Le petit belge

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s.n. 1914, 17 August. Le petit belge. Seen on 26 April 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/vh5cc0vq1z/
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LUNDI 17 AOUT 1914 Atoinistratoiii 4, Impasse de la Fidélité, 4 Bruxelles ABONNEMENTS pour toute la Delgique Un *n . • »».•••••. ...... 8 franc* Six mois « 4 «»- Trois mois. M — Pw/r L'étranger, le port en sus. K^> OTfcgyMJgwwryi» ■"»'■ »<mMi •nrit,Tw,>nw LUNDI 17 AOUT 1914 Directioa et Rédaction : 4, Impasse de la Fidélité, 4 Bruxelles ANNONCES & RÉCtAMKt pour tout m qui oonotrue I» publicité adresser direotementet, esoltuivemea t U DIRECTION DU JOURNAL, 4. ia pucse de la Fidélité i Bmielle» Avant la grande bataille Le lai le quinze jours de guerre — - --■»>î«o>i<« Les conditions dans lesquelles les armées vont se rencontrer La bataille attendue va s'engager — si elle ne l'est déjà. A la veille du choc monstrueux qui met aux prises plusieurs millions d'hommes, le ministère de la guerre français a tenu à faire part au public des résultats acquis à la veille de 'la bataille et il lui explique ce que sera cette rencontre, sans précédent dans l'histoire. Pour que f opinion puisse, dftb îie communiqué, avoir une vue juste de la situation et ne se perde pas dams les nouvelles di© détail, qui seules ont pu être données jusqu'ici, il convient de préciser les grandes lignes «les événements et, sans préjuger 'a suite, d'enregistrer les résultats acquis ; I Les résultats acquis 1° Echec de l'attaque brusquée. On sait par les déclarations des Allemands eux-mêmes (gén&ral de Bernhardi, général de Falkenhayn, maréohal von der olz, etc ). que leur plan comportait en première ïig'i^ l'attaque brusquée de notre couverture d:i côté de Nancy. On sait également de façon non douteuse qu'une seconde attaque brusquée devait se produire par la Belgique avec ma- îh? immédiate sur la frontière française Une preuve décisive de La réalité de ce double plan se trouve dans ce fait que nombre de i'évrvistes alk>man<k' mobilisables in 5e an 15° y nr de la mobilisation avaient des fascicules c e mobilisation leur enjoignant de rejoindre dans une ville française Verdun, Reims, Châl^ns, etc. Or, cette double attaque Musquée a échoué. Celle qui devait être dirigé sur Nancy s'est à peine dessinée. La force de notre ccu-verture a déterminé les Allemands à y renoncer.Quant à l'attaque hiusjjuée par la Belgique, on sait qu'elle n'a pis eu un s» rt meilleur. La résistance des f'.rts de Liège, la vaillance de l'armée belge et i intervention de notre cavalerie ont «u pour r6sult.it que depuis huit jours les forces a l>mandes sent accrochées sur la ligne de la Meuse. Donc, échec du plan allemand primitif • vtilà le premier résultat à enregistrer. 2° Régularité de notre mobilisation et de notre concentration. à cet échec, notre mobilisa tior. et notre concentration ont pu se poursuivre dans une régularité parfaire. Les hommes ont été transportés au dépôt sans incidents, armés et équipés dans le délai minimum. Les transports de concentration se sont aocomplis dans des conditions non moins satisfaisantes. Les craintes souvent et justement ressenties dans les années précédentes au sujet du trouble qu'une invasion allemande heureuse risquait de jeter dans notre concentration sont ainsi définitivement conjurées. 3° Coordination de nos mouvements avec les armées alliées. Nous avons pu d'autre part coordonner nos mouvements avec les armées alliées. L'armée belge a joué avec éclat son rôle de couverture. L'armée anglaise a pu débarquer son corps expéditionnaire. Enfin l'armée russe, accélérant sa mobilisation,pourra opérer en même temps que les armées françaises, aing)]'aisie»s et betf'ge». L'armée serbe, d'autre part, dès maintenant maîtresse de l'Herzégovine, fera hésiter l'Autriche à continuer les envois de troupes qu'elle a dirigées depuis huit jours sur la Haute-Alsace. 