Le soir

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24 November 1918
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82* ANNEE SM^ÀNCHTE 21 : NWVEIKrBRE ESèSS. ÉDITION AD Le numéro provisoirement : lO centime NO7 LE SOIR a étû particulièrement frappé par les Allemands, qui il ont enlevé la presque totalité du son matériel. Des 80 bons du réquisition qu'il a ou devrait avoir « n sa possession, un seul constate Pynièvomént de près dé 50 motcui'é éiectrlques; 'autres de 200,000 kiios du papier, qui ont été |iri.i j our dire livrés us journaux censurés. Nous paraîtrons donc jusqu'à nouvel ordre vue des moyens de fortune. Nos lecteurs nous excuseront. l)es machi-es, yn outillage complot out été von»mandés il y a six mois aux Etats-ilis.et nous permettront de paraître bientôt dans des conditions meil- lures que celles de 1914. Les abonnements sont provisoirement suspendus, l'ennemi nous yaut enlevé nos approvisionnements. Us seront rétablis sous peu, otre papier arrivant à la suite de l'armée. Nous déduirons iïu prix a 1'ahnnnnmnnr, nouveau la valeur fins mnfa nnn servis en 191-1. LE SOIR - - > « pvuica ugnes. i.of Toute ligne en plus o.*5 Toutes autres rubriques ou annonces commerciales „ * o 60 Faits Dlvera (I" partie) e'00 — (2»« partie) — 5 00 — (3»« partie) _ 400 Sport et Réparations judiciaires . __ 3*Q(- Néerologies — a!w Réclames avant les annonces.... _ 2'00 Théâtres et Spectacles qqq Télépll. : Annonces: A 591 — Administ. : A <738 — X£a.*jL 196 et A 3548 Rédaction et Administration : 23, Place de Louvain, Eruxelle», Koux êdiUnnx 1 AS! à 3 II .1 n à « h La Confiance en soi-Mm Nous parlons souvent de «l'école de l'adversité». C'est là un cliché des plus courants. Dans l'adversité, en effet, les sentiments sont comme passés au crible et les grands cœurs distingués des petits; mais l'énergie humaine aussi y subit l'épreuve décisive. C'est dans le malheur surtout que Thon—e peut manifester toute sa puissance, toute sa valeur. Quand tout'semble perdu, c'est l'heure des grandes âmes ! Nous venons, en tant que peuple, d'avoir notre heure critique et glorieuse. Au sortir de la. terrible calamité qui s'était abattue sur elle, la Belgique se trouve grandie moralement, et jamais l'honneur de notre nom ne lut plus pur qu'en ce moment. Mais abstraction faite de cette couronne enviable dont voici notre front est orné, plus d'ur avantage précieux est résulté pour nous de la leçon douloureuse des événements à peine révolus. Et d'abord celui de mieux nous connaître nous-mêmes. Oui, nous avons pris conscience de ce dont nous sommes capables; nous avons pris conscience de nos forces et haussé notre idéal. * & Il n'est pas de plus heureuse disposition d'esprit, pour une nation comme pour un individu,]! n'en est pas non plus de plus féconde, que cette confiance en soi-même, grâce à laquelle les raisons de vivre d'une belle vie apparaissent plus claires et les moyens de le faire plus proches et plus faciles. La force magnétique qui résulte d'un tel état d'âme et s'exerce à l'égard de la destinée n'est pas moindre que celle du succès. En effet, on l'a justement dit, le succès attire le succès, comme l'argent attire l'argent. Pareillement les portes s'ouvrent toutes grandes devant celui qui se fie à lui-même. «Est-il heureux?» demandait Mazarin, avant d'accorder à quelqu'un quelque charge ou quelque mission. Superstition d'Italien, ou de joueur?... Peut-être. Cependant, ce mot « être heureux » ne faut-il pas l'entendre dans le sens d'avoir à la fois un esprit apte à préparer et à diriger ses entreprises et un caractère assez fort pour maîtriser la fortune au lieu de se sournettre aveuglément à ses caprices? Quoi qu'il en soit, on ne peut nier la force entraînante du succès. * * Celle que nous confère la confiance en nous-mêmes ne lui est pas inférieure : si toutefois il ne s'agit pas d'une seule et même chose considérée dans sa cause et dans ses effets. Et il va sans dire qu'il ne faut pas confondre cette confiance dont je parle avec une opinion trop avantageuse de soi, qui n'est que présomption vaine. Mais quand nous croyons en nous, en cette puissance innêj que nous sentons s'agiter en notre poitrine, alors nous sommes capables de devenir vraiment forts et de dominer. Nous pourrons même enchaîner la Fortune, parce que nous serons à même de nous soumettre les causes et les effets, qui sont comme les chanceliers de cette reine capricieuse. Car le secret de la Chance n'est-ce pas, peut-être, la joie féconde dont s'emplit le cœur de ceux qui ont foi en leur génie? « & & Cette intuition de notre valeur morale, source de pensée et d'action, combien souvent elle nous a fait défaut depuis ce bref sursaut d'énergie qui, en 1830, nous avait fait conquérir une existence propre ! La jouissance d'une liberté politique trop longtemps attendue nous avait grisés, tandis que les facilités toujours croissantes de la vie matérielle endormaient nos forces vives. Nous acceptions de toutes les mains le bien-être, la richesse, les plaisirs. Toujours actifs, certes, laborieux, nous paraissions sans souci d'être nous-mêmes, d'être des créateurs. Où trouverait-on trace de ces vues larges et hardies, de ces desseins audacieux auxquels notre génie propre aurait pu donner l'essor? «Petit pays, petits esprits», répétaient parfois quelques-uns d'entre nous aux heures où les écœurait plus particulièrement notre manque d'enthousiasme. N'v a-t-il pas déià plus d'un demi-siècle que Baudelaire notait ironiquement, comme la vertu belge la plus désirée, cette «conformité», laquelle prend justement en aversion ceux qui se fient â eux-mêmes? On n'en finirait pas s'il fallait énumérer voûtes les ocoasions dans lesquelles, au