Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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03 December 1918
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s.n. 1918, 03 December. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Seen on 18 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/cc0tq5sh6n/
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MARDI 3 DÉCEMBRE 1918 L'UNION DANS L'AoTiQN VINGT-QUATRIEME ANNtE ABONNEMENTS Jusqu'au 31 mars 1919 8 francs 4 f% centimes ■ ^ le numéro LE XXe SIÈCLE TARIF DES ANNONCES Annoncescommerc., petite ligne fr. 0.50 Réclames avant les annonces, lalignefr. 2.00 Faits divers l l l . . B.00 et 4.00 Sports. ifr. 2.00 Réparations judiciaires J „ .s s. 00 Nécrologies 3.00 Ltl (petite* annonces,' paraissant simultanément dans le < XX* Siècle », et le € Journal de Bruxelles » (tarif ré* doit) 3 petites lignes 1 franc. tstaurare omnîa in Chrlsto Rédaction et Administration: 4, irfipasse de la Fidélité, 4, Bruxelles CEUX DONT IL FAUT PARLER Les pièces du procès révèlent la première nraanisatinn. ftTfea Caveil fmb arrêtée le 6 août 1915 et, -aprèe uû séjour de 48 heaires à la Kommian-jchurtur, transférée à la prison de Str Gilles joù se tzroarraient déjà la plupart de oeux qui «devaient comparaître en même temps qu'elle devant Le conseil de guerre et où lies autre» ne tardèrent point à allier la regoin- Idore. Noma allons ponte tes! du p<rocès Ue plus ânamatiquie d» cette époque, qui fit compa-jraître devant la justice alilemande trente-cinq iaicuilpé», tous a-nimés des plais nobles pemtimenjta patriotiques, tous soucieux de {ne pas s'accuser les uns les autres, mais qui ®ous revendiquèfecnt avec fierté la responsabilité de leur conduite. On v» lire lûe oompte rendu des débats. 13 imparte, en en prenant connaissance, de ne pas perdre de vue que ce compte rendu,pris -au vol à 1*audience, s'il reproduit très emo-jbetmjemt les principales déclarations des accu-lîés, ne nous apprend rien suit les motifs qui 2tes ont amienés ou con-traints à faille teille ou telle néponse qm peut-être nous paraîtra étrange. On ne peut oublier, en effet, que bous le joli mégime judiciaire allemand, ^audience ne constitue que l'épilogue d'un drame dont n/uili n'est admis à. xoir les autres actes. Le conseil de groextre aonsccra à F affaire OaveU deux audienoea, oeJiLea des 8 et 9 oc-jjtobre 1915. La première eut lieu dans la iKulle des séances du Sénat, dla seconde dans ,celle de la Chambre des députés. Les juges avaient pris place autour des tables des ré-«Jaoteurs du « Compte rendu analytique »; les défenseurs — MM" Alexandre Braun, iSadi Kirschen, Dorrff et Braffort — se trouvaient au banc des ministres; les. inculpés étaient rangés un peu de côté, sur les bancs de la gauche. L'audience s'ouvrit à 9 heures doi batin par l'interrogatoire des accusés, Bana lecture d'acte d'acousation. Qu'est-ce qu'an leur reprochait t ' Dégageons 3ci,en qneiliqaJes mots, pour ïa pihas grande clarté de ce qui va suivre, les ;grandes lignes du procès : L'affaire CaveU prit naissance à Lille, gagna Bedligni/as et Monti)gnies-sur-Roc, s'é-ftbendit à Paturages, Wiihéries, Mons, remontant vers Bruxelles poué aboutir, viâ Anvers ou les environs, à la frontière hollandaise. Tout à lporigixoe,nc>u$ trouvons Mille Louas') Thuililez, i catholique, demeurant rue d'Artois, à LiŒle, professeur chez les Dames •de l'Immaculée Conception en cette ville ». {Ceet édile qui ébergea les premiers soldats; c'est elûie qui, avec uin esprit de méthode et inné résolution remarquables, oherche et itrouve lises moyens de leur fai ire rejoindre fieurs drapeaux. Elle payait largement de sa personne et ne reculait point devant les risques les plus certains. Elle fut victime d'une tferahison, sur la nature de laquelle nous ne sommes pes exactement fixés. Mlle Thuiliez fut arrêtée : dans un de ses bas, on trouva .Trrn carnet qui révéla beaucoup de choses; oe carnet et certains autres documents trou-,vés par fia suite, permirent notamment id* établir qu© la vaillante institutrice, inka-bâle à agir seule, avait demandé et obtenu le concours empressé du prince et de la prin--oesse