4° Siur mer. Le dernier résultat, - non le moindre, c'est la maîtrise de la mer. Les pseajr-': anglaises et françaises ont assuré, dans i r e sécurité complète, les transports des t~oup<s d'Angleterre sur le continent et d'Afrique en France. Les deux croiseurs allemands ie la Méditerranée «ont hors de jeu. Les ravitaillements des belligérants alliés de la France ,et de la France elle-même sont certains et fa-ci les. Tels sont les résultats indis îutrbleme'it acquis à l'heure présente. Ils Lont> d'une importance capitale et, s'ils ne •iiffiseut pas à déterminer la décision, ils la pr Sp 11 -s les conditions les meilleures. II Ce que sera le choc des deux armées Après avoir ainsi résumé les avantages acquis, le ministère de la guerre indique les conditions de <t la bataille d'armée » de de- Avis important à nos lecteurs Le gouverneur militaire du Brabant a décidé que les journaux ne pourraient plus avoir qu'UNE EDITION -par jour et que les épreuves de cette édition qui devr t paraître à 6 heures du soir, seront soumis?.s avant tirage à Vautorité militaire, qui e7i expurgera tout ce qui concerne les opérations.Cette décision explique les conditions dans lesquelles est publié ce numéro. Souscription pour les familles des miliciens sous les drapeaux Syndicat des artistes musiciens, 50 francs; Léop. Ditesheim et frère, 50 ; collecteurs de la 7° division Bruxelles (M. Bossché), 286; Crédit Anversois, 5,000; «Le Soir» (IIe versement), 1,598.55; Mlle de Hoff ma n, 1,000; total : 7,984.55 francs. Tot?l ;» ^ ™»r : 431.213.20 francs. main, « ce duel formidable, qui par son terrain et par son développement différera profondément des batailles d'autrefois ». La concentration s'est opérée avec une régularité entière, nous dit le rédacteur de ces remarquables explications, et c'est la totalité de l'armée française qui va se trouver aux prises dans la bataille d'armée avec la totalité de l'armée allemande, moins les,corps ; allemands concentrés à la frontière orientale de l'Empire. La violation de la neutralité de la Belgi-queet la magnifique résistance des forts de ' Liège ont prolongé les lignes françaises et ! belges jusqu'à la frontière hollandaise. Le front de la prochaine bataille s'étendra donc j de B&le à Maastricht, mettant en présence plusieurs millions d'hommes de chaque côté. C'est une énorme extension des effectifs et du front oui caractérise la bataille d'armée j çt qui la différenciera profondément des ba-tailles^ d'autrefois, bouleversant l'idée que l'opinion publique, dominée par les souvenirs de l'histoire, est portée à se faire de ces batailles. Quand deux adversaires se heurtaient sur un front de 30 ou 30 kilomètres, la bataille revêtait un double caractère, elle était rapide et elle était immédiatement décisive Avec un front de 400 kilomètres, il n'en peut être de même. Il est impossible, de toute évidence, que l'un des deux adversaires prenne un avantage décisif sur la totalité de ce front; nos opérations n'ont pas, d'un bout à l'autre de cette ligne, la même fortune. Nous aurons l'avantage sur un ou plusieurs points, les Allemands l'auront sur d'autres points. Il en résultera de part et d'autre, à la fin du premier choc, une sinuosité de la ligne de bataille qui, le lendemain et les jours suivants, continuera à se modifier jusqu'à ce que l'un des deux adversaires réussissse, par la coordination de ses mouvements et la masse de son effort, à prendre sur un point la supériorité qui disloqueria le f<nont adverse et marquera la conclusion de la première bataille d'armée. L'opinion, conclut la note ministérielle, doit s'attendre d'abord à recevoir des nouvelles inégales, dont les unes seront très bonnes, les autres médiocres, certaines peut-être mauvaises; ce pour et ne o^ntrA bles, vu retendue du front et le chiffre des effectifs. L'opinion dois s'attendre, en second lieu, à ne recevoir les résultats décisifs qu'après un délai assez long, qu'on ne peut évaluer à l'avance, mais qui peut durer huit jours et même plus; cela encore résulte de la nature des choses et n'a rien que de logique. En terminant, le communiqué formule l'espoir que le public suivra avec clairvoyance et sang-froid « les phases du