Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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04 December 1918
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s.n. 1918, 04 December. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Seen on 05 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/vd6nz82250/
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MERCREDI 4 DECEMBRE 1910 L'UNION DANS L'ACTION VIIMGT-QUATRIEWÎE ANNtE ABONNEMENTS jusqu'au 31 mars 1919 © francs O centimes ■ le numêpo LE XXe SIÉCLE TARIF DES ANNONCES Annonces commerc., petite ligne fr. 0.50 Réclames avant les annonces, lalignefr. 2.00 Faits divers . ; ; . ,5.00 et 4.00 Sports fr. 2.00 Réparations judiciaires . . . » 3.00 Nécrologies » 3.00 Les [petite» annonces, paraissant simultanément dans le < XX* Siècle » et le < Journal de Bruxelles » (tarif réduit) 3 petites lignes i franc. Jnstaurare omnia in Christo ' Rédaction et Administration: 4, impasse de la Fidélité, 4, Bruxelles La Banque Nationale sous l'occupation allemande Dans un rapport adressé au Roi, la Banque Nationale fait le tableau rapide, mais précis et documenté, des vexations parfois onéreuses que lui fit subir le pouvoir occupant. Ce tableau est du plus vif intérêt. Il constitue à la fois une page curieuse de la vie économique de la Belgique pendant les quatre années de guerre et la preuve accablante do la perfidie avec laquelle les Allemands savent poursuivre la réalisation de» leurs vues intéressées surtout quand elles sont condamnées par les principe^ les plus sacrés du t 4roit. La panique de 1914 i; Les difficultés auxquelles se heurta la di-| rection de la Banque Nationale s'èffirmorent ' dès les premières paniques que provoqua, en : juillet 1914, la tournure subitement inquié-| tante des événements. Nous nous souvenons j de l'émoi qui fit se ruer aux guichets de la ; Banque une foule que hantait la crainte de voir nos billets perdre brusquement leur | valeur et les chiffres donnés nous permettent de mesurer l'intensité de cette panique inconsidérée. Les demandes au remboursement de dépôts épuisèrent rapidement les . ressources disponibles des banques et la . Banque Nationale fut contrainte de leur procurer le numéraire nécessité par les exigences d'un public affolé. En dix jours, son portefeuille d'effets passe de 425 millions à 818 millions. Au eours de la même période qui va du 25 juillet au 6 août, les avances sur fonds publics passèrent de 58 à 102 millions. Si la Banque n'avait pris avec décision et énergie les mesures que comportait la situation, on n'eut pu conjurer une véritable catastrophe financière. Et ce n'est pas tout : pour, satisfaire aux réclamations de la foule venant exiger l'échange des billets contre de la monnaie métallique, la Banque ordonna de payer largement et rapidement, en puisant dans son encaisse qu'une gestion prudente lui avait permis de porter de 117 millions, au 81 décembre 1905, à 337 millions fin juin 1914. Pour enrayer cette panique, que surent •exploiter des coquins sans vergogne, la Banqje releva successivement son taux d'escompte de 4 à 7 p. c. Tous les pouvoirs et 1 toutes les influences, gouvernement, administrations communales, Chambres de commerce, Presse, unirent les effofts pour calmer l'émoi de la population. Ils parvinrent à enrayer le danger : le jour oû fut publié le texte de l'ultimatum allemand le câlme avait pris le dessus.On eût pu s'attendre à un effet bien différent. Mais alors autres difficultés: les cinquante millions que le remboursement des billets avaient fait sortir de l'Institut d'émission, se lâchèrent. La monnaie d'argent devinl rare à ce point que les transactions de faible import devinrent quasi impossibles. La Banque coupera ce nouveau danger par l'émission de coupures de 5 francs, émission qu'elle avait préparée en mystère depuis plusieurs années et qui pouvait porter sut ,un total de 100 millions. - Ces diverses mesures furent arrêtées de -concert