cours de notre histoire contemporaine, s'est trahie cette absence de conscience claire et Hère de ce que nous valons. Mais il n'est pas d'exemple plus frappant, je crois, que lin-différence publique au milieu de laquelle s'élabora l'œuvre coloniale à laquelle un roi clairvôyant avait voué son intelligence et ses efforts. A moins que ce ne soit celui de notre incurie dédaigneuse et coupable en ce qui concernait notre défense nationale. Et, justement, on a pu établir naguère combien a été important le rôle économique de 1 Belgique africaine-dans la guerre mondiale; et, pour ce qui est du poids dont notre résistance militaire, si vaillante, si spontanée a pesé dans la balance des combats, il a été considérable, on le sait assez. Ainsi donc les événements nous ont, encore un coup, révélés à nous-mêmes. De loin en loin, une fois par siècle, peut-être, ce phénomène moral se produit : le dieu qui est «n nous et que nous avions oublié se manifeste tout à coup. Gardons-nous de le méconnaître. Honorons-le comme il convient pour qu'il élève nos cœurs, éclaire nos desseins, soutienne nos volontés. Jamais, sans doute, à aucune époque encore, nous n'avions eu plus de raisons de vivre d'une vie plus ardente et plus noble qu'aujourd'hui qu'il nous est permis de re-cnercher non plus seulement notre sécurité et notre prospérité, mais encore toute la vérité, toute la beauté, toute la justice. Tous les domaines sont ouverts à nos activités régénérées, conscientes et confiantes; et le monde tourne ves nous ses regards sympathiques. Ne trompons pas son attente. A Bruges, dans une des salles de l'antique Jlotel des sires de la Gruuthuus, qui penche son visage mélancolique sur les eaux lentes de la Reye, on peut lire cette devise : «Plus est en toy». Je voudrais qu'elle pût devenir celle de notre jeunesse, rappelant à chacun, jusqu'au plus humble, qu il peut et doit sans cesse s'efforcer de réaliser tout ce qu'il porte en lui, en puissance, de grand, de noble ou simplement d'humain. PHORMIS. Le Koaveau Gouvernement Le Moniteur a pu paraître ce matin samedi, à son heure régulière ; les Allemands ayant publié jusqu'au derfîler jour, dans ses ateliers, leur « Bulletin officiel des lois et arrêtés », tout s'y est retrouvé intact ou à peu près, à part la saleté traditionnelle de tout ce qui Le numéro de ce jour publie les arrêtés concernant les modifications ministérielles. porte la trac ; du passage boche. Dans un premier arrêté, M. Léon Delacroix est nommé ministre des finances. Un deuxième arrêté accepte la démission des membres du cabinet Cooreman. Un troisième crée le ministère de l'agriculture, « auquel sont rattachées toutes les attributions concernant l'agriculture, lesquelles sont détachées du ministère de l'agriculture et des travaux publics, qui prendra la dénomination de ministère des travaux publics. » Un quatrième arrêté est ainsi conçu : « Les attributions et services concernant le ravitaillement des populations civiles dépendant actuellement des ministères de l'intérieur, des affaires économiques et de l'intendance civile et militaire, sont transférées au ministère de l'industrie et du travail qui prendra là dénomination de ministère de l'industrie, du travail et du ravitaillement. » Cinquième arrêté : « Article 1°'. — Le ministère de l'intendance civile et militaire est supprimé.» Art. 2. — Les attributions de ce ministère font retour aux départements ministériels auxquels elles étaient rattachées, avant Nos arrêtés du 17 février 1916, du 4 août 1917 et du 1er janvier 1918, ainsi que par l'accord intervenu entre les ministres de la guerre et de l'intendance, le 4 décembre 1917. Les arrêtés suivants désignent les nouveaux ministres : M. Vandervelde, ministre de la justice ; M. Paul Hymans, ministre des affaires étrangères ; M. de Broqueville, ministre de l'intérieur ; M. Harmignie, ministre des sciences et arts ; M. Albert Ruzette, ministre de l'agriculture ; M. Edouard Anseele, ministre des travaux publics : M. Joseph Wauters, ministre de l'industrie du travail et du ravitaillement ; M. Jules Renlrin, ministre des chemins de fer, marine, postes et télégraphe ; M. Louis Franck, ministre des colonies ; M. Fulgence Masson, ministre de la défense nationale ; M. Henri Jaspar, ministre des affaires économiques. Les nouveaux ministres d'Etat MM. Henry Carton de Wiart, Paul Segers, Aloïs Van de Vyvere, Ernest Solvay, Michel Levie, Adolphe Max, Emile Franqui et Paul Van Hoegaerden sont nommés ministres d'Etat. M. Cooreman grand-cordon « Voulant reconnaître les services rendus par M. Gérard Cooreman, ministre d'Etat », le Roi vient de conférer le Grand Cordon de l'ordre de Léopold à l'ancien président de la Chambre. II u]3> PETITE GAZETTE La présidence de la Chambra Un groupe nombreux da droitiers et de gauchers se disposent à offrir la présidence de la Chambre à M. Henry Carton de Wiart, un de nos nouveaux ministres d'Etat. MM. Bertrand et Théodor seraient appelés à deux des vice-présidences. Dans la Corps diplomatique. Le marquis Carignani. ministre d'Italie, et M. Djurara, ministre de Roumanie, nous prient de dire qu'ils ont été empêchés, par une panno d'auto, d'arriver à temps, hier, pour assister à la séance royale des Chambres réunies. M. Vandervelde ministre des cultss. Une des choses curieusts dues à l'Union sacrée : C'est M. Vandervelde qui a désormais les cultes dans ses attributions. .Notre « Premier ». En vertu d'une décision prise en conseil, M. Delacroix, qui a été chargé de former le Cabinet, prendra ie titre de «premier ministre ». Le cabinet du - Premier ». M. Delacroix a prié le chevalier Ernst, chef de cabinet du département de la justice depuis de longues années, d'occuper le&Jonctions