NUMÉRO 61 JANVIER 1916 PRIX DU NUMÉRO — élastique, de zéro à l'infini (prière aux revendeurs de ne pas dépasser cette limite) LA LIBRE BELGIQUE Acceptons provisoirement les sacrifices qui nous sont imposés et attendons patiemment l'heure de la réparation. Le Bourgmestre, Adolphe MAX. FONDÉE LE i« FÉVRIER 1915 Envers les personnes qui dominent par la force militaire notre pavs> avons les égards que commande l'intérêt général. Respectons îes règlements qu'elles nous imposent aussi longtemps qu'ils ne portent atteinte ni a la liberté de nos consciences chrétiennes ni à notre Dignité Patriotique. MERCIER. BULLETIN DE PROPAGANDE PATRIOTIQUE — RÉGULIÈREMENT IRRÉGULIER NE SE SOUMETTANT A AUCUNE CENSURE ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE : KOMMANDANTUR-BRUXELLES BUREAUX ET ADMINISTRATION ne pouvant être un emplacement de tout repos, ils sont installés dans une cave automobile ANNONCES : Les affaires étant nulles sous la domination allemande, nous avons supprimé la page d'annonces et conseillons à nos clients de réserver leur argent pour des temps meilleurs. L'Effondrement de l'honneur de l'Empire germain. Nous avons donné récemment l'analyse de la magnifique protestation de l'épiscopat belge adressée à l'épiscopat catholique allemand et autrichien. Ce document vengeur qui lave la Belgique des calomnies teutonnes et cloue au pilori le Kaiser et son Gouvernement, est restée sans réplique depuis deux mois. Il est probable que cette situation perdurera pour la honte des criminels envahisseurs de la Belgique. L'épitre de M«r Mercier et de ses collègues sera considérée dans l'histoire comme l'une des plus belles pages du clergé belge et européen. La « Kôlnische Volkzeitung » a tenté d'expliquer le silence des prélats germains en reproduisant l'opinion d'un journal de la Suisse allemande : le « Ziiricher Naehrichten ». Celui-ci estime que l'enquête ' contradictoire demandée par l'épiscopat belge ne peut être acceptée parce qu'ELLE N'EST PAS PRATIQUE. Ce n'est pas la première fois que ce journal joue ainsi le rôle d'avocat d'une mauvaise cause boche en avançant une allégation que les journaux allemands sérieux n'oseraient probablement pas produire eux-mêmes et qu'ils sont heureux de répéter quand elle leur est suggérée par la gazette suisse. Une enquête contradictoire n'est pas pratique ! Mais il n'y a pas d'autre moyen sérieux, de faire briller la vérité entre des affirmations contradictoires. Seuls de nombreux témoignages sous serment, devant des juges d'incontestable autorité, peuvent faire briller la lumière. Venant après deux mois de silence, cette excuse semble prouver que l'épiscopat germain ne veut ou ne peut accepter le défi de l'épiscopat beige. Si les évêques allemands persistent dans cette attitude, le Gouvernement impérial pourra dire : Rien n'est perdu, sauf l'honneur. Justicier criminel ! Les jours derniers, un jeune homme de nationalité neige a ete abattu de deux coups de revolver, par une main inconnue, rue A..., au moment où il regagnait son domicile, à 11 heures de la nuit. La rumeur publique accusait la victime d'être un rabatteur aux gages de la police allemande. Elle lui imputait notamment une participation active à l'un des meurtres juridiques qui ont déshonoré à tout jamais les cours martiales de l'occupant . Ce qui paraît confirmer ces graves soupçons, c'est que l'assassinat de ce sujet belge a ému l'autorité, allemande. Saisissant cette nouvelle occasion d'afficher son mépris pour les Conventions de La Haye, elle a infligé une grosse amende (500,000 marks) aux communes de l'agglomération bruxelloise et une amende supplémentaire (50,000 marks) à la commune de Schaerbeek, sur le territoire de laquelle le crime a été commis. Le prétexte invoqué est que les habitants ont encore des armes, mais l'opinion publique refuse de s'y laisser tromper. La mort, même la plus tragique, d'un de nos compatriotes, aurait laissé bien indifférent le pouvoir qui nous oppr ime ; celle d'un jeune