avec le gouvernement. La dernière mesure ordonnée par celui-ci portait sur le transfert de l'encaisse métallique de Bruxelles à Anvers. Cet encaisse s'élevait le 5 août à 402 millions. Mais voici la guerre : l'ère des grosses difficultés venait de s'ouvrir. Les pillards à l'oeuvre Dès les premières hostilités, la Banque Nationale put ^apercevoir à ses dépens que nous avions à lûtter contre un ennemi pei; disposé à respecter la propriété privée. Cette propriété, il est vrai, était protégée par la Convention do La Haye, mais aux yeux des Allemands, celle-ci ne fut jamais, on le sait, qu'un autre chiffon de papier. En effet; le 12 août, le jour même du combat de Haelen, l'encaisse de l'agence de la Banque à Hasselt — plus de deux millions --est enlevée sous la menace du révolver. A Liège, les troupes allemandes volent. ( dans des conditions identiques, plus de 6 millions et obligent l'agent de la Banque, sous menace de déportation, à faire apposer la griffe sur la réserve des billets do cine francs. Mêmes actes de brigandage à Huy, Char-leroi, Dinant, Nivelles, Ath, Mons, Gand, où des officiers allemands, revolver au poing, somment les agents de la Banque d'ouvrir les coffres-forts et d'en livrer le contenu. Le pillage était systématique : aussi le conseil n'hésita pas à décider l'envoi à Anvers de toutes les valeurs de l'Etat, de la Caisse "d'Epargne, ses valeurs propres, ainsi que les clichés servant à l'impression des billets et les stocks de billets inachevés. Toutes ces valeurs furent, dans la suite, versées à la Banque d'Angleterre. Si bien que les coffrés et les trésors de la .Banque à Bruxelles étaient absolument vides le jour — 21 août, — où des officiers allemands se présentèrent pour saisir les fonds pouvant appartenir à l'Etat belge. Les premières vexations da l'occupant Le premier soin que prit le Gouvernement - Général von der Goltz fut de se faire repré-i senter auprès de la Banque par un sieur von Lumm, directeur de la Reichsbank,d'autant aiieux connu à la rue du Bois Sauvage, que, quelques années auparavant, eu 1908, il itait venu s'initier à l'organisation intérieure de la Banque et de son fonctionnement. Très allemand, le procédé. En même temps, (iéf nse fut faite aux Banques " de traiter fendant la durée dé la guerre, leurs affaires 4'une fagon opposée aux intérêts allemands.» (De fut sous le couvert de cette formule cauteleuse que furent prises toute une série de mesures-destinées à ruiner le prestige etl'ac-(livité économique du pays. La Banque protesta: l'unique résultat de sa protestation fut une sommation d'avoir à se soumettre dans les yingt-quatre heures, où à se démettre. D'accord avec le bourgmestre de Bruxelles, la Banque se résigna à ne pas fermer définitivement ses portes. Puis le commissaire von Lumm exigea que la Banque se prêtât à faire le service dé caisse de l'armée allemande. Refus. Cette fois, la prétention étant par trop exhorbi-tante, l'autorité allemande recula, prétextant qu'il y avait eu » malentendu ». Autre exigence qui eut les suites les plus graves : von Lumm ordonna le rapatriement, sinon de l'encaisse-or, au moins des billets et des clichés à billets, qui tous avaient été versés à la Banque d'Angleterre. La demande d'autorisation que la Banque avait adressée au Havre ayant été écartée par un refus catégorique du gouvernement belge, défense lui fut faite d'émettre des billets, sans l'autorisation du commissaire-général, qui ne cachait pas son intention de ruiner la Banque Nationale. Les difficultés engendrées par cette situation étaient telles que l'idée fut suggérée de constituer un nouvel organisme belge d'émission. C'est ainsi que la Société Générale fut substituée à la Banque Nationale, mais le pouvoir occupant no se prêta à la combinaison que sous cette condition formelle que la Société Générale consentirait des avances sur les bons provinciaux remis en paiement dos contributions de guerre. Ajoutons que cette combinaison