de Croy; qu'elle conduisait les soldats au château de Bellignies; que la princesse ies y photographiait; que ces photographies servaiint à la fabrication de £aux papiers; que c'était de ce château que les hommes partaient pour Bruxelles... Ces faite furent confirmés à l'audience. Voici le dialogue qui s'échangea entre MJAe ^Thuliez et le président du tribunal : Demande. ' Reconnaissez-vonts avoir i«voué : « De mars à fin juillet 1915, j'ai amené des hommes des contrées françaises inoccupées, au-delà de la frontière ou les y ai ;fait mener par des convoyeurs. C'étaient j45 soldats anglais, 20 so&dats français, 48 français aptes au service militaire et 3 Belges aptes au service militaire, soit en Jjfcout 126 personnes ? » Réponse. — Je le reconnais. D. — Avez-vous reçu des nouvelles de ces '(personnes, soit die France, soit d'Angleterre?, R. — Jamais. D. — Avec qui avez-vous surbonit: fcra-jjvaillé 1 ; R. — Avec miss Cave!, Capoau, Baucq, ta [princesse de Croy, Mme Bodart et la com-tt>e>sso de Belilevile. D. — Vous n'avez pas travaillé avec Li-Ibiez 1 R. — Non. D. — Qui était F organisateur principal? R. — Il n'y avait pas d'organisateur principal; il n'y avait aucune association. Nous ■n'avions pas de chef; nous étions tous Jégau, travaillant de notre mieux pour un Ibut commun. ; D. i— Combien de personnes avez-voais Ifait passer en Hollande? • R. — J'ai déjà dit que je me suis occupé de 126, mais al ne me serait pas possib&e de idire combien ont réussi à passer la frontière. Je sais que bon nombre d'entre-ellles (ont été prises. D. — Qui vous amenait ces personnes? / R. — On ne me les amenait pas. J'en ai (trouvé un certain nombre dans la région de Maroilles; d'autres ae sont présentées spontanément chez moi, des Français surtout. ; D. — Est-ce vous qui vous occupiez des guides qui pilotaient les hommes de Bruxelles à la frontière hollandaise? ! R. — Non. J'envoyais ces hommes à mdss Oavelil ou à M. Baucq, qui se chargeaient du reste. • D. — Cest vous qui les ameniez à miss Oavefll? R;- — Non, mais elle était avertie lorsqu'ils étaient parvenus à Bruxelles. D. — Que faisait la princesse de Croy? R. — Rien en ce qui concernait le pas-page de la frontière. Elle s'est bornée à faire quelques photographies; c'est à moi que ces photographies étaient remises et c'est moi qui m'en servais pour établir des cartes d'i-aentité.; D. — Qui fournissait l'argent nécessaire V cette vaste entreprise? : R. — ®.n'Q fallait guère d'argent. Pour faa part, j'ai reçu de la princesse d© Croy •00 francs, dont je me suis servi pour mes voyages et pour ceux d'un certain nombre de soldats. D. — Avez-vous propagé la « labre Belgique »? Xi. — Non. D. —» Et le « Mot du Soldai R. — Je n'en ai pas envoyé, mais f ai aidé à sa diffusion en ce seins que j'ai reçu des exemplaires du « Mot du Soldat » en blanc et que je les ai remis à diverses personnes, pour leur permettre d'envoyer de leurs nouvelles à ceux de leurs proches qui étaient au front. D. — Pourquoi avez-vous fait tout cela? R. !— Parce que je suas Française*., La princesse Marie de Croy, i catEolîque, Bege, demeiurant au château de Reiïïi-gnies », confirma pleinement la déposition de Mlle Thuiliez; elle le fit avec une prudence et, à la fois, um courage remarquables, évitant eoigneusement de compromettre personne. On observera que, sans fournir aucun renseignement précis sur l'e oompte de son frère qui avait réussi à se soustraire aux poursuites, elle revendiqua fièrement ea communauté d'action et de sentiment® avec lui : D. — Vous êfcee la soarcr dus prmoo Léo-pold de Oroy ? R. — Oui D. — Vous avez hébergé dams votre château des Anglais et des Français; vous avez fiait leur portrait. Pourquoi ? R. —_ Parce qu'il' leur fallait des cartes d'identité pour pouvoir se rendre à Bruxelles.D. — Où est votre frère? R. — Je ne le sais pas. D. — Connaissez-vous Louise TKuflàez? R. — Oui. D. — Lui avez-vous donné de fargent? R. — Oui; elle en avait besoin, parce qu'elle n'avait plus ses occupations habituelles.D. — Quand vous M avez donné cet argent, vous saviez qu'edile s'occupait de faire passer des hommes? R. — Je ne me rappelle plus à qnefll