La Flandre libérale

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s.n. 1914, 17 April. La Flandre libérale. Seen on 02 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/4m91834q5r/
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40" Année — Vendredi 17 Avril 1914 ÛUCÏÏÏMEKr. - 10 CENS, I. 107 — Vendredi 17 Avril 1914 LA FLANDRE LIBÉRALE ABOJVTVl^TVrpr'TV'THB __ 1 mois. 8 mois. i mot». 1 as. BELGIQUE s Fr„ 2.00 4.00 8.00 Î6„0G UNION POSTALE i Fr_ 3 7R O m 18 no gfi m On s'abonna an bureau du Journal el dans tou3 les bureaux d« posta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE SAND, l, RUE DU NOUVEAU BOIS, I, GANO ABONNEMENTS ET ANNONCES : Téléphone 3 S " RÉDACTION -Téléphone 1$8 ANNONCE® Pour îa vîîîe et les Flandres, s'adresser an bureau Sa ïonrnal. _ Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser à l'Office de Publicité, rue Neuves 36, à Bruxelles» Le discours de Sam Wiener Le dernier discours de Sam Wiener le discours qu'il n'a pas prononcé, esi digne de ce distingué législateur qui eû été, sous un autre régime, un excellem ministre. C'est un discours d'homme d'Etat. La page est sévère. Elle est d'un jurisconsulte- C'est une démonstration irréfutable de l'inconstitutionnalité di projet de loi scolaire. Voilà de longs mois que celui-ci esi discuté. Tout était dit, croyait-on, ei l'on n'attachait qu'une importance se condaire aux débats du Sénat. Mais Sam Wiener avait profondément at cœur le prestige de la Haute Assemblée. Et il a eu la coquetterie — coquetterie suprême, hélas ! — de trouver du neuf, de présenter une démonstration originale et forte. Ce discours restera, car c'est la condamnation la plus solidement motivée que l'on ait prononcée. L'honorable sénateur avait relu le compte rendu des débats de la Constituante de 1830. Il a établi que les Constituants avaient voulu briser les lisières que le pouvoir hollandais avait mises à la liberté de l'enseignement ; supprimer le droit pour le gouvernement de prendre arbitrairement des arrêtés et des ordonnances au sujet de l'instruction. Ils avaient voulu la liberté absolue de l'enseignement et ils ont tenu à l'inscrire dans la charte à côté de la liberté de la presse et de la liberté des cultes. Mais ils voulaient aussi une instruction publique subsidiée par l'Etat et fortement organisée et le devoir social de l'Etat à ce point de vue leur apparaissait d'autant plus certain que la liberté de l'enseignement devait être pins absolue. " Plus il est vrai, avait remarqué M. Eaider, que l'enseignement est libre absolument et ne répond que de nos délits, plus il doit être vrai que l'enseignement public est dû par l'Etat : il entre nécessairement en lutte comme pouvoir chargé de la conservation sociale ou politique." Il a rappelé que les procureurs généraux Eaider et Mesdach de ter Kiele, qui ont fait de l'article 17 de la Constitution une étude approfondie, proclament en termes énergiques l'obligation que cet article impose à l'Etat. " Toutes les opinions, dit M. le procureur général Eaider, peuvent ouvrir des écoles de tous les degrés... " Mais, ajoute-t-il, il existe une règle qu'il importe de signaler: l'instruction publique, organisée par la loi, existe comme type de progrès, et ses programmes, ses contrôles et ses règlements ont une influence considérable et certaine sur l'état général de l'instruction." L'Etat organise un enseignement : il a le devoir de l'organiser en vertu de la Constitution... L'Etat doit donner à cet enseignement la meilleure l'orme possible." "L'Etat a charge d'âmes", dit de son côté M. le procureur général Mesdach de ter Kiele, il doit au peuple une culture morale ; le laisser croupir dans une sordide ignorance c'est s'ôter le droit de lui demander compte de ses actes... "Certains esprits fâcheux et critiques, ajoute M. Mesdach de ter Kiele, s'élèvent du sein de la législature pour imposer à l'Etat l'abstention; ce