ne fut arrêtée qu'aprèaspprobation donnée par tout ce que Bruxelles comptait encore de notabilités politiques et financières, approbation qui s'inspira des intérêts supérieurs du pays. Ainsi les autorités belges tenaient en échec les combinaisons allemandes, mais le pouvoir occupant, qui songeait à prendre sa revanche, faisait mener par la presse teutonne une campagne contre la banque. L'un de ses directeurs. M. Lépreux, on ayant pris texte pour dire au von Larnm quelques dures vérités, le Gouverneur-Général — c'était alors von Bissing — riposta par la révocation du marquis » de Landsheore. A partir de ce moment, M. Lépreux devint la bètenoire devonLumm et enl917,comme il s'était permis de protester encore une fois et avec énergie contre les procédés vexa-toires et iniques des Allemands, il fut, sans autre l'orme de procès, arrêté -et déporté. Pareille mésaventure échut à M. le directeur Carlier, coupable * d'avoir rendu difficile la surveillance de la Banque nationale par 'des détours ayant pour but d'entraver la mission du Commissaire du Gouvernement aile mand ». L'inévitable chapitre des condamnations Nous ne pouvons, à notre vif regret, reproduire même en abrégé touk ce que et rapport contient d'intéressant : tels le rôle joué par la Banque dans le paiement de la contribution do guerre, ou son énergique attitude dans la question de l'enlèvement de; encaisses en marks. Mais il est une questior que le public se posera et nous avons dès lors à parler. On nous demandera ce qu'il er a coûté à la Banque d'avoir osé tenir tête ; l'occupant. Voici la réponse : 27 février 1917, amende de 125,000 fr pour avoir discuté des ordres d'exécution e. la portée des arrêtés relatifs à la mise sous séquestre des dépôts étrangers. 19 avril 1917, amende de 325,000 franc: pour avoir critiqué sans fondement l'interdiction notifiée à la seule Banque National* d'effectuer ses paiements en monnaie aile mande. 12 octobre 1917, amende de 625,000 fr. pour avoir discuté les mesures prises pat l'occupant au sujet de l'emploi de la languf flamande. Et le vieux chancelier Hertling. ci-devant professeur de droit naturel(!),sais: d'une protestation de la Banque,déclara se laver les mains de cette affaire. Le rapport , que nous venons d'analyser se termine par cette appréciation générale : 1s Banque n'hésita jamais quand le devoir l'imposait à s'exposer aux mesures les plus graves. Ne cédant qu'à la force, elle résista toujours aux empiétements successifs df l'autorité occupante; en toute circonstance son influencé fut toujours agissante, et souvent efficace. Elle a conscience d'avoir, pendant -cette longue et douloureuse période, bien servi le Pays. » Tel sera bien aussi, croyons-nous, le sentiment du public. — La réception de i. Hoover C'est samedi prochain à 3 heures que M. Hoover. ce grand ami delaBelgique.sera reçu à l'Hôtel de Ville de Bruxelles par le Conseil communal et par le Conseil d'administration de l'Université Libre. M. Max exprimera au ministre américain de l'alimentation les sentiments de vivo gratitude du pays pour l'intérêt qu'il n'a cessé de lui porter pendant l'occupation. Il lui décernera, ainsi qu'à S. Exc. M. Brand Whit-lock, ministre des Etat-Unis, au marquis de Villalobar, ministre d'Espagne, et à M. van Vollenhoven, le titre de « Bourgeois de Bruxelles ». D'autre part l'Université Libre conférera à M. Hoover le titre de <• Docteur honoris causa ». A l'issue de la réception, M. Hoover assistera du balcon de l'Hôtel de Ville au défilé des écoles officielles et libres de l'agglomération.Dimanche, le Comité National offrira un diner a M. Hoover dans les salons du Concert Noble, rue d'Arlon. Le ministre américain sera, lundi, l'hôte de M. Delacroix, président du Conseil, et le programme se terminera par une soirée artistique au théâtre do la Monnaie. À la Chambre de Commerce 0— Son président, M. Delannoy, parle fort bien du passé et de l'avenir La Chambre de Commerce de Bruxelles a tenu, lundi, une séance solennelle au Palais de la Bourse. M. Delannoy, président, dit la joie de la Belgique d'êtro enfin débarrassée des envahisseurs. 