Le soir

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29 November 1918
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t$Zm  WWJEK TEîf»151Kl>r 29 .VOTEWBBE IQ18. EDITION AB Le nnmêro provisoirement : 1© centime». . H* LK SOIR a <5té particulièrement Irappô par les Allemands, qui lui ont «'nlevé La piesque totalité de son matériel. D»;s 80 bons de réquisition qu'il a ou devrait avoir en sa possession, un si*ul constate l'enlèvement de près de 50 moteurs électriques; d'autres de 200,000 kilos de papier, qui ont été pris pour être livrés aux journaux censurés. Nous paraîtrons donc jusqu'à nouvel ordre avec des moyens de fortune. Nos lecteurs nous excuseront. Des machines, un outillage complet out été commandés il y a six mois aux Etats-Unis, et nous permettront de paraître bientôt dans doa conditions meilleures que celles de 1914. Les abonnements sont provisoirement suspendus, l'ennemi nous ayant enlevé nos approvisionnements. Ils seront rétablis sous peu notre papier arrivant à la suite de l'armée. Nous déduirons du prix de l'abonnement nouveau la valeur des mois non servis en 1914. LE SOIR Demandes d'emplois Itarl! réduit) ... a petites lignes. Toute ligne en plus, 0.4* Toutes autres rubriques ou annonces commerciale». . la ligne, 0.W, Faits Divers (!'• partie) — 6.0^ — (2m* partie) MOU — (3«* partie) . — 4.oqg Sport et Réparations Judiciaires 0 . • • t 3.00-j Nécrologies ....•••• «?» 2-5<M Réclames avant les annonces • • • » • 2.09 j Théûtres et Spectacles m* 8.001 Téléph. : Annonces : A 591 — Administ. : A 4738 — Réd. j A 196 et A 354# j Rédaction et Administration : 23, Place de Louvain, Bruxelles. Deux édilinng s AB à % h. cl B à 6 11. " ABONNEMENTS Les abonnements au SOIR pour l'agglomération bruxelloise seront rétablis à partir du 1" décembre, les journaux bruxellois ayant pu se procurer un peu de papier, on attendant que celui commandé par eux leur parvienne. Provisoirement, le prix a été fixé à 2 francs par mois, soit 8 fr. pour la période 1" décembre 1918-31 mars 1819. Nous espérons que le prix des matières premières s'améliorera suffisamment d'ici là pour que nous puissions appliquer de nouveaux tarifs, mieux en concordance aveo le passé. On remboursera à nos guichets, contre présentation de la quittance, la valeur des moî3 payés anticipatlvement et non servis en 1914. ANNONCES Nous prions sios lecteurs d'excuser le retard que, par suite des circonstances très difficiles que nous traversons, nous avons dû apporter dans la publication des annonces tes moins urgentes. Nous pourrons vraisemblablement paraître ©n 4 pages samedi, ce qui nous permettra de mettre ia situation à jour. >ta itération au territoire Cinquante coups de canon vont nous annoncer dans quelques instants la libération complète du territoire belge. Dans quelques jours, nos soldats camperont sur le Rhin. Ils y resteront Jucqu'à ce que les Allemands aient dédommagé la Belgique du tort qu'ils lui ont fait — ainsi d'ailleurs que l'avait promis, is 4 août 1914, l'homme au chiffon de papier. Les Allemands vont essayer par tous les moyens d'éluder les conséquences de la défaite. En ce moment, ils font la comr au président Wilson : ils ont une république, ils sonit un peu-pie libre. Les Alliés doivent donc se montrer généareux. * Les Alliés se montreront Jastes. Les menaces <iui se font jour dans la presse d'outre-Rhin ne sauraient modifier leurs décisions. Les Boches se propoee<nt de boksheviser l'Allemagne si on n'adoucit pas les clauses de l'armistice. Cela signifie que MM. Scheideman et Erzberger ont formé le projet de recommencer sur le front occidental ce qui leur a si bien réussi sur le front russe. Mais le§ soldats de l'Entente ne sont pas des moujiks. 11 n'y aura pas le long du Rhin de fraternisation entre les poilus et les soudards qui ont dévasté notre pays et le nord de la France. .Nos soldats n'exerceront pas de représailles : Sis n'ont pas une mentalité boche. Mais ils se souviendront. Ils n'oublieront pas ce qu'écrivaient les Allemands lorsqu'ils se croyaient victorieux : « La Belgique nous appartient comme la proie appartient au chasseur. » Ils n'oublieront pas qu'il ne s'est pas trouvé dans toute l'Allemagne uai seul homme pour protester contre la violation de notre neutralité.Et cela suffira pour les immuniser contre les tentatives de bolchevisation. Dans quelques instants il ne restera plus un seul Boche sur le territoire de la Belgique. L'heure de la délivrance totale est arrivée. Les soldats victorieux de l'Entente compléteront leur tâche. Ils nous assureront les justes réparations auxquelles nous avons droit et les garanties nécessaires pour que 1914 ne recommence pas. La Hollande et l'Alleiape Nos voisins de Hollande ont laissé passer, en armes, par leur territoire, les hordes allemandes retournant chez elles. Le gouvernement de la reine Wilhehnine avait si bien oonipria que c'était là un accroc aux règles do la neutralité quô les Pays-Bas s'étaient imposées pendant la guerre, qu il a fait déclarer aussitôt par sa presse que pareille auto-.risation avait été accordée aux Allemands u d accord avec les alliés ». Or, cela est inexact» Le ministre des affaires étrangères du gouvernement de la République vient de transmettre, en effet, la communication officielle que voici à la presse : La légation des Pays-Bas a communiqué le B3 novembre, aux journaux français, une note indiquant que le retour en Allemagne de certaines troupes allemandes h travers le Lim-bourg a été accordé dans l'intérêt de la population belge et après entente avec les ministres de Belgique, de France et de la Grande-Bretagne.Cette allégation est inexacte. Le ministre