mo» ment je lui ai donné cet argent. D. — Vous l'avez dit, cependant. ï£. — Pardon; on l'a dit et j'ai laissé (Ere. CeLa n'est k. mâmo.. otooo p. — Au château de Bellignies vous avez fait préparer des lits pour recevoir les soldats?R% — Non. Cela n'a pas été nécessaire. Il y avait au château une salle qui, au début de dia guerre, avait servi d'ambulance et où les lits étaient restés. D. •— Les soldats que vous logiez étaient-ils blessés? R. — Une partie d'entre eux (fvaaient été. D. — Pourquoi nie les avez-vous pas dé-bonoé à lôautorité allemande? R. — Parce qu'une affiche allemande avairb fait connaître que tout 6oidat quli serait découvert serait fusillé comme espion. D. — Vous auriez dû leur interdire l'entrée du château; pourquoi ne l'avez-vous pas fait? R. — En le faisant, je les exposais au risque d'être fusillés. Mon frère, qui s'était occupé d'eux dès le début, m'avait dit de les aider; 'moi, d'ailleurs, je ne demandais pas mieux que de leur être utile. D. — C'est vous qui faisiez les photographies ? R. — Oui; j'en faisais urn ou deux exemplaires que je remettait à Mlle Thuliez. D. — Qu'en faisait-elle ? R. — Je ne le Ihii ai pas demandé, mais je apposais bien qu'elles servaient à établir des oartes d'idendité. D. — Pourquoi avez-vous agi? R. — Par patriotisme. D. — Vous ne craigniez pas d'être punie ? R. —- Quand on faût son devoir, on ne s'inquiète pas des conséquences. D. — Vous avez dit avoir agi par patriotisme...R. — Oui D. — ...Ce n'est dono pas seulement lia. pitié qui vous a fait agir ? R. — Mon premier objectif était évidemment de sauver la vie à ces braves gens. D. — Si vous les aviez dénoncés aux Allemands, ils auraient été fait prisonnieffis et «iraient par conséquent été sauvés. R. — Je me permets d'en douter.J'ai déjà dit pourquoi tout à l'heure. Et la preuve, c'est que plusieurs ont été fusillée, notamment 11 à Hiiron. Question de M0 Alexandre Braun. — Des Allemands ont-ils été soignés à l'ambulance du château de Bellignies? R. -- Oui, au début, alors que 3a Croix Rouge y était installée; celle-ci n'y était plus depuis un certain temps dléjà, mais j'avais entrepris des démarches pour qu'elle y revînt. La comtesse Jeanne de Belleville, t 47 ans, céilibataire, catholique, Française, demeurant à Monti'gnies-sur-Roc (Belgique) », montra un égal souci de ne compromettre personne. Son interrogatoire jette un jour singulier sur la mentalité des juges allemands.D. — Vous vous êtes occupée de faire passer des Français, des Anglatiis et des Belges ? R. — Oui. I). — Vous connaissiez miss CaveU 1 R. — Oui. C'est avec elle que je m'occupait de faire passer des hommes en Hollande.D- —Ne saviez-vous pas que vous faisiez quelque chose de mal ? R. — Assurément non. D. — V ous êtes instruite r ceffia n'est pas croyable ! B-. —- Eh si ! J'ai agi par devoir et par patriotisme : il n'y a rien de mal là dedans. D. — Combien do soldats avez-vous fait •passer ? R* — Cinq ou si, que j'ai envoyés à Bruxelles.D. — N'êtes-vous pas allée, à Bruxeflles, chez un père Jésuite? R. — Non. D. — Vous avez avoué cependant qce vouv vous étiez rendue chez le Père de Lon-guevilie ? R. — Ce n'était pas un Jésuite, mas un abbé, professeur à l'Institut St-Louisv^ D. — Où est-il? y R. — Oh, il a passé ia frontière <taptI3 longtemps ! D. — Avouez-vous que le prince de Croy vous amenait des gens qui voulaient quitter le territoire occupé? R. — Absolument pasl D. — Vous le connaissiez cependant# R. — Intimement. D. — Vous saviez que le château de Bcd-lignies était un lieu de concentration? R. '— Je ne parlais pas de céda avec le projnee de Oroy. D. — Vous avez vous-même amené d^nx offiaiiers à l'abbé de Longtievilfle ? R. — Oui D. — Connaissez-vous Mlle ThuEez? R. — Oui, elle est venue chez moi D. — Pourquoi avez-vous agi? R. — Par devoir de patriotisme; j'ai trouvé que je devais aider au rapatriement de ces gens qui, comme soldats, devaient rejoindre leur drapeau* A Me, MHe Thuliez; à Beffligniee, la princesse de Croy; à Montigniesrsur-Roc, la comtesse de Belleville. Voilà les trois premiers anneau de la chaîne destinée à s'étendre jusqu'à la Hollande, ' {solidement forgée. Elle ne tarda pas