11 fait acclamer les noms du Roi, de la Reine; il paie un tribut de gratitude à nos soldats et à nos alliés; il fait, l'éloge de M, Max, bourgmestre, et de tous ceux que les Allemands ont faits prisonniers ! il rend hommage aux Belges morts pour la Patrie et rappelle le souvenir des membres de la Chambre de commerce décédés au cours de ces quatre années. La Belgique, dit-il ensuite, a bien acquis le droit de disposer d'elle-même, de prendre la place qui lui convient, par la suppression, notamment, dans les traités de commerce, de la clause de la nation la plus favorisée. L'orateur salue l'avènement d'un régime démocratique qui no peut avoir pour résultat de supprimer cette classe bourgeoise qui a tant souffert pondant la guerre. Il applaudit à la résolution prise par le gouvernement, de s'entourer de conseils de compétences, comprenant des industriels, des financiers et des ouvriers. M. Delaunnoy expose ensuite la situation de la Chambre do commerce depuis 1914. Nous no pouvons entrer dans tous les détails ; nous aurons le loisir d'analyser sommairement le rapport quand il sera publié. Disons dès maintenant que M. le Président a. déclaré aux applaudissements de l'assemblée : Nous ne nous sommes adressés aux Allemands que pqur protester contre les vexations incroyables qu'ils nous infligeaient et nous avons refusé de sournottre à leur censure nos travaux et nos délibérations. Dos rapports ont pu être envoyés secrètement au gouvernemont au Havre et un projet de revision des statuts, sur lequel l'assemblée va avoir.à délibérer a été élaboré. Mais, avant, le bureau a cru pouvoir décider, sûr de 1a, ratification de tous, que tous les Allemands, Autrichiens, Bulgares ou Turcs qui font partie do l'Association en seraient <sxcl\is.(jbongs applaudissements.) Il est à espérer que si parmi lc§ citoyens indignes poursuivis par les tribunaux comme exploiteurs, il en est qui font partie de la Chambre de commerce,ils n'attendront pas les condamnations infamantes pour donner une démission pure, cl simple. CAom-vea'ix applaudissements). ' L'assemblée décide l'imprpssion du rapport ainsi que de celui do 1915, que l'occupation allemande a empêché de publier. M. De Bal propose la réélection de M. Delannoy aux fonctions do président. Il demande qu'aux catégories d'individus dont l'exclusion vient d'être votée, on ajoute celle des gens sans nationalité. {Adhésion unanime.) M. Delleur préconise l'annoxion de l'Escaut occidental et de l'enclave de Maestricht. Cela peut se faire sans froisser la Hollande, à laquelle des compensations pourraient être données. Il réclame l'émission d'un vœi: dans ce sens. — Cette question sera mise s l'ordre du jour d'une très prochaine séance. M. Van Elowyck pense que l'interdictior pour la Chambro de commerce de s'oceupei de politique avait sa raison d'être quand par « politique » on entendait la lutte entre deux opinions philosophiques, mais que quand la. politique implique la lutte des classes, il ne peut être interdit do s'intéresser directement au maintien do la classe bourgeoise menacée de disparaître. II fait ensuite le procès' du chômage, s: celui-ci, quand tous réclament que d'urgçnpe le pays redevienne actif, devait être une prime à l'oisiveté systématique. Il dépose un ordre du jour conçu dans le sens de ces observations en mémo temps que ■ dans le sens des conclusions du rapport pré-; sidenjiel. Après quelques paroles de MM. Reizigei etDewinter, M. le Président combat la pro-: position de voter un ordre du jour, quel qu'il soit.. L'approbation du rapport im-; pliquo adhésion aux idées défendues tanl par M. Van Elewyck que par le bureau. (Applaudissements.) M. Delannoy indique ensuite les articles dos statuts dont la. revision sera mise en discussion à la. prochaine, séance : L'assemblée, no conlptaut pas 500 