de chef de cabinet du « premier ministre ». Nous manquerions à la vérité si nous ne disions que M. Delacroix a eu la main heureuse, en l'occurrence. Petit-fils et fils de jurisconsultes émi-nents, M. Ernst est une des personnalités le» plus distinguées — disons même une - autorité » — du département de la justice. L'institut royal de Messines. Sur la proposition de M. Carton de Wiart, l'Institut royal de Messines, actuellement établi en France, sera établi provisoirement — un provisoire qui pourra durer quelque temps, tant Messines a été » cochonné » par les Allemands — au camp d'internement d'Adinkerke. Un conseil d'Etat H est dès à présent acquis que, parmi les tâches assumées par le nouveau ministère, figure la création d'un conseil d'Etat. Lan3 3a magistrature Il est certain que le projet de loi relatif à la réduction du nombre des magistrats sera soumis à la prochaine législature. Le ravitaillement national M. Wauters a pris, dès ce matin samedi, possession du nouveau département du ravitaillement. [1 a installé ses bureaux, en ce qui concerne celte partie spéciale de ses attributions, à l'Hôtel de France, rue Royale. Les bureaux do l'industrie et iu travail restent établis rue Lainbermont. Nos députés ci Gcnateurs. Au cours de cette guerre, vingt membres :1e la Chambre ont passé de vie à trépas, — iix catho'iques, quatre socialistes, cinq libéraux et un démocrate-chrétien, à savoir : VIM. Bôval, suppléants MM. Renard; Koycis — Houtart; Davignon, — Ru-tien ; de Lalieux,— Terlinden ; Heynen, — Braffort; Nerincx, — FieUllien ; Schollaert, — C.aeiuwaerts ; V erh aegen, — Pussenier ; Bastien, — Dental; Caeluwaert,— V.Ernest; Cavrot, — Souplet; Em. Royer, — I>efa,u>.; F. Delvaux, — Vekemans; L.Huysmans,— Robyn; G. Lorand, — Rahlenbeek; VanDamme, — Van Canteren ; Warocqué, — Vilain; M. Pierre Daens a comme sup<>. éant l'akti-viste Plancquacrt, fugitif. Il faudra donc une nouvelle élection à Alost, comme à Rou-lers, ou MM. Delbeke et Van Merris sont décédés ainsi que leurs suppléants. Au Sénat, treize membres ont disparu au cours de la guerre; ce sont : MM. Jules Van den Peereboom et Meyers, sénateurs provinciaux ; MM. Mesens, suppléants MM. Orban de Xi-vry; Cal t eau, — Behaeghel; Leclef, — baron Cogels; de Ramais, — Vercruysse; Briart, —4 ' De Meester. de ISève, — Schellekens; Van Naemen, — ClJdo L'ergeyck; Rnepsaet, — VtedeGheUinck; deSavoye, — WVilain X1HI; Stiéuon du Pré,— . De Bruycker; \Vernr de Mérode, Thiébaut; Fraeys de Vreubeke, Landas; Vanderkelen — Swinnen; Vandewalle, — Oaliens; Piret-Gob'et. Dryon; Edm. Steurs, Croquet; Ncjman, Demerbes. Nos m n stèras. La mise eu train des nouveaux départements ministériels ne sera guère chose facile. Dans les locaux, tout est dans un état abominable. Il n'y a vraiment nulle part une place que l'on puisse occuper décemment. Nos ministres, pour la plupart, ont installé provisoirement leurs cabinets dans leurs demeures privée s. Nous n'étonnerons personne en ajoutant que la commission d'enquêtes sur les atteintes du Droit des gens sera incessamment reconstituée, afin de procéder à un examen des dégâts commis dans les divers ministères. Le Roi chez M- Erae-sî Selxay.. Vers 6 heures, vendredi soir, le Roi s'est rendu chez M. Emest Solvay, en compagnie de M* Delacroix, chef du cabinet. Il avait tenu/a remercier personnellement l'éminent philanthrope, dont on ne saurait assez louer l'action généreuse au cours de ces quatre années de guerre. Une adresse du V/sHernsfon^s au Roi. Le comité du Willemsfonds, que préside notre confrère M. Julius Hoste, vient de faire remettre au Roi l'adresse suivante : Le « Willemsfonds » de Bruxelles a chargé les soussignés d'exprimer à Sa Majesté, à l'occasion de son entrée triomphale dans la capitale, les sentiments d'admiration et d'attachement qui animent tous les Belges. Sous la direction éclairée de notre Souverain, notre pays se prépare à un nouvel avenir, ciui sera scellé par l'union intime de tous ses fils. La réédification de la Belgique trouvera réunis, dans une entente fraternelle, Flamands et Wallons, en vue d'assurer à la patrie commune des destinées nouvelles dans le domaine intellectuel et social. Nos héros. Par une attention délicate et que chacun appréciera, quatre fauteuils avaient été places à la Chambre, à droite du bureau présidentiel, pour la séance royale, c'est-à-dire à droite du Roi. Ils étaient destinés au cardinal Mercier, au général Léman, à MM. Adolphe Max et Ernest Solvay, qui s'y trouvaient côte à côte. La dernière offensive. Le Roi, dans le discours du Trône, décrit ainsi ce dernier effort de l'armée belge : Le 28 septembre, à l'aube, tendant toute son énergie, elle bondit à l'assaut des lignes ennemies, et, d'un «eul mais irrésistible et sublime élan, conquiert la crête de» Flandres, qui avait jusqu'alors défié les attaques des troupes les plus valeureuses. Un de nos amis, qui eut le privilège d'assister comme officier à cette attaque, nous disait»: « L'armée s'y prépara avec un véritable «enti ment religieux du devoir. Chacun se détermina à donner tout ce qu'il pouvait, absolument tout. On, ne savait pas quel serait le résultat, mais on était décidé aux suprêmes sacrifices. Il se fit une sélection complète des bons éléments, laissant de côté ses quelques soldats faibles qui disparaissent dans le premier trou d'obus dès que i'oiricier ne les regarde plus. On partit à la mort. On perdit beaucoup ie gradés. Ce fut une offensive d'officiers et de bons soldats. >» Humour populaire. Le «populo» bruxellois trouve parfois uoyen d'exprimer sa verve» satirique d'une manière, vraiment pittoresque. Ainsi, au coin c(e la rue des Quatre-Fils-kymond, quelques loustics du quartier ent onfectionné