ne serait rien moins qu'une forfaiture et un déni de justice sans excuse." Et M. Pierre De Decker, qui fut, dans la section centrale de 1850, le porte-parole de l'opinion catholique, confirme : "Examinons, dit-il, l'article 17 de la Constitution. Cet article consacre deux principes : celui de la liberté d'enseignement et celui de l'organisation d'un enseignement aux frais de l'Etat, à régler par la loi, le législateur doit considérer, d'une part, qu'il a mission d'organiser un enseignement aux frais de PEtat, c'est-à-dire de cet être moral qui représente toute la na-tion sans acception de partis, et qui doit un égal respect à toutes les opinions, une égale protection à tous les intérêts. ' ' Voilà donc la thèse cléricale détruite par un ministre catholique. Que pourrait répondre la majorité? A un autre point de vue, le projet de loi constitue encore une offense directe à la Constitution. Et voici comment : " La Constitution défend, en effet, de porter une loi quelconque sur l'enseignement libre, de légiférer à son sujet. " Elle a accordé, de la façon la plus large et la plus généreuse, la liberté de l'enseignement. " En face do cet enseignement, en opposition avec lui, comme le disent justement les Panclectes belges, il y a l'instruction publique donnée aux frais de l'Etat qui est réglée par la loi. " Entre ces deux enseignements, aucun lien, aucune confusion, aucune assimilation n'est possible. " D'une part, il y a obligation pour la loi d'organiser l'instruction publique donnée aux frais de l'Etat. " D'autre part, défense est faite au législateur de s'occuper de l'enseignement libre si ce n'est pour réprimer les délits. " Que fait la loi qui nous est proposée? " Elle légifère à la fois sur l'instruction publique et sur l'enseignement privé, elle réglemente l'enseignement libre qui doit lui rester étranger, du moment où il ne s'agit pas de réprimer les délits. " Est-il donc question des délits dans le projet? "Va-t-on, par exemple, punir les. agressions que les instituteurs fanatiques peuvent diriger contre les opinions d'autrui et dont les faits cités à la Chambre ont donné de trop nombreux témoignages ? " Vous savez qu'il n'en est rien. " La loi ne contient aucune disposition sur la répression des délits, alors que, d'après la Constitution, elle ne peut pas intervenir pour autre chose; elle ne prend l'enseignement libre que pour lui assurer un large régime de subsides et de faveurs en supprimant à son profit le contrôle et la responsabilité qui, selon notre droit public, constituent la contrepartie nécessaire des subsides officiels." M. Sam Wiener "avait donc parfaitement le droit de dire aux cléricaux qu'ils brisaient le pacte de 1830. Sa. péroraison énergique et élevée eût été applaudie par tous ceux qui sentent le danger d'une Belgique profondément divisée. Ce dernier discours, c'est un dernier et signalé service rendu à nos idées, et au pays. Echos & Nouvelles *A* 'AN W La gauche libérais La gauche libérale de 'a Chambre offrira à la fin de la session un banquet à MM. Van Marcke, Fléchet, Dewandre et Àsou, q'ud ne sollicitent pas, aux prochaines élections, le renouvellement de leur mandat. Les étrangers su Congo On a dit que le Congo n'était qu'une colonie de fonctionnaires. C'est excessif. Mais leur nombre y est néanmoins considérable. Il y a là-bas, en ce moment, 3,307 Belges, dont 2,589 fonctionnaires.Cela fait du 78 p. c. Cependant, il y a beaucoup d'étrangers : 2,200 environ. On sait que les Portugais sont particulièrement nombreux. L'automobile an Congo t M. Maurice Houyet s'occupe dans P "Action économique", à propos de la question des chemins de fer au Congo, du rôle que l'automobile est appelée à jouer en Afrique: " L'automobile jouera, à côté du chemin de fer équatorial, un rôle prépondérant dans la valorisation du sol. Le pétrole ne sera pas moins un agent actif au service de l'industrie puisque le moteur