Belge, fidèle à son devoir, ne lui causerait que du plaisir. En plantant son sabre sur la tombe de celui ci, il le dénonce comme l'un des siens. Il n'en reste pas moins vrai que des attentats de ce genre ne sauraient être réprouvés assez énergiquement. Quels que soient les torts de ce malheureux, celui qui a prétendu l'en punir a démérité lui aussi de la sainte cause qu'il a cru servir, par ce coup porté dans l'ombre. Nous refusons de reconnaître en ces justiciers interlopes les vengeurs de la Belgique et des héros tombés pour sa défense. On ne saurait trop le répéter. Tout acte de violence individuelle soit contre les envahisseurs, soit contre les traîtres et les suppôts à leur service est une forfaiture à l'honneur national, parce qu'il est une infraction au droit des gens, une désobéissance à notre Gouvernement qui nous a solennellement adjurés de nous en abstenir, enfin un crime contre les innocents qu'il expose à d'implacables représailles. Mais que nos maîtres aussi se tiennent la chose pour dite : le peuple belge qu'ils ont si indignement calomnié pour s'excuser de leurs exploits sauvages, leur a donné assez clairement à comprendre la nature de la sécurité dont ils usent et abusent dans notre pays. Us n'ont pas réussi à l'intimider, non plus qu'à le séduire ; mais, s'ils ont des yeux et une âme, ils doivent bien voir qu'il se contient par une résolution libre, réfléchie et consciente dont tout le mérite lui appartient. S'ils veulent savoir ce qui a provoqué chez un égaré ce premier et très blâmable geste de colère, qu'ils regardent à qui cette colère s'en est prise. Rien ne pousse plus sûrement le cœur d'un peuple à la révolte que les crimes commis dans les formes judiciaires. Le sang aura séché depuis longtemps sur les champs de bataille quand fumera encore en ressentiments inexpiables celui qui a profané le glaive de la justice. BELGA. Une « Voix autorisée ». Un Patriote aussi ardent qu'éclairé. C'est ainsi que le « Bruxellois » a présenté à ses lecteurs le major Girard, ce traître qui se charge de plaider la cause des Allemands et cherche en vain à nous persuader que ceux-ci avaient le droit de réclamer le passage par notre territoire. Une aussi mauvaise cause ne pouvait trouver un plus digne avocat : en effet, le major Girard est un ancien pensionnaire des prisons belges à l'époque où celles-ci n'abritaient point les honnêtes gens et les bons patriotes. En juillet 1906, il fut condamné à un an de prison et 500 francs d'amende pour faux dans les actes constitutifs et les bilans d'une société. On le voit, les Allemands peuvent être fiers de leur défenseur, ils n'auraient pu trouver une voix plus « autorisée » ! Un Curieux Document Au commencement de décembre 1915, un habitant de X... trouva suspendu aux branches d'un arbre un ballonnet auquel était attaché un petit paquet contenant des exemplaires imprimés en allemand, en français et eu flamand d'une lettre ouverte adressée à ses camarades par un prisonnier de guerre allemand, interné à Agen (France). Nous avons eu en mains cette lettre, et nous avons tout lieu de croire à son authenticité. Ce document, très curieux, est malheureusement un peu long pour que nous puissions le reproduire intégralement. Il répète en partie ce que nous savons déjà des origines de la guerre. Notre prisonnier, qui signe : K. L., sous-officier, a pu étudier, en France, des ouvrages sérieux, tant allemands que français et suisses, traitant de la guerre; cette étude l'a conduit naturellement à citte conclusion: L'Allemagne a voulu la guerre et ses dirigeants ont sciemment menti en disant qu'elle faisait une guerre défensive. Nous ne ferons pas comme feraient à notre place les Schiemann, Grasshoff, Rosenberg et autres Herr Professors ou Doktors, nous ne dirons pas que cette lettre d'un inconnu est une « preuve » de culpabilité de l'Allemagne. Il nous faut d'autres documents qu'à ces « cham- Priere de faire circuler ce bulletin

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