des affaires étrangères des Pays-Bas avait convoqué, le 13 novembre, les représentants de la France, de la Belgique, des Etate-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Italie, pour leur de- fiander de fane connaître a leurs gouverne-tents les conditions dans lesquelles le gouver-ement royal avait été amené & autoriser la traversée du Limbourg par les troupes allemandes. Les • représentant/s des puissances aliiées se sont bornés à répondre qu'ils porteraient d'urgence cette communication 4 la connaissance de leurs gouvernements. Ils n'ont exprimé aucune opinion personnelle, attendu qu'ils étaient mis en présence û'un fait accompli. Pendant la guerre, les Pays-Bas ont à diverses reprises, attesté des sympathies certaines pour les Allemands. Nous avons signalé déjà — et une commission internationale aura sous peu l'occasion de s'en rendre compte que le long de la côte belge tout entière des millions de mètres cubes de béton ont été confectionnés par nos ennemis avec du gravier et du sable venus de Hollande. Est-il exact qu'au début d'août 1914 des troupes allemandes aient traversé le territoire du Limbourg hollandais pour passer en Belgique ? De gens dignes de foi l'ont affirmé à oe moment. Ils seront entendus. La violation de la neutralité hollandaise •n ce qui concerne l'Escaut n'a pas été moins ^ flagrante. Des torpilleurs allemands, des remorqueurs ont passé dans les eaux néerlandaises. Les premiers ont été internés, certes; mais les seconds ont pu, sans être inquiétés, reourner vers les ports d'Allemagne. En permettant pareille chose, le gouvernement hollandais a causé un incontestable préjudice aux intérêts des alliés : il n'a pas respecté le régime international de l'Escaut. Edm. P. An Palais ds la Nation Les divers groupes de la Chambre et du Sénat se sont réunis respectivement ce matin au Palais de la Nation. fi^es gauches socialistes Les gauches socialistes, réunies sous la présidence de M. Louis Bertrand, ont tout d'abord décidé de proposer ce dernier pour une de;» vice-présidences de la Chambre ; M. Mansart, pour un des secrétariats, et de demander la désignation d'un quatrième questeur, qui serait M. Troclet. Pour le Sénat, M. Colleaux sera présenté pour une des vice-présidences, et M. La Fontaine en qualité de secrétaire. La Question des loyers L'assemblée a été unanime à décider le dépôt d'un projet de loi sur la question des loyers, ainsi conçu dans ses grandes lignes ; A Bruxelles, les loyers s'éievant à 600 .tr. par an ; en province de 200 à 400 fr., ne pourront être réclamés. Pour les loyers d'un taux plus élevé, le prix à payer serait immunisé à concurrence de 50 %,, sauf pour le propriétaire ô, faire la preuve. Des immunisations spéciales seraient prévues pour les loyers dus par les militaires, les veuves ou les femmes de soldats, etc. des droites Les droites de la Chambre et du Sénat se sont réunies sous la présidence de M. Woeste. M. Léon Delacroix a fait un exposé de la politique du gouvernement Il a notamment déclaré quà l'élection de la Constituante se ferait par un vote immédiat des électeurs âgés de 21 ans. Au cour» d'un débat sur ce point, M. Helle-put/te, tout en ne se déclarant pas hostile au S. U., a émis l'avis qu'il fallait ne pas considérer la Constitution comme un « chiffon de papier ». L'assemblée a décidé de porter la candidature de M. Pouillet, ancien ministre des sciences et arts, à la présidence de la Chambre. 12éunfon des gaoches libérales Les gauches libérales ont longuement examiné la situation politique. Celle de la Chambre a désigné M. Mechelynck, pour la vice-présidence, et M. Boël, pour la questure. PETITE GAZETTE /au aratam. Le Roi a reçu mardi soir, au palais de Bruxelles, le bureau du Comité Central Industriel de Belgique : MM. Carlier, président ; Henin, Ferdinand Van Hoegarden, Van der Stegen, Gravez et G. Trasenster, vice-présidents ; G. Deprez, Uitborck et J. Lecocq. L'entretien, qui dura plus d'une heure, a roulé sur les questions économiques à l'ordre du Jour. ILe Roi a Uége. C'est samedi prochain que le Roi entrera & Liège, à la tête de ses troupes. ££ans la Colonie Italienne. Le marqufs Carignani. ministre d'Italie à Bruxelles, recevra les membres de la colonie samedi prochain, à 4 heures de relevée, au consulat généras, rue Guimard, 4. -A Satoe-fiadole. La messe solennelle de demain vendredi, à la mémoire des militaires et civile belges morts | pour la Patrie, sera célébrée par le cardinal | Mercier. Les proches parents en deuil seront admis ! dans la grande nef de l'église à partir de 10 heures et demie. Ils feront leur entrée par la i porte principale, en haut du grand escalier de la Collégiale. JLa présidence de la Chambre. — Vous avez été bien gentil d'annoncer que des amis voulaient m'élever à la présidence de la Chambre, nous dit M. Léon Théodor, maie vous seriez plus gentil encore en déclarant que Je refuse toute candidature à quelque poste que ce soit. C'est une décision formelle de ma part. M. 