à se compléter. Le bruit se répandit, discrètement, qu'une organisation était née, que le moyen de èfaire passer les soldats étaùfc trouvé. Les soldats étaient nombreux dans la contrée. Très rapidement, des centres de concentration secondaires se constituèrent à Pâturages, à Wasmes, à, Mons — ainsi que cous allons de voir tout de suite. Admirable abnégation de deux hnxnb'ss A Pâturages, nous faisons la connaissance de M. Derveau, pharmacien, eit d'Etienne, ouvrier mineur et cabaretier. On ne lira pas sans émotion la déposition de ce dernier. Il a cinq^ enfants, et un sixième qu'il a recueilli; iH est danis un dénûment complet et oependant il nourrit et héberge, par un miracle d'abnégation — et au péril de sa Aie, nie l'oublions pas — deux soldats anglais, pendant 2 mois et demi : « Pendant cet' mois et demi, dira-t-ill avec la plus admirable simplicité, nous n'avons pas mangé à notre faim. » Mais écoutons ©a déposition : . D. — Vous avez caché eé nourufu deux 3o2>-lats anglais? U. — Oui D. —- V ous étiez en r-eMonS avec ïe' plôar* maeden Derveau? R. — Je ne l'ai vu qu'une fois. * .'Q. — Dans quelles circonstancesn PI que j avais besoin d'un médicament. . [Îoll, étions là quatre ou cinq personnes. On a oahisé des soldats anglais éparpillés dans (lia région. J'ai avoué que j'en avais deux chez <oi et que je les avais cachés dans ma grange. M. Derveau m'a dit qu'il connaissait quelqu'un qui aurait pu leur fournir le moyen de se mettre en sûreté. J'ai saisi cette occasion pour faire partir mes deux Anglais car, depuis 2 mois eï demi que je les logeais, nous ne mangions plus à notre faim. Question de M0 Braffort : L'accusé a-t-il reçu de l'argent pour cefla? L'auditeur militaire. — Non. L'accusé. — Non. *D. — Alors, pourquoi avez-vous accepté ces Anglais? R. — Ils sont entrés dans mon cabaret, un soir, vers 9 heures. Ils étaient én civil e touit d'abord, je ne me suis pas aperçu que c'étaient des Anglais. Quand je l'ai su, ils m'ont supplié de les garder. Je leur ai répondu que je n'avais pas de placo et, en effet, j'avais à ce moment six enfants chez moi Ils m'ont demandé de les loger au moiiis pour la nuit. J'ari consenti et, par humanité, je leur ai cédé une de mes paillasses. Le iendiemainmatin je leur ai demandé ce qu'ils allaient faire. Ils m'ont avoué alors qu'ils étaient dénués de toutes ressources, qu'ils no savaient où aller et m'ont prié de lesgarder, disant qu'ils cherchaient l'occasion de pouvoir quitter le pays et qu'ils la trouveraient sûrement un jour ou l'autre. C'est seulement 2 mois et demi plus tard, ainsi que je l'ai dit, qu'ils ont réussi à partir. Nous n'avons vécu, pendant tout ce temps là, que de pommes de terre et encore étaient-elles mauvaises. D. — Pourquoi n'avez-vous pasc dénoncé ces Angolais aux autorités allemandes ainsi que c'était votre devoir ? t R. —; Parce qu'ils me suppliaient de n'en rien faire. D. — Vous ont-ils donné de l'argent? R. — No**, rien du tout; ils étaient aussii pauvres que moi. D. — Le pharmacien Derveau vous en a-t-il donné? R. — Pas davantage. Nous célébrons volontiers la vertu des riches charitables qui, cependant, dans leurs largesses les plus vantées ne font guère que donner une partie, une minime partie, de leur superflu. Peut-être n'avons-nous pas tort. Mais alors, de quelle auréole de gloire entourerons-nous la chars té vraiment sublime d'un Etienne qui, pour remplir vis-à-vis de deu xéitrangers sondevoir de solidarité patriotique, se condamne à ne pas « manger à sa faim pendant V 1/2 mois » avec sa femme et ses enfants? Et si des témoignages de reconnaissance nationale sont dêcermis à ceux auxquels la richesse rend aisée la générosité, quelle sera la récompence accordée aux humbles qui? comme Etienne, ont partagé leur nécessaire' se sont soumis à la faim et ont fini par la prison après avoir bravé Ja mort ? M. Derveau s'est borné, dans sa déposition, à confirmer les dires d'Etienne, sans introduire à la cause d'éléments nouveaux. De Pâturages à Wihéries, la distance n'est pas grande. Plusieurs habitants y cachaient également des soldats; ils surent bientôt que des hommes dévoués s'employaient avec succès à