membres,ne peul procéder à une discussion valable; à la seconde réunion, ce nombre de 500 présences n'est plus requis. Sur proposition de M. Oor, la question du paiement des loyers des commerçants sera discutée dans une prochaine séance. Un Monsieur demande ensuite la parole. Mais sa voix est couvertfe par des cris : " Vous êtes un ancien collaborateur au Quotidien. A la porte ! » Le quidam veut se disculper, mais M. le président l'interrompt en ces termes : La Chambro de commerce n'est pas une tribune libre où le premier venu ait le droit de défendre la conduite qu'il a tenue pendant la guerre (Applaudissements). L'ordre du jour est épuisé et je déclare la séance levée. La marche en avant des armées alliées Armée belge. — Notre avance en territoire allemand se poursuit méthodiquement. Notre cavalerie est entrée à Juliers. Les têtes des gros des colonnes d'infanterie se trouvent sur la ligne Aix-la-Chapelle-Eupen. Le calme règne dans les localités occupées. La flotte alliée dans la mer Noire. — L'escadre alliée est arrivée à Sébastopol.. Un cuirassé russe, le Volga, un dostroyeur et cinq sous-marins allemands, ont été remis aux marinps anglaise, française et italienne. La présence de quatorze navires de commerce allemands a été constatée dans la mer Noire. Ils seront utilisés par les alliés. I*e ^oi à EfafqùjL* Un spectacle inoubliable. Le- Roi s'est rendu à Namiu' lundi inopinément. La visite du Souverain était ignorée la veille encore et ce n'est que lo soir, vers 5 heures, qu'elle fut décidée. La réception réservée au Roi a donc du cire improvisée au tout dernier moment et le fait donne plus de relief aux manifestations émouvantes qui se sont déroulées dans la jolie cité mosane. L'automobile royale est arrivée à 10 h. et demie et a parcouru la ville au milieu d'un • enthousiasme fou. Le Roi était accompagné de l'adjudant général Jungbluth, du colonel Tilkens, du major do Ilonin, du commandant van Overstraete et du comte Guy d'Oul-tremont. Il s'est rendu au foyer du Théâtre où le bourgmestre de Namur, M. Procès, et lo baron de Jaiffier ff.de gouverneur, lui ont souhaité la bienvenue. Les membres du Comité de ravitaillement s'étaient joints aux autorités et le Roi a pris plaisir à s'entretenir avec eux. Le Souverain s'est ensuite rendu à la cathédrale de Saint-Aubin envahie par une foule énorme de fidèles qui l'ont accueilli à son arrivée en chantant dans un chceur formidable la.Brabançonne et Vers VAvenir. La réception a revêtu un caractère familier et c'est sans escorte que le Roi a effectué sa promenade triomphale dans les rues. Tous ceux qui ont assisté à cette joyeuse entrée en sont revenus éblouis tant la population a mis d'ardeur après quatre longues années do souffrances, à acclamer notre grand Roi. L'automobile n'a pu que difficilement se frayer un chemin au milieu de la multitude délirante. Et que d'émotion, de joie sincère dans cet accueil ! Les habitants,dans l'ivresse de co rotour, sautaient sur le marchepied de la voiture saisissant les mains du Roi, les couvraient de baisers et de larmes. Et partout, des balcons ot des fenêtres, dos fleurs tombaient par brassées sur le cortège où lo Roi, très ému, ne savait comment répondre à ces transports inoubliables. - ■ . »£.i Le retour des internés de Hollande Ua discours de M. Klassop, mlnlstro de la guerre MM. Masson, ministre de la guerre et Franck, ministre des colonies, se sont ren-fi dus lundi au devant du pr emier contingent de soldats internés rentrant do Hollande. Los deux mille hommes qui faisaient partie de ce premier groupe sont arrivés à Cap-pellen où ils se sont groupés sur la Grand'-Place du village. C'est là quo M. Masson leur a souhaité la bienvenue, il les a harangués en ces termes : Officiers, Sous-Officiers et Soldats, Au moment où, libérés d'uu long internement, vous rentrez au pays, le gouvernement nous a délégués, M. le ministre Franck et moi pour vuus saluer eu sor nom. Soyez les bienvenus. Que