'Léon Théodor est un sage. Lo retour de AE« Masson. Rencontré ce mafia M. Fulgence Masson, superbe de santé. — Félicitations, M. le ministre. — pas si vite I nous répond en riant le député de Mons, qui a gaixlé son allure alerte et son bon sourire. Je n'ai pas encore prêté serment. C'est seulement tout à l'heure, a 11 h. et demie que je serai reçu par le Roi. — Vous n'avez pas trop souffert là-bas ? — J'étais à Celle-Schloss, où fut Adolphe Max. Six mots de toitures morales que vous devinez et cependant Jamais une seconde, aux plus sombres jours, je n'ai douté de l'issue victorieuse. Malgré l'armistice, ils ne voulaient pas me lâcher, prétextant qu'il n'y avait pas de train I Heureusement, une auto de la Légation d'Espagne est venue me prendre. Et, dès demain, je serai à la besogne au ministère de la guerre. Et, de son pae décidé, M. Masson se dirige vers la Chambre, où doit avoir lieu la réunion des gauches.. Aox cbemSns de fer. M. Renkin vient de constituer comme suit son Cabinet : Chef de Cabinet : M. l'ingénieur en chef Col-son, du service d'électricité ; Secrétaires : MM. Van Parys, affaires générales ; Ernant, postes, télégraphes et téléphones ; Dejardin, marine ; Dugniolle, chemins de fer. En quittant le ministère des chemins de fer, M. Paul Segers remercia ses collabora teurs des diverses directions et les félicita, ajoutant : Le gouvernement s'est efforcé, en dépit des difficultés de toute na/ture, de payer les traitements et les salaires à ses agents. Je remercie les organismes constitués pendant la guerre, et plus spécialement le Comité de secours et de prêt, qui lui ont assuré moinsdihrea:l Des arriérés restent dus. J'ai prié l'administration d'en établir sans retard le relevé de fa-çen à permettre à l'Etat d'acquitter au plus tôt sa dette. Les promotions de traitement et de grades ont dû être suspendues. J'ai prié de même les services administratifs de dresser sans délai la liste des avancements depuis quatre ans. En remerciant à nouveau les fonctionnaires, employés et ouvriers des administrations du département, je leur souhaite de maintenir intact leur admirable esprit de solidarité professionnelle, sous le souffle de leurs aspirations patriotiques. EL es bureaux de postes. Un arrivage important de timorés permettra la réouverture immédiate des divers bureaux de postes établis dans l'agglomération bruxelloise.'• EJne heureuse idée. M. Joseph Wauters, notre nouveau ministre de l'industrie et du travail, qui a aussi dans ses attributions une tâche peu banale, le ravitaillement, a pris l'initiative de faire entrer dans son département les cadrés du « Comité National ». Ainsi l'organisation du ravitaillement pourra continuer sans accroc sous la direction d'un ministre qui, pendant ces quatre années, a mis lui-même ia main à la pâte. Les Ifiôtcfls ministériels. L'administration des bâtiments civils est â la recherche d'habitations pour les membres du gouvernement et leurs administrations. C'est qu'en effet, deux nouveaux ministères ont été constitués : celui des affaires économiques et celui, dédoublé, des travaux punlics et de l'agriculture. M. Jaspar, ministre des affaires économiques, s'installera rue de la Loi, au coin de l'avenue des Arts, dans l'hôtel qu'occupait jusqu'ici le département de la guerre, et qui, avant l'arrivée de M. de Broqueville au département de la guerre, était affecté aux chemins de fer M. Masson, ministre de la guerre, se réinstallera dans l'ancien hôtel de ce département, au coin des rues Boyale et de la Loi. M. Renkin occupera l'hôtel du ministre des chemins de fer, boulevard du Régent, et M Franck s'installera dans l'immeuble de la rue de la Loi, 65. fLe retour de M. C. BSuysmo^s. Nous avons rencontré hier soir, rentrant de Londres, d'où les marins anglais /l'avaient enfin autorisé à partir, le député socialiste C;i mille Huysmans. [1 est superflu de dire que le secrétaire de l'Internationale est enchanté de lui... Tout ce qu'il a fait était parfait. Il n'y a rien à lui reprocher. C'est évidemment afraire entre lui et son parti, mais nous nous étonnerions fort si tel était l'avis des Bruxellois, qui l'ont élu. Cfcie démission qui était attendue. C'est celle que M. G. Dwelshauwers, qui a été donnée hier et, naturellement, acceptée par Je Conseil d'administration de l'Université. La question du gaz. Les Bruxellois ont été heureusement surpris aujourd'hui : nos ménagères peuvent allumer le réchaud à gaz pour préparer le repas du midi. En effet, le service du gaz avait maintenu la pression après 7 heures du matin. Malheureusement, ce beau Jour n'aura pas de lendemain. Les directeurs des services du gaz des faubourgs, qui ont formé, comme on sait, avec la ville de Bruxelles, un consortium provisoire, se sont plaints, auprès de M. Le-monnier» du privilège dont jouissait la capitale.Bien à regret, M. Lemonnier a dû se ranger à leur avis, et le gaz sera de nouveau supprimé à partir de demain, pendant la Journée. Toutefois, une petite amélioration sera apportée : il y aura de la pression jusque 8 heures au lieu de 1 heures. Combien de 'emps cette situation perdurera-t-elle encore? Pes plus d'une huitaine de jours, espère-t-on car d'ici là le charbon arrivera régulièrement.Le pris du gaz. Le Conseil communal de Saint-Gilles, sur la proposition de M. l'échevin Bernier, a déeidé d'effectuer également aux abonnés du gaz la ristourne des surtaxes imposées par les Allemands.Il paraît certain que toutes les compagnies concessionnaires suivront 1 exemple de Bruxelles et de Saint-Gilles. Le prix des denrées diminue. Une heureuse nouvelle : Hier le prix de la viande était descendu â 10 fr. le kilo. Au marché d'Anvers, on a traité 500 balles de café à 2 fr. le kilo. Allons, la vie normale va renaître, la libre-concurrence commerciale se rétablit, et les profiteurs de guerre ne vont plus pouvoir prétexter dé l'accaparement boche pour voler scandaleusement les malheureux consommateurs,.Ils boï23. partis. Le dernier Allemand a quitté aujourd'hui le dernier coin de territoire que la présence de l'ennemi souillait encore en ces derniers jours. Et bientôt — juste retour des choses — ce sont nos soldats qui iront faire sjnuer les talons de leurs bottes là-bas, en Germanie. Mais nous les connaissons : autant au front ils étaient guerriers redoutables — on le sait, ceux; que l'Allemand