Diesel à l'huile lourde trouve à peu près seuil son utilité dans ces contrée» lointaines. Des réservoirs à pétrole seront établis à Mombassa, Mossamedès et un tanksteamer vient de refouler sa cargaison dans le pipeline, à Matadi. " On prête à l'Allemagne l'intention de créer, par étapes, un collège technique africain à l'instar de I». "UeutscUen Ingenieuxschûlen fur Chinesen ", de Shangaî. Les indigènes y seraient successivement initiés à la conduite et au montage des moteurs coloniaux, draisiennes, locomobiles routières et motocharrues. " Si c'est réellement une bataille de oe genre qui se prépare, sans canons, ni mitrailles, un pays actif et remuant comme la Belgique doit l'accepter d'eathiou-sisame. Aux efforts du surproducteur allemand \ l'affût de débouchés, le Belge répondra en redoublant d'ardeur. La v:e des peuples doit, tôt ou tard, porter l'empreinte d'étapes nouvelles, d'exemples qui excitent, remuent ou flagellent, comme la cravache sur la route de l'avenir. Le jour où nous l'aurons compris, en nous tirant des divans moelleux où une béatitude nous retient, nous aurons fait de l'expansion. 'A1 'A> 'A^ Plaidoyer Intéressé Uni fabricant de céruse nous adresse ce plaidoyer " pro dlomo " : " Les hygiénistes veulent supprimei tous les poisons qui affligent l'humani té. Us commencent par la céruse, mai: devraient se souvenir qu© les autres pig ments minéraux provenant du zinc, di plomb, du mercure, de l'arsenic, etc. sont aussi nocifs et qu© le véritable dan ger pour le peintre réside dans l'emnlo des délayants volatils : la térébenthine les huiles minérales, la benzine, le sulfure de carbone, les dérivés chlorés de l'éthane et dei l'éthylène, etc., — le fameux alcool dé bois dtint la consommia-tion d'une once, d'après Charles Backcr-ville, produit la cécité, etc. La question de la céruse ne réside pa-si seulement dans sa nocivité qui peut être évitée (voyez la lettre d'il Dr De Brabandere et le bain électrique), ma.is dans l'impossibilité qu'il y a die la remplacer, son vrai succédané n'étant pas encore découvert, d'après notre chimiste Jean Stas. Cette opinion s'affirme de jour en jour. Déjà le ministre des travaux publies en Allemagne, qui, à l'instar de ses collègues de France, de Belgique, d'Angleterre et de Hollande, avait proscrit la céruse de la peinture gouvernementale, vient de revenir sur sa première détermination par sa circulaire du 11 novembre 1913. En voici la traduction : Berlin, 11 novembre 1913. Vu la, circulaire du 7 juillet 1912, III, p 8, 217 B, relative à l'emploi des couleurs à base de plomb, nous donnons le résultat ci-après : Les couleurs de plomb, principalement la céruse, peuvent être remplacées par de bons succédanés (lithopone, blanc de zinc) pour tous les travaux intérieurs ; elles ne sont plus autorisées que pour les emplois techniques ou artistiques, et encore leur usage n'est-il permis que lorsqu'elles sont broyées à l'huile. Pour les emplois extérieurs, la céru*-se ne peut pas encore être utilement remplacée, parce que les autres couleurs n'ont pas le même pouvoir couvrant et ne résistent pas aussi longtemps. Je désire qu'il soit tenu compte de ces indications dans les cahiers de charge de toutes les entreprises de peinture et décors. Les essais avec des succédanés no« nocifs, pour la peinture intérieure, sont à continuer ; je me réserve de me renseigner plus amplement à leur sujet après encore deux ans d'essai. Le ministre des travaux publics, Par ordre : (Signé) : Hinckelmann. Cette réserve "pour l'intérieur est très importante : tout ce qui est technique ou artistique, c'est-à-dire ce qui est à conserver, doit être peint à la céruse. " A titre documentaire, bien entendu. Pinr l'amélioration dit mes bOTlees en Selflque On nous adresse le communiqué 'que voici : Samedi et dimanche prochains, Exposition nationale des races bovines belges. Les classes, au nombre de cinquante, se--ront