l'amertume de l'exil se dissipe des le moment où vous louiez le sol de la Patrie. Nous savons combien l'ut difficile votre tâche, La brusque chute d'Anvers lut poux* l'opinion uc coup de l'oudre ; on refusait d'y croire. Il est inévitahlt qu'en présence de pareils événements les rumeurs les plus en>mées trouvent crédit alors surtout que la liberti de la presse est vinculée. Mais la.vérité l'emporte toujours et l'on sait aujourd'hui que la décision de soustraire au dernier moment l'armée de campagne è l'étreinte et à. l'encerclement qui la menaçait dans Anvers a éié un des actes les plus hardis de cette guerre et parmi les plus féconds en résultats. A l'abandon d'Anvers a succédé la défense victo-1 rieuse de l'Yser; et certes, il n'est pas téméraire de dire que sans ces faits, les événements sur le fron1 ouest auraient pri6 une autre et redoutable tournure, CJuo dans une entreprise auosi difficile le sort de l'armée de forteresse obligée de se maintenir en derniei lieu dans la place pour immobilsor l'armée ennemie fut à l'avance compromis et exposé aux pires vicissitudes, c'cat ce qui ne peut etre douteux pour aucur homme de bonne loi. Aussi le gouvernement le proclame hautement. Ceux qui se sont trouvé» dans la dure alternative de se renelve aux Allemands ou de franchir la frontière néerlandaise ont usé de leur droit et ont fait leur devoii en arràchant à un ennemi détesté le triomphe de trai-net derrière lui des légions do prisonniers de guerre. L'ennemi avait espéré prendre dans Anvers le Roi ei le gouvernement, l'année de campagne et l'armée de forteresse. J1 n'y a rien trouvé de tout cela, rien que la résistance obstinée et indomptable des autorités et de la population civile. j Officiers, sous-officiers ot soldats, votre rôle a ét^ pénible et Ingrat. Malgré les soins et le dévouemeni dont le gouvei nement hollandais, des autorités militaires et civiles ont fait, preuve à votre égard et doni vous et nous leur serons toujours reconnaissant*, vous avez subi un long et douloureux exil. Vous avez dû assister dans une abstention forcée à cette longue guerre, Nous compatissons de tout notre cœur aux souffrances matérielles et morales que vous avez supportées. Votre courage^ votre foi dans la Patrie et dans l'avenir n'onl jamais faibli. < Aujourd'hui le gouvernement et le pays vous accueillent parmi vos frères d'armes et vos concitoyens dans la joie et dans la dignité. L armée attend de vous une coopération vaillante el dévouée. La paix n'est pas conclue encore.Fasse le ciel qu'elle le soit sans qu'il y ait. à tirer à nouveau l'épée. Mais si le destin le voulait autrement, le pays sait qu'il peul compter sur vous ». Ces paroles ont été longuement acclamées. Le général Tosmée a remercié au nom des soldats. Les internés rentrent en Belgique avec six millions de florins, produit de leur travail. M. Masson leur à accordé à tous dix jours de congé. <*-»-<> LE MONITEUR Le 2 décembre 191S, le Roi a reçu en audionce de congé, Son Excellence Monseigneur Locatelli, Archevêque de Thessalonique, Nonce apostolique. **-* Un arrêté royal du 20 novembre 1928 défend jusqu'à nouvet ordre, pour toutes les frontières de terre et de mer, l'exportation et le transit, pour quelque destination que ce soit, du lin et des filés de lin. cCTarr/m ■agKSBTfawBaz pouneipts lusp'aa 31 mars: 8 jPiS,-AuXsrCS CEUX DOIT IL FAUT PARLER Un débat judiciaire nous révèle l'admirable conduite des accuses. Un accusé qui se paye la tête de ses Jugos M. Libiez, avocat à Wihéries, exposa avec une jolie désinvolture, comment il s'y prit pour rouler les Allemands tout en remplissant son devoir de patriote. Son interrogatoire complète, au point de vue de la stupéfiante mentalité des Germains, ce que nous avaient déjà appris plusieurs des dépositions précédentes. Ecoutez et jugez si ces gens-là ne sont pas en retard d'au moins un siècle sur leurs contemporains : D. — Vous avez aidé des jeunes gens et des soldats à passer la