craignait le plus étaient nos solides « Jass » — autant, dans la victoire, ils sauront se montrer généreux. Au surplus l'on peut être rassuré, les Allemands ne feront plus d'embarras. C'est égal, qui eût pensé, il y a six mois, que déjà au début de décembre 1918, ce seraient nos soldats qui iraient occuper le Rhin ? Le Jour de l'immanente Justice est venu plus vite certes qu'on ne l'espérait !... Le dernier crime all*>aand. « Il date à peine de deux Jours, et aurail pu avoir les plus graves conséquences, écril Le Journal de Bruxelles. Nous avons dit que le train ramenant du Havre â Bruxelles le personnel des fonctionnaires du département des affaires étrangères et les membres des légations accréditées auprès du gouvernement était attendu lundi soir. Ce train a failli dérailler à la gare de Lichtervelde, où il y a un important croisement de voies. Les prisonniers allemands qui sont employés à la réfection des lignes ont déposé des pierres sur la voie ferrée. Cet attentat criminel n'a heureusement pas causé do catastrophe. La locomotive a sauté des voies, et le seul résultat de l'accident a été de retarder de quelques heures l'arrivée des voyageurs dans la capitale. • ftos étudiants. Une réunion d'étudiants, en vue de la constitution d'une Fédération nationale, a eu lieu mercredi soir. Après des débats assez vifs, il a été entendu que toute décision serait remise jusqu'au retour des étudiants-soldats.A propos do la question scolaire. Une coquille — que peut seulement expliquer le désarroi dans lequel le pillage allemand a mis les ateliers des journaux — nous a fait djre.au sujet du discours du Trône: « Pour ce qui concerne l'enseignement du moment. » Il s'agissait, le contexte l'indiquait d'ailleurs suffisamment, de « l'enseignement de la morale ». Les Allemands ont enlevé notre Bibliothèque (le statistique Encore un méfait de la Kultur et qu'il ne sera possible de réparer qu'en allant reprendre chez eux ce qu'ils nous ont enlevé. Donc, ces messieurs nous ont tout simplement volé les 40,000 volumes de notre admirable bibliothèque de statistique afférente au département de l'intérieur. Fondée en 1841 par l'illustre Quetelet, cette collection comptait en matière statistique et économique des ouvrages remarquables du dix-huitième et du dix-neuvième siècle, — collection unique, peut-on dire, car nombre des volumes en sont irremplaçables. Àngffie'Hatioii la raiioii de pain Par décision du Comité National de Secours et d'Alimentation, les Comités provinciaux sont autorisés à porter la ration ordinaire de pain à 400 grammes par jour, à dater du lor décembre, à la condition de supprimer les rations supplémentaires, sauf celles accordées aux enfants des écoles sous "forme de couque scolaire, la ration extra-supplémentaire de 70 grammes aux personnes admises au régime de la suralimentation, et celle attribuée aux ouvriers mineurs. A partir du 16 décembre la ration ordinaire» de pain sera portée à 450 grammes dans toutes les provinces. Les rations supplémentaires seront snpprt mées partout à partir de cette date, sauf les. exceptions ci-après: La couque scolaire sera maintenue comme par le passé. Les mineurs, c'est-à-dire les ouvriers travaillant dans le fond des mines, et les malades admis au régime de la suralimentation recevront, outre la ration ordinaire do pain de 450 grammes, un biscuit de 50 grammes par Jour. En vue d'éviter le trafic ou le gaspillage du pain, les enfants qui naîtront après le ier dé cembre 1918 ne pourront être inscrits pour recevoir la ration de pain qu'à l'âge de six m révolus. Le prix maximum du pain resté previsol-.v menf, flyé à fr. 0.90 le kilo, le prix du son étant d<sî», 0.35 hy kilo. Le rapatriement des prisonniers de guerre et des internés L'Agence belge ic Renseignements, sous le patronage de la Croix-Rouge de Belgique, nous communique la circulaire suivante : Le rapatriement des .prisonniers de guerre belges et alliés s'organise en ce moment. Celui des internés en Hollande est décidé; on commencera par ceux qui sont restés au camp de Hardewilk — 8,000 environ —. D'après les renseignements officiels qui nous ont été fournis par les autorités militaires belges, les dispositions suivantes viennent d'être prises en ce qui concerne les prisonniers de guerre belges et alliés, ainsi que pour les internés de Hollande arrivés em Belgique * Les prisonniers et les internés doivent se présenter à Bruxelles à la caserne du lGr régiment des guides; à Lierre à l'école adoptée, avenue du Chemin de fer, ou à Louvain à l'école communale, 5 et 6, rue des Chevaliers, d'où ils seront dirigés, savoir : les Belges sur le camp de concentration â Fumes, C.I.A.M. (Centre instruction anciens militaires) ; les Français (y compris les civils) sur Ingejmun-ster ou Moerbelië (Ninove) ; les Anglais sur Calais, où ils s'adresseront ft la n. T. O. Succursale qui les enverra h l'A. P. M. (Assistant Provost Marshal); les Portugais sur la base anglaise à Calais; les Américains .sur Saleux (Somme); les Ifcailiesns sur Ambérieux (Ain) et les Russes sur la base russe à Laval (Mayenne). Nos succursales et eon-eepoïKlanits qui seraient saisis de demandes de renseignements de la part des prisonniers ou internés en question auront soin de désigner une des villes indiquées ci-dessus la plus rapprochée du lieu où la demande est faits ou la plus facile 'à atteindre. 