jugées le samedi 18 avril et le lendemain, de 9 heures à midi, aura lieu le concours des lots. Ce concours est organisé par la Société nationale bovine qui, depuis 1900, J<)nne périodiquement une) figuration nomhî'®USe' d©s diverses! races bovines qui pays : race du Union ; race du C'-^droz ; race flamande ; race de la Campine"' î. race des Ardennes ; animaux du pays de Ke-rve. Depuis quinze à viMSt années, nos races bovines se: sont bonifiées et consolidées. Nul doute que le concours du 18 et 19 avril n'apporte de nouveaux témoignages en- faveur du travail de perfectionnement dont elles sont l'objet. Surtout le spectacle offert le dimanche matin et aussi l'après-dîner est des plus intéressant et des plus instructif pour les amateurs. Alors défilent autour de la piste du grand hall du Cinquantenaire les lots de bétail primés formés par les sociétés et syndicats d'élevage. Chaque lot est composé d'animaux uniformes de même race et de même poil, de sorte que l'ensemble donne, en raccourci, une physionomie' fidèle'des types bovins du pays. Le Roi honorera le concours de sa présence, le dimanche à 2 heures. Le capaehou des prisonniers En vue de soustraire dans la mesure du possible à la curiosité du public les prévenus appelés à comparaître en justice, M. le ministre compétent a décidé qu'à l'avenir ces détenus seront autorisés à revêtir le capuchon, s'ils le désirent, durant le trajet de la prison au palais de justice Ceux qui useront de cette faculté seront néanmoins obligés die se dévêtir du capuchon, aussitôt après leur entrée dans le cabinet des magistrats instructeurs ou avant qu'ils ne pénètrent dam leg salles d'audience. L'anniversaire des allumettes On vient de célébrer le centenaire de l'invention des allumettes. C'est le chimiste .français Chance! qui, le premier, il y a cent ans, mit en circulation de petites lamelles de bois enduites d'un mélange de sucre et de soufre. Ces menus brand'ons étaient cependant assez dangereux, surtout entre les mains de personnes imprudentes. C'est en 1832 seulement qu'apparurent les allumettes proprement dites, pouvant être frottées contre une surface préparée, et en 1833 les allumettes au phosphore, qui restèrent fort longtemps en usage. Les "allumettes suédoises'" furent inventées en 1848 par lo professeur Bôttger, à Franc-fort-sur-Mein. Les boîtes renfermant ces allumettes portaient { l'inscription bien connue, et d'ailleurs justifiée : "Utan svafvel ocih fosfor" (sans soufre ni phosphore).La plupart dos allumettes d'aujourd'hui ne proviennent pas de Suède, mais de tous les pays d'Europe. A Grammont, en Belgique, on en fabrique un grand nombre. Los Ivrognes au pilori Dans les petits* journaux mondains qui paraissent durant la saison aux plages à la mode, on trouve d'habitud'e une liste de>3 voyageurs de marque qui viennent d'arriver ou qui vont partir. A Caen, en Normandie, on fait mieux. L'organe de l'endroit y insère chaque semaine une liste des ivrognes ou des gens qui, s'e sont livrés à de trop copieuses libations, ce avec nom, prénom et adresse au complet. Le succès remporté par ce tableau d'honneur d'un nouveau genre n'est pas très considérable jusqu'ici. Les pochards, en effet, ne sont pas rares, en Normandie, et le journal en question vient d'annoncer qu'il publiera bientôt un supplément spécial consacré aux exploits bachiques dles habitants. Maintenant, où commence l'ivrognerie proprement dite? ÎLa "chaleur communi-ca/tive des banquets" rentrera-t-elle dans la catégorie? Et messieurs les journalistes, sortant tout égayés d'un banquet confraternel, en seront-ils réduits à s'inscrire eux-mêmes sur la liste d'infamie? Use historiette L'abbé Raynal, un écrivain assez oublié du XVIIIe siècle, n'aimait pas les Chinojs^ Dans son "Histoire de® Indes", il raconte l'historiette suivante, qu'il avait au reste trouvée dans Diderot: " Un Européen arrivé çour la première fois dans 1© Céleste-Empire, acheta deis marchandises d'un Chinois qui le trompa sur la qualité non moins que sur le prix des objets vendus. Les marchandises avaient été portées à bord du vaisseau où l'Européen avait pris passage. L'Européen trompé dit au Chinois trompeur.