frontière? ' E. — Non, mais j'ai aidé des soldats se trouvant à Wihéries à quitter cette localité.D. ^— Comment? E. — En leur indiquant où ils pouvaient se rendre et en donnant de l'argent à certaines personnes qui leur servaient de guides. D. — Quelles étaient ces personnes? E. — M™* Dubuisson et Joly. L'argent que jo leur remettais ne leur permettait d'ailleurs que de se rembourser de leurs frais de voyage. D. — Vous avez fabriqué de fausses cartes d'identité? R. — Pas du tout. Voici ce que j'ai fait : j'ai revêtu les cartes en question d'un cachet portant : <r Ville de Mons — Secrétariat de la jeune wallonie » ou « Commune de Saint-Jean — Hainaut ». Or, une telle commune n'existe pas. D. — Pourquoi avez-vous fait cela? Comme avocat, vous ne pouvez ignorer que cela n'est pas permis? H. — Ce n'était pas un faux puisque, je le répète, il n'existe pas dans le Hainaut de commune de Saint-Jean. C'était donc une fantaisie. Ces cartes étaient destinées à inspirer confiance et à permettre aux titulaires de voyager. Je ne cherchais pas à me cacher, puisque j'ai signé ces cartes de mon nom. D. — Vous avez un jour amené 40 hommes à un colonel anglais? E. — C'est-à-dire que je les ai mené au tram allant à Mons. D. —• Pourquoi avëz-vous fait cela? R. — Parce que c'était des malheureux, qu'ils étaient dépourvus de tout et que c'était le seul moyen de les mettre en sûreté. D. — Ces gens ne manquaient de rien au Couvent des Sœurs où nous les retenions prisonniers. E. — Peut-être, mais vous n'ignorez pas qu'au moment des faits, il y avait plus d'un mois qu'il s'en étaient échappés et depuis lors ils erraient à l'aventure, affaiblis encore par leurs blessures. D. — C'est vous qui les avez fait évader ? E. — Non. D. — Quand vous avez appris qu'ils avaient fui l'ambulance de ce couvent, vous auriez dû les y renvoyer. E. — Quand j'ai appris leur fuite, l'ambulance était fermée. D. — Dites-nous ce que vous avez fait pour ces Anglais? E. — Ces Anglais avaient trouvé à se cacher chez divers habitants; après les avoir gardés pendant plus d'un mois, un certain nombre de ceux-ci sont venus n.o demander de m'employer à les faire partir parce qu'ils n'avaient plus de quoi les nourrir. D. — Vous auriez dû avertir les A".e mands; ceux-ci en nourrissent tant qu'on veut en Allemagne. E. — C'eut été une dénonciation... D. — Comme avocat, tel était votre devoir.-E.— ??! D. — Comment ces Anglais sont-ils partis? E. — J'ai trouvé moyen de les faire arriver à Bruxelles par petits groupes. D. :— Où sont-ils allés, à Bruxelles? E. — Eue de la Culture. D. — Vous leur avez donné de l'argent? E. — Je leur ai donné de quoi payer leur tram. Un bon Samaritain Auguste Joty, un humble ouvrier mineur, placé, dans ce monde de l'intellec-tnalité aux antipodes de l'avocat Libiez n'en était pas moins le collaborateur direct de celui-ci. Marié et père de trois enfants, il reconnaît.en termes simples, qu'un jour d'hiver, revenant de son travail par un temps affreux, il rencontra dans un bois un soldat anglais affamé, transi, mouillé jusqu'aux os; le malheureux s'adressa i lui, plutôt par gestes que par paroles, — il i.e connaissait que quelques mots de fran^'-s — et implora son assistance. Il n'était pas besoin, d'aiiieurs, d'être polyglotte pour entendre son langage : le soldat, manifestement, n'en pouvait plus et son dénû-ment était complet. Joly en eut pitié, l'emmena chez lui, le logea et le nourrit de décembre 1914 à février, 1915. Il ne se contenta même point de renchérir ainsi sur le bon Samaritain qui lui, en prêtant son assistance à l'Israélite trouvé mourant sur le chemin, ne courait aucun risque de payer de sa vie son acte de charité, mais trouva encore le moyen de couronner son œuvre en permettant à son hôte de gagner la Hollande. Il le convoya lui-même jusqu'à Bruxelles, revint à Wihéries, demeura en relations avec l'avocat Libiez et servit de guide, dans la suite, à d'autres soldats ou jeunes gens désireux rejoindre