11 est à présumer que d'autres lieux de concentration plus rapprochés cle notre frontière de l'Est seront encore désignés sous peu. Le Comité National nous a fait savoir d'autre part que les prisonniers de guerre et Ira internés libérés de passage en territoire belge, recevront par les soins des comités locaux, des repas gratuits et seront de façon générale, traités Comme les évacués qui ont traversé récemment le pays. Comment les Allemands Évacuent la Belgique (De notre envoyé sv&cialj ILS PILLENT. — ILS EMMENENT LES HOMMES. — ILS TUENT. Les hordes teutonnes quittent la Belgique animées des mêmes sentiments que lors de leur enitirée, de sinistre mémoire. Elles, laiesent partout des traces de leur passage, non seulement sur les routas où l'on ne voit qu'autos, tracteurs automobiles, camions, canons abandonnés au cours- de leur fuite, mais dans les fermes et chez les habitants. Quant aux routes, ils les ont rendues, pour ainsi dire, impraticables ; on dirait qu'ils les ont minées. Ce ne sont, de Louvain à Liège, que trous énormes, arbres sciés et laissés au travers de la voie. A T1RLEMONT ON ARRETE LES FLAMINGANTS Les derniers détachements allemands ont quitté Tirleinont à la faveur de l'obscurité, dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Les premières troupes belges pénétrèrent dans la petite ville, toute en fête et parée naïvement pour recevoir nos soldats, jeudi matin. Entre temps, la population donnant libre cours à ses sentiments de haine contre tous ceux qui avaient pactisé avec l'ennemi, s'est ruée vers les maisons occupées par les flamingants et celles servant de lieux de réunion aux c Boches », de même chez ceux qui fournissaient l'armée allemande. Ces maisons ont été saccagées. Le parquet a immédiatement procédé à plusieurs arrestations, notamment celles du tenancier du local flamingant, le sieur Liebaart, l'instituteur Rogge, qui avait fui, mais qui a pu être rattrappé à Orsmael. Le bouclier Van Wincke-len, fournisseur de l'armée allemande» a été coffré également. On n'a pu arrêter les nommés Baudewyn, Boegaert et Boute, qui se sont réfugiés en Hollande. ILS EMMENENT DES CIVILS Tout le long de la route, entre Louvain et Tirlemont, les « Barbares > ont pénétré dans les fermes, enlevant le bétail, les chevaux et obligeant les hommes à les accompagner jusqu'en Allemagne pour traîner leurs chariots. Ceux qui s'y refusaient durent partir sous ia menace du revolver. Des quinze hommes qui furent enlevés à Lubbelse, trois ne sont pas revenus, ils ont été massacrés par les Boches; un vieillard de soixante ans a été jeté à l'eau en arrivant en Allemagne. « Rien ne peut arrêter leurs cruautés; le nouveau régime comme l'ancien est toujours imprégné de barbarie, de sauvagerie, taohé do sang. A St-TROMD A Saint-Trond, les derniers Allemands sont partis jeudi,à 2 heures de l'après-midi,drapeaux et musique en tête. Ils ont traversé la villette ioutj parée pour recevoir les~ nôtres. Partout des écriteaux souhaitant la bienvenue aux Belges et aux Alliés et, chose curieuse, dans toutes ces localités amandes, les inscriptions en fran- ; çais sont plus nombreuses que celles rédigées en flamand. Ici ausfri, le brigandage a sévi. La soldatesque boche a pillé partout. Chez une pauvre vieille femme, vivant seule avec un petiit enfant, ils ont pénétré revolver au poing, volant absolument tout ce qui se trouvait dans la pauvre maisonnette, y compris une somme de six francs, tout ce que la maliieureuse possédait. Les premières troupes belges sont arrivées vendredi, caluéos par coûte la population. A ÏO^GRES Nous sommes arrivé a Tongre3 en même temps que M. Neven, le sympathique député, venant de Paris, dans une auto militaire. Immédiatement la nouvelle de sa rentrée fut connue et la population vint l'acclamer. Les Allemands, partis samedi, ont été remplacés dimanche par les troupes belges. Avant de quitter la ville, les c Boches » commirent encore des excès, pillant partout. Après le départ de l'aiimée allemande, la foule s'est ruée vers les habitations de ceux qui leur avaient .réservé un trop bienveillant aecuei] et les saccagèrent. A LIEGE LES ALLEMANDS SONT PARTIS. — LES TROUPES BELGES SONT REVENUES.— M A N ïv ESTAT 6 iî N S CONTRE LES 8Q-CHSS. — UN EtëOftT, DES BLSÎSSES. Liège, la. ville française par excellence do la Belgique, Liège qui la première subit le choc de l'armée du kaiser, Liège décorée de la Légion d'honneur, Liège l'Exubérante, est en fête depuis le jour de la signature de l'armistice. Toute la ville est pavoisée aux couleu-rs nationales, alliées et liégeoises, les. valeureux Liégeois sont tous dehors et manifestent bruyamment. •Les Allemands ont officiellement quitté la ville dimanche, à 2 heures de 1a.nuit, mais dans l'après-midi, quelques groupes de cavaliers ont encore passé dans la ville au grand trot poursuivis par la foule, huant les derniers « Boches ». Toute la journée l'animation a été extraordinaire et l'enthousiasme délirant; mais la population resta calme, les habitants devamt être rentrés à 7 heures. En attendant l'arrivée des troupes belges, le service d'ordre de la police fut renforcé par les corps de l'ancienne garde-civique. Lundi, l'arrêté pour la rentrée des habitants ayant été levé, des cortèges se formèrent dans la soirée, et allèrent saccager les maisons « boches » et celles des alfameurs. Un grand nombre de ces maisons ont été démolies de fond en comble; tout leur contenu fut jeté par les fenêtres : pianos, meubles, machines à écrire, marchandises vinrent s'écraser sur le sol. Les charcuteries, les boucheries souffrirent particulièrement. Mardi, dans la Journée et dans la soirée, les mêmes manifestations se .renouvelèrent. Au cours de ces scènes, il s'est produit plusieurs bagarres, les « embochés », assaillis, ont fait usage d'armes à leu. Un soldat français revenant de l'Allemagn* a été tué, un prisonnier anglais et un civil belgé ont été blessés. La police a dû à certains moments chargep