un fantoche à la ressemblante le l'ex-Kaiser : suspendu à un poteau et maintenu horizontalement par des cordes, il 2st revêtu de la tunique gris de fer, du traditionnel casque à pointe et couvert des insignes des a boehèvistes >•. Dans le dos on lui a fiché uné^hélice rudi-mentaire, et le poteau, qui indique par une [lèche «Frontière de Hollande», porte cet Dcriteau lapidaire. Nouvel aéro-hélice 7ou-tral. Gas très pauvre, 1,500 kilom. à l'heure. » Il est des humoristes qui n'eussent pas trouvé mieux ! La tournés Adolphe Max. La médaille qui sera vendue au cours de la «journée Adolphe Max» est due au sculpteur Godefrold Dcvreese, et, une fois de plu», le maitre-médailleur s'est surpassé. A l'avers, la tôte d'Adolphe Max, superbe, de ressemblance et de caractère; au revers, un coq (ie Courage), tenant en son bec une balance (la. Justice), dressé sur une miche de pain (la Charité). Les frères Fonson l'pht éditée avec leur habituel souci d'art. C'est une belle médaille. Chacun voudra la posséder. Dss'soï-l-ers s, v, p. Des centaines de prisonniers anglais arrivent journellement à pied des camps alle-•mands. La plupart n'ont pjus que des souliers informes, déchirées, laissant entrer l'eau et la boue; les chaussettes n'existent plus qu'à l'état de souvenirs, et bien des pieds sont en sangl Tous ces malheureux prisonniers qui ont souffert, et souffrent cncQre, n'aspirent qu'à retourner en Angleterre, mais ils doivent encore marcher jusqu'à Gand. On les nourrit, on les habille, mais il n'y a plus ni souliers ni chaussettes à leur donner. Aussi c'est avec reconnaissance que le Comité de secours, 17, rue du Chêne, à Bruxelles (local de l'AUdance), recevrait souliers, bas et chaussettes. L'Union nationale M. Vandervelde prend possession du Ministère de la Justice M. Oar;oa de Wiart a présenté, ce matin, M. Emile Vandervelde, le nouveau titulaire du portefeuille de la Justice, aux fonctionnaires de ce département. M ancien ministre et le nouveau ont pris la parole et rien n'attestera mieux la volonté de tous d'uuir les bonnes volontés pour la reconstitution du pays que le contexte de leurs discours. Je souhaite la bienvenue à mon ami Vandervelde, a dit tout (i'abord M. Henry Carton de Wiart. Lorsqu'il y a sept ans j'ai pris la direction de ce ministère j'avais rj,i^n.iniont très profond de l'éuormité .'e la t;iche <^ui aillait m'incomber. J'avais l'impression qu'elle exigeait Xpe la lerniité et de la mansué.ude. Et les mojens me laissaient quelque {jeu perplexe. \iais j ai trouvé près des fonctionnaires du Départr-meijt, une collaboration à laquelle je ne saurais ass z rendre li >mniage. Leur réputation était excellente; ehd . L'-jr'J PQrt* garant, plus que jurdtiée. 1er. remercie uevant vous et qu'il me 6oit permis aussi de les féliciter d'avoir contribué comme ils l'ont fait au maintien de la dignité nationale. Parmi eux, il y a eu des martyrs, des morts, des blessés, des prisonniers qui ont beaucoup souffert. J'ai l'assurance,mon cher Vandervelde que vous aurez à cœur de récompenser ceux qui ce sont bien conduits, comme vous saurez avoir Ja fermeté nécessaire pour ceux qui auraient fauté, f M. Carton de Wiart énumère les projets importants élaborés avec la collaboration de ses fonctionnaires et il ajoute : Vous avez, mon cher ami, une expérience des hommes et des choses, une science de la socio'ogie que chacun connaît. Vous avez collaboré essentiellement à ces mesures contre l'alcoolisme qui seront le plus grand honneur du gouvernement du Havre. J'ai confiance que voua ferez ici de la bonne besogne. Dans la mesure modeste où je le pourrais tout mon appui, foute ma sympathie seront acquis à vos efforts. M. Carton de Wiart, ayant présenté nominativement les fonctionnaires au nouveau ministre. M. Vandervelde prend la parole en ces termes: Autant que mon ami Carton de Wiart, je ressens, en assumant fa redoutable charge qui vient de m'ètre confiée, combien elle est lourde. JD'autant plus lourde que je ne vous apporte qu'une volonté ferme de réformes, qui est, en même temps, une bonne volonté. Ni mes études spéciales, ni mon expérience professionnelle ne me préparaient ce rôle que j'aurai à remplir. Si je succède à mes prédécesseurs, j'aurai peine à les remplacer. C étaient de* amis,Lejeune, Jules Ecnkin,LéonLc Lants-lieere, Carton de Wiart. Mais je puis compter sur l'amitié de mon prédécesseur, et je compte aussi sur son concours.Des réformes «'imposent qui apporteront des changements vitaux à l'organisation delà justice, à la réorganisation judiciaire et de la bienfaisance notamment. Nous allons nous mettre à la tâche tout de suite avec le désir de bien faire. Mon cher Carton, si nous étions des adversaires politique jusqu'ici, nous aron« toujours été des amis personnels.Nous nous trouvons associés aujourd'hui à une cause qui nous est chère entre tous : la rénovation de la Belgique. Je compte sur vous. * Après quelques parole de M. De Rode, secrétaire-général du département, M. Vandervelde a pris aussitôt possession de son cabinet. Une visile gy Théâ-rè du Parc ei asi Cercle artistique Depuis quatre ans, le Parc et les bâtiments des ministères formaient un îlot dont les Allemands gardaient soigneusement les abords. (Juelie noire cuisine entretenaient-ils en cet endroit? Quel étrange sabbat y menaient-ils 7 Mystère. Nous nous doutions qu'il y avait là des « Soldatenheime », des cantines; nous savions que le Cercle artistique était transformé en lieu de réunions pour militaires; q ue l'on jouait au théâtre du Parc des pièces du répertoire alleman-d. Nous avons eu la curiosité de voir l'endroit où ces choses s'étaient passées et les traces qui en restaient. Guidé par M. Reding, nous avons pénétré dans le théâtre du Parc, non sans quelque appréhension. Dieu, qu'allons-nous rencontrer? Nous voici d'abord dans le foyer des acteurs. Nous nous étions effrayé à tort : il n'y a rien, il n'y a plus de meubles, à moins que nous ne dési.'