l'armée. L'interrqgatoire, très bref, de Joly, n'ayant fait que confirmer ce qu'on vient de lire, nous nous abstenons de le reproduire.A Wasmes, c'est M. Hermann Capiau, a 31 ans, marié, sans enfants » qui veillait au rapatriement des soldats. M. Capiau déposa en allemand. Il reconnut, avec la plus patriotique sincérité, les actes qui lui étaient reprochés; il exposa notamment comment il s'y prenait pour fabriquer de faux certificats d'identité et de quelle façon il assurait les départs pour Bruxelles, via Mons. Le relai de Mons était assuré par M. Adolphe Demoustiçr, « avocat, marié, père de trois enfants, demeurant rue des Compagnons, 20 ». Son interrogatoire est intéressant : D. •— VouJ avez prêté votre assistance à des soldats anglais pour rejoindre l'armée ennemie? E. — Oui. B. — Pourquoi? E. — Parce que c'était mon devoir.- D. — Comment vous y êtes-voijs pris? E. •— Voici : on est venu me. demander de loger pour une nuit un soldat anglais qu'accompagnait le mineur Joly. J'y ai consenti. Tous deux ont mangé chez moi et y ont dormi. Le lendemain ils ont pris le tram vicinal pour Bruxelles. D. —*■ C'est vous qui les avez conduits au tram ? " E. — J'ignore si je l'ai fait cette fois-là, mais cela m'est, en effet, arrivé. D. — Vous avez avoué à l'instruction que vous, saviez que ces soldats devaient passer la frontière et voulaient aller en Angleterre ? E. — Ce que je faisais était fait évidemment dans l'espoir qu'ils passeraient la frontière, sinon ceia né valait pas la peine. D. — Aviez-vous connaissance de toute cette vaste organisation? E. — Absolument pas. Je l'ignorais entièrement. En ce qui concerne les soldats dont je me suis occupé, je croyais qu'il s'agissait de cas isolés, de malheureux qui n'avaient pas trouvé à se cacher dans nos environs. Et j'ai agi ainsi que je l'ai fait parce quë j'estimais que tel était mon devoir de bon citoyen belge. L'organisation centralisée â Bruxelles Nous allons voir maintenant ce qui se passait à Bruxelles, lieu de concentration principal. Au début, tous ceux qui désiraient passer la frontière étaient adressés à Miss Ca-vell que M"0 Louise Thuliez, on l'a vu, connaissait. Mais, très rapidement, la directrice de l'école de la rue de la Culture se trouva débordée et dut faire appel à d'autres dévoûments. Ceux-ci ne lui manquèrent pas. Il y eut d'abord l'adrnîrable Philippe Baucq, co type si véritablement belge du patriotisme le plus héroïquement désintéressé, le vaillant Louis Severin, Mm° Ada Bodart, l'ingénieur Hostelet, Armand Heuse, le pauvre petit Cavron. et Louis Gille; ce dernier remplissait les fonctions, dangereuses entre toutes, de guide jusqu'à la frontière hollandaise (1). Miss Cavell était, avec Philippe Baucq, l'âme de l'organisation bruxelloise. A l'appel de son nom, Miss Cavell « anglaise, protestante, directrice d'une école d'infirmière, 149, rue de la Culture », se leva sans laisser paraître d'émotion. Sa voix un peu plus sourde que d'habitude, sa parole plus lente et plus réfléchie', permettaient-seules de soupçonner qu'elle se rendait compte de la gravité de l'heure. Son interrogatoire fut aussi bref que précis : D. — Continuez-vous à avouer : 1° avoir logé des soldats anglais et français en civil; 2° avoir aidé des Belges, des Anglais et des Français à-rejoindre le front en les recevant dans votre résidence, en leur donnant à manger et à boire ot en leur procurant de l'argent. E. — Oui. D. — Queis sont ceux qui s'occupaient, avec vous, de cette entreprise? E. — L'accusée cite quelques-uns des inculpés qui déjà étaient en aveu. (I) Gille ne comparut point au procès Cavell, Son cas fut disjoint et fit l'objet d'une affaire spéciale.Q

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This item is a publication of the title Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique belonging to the category Katholieke pers, published in Bruxelles from 1895 to 1940.

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