leur faire rejoindre le front. C'étaient MM. Li-biez, avocat, Capeau, ingénieur, Joly, mineur et Mm<5 Dubuisson. Nous allons les voir à l'œuvre. S Nos petites annonces paraissent H dans io XX° SIECLE et le JOUB- B | NAL DE BRUXELLSS | S^es S lignes s 1 f C 1 |j Chaque ligne supplémentaire ga 40 centimes POUR LES TROUPES D'OCCUPATION EN ALLEMAGNE o One proclamation du maréchal Foch Le maréchal Foch, commandant en chef dès armées alliées, a fait afficher la proclamation suivante dans la zone occupée par les troupes de l'Entente : L'autorité militaire alliée prend le commandement du pays. Elle exige de tous la plus stricte obéissance. Le s lois et règlements en vigueur an moment de l'occupation, seront garantis par nous, en tant qu'ils ne portent pas atteinte à nos droits et à notre sécurité. Sous la direction et le contrôle des autorités militaires les services publics sont appelés à fonctionner. Les fonctionnaires ont le devoir et seront tenus d'exercer, consciencieusement et honnêtement, les emplois dont ils ont la charge; les tribunaux continueront à rendre justice. Les habitants doivent s'abstenir en paroles et en actions de tout acte d'hostilité directe et indirecte à l'égard.des autorités alliées. Ils doivent obéir aux réquisitions qui leur seront adressées conformément à la loi. Tout individu convaincu d'un crime ou d'un délit, qu'il soit auteur ou ' complice, sera immédiatement arrêté et traduit en conseil de guerre. Toute infraction aux arrêtés portés à la connaissance des populations, comme tout refus d'obéir seront sévèrement châtiés. La présente proclamation consacre l'occupation du pays par les armées alliées; elle marque k chacun son devoir qui est d'aider à la reprise de la vie locale dans lq travail, le calme et la discipline.' Que tous s'y emploient activement, Le maréchal de France, Commandant en chef ies armées alliées, (S.) F0(JH. II est faux que nos troupes auraient été attaquées à AIx C'est à la demande même des autorités allemandes et dans le but d'assurer le maintien de l'ordre que nos premiers régiments de cavalerie sont entrés dès samedi à Aix-la-Chapelle.Le bruit qui a couru dimanche à Bruxelles et d'après lequel pos troupes auraient été attaquées en Allemagne est absolument sans fondement. Notre armée d'occupation a maintenu à Aix-la-Chapelle la brigade de cavalerie qu'elle y a envoyée samedi. Elle a occupé en outre la ville d'Eupen. Cette occupation s'e'st faite sans incident. *** L'évacuation delà région rhénane, près de . Dusseldorf, s'est effectuée le 30 novembre. M es dernières troupes allejnander, ont fran- - - V J lu , v *** Par radio, de Paris, le 2 : « La 3" armée américaine a passé la frontière allemande aux environs de Trêves, Winterscheid,' Cordel, liasthprn. ;» *** Le Conseil central des soldats do la 8® armée (Est) a décidé de créer une division destinée à assurer la retraite ordonnée des troupes de l'Est et à entraver la vague bol-chévique (projet approuvé par le Conseil supérieur de l'armée de Riga). *** Les Russes sont passés à l'attaque à Narva, Bleskau et Klienzi. Au cas. où les hostilités prendraient de l'envergure, la retraite des troupes allemandes pourrait subir des entraves de ce fait. Les fastes de notre armée Sont cités à l'ordre du jour do l'armée : Galet, E.-J., lieutenant-colonel d'Etat-major, officier d'ordonnance du Roi, avec la mention : « Officier supérieur d'Etat-major d'un mérite exceptionnel. A fait preuve pendant toute la campagne des plus belles qualités militaires. A rendu des services très importants au commandement de l'armée et a coopéré ainsi dans la plus largo mesure au succès des opérations. » Preud'homme, L.