^vons sors ce terme une table boiteuse et un canapé dont le tissu montre la corde. Au mur, un écriteau indique l'heure des répétitions. A 10 heures, «Zum v/eiss Rœssl»; à 4 heures, «Erailia Gallotti», et, plus bas encore, un seul mot significatif; «Aus!», annonçant le déport, la" fuite. Nous montons sur la scène. Le plancher est sale. Tout est sale. La saleté est la caractéristique des endroits où-les Allemands ont pénétré, ruan-d ils n'ont rien détruit. La salle nous apparaît enccro belle. Seuls les fauteuils sont un peu fànés. Les loges d'avant-scène ont ét>é dépouillées de leurs .tentures. Les trois loges de face du premier rang ont été transformées en une seule loge, qui était celle du gouverneur. Nous quittons la sall^ et nous gagnons, par un escalier de service, le bureau directorial. Quel tableau ! Tout y est d'une saleté repoussante. Sur la table no?:s remarquons les reliefs d'un repas; sur une assiette, des morceaux de hareng; dans une autre, des débris de légumes marinent dans une sauce innommable. D'autres pièces sont encombrées de vieux papiers, accumulés en tas et mêlés à des ordures de tout genre. Nous parcourons successivement les loges des artistes, jadis élégantes et mises à neuf à la veille même de la guerre. Là encore une malpropreté sordide. Sur les armoires -blanches traînent des pots à pommade et à maquillage; tout est taché et souillé. Nous demandons à M. Reding, le directeur du théâtre du Parc, ce qu'il pense de cet état de choses, Nous le croyions consterné. Nous le voybns sourire. Il y a moyen de réparer, et- promptement. Si la Ville veut lui prêter son aide, il ne désespère pas.de rouvrir le théâtre vers le Nouvel An. Un nettoyage énergique, quelques couches de couleur, cela suffira. Les chaudières qui assurent le chauffage sont intactes. C'est là la grande affaire. Puis, il y a encore la question des décors. Il n'y en a plus : ils ont été brûlés, déchirés. On en fera de nouveaux au fur et à .mesure des créations Le théâtre possédera ainsi un matériel tout neuf. M. Reding a pleine confiance. Il songe déjà aux engagements qu'il conclura. Il compte 1 sur une interprète sympathique entre toutes, Mu® De Cléry, la fille du baryton de la Monnaie, qui a joué sur les théâtres du front et a obtenu un succès enthousiaste. Nous sortons du théâtre et nous entrons au Cercle artistique. La malpropreté allemande a passé là et rateaô;'das traces plue répugnantes si possible. La petite salle d'exposition fait penser à une cuisine sordide ou, plutôt, ^au «buen retiro», caractéristique des brasseries munichoises. Près du grand orgue on avait installé une cantine. Le plancher est rongé par la moisissure et l'humidité. Des xafards s'agitent sur les murs et sur le parquet. Partout un désordre indescriptible. On se croirait dans un magasin d'accessoires plutôt que dans un endroit qui fut avant la guerre le lieu élégant de réunion de la bourgeoisie et des artistes bruxellois. Nous abrégeons cette description de crainte de nous répéter, La malpropreté, une malpropreté répugnante, se rencontre à chaque pas. Là aussi il faudra nettoyer à grandes eaux et passer à la couleur fraîche. Cela fait, on pourra songer à rouvrir le Cercle, et on l'espère pour un temps plutôt prochain, la seconde quinzaine du mois de décembre. .. ...■■■ \nr3CSa9 $ L'entrée des troupes anglaises à Charleroi [De notre correspondantparticulùr) Les troupes anglaises ont fait leur entrée mercredi, à midi, à Charleroi, au milieu d'une foule enthousiaste. Le défilé de* régiments de la 4® division du VI° corps d'armée, commandée par le général Rawlinson, a été superbe. Il a duré plus d'une heure et demie. Une réception a eu lieu après à l'Hôtel de Ville, où M. le bourgmestre Devreux a salué les vainqueurs et rendu hommage à tous les alliés. Le général Rawlinson a remercié au nom des troupes britanniques, et a félicité la vaillante armée belge. Le major Van Tielt, des carabiniers, a répondu à ce discours. Au lunch, auquel assistaient tous les oliciers de l'état-major, ainsi qu'un officier français, on a bu aussi àla France et l'orchestre a exécuté les hymnes nationaux des pays alliés. On »'ést ensuite répandu en ville où la musique de la garde anglaise a donné un concert. Les copiions ie l'armistice Voici le texte complet des conditions de l'armistice, signé ^e 11 novembre, à 5 heures du matin, par les délégués allemands et les représentants des Alliés. A. SUR LE FRONT D'OCCIDBIfT I. Cessation des hostilités, sur terre et /tans les alra six heures après la signature de l'armistice. II. Evacuation immédiate des pays envahis : BeleJ. Que, Franco, Luxembourg, ainsi que l"Alsace-Lor-ramc, réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice.Les troupes allemandes qui n'auront pas évacué lëa territoires prévus dans les délais fixés seront faite» prisonnières do guerre. L'occupation par l'onsemble des troupes alliées el des Etats-Unis suivra, dans ces pay^ la marche de 1 évacuation. ' ç Tous les mouvements d'évacuation ou d'occupation sont réglés par la note-annexe n* 1, arrêtée au nia ment de la signature de l'armistice. III. Rapatriement, commençant immédiatement et devant être terminé dans un délai do quinze jours, (le tou3 les habitants des pays énuinérés si.dossus (y compris les otages et les prévenus ou condamnés) IV Abandon par les armées alleman/tea du matâî riel do guerre suivant, en bon état): oc'2rtnCa"?ns-!,i'on^ 2,500 lourds et 2,500 île campagne) 25.000 mitrailleuses; 