grand choc qui ne saurait tarder ». La situation militaire Résumant, de son côté, les nouvelles coin muniquées depuis le début de la guerre, le Temps juge ainsi la situation militaire : « Des forces allemandes, dont la droite a vu son mouvement sérieusement entravé par son éohec devant Liège, s'étendent de cette place à la région de Mulhouse, avec une densité marquée ckins la partie nord. » Le front qu'elles occupent semble tracé d'abord par le cours de l'Ourthe, suit sensiblement la frontière qu'il ne franchit guère que dans la région Longwy-Briey. Urne grande partie de ce front est renforcée par des travaux de fortifications de campagne, notamment sur l'Ourthe et entre Metz et Sarrebourg. » La droite allemande, menacée par l'armée belge, a donné à la cavalerie de celle-ci une nouvelle occasion de remporter un succès vers H asselt. Sur le front, nous sommes en contact. Vers le gauche allemande, nos troupes avancent dans les hautes vallées des Vosges. Elles se sont emparées de la ville de Saales, ont enrayé l'offensive allemande en Haute Alsace et même progressé de ce côté. » Ein Lorraine, quelques escarmouches de patrouilles et des engagements d'avant-postes ont eu lieu : à Chambery, notamment, qui est la première station en Lorraine annexée de la lio-ne de Nancy à ChâteaunSa-lins, deux compagnies du 18e régiment d'in-fainterie bavaroise ont été surprises par nos troupes et refoulées vigoureusement en laissant un assez grand nombre de morts et do blessés. » TVos trophées L'ETENDARD DES HUSSARDS DE LA MORT EST A L'HOTEL DE VILLE DE DIEST. Le correspondant du « Daily Telegraph » signale de Diest deux faits intéressants : Un officier allemand du service de santé regardait avec mépris les officiers belges. L'un d'eux lui donna l'ordre de soigner les blessés allemands dans l'hôpital et le prévint qu'il était inutile d'essayer d'échapper. — a Monsieur, dit l'Allemand, je suis officier. « Silence ! Les Belges sont ici officiers. Vous n'avez qu'à obéir », lui répliqua l'officier belge. » Le fameux étendard des hussards de la mort est dans l'hôtel de ville de Diest. AVIS AU PUBLIC Le public ne doit pas s'alarmer s'il constate une certaine perturbation dans la remise des correspondances cela tient uni quement à la situation troublée des trans ports. Quelques ambulants ont dû être supprimés et le triage des lettres doit s? faire dans des locaux où il ne se fait pas régulièrement. Il y aura dans ces conditions pendant quelques jours, des retards inévitables. Encore quelques détails sur le combat d'Egheiée Trois cents cavaliers allemands mis en déroute par nos cyclistes et cavaliers. Quelques détails encore recueillis pa?^ un de nos collaborateurs sur la défaite que hos •troupes ont infligée jeudi à Eghezée aux;cavaliers allemands tentant de se rendre à Bruxelles | V Nos troupes avaient fait une tranchée-vu x environs d'Eghezée, mais, se trouvant gfl* en l'air, l'avaient évacuée. " Trois cents cavaliers allemands, soix :te cyolistes, deux mitrailleuses montées sur automobile, marchant sous le couvert d* la Croix-Rouge et guidées çar un officier .11e-mand gendre d'un industriel de l'endroit, ont arrivés à Eghezée et ont occupé cette tjan-chée. / x ; [ Leur présence ne tarda pas à être signalée et un parti de cyclistes et de cavalier.4 se porta à leur encontre. Une quarantaine de cyclistes prirent par le sud, tandis que les cavaliers.avec d'aujres cyclistes les tournèrent. Le groupe cycïste entra le premier en contact avec l'ennmi. Les Allemands, des hussards,étaient en ifain de se laver et de manger. Nos hommes commencèrent le feu et abattirent une quarantaine d'ennemis. Plusieurs tombèrent le tirse nu, la figure et le cou pleins de savonnée, d'autres la tartine à la main. Les autres prirent immédiatement la fuite. Au cours de la poursuite, une dizaine de cavaliers âllemmds furent encore tués. Leur fuite fut tellement précipitée que le second groupe bslge ne dut pas intervenir. ( Au cours de l'engagement, le colonel von Hanstein et le lieutenant Schultze-Moderow furent tués. Ces escadrons de