La nation

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s.n. 1914, 08 April. La nation. Seen on 20 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/pr7mp4wj5x/
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48 ANN'EE. N ° 10. Le Numéro : 5 centimes. Affilié) h l'Union de la presse périodique Belge. Mercredi 8 Avril 1914 LA NATION « Pour la Culture Française. > Journal hebdomadaire paraissant le mercredi. « Pour la Culture Française. ABONNEMENTS : Belgique : 3.50 francs : France : 5 francs; Étranger : 7 francs. BUREAUX DU JOURNAL : 106B, Rue de l'Arbre-Bénit, Bruxelles Téléphone B 1848. Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus. Il sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés à la rédaction. ANNONCES : On traite à forfait. L'Idée de laCuIture française Ce sont sans doute des lieux-communs que je vais dire, mais on ne saurait trop les répéter, puisque personne ne paraît encore assez convaincu de leur vérité évidente. En Belgique surtout, où les barrières sont si flottantes, où les idées manquent de cette intransigeance généreuse qui fait la force des contfctions, on ne saurait trop insister sur la qualité propre et incommuniquable de cette culture française que tous ont chez nous sur les lèvres et si peu dans le cerveau. Les lecteurs de La Nation connaissent la situation dont nous souffrons tous : Bruxelles, ville française par les amitiés, le cœur et la langue — car l'argot flamand des quartiers populaires n'entre pas ici en ligne de compte — se voit lentement arrachée à cette douce domination, bousculée dans ses préférences, violée dans son choix le plus intime. Ceux qui mettent quelque orgueil à parler proprement le français, où ceux qu'une répugnance instinctive écarte d'apprendre le flamand sont honnis et conspués, Le Wallon égaré à Bruxelles est un pestiféré. Je n'avance rien que je ne prouve. A l'école moyenne de Saint-Gilles par exemple, deux petits garçons wallons sont au bout de la classe. Jamais on ne les interroge si ce n'est sur le flamand. Pour le reste qui n'importe pas on ne leur adresse jamais la parole. « Ah vous êtes Wallons! » dit le premier jour le professeur comme s'il pensait : « Comment peut-on être Persan?? ». Les petits Anglais et Allemands exilés à Bruxelles sont traités avec plus - d'indulgence et moins en étrangers que les wallons. C'est partout et toujours la chasse sournoise à la culture française. Les flamingants s'en défendent, lis adorent nos prosateurs et nos poètes, se prétendent très avertis de nos lettres, le sont souvent. Ils estiment la culture française, bonne assez pour eux, mais trop dangereuse pour qu'on la répande. Un professeur d'université, que nous ne nommerons pas, défendait à ses servantes de recevoir des journaux français et à ses enfants de parler, chez lui, un autre langage que le flamand, ou plutôt un des flamands, car ils sont multiples. Les Hollandais comprennent mal le jargon d'Ostende et du bas-Bruxelles. Mais on nous entraînerait trop loin. En face de cette attitude nettement agressive de nos adversaires, l'attitude inverse s'impose. Sachons défendre et même attaquer. Tout ce qui n'est pas avec nous sera contre nous. Trop longtemps nous avons compté les indifférents pour amis. A l'heure de là bataille ces illusions s'évanouissent. Mieux vaut moins de partisans et des partisans plus convaincus. Nous n'avons que faire de tous ces jargon-nants qui défendent la culture française par un style et un langage qui la nient. Ce qui frappe dans la littérature comme dans les mœurs chez nous, c'est la profonde différence, l'abîme infranchissable séparant les deux parties du pays. En rapprochant le Kamtschaka et le Congo, les jeux de la politique n'eussent pu réunir deux parties plus dissemblables que ne le sont la Flandre et la Wallonie. La question était posée déjà avant 1830. L'élan d'enthousiasme qui nous sépara de la Hollande ne solutionna rien. Il eut fallu être plus radical, couper plus avant, abandonner quelques Flandres au sort qu'amèrement elles regrettent aujourd'hui. On eût eu la paix. Mais sans doute avant 1830 l'abîme ne se creusait-il pas encore aussi infranchissable. Ouvrons les journaux de cette époque. Leur format, charmant, humble et réduit — six ou huit petites pages, d'abord les annonces, actes notariés, etc., puis tout au bout la correspondance, les informations et les nouvelles à la main — cachait plus de bon sens et de finesse que nos importants quotidiens d'aujourd'hui. On avait quelque chose à dire. On le disait joliment. Il n'est pas jusqu'au journaux publiés en pays flamand qui ne fussent fort aimablement et correctement rédigés. Que cela a changé I Aujourd'hui c'est partout, à Bruxelles et dans les Flandres un baragouin à faire frémir. 