sabre au clair e<t tirant à blanc. Mais rien n'arrêta la population et de notn? breux magasins, tenus par des affameurs, sont marqués d'une croix noire et subiront le même sort. J La police a procédé à plusieurs arrestations de pillards. Le parquet de Liège n'a procédé jusqu'ici à aucune arrestation, il n'a pas reçu d'instrm>. tiens et il attend qu'il lui soit donné connais' sance des nouvelles lois arrêtées au Havre et prévoyant les mesures à prendre contre ceuX qui ont traité avec l'ennemi. Les Allemands ont abandonné dans la gare des quantités de wagons dont un grand nomé bre sont remplis d'obus. Le personnel belge de la gare en a pris la garde. De même, aux quais, de« bateaux chargés de munitions sont gardés par la garde-civique, et le personnel du génie en fait l'inspection. Au Palais de Justice, on a trouvé en plusieurs endroits de la dynamite. Les premiers détachements des troupes bejtfes sont entrés à Liège mardi après-midi. Elies étaient composées d'un détachement du 2° lan.-* ciere. Nos soldats ont traversé avec peine la foula massée sur leur passage et qui leur réserva un accueil enthousiaste, délirant, dont l'ardeuc tcute particulière s'explique par le fait que 1q régiment était caserné au moment de la guerre à Liège. Des scènes émouvantes se produisirent. Les parents, les amis reconnaissent leurs fils, leurs camarades, et les soldats sont enlevés de leurô chevaux, embrassés, fleuris. Puis la foule les entoure, les questionne : — Où est le 12e ? — Le régiment reviendra-t-il 4 Liège t — Connaissez-vous X...? Et toute la soirée les mêmes scèiias touchai! tes se .renouvellent. Le gros des troupes belges, la 3° division est attendu pour aujourd'hui jeudi. Dans la valide de la iâambre [va 7iui/e correspondant au iront Urttanmque} Entre ivamur et Qiarieroi, vers Fosses el tioreiie, nous croisoub, sur ia rouie deioncée uintermmames coioimes qui marchent vers a &st, ei notamment, une bpienUide uivision, orgueil de l'a^nioe britannique. Dans la pluie line ae ce mor îe niuuu ue novemure, deux couleurs cnanieut et recnauifent ]'u*U : le knaki des uniiomies, le rose ues visages, resplendissants de santé. Ces grenadiers, ces Ecossais buni autant de beaux ath-ètes marchant d'un pas un peu lent, bien balancé, au son dos aires et des cornemuses, lis iraient ainsi, s#ns se îauguer, ju^quau oout du monde, ils traversent les riches villages de la ùanmre, d'un pittoresque soore, où la roche et les «a^ins vert? font des tohes de fond parfaites, aux ^«isont de pise décoreés- d'une façon délicieusement naïve, au moyen de drapeaux, de guirlandes de papier ou de verdure. A chaque instant, nous apercevons au bord de la roule des camions, des autos ou des canons, que les Boches ont dû abandonner, faute d'essence ou de chevaux. iout ce matériel en carafe dans les vai-ées ae la Sambre et de la Meuse, est l'image la plus éloquente de la débâcle allemande. On imagine aisément les proportions qu'aurait primes la « pagaille » dans ce couloir étroit pou/ peu que les opérations eussent continué. Premier arrêt à Châtelet. La population d s cette petite viiie industrielle, où Français et Allemands se disputèrent furieusement les pas* sages de la Sambre, a vécu durant ces ouatif annees d'occupation, avec l'intense soûvente ue ces 1 urcos, de ces Sénégalais, qui se ru£» rent avec une folle témérité, à l'assaut, fauchés par .es vozées des mitrailleuses innombrables, par les rafales d'obus. Nombre de soldats français sont restés cachés dans la région, durant quatre ans, vivant dans les bois de Gerpinnes en bûcherons, ravitaillés par la population. On a vécu aussi avec le souvenir des massacres de civils, que rien, qu'aucune révolution allemande ne pourra, ne doit faire oublier jamais. On cite les noms des habitants de Chatelet coK les au mur et fusillés, rendus responsables des combats que les arrière-gardes françaises, les tirailleurs embusqués dans les jardins ou le« (liaisons, livrèrent pendant la retraite. D'autres ne furent exécutés qu'à Laon, jusqu'où ils avaient été entraînés par l'armée des bruteé victorieuses. On n'oublie pas non plus les horreurs d'An-denne, de Tamlnes, de Dinant où des centaines de malhecreux, choisis au hasard, hommes, femmes, enfants, périrent sous les balles des fusils ou des mitrailleuses. Malheur à ceux qui, l'esprit obnubilé par le dogme d'une fraternité menteuse,, voudraient passer l'éopnga sur tout cela, et prêcher une réconciliation facile 1 Ils méconnaîtraient les puissances de sentiment Infiniment respectables et qui joueront en Belgique, plus que partout ailleurs, un rôle considérable. Dans ce pays, comme partout ailleurs, les Allemands faut-il le dire ? — ont tout pris, tout réquisitionné. Chez un notaire de Chatelet, 6,000 bouteilles de vin : pour qui connaît les bourgognes royaux des caves wallonnes, cela signifie quelque chose. Un fabricant de bascules industrielles m'a conté comment, ayant été réquisitionné par les Allemands pour contrôler le pesagè de la fonte saisie dans les usines 11 avait truqué la bascule de telle sorte que les Allemands perdaient 19 kilos pour cent. Quand il s'agit de livrer trois millions de kilos, cela fait une tare assez imposante. On sait que les Allemands, avant d'évacuer complètement le bassin de Charleroi, ont fait sauter en plusieurs endroits des trains de munitions. C'est ainsi que le village de Jamiouh-fut presque complètement rasé. A Dampremy, plus de quarante maisons ont été détruites et de nombreux civils tués ou blessés. Ailleurs, les Boches annoncèrent qu'ils allaient faire sauter un train d'obus à gaz Ea population terrorisée s'enfuit. Les Allemands en profitèrent pour piller