3,000 minenwerfers ; L700 avions de chasse et de bombardement. Kn premier lieu tous les D 7 et tous les avion» A* bombardement de nuit, à livrer sur place aux troC; pes des alliés et aes Etats-Unis dans les condition» de détail fixées par la note-annexo n' 1, arrêtée au moment de la signature de l'armistice v. Evacuation des pays de la rive gauche du- Rhin par les armées allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administres par les autorités locales, sous lo contrôle dee troupes d occupation des Alliés et les Etats-Unis Les-troupes des Alliés et des Etats-Unis assureront 1 occupation de ces pays par des garnisons te» liant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Ooblentz, Cologne), avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon sur la rive droite - et des garnisons tenant également des points stratégiques de la région. Une zone neutre sera réservée sur la rive droit* du Kflin entre le flonve et une ligne tracée parallèlement aux têtes de pont et au fleuve, et h 10 kilo-m otre ri de distance depuis la frontière de Hollande jusnu a la frontière de la Suisse. L'évacuation par l'ennemi des pays du Rhin 'rive gauche et rive droite) sera réglée do façon à êtr4 réalisée dans nn délai de seize nouveaux jours soi* trente et un jours après la signature de l'armistice^ tous les mouvements d'évacuation ou d'occupatior seront réglés par la note annexe n* 1, arrêtée a* moment de la signature de l'armistice. VI. Dans tous le3 territoires évacués par l'ennemi toute évacuation des habitants sera interdite; il ne sera apporté aucnn dommage ou préjudice à l'a per, sonne on ù. la propriété des habitants. Personne re sera poursuivi pour délits de participation des mesures de guerre antérieures a lu signature do l'armistice. Il ne sera fait anenne destructior d'aucune sirte. ..Les installations militaires de toule nature sc-vnt - livrées^ intactes; de même les approvisionnements militaires, vivres, munitions, équiperten*-:, qui n'auront pas été emportés dans les dé' is évacuation n-es. Les dépôts de vivres de toute natv.e pour «a population civile, bétail, etc., devront "êtr . laissés sur place. Il ne sera pris aucune mesure génr.-ale ou «.-ordre officiel ayant pour conséoncnce une déprêeiat.'-ïn des établissements industriels ou une réduction dan» leur personnel. VII. Les voies et moyens de communicat^n de toute nature, voies ferrées, voies navigables, - ontes ponts, télégraphe, téléphone, ne devront être T'objet d aucune détérioration. Tout le personnel rivil et militair «actuellement utilisé y serp, maintenu. Il sera livré aux Puissances associées : 5.000 machines montées et 150.000 wagons en bon état de roulement et pourvus de tous rechanges tt agrès nécessaires, dans des délais dont le détail est fixé a 1 annexe n* 2 et dont le total ne devra pas dépasser trente et un jours. Il sera également livré 5.000 camiona xc, jnrfiilee en bon état, dans un délai de trente-six jou'S. Les chemins de fer d'Alsace-Lorraine ur délai de trente et un jours, seront livrés dotés dÇ tout le personnel et matériel affectés ©rganiauemenf a ce réseau. I En outre, le matériel nécessaire l'exploitation dans les pays de la rive gauche du Rhin sera laissé sur place. Tous les approvisionnements en charbon et matii. ros d'entretien, en matériel de voies, de signalisation et d'atelier, seront laissés sur plrv-. Ces approvisionnements seront entretenus par l'Allemagne, on ce qui concerne l'exploitation de voies de "omratini-cation des pays de la rive gauche du Ebfn. Tous les chalands enlevés aux alliés lcnr serout rendus, la note annexe n° 2 règle le otUil de ces mesures. "VIII. Le commandement sera teru de signaler, dans un délai de quarante-huit heures après la sic-nature de l'armistice, toutes les mines ou dispositifs à retard agencés sur les territoires évaeués par les troupes allemandes et d'en faciliter les recherches et la destruction. Il signalera également toutes les dispositions nuisibles qui auraient pu être prises (tels qu'empoisoa-nement ou pollution de sources et puits, etc.). « Le tout sous peine do représailles. ■ IX. Le droit de réquisition sera exeroé par L-s armées des Alliés et des Etats-Unis dans tous les territoires occupés, sauf règlement de comptes avec qui-de-droit. L'entretien des troupes d'occupatio» des pays du Rhin, non compris l'Alsace-Lorraine, sera à la charge du gouvernement allemand. X. Rapatriement immédiat, sans réciprocité, dans des conditions de détail à régler, de tons les prison* niors de guerre, y compris les prévenus et condamnés des Alliés et des Etats-Unis. Les Puissances al. liées et les Etats-Unis pourront en disposer comme bon leur semblera. Cette condition annule les conventions antérieures au sujet de l'échange des prisonniers de gnerre. y compris celle de juillet 1918. en ccui'6 de ratification. Toutefois, le rapatriement des prisonniers do guerre allemands internés en Hollande et en Suissç continuera comme précédemment. Le rapatriement des prisonniers allemands sera réglé à la cor.cliv» sion des préliminaires de paix. XI. — Les malades et blessés inévacuables laissés sur les territoires évacués par les armées alleman. des, seront soignés par du personnel allemand, qui sera laissé sur place aveo le matériel nécessaire. B. DISPOSITIONS RELATIVES AUX FRONTIERE? ORIENTALES DE L'ALLEMAGNE. XII. — Toutes les troupes allemandes qu se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie •avù.nt la guerre de l'Autriche-Hongrie» de 1* Eirrivnanie, de la Turquie doivent rentrer immédiatement dans les frontières de l'Allemagne tek les qu'elles étaient au 1er août 1914. Toutes les troupes allemandes qui se trouent actuellement dans les territoires qui