-N., major - adjoint d'Etat-major, officier d'ordonnance du Roi, avec la mention : « Officier supérieur de grand mérite. A donné pendant toute la durée de la campagne des preuves de dévouement, d'activité et de courage. A rendu de grands services en assurant dans les circonstances les plus difficiles, la liaison entre le commandement et les troupes. « S dos leoteis et lis o Nous avons dit un mot, l'autre Jour, de l'état de dévastation dans lequel les boches ont laissé notre immeuble et nos diverses installations. Ce que nous n'avons pas dit, o'est qu'au nombre des papiers brûlés ou volés par les Allemands, se trouvait un document précieux ehtre tou3 : la liste de nos abonnés à Bruxelles et en province. Nos lecteurs et amis nous ont déjà, par le passé, do»nétant de preuves da leur attachement, que nous n'hésitons pas à leur demander un nouveau service : qu'ils nous fassent connaître, le plus vite possible, leur | adresse exacte actuelle. Dès que la poste aura repris son service et que nous aurons pu réorganiser la remise à domicile — ceci sera chose faite dans quelques jours — nous leur ferons à nouveau parvenir notre journal. Vu la hausse formidable des matières premières, du papier notamment, nous ne pouvons fixer encore le prix de l'abonnement annuel. Celui-ci est provisoirement établi à 8 franos, soit 2 francs par mois, jusqu'au 31 mars 1919. Comme nos anciens abonnés n'ont pas été servis pendant les quatre derniers mois de 1914, nous déduirons du prix du nouvel abonnement la somme de troisfrancs, au profit de ceux qui, abonnés en 1 914,s'abonneront à nouveau jusqu'au 31 mars 1919. Une messe d'action de gr&L j Lundi matin à 10 heures, dans l'église de la Chapelle envahie jusqu'au porche par une foule émue et recuillie, le clergé paroissial a célébré une messe solennelle d'actions de grâce pour les anciens prisonniers politiques, victimes de leur patriotisme pendant la domination allemande. Quelle assistance et quelle foi! Et comment s'empêcher de subir les fortes impressions qui se dégagent du spectacle de tous ces braves, hommes, femmes, jeunes filles, adolescents, prêtres et religieux que l'Allemagne enferma, tortura, martyrisa dans ses bagnes et dans ses camps où tant de malheureux succombèrent aux privations, aux mauvais traitements, à toutes les cruautés d'un régime implacable. Us sont réunis là, au pied de l'autel où se dresse parmi les hautes verdures, environnée de lumières et de drapeaux, la statue de Notre-Dame, cette Vierge que, dans un même élan de gratitude et d'amour, ils viennent remercier de les avoir soutenus au milieu des pires épreuves et de leur avoir conservé la vie. Ah! les braves gens et combien le spectacle qu'ils donnent suscite d'admiration et de fierté ! On voudrait pouvoir les citer tous, car tous ont acquis des titres impérissables à notre gratitude. On remarque,au milieu de cette phalange d'élite, les forçats de Sedan, les bagnards des camps d'Allemagne, les prisonniers de Vilvorde et de St-Gilles. Ils n'emplissent pas seulement toute la grande nef, mais ils entourent à l'autel l'officiant, le curé de la Chapelle M. Van Nispen, prisonnier lui-même comme le furent le Père Van Wambeke, des Jésuites, le Père Jérôme, des Frères Mineurs, le Père Gabriel, des Conventuels, le curé Cuylits, les abbés Devoghel, Hemeleers et de Heuvel qui l'assistent. Et l'on se montre près d'eux, le Frère Denis, directeur de l'école St-Luc, qui fut condamné à mort par les tribunaux du sang. Au premier rang de cette assistance ont pris place le baron de Broqueville, ministre de l'intérieur, les avocats Kirschen et Thomas Braun qui, avec leur confrère Braffort, consacrèrent le meilleur de leur temps pendant l'occupation à la défense des plus nobles causes, celle de cette légion de vaillants qui les entourent et qui portent fièrement à la boutonnière le ruban tricolore. C'est un prisonnier encore qui apparaît sous le daL» "la Sa chaire do vérité après l'Evangile. On a quelque peine à reconnaître dans ce prédicateur dont lq. barbe grisonnante retombé sur la blancheur du surplis, le R.P. Paqnay, de la Congrégation des Jésuites qui paya d'une longue détention sa collaboration à la Libre Belgique.D'une voix forte, quel'émotion étrangle par moment et qui retentit dans tous les cœurs, le vaillant religieux développe ce verset inspiré au prophète Jérémie : « Je ramènerai nos captifs et je les ferai sortir du lieu de leur exil... Il rappelle le retour du Roi rentrant au milieu des acclamations triomphales de tout son peuple et sa visite le même jour à la collégiale des SS. Michel et Gudule où il venait remercier Dieu d'avoir protégé la Patrie. « Lacérémonie