11 n'y a pas un article dans un de ces^journaux qui puisse soutenir la comparaison avec les articles d'un journal français de sous-préfecture. La faute en est toujours aux flamands, à l'invasion flamande, à tout ce qu'elle traîne après elle de trouble, de pâteux, de mal exprimé, de confusion dans les termes. Le sens de la mesure que possèdent naturellement les Wallons, s'en altère. Dans cet étrange mariage qu'est Vâmebelgisme, les deux conjoints perdent de leurs qualités, mais ne gagnent rien du tout. Un de nos meilleurs écrivains d'extraction flamande, me le disait : « Nous sommes et restons des pillards, des pirates. Nous arrachoae à la langue française ce qu'elle peut présenter d'intéressant pour nous, puis nous nous sauvons I » Mais la langue en reste brusquée, violée, désorientée. A la joie qu'on éprouve de lire par hasard dans nos journaux un article en français agréable et facile, on comprend combien le prétexte de cette joie est rare. 1! le deviendr? plus encore. En effet à force de postuler Vâmebelgisme, on finira par le créer. Cette langue qui sournoisement s'installe chez nous, cette langue hybride, nous finirons par devenir incapable d'en employer une autre. Déjà le comité du Théâtre belge a donné sa préférence à tout ce qui présentait ce caractère incolore et rassurant d'insignifiance formelle. Il est de bonne politique d'ailleurs de vouloir nous écarter par la langue comme par la frontière de nos frères de France et que bientôt nous ne les comprenions plus. Au train dont vont les choses, ce sera très bientôt. Quand ce second et plus définitif divorce sera consommé, où serons-nous grand Dieu? Ce n'est pas là comme on pourrait le croire, le résultat, dû au hasard, de maladresses qui réussissent, mais d'un plan concerté depuis longtemps par nos hommes d'Etat. Les sourires dont ils accueillent les tentatives les plus officielles de protection de la langue française chez nous, ne sont que grimaces. Les Français ne le voient pas, ou ne veulent pas le voir. A nous de nous défendre. Soyons intransigeants, expulsons tout cet élément étranger qui nous déborde. Essayons de recréer autour de nos foyers et de nos esprits une atmosphère intellectuelle quelque peu propre et sereine. Faisons le départ entre ce qui est nous et ce qui n'aura jamais avec nous aucun rapport. Mais hâtons-nous, le temps presse, ou nous sommes perdus. Et l'idée de la culture française ne sera plus qu'une ruine décorative à montrer aux touristes. Willy 0. R. Benedictus. ÉCHOS Contre la ilamandisation de Bruxelles L'on se souvient de la question posée récemment au ministre des chemins de fer, postes et télégraphes, par M. Royer sur les raisons qui permettent au département de M. Segers de donner la priorité à Bruxelles aux inscriptions flamandes sur les inscriptions- ( françaises dans les gares et les bureaux de poste. M. Segers avait répondu que la loi , l'exigeait. < M. Royer est revenu à la charge et il a | demandé au ministre de lui indiquer quelle était la loi qu'il invoquait, en lui faisant remarquer que la priorité accordée aux ] inscriptions flamandes à Bruxelles n'avait été ( introduite que récemment. ( M, Segers lui a répondu que c^était la loi de 1878. Nous ne nous attarderons pas à rechercher comment il se fait que cette loi n'a été appliquée que depuis deux ou trois ans. Nous nous contenterons de réclamer à cor et à cris la revision de cette loi, qui ne correspond plus, si jamais elle y a correspondu, à la situation réelle de l'agglomération bruxelloise au point de vue linguistique.Rappelons en effet que l'agglomération bruxelloise qui est de 760,000 âmes compte 480,000 