faisaieirt partie avant la guerre de. la Russie devront également rentrer dans ♦les frontières de l'AUema^no, définies comme ci-dessus, dès que les Alliés jageront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires. XIII. — Mise en train immédiate de l'évacuation par les troupes allemandes et du rappel de tous ltw instructeurs prisonniers et agents civils et militaires allemands se trouvant sur les territoires de la Rusai# (dans leurs limites du 1er août 1914). XV. — Renonciation au traité de Bucarest et 4e Brest-Litowsli et traités complémentaires. XVI. — Les Alliés auront libre aocès au:: territoire» évacués par les Allemands, sur les frontières orit*- - ^ j le procès te liss Cavall nor M« Qorfî FlDCfîHPM Quelques jours après l'exécution de miss Ca-vell, le eomte de Besart demanda à la chambre des Lords si le gouvernement anglais pouvait donner auelques détails sur cette exécution, et s'il ne serait pas possible, par l'intervention des pays neutres, d'empêcher que se reproduisît ce qu'il appelait « l'une des plus grandes tragédies de la guerre ». Le marquis de Landsdowne déclara dans sa réponse au comte de Besart : «■ Pendant les derniers mois, nous avons été constamment ré voltés par des faits plus terribles et plus émouvants le." uns que les autres, mais, je doute qu'aucun incident alf autant ému l'opinion publique dans ce pays que la manière dont cette pauvre femim Tut exécutée — j'oserais dire de aang-froid. » L'émotion, on le sait, ne fut pas moindre dans les pays de l'Entente et dans les pays neutres L'opinion publique allemande elle-même, si décidée ou'elle se fût montrée depuis le début des hostilités à légitimer les rigueurs les plus ex'rêmes ou à les absoudre au nom «les nécessités de la guerre, s'étonna ô la nouvelle du crime aceompli ; la preuve s'en trouve dans le ton môme des explications fournies par la pres-ie allemande; elle s'en trouve également dans le fait que plus jamais, dans la suite, une femme rie fut exécutée sans qu'on prît l'avis de l'empereur, sans qu'on lui laissât le temps d'adresser ure reqtîê e en grâce ou de permettre à l'intervention des nôtres de s'exercer. Ainsi le cri de. réprobation et de pitié que poussa la eonsc.ieiice universelle fut, à propos de l'affaire Cave il entendu par ces sombres et implacables suppôt:-- de Ut £uerre»..et les fit réfléchir, eu c.écit »io leur volonté ée ne rien écouter. Et l'on peut dire avec assurance que, malgré ce que dirent leurs journaux, si le coup eût été à refaire, ils ne l'eussent point refait. 11 y a déjà toute « une littérature » sur l'affaire Cavcll; on a écrit d'innombrables volumes, les journaux et les revues ont publié des centaines d'articles, la presse des Etats-Unis a créé un Miss Cavell'sman ; à chaque instant encore des « révélations » se font jour, de nouvelles discussions Engagent; on glane des interviews, en recueille les souvenirs les plus in-. directs. On apporte des impressions rétrospectives de deuxième ou de vingtième main. Et, dans ce fatras d'informations, s'avèrent des contradictions étranges, des disparates marquants où l'erreur et — il faut le dire — la mauvaise foi, le disputent quelquefois à l'ignorance. Le rapport fait par la légation d'Amérique ne relate par- les faits tels qu'ils se sont réellement déroulés à l'audience. Des accusations vraiment stupides se sont fait jour çù, et là: et je serai forcé de rencontrer plus loin quelques allégations assez sottes que des journaux étrangers formulèrent à mon sujet et auxquelles je répondis lorsqu'elles se produisirent dans la mesure où je les connus, et c i il m'était permis de les relever (1). Si l'on veut bien songer à. ceci : qu'en dehors des juges et de l'auditeur, seuls cinq avocats furent admis aux débats, on comprendra que, me trouvant au nombre de ces cinq avocats, je considère comme un devoir de fournir a la vérité historique une relation documentée du procès et des incidents qui l'ont aocompagné. J'apporte la contribution « de ce que mes yeux ont vu », je l'apporte en toute loyauté, avec le s-;wci minutieux de l'exactitude, car j'ai la pleine conscience de l'importance objective de cette contribution. * * * (1) Voir aopondice. On a appelé cette affaire, l'affaire Cavell, bien que l'auditeur militaire l'eut introduite sous le titre : « Affaire Philippe Baucq et consorts », du nom d'un architecte bruxellois qui, collaborateur dévoué de l'héroïne anglaise, fut fusillé en même temps qu'elle, et dont l'attitude avant, pendant et après le procès, fut également digne d'admiration. Le nombre des inculpés fut de trente-cinq. Etait comprise dans les poursuites, une deuxième Anglaise, Mme veuve Ada Bodart, née Deherty, devenue Belge par son mariage, à charge de laquelle l'auditeur -militaire requit également la peine de mort et à qui une condamnation à 15 ans de travaux forcés évita le terrible honneur de livrer son nom à l'histoire. Je me souviendrai toujours des heures tragiques de ce procès, qu'un auditeur militaire nouvellement arrivé du front, M. Stœber, mena tambour battant, et dans laquelle il requit en un tour de main neuf peines de mort. Je ferai plus loin le portrait de cet auditeur militaire, qu'on semble avoir fait venir expressément de la ligne de feu. Jusqu'à l'affaire Cavell, on n'avait fusillé personne, sauf les malheureux Franck et BEckelmans, dont il sera parlé dans un autre chVpitre. Les auditeurs avaient bien requis la peine de mort, mais la défense, surexcitée et sentant ses moyens doublés par la menace, avait trouvé des accents inattendus pour sauver la vie des accusés. Mes Alexandre Braun, Dorff, Braffort et moi défendions les co-ao^usés de miss Cavell. M0 de Saedeleer fils f ut autorisé à assister aux débats, en