d'aujourd'hui,dit-il, est plus modeste. Pendant que nos soldats se battaient vaillamment au front,des civils restés au pays recrutaient des ieunes gens, leur facilitaient le passage à l'armée, envoyaient des renseignements précieux à l'état-major ou s'attelaient à la tâche de soutenir le moral du peuple, Ils ont voulu se réunir ici pour rendre gloire à Dieu, persuadés que leurs larmes et leurs souffrances pèsent dans la somme des sacrifices qui nous ont valu la libération du territoire. Je ne parlerai pas de la nourriture malsaine et insuffisante qu'on leur donnait. Je ne parlerai pas du système d'amendes et de cautions dont on frappait les suspects avec une stupidité qui stigmatise le caractère vénal de l'occupant. Je ne raconterai pas comment à Vilvorde on empilait les prisonniers à soixante dans une chambre servant à la fois do refectoire, de dortoir et de chauf-foir. Je veux dire seulement quelles brutalités on les obligeait de subir. On organisait on Allemagne des « commandos.. qui allaient travailler sous les obus des Alliés. L'éminent religieux dénonce le caractère inhumain du régime d'isolement imposé aux prisonniers. Alors que la loi belge ne permet pas la mise au secret pendant plus de trois jours, les juges allemands allaient jusqu'à imposer ce régime déprimant pendant des périodes de six et même de neuf mois. On connaît,dit-il, les formes de cette justice boiteuse : arrestations de femmes et d'enfants, pour leur arracher des aveux, perfidie des moutons et des espions, arrestations des pères dont les fils avaient passé la frontière, procédés d'instruction accompagnés devoies de faits dont un seul-, employé par un magistrat belge, le forait casser aux gages dans les vingt-quatre heures. Comment conservait-on cette force de résistance au milieu des pires épreuves? C'est grâce au courage moral, et ce courage moral était puisé dans le sentiment religieux. Nourri de nos invincibles espérances, confiant dans la Providence de Dieu, ce sentiment donnait à notre âme unesécurité—j'allais dire unegaîté,— qui irritait nos gardiens. Heureux ceux qui avaient gardé la foi de leur enfance! B s'est passé là-bas des scènes dignes do la primitive église, du temps des Catacombes! . Et tandis que l'assistance, empoignée, frisonne, que sur les visages coulent de douces larmes, le prédicateur célèbre les joies do la délivrance, conto d'une voix attendrie les émotions du retour au pays, après la longue et douloureuse captivité, au lendemain de l'armistice. Et sa gratitude monte vers la Vierge dans une péroraison pathétique,toute vibrante d'exaltation religieuse. Pendant la cérémonie, la chorale Saint-Georges a exécuté la mosse «Salve Regina» à quatre voix mixtes. LE S. U. ET LA Révision constitutionnelle ■—— Nous devons un mot de réponse au Peuple qui nous fait l'honneur de relever ce que nous avons écrit à se sujet. D ne partage pas notre sentiment au sujet de la nécessité de s'en tenir aux formalités prescrites par l'article 131 de la Constitution et entend que les élections à la Constituante se fassent sur le pied de la formule nouvelle : S. U. à21 ans. Pourquoi? Première raison : Tout autre procès nous renverrait aux Calendes grecques. ' Nous n'en croyons rien. Si l'accord patriotique des partis parlementaires est fait sur le principe de la révision, rien ne s'oppose à ce que la déclaration préalable à faire par les Chambres, conformément 'à l'article 131, soit un fait acquis avant la fin du mois. Le délai de quarante jours endéans lequel il doit être procédé aux élections nouvelles est un maximum que le Roi peut abréger. Si bien que d'ici à deux mois nous aurions une Con-I stituante. Le Peuple croit-il qu'avec sa procédure les choses marcheront plus vite et qu'il aura gagné ces deux mois qu'il croit du temps perdu? Erreur profonde. Car le Parlement, même dans son système, aura à élaborer un projet de réforme électorale. Il aura à organiser le S. U. à 21 ans et le parti socialiste doit, à l'heure présente, avoir assez l'expérience des choses publiques pour ne pas s'imaginer que sa réforme, même admise en principe, va passer comme une lettre à la poste. Il faut s'y attendre : il y aura débat1 sur tout : débat sur la méthode inconstitutionnelle proposée, débat sur le principe du S. U., débat sur ses modalités, débat sur les garanties conservatrices que d'aucuns estiment nécessaires au point d'en faire une condition sine qua non, débat sur le droit du suffrage des femmes, etc... Cr'oit-on sincèrement que cela va être épuisé en un mois? Alors pourquoi, si nous sommes fatalement condamnés à " perdre » tout un mois, nous exposer fort inutilement au grave reproche d'avoir naéconnu une disposition constitué tionnelle dont la sagesse est indiscutable? Seconde raison inwquée par notre confrère : La collaboration socialiste n'a été décidée — ce qui veut dire, oroyons-nous accordée — qu'à la condition de l'octroi immédiat du S. U. à 21 ans, le vote plural no pouvant plus fouctionner puisqu'il viole la Constitution. Ceci est un coup droit àl'adresse de M.Delacroix qui a négocié la formation du nouveau cabinet. S'est-il vraiment rallié, aux exigences du parti socialiste jusqu'à s'engager— lui, un juriste avisé — à méconnaître ouvertement une règle constitutionnelle ! Jusqu'à admettre que l'article 47 de la Constitution est une violation de cette même Constitution? Nous n'en savons rien, puisque nous n'avons pas été dans lé secret des négociations. Mais jusqu'à plus ample informé, nous nous permettons do croire que le bâtonnier de l'ordre des avocats près la Cour de Cassation a dû être ahuri quand il a entendu pareille logomachie juridique. Libre au Peuple et au parti socialiste de soutenir cette thèse que l'article 47 viole leprincipe constitutionnel affirmant que tous les pouvoirs émanent de la nation. Mais alors ce sont les Constituants de 1830 eux-mêmes qui sont tombés dans ia plus étrange des méprises et des contradictions, le jour où ils ont consacré le régime du cens qui, certes, n'a rien de commun avec le S. D. à 21 ans ! Le Peuple ajoute que la nation « entend « jouir do son droit dans dos conditions d'égalité. Ce ton est fort déplaisant. Le parti socialiste n'est pas toute la nation et n'a pas seul voix au chapitre. Que nous répondrait le Peuple si nous écrivions : Le parti catholique « entend .. ceci ou « veut .. cela^ Troisième raison, qui, celle-ci, a presque une apparence juridique : En fait à l'heure présente, il n'y a plus qu'un seul pouvoir constitutionnel, (j'est le Roi et notre confrère croit pouvoir affirmer que le discours du Trône est favorable à sa thèse. Nous avons voulu relire lo discours du Trône et nous y trouvons cette phrase très caracté< ristique : « Lo pays sera heureux de voir la Représentation nationale reprendre contact avec lo gouvernement en attendant la date prochaine à laquelle il pourra être consulté par la voie électorale après le retour do ceux qui ont été éloignés du pays et après l'accom^ plissement des préliminaires nécessaires. » Quelles formalités préliminaires? Au surplus, admettons que notre interprétation du discours du Trône soit inexacte : qu'en résulterait-il ? Peu de chose. Avec tout le respect que nous lui devons, mais avec la liberté dont nous jouissons, nous nous permettrions de dire au Roi qu'on investit aujourd'hui d'une {dictature imprévue : Sire, vous avez tort. Lo Peuple termine ses considérations par un trait, qui est lo trait du Parthe. La nation, écrit-il, no saurait se pronon- ' cor par le moyen du vote plural qui falsifie 1 expression de sa volonté.La classe ouvrière et nos héroïques soldats ne le supporteraient pas. Eh bien,cher confrère et ami — car nous le sommes, n'est-ce pas? malgré nos dissentiments — nous sommes certains que vous calomniez nos héroïques soldats et nous eroyons que vous calomniez la classe ouvrière. Nous croyons que la classe ouvrière, à l'heure surtout où elle est associée à l'exercice immédiat du pouvoir, directement et par ses représentants les plus qualifiés, a le se n*.'

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This item is a publication of the title Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique belonging to the category Katholieke pers, published in Bruxelles from 1895 to 1940.

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