les maisons laissées d l'abandon. Louis PIERARD. r —— II Le procés de Miss Cavell par Sadi KIRSCHEN l Suite) Les neuf dixièmes des accusés ne comprenaient pas un mot d'allemand ; Ils devinaient à la mimique et aux éclats de voix de l'orateur que leur affaire s'annonçait mal ; Us firent bonne contenance néanmoins quand l'in-prète leur traduisit les peines requises. Miss CaveM conserva son flegme Imperturbable ; M. Baucq paraissait atterré ; Mlle Thulier semblait avoir peine à comprendre la terrible réalité. La comtesse do Belleville avait l'atr-de penser à autre chose ; Liblez, très pâle, avait des gestes nerveux et saccadés, et Séve-rln clignait ses yeux de myope comme si la vision du peloton d'exécution s'était dressée (levant lui. Mme Crabbé s'était évanouie ; M. Hostelet faisait bonne contenance et analysait l'attitude des condamnés avec un sens de l'observation dont les notes qu'il rédigea par la suite montrent l'acuité et l'excitation clairvoyante.Nous nous étions ainsi partagé les accusés : M' Braun plaida pour la comtesse de Belle-ville et la princesse de Croy; M" Dorff défen-'dit Baucq, Capiau, Liblez, Hostelet, Cayron flls et les époux Crabbé. Je présentai la défense de miss Cavell, Séve-Tln, Ada Bodart, Derveau, Dernoustier, Cave-neel, Jolly, Heuze, Pansaers. M" Braffort, qui fit dans cette affaire un brillant début, plaida pour les autres accusés, sauf Mlle Thulier et la femme Dubuisson, qui furent défendues par un avocat allemand, botté et casqué. ■fr M0 Dorff parla le premier. Il s'attacha à démontrer que le patriotisme des populations dans les pays occupés détermine toujours chez elles l'initiative d'aider par des actes les hommes dont les agissements ont fait pièce à l'ennemi. Ce qu'on reproche aux accusés intérêt- _ sait peu l'armée allemande : le châtiment doit être proportionné à la faute, or, la faute, ici, ne fut pas un crime, ce fut un 6imple dommage. Il établit qu'il ne pouvait être question d'organisation. Il reprit ensuite chacune des accusations élevées contre ses clients, et s'attacha spécialement à la défense de Baucq, contré qui le témoignage d'un enfant ne pouvait être opérant. Le tribunal gardait une attitude impassible, mais il écoutait avec te. plus grande attention. * * Baucq 'était aussi poursuivi pour avoir distribué quantité de Libre Belgique; c'était la première affaire de cette nature qu'on allait juger. Nous craignions des exaspérations, à raison du ton de la Libre Belgique et de la haine qu'elle avait suscitée dans les milieux du Gouvernement général. M8 Dorff aborda ce petit côté du procès avec infiniment de finesse, en relatant un trait d'esprit de Frédéric-le-Grand : « Certain jour ae grand matin, dit-il, des courtisans vinrent prévenir Frédéric-Ie-Grand qu'on avait placardé sur les murs de Berlin des affiches injurieuses pour lui. Le sage et spirituel ami de Voltaire ne se fâchA nullement, contrairement à ce qu'avait espéré son entourage : il s'habilla pour aller voir lui-même ce qu'on disait de lui. Quand il eut lu le factum, Frédéric laissa tomber, à la stupéfaction de tous, les mots célèbres qui montrent à quel point il savait s'adapter aux nécessités du moment: « Quel dommage qu'on ait pla-» cardé ces affiches si haut, certains passants » auront des difAcuités pour les lire 1 ». Les courtisans, qui s'attendaient à le voir êdicter des mesures sévères, en furent pour leurs espérances.» Voilà comment il faut agir vis à vis de ses ennemis: Considérer les faits avec bonté, avec bonhomie, et fermer les yeux avec a propos. Vous vous montrerez dignes, messieurs, de votre grand Empereur. » Les juges sourirent et n'exagérèrent pas, en effet, l'importance de l'accusation» . -h»m * L'auditeur invita alors ceux des accusés que M® Dorff avait défendus à ajouter leurs observations M. Capiau, avec beaucoup de calme, fit remarquer eombien l'auditeur avait aggravé les charges qu'il pouvait soulever contre lui. Il s'éleva particulièrement contre le fait que miss Cavell aurait déclaré avoir reçu de lui mille francs. Interpellée sur ce point, miss Cavell, toujours maîtresse d'elle-même, répondit ; « J'ai fait erreur, en effet, mes souvenirs étaient confus; ils se précisent maintenant, et je déclare que ce n'est pas de M. Capiau que j'ai reçu les mille francs. » L'auditeur la brusqua en lui reprochant d'avoir menti. M. Capiau invoqna ensuite qu'il avait été, à raison de sa connaissance de l'allemand, l'interprète entre la koinmandantur de Mons et ks directions des charbonnages borains pour organiser la reprise du travail. L'auditeur lui demanda de citer ies noms des officiers avec lesquels il avait été en rapport, et note fut prise de ces noms avec un visible intérêt. M. Libiez avait préparé une note où il avait expliqué comment des Anglais, s'étant évadés de l'ambulance de Wihéries, dont il était secrétaire, il s'était efforcé, pour empêcher le personnel de l'ambulance et l'administration communale d'être mis en cause, de faire reprendre aux évadés le chemin de cette ambulance. Il n'y était pas parvenu, la population s'était émue, et il n'avait plus été dès lors préoccupé que de laire quitter la commune aux fugitifs devenus un danger public. Mais son émotion l'empêcha de développer comme il l'aurait voulu cette explication ingénieuse et vraisemblable» M. Baucq revint sur le témoignage de i'en-faut et rappela que lui aussi avait eu l'occasion de rendre service à des Allemands... M. Hostelet déclara que son rôle avait été passif, qu'il avait plutôt déconseillé qu'encouragé. Il savait quels dangers couraient les soldats égarés et avait hâte de leur faire prendre le chemin de la frontière* C'est frlnsj .qu'il