cavalerie apartienneiit au 15" hussard du Hanovre, régiment dit de la Reine Wilhelmine de Hollande. Les ennemis avaient essayé de place» un poste de T. S. F., mais ils n'ont pas réussi dans leur entreprise. Leurs deux mitrailleuses, ainsi qu'un four de campagne automobile, ont été pris. Le lendemain, les Allemands sont revenus chercher leurs morts. Sur un des soldats allemands tués en a trouvé un passeport belge. A leur retour h Eghezée, les cavaliers prussiens ont commis des atrocités. Ils ont notamment assassiné une jeune fille de seize ans. *** Un officier belge ayant vu un de ses camarades fait prisonnier amené par deux uhlans, réussit à s'approcher de lui et -à le délivrer après avoir abattu à coups de revolver ses deux gardiens. 1 Nouveaux f engagements aux environs de Diest et de Tirlemont —»o« Un parti de hussards allemands comprenant un escadron est revenu samedi aux environs de Diest. Tombée dans une embuscade que no6 troupes lui ont tendue, il a été complètement haché. Quelques hommes seulement ont réussi à prendre la fuite. Les patrouilles de uhlans continuent à par courir la ligne Beverloo-Huy (rive gauche de la Meuse). On en signale partout, mais elles ne dépassent guère le front de nos troupes qui les arrêtent ou les canardent, Samedi matin, près de Tirlemont, une patrouille de uhlans a été surprise par nos troupes. Cette patrouille était composée de 15 hommes, tous ont été tués. A Grimde, près de Tirlemont, une patrouille de six uhlans a été tuée. Un engagement a eu lieu la nuit à Lan-den. Les troupes allemandes ont été repoussées après avoir subi des pertes sensibles. De notre côté nous n'avons eu que quelques blessés. Sur les bords de la Meuse Samedi matin un ayion allemand qui a sur* volé Namur a jeté huit bombes sur la ville ne causant que des dégrâts matériels. L'une de ces bombes est tombée çjir le hall de la gare brisant de nombreuses vitres Un seul ouvriei de la gare a été légèrement blessé à la main droite d'un éclat de verre. Les autres bombés, des obus gyroscopiques, à hélices, n'ont causé que de très légers dégâts matériels. *** Les Allemands qui ont occupé Ciney sans coup férir ont sommé le chef de gare de lui livrer le montant de l'encaisse. Ce dernier s'est immédiatement exécuté, a ouvert s<Jn cofïre-fort et leur a remis la somme de quatre francs... *** Du côté de Huy, les Allemands ont construit u-n pont de bateaux à hauteur de Floue et ont passé des troupes qui ont pris la direction de Villers-le-Bouillet. Nos soldats ont fait sauter le pont de pierre et ont endommagé le pont du chemin de fer. A Flône les Allemands ont naturellement mis le feu à 5 ou 6 maisons. — Hommages et secours anglais —»o«— Le numéro du « Times » portant ia dni. de vendredi contient une pièce de vers dédiée au roi Albert. D'autre part, le même numéro annonce que le roi et la reine d'Angleterre ont envoyé 7,500 francs à la Croix Rouge belge. Lord Revelstoke, de son côté, lui a lait parvenir 50,000 francs. La guerre du Peuple Encore un bel article du comte de Mun. dans 1' « Echo de Paris » : Il ne faut pas nous lasser de crier notre admiration à l'armée belge. Elle offre au monde le plus magnifiçiue exemple de courage militaire et de fierté nationale qu'il ait eçu depuis longtemps. J'ai parlé, l'autre iour, à propos d'elle, des trois cents de La- ' bû r11 oîj- < !•-- saot vraiment lut Theriiiopyîes de i j^urtvpe que défend cette petite et glorieuse armée. Quelle stupeur dans l'orgueilleuse Allemagne! Ses soldats étaient partis, avec l'ordre de route qui marquait, pour le troisième jour, l'étape de Bruxelles. Et les voilà qui, jour après jour, reculent devant la poussée victorieuse d'nne troupe de héros. Car chaque engagement marque, pour eux, un succès nouveau ; çour les Allemands, un pas en arrière. Apres la défaite d'Haelen, au nord-ouest de Liège, voici la défaite d'E-ghezée, au nord de Namur, et hier soir encore les combats de Geet-Betz et de Diest, qui déblayent le terrain à l'ouest de Bruxelles et de Louvain. Partout, les Allemands reculent, 'ûs reculent en perdant leurs