— Chinois, tu m'as vendu' d© mauvaises marchandises. — Cela se peut, répondit le Chinois, mais il faut payer. — Tu n'es donc qu'un fripon? — Cela se peut, mais il faut payer. — Quelle opinion veux-tu donc que je rapporte, dans mon pays, de ces Chinois si renommés pour leur sagesse? Je dirai qu'a vous ne méritez; pas votre réputation.—I Cela se peut, mais il faut payer. Finalement, l'Européen ayant dénoué les cordons de sa bourse, prit le parti de payer. Alors, le Chinois lui dit : — Européen, au lieu d© tempêter comme. tu viens de le faire, ne valait-il pas mieux te faire, -et commenoer par où tu as fini ? Car enfin, qu'y as-tu gagné ? Les Geôlières et la modo Nous relevons dans 1' "Educateur de Lausanne" des plaintes contre l'habillement des écolières. Les robes des fillettes, se "crochant" dans le dos, ne sont ni pratiques, ni hygiéniques." Quel se passe-t-il, en effet, lorsque ces vêtements deviennent trop justes à la suit© du développement d© l'enfant? Si l'étoffe est encore bonne, on se contente de déplaoer leg crochets ou les boutons dans le dos. Le dos prend ainsi de l'ampleur, mais la poitrine devient d'autant plus étriquée. De là : dos ronds, omoplates regardant en dehors, poitrine plat© ou creuse, moignons d'épaules portés en haut et en avant, en ailes de chauve-souris, cou en avant! Voilà 1© tableau lamentable mais sincère de silhouettes que nous voyons défiler chaque année à raison de 2i élèves sur 100. " Et notre confrère ajoute que tout ce petit monde marche à la tuberculose. Il semble donc que les institutrices avisées pourraient attirer l'attention des parents sur les défectuosités de la mode. Billet bruxellois 16 avril. Ah! la place que tenait Sam Wiener au Sénat, on l'a bien vue, dès hier... Son dernier discours était une étude remarquable, curieusement documentée. Mais, lu en siurdine par M. Hanrez, il a paru voilé et long, long... et gris, gris... Quel regret de cette belle démonstration perdue. Faite par Sam Wiener, m, mée par lui, éclaircie par quelques interruptions qu'il savait si habilement provoquer lui-même, sûr qu'il était de sa riposte, les auditeurs auraient pris le plus agréablement du monde une leçon sévère de droit constitutionnel. Cela aurait passé comme une lettre à la poste et à la fin on se serait dit: "J'en aurais bien fait autant ", ce qui est le signe de la plus belle victoire de l'orateur ou de l'écrivain, la certitude qu'il fut clair et précis. Tout débordant de vie, il animait de sa voix bien posée, de ses yeux mobiles et pénétrants, de ses bras lancés en avant, de tout son corps de géant cette salle du Sénat où l'on sent un peu le moisi. Les vieux barons rococo de la droit© i'ai-maient., à cause d© cette, exubérance. II leur donnait l'illusion de la vie, il les ranimait, les réchauffait. Le Sénat n'a jamais plus paru peuplé de momies qu'hier. Sur les bancs de la gauche libérale, il ne sera pas remplacé, pour le moment. Il y a M Speyer, qui a prononcé déjà d'excellents discours, mais qui n'a pas encore l'autorité de l'âge — heureux sénateur! — et qui n'a pas encore les " planches " nécessaires. Cela viendra vite, d'ailleurs. M. .Goblet d'Alviella lui permettra de prendre de l'acquit. M. Goblet d'Alviella est le chef tout désigné d© la gauolie, mais, on le sait, cet homme de si grand talent, n'est guère orateur et cette haute personnalité préfère le travail du cabinet aux actes du " debater ", bien qu'à l'occasion il sache énergiquement faire sa partie'. Secondé par M. Speyer, par M. De Bast, par MM. Delannoy, Magnette, d'autres encore, M. Goblet d'Alviella saura tenir tête à une majorité d'ailleurs falote. Mais quelle source de... vie manquera au Sénat?... La querelle devient épique, entre littérateurs. On s'envoie des vers à la tête et quels versil Autant de dards em> poisîonnés. Il s'agit de la grande querelle du théâtre belge'. 