habitants parlant le français et 280,000 parlant le flamand, d'après les résultats du dernier recensement décennal. Dans ces conditions il faut que la loi soit revisée. Il faut qu'elle le soit avant que la Chambre ne se sépare et nous espérons bien que d'ici peu elle sera saisie d'une proposition de loi à cet égard. Nous appuyons donc de toute notre énergie la campagne entreprise dans ce but par le Soir. Il n'y a pas de raisons — il n'y en a aucune — pour que satisfaction ne nous soit pas donnée ! » » La collection Spoelbergh de Lovenjoul On sait que le vicomte Spoelbergh de Lovenjoul a légué à l'Institut de France la merveilleuse bibliothèque qu'il avait réunie dans son hôtel du boulevard du Régent, à Bruxelles. Ces collections ont été installées à Chantilly, non loin de la demeure des princes de Condé, rue du Connétable, dans l'ancien couvent de St-Joseph de Cluny. Elles seront accessibles, non aux curieux, mais aux travailleurs, lesquels devront observer un règlement très minutieux : une commission de membres de l'Institut aura toute autorité pour délivrer ou refuser les cartes d'admission, permettre ou interdire la communication ou la publication de tel ou tel document. Cette réglementation se justifie parfaitement, car ierttecomîrrfis' c'ie la bibliothèque Spoelberch sont uniques. Ils sont toute l'histoire du romantisme : il y a là des revues et périodiques innombrables, des éditions originales, des livres annotés par leurs propres auteurs, et surtout des correspondances autographes, des manuscrits, des notes et des carnets de famille, tout ce que l'archive secrète comporte de plus personnel et de plus intime. Que de secrets brûlants ou mélancoliques doivent y être inscrits l II y a là aussi sept mille lettres adressées à Sainte-Beuve par ses contemporains, un volume composé de billets à ordre souscrits par Balzac, des albums de caricatures et de dessins de Musset et de Mérimée. M. Georges Vicaire, conservateur de la bibliothèque, n'a pas mis moins de trois ans à en dresser un catalogue, dont la publication rendra de grands services à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire du romantisme. * * * Li sauvage d'Europe Le Pourquoi Pas P raconte cette savoureuse histoire qui s'est passée au Congo : Le ministre des colonies a envoyé au Co ïgo une mission chargée de l'établissement des postes de télégraphie sans fil. Arrivés sur la terre africaine, nos compatriotes se sont morcelés et dispersés en groupes dans la colonie. L'un de ces groupes se composait d'un Wallon ne connaissant pas la n moeder-taal 11 et d'un Flamand ignorant le français. Des noirs les accompagnaient et avaient charge de les aider dans leurs installations. Pour les ordres à donner à leurs aides, les blancs employaient le congolais. Ils l'employaient même pour leurs conversations privées, puisque c'était là leur seul langage commun. Que des blancs dans leurs tête-à-tête parlassent nègre, cela intrigua les noirs et, jn jour, l'un d'entre eux questionna le Wallon : " Pourquoi toi parler nègre avec autre blanc ? n. Une réponse quelconque fut donnée qui ne satisfit pas le noir. Peu de temps après il revint à la charge. Nouvelle réponse non satisfaisante pour le noir. Alors, riant de toutes ses dents, il riposte à notre Wallon en montrant le Flamand : " Toi pas dire vrai. Toi parler nègre avec [i pareeque li sauvage d'Europe ! ! Le Pourquoi Pas ? ajoute spirituellement : " Heureusement pour le bon noir, [Camiel Huysmans n'était pas présent 11. * » * On nous écrit : Vous connaissez certainement le coupon m plutôt le timbre-réponse international. Veuillez l'examiner et vous constaterez ju'il porte différents avis en langues : francise, allemande, anglaise, italienne, espagnole, et pas un mot de flamand. Comment un tel oubli a-t-il été possible II Oublier la langue universelle I I Oublier a langue à l'aide de laquelle on revient en chemin de fer) du fin fond de la Russie :n se faisant comprendre partout ! I Oublier sur ce malencontreux timbre, la divine langue flamande qui est certainement la plus belle et la plus harmonieuse des langues du monde... après l'auvergnat. On ne s'explique pas des choses semblables.En avant les