canons, en laissant aux mains des Belges tant de prisonniers qu'il nous faut donner l'hospitalité à ces premiers^ témoins de la défaite germanique. Ah! oui, quelle stupeur dans 1 orgueilleuse All^^n^ne ! *»* Je m'imagine, au bruit de ces exploits, l'impatiente et juste ardeur de nos troupes, à nous. Car l'émulation n'est pas la jalousie. Enfin, nous y sommes. D'importantes forces françaises, disent les dépêches d'hier soir, se portent dans la direction de Gembloux. Gembloux est à 60 kilomètres environ de la frontière française. Ainsi voilà les deux armées en étroite liaison, prêtes à rejeter les Allemands hors de la Belgique. Arrêtons-nous à cette pensée. Sur cette direction de Charleroi, la frontière belge fait une poche. C'est là qu'est Chimay, et c'est un des chemins par où l'afr-mée allemande se flattait, en quelques jours, d'envahir la France, pendant que,vers Mont-médy, une autre colonne culbuterait notre couverture, préludes sanglants d'un second Sedan. Hier, j'ai montré les conséquences du combat de l'Othain. Les victoires belges, la jonction des armées par Gembloux complètent ces premiers résultats. Et je commence à croire, décidément, que la grande bataille n'aura pas lieu sur la terre française.Je commence à la croire sur toute la ligne. Notre position sur les Vosges est très forte. JLe petit échec de Xures, que le gouvernement a très bien fait de communiquer, en témoignage de sa parfaite sincérité, ne change rien à la situation. Parmi les cols dont la dépêche d'avant-hier a annoncé l'occupation, il y en a un dont il faut noter 1 extrême importance. C'est le col, ou plutôt la dépression de Saales. Vous la trouverez sans aucune peine sur la carte, un peu au-dessus du col de Hanz, au nord-est de Saint-Dié, et presque en face de Baccarat et de Raon-1'Etape : et vous _ verrez que , de là, nos avant-gardes dominent la vallée de la Bruche qui va se jeter dans l'Ill, très près de Strasbourg, et le chemin de fer qui mène de Rothau à la capitale de l'Alsace, avec un embranchement sur taverne. C'est donc une position stratégique de première valeur. Et j'en reviens toujours aux mêmes constatations, parce que ce sont, pour les cœurs français, les plus propres à assurer la confiance. Cette occupation des passages des Vosges, c'est précisément le contraire de ce qu'avaient rêvé les Allemands, de ce qu'ils promettaient orgueilleusement, quand ils an-nonçaient; comme un fait acquis d'avance, leur entree dans Lunéviile et dîins Nancy pour les premiers jours de la mobilisation. La campagne commence donc sur toute la ligne par une magnifique et heureuse offensive. Le général en chef anglais, sir John French, vient aujourd'hui prendre ici le contact avec le gouvernement. A l'autre bout de l'Europe,les Russes culbutent les Autrichiens sur le Dniester, et commencent leur mouvement en Allemagne . Comme disait mon petit lieutenant d'hier : «Tout va bien. » Et l'explication de ce prodigieux retour de fortune, c'est un prisonnier allemand qui l'a donnée : « Das ist nicht ein Volkskrieg, dast ist ein offizierkrieg ». « Ceci n'est pas une guerre du peuple, c'est une guerre d'officiers ». Parole profonde tombée des lèvres fatiguées de ce psychologue sans le savoir. **« Oui, voilà bien la grande, la profonde différence. La guerre qui va remplir l'Europe, et peut-être le monde, s'il est vrai que le Japon veut y entrer à son tour, c'est une guerre do carnage et de misère déchaîner par l'orgueil des chefs mlïlitàires, tollëmen' aveuglés, et par l'ambitieuse présomption d'un empire avide de domination. Contre cette provocation, l'Europe s'est révoltée. Ft nous, destinés à la payer au prix de notie indépendance, nous nous sommes levés, tous confondus, faisant trêve à toutes nos divi sions, parce que nous avons senti, jusqu'au fond de nos âmes, qu'il y allait de notre vie nationale. Chez nous, c'est la «Volkskrieg », la guerre du peuple, du peuple entier debout pour la patrie. Ah ! ces lettres que les parents m'envoient, et dont je ne recevrai jamais assez, si vous saviez comme elles sont belles, et fières, et touchantes ! Aujourd'hui, ce n'est plus un officier, c'est un simple petit dragon, un enfant des campagnes de France, et si doux, si tendre à ceux qu'il laisse derrière lui, et pourtant si brave! Il date sa lettre ' « En route vers l'inconnu !» Et il dit : « Le soleil brille comme pour fêter notre départ. Faites votre possible pour ne pas être tristes. Songez qu'une guerre comme celle-là n'est pas l'œuvre seule des hommes, mais que Dieu l'a permise. C'est pour une si belle cause que nous allons combattre !