avait été amené à verser les sommes que l'on sait» * * u L'excellente plaidoirie de mon confrère Dorff me dispensa de m'attarder en matière d'exor-de sur les considérations juridiques communes à tous les accusés dans cette affaire, qui n'était grande que par le nombre des inculpés, les exagérations de l'auditeur, les peines requises et les dimensions de la salle. Je m'efforçai d'établir qu'il n'y avait pas eu d'organisation, et que suivant l'esprit du droit pénal, chacun ayant agi séparément et pour son compte, ne devait répondre que de ses propres actes et non de ceux des autres. Il en résultait aussi que pour établir la culpabilité de chacun, les Juges ne devaient pas se servir de la môme mesure et de la môme règle : ils devaient tenir compte de la différence de mentalité en se souvenant qu'il y eut cependant un mobile commun ù tous: le patriotisme.Et à ce point de vue, ils devaient se dire aussi que si les lois allemandes du code de guerre sont à bon titre Impitoyables pour les soldats allemands, il était juste d'atténuer leur rigueur quand elles devaient s'appliquer aux populations civiles d'un pays occupé. Abordant alors le cas de Miss Cavell que l'auditeur désignait comme principal coupable, je demandai si pour juger cette femme, il n'eût pas fallu des psychologues plutôt que des Juges de profession. Des psychologues expliqueraient comment, possédée de l'esprit d'assistance auquel elle avait voué sa vie, il n'était pas possible qu'elle résistât au désir de *enir en aide aux soldats anglais, français et belges qu'elle avaît logés et cachés chez elle ou secourus de sa bourse. Elle a dit à l'audience: Je premier Anglais (lui s'est présenté à elle était un «oldat blessé, elle croyait le deuxième en danger de mort, parce qu'elle partageait au sujet de la loi allemande une erreur commune. Son premier mouvement devait être de soustraire ces deux cés, et pour cela il n'existait qu'un moyen : les mettre sur le chemin de la frontière ; une fois la frontière franchie, ils feraient ce qu'ils voudraient ; son rôle à elle était terminé. Elle n'a donc jamais songé, ainsi que le lui a reproché l'auditeur militaire, à avantager les troupes de l'Entente ou à désavantager les troupes allemandes ; or la loi exige que l'accusé ait « sciemment . voulu le faire pour qu'apparaisse ce crime en vertu duquel l'auditeur militaire réclame la peine de mort. Toute sa défense est là: peu lui importait, une fois les jeunes gens arrivés en Hollande, Qu'ils prissent ou ne prissent pas de service à l'armée. Ce serait & l'accusation de prouver que des personnes en âge et en état de porter les armes, se sont enrôlées à la suite des agissements de Miss Cavell ; or 11 n'est même pas établi qu'elle ait accompagné personnellement à la frontière aucun soldat ou aucun civil désireux de devenir soldat. j Dès lors, il ne peut y avoir au plus et subsi-dialrement .que tentative de trahison de guerre. Et maintenant, dis-je. Je me demande si Miss Cavell n'a pas exagéré quand elle vous a parlé du nombre des Jeunes gens qu'elle a dirigés sur la frontière... Il y.a quelques semaines, a comparu devant un autre conseil de gueirrf: le nommé Baudewyns, qui, à l'Instruction et à l'audience, avait soutenu avoir fait passer en Hollande huit cents jeunes gens. Après que l'auditeur militaire eût requis la peine de mort, Baudewyns désemparé, car il ne s'attendait à rien de semblable, se prit à pleurer et jura que le nombre des jeunes gens n'avait Jamais atteint le nombre de cent: s'il avait exagéré, c'était dans l'espoir que le gouvernement belge lui tiendrait compte des services rendus, lorsqu'après la guerre, il récompenserait ceux qui se seraient dévoués pour ta Belgique. Qu'arriva-t-il 7 C'est que les Juges, émus de cette scène, signèrent eux-mêmes un rscours en gr&ce et obtinrent nne commutation en travaux forcés & perpétuité. Qui nous J&-SS8__£S3SlîSS8tt. t». patriotisme n'a pat produit chez Miss Cavell un effet semblable à celui que l'appât des récompenses a causé chez Baudewyns 7 St j'avais eu le dossier de Miss Cavell entre les mains, si J'avais pu causer avec elle avant cette audience, peut-être serais-je édifié à ce sujet ; mais hélas I cï n'est pas dans la plénitude des droits de la défense que je me suis constitué ici son avocat. Je garde cependant cette pensée consolante, que le tribunal ne voudra pas, ayant affairé â une femme, se montrer plus sévère que ne l'ont été envers Baudewyns, d'autres Juges allemands. En péroraison, Je déniai au tribunal le droit de condamner à mort une infirmière ; Jé l'adjurai de songer que la vie do cette femme appartenait aux malades et aux blessés, que plus d'un soldat allemand recueilli au début de la guerre dans son ambulance, lui devait peut-être la vie ! Si une condajrmation devait intervenir ce ne pouvait être qu'une condamnation pour tentative de trahison et non pour trahison consommée. Une telle peine suffit et doit rendre Miss Caveil inoffensive Jusqu'à la fin de la guerre. * ♦ * Paaidant alors pour Mme BodârE, J'Insistai sur le fait que la plupart des Jeunes gens qu'elle avait logés l'avaient quittée d'eux-mêmes. Elle a. agi par compassion et aussi par patriotisme: elle a dit modestement (i l'audience que le patriotisme n'était jpas un défaut. t; Même, si elle avait conduit à la frontière cinquante Jeunes gens, elle n'aurait Jamal9 commis que la moitié du délit qu'a commis M Baudewyns en faveur de qui les juges ont signé un recours en grâce. Peut-on parce qu'elle, a aidé sa compatriote Miss Cavell, dont l'état bllsseonent, était eaicombré, réclamer, sa naprtt f v u - I \f * i TiaisBta.

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