1 On sait qu'il y a deux ans il fut décidé, à la suite d'un, mouvement du monde littéraire, qu'un essai de théâtre belge serait fait. Le Roi accorda, un subside de 25,000 francs, le gouvernement en fit autant et la ville de Bruxelles, qui donnait déjà la théâtre et l'éclairage " gratis pro deoi " se montra également généreuse. Au lieu de jouer trois pièces belges, commie le contrat précédent l'v obligeait, le Paro en donna cinq ou six. Mai® le public bouda. Non pas que les pièces fussent mauvaises. Il y en eut de haute valeur, comme " Hamme en Flandre pa-r exemple. Seulement, la plupart de nos auteurs dramatiques ont des prétentions Shakespeariennes. Molière, à côté d'eux, n'est qu'un petit garçon ou un obscur cabotin. Tout au plus ao-ceptent-ils Ibsen ou Maeterlinck. Ils font du théâtre qui est peut-être très " fort mais qui est souvent inintelligible ou assommant, à tout le moins plein de pédantisme. Heureusement pour nous, les snobs étant encore rares, les pièces font peu d'argent. N'importe, on se bat furieusement pour être joué. Au banquet de la gloire, infortunés convives, nos auteurs trouvent qu© le comité de lecture n'en a que pour ses amis, dénonoe les camarillas. Et le groupe des protestataires est imposant.Aussi, la solution préconisée par George Rency, la création d'un théâtre où l'on ne ferait que de l'art — et surtout de l'art belge, naturellement — est-elle excellente. Avec les 75,000 francs de subsides que l'on donne aujourd'hui au Parc, je m'engage pour ma part à jouer, sur une scène convenable, au moins vingt-cinq auteurs belges tous les hivers. Je m'engage même à fournir gratuitement les auditeurs : ça, c'est alléchant, hein? Bref, imitant Mmie Valentine de Saint-Point — hélas! elle a l'avantage d'être jeune et joli© — je brigue la direction du nouvel Odéon belge. Le malheur, c'est que nous serons deux cents .au moins, à la candidature. Gare à la surenchère! Un sacrilège sans gravité Un journal clérical a conté mardi à ses lecteurs terrifiés un crime horrible ou plutôt un affreux sacrilège qui s'est commis le Jeudi-Saint, à l'église Saint-Joseph, de Louvain. Un gamin de seize ans, fils d'une veuve, élevé par charité dans une institution, s'est confessé ce jour-là, a communié, a craché la Sainte Hostie dans son mouchoir, puis l'a coupée en morceaux et écrasée avec un marteau. Tout de suite les formalités canoniques de circonstance ont été remplies. Le profanateur a été renvoyé de l'établissement. Le clergé a informé du fait M. le cardinal de Malines. Une cérémonie expiatoire aura lieu dans quelques jours. Toute la ville est émue. Le parquet est saisi de l'affaire. Tels sont les détails que le journal a donnés. Il n'a pas dit si, au moment du forfait, le voile du temple ne s'çst pas déchiré, si la tour ne s'est pas ébranlée, si une clameur d'épouvante et de réprobation ne s'est pas élevée vers le ciel, si les saintes casseroles de la cité n'ont pas gémi, si le sang n'a pas jailli, si le gamin sacrilège vit encore. Mais le lendemain, qui était mercredi dernier, dans un articulet qui n'était plus- intitulé : "Un horrible sacrilège à Louvain", mais seulement "Un sacrilège à Louvain", il nous a appris que le sacrilège a bien été réel lement commis, seulement que le gamin sacrilège est un inconscient et que cela enlève au fait "le caractère exceptionnellement grave révélé d'abord". Voilà qui est d'une mansuétude inaccoutumée.Un inconscient, c'èst vite dit. Quand on met en doute l'état mental d'un individu qui s'est livré à un attentat stupide sur un prêtre et que la justice soumet l'individu à l'examen des aliénistes, la presse catholique en général se met dans des états épilep-tiques. Lésions organiques, tares