir rendu hommage au général j Léman, M. Cooreman exalte enfin la France qui a permis au Gouvernement belge de c conserver sa souveraineté dans l'exil. (Cris i répétés de « Vive la France! ») i Ce souvenir ne s'effacera jamais. Aux nouveaux vivats de l'assemblée, l'o- ? rateur adresse un éclatant hommage à la j grande nation américaine, puis il souhaite la bienvenue au gouvernement futur qui va <■ prendre la direction des affaires. C'est un i gouvernement d'union nationale que le Pays attend C'est celui dont-il a besoin. Le nouveau gouvernement est en bonnes mains et \ il saura relever la Belgique et la conduire £ vers la prospérité, dans une ère de concorde et de paix. (Vives acclamations.) UNE MOTION D'ORDRE J M. Delacroix remplace l'orateur à la tribune pour une motion d'ordre. Il annonce que les difficultés de communication empêcheront de réunir les membres de la Cham- . bre mardi prochain. La prochaine assemblée sera tenue jeudi prochain, à 2 heures. La séance est levée à midi et demi. LA SEANCE DE L'APRES-MIDI _____ L'ARRIVEE DE LA FAMILLE ROYALE Vers 1 heure, les parlementaires reprennent leurs places dans l'hémicycle et quelques instants après un huissier annonce : « La Reine ». Aussitôt, d'enthousiastes acclamations retentissent, des cris répétés de « Vive la Reine » éclatent. :Et la Ueine fait son entrée, une gerbe de flours à la main. La princesse Marie-José et le piince Charles, en uniforme kaki la suivent, de même que le prince Albert d'Angleterre.La Reine prend place sous le dais royal et s'incline devant le bourgmestre Max et le cardinal Mercier qui pénètrent dans la salle. k Le Roi ! ^ crie l'huissier. Des applaudissements nouveaux éclatent de toutes paits et l'on crie: « Vive le Roi! Vive le Roi ! » Le Roi gagne la tribune sous les acclamations et prononce le discours suivant: , Le discours du Roi Messieurs. Je voue apporte le ealut do l'armée! Nous arrivons de l'Yser, mes soldats et moi, à travers nos villes et nos camp^nes libérées. •> Et me voici devant les représentants du pays. < Vous m'avez confié, il y a quatre ans, ] l'armée de la Nation pour défendre la Patrie en danger; je viens vous rendre compte de 1 mes actes. Je viens vous dire ce qu'ont étt les soldats de La Belgique, l'endurance dont ils ont fait preuve, le courage et la bra- ] voure qu'ils ont déployés, les grands résultats acquis par leurs efforts. < Quelles sont les règles qui ont dirigé ma conduite au cours de oette longue guerre? ; D'une part, remplir, en restant toujours < dans le domaine du possible, La plénitude de nos obligations internationales et sauve* 1 garder le prestige de la Nation, devoirs auxquels tout peuple qui veut être considéré doit rester fidèle; d'autre part, ménager le sang de nos soldats, assurer leirr bien-être matériel et moral, alléger leurs souffrances. 1 CE QU'A FAIT NOTRE ARMEE Dans la campagne de 1914, les opérationb de l'armée belge furent déoisives pour per- ; mettre aux grandes armées alliées d'arrêtei la puissante offensive allemande sur la ligne où, pendant près de quatre ans, elle s'est ( stabilisée. C'est pendant cette campagne que se joue J véritablement la liberté du monde; la lutte gigantesque qui se livre en Belgique et en Pranoe doit décider si. vraiment, c'est désor- < mais l'hégémonie allemande qui régira l'humanité. i Les nations de l'Entente n'étaient pas également prêtes pour soutenir, de toutes leurs forces, le formidable choc qui allait se pro- 1 duire. Deux d'entre elles seulement, la France et la ltussie, étaient en mesure de s'opposer sur terre, sans grand délai, à l'entreprise des Empires centraux qu'une longue et minutieuse préparation avait portés à l'apogée de leur force. A l'armée belge échut le magnifique, mais périlleux destin d'être placée au point où l'état-major allemand, sûr de la décision, allait lancer le plus gros et le meilleur de «ses forces. Luttant seule pendant deux mois et demi sur l'entière profondeur de eon territoire, de Liège à Anvers puis d'Anvers à l'Yser, l'armée belge d'abord brisa les premières et audacieuses tentatives de l'envahisseur; puis ralentit et modéra les mouvements ilu puissant assaillant; elle contribua enfin, par la longue et héroïnue bataille ou'elle livra «mr les bords de l'Yser, à l'arrêt définitif i des troupes allemandes. (Bravos retentis- > eants.) La campagne de 1915 s'ouvrit sous de meilleurs auspices; la Grande-Bretagne créait de i puissantes armées et l'Italie apportait son ] important concours à l'Entente. Quatre grands peuples militaires allaient maintenant lutter contre les Etats centraux. Bientôt réorganisée grâce surtout au patriotisme de cette jeunesse ardente qui, bravant tous les dangers, franchit les frontières pour se mettre aux ordres de la Patrie (bravos), l'armée eommeaiça dans les tranchées boueuse s de l'Yser, dernier rempart ou elle avait planté le drapeau national, i la garde vigilante qu'elle devait monter, i ^ans trêve, inlassablement, pendant près de s quatre années (Nouveaux bravos.) Elle v soutint âe nombreux et durs oom bats pour en maintenir intacte la