■ Soyez fiers. Pensez à la France d'autrefois, la première nation du monde ! Pensez que nous allons venger nos pères de 1870 et relever les défis outrageants de l'Allemagne! A quand le premier combat? Vive la victoire et que la v lonté de Dieu soit faite! » C'est un simple dragon. La voilà, la guerre du peuple. Ils n'en reçoivent pas comme oela, en Prusse ! Albert DE MUN, de l'Académie française. Un violent combat aurait eu lieu près de Dinant D'après des informations qui ne sont pas encore confirmées, un violent combat aurait eu lieu samedi à Dinant et dar^ les environs. Les Allemands auraient tenté de passer la Meuse en plusieurs endroits, notamment à' Bouvignes. Il en serait résulté un violent combat d'artillerie à l'issue duqu^ les erme-^ mi» auruicuo eie ecrast»» pai i m tuieiue irun-çaise.Ils auraient fait une retraite précipitée vers ICfelles et Ciney, abandonnant sur le terrain plusieurs milliers des leurs. Une alerte.... Une alerte? Des gardes civiques viennent sur un ordre de monter rue de la Loi dans des autos qui les emportent rapidement dans la direction de l'Arcadc. Il est midi et demi, Que se passe-t-il ? Quelqu'un près de nous explique : On vient d'enjoindre aux gardes civiques d'aller renforcer les postes de l'avenue de Ter-vueren. L'ennemi serait-il apparu ? Un taxi passe. Nous le hélons et nous voilà sur le sentier de la guerre. Au rond point de la rue de la Loi un bataillon de c bleus », pacû fiques, est aligné devant des fusils en faisceaux. Devant l'hémicycle de l'arcade, sur les pelouses riantes que domine le quadrige de Vinçotte, d'autres gardes sont mollement couchés sur le gazon. Au rond point de l'avenue de Tervueren, des gardes font les cent pas le long de la chaussée éventrée que bloquent dix a remorquées » des Tramways Bruxellois placés en travers de la route. Plus loin, c'est le même calme, le même silence paisible troublé de temps à autre par l'appel rauque d'une trompe d'auto. Mais où est l'ennemi? — o II » n'est pas encore là, vrais « il » pourrait venir, nous dit un garde mélancolique portant le fusil en bandouillère. Il paraît qu'il y a eu un combat ce matin... Alors vous comprenez, on nous envoie ici à tout hasard poui arrêter les fuyards, les uhlans affolés qui pourraient arriver jusqu'ici jeter le trouble parmi nos populations. S'ils arrivent ils seront bien reçus. A mille mètres sur l'avenue nous descendrons les premiers et les autres n'auront plus qu'à lever les mains. Et le patriote partit en sifflotant. Le grenadier Hubin Midi. Autour du ministère de la guerre où vont et viennent les autos, un grand grenadier à barbe rousse, sanglé dans sa capote barrée d'u ngalon d'argent, cause au milieu d'un cercle de visages sympathiques. Le sergent est plein de santé et de vigueur. On le presse de questions auxquelles il répond avec bonne humeur. Des députés, des ministres passent qui, ayant reconnu le soldat, se hâtent vers lui poui lui serrer la main et le féliciter de sa bonne mine. — Après 27 ans, dit le sergent Hubin en portant les mains aux épaules, j'ai retrouvé le sillon des bretelles du sac. Le député socialiste paraît très heureux de son nouvel état. — Oroiriez-vous, dit-il, que je ne souffre plus de l'estomac depuis que j'ai repris l'uniforme? Je mange ou plutôt je dévore à l'heure du repas et la nuit, moi qui était sujet à l'insomnie, je dors comme un bienheureux. M. Scho'llaert, 'M. Helleputte, M. Van de Vy-vere s'attardent à bavarder avec le grenadier, si redoutable dans l'hémicycle et si discipliné sous la capote de soldat. Le grenadier Hubin est surtout ravi de la bonne surprise que lui a réservée sa femme. 