an-cestrales, milieu anormal, chansons que tout cela! C'est un apache, un produit de l'éducation laïque, un habitué des réunions de libres-penseurs, un lecteur des mauvais journaux, un criminel que des influences anticléricales s'efforcent, sous de vains prétextes, d'arracher à la justice des hommes. Et il ne s'agit, en somme, dans l'espèce que d'un homicide, chose grave sans doute, mais qu'il n'est pourtant pas possible de mettre en parallèle avec un déicide. Un inconscient, ce jeune homme qui se confesse, qui s'approche de la Sainte-Table et qui, rentré dans l'institution où on l'élève par charité, découpe et broie l'Hostie? N'est-ce pas plutôt un curieux, un esprit hanté par une idée fixe de plus en plus impérieuse, qui n'a pu résister au désir de savoir quelle était la composition de cet objet qu'on lui a dit être, sous les espèces du pain, la chair et le sang de Jésus-Christ?Un inconscient, comme cela tout de suite, et cela suffit pour que le sacrilège cesse d'être horrible, eesse même d'être un sacrilège, que ce devienne un incident de Jeudi-Saint sans aucune importance, dont on s'étonne qu'on ait frémi, et dont manifestement il vaut mieux qu'on ne parle plus. Si nous nous y arrêtions cependant. D'abord qu'est-ce que le parquet avait à voir dans cette affaire? Un délit? Le fait d'emporter dans son mouchoir l'Hostie reçue paraît difficilement assimilable à un vol. Un crime? La loi ne punit pag le déicide. Heureusement pour "l'inconscient". Heureusement surtout pour lui qu'il ne soit pas venu au monde il y a quelque chose comme cent cinquante ans ou plus tôt. Tout inconscient qu'il fût, aussitôt son acte accompli, ce n'est bien sûr pas à un médecin qu'on l'eût remis. On l'eût jeté en prison, on eût longuement instruit son procès, on l'eût atrocement torturé, on l'eût fait mourir dans des supplices devant un immense concours de monde. Il est probable qu'on eût impliqué dans le procès la femme qui lui avait donné le jour et que, pour corser le spectacle, on eût brûlé la maison où il naquit et peut-être l'institution qui 1 éleva-Quant aux processions religieuses aux-quelles l'événement aurait donné lieu, aux cérémonies expiatoires, à tout ce qui eût été de nature à perpétuer dans les siècles le souvenir du sacrilège et l'exécration du nom de son auteur, nous pouvons nous en faire une idée en songeant à des faits analogues du passé. — Histoire ancienne, diront les gens qui n'aiment pas qu'on trouble leur digestion par des évocations de ce genre. Histoire ancienne, en effet, mais qu'on est singulièrement en train de vouloir faire revivre. — Mais non, dira-t-on encore, puisqu'on n'insiste pas, puisqu'on reconnaît que le sacrilège dont toute la ville s'est émue, dont les autorités sont saisies, que des cérémonies ad hoc vont ou allaient expier, et qui était horrible ne l'est plus, que c'est un sacrilège anodin, un sacrilège d'inconscient. C'est donc que les moeurs se sont adoucies, que les crimes de religion ne sont plus qu'affaires de conscience et que le passé où ces crimes-là et leur répression épouvantaient le monde est bien mort, mort à jamais. Ne nous y laissons pas prendre. Cette atténuation inattendue d'une aussi grave profanation, ce rare souci de l'état mental du profanateur, ce calme plat au lieu de la tempête propice sont trop en dehors des habitudes de la presse cléricale pour ne pas étonner ceux qui connaissent son caractère évangélique. Ce qu'il y a là-dessous, nous l'ignorons. Mais il nous étonnerait fort que "l'inconscient" fût membre d'unç jeune garde libérale ou socialiste et que l'institution dont il était l'un des ornements fût une école sans Dieu. 'A. S.

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This item is a publication of the title La Flandre libérale belonging to the category Culturele bladen, published in Gand from 1874 to 1974.

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