diplomates I I Faites changer cela en quelques tours de manivelle. * » * Un intéressant concours Désirant favoriser le perfectionnement des appareils d'aviation et encourager les chercheurs, la Commission permanente internationale aéronautique organise un concours auquel seront attribués des prix en espèces, d'une valeur de 1,000 francs, offerts par M. Adhémar de La Hault. Le concours est divisé en deux parties : 10 concours ayant en vue le plus grand écart de vitesse ; 2° les moyens à employer pour o'élever verticalement d'un point et y redescendre de la même façon. Les concurrents auront à fournir les plans à l'échelle, détaillés avec toutes les explications écrites, croquis de détails (à l'échelle) qu'ils jugeront utiles à la compréhension minutieuse de leur invention. Les projets, enveloppes cachetées, etc., devront être adressés sous plis ou rouleaux recommandés à la C. P. I. A. avant le 30 juin 1914 à minuit, 19, rue Blanche à Paris. Pour nos agents de change. M. Maurice Ansiaux, économiste de renom et professeur à l'Université de Bruxelles, communique à M l'Etoile Belge " d'intéressantes réflexions au sujet du règlement de la Bourse que le conseil communal de Bruxelles est en train de reviser. " Parmi les conditions qui devraient être exigées pour l'admission à l'exercice de la profession d'agent de change devrait, à mon avis écrit-il, figurer la connaissance, /*» n^rsjMém^ntaire, de l'économie financière. Si cette connaissance était requise, l'envahissement de la profession par des incapables serait rendu impossible. Les ratés, des autres carrières seraient tenus à l'écart et le niveau intellectuel et en quelque sorte technique de la Bourse en serait sérieusement relevé. « Comment y parvenir ? En imposant aux candi Jats agents de change la possession d'un diplôme attestant qu'ils ont fait les études indispensables. Il est précisément question d'organiser, à l'Université libre de Bruxelles, une licence des sciences financières. Le programme de cette licence correspondrait fort bien au minimum de connaissances qu'il importe d'exiger d'un courtier en valeurs mobilières. D'autres diplômes analogues, délivrés par des écoles commerciales agréées par l'autorité communale, pourraient être considérés comme offrant les garanties désirables ; car il n'est pas question, ai-je besoin de le dire ? de réclamer un monopole au profit de l'Université. L'examen préalable pourrait d'ailleurs être subi devant un jury dont les membr s seraient désignés par l'échevin des finances ; il porterait sur un ensemble de matières spécifiées dans le règlement voté par le conseil. n De toutes manières, il paraît indispensable de subordonner l'accès de la profession, si délicate, d'agent de change à un examen de capacité. Cette garantie ne serait peut-être pas suffisante à elle seije, mais elle constitue un des éléments au moins de l'épuration et de la réorganisation que le conseil communal de Bruxelles se préoccupe à juste titre de réaliser. n * ¥ * Leur tolérance UEcho Commercial, d'Anvers, commentant l'article paru ici même, sous la plume de Monsieur Jennissen, fait un parallèle curieux entre notre tolérance, dont l'article de notre éminent collaborateur constituait une preuve nouvelle et le sectarisme flamingant. C'est ainsi, écrit notre courageux confrère, c'est ainsi qu'à Gand, une demoiselle Rose de Guchtenaere est allée donner une conférence qui avait pour leitmotif cette phrase quelque peu ahurissante : " Le flamingant le plus radical est encore un fransquillon Partant de ce princiqe, on se propose de fonder un Parti national flamingant, qui enverrait aux Chambres législatives non pas des hommes de valeur, mais tous les cancres, tous les êtres les plus lamentablement quelconques, tous les brail-leurs de chansons idiotes dirigées contre la France, tous les parasites morveux qui savent donner de la gueule dans les plus sordides bastringues ! Croirait-on qu'un de leurs organes pousse l'outre cuidance jusqu'à déclarer que les Flamands ont éprouvé, durant ces dernières années, trois terribles défaites : le sabotage du proget de loi Coremans ; l'impuissance à garantir dans l'armée les droits de notre langue ; et, à présent