11 montre avec un véritable plaisir les deux photographies qu'elle Hii a fait parvenir et qui la représentent entourée de son vieux père et de ses enfants. — Si, dit-il, je n'envisageais les événements qu'au seul point de vue égoïste, je serais presque tenté de m'en réjouir pour mes enfants qui ont pu voir lia guerre de près dans le pays de Huy et y ont puisé une magnifique leçon d'énergie et de virilité. — Mais, insinue quelqu'un malicieusement, que vont donc devenir les partis politiques après la guerre? Il n'y a plus aujourd'hui qu'un seul parti, le parti national. Flamands et Wallons _ combattent côte à côte fraternellement unis, le citoyen Vandervelde est ministre du Roi et la Reine est acclamée à la Maison du Peuple? — Oh ! fait Hubin gouaileur, tranquil'lisez-vous. Les partis se retrouveront plus tard Pour le moment c'est la trêve, une trêve nécessaire. Mon service ne m'empêche d'ailleurs nullement de discuter politique là-bas avec mes camarades. Quand nous nous sommes bien disputés, nous avons tôt fait de nous réconcilier en jouant notre partie de carte... lEt le grenadier Hubin s'éloigna en faisant le salut militaire. ÇA ET LA LE MONUMENT ROCIER PAVOISÉ La statue de Charles Rogier, érigée place de la Liberté, a été ornée des couleurs nationales par les amis de la Ligug Wallonne du Brabant. DES OFFICIERS ANGLAIS ENLEVENT LES INSIGNES ALLEMANDS DE LEUR REGIMENT. On lit dans 1' « Evenirtg" Post » : Le ministre d'Angleterre à Berlin, sir Edward Goschen, avant son départ de cette ville, aurait reçu de l'empereur d'Allemagne une lettre dans laquelle celui-ci disait que jamais plus il ne se déshonorerait (sic) en portant l'uniforme anglais. Les officiers et soldats du 1er régiment dès dragons légers de la reine Victoria ont enlevé les insignes V. R. I. de leurs uniformes. A PARIS, LE PREFET DE POLICE INTERDIT LA VENTE DE L'ABSINTHE Le préfet de police de Paris vient de rendre une ordonnance interdisant la vente de l'absinthe. Tout débitant de_ boissons qui contreviendrait aux prescriptions de cette ordonnance s'exposerait à la fermeture de son établissement.ON DEMANDE DIE LA LAINE L'administration communale prie les personnes qui disposent de laine à tricoter, de bien vouloir l'adresser en n'importe quelle quantité : 6e Division A, rue du Lombard, 24, afin d'en faire confectionner par les enfants des écoles, des chaussettes, des écharnes, etc., pour nos filnccô- <-■' ' ^ La situation Les renseignements publiés ci-dessous nous sont communiqués par le grand état-major de l'armée belge ou par le ministère de la guerre, et sont par conséquent OFFICIELS.DIMANCHE, 4 HEURES SOIR. La situation générale n'a pas changée etcr-r-TT-c* ■ 1 ' —*1 " Doant nous, c;ï tut signale aucune masse 'importante de troupes allemandes. Notre armée n'est au contact direct avec l'ennemi en aucun point de son front. Dans l'ensemble, on a l'impression d'un arrêt momentané dans les opérations. V-piM-.' La résurrection de la Pologne Le Tsar promet à la Pologne do reconstituer son intégrité territoriale D'après une dépêche du « Times >» le général en chef des troupes russes a lancé ua communiqué annonçant aux soldats qu'il» avaient à respecter les populations polonaises de Russie, d'Allemagne ou d'Autriche. Les militaires qui ne suivront pas cette instruction seront sévèrement punis. Les aviateurs allemands répandent, paraît-il, en Pologne des manifestes conseillant au peuple ae se révolter, leur promettant l'indépendance et la liberté. D'autre part, on confirme que le Tsar a adressé aux populations polonaises d« Russie, d'Allemagne et d'Autriche une proclamation annonçant son intention de restituer à la Pologne son intégrité territoriale avec une complète autonomie et des garanties concernant l'exercice du culte et l'emploi de la langue polonaise. Le Tsar désignerait un lieutenant gouverneur.LE TEXTE DE LA PROCLAMATION DU GRAND-DUC NICOLAS Voici le texte de ia proclamation que le généralissime grand-duc Nicolas a adressé aux Polonais : « Polonais, l'heure a sonné où le rêve sacré de vos pères et de vos aïeux peut être réalisé. Il y a un siècle et demi que le corps vivant de la Pologne fut déchiré en morceaux, mais son âme ne mourut pas ! Elle vivait de l'espérance que pour le peuple polonais viendra l'heure de la résurrection et sa réconciliation fraternelle avec la grande Russie. Les troupes russes vous portent la nouvelle solennelle de oefte réconciliation.Que le peuple polonais s'unifie sous le sceptre du tsar russe. Sous ce sceptre renaîtra la Pologne libre dans sa religion, dans sa langue et dans son autonomie. La Russie n'attend de vous que le respect des droits de ces nationalités auxquelles l'histoire vous a (liés. Le cœur ouvert, la main fraternellement -tendue, la Grande Russie vient à votre ren-contre.Le glaive qui frappa les ennemis auprès de Gruenwald n'est pas encore rouillé. Des rivages de l'océan Pacifique jusqu'aux mers septentrionales marchent les armées russes. L'aube d'une vie nouvelle commence pour vous. Que dans cette aube resplendisse le signe de 'la Croix, le symbole de la souffrance et de la résurrection des peuples. » « Le Tsar, affirme M. Hanotaux, y pensait déjà en 1896 ». Cette proclamation du Tsar, que nous signalons ailleurs et qui est à la »:ois une étonnante affirmation de sa foi dans la victoire finale et un admirable cadeau ■fait à l'Europe nouvelle, inspire à M. Hanotaux ces commentaires où l'on trouvera aussi dee révélations curieuses : Je voite encore Le vieil Henri Martin iriece-vant, quelques jours avant La do'oliaration de (« guerre de 1870, la dernière délégation polonaise vonant implorer <!e secours de la France. Quand la France fut abattue, c'en fut fait die lia Pologne : « Fiaiès Poloni» ! » Mails l'entendis aussi ceux du lendemain, les historiens au regard profond, comme mon ami AEbert Sorel, disant avec entêtement : « Tout cela finira par la résurrection de la Pologne ». Mais où, par qu«, comment1? Qui eût pu penser que ce serait de la mai/n du Tsar russe que ce miracle serait accompli ? ^ rope, e>T c'était précisément le tsar ^Nicolas ; je puis le dire, maintenant. Quand il vint à Paris en 1896, jeune encore, récemmienrb monté sur lie trône, accable et coanme effaré des lourds devofiirs quii pesaient, dès lors, sur ses frêles épaules, îil daigna se confier à celui qui signe cet article ; il eut avec l)ua un long entretien où il lui ouvrit son cœur. Dans cet entretien mémorable, dont je notai tous les détaite, il abord-a, de lu-même, le sujet doullouireux et me dtit : « Je sais quels sont mes devoins envers nos frères slaves de PoLognie ». Pendant dix-hurit ans, je me suis tu ; je puits parler aujourd'hui... Depuis lors, j'ai suivi les sages et lentes manifestations de la volonté impe-rdale. A diverses reprises, des mesures d'a-douioisisement, trop souvent contrariées par l'administration et par certains partis de la Cour qui ne savaient pas, eux, prouvaient que l»e maître n'avait pas oublié. Quand le tsair Niicolas prit l'initiative de la réunion de la Conférence de La Haye, je compris qu'il cherchait, si possible, le moyen de réaHser par la paix ce qu'il n'eût pas voulu payer» de la rançon d'une grande guerre ; et, tout récemment, quand, se mettant en travers de lia volonté du Conseil de l'Empire, il promulguait « proprio motu », par un ukase sans répliiquie, que lia Majesté Impériale « voulait » que la Pologne conservât l'otage offioite)]1 de sa langue et lie recours direct à l'autorité suprême, je sentis bien que l'heurè des gnanxies aiéalfisations allait sonner. La libération, la résurrection de la 1 olo-gne est donc le résultat d'un dessein longuement prémédité ; La mesure n'est pas une mesure de ri«rconstance, improvisée pour les 20" ANNÉE — H' 229 centime» ïe aaméi-d EDITION «mi oentlmeB ie graméir» 20' A8.1BB — H 229

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This item is a publication of the title Le petit belge belonging to the category Culturele bladen, published in Bruxelles from 1895 to 1913.

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