possession, attendant ^atiemmen* le jour où il serait enfin possible de sortir de ces positions, de battre l'adversaire et de le chasser. (Longues acclamation^ L'année 1913 amena ce jour tant désiré g L'Amérique, nouvel et puissant allié, ayant c ajouté le poids de son effort grandiose et i enthousiaste à, celui des autres nations, le j formidable adversaire chancela. ( j Cest ce moment que l'armée belge choisit. (Voir suite au verso) cç 4 roiBIMISON_PÂSSAGiiRE , MINISTÈRE DE TRANSITION B Voilà donc constitué définitive-® If. . ment le ministère de « l'union ) )|1 I sacrée />. Le président du conseil, comme 'te le pays lui-même, est plein de bonne voit lonté et d'excellentes ir/?ntions. tt Homme aimable, »syo«a$ de puissante 18 envergure, élevé à ltëcoïe de feu Auguste Beernaert, M0 Delacroix nous f»ra aisé» it ment oublier les nullités qui, pendant de j longues années, ont gouverné le pays li avant la catastrophe de 1914. □- Ses collaborateurs, à part u ou deux « importants » et quelques figures trop 5s connues, débris de l'ancien régime, ont le aussi fort belle allure. re II faut attendre é- Le talent du plus grand nombre est incontestable. Peut-être le voudrait-on le d'ordre plus pratique, au risTue de le is rendre moins notoire. Mais il faut attendre, pour juger, que ces hommes o- aient fait l'expérience du pouvoir. Au reste, disons-le d suite, nous apercevons a déjà parmi eux quelques esprits précis, 11 vigourpn", tans phrases inutiles, qui ont don-né pendant la guerre des preu-?t ves multiples de patriotisme et de bon j® sens politique, permettant d'espérer qu'ils feront de l'excellent* besogne. Joseph Wauters, le député des socialistes et des libéraux de Huy-Waremme, 'g est de ceux-là. ê- Bref, sous réserve de la méthode em-ployée, l'ensemble est sympathique. 11 L'inévitable choc Le ministère durera-t-il? « That is the quéstion ». Les ministres eux-mêmes ne ™ semblent guère y compter et l'expérience a démontré souvent que les « grands » U ministères constitués par de « grands » : avocats ont la vie courte. Rappelons- nous la désillusion de Gambetta. i. Ici, le gprme d'effondrement i encore aggravé par la divergence des tendances, '! l'opposition des caractères et aussi la la nature des difficultés qu'il va falloir résoudre. 5.1 Fatalement, le choc se produira, un le courant l'e _ ortera d'autant plus rapi-dement que les hommes auront plus de talent et surtout plus de principes. Donc, combinaison passagère, dont on se serait aisément passé, mais qui fait bien plai-a- sir à quelques-uns et qui ne fait de mal à personne. C'est une « formule » de transition. Et après... ,ii Après, et le plus tôt possible, on in viendra aux solutions nettes, dwllmitmt de façon claire et limpide les responsa-bilités des partis et des hommes pollue tiques. nt La lutte pouiT le progrès reprendra ferme et grandiose, au grand jour, à ciel ouvert, embellie encore par les malheurs supportés côte à côte et le charme d'à-rs voir fêté ensemble la plus belle des vlo-e- toires: Celle de la Liberté. ^ Déjà l'on parle d'abandonner, en fait, le la gestion des départements ministériels )s. à des commissions compétentes, Cest une excellente idée que nous aurions ne voulu voir appliquer plus largement. On r- y viendra aussi. C'est déjà beaucoup qu'on ne l'ait pas at écartée d'emblée comme des impénitents ne l'auraient voulu. Le Suffrage Universel pur et simple >r- se chargera de compléter et d'arranger tout cela. Au travail donc Messieurs les Mlnis-o- très et bonne chance. | LA RETRAITE ALLEMANDE ée —' Les troupes belges ont reem l'ordre a'ocoB* te per lee forts de première ligne de la défense >u d'Anvers. n. Un communiqué du commandant de la si-ïe xième division d'armée nous apprenti que, dans la journée du 21, nos éléments avancée ni ont été portés sur La ligne Haerendonck-e, Moll-Ouest de D-iest-Est de I^ouvain. Environ ir, 2,500 prisonniers alliés ont jusque mainte-et nant été recueillie par nos troupes dans la ;is région de Bruxelles. is- D'autre part, ka troisième armée amérl-oaine a continué sa marche en avant dans ra le territoire évacué par l'ennemi. Le 18 no-;lf vembre au soir, elle occupait la ligne Ëcou-is- vier-Mars-La-Tour. i LES ÉLECTIONS PROCHAINES *° EN ANGLETERRE a- i TROIS PARTIS POLITIQUES n- rt Aux élections qui auront lieu lncesaa«-il. ment pour dmigner les membres de Ut. Cliam-bre des Oommunes, trois partis principaux ie se disputeront lee suffrages d<es électeurs. Coalition. — Se oomposant oe tous les 71 Unionistes (conservateurs), d'une pa-i- n. tie des libéraux et d'un certain nom- ; - bre du parti du trava.ll, ae Libéraux opposants. es Parti du travail (ouvrier*). TJn oertain nombre de petits eroupee pré-t eontsroat aussi des candidats : la Fédération "t des anodens soldats et marins. l'Union «oopé-et ratlv* et le Parti Nationaliste. Une o*racté-1P ristique de l'élection sera la présenoe des t femmee oandidates. Tous les partis s'efforcent naturellement d obtenir les votes des soldats oui «ont en oore sur le Continent.

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