encore, la misérable solution que vient apporter la nouvelle loi scolaire. « Ligue Nationale pour la Défense de la Langue Française » Lettre ouverte aux Membres du Sénat Monsieur le Sénateur, La Chambre des députés a voté dans la loi scolaire qui est actuellement soumise à vos délibérations, la disposition suivante, qui en constitue l'article 15 : « Dans toutes les écoles adoptées ou adoptables, la langue maternelle des enfants est la langue véhiculaire aux divers degrés de l'enseignement. » Dans l'application de la règle ci-dessus, certains tempéraments pourront être autorisés, selon les besoins des écoles, dans, l'agglomération bruxelloise et les communes de la frontière linguistique. Ces tempéraments ne peuvent avoir pour effet de nuire à l'étude approfondie de la langue maternelle. » Les arrêtés ministériels d'autorisation seront publiés au Moniteur. » La langue maternelle ou usuelle est déterminée par la déclaration du chef de famille. Si le chef d'école juge que l'enfant n'est pas apte à suivre, avec fruit, les cours dans la langue désignée par le chef de famille, un recours est ouvert à ce dernier auprès de l'inspection. » L'inspection présente chaque année un rapport spécial sur l'application des dispositions ci-dessus. » Nous avons l'honneur d'attirer toute votre attention sur cet article, qui constitue, à notre sens, une atteinte à la lettre et à l'esprit de la Constitution. C'est pourquoi nous nous permettons de vous adresser cette lettre ouverte. Aux termes de l'article 23 de la Constitution,~ VempfDT Uts larfg'Ues usitées en Belgique est facultatif, il ne peut être réglé que par la loi et seulement pour les actes de l'autorité publique et pour les affaires judiciaires. Les matières scolaires ne rentrent incontestablement, ni dans l'une ni dans l'autre de ces catégories. L'instituteur, même l'instituteur communal, n'est pas une autorité publique, et il convient d'ailleurs de remarquer que les dispositions de la loi scolaire s'appliquent aussi bien aux écoles privées qu'aux écoles officielles. En vertu de l'article 23 de la Constitution, le père de famille, investi de l'autorité paternelle, représentant légal de l'enfant, a le droit de choisir la langue dans laquelle cet enfant sera instruit. Ce principe est d'ailleurs reconnu par l'article 15 lui-même, puisqu'il proclame que la langue maternelle des enfants sera la langue véhiculaire aux divers degrés de l'enseignement et ajoute que la langue maternelle est déterminée par la déclaration du père de famille. Mais la disposition votée par la Chambre ajoute à ce principe si équitable, une restriction inadmissible, lorsqu'elle dit que les chefs d'écoles peuvent ne pas tenir compte de cette déclaration. Le père de famille doit avoir le droit, un droit qui ne peut souffrir aucune entrave, de choisir la langue dans laquelle son enfant sera instruit, comme il doit avoir le droit de choisir l'école qui répond à ses convictions religieuses ou philosophiques.* * Ce n'est pas le seul défaut que nous voyons dans la disposition votée par la Chambre. Cette disposition manque également de clarté. En effet, le deuxième alinéa de l'article permet d'apporter des tempéraments à la règle qui veut que l'enfant soit instruit dans sa langue maternelle, mais Ses tempéraments ne sont malheureusement autorisés que dans l'agglomération bruxelloise et les communes de la frontière linguistique qui, seules, sont considérées comme bilingues, alors qu'en fait dans toutes les agglomérations urbaines du pays flamand, on parle le français autant que le flamand et que l'on peut considérer la Flandre entière comme bilingue. On s'explique mal, dès lors, le sens de cet alinéa. M. le Ministre des Sciences et des Arts a déclaré, en réponse à une demande d'explication qui lui a été faite par un membre de la Chambre des représentants, que le tempérament dont il s'agit consiste à permettre à l'enfant d'être instruit dans une langue autre que sa langue maternelle. Or, si la langue maternelle est celle choisie par le chef de famille, cette disposition permet de porter une nouvelle atteinte au libre exercice de sa volonté. La disposition de loi veut-elle seulement dire que dans les communes