qualité de secrétaire de son beau-père M0 Braun. Il prit, comme moi, le plus de notes qu'il put. Deux avocats se trouvaient parmi les inculpés : M08 Demoustier et Albert Libiez, du barreau de Mons. Leurs confrères étaient venus nombreux de cette ville avec l'espoir d'être admis à l'audience, mais cet espoir fut déçu. M0 Thomas Braun avait été prié, sitôt après l'arrestation de miss Cavell, de lui prêter son concours, mais, à la suite d'un incident d'audience rapporté dans un précédent chapitre, il s'était vu interdire, par l'auditeur Mewes, l'accès du prétoire des tribunaux de campagne. M0 Thomas Braun, d'accord avec mon émi-nent confrère .de la cour de cassation, M0 Eug. Hanssens, me pria, le 7 septembre 1915, de me charger de la défense de miss Cavell, j'en informai aussitôt celle-ci, et lui demandai si elle m'acceptait comme son défenseur, mais la police dut intercepter ma lettre ou la sienne, car je ne reçus jamais de réponse. J'essayai de me renseigner sur l'affaire. J'appris qu'il ne s'agissait que d'une accusation de recrutement, et je fus rassuré : en effet, jusque là, les tribunaux ne s'étaient pas montrés d'une rigueur excessive pour ce délit, réservant toutes leurs sévérités pour les affaires d'espionnage (1). * * * Enfin, nous pensions tous que jamais ce tribunal de soldats ne verserait le sang d'une femme. Notre illusion durait encore après la première audience : lorsqu'à l'issue de celle-ci, qui avait été tout entière ooeupée par les interrogatoires et les dépositions, nous conférâmes entre avocats sur les moyens de défense et que nous escomptâmes le réquisitoire, nous fûmes unaniment d'avis que miss Cavell ne serait pas condamnée à plus de cinq ans. Je me souviens que nous nous séparâmes assez satisfaits, parce que nous étions convaincus qu'il n'y aurait pas de peine capitale. (1) A la vérité, il s'était trouvé un auditeur pour requérir la peine do mort contre Baudowyns, mais celui-ci avouait qu'il avait fait passer huit cents jeunes gens en Hollande et, erfeore, le conseil de ( guerre avait-il introduit lui-même un recours en crr&cc, que le Gouverneur général prit en considération. Nous devions être épouvantés le lendemain... , Ajoutons que cette affaire Cavell, avec ses trente-cinq accusés, était la première grande affaire, le premier « beau cas » qui s'offrait à là police. Elle avait fondé beaucoup d'espoir sur ce procès, elle l'avait si bien entouré de mystère, qu'elle n'en laissa rien transpirer jusqu'à l'audience.'fc'est tout juste si on ne chicana pas sur notre présence au banc de la défense, alors que, jusque là, on nous y avait admis sans difficulté. Le policier Pinkhof, qui se faisait appeler « M. le juge Henry », fit carrière à la suite de cette afiiaire. et le gouvernement le décora. Je n'avais pas à me plaindre particulièrement de ne pas avoir vu Miss Cavell avant l'audience, et d'avoir été laissé dans l'ignorance totale du dossier : c'était la règle, mais , , je dois noter que contrairement aux usages, on m'interdit d'adresser la parole à ma cliente non seulement pendant les débats, mais encore après la clôture de ceux-ci. * •k ★ C'est dans la salle des séances du Sénat que se tint la première audience du procès, le 7 octobre 1915, la deuxième dans la salle des Députés, le Sénat étant déjà retenu depuis longtemps, ce jour-là, pour une conférence : l'auditeur Stœber avait voulu ce théâtral décor pour la mise en scène de la tragédie où il faisait de sensationnels débuts. Qu'on se figure le vaste hémicycle du Sénat où tout invite au recueillement, où les tapis de hàutejaine assourdissent les pas, la solennité des fresques encadrées d'or, et les lambris de bois précieux, les emblèmes de la souveraineté de la nation conquise, ou bien le prestige d'une salle historique, comme celle de la Chambre des représentants, encore frémissante le la fièvre patriotique qui transporta toute* la législature à cette suprême séance du 4 août 1914, où le Boi annonça que l'étranger venait . ie franchir la frontière et proclama d'une \cix vibrante qu'un peuple qui défend sa liberté peut mourir... ; qu'on se figure dans ces sanctuaires des lois, les officiers allemands grand uniforme, s'érigeant en tribunal pour juger des Belges et des amis des Belges <jrû avaient obéi à la parole royale ; les treuil-cinq prévenus, la plupart des gens du peupî*. étonnés par ce décor, se casant dans les fivi- : teuils des législateurs, surpris de se reconnaître, car beaucoup ignoraient qu'ils étaient impliqués dans une même affaire, les soldais impassibles qui se plantent ça et là pour tes surveiller avec leur raideur d'automate îor- • més par la discipline, les avocats attendant nerveusement au banc de la défense l'ouverture des débats, aussi avides que les a<!cus&r de savoir ce qui va sortir du dossier reûonl&x ; ble que manie l'auditeur ; cet auditeur bel liomme, beau garçon, grand, mince, frai- . gant, très soigné, visant à l'élégance, haut en couleur, lissant sa longue et forte moustache» ■ les dents blanches, les cheveux partagés sur lç . nuque par une raie impeccable, comme s'il ' sortait des mains d'un coiffeur de Munïcfc, pour un bal militaire. Qu'on se figure cet ?Jçb pareil impressionnant, cette affirmation osten^ tatoire de la toute-puissance du vainqueur» ev l'on comprendra que, suivant l'expression «fail; des avocats, les yeux de Miss Cavell, habllïrèr à la paix blanche des nurseries et des saïfc# d'hôpital, et plus récemment à la. grise solîtO-de de la prison cellulaire, clignotaient coysib* ceux de ces martyrs voués aux bêtes qui, tezoa-quement sortis des ténèbres, demeuraient éblouis en plein soleil de l'arène 1 (A suiVTtJ

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