considérées comme bilingues, tout l'enseignement ne devra pas être donné dans la I langue maternelle? Il faudrait obtenir des précisions à cet égard. * * Mais une question plus importante se pose ; comment appliquer la règle qui donne au chef de famille le droit de choisir la langue dans laquelle sera instruit son enfant? Si l'on prenait cette disposition au pied de la lettre, il faudrait en conclure que l'instituteur, s'il y a dans une même classe des enfants qu'il est requis d'instruire les uns en français, les autres en flamand, devrait employer l'une ou l'autre langue suivant qu'il s'adresse aux uns ou aux autres. Ce système, praticable peut-être dans des écoles où les classes sont peu peuplées, ne produirait presque partout que désordre et confusion, A supposer même qu'il puisse être appliqué dans les Flandres qui sont bilingues et où tous les instituteurs connaissent plus ou moins les deux langues, il ne peut en être question dans les écoles de Wallonie dirigées par des instituteurs wallons. 11 est bien certain, en tous cas, que personne à la Chambre n'a envisagé cette solution comme possible. Déjà M. Des-trée a fait remarquer que l'article 15 déclare que la langue véhiculaire de l'enseignement est la langue maternelle des enfants et que ce pluriel peut être interprété en ce sens que l'instituteur ne doit pas avoir égard à la langue que parle tel ou tel de ses élèves, mais que la langue employée sera celle de la majorité de ceux-ci. Et comme le régime scolaire d'une école ne peut être incertain et -VariûWO)- ûiï oofu—arnou» 3 qii.a 1 «» langue des enfants d'une école doit être celle parlée par la majorité des habitants de la région : ainsi on en revient indirectement au principe régional que la Chambre cependant a écarté par un vote formel. Le droit reconnu par l'article 15 au père de famille est donc un droit purement illusoire ; si ceux qui veulent que l'enseignement soit donné en français ou en flamand à leurs enfants ne forment qu'une minorité, on leur imposera l'enseignement dans une langue qu'ils ne peuvent comprendre et ainsi une nouvelle disposition de contrainte linguistique aura été consacrée par la loi. » » Ce qui importe donc avant tout, c'est d'assurer le droit des minorités. 11 est d'autant plus nécessaire qu'il en soit ainsi que l'obligation est imposée aux chefs de famille d'envoyer leurs enfants à l'école. L'article 2 de la loi soumise à vos délibérations suspend cette obligation du chef de famille, dans le cas où il n'y a, dans un rayon de quatre kilomètres de leur résidence, que des écoles contre lesquelles ils peuvent invoquer des griefs de conscience. Mais cette disposition ne s'applique pas aux griefs linguistiques- Peut-être pourrait-on l'étendre à cette hypothèse, car le respect de la langue n'est pas aussi sacré que le respect des croyances philosophiques ou religieuses?Mais il faut bien avouer que ce ne serait qu'un palliatif, car elle mettrait le père de famille dans l'alternative ou bien de faire instruire son enfant dans une langue qu'il ne comprend pas ou bien de ne pas le faire instruire du tout. A * * Ce n'est pas un droit négatif qu'il faut accorder au père de famille. Il ne suffit pas qu'il puisse soustraire son enfant à l'enseignement donné dans la langue imposée par la majorité. Il faut que la loi lui permette de réclamer l'organisation d'un enseignement plus conforme à ses désirs. Il importe de remarquer à cet égard que ce principe existe déjà dans le projet voté par la Chambre : en effet, l'art. 27 prévoit, dans les communes où l'on sollicite le remplacement des écoles communales par des écoles adoptées, la faculté pour les chefs de famille ayant ensemble au moins vingt enfants d'âge scolaire, de réclamer la création ou le maintien d'une école communale. Le même droit devrait être reconn aux chefs de famille en ce qui concerne la création de classes où il serait fait droit à leurs griefs linguistiques. L'article 27 pourrait donc être complété dans ce sens. * * M. Destrée avait proposé à la Chambre